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Université Chouaïb Doukkali

Faculté des Sciences

MOHAMMED MOUÇOUF

Cours d’Algèbre 3

Année 2022-2023
Chapitre 5
Déterminants de matrices et
applications

5.1 Définition récursive du déterminant


Notation . Soit A une matrice carrée d’ordre n et soit i, j ∈ {1, . . . , n}. On notera
A(i, j) la matrice obtenue en supprimant la ligne Li et la colonne Cj de la matrice
A.
Définition 1. Le déterminant de matrices est une application

det ∶ Mn (K) Ð→ K

qui est défini par récurrence sur l’entier n comme suit :


● Pour n = 1 on a det(a) = a.
● Pour n ≥ 2, on a
n
det(A) = ∑ (−1)m+1 A1m det(A(1, m)) (5.1)
m=1

Remarque 2. La formule (5.1) a été obtenue en développant le déterminant de A


suivant la première ligne, on peut montrer que le scalaire det(A) est indépendante
du choix de la ligne ou de la colonne.
● Si on développe le déterminant de A suivant la ième ligne on trouve
n
det(A) = ∑ (−1)m+1 Aim det(A(i, m))
m=1

1
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● Si on développe le déterminant de A suivant la ième colonne on trouve


n
det(A) = ∑ (−1)m+1 Ami det(A(m, i))
m=1

Notation . Si
⎛ a11 a12 ⋯ a1m ⎞
⎜ ⎟
⎜ a21 a22 ⋯ a2m ⎟

A=⎜ ⎟

⎜. . . . . . . . . . . . . . . . . . ⎟
⎜ ⎟
⎝an1 an2 ⋯ anm ⎠
On note aussi
RR R
RR a11 a12 ⋯ a1m RRR
RRR RRR
RR a R
RR 21 a22 ⋯ a2m RRR
det(A) = RRR RR
RRR. . . . . . . . . . . . . . . . . .RRRR
RR RR
RR R
RRan1 an2 ⋯ anm RRR
R R
Exemple 1. On a det(0n ) = 0 et det(In ) = 1.

Exemples 1.
1. A = (−5) alors det(A) = −5.
⎛a b ⎞
2. Si A = , alors
⎝ c d⎠
RR R
RRa b RRR
det(A) = RRR R RR = ad − bc
R
RRR c dRRRR
R R
RR R
RR2 −3RRR
Par exemple ! RRR R RR = (2 × 4) − (5 × (−3) = 8 + 15 = 23.
RR5 4 RRRR
RR RR
⎛2 0 1⎞
⎜ ⎟
3. A = ⎜−1 2 0 ⎟. On développe det(A) suivant
⎜ ⎟
⎝ 3 4 −2⎠
la 1ère ligne :
RR R
RR 2 0 1 RRR R
RR RR RR2 0 RRR RR R
RRR−1 0 RRRR
RR R
RRR−1 2RRRR
RRR RRR RRR RRR
RR−1 2 0 RR =2 RR R − 0 RRR RR + 1 RR R
RR 3 4RRR
RR RR RR4 −2RRR RR 3 −2RRR R RR
RR R R RR RR RR RR
RRR 3 4 −2RRRR R R

= − 8 − 10 = −18

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la 2ème ligne :
RR R
RRR 2 0 1 RRRR RR RR RR RR RR RR
RR R R R R R R R
RR−1 2 0 RRR = − (−1) RRR0 1 RRR + 2 RRR2 1 RRR − 0 RRR2 0RRR
RR RR RR RR RR RR RR R
RRR RRR RRR4 −2RRR RRR3 −2RRR RRR3 4RRRR
RR 3 4 −2RR R R R R R R
RR RR
= − 4 − 14 = −18

la 2ème colonne :
RRR RR
RR 2 0 1 RRR RR RR RR RR RR RR
RR R R R R R R R
RR−1 2 0 RRR = − (0) RRR−1 0 RRR + 2 RRR2 1 RRR − 4 RRR 2 1RRR
RRR RRR RRR RRR RRR RRR RRR R
RR RR RR 3 −2RR RR3 −2RR RR−1 0RRRR
RR 3 4 −2RR R R R R R R
RR RR
= − 14 − 4 = −18

Remarques 3.
Régle de Sarrus
1. La régle de Sarrus consiste à écrire les trois colonnes du déterminant, puis à
répéter les deux premières. On calcule la somme des produits des éléments des
trois diagonales principales moins la somme des produits des éléments des trois
diagonales non principales.
⎛a11 a12 a13 ⎞
⎜ ⎟
A = ⎜a21 a22 a23 ⎟.
⎜ ⎟
⎝a31 a32 a33 ⎠

a11 a12 a13 a11 a12


det(A) = a21 a22 a23 a21 a22
a31 a32 a33 a31 a32
=(a11 a22 a33 + a12 a23 a31 + a13 a21 a32 ) − (a31 a22 a13 + a32 a23 a11 + a33 a21 a12 )

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⎛2 0 1⎞
⎜ ⎟
Exemple : Soit A = ⎜−1 2 0 ⎟. Alors
⎜ ⎟
⎝ 3 4 −2⎠

2 0 1 2 0
det(A) = −1 2 0 −1 2
3 4 −2 3 4
=(−8 + 0 − 4) − (6 + 0 + 0)
= − 18

2. La régle de Sarrus n’est valable que pour des matrices carrées d’ordre 3.

Exercice 1. Montrer que si A est une matrice triangulaire (supérieure ou infé-


rieure) d’ordre n, alors le déterminant de A est égal au produit des coefficients de
la diagonale, c’est-à-dire,
n
det(A) = ∏ Aii .
i=1

5.2 Propriétés des déterminants


Théorème 4. Notons Ci la colonne i d’une matrice. On a alors

det (C1 . . . Cm−1 Cm + Cm


′ Cm+1 . . . Cn ) =
det (C1 . . . Cm−1 Cm Cm+1 . . . Cn ) +

det (C1 . . . Cm−1 Cm


′ Cm+1 . . . Cn )

Démonstration. Il suffit de développer le premier déterminant suivant la colonne


Cm + Cm
′ et le deuxième et le troisième suivant les colonnes C
m et Cm respective-

ment.

Lemme 5. Si deux lignes ou deux colonnes de A sont égales alors det(A) = 0.

Démonstration. Voir devoir N°3.

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Soit A ∈ Mn (K). On considère les transformations suivantes


Ci ↔ Cj
A ÐÐÐÐÐÐÐ→ M, i ≠ j
λCi → Ci
A ÐÐÐÐÐÐÐ→ N,
Ci + αCj → Ci
A ÐÐÐÐÐÐÐ→ P, i ≠ j
Ci + ∑ αj Cj → Ci
A ÐÐÐÐÐÐÐÐ→
j≠i
Y,

Alors on a le théorème suivant

Théorème 6. On a
1. det(M) = − det(A).
2. det(N) = λ det(A).
3. det(P ) = det(A).
4. det(Y ) = det(A).

Démonstration.
1. On a

det (C1 (A) . . . Ci (A) + Cj (A) . . . Ci (A) + Cj (A) . . . Cn (A)) = 0

car deux colonnes sont égales. Donc

0 = det (C1 (A) . . . Ci (A) + Cj (A) . . . Ci (A) . . . Cn (A)) +


det (C1 (A) . . . Ci (A) + Cj (A) . . . Cj (A) . . . Cn (A))

= det (C1 (A) . . . Ci (A) . . . Ci (A) . . . Cn (A)) +


det (C1 (A) . . . Cj (A) . . . Ci (A) . . . Cn (A)) +

det (C1 (A) . . . Ci (A) . . . Cj (A) . . . Cn (A)) +


det (C1 (A) . . . Cj (A) . . . Cj (A) . . . Cn (A))

= det (C1 (A) . . . Cj (A) . . . Ci (A) . . . Cn (A)) +

det (C1 (A) . . . Ci (A) . . . Cj (A) . . . Cn (A))


= det(M) + det(A)

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Donc det(M) = − det(A).


2. On développe le déterminant suivant la ligne i, on trouve
n
det(N) = ∑ (−1)m+1 N1m det(N(1, m))
m=1

or N1m = λA1m et N(1, m) = A(1, m). Donc


n n
det(N) = ∑ (−1)m+1 λA1m det(A(1, m)) = λ ∑ (−1)m+1 A1m det(A(1, m)) = λ det(A).
m=1 m=1

3. On a

det(P ) = det (C1 (A) . . . Ci−1 (A) Ci (A) + αCj (A) Ci+1 (A) . . . Cn (A))
= det (C1 (A) . . . Ci−1 (A) Ci (A) Ci+1 (A) . . . Cn (A)) +

det (C1 (A) . . . Ci−1 (A) αCj (A) Ci+1 (A) . . . Cn (A))
= det (C1 (A) . . . Ci−1 (A) Ci (A) Ci+1 (A) . . . Cn (A)) +

α det (C1 (A) . . . Ci−1 (A) Cj (A) Ci+1 (A) . . . Cn (A))

Le déterminant det (C1 (A) . . . Ci−1 (A) Cj (A) Ci+1 (A) . . . Cn (A)) est nul
car il a deux colonnes égales qui sont la colonne i et la colonne j. Donc

det(P ) = det (C1 (A) . . . Ci−1 (A) Ci (A) Ci+1 (A) . . . Cn (A)) = det(A).

4. C’est une conséquence directe de la question 3. et du fait que l’opération


Ci + ∑ αj Cj → Ci
ÐÐÐÐÐÐÐÐ→
j≠i

est une succession d’opérations élémentaires de la forme


Ci +λCj → Ci
ÐÐÐÐÐÐ→, j ≠ i.

Remarque 7. D’après Théorème 4 et la propriété 2. du Théorème 9, on voit que


l’application

Cm z→ det (C1 . . . Cm−1 Cm Cm+1 . . . Cn )

est linéaire, pour tout m ∈ {1, . . . , n}.

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On a des résultats analogue pour les opérations sur les lignes.

Théorème 8. On a
⎛ L1 ⎞ ⎛ L1 ⎞ ⎛ L1 ⎞
⎜ ⎟ ⎜ ⎟ ⎜ ⎟
⎜ ⋮ ⎟ ⎜ ⋮ ⎟ ⎜ ⋮ ⎟
⎜ ⎟ ⎜ ⎟ ⎜ ⎟
⎜ ⎟ ⎜ ⎟ ⎜ ⎟
⎜ Lm−1 ⎟ ⎜Lm−1 ⎟ ⎜Lm−1 ⎟
⎜ ⎟ ⎜ ⎟ ⎜ ⎟
⎜ ⎟ ⎜ ⎟ ⎜ ⎟
det ⎜Lm + L′m ⎟ = det ⎜ Lm ⎟ + det ⎜ L′m ⎟
⎜ ⎟ ⎜ ⎟ ⎜ ⎟
⎜ ⎟ ⎜ ⎟ ⎜ ⎟
⎜ Lm+1 ⎟ ⎜Lm+1 ⎟ ⎜Lm+1 ⎟
⎜ ⎟ ⎜ ⎟ ⎜ ⎟
⎜ ⎟ ⎜ ⎟ ⎜ ⎟
⎜ ... ⎟ ⎜ ... ⎟ ⎜ ... ⎟
⎜ ⎟ ⎜ ⎟ ⎜ ⎟
⎝ Ln ⎠ ⎝ Ln ⎠ ⎝ Ln ⎠

Soit A ∈ Mn (K). On considère les transformations suivantes


Li ↔ Lj
A ÐÐÐÐÐÐÐ→ H, i ≠ j
λLi → Li
A ÐÐÐÐÐÐÐ→ F,
Li + αLj → Li
A ÐÐÐÐÐÐ→ Z, i ≠ j
Li + ∑ αj Lj → Li
A ÐÐÐÐÐÐÐÐ→ S,
j≠i

Alors on a le théorème suivant

Théorème 9. On a
1. det(H) = − det(A).
2. det(F ) = λ det(A).
3. det(Z) = det(A).
4. det(S) = det(A).

Remarque 10. L’application


⎛ L1 ⎞
⎜ ⎟
⎜ ⋮ ⎟
⎜ ⎟
⎜ ⎟
⎜Lm−1 ⎟
⎜ ⎟
⎜ ⎟
Lm z→ ⎜ Lm ⎟
⎜ ⎟
⎜ ⎟
⎜Lm+1 ⎟
⎜ ⎟
⎜ ⎟
⎜ ... ⎟
⎜ ⎟
⎝ Ln ⎠

est linéaire, pour tout m ∈ {1, . . . , n}.

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Remarque 11. Le meilleur choix de la ligne ( ou la colonne ) par rapport à la-


quelle sera développé le calcul d’un déterminant, est celui qui contient le maximum
de coefficients nuls. Il est donc commode de créer des zéros dans ce déterminant
sans lui changer sa valeur.

Exemple 2. Dans le corps des réels on a :


RR R RR R
RR2
RR 4 0 4RRRR RR1
RR 2 0 2RRRR
RRR RRR R RR L −2 L → L
RR0 5 1 0RR 2 L1 → L1 RRRR0
R 1
5 1 0RRRR L34 − L11→ L43
RR RR ÐÐÐÐÐ→ RR RR ÐÐÐÐÐÐÐ→
RR2 9 0 4RRRR Facteur ∶ 2 RRRR2 9 0 4RRRR Facteur ∶ 1
RRR RR RR RR
RR R RR R Facteur ∶ 1
RR1 2 0 1RRRR RR1 2 0 1RRRR
RR R
RRR R RRR R
RR1 2 0 2 RRRR RR1 2 0 2 RRRR
RR RR RR RR
RR0 5 1 0 RRRR L3 − L2 → L1 RRRR0 1 0 RRRR
RR 5
RRR RR ÐÐÐÐÐÐ→ RR RR = 1 × 5 × (−1) × (−1) = 5
RR0
RR 5 0 0 RRRR Facteur ∶ 1 RRRR0 0 −1 0 RRRR
RR RR RR RR
RRR0 R RRRR0 R
R 0 0 −1RRRR R 0 0 −1RRRR
Donc
RR R
RR2
RRR 4 0 4RRRR
RR
RR0 5 1 0RRRR
RR
RR RR = 2 × 1 × 1 × 1 × 5 = 10
RRR2 9 0 4RRRR
RR RR
RR R
RR1 2 0 1RRRR
RR

5.3 Les formules de Cramer


On rappelle qu’un système d’équations linéaires (S) à n équations et n inconues
est dit de Cramer si (S) est compatible et admet une seule solution.
⎛ x1 ⎞ ⎛ b1 ⎞
⎜ ⎟ ⎜ ⎟
Soit A une matrice carrée d’ordre n et Soit X = ⎜ ⋮ ⎟ et B = ⎜ ⋮ ⎟
⎜ ⎟ ⎜ ⎟
⎝xn ⎠ ⎝bn ⎠
Soit Di la matrice obtenue en remplaçant la colonne i de A par B.
Soit (S) le système AX = B. Alors On a le résultat suivant

Théorème 12. Si det(A) est non nul, alors le système (S) est de Cramer et on
a
∆xi
xi =
det(A)

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où ∆xi = det(Di )

Remarque 13. Le système (S) n’est pas de Cramer si A n’est pas carrée ou A est
carrée avec det(A) = 0. Dans ce cas on peut aussi appliquer la méthode de Cramer
pour résoudre (S), mais on doit appliquer le théorème12 à une matrice extraite de
A de déterminant non nul et d’ordre maximum. Pour plus de détail voir devoir
N°3.

5.4 Déterminant d’une famille de vecteurs


Définition 14. Soient E un espace vectoriel de dimension n et soit B une base
de E. Soit G = (v1 , . . . , vn ) une famille quelconque de vecteurs de E de cardinal n.
On appelle déterminant de G dans la base B le scalaire det(MatB (G)).

Théorème 15. Soient E un espace vectoriel de dimension n et soit B une base


de E. Soit G = (v1 , . . . , vn ) une famille quelconque de vecteurs de E de cardinal n.
Alors G est une base de E si et seulement si det(MatB (G)) ≠ 0.

Démonstration. Posons A = MatB (G) et Soit T une matrice échelonnée obtenue


en effectuant des opérations élémentaires sur les colonnes de A. Puisque T est une
matrice carrée d’ordre n, alors T est une matrice triangulaire et donc det(T ) =
T11 × ⋯ × Tnn . Donc

rg(T ) = n ⇐⇒ Tii ≠ 0, 1 ≤ i ≤ n ⇐⇒ det(T ) ≠ 0

Or rg(A) = rg(T ) et det(A) = α det(T ) où α est un scalaire non nul. Donc

det(A) ≠ 0 ⇐⇒α det(T ) ≠ 0


⇐⇒rg(T ) = n
⇐⇒rg(A) = n
⇐⇒rg(G) = n
⇐⇒G est une base de E

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Le déterminant d’une famille de vecteurs dépend bien de la base B.

Proposition 16. Soient E un espace vectoriel de dimension n et soit B une base


de E. Soit G = (v1 , . . . , vn ) une famille quelconque de vecteurs de E de cardinal n.
Si B ′ est une autre base de E, alors

det(MatB′ (G)) = det(MatB′ (B)) × det(MatB (G)).

Démonstration. Posons B = (u1 , . . . , un ) et G = ((w1 , . . . , wn ) et soit f l’endomor-


phisme de E tel que f (ui ) = wi . On alors

MatB (f ) = MatB (f (u1 ), . . . , f (un )) = MatB (w1 , . . . , wn ) = MatB (G).

Soit B ′ une autre base de E. On a

MatB′ (G) = MatB′ (f (u1 ), . . . , f (un )) = MatB,B′ (f ).

D’après le diagramme commutatif suivant


f
(E, B) / (E, B)

■■
■■
■■
■■ idE
f
■■
■■
■$ 
(E, B ′ )

On déduit que
MatB,B′ (f ) = MatB′ (B) × MatB (f )

donc
MatB′ (G) = MatB′ (B) × MatB (G)

par suite
det(MatB′ (G)) = det(MatB′ (B)) × det(MatB (G)).

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5.5 Formule explicite du déterminant d’une ma-


trice
Théorème 17. (Formule de Leibniz) Soit A une matrice carrée d’ordre n. Alors

det(A) = ∑ ε(σ)Aσ(1)1 Aσ(2)2 ⋯Aσ(n)n


σ∈Sn

où Sn est le groupe des permutations de {1, . . . , n} et pour σ ∈ Sn , ε(σ) désigne la


signature de σ.

Remarque 18. On a aussi

det(A) = ∑ ε(σ)A1σ(1) A2σ(2) ⋯A2σ(n)


σ∈Sn

Exemple 3. Soit
RR R
RRa11 a12 a13 RRR
RRR RRR
A = RRRRa21 a22 a23 RRRR
RRR RR
RRRa31 a32 a33 RRRR
R R
On a S3 = {1, τ1 , τ2 , τ3 , σ1 , σ2 } où τ1 = (23), τ2 = (12), τ3 = (13), σ1 = (123), σ2 =
(132).
Alors

det(A) = a11 a22 a33 − a11 a23 a32 − a12 a21 a33 − a13 a22 a31 + a12 a23 a31 + a13 a21 a32 .

Le résultat suivant se démontre en utilisant la formule de Leibniz

Proposition 19. Soient A et B deux matrices carrées d’ordre n. Alors


1. det(A) = det(AT ).
2. det(AB) = det(A) × det(B).

Démonstration. Voir devoir N°3.

Proposition 20. Soit A une matrice carrée d’ordre n. Alors A est inversible si et
seulement si det(A) ≠ 0. Dans ce cas on a det(A−1 ) = det(A)−1 .

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Démonstration. Supposons que A est inversible. On a A × A−1 = In , donc det(A ×


A−1 ) = 1, alors det(A) × det(A−1 ) = 1. Par suite det(A) ≠ 0 et on a det(A−1 ) =
det(A)−1 .
Réciproquement, supposons que det(A) ≠ 0. Soit = (e1 , . . . , en ) la base canonique
de K n et Soit f ∶ K n Ð→ K n l’endomorphisme tel que MatB (f ) = A. Puisque
det(A) ≠ 0, alors d’après Théorème 15, la famille C1 (A), . . . , Cn (A) forment une
base de K n , c’est-à-dire G = (f (e1 ), . . . , f (en )) est une base de K n . Par suite f est
bijective et donc A est inversible et on a A−1 = MatB (f −1 ) = MatG (B).

5.6 Déterminant d’un endomorphisme


Définition 21. Soient E un espace vectoriel de dimension n et soit B une base
de E. Soit f un endomorphisme de E. On appelle déterminant de f dans la base
B le scalaire det(MatB (f )).

Proposition 22. Soient E un espace vectoriel de dimension n et soit B une base


de E. Soit f un endomorphisme de E. Alors
1. f est bijective si et seulement si det(MatB (f )) ≠ 0.
2. Le déterminant de f ne dépend pas de la base B.

Démonstration.
1. Est une conséquence directe du fait que f est bijective si et seulement si la
matrice MatB (f ) est inversible.
2. On sait que MatB′ (f ) = MatB (B ′ )−1 × MatB (f ) × MatB (B ′ ), donc

det(MatB′ (f )) = det(MatB (B ′ ))−1 × det(MatB (f )) × det(MatB (B ′ ))


= det(MatB (f )) × det(MatB (B ′ )) × det(MatB (B ′ ))−1
= det(MatB (f )).

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5.7 Calcul de l’inverse d’une matrice


Définition 23. Soit A une matrice carrée d’ordre n. On appelle cofacteur du
coefficient Aij le scalaire

cof(Aij ) = (−1)i+j det(A(i, j)).

On appelle comatrice de A la matrice notée Com(A), définie par

Com(A)ij = cof(Aij ).

Exemple 4. Considérons la matrice

⎛ 1 3 −1⎞
⎜ ⎟
A=⎜2 3 5⎟
⎜ ⎟
⎝−1 1 2 ⎠

Alors
RR R RR R RR R
RR3 5RRRR RR 2 5RRRR RR 2 3RRR
cof(A11 ) = RRRR RR = 1, cof(A12 ) = − RRR RR = 9, cof(A13 ) = RR R
RRR−1 1RRRR = 5
RR
RR1
RR 2RRRR RRR−1
RR 2RRRR RR RR
R R
RR R RR R RR R
RR3 −1RRRR RR 1 −1RRRR RR 1 3RRR
cof(A21 ) = RRRR RR = 7, cof(A22 ) = RRR RR = 1, cof(A23 ) = RR R RR = 4
R
RRR1 2 RRRR RRR−1
RR 2 RR R
R R
RR−1 1RRRR
R
R R R R R
RR R RR RR RR RR
RR3 −1RRRR R1 −1RRR R1 3RR
cof(A31 ) = RRRR RR = 18, cof(A32 ) = RRRR RR = 7, cof(A33 ) = RRRR RR
5 RRRR RR2 5 RRRR RR2 3RRR = −3
RRR3 RR RR RR
R R R R R R
Par suite,
⎛1 9 5⎞
⎜ ⎟
Com(A) = ⎜ 7 1 4 ⎟
⎜ ⎟
⎝18 7 −3⎠
Proposition 24. On a
n
det(A) = ∑ Aij cof(Aij ) (5.2)
j=1

et
n
det(A) = ∑ Aij cof(Aij )
i=1

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Démonstration.
Si on dévelope det(A) suivant la ligne i on trouve la première égalité.
Si on dévelope det(A) suivant la colonne j on trouve la deuxième égalité.

Théorème 25. Soit A une matrice carrée d’ordre n. Alors


(i) ACom(A)T = Com(A)T A = det(A)In .
(ii) Si A est une matrice inversible, On a
1
A−1 = Com(A)T
det(A)
Démonstration.
(i) On a
n n n
(ACom(A)T )ij = ∑ Aik (Com(A)T )kj = ∑ Aik (Com(A))jk = ∑ Aik cof(Ajk ).
k=1 k=1 k=1

D’après la relation5.2, on a pour tout i ∈ {1, . . . , n},

(ACom(A)T )ii = det(A).

D’autre part, Soit i, j ∈ {1, . . . , n} avec i ≠ j. Soit B la matrice obtenue en rem-


plaçant la ligne j de A par la ligne i. On a d’une part, det(B) = 0 car B a deux
lignes égales. D’autre part, on a Bjk = Aik et on a aussi cof(Bjk ) = cof(Ajk ). On
développant det(B) suivant la ligne j, on trouve
n n
0 = det(B) = ∑ Bjk cof(Bjk ) = ∑ Aik cof(Ajk ),
k=1 k=1

donc (ACom(A)T )ij = 0. En conclusion, ACom(A)T = det(A)In .


De la même façon on montre que Com(A)T A = det(A)In .
(ii) Si det(A) ≠ 0, alors A( det(A)
1
Com(A)T ) = In , donc A est inversible et

1
A−1 = Com(A)T .
det(A)

Exemple 5. Reprenons la matrice de l’exemple 4. On a

det(A) = A11 cof(A11 ) − A12 cof(A12 ) + A13 cof(A13 ) = 1 − 27 − 5 = −31.

Faculté Des Sciences El Jadida 14 Année 2022-2023


Université Chouaib Doukkali M. Mouçouf

On suppose que K est un corps de caractéristique différente de 31. Dans ce cas on


a det(A) ≠ 0 et donc A est inversible. On a

⎛1 9 5⎞
⎜ ⎟
Com(A) = ⎜ 7 1 4 ⎟
⎜ ⎟
⎝18 7 −3⎠

donc
⎛1 7 18 ⎞
⎜ ⎟
Com(A)T ) = ⎜9 1 7 ⎟
⎜ ⎟
⎝5 4 −3⎠
alors
⎛1 7 18 ⎞
−1 ⎜ ⎟
A −1
= ⎜9 1 7 ⎟
31 ⎜ ⎟
⎝5 4 −3⎠

Faculté Des Sciences El Jadida 15 Année 2022-2023

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