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Structures algébriques usuelles

Essaidi Ali

16 septembre 2023

Table des matières


1 Structure de groupe : 2
1.1 Groupe, sous-groupe : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2
1.2 Morphismes de groupes : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4
1.3 Groupes monogènes, groupes cycliques : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5
1.4 Ordre d’un élément dans un groupe : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9

2 Structures d’anneau et algèbre : 10


2.1 Structure d’anneau : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10
2.2 Structure d’algèbre : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12

3 Idéal dans un anneau commutatif : 12

4 Idéaux de Z : 14

5 L’anneau Z/nZ : 15

6 Anneaux des polynômes à une indéterminée : 21

1
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K = R ou C

1 Structure de groupe :
1.1 Groupe, sous-groupe :

Définition 1.1 (Groupes): Un ensemble G muni d’une loi de composition interne est dit groupe si sa loi est
associative, admet un élément neutre et tout élément de G est inversible.
Si, en plus, la loi de G est commutative alors on dit que G est un groupe commutatif ou abélien.

Exemples :
Soit n ∈ N∗ .
• (Z, +), (Q, +), (R, +), (C, +), (Q∗ , ×), (R∗ , ×), (C∗ , ×) et (Mn (K), +) sont des groupes commutatifs.
• Soit n ∈ N∗ . Le groupe linéaire d’ordre n, (GLn (K), ×), il n’est pas commutatif si n ≥ 2.
• Soit E un K-espace vectoriel. Le groupe linéaire de E, (GL(E), ◦), il n’est pas commutatif si dim E ≥ 2.
• Soit n ∈ N∗ . Le groupe symétrique d’ordre n, (Sn , ◦), il n’est pas commutatif si n ≥ 3.
Remarques :

• Un groupe n’est jamais vide. En effet, il contient l’élément neutre.


• Dans un groupe, l’élément neutre est unique. On le note souvent e.
• Dans un groupe, tout élément admet un inverse unique.
• Soit G un groupe de loi de composition interne ⋆.
∗ Si a, b ∈ G alors a ⋆ b se note tout simplement ab.
∗ Si a ∈ G alors l’inverse de a se note a−1 .
∗ Si a ∈ G alors ∀n ∈ Z, an ∈ G.

Proposition 1.1 (Produit fini de groupes):


• Si G1 et G2 sont deux groupes alors G1 × G2 muni de la loi :

∀(a, b), (c, d) ∈ G1 × G2 , (a, b)(c, d) = (ac, bd)

est un groupe.
• Généralement, si G1 , . . . , Gn sont des groupes alors G1 × · · · × Gn muni de la loi :

∀(a1 , . . . , an ), (b1 , . . . , bn ) ∈ G1 × · · · × Gn , (a1 , . . . , an )(b1 , . . . , bn ) = (a1 b1 , . . . , an bn )

est un groupe.

Remarques :

• Si ∀i ∈ {1, . . . , n}, ei est l’élément neutre de Gi alors (e1 , . . . , en ) est l’élement neutre de G1 × · · · × Gn .
• Si a1 ∈ G1 , . . . , an ∈ Gn alors (a1 , . . . , an )−1 = (a−1 −1
1 , . . . , an ).

• Si G1 , . . . , Gn sont commutatifs alors G1 × · · · × Gn est commutatif.

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Définition 1.2 (Sous-groupes): Soit (G, .) un groupe et H ⊂ G.


On dit que H est un sous-groupe de G si :
• e ∈ H.
• ∀a, b ∈ H, ab ∈ H.
• ∀a ∈ H, a−1 ∈ H.

Caractérisation 1.1 (Caractérisation des sous-groupes): Soit (G, .) un groupe et H ⊂ G.


H est un sous-groupe de G si et seulement si H est non vide et ∀a, b ∈ H, ab−1 ∈ H.

Démonstration • ⇒)
∗ On a e ∈ H donc H est non vide.
∗ Soit a, b ∈ H donc a, b−1 ∈ H d’où ab−1 ∈ H.
• ⇐)
∗ H est non vide donc ∃a ∈ H d’où e = aa−1 ∈ H.
∗ Soit a ∈ H donc e, a ∈ H d’où a−1 = ea−1 ∈ H.
∗ Soit a, b ∈ H donc, a, b−1 ∈ H d’où ab−1 ∈ H.
On déduit que H est un sous-groupe de G.

Remarques :

• Soit G un groupe et H ⊂ G. Si H est un sous-groupe de G alors H est un groupe.


• Dans la pratique, pour montrer qu’un ensemble muni d’une loi est un groupe, on montre qu’il est sous-groupe d’un
groupe déjà connu.

Proposition 1.2 (Les sous groupes de (Z, +)): Les sous-groupes de (Z, +) sont les nZ avec n ∈ N.

Démonstration • Soit G un sous-groupe de Z.


∗ Si G = {0} alors G = 0Z.
∗ Sinon, ∃p ∈ G \ {0}. Or G est un groupe donc {p, −p} ⊂ G donc |p| ∈ G d’où G ∩ N∗ ̸= ∅.
G∩N∗ est une partie non vide de N donc elle admet un plus petit élément. On pose n = min (G ∩ N∗ )
donc n ∈ G ∩ N∗ . En particulier, n ̸= 0.
✓ On a n ∈ G et G groupe donc :

∀k ∈ Z, kn = n + · · · + n ∈ G
| {z }
k fois

d’où nZ ⊂ G.
✓ Soit m ∈ G et m = qn + r la division euclidienne de m par n.
On a m ∈ G, nq ∈ nZ ⊂ G et G sous-groupe de (Z, +) donc r = m − nq ∈ G. Or 0 ≤ r < n
donc r = 0 car sinon r ∈ G ∩ N∗ et r < n = min(G ∩ N∗ ).
On déduit que m = nq ∈ nZ donc G ⊂ nZ.
On a nZ ⊂ G et G ⊂ nZ donc G = nZ.

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• Réciproquement, Soit n ∈ N.
∗ On a 0 = 0n ∈ nZ donc nZ est non vide.
∗ Soit p, q ∈ Z donc np − nq = n(p − q) ∈ nZ.
On déduit, d’après la caractérisation des sous-groupes, que nZ est un sous-groupe de (Z, +).

Proposition 1.3 (Intersection de sous-groupes): Soit G un groupe. Si (Hi )i∈I est une famille de sous-groupes
\
de G alors Hi est un sous-groupe de G.
i∈I

Démonstration Soit e l’élément neutre de G.


\ \
• On a ∀i ∈ I, Hi est un sous-groupe de G donc e ∈ Hi donc e ∈ Hi d’où Hi ̸= ∅.
i∈I i∈I
\
• Soit a, b ∈ Hi donc ∀i ∈ I, a, b ∈ Hi donc ∀i ∈ I, ab−1 ∈ Hi car ∀i ∈ I, Hi est un sous-groupe de G
i∈I
\
d’où ab−1 ∈ Hi .
i∈I
\
On déduit que Hi est un sous-groupe de G.
i∈I

Remarque :
Soit G un groupe.
Si H, K sont deux sous-groupes de G alors H ∪ K n’est pas forcément un sous-groupe de G.

Corollaire et définition 1.1 (Sous-groupe engendré par une partie): Soit G un groupe et A ⊂ G.
L’intersection de tous les sous-groupes de G contenant A est un sous-groupe de G, c’est le plus petit sous-groupe
de G contenant A. On l’appelle le sous-groupe de G engendré par A et on le note ⟨A⟩ ou gr(A).

Remarque :
Soit G un groupe, A ⊂ G et H un sous-groupe de G.
Si A ⊂ H alors ⟨A⟩ ⊂ H.

1.2 Morphismes de groupes :

Définition 1.3 (Morphismes de groupes): Soit G et G′ deux groupes.


On appelle morphisme de G dans G toute application f : G → G′ telle que :

∀a, b ∈ G, f (ab) = f (a)f (b)

Exemples :
Soit n ≥ 2.
• La signature est un morphisme de (Sn , ◦) dans ({−1, 1}, ×).
• Le déterminant est un morphisme de (GLn (K), ×) dans (K∗ , ×).
Remarques :
Soit f : G → G′ un morphisme de groupes.

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• Si e est l’élément neutre de G alors f (e) est l’élément neutre de G′ .


• ∀x ∈ G, f (x−1 ) = (f (x))−1 .

Proposition et définition 1.1 (Image et image réciproque d’un sous-groupe par un morphisme): Soit
f : G → G′ un morphisme de groupes.
• Si H est un sous-groupe de G alors f (H) est un sous-groupe de G′ .
• Si H ′ est un sous-groupe de G′ alors f −1 (H ′ ) est un sous-groupe de G.

Corollaire et définition 1.2 (Image et noyau d’un morphisme): Soit f : G → G′ un morphisme de groupes.
• f (G) est un sous-groupe de G′ , on l’appelle l’image de f et on le note im f .
• Si e′ est le neutre de G′ alors f −1 ({e′ }) est un sous-groupe de G, on l’appelle le noyau de f et on le note
ker f .

Exemples :
Soit n ≥ 2.
• Le groupe spécial linéaire d’ordre n, SLn (K), est un sous-groupe de (GLn (K), ×). En effet, c’est le noyau du
morphisme de groupes det : (GLn (K), ×) → (K∗ , ×).
• Le groupe alterné d’ordre n, An , est un sous-groupe de (Sn , ◦). En effet, c’est le noyau du morphisme de groupes
ε : (Sn , ◦) → ({−1, 1}, ×).

Caractérisation 1.2 (Condition d’injectivité d’un morphisme): Un morphisme de groupes f : G → G′ est


injectif si, et seulement si, ker f = {e} avec e le neutre de G.

Définition 1.4 (Isomorphismes de groupes): Soit G et G deux groupes.


On appelle isomorphisme de G dans G′ tout morphisme bijectif de G dans G′ .
Dans ce cas, on dit que G et G′ sont isomorphes.

Proposition 1.4 (Réciproque d’un isomorphisme): Soit G et G deux groupes.


Si f est un isomorphisme de G dans G′ alors f −1 est un isomorphisme de G′ dans G.

1.3 Groupes monogènes, groupes cycliques :


Notation :
Soit G un groupe.
Si a ∈ G alors gr ({a}) se note tout simplement ⟨a⟩.
Remarque :
Soit G un groupe. Si a ∈ G alors :
⟨a⟩ = {an /n ∈ Z}

Définition 1.5 (Groupes monogènes, groupes cycliques): Soit G un groupe. On dit que G est :
• Monogène si ∃a ∈ G tel que G = ⟨a⟩. Dans ce cas, on dit que a est un générateur de G.
• Cyclique si G est monogène et fini.

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Exemples :
Soit n ∈ N∗ .
• On a :
Z = {n1/n ∈ Z} = ⟨1⟩

donc (Z, +) est un groupe monogène engendré par 1.


• Soit H un sous-groupe de (Z, +) donc :

∃n ∈ N, H = nZ = {kn/k ∈ Z} = ⟨n⟩

donc H est un groupe monogène engendré par n. Autrement dit, tous les sous-groupes de (Z, +) sont monogènes.
• On a :
Z/nZ = {0̄, . . . , n − 1} = {k̄/k ∈ Z} = {k 1̄/k ∈ Z} = ⟨1̄⟩

donc (Z/nZ, +) est un groupe cyclique engendré par 1̄.


• On a : n 2ikπ o n 2ikπ o  2iπ k  D E
2iπ
Un = e n /k ∈ {0, . . . , n − 1} = e n /k ∈ Z = e n /k ∈ Z = e n

2iπ
donc (Un , ×) est un groupe cyclique engendré par e n .

Proposition 1.5 (Générateurs de Z/nZ, générateurs de Un .): Soit n, k ∈ N∗ .


• k̄ est un générateur de Z/nZ si, et seulement si, k ∧ n = 1.
2ikπ
• e n est un générateur de Un si, et seulement si, k ∧ n = 1.

Démonstration • Cas Z/nZ :

∗ ⇒ ) k̄ est un générateur de Z/nZ et 1̄ ∈ Z/nZ donc :

∃u ∈ Z, uk̄ = 1̄

donc :
∃v ∈ Z, uk = 1 + vn

donc uk − vn = 1 d’où, d’après le théorème de Bézout, k ∧ n = 1.


∗ ⇐ ) Soit m̄ ∈ Z/nZ. On a k ∧ n = 1 donc, d’après le théorème de Bézout, :

∃u, v ∈ Z, uk + vn = 1

donc ū k̄ = 1̄ donc :
m̄ = m1̄ = mū k̄ = mu k̄

d’où k̄ est un génrérateur de Z/nZ.

• Cas Un :
2ikπ 2iπ
∗ ⇒)e n est un générateur de Un et e n ∈ Un donc :
 2ikπ
u 2iπ
∃u ∈ Z, e n =e n

donc :
2ikuπ 2iπ
e n =e n

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donc :
2kuπ 2π
≡ [2π]
n n
donc :
2kuπ 2π
∃v ∈ Z, = + 2πv
n n
donc :
∃v ∈ Z, uk = 1 + vn

donc uk − vn = 1 d’où, d’après le théorème de Bézout, k ∧ n = 1.


∗ ⇐ ) Soit m ∈ Z. On a k ∧ n = 1 donc, d’après le théorème de Bézout, :

∃u, v ∈ Z, uk + vn = 1

donc m = muk + mvn donc :

2iπm 2iπmuk 2iπmuk


= + 2imvπv ≡ [2π]
n n n

donc :  mu
2iπm 2iπmuk 2iπk
e n =e n = e n

2iπk
d’où e n est un génrérateur de Un .

Proposition 1.6 (Classification des groupes monogènes): Soit G un groupe monogène.


• Si G est infini alors G est isomorphe à (Z, +).
• Si G est fini de cardinal n (donc cyclique) alors G est isomorphe à (Z/nZ, +).

Démonstration Soit a ∈ G tel que G = ⟨a⟩ et on considère l’application f : (Z, +) → G définie par :

∀k ∈ Z, f (k) = ak

• Vérifions que f est un morphisme de groupe :


On a :
∀p, q ∈ Z, f (p + q) = ap+q = ap aq = f (p)f (q)

donc f est un morphisme de groupes.


• Vérifions que f est surjectif :
Soit b ∈ G donc b ∈ ⟨a⟩ d’où :
∃k ∈ Z, b = ak = f (k)

f est alors surjectif.


• Nature de ker f :
ker f est un sous-groupe de (Z, +) donc ∃p ∈ Z, ker f = pZ donc p ∈ ker f d’où ap = e.
• Montrons que p = 0 si, et seulement si, G infini :

∗ ⇒ ) p = 0 donc ker f = {0} donc f est bijective, or Z est infini donc G est infni.
∗ ⇐ ) Supposons que p ̸= 0 et soit n ∈ Z et n = pq + r donc :

an = apq+r = (ap )q ar = ar ∈ {e, a, . . . , ap−1 }

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donc G ⊂ {e, a, . . . , ap−1 } d’où G est fini.


Absurde, car G est infini donc p = 0 donc ker f = {0} d’où f est injectif.

• Cas G infini :
G est infini donc p = 0 donc ker f = {0} donc f est un isomorphisme de groupes d’où G est Z sont
isomorphes.
• Cas G fini de cardinal n :
Soit l’application g : (Z/pZ, +) → G définie par :

∀k̄ ∈ Z/pZ, g(k̄) = ak

∗ Montrons que g est bien définie :


Soient k̄, ℓ̄ ∈ Z/pZ tels que k̄ = ℓ̄ donc :

∃m ∈ Z, k = ℓ + mp

donc :
ak = aℓ+mp = aℓ (ap )m = aℓ

d’où l’application g est bien définie.


∗ Montrons que g est un morphime de groupes :
On a :
∀k̄, ℓ̄ ∈ Z/pZ, g(k̄ + ℓ̄) = g(k + ℓ) = ak+ℓ = ak aℓ = g(k)g(ℓ)

donc g est un morphisme de groupes.


∗ Montrons que g est injectif :
Soit k̄ ∈ Z/pZ tel que g(k̄) = e donc ak = e donc k ∈ ker f = pZ donc k̄ = 0̄ donc ker g = {0̄} d’où
g est injectif.
∗ Montrons que g est surjectif :
Soit b ∈ G donc b ∈ ⟨a⟩ d’où :
∃k ∈ Z, b = ak = g(k̄)

g est alors surjectif.


∗ Montrons que G est isomorphe à Z/nZ :
g est un isomorphisme de groupe donc G et Z/pZ sont isomorphes donc G et Z/pZ ont même
cardinal donc p = n d’où G est Z/nZ sont isomorphes.

Remarque :
Soit G un groupe cyclique de cardinal et a un générateur de G.
D’après la démonstration précédente, l’application g de (Z/nZ, +) vers G définie par :

∀k ∈ Z, g(k̄) = ak

est un isomorphisme de groupes donc :


• G = {e, a, a2 , . . . , an−1 }.
• an = e.
• ∀k ∈ {1, . . . , n − 1}, ak ̸= e.

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Exemple :
Soit n ∈ N∗ . (Un , ×) est un groupe syclique de cardinal n donc (Un , ×) est isomorphes à (Z/nZ, +).

1.4 Ordre d’un élément dans un groupe :

Définition 1.6 (Élément d’ordre fini d’un groupe, ordre d’un tel élément): Soit G un groupe d’élément
neutre e et a ∈ G.
On dit que a est d’ordre fini si :
∃k ∈ N∗ , ak = e

Dans ce cas, le plus petit entier naturel non nul p tel que ap = e s’appelle l’ordre de a.

Remarque :
Soit G un groupe d’élément neutre e, a ∈ G et n ∈ N∗ .
• a est d’ordre fini n si ∀k ∈ {1, . . . , n − 1}, ak ̸= e et an = e.
• On suppose que a est d’ordre fini n. Si 0 ≤ k < n tel que ak = e alors k = 0.

Proposition 1.7 (ordre d’un élément): Soit G un groupe et a ∈ G.


Si a est d’ordre fini n alors le sous-groupe ⟨a⟩ est cyclique de cardinal n.

Démonstration a est d’ordre n donc an = e.


Soit k ∈ Z et k = np + r la division euclidienne de k par n donc :

ak = anp+r = (an )p ar = ar ∈ {e, a, . . . , an−1 }

On déduit que :
⟨a⟩ = {e, a, . . . , an−1 }

Soit p ≤ q ∈ {0, . . . , n − 1} tels que ap = aq donc aq−p = e et puisque 0 ≤ q − p ≤ p < n, on déduit que
q − p = 0 car n est l’ordre de a donc p = q. On déduit que les élements e, a, . . . , an−1 sont deux-deux distincts
donc G est cyclique de cardinal n.

Remarques :
Soit G un groupe et a ∈ G. Si a est d’ordre fini n alors :
• ⟨a⟩ = {e, a, . . . , an−1 }.
• ⟨a⟩ est isomorphe à (Z/nZ, +).

Caractérisation 1.3 (Caractérisation des entiers k tels que ak = e): Soit G un groupe de neutre e et a ∈ G.
Si a est d’ordre fini d alors ∀k ∈ Z, ak = e ⇐⇒ d | k.

Démonstration ⇒ ) Soit k ∈ Z tel que ak = e et k = qd + r la division euclidienne de k par d donc :

e = akd+r = akd ar = (ad )q ar = ar

Or 0 ≤ r < d et d l’ordre de a donc r = 0 donc k = qd d’où d | k.

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⇐ ) Soit k ∈ Z tel que d | k donc ∃q ∈ Z tel que k = qd d’où :

ak = aqd = (ad )q = eq = e

Théorème 1.1: Si G est un groupe fini alors tout élément de G est d’ordre fini et son ordre divise le cardinal de
G.

Démonstration Démonstration dans le cas où G est supposé commutatif : Soit n le cardinal de G, a ∈ G et on considère
l’application f : G → G définie par :
∀x ∈ G, f (x) = ax

• On a :
∀x ∈ G, f (a−1 x) = aa−1 x = x

donc f est surjectif.


• Soit x, y ∈ G tels que f (x) = f (y) donc ax = ay donc x = y d’où f est injectif.
On déduit que f est bijectif donc :
G = f (G) = {ax/x ∈ G}

donc : Y Y Y
x= (ax) = an x
x∈G x∈G x∈G

car G est commutatif d’où an = e.


On déduit que a est d’ordre fini car n ≥ 1 puisque G ̸= ∅, donc a est d’ordre fini et, d’après la proposition
précédente, l’ordre de a divise n.

2 Structures d’anneau et algèbre :


2.1 Structure d’anneau :
Définition 2.1 (Anneau): Un ensemble A muni de deux lois de composition interne + et × est dit anneau si :
• (A, +) est un groupe commutatif.
• La loi × est associative, admet un élément neutre.
• La loi × est distributive par rapport à la loi + :

a × (b + c) = (a × b) + (a × c) et (a + b) × c = (a × c) + (b × c)

Si, en plus, la loi × est commutative alors on dit que A est un anneau commutatif ou abélien.

Exemples :
• (Z, +, ×), (Q, +, ×), (R, +, ×) et (C, +, ×) sont des anneaux commutatifs.
• (K[X], +, ×) est un anneau commutatif.
• Soit n ∈ N∗ . (Mn (K), +, ×) est un anneau, il n’est pas commutatif si n ≥ 2.
• Soit E un K-espace vectoriel. (L (E), +, ◦) est un anneau, il n’est pas commutatif si dim E ≥ 2.

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Remarques :
Soit (A, +, ×) un anneau et a, b ∈ A.
• Les neutres de + et × se notent respectivement 0 et 1.
• 0 × a = a × 0 = 0.
• (−a)b = a(−b) = −(ab). −(ab) se notent tout simplement −ab.
• (−a)(−b) = ab.
• ∀n ∈ Z, (na)b = a(nb) = n(ab). n(ab) se note tout simplement nab.

Définition 2.2 (Sous-anneaux): Soit A un anneau et B ⊂ A.


On dit que B est un sous-anneau de A si :
• 1 ∈ B.
• ∀a, b ∈ B, a − b ∈ B.
• ∀a, b ∈ B, ab ∈ B.

Proposition 2.1 (Produit fini d’anneaux):


• Si A et B sont deux anneaux alors A × B muni des lois :

(a, b) + (c, d) = (a + c, b + d) et (a, b)(c, d) = (ac, bd)

est un anneau.
• Généralement, si A1 , . . . , An sont des anneaux alors A × · · · × An muni des lois :

(a1 , . . . , an ) + (b1 , . . . , bn ) = (a1 + b1 , . . . , an + bn ) et (a1 , . . . , an )(b1 , . . . , bn ) = (a1 b1 , . . . , an bn )

est un anneau.

Remarque :
Soit A1 , . . . , An des anneaux.
• (0, . . . , 0) est l’élément neutres de A × · · · × An pour l’addition.
• (1, . . . , 1) est l’élément neutres de A × · · · × An pour la multiplication.

• ∀(a1 , . . . , an ) ∈ A × · · · × An , (a1 , . . . , an ) est inversible si, et seulement si, a1 , . . . , an sont inversibles.


Dans ce cas, (a1 , . . . , an )−1 = (a−1 −1
1 , . . . , an ).

• Si A1 , . . . , An sont commutatifs alors A1 × · · · × An est commutatif.

Définition 2.3 (Morphisme d’anneaux, isomorphismes d’anneaux): Soit A et B deux anneaux. On ap-
pelle :
• Morphisme de A dans B toute application f : A → B telle que :
∗ f (1) = 1.
∗ ∀a, b ∈ A, f (a + b) = f (a) + f (b).
∗ ∀a, b ∈ A, f (ab) = f (a)f (b).
• Isomorphisme de A dans B tout morphisme d’anneaux bijectif de A dans B.

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2.2 Structure d’algèbre :

Définition 2.4 (Algèbre): On dit que (A, +, ×, ·) est une K-algèbre ou algèbre sur K si :
• (A, +, ×) est un anneau.
• (A, +, ·) est un K-espace vectoriel.
• ∀a, b ∈ A, ∀λ ∈ K, (λ · a)b = a(λ · b) = λ · (ab).
Si, en plus, la loi × est commutative alors on dit que l’algèbre (A, +, ×, ·) est commutative.

Exemples :

• (K, +, ×, ×) est une K-algèbre commutative.


• (K[X], +, ×, ·) est une K-algèbre commutative.
• Soit n ∈ N∗ . (Mn (K), +, ×, ·) est une K-algèbre. Elle n’est pas commutative si n ≥ 2.
• Soit E un K-espace vectoriel. (L (E), +, ◦, ·) est une K-algèbre. Elle n’est pas commutative si dim E ≥ 2.

Définition 2.5 (Sous-algèbre): Soit A une K-algèbre et B ⊂ A.


On dit que B est une sous-algèbre de A si :
• 1 ∈ B.
• ∀a, b ∈ B, a + b ∈ B.
• ∀a, b ∈ B, ab ∈ B.
• ∀a ∈ B, ∀λ ∈ K, λ · a ∈ B.

Définition 2.6 (Morphisme d’algèbres): Soit A et B deux K-algèbres.


On appelle Morphisme de A dans B toute application f : A → B telle que :
• f (1) = 1.
• ∀a, b ∈ A, f (a + b) = f (a) + f (b).
• ∀a, b ∈ A, f (ab) = f (a)f (b).
• ∀a ∈ A, ∀λ ∈ K, f (λ · a) = λ · f (a).

Exemple :
L’application f : (K[X], +, ×, ·) → (K, +, ×, ×) définie par f (P ) = P (0) est un morphisme d’algèbres.

3 Idéal dans un anneau commutatif :


Définition 3.1 (Idéal d’un anneau commutatif): Soit A un anneau commutatif et I ⊂ A. On dit que I est
un idéal de A si :
• I est un sous-groupe de (A, +).
• ∀a ∈ A, ∀i ∈ I, ai ∈ I.

Remarques :
Soit A un anneau commutatif.
Si I est un idéal de A alors 0 ∈ I. En particulier, un idéal n’est jamais vide.

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Caractérisation 3.1 (Caractérisation  d’un idéal): Soit A un anneau commutatif et I ⊂ A.


 I ̸= ∅

I est un idéal de A si, et seulement si, ∀i, j ∈ I, i − j ∈ I .

∀a ∈ A, ∀i ∈ I, ai ∈ I

Proposition et définition 3.1 (Noyau d’un morphisme d’anneaux): Soit A, B deux anneaux commutatifs.
Si f : A → B est un morphisme d’anneaux alors l’ensemble :

{x ∈ A/f (x) = 0}

est un idéal de A. On l’appelle le noyau de f et on le note ker f .

Démonstration • f est un morphisme d’anneaux donc f (0) = 0 donc 0 ∈ ker f d’où ker f ̸= ∅.
• Soit x, y ∈ ker f . f est un morphisme d’anneaux donc f (x − y) = f (x) − f (y) = 0 d’où x − y ∈ ker f .
• Soit x ∈ ker f et y ∈ A. f est un morphisme d’anneaux donc f (xy) = f (x)f (y) = 0f (y) = 0 d’où
xy ∈ ker f .
On déduit que ker f est un idéal de A.

Exemple :
Soit l’application f : R[X] → R définie par :

∀P ∈ R[X], f (P ) = P (0)

— Pour P = 1, on a f (P ) = P (0) = 1.
— ∀P, Q ∈ R[X], f (P + Q) = (P + Q)(0) = P (0) + Q(0) = f (P ) + f (Q).
— ∀P, Q ∈ R[X], f (P Q) = (P Q)(0) = P (0)Q(0) = f (P )f (Q).
donc f est un morphisme d’anneaux. On déduit que l’ensemble :

I = {P ∈ R[X], P (0) = 0}

est un idéal de R[X] car c’est le noyau de f .


Remarques :
Soit A, B deux anneaux commutatifs.
Si f : A → B est un morphisme d’anneaux alors im f n’est pas forcément un idéal de B.

Proposition et définition 3.2 (Idéal engendré par un élément): Soit A un anneau commutatif et a ∈ A.
L’ensemble :
aA = {ax/x ∈ A}

des multiples de a est un idéal de A, on l’appelle l’idéal de A engendré par a et on le note (a).

Exemples :
• Soit n ∈ N.
nZ est un idéal de (Z, +, ×). C’est l’idéal engendré par n.

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• Soit P ∈ K[X].
P K[X] est un idéal de (K[X], +, ×). C’est l’idéal engendré par P .
Remarque :
Si A est un anneau commutatif alors (1) = A et (0) = {0}.

Définition 3.2: Soit A un anneau commutatif et a, b ∈ A.


On dit que a divise b si ∃c ∈ A, b = ac.
Dans ce cas, on note a | b.

Remarques :
Soit A un anneau commutatif et a, b, c ∈ A.
Si a | b et b | c alors a | c.

Caractérisation 3.2 (Caractérisation de la divisibilité par les idéaux): Soit A un anneau commutatif.
• ∀a, b ∈ A, a | b ⇐⇒ (b) ⊂ (a).
• ∀a, b ∈ A, (a | b et b | a) ⇐⇒ (a) = (b).

Démonstration Soit a, b ∈ A.
• ∗ ⇒ ) On a a | b donc ∃c ∈ A, b = ac donc b ∈ (a) d’où (b) ⊂ (a).
∗ ⇐ ) On a b ∈ (b) donc b ⊂ (a) donc ∃c ∈ A, b = ac d’où a | b.
On déduit que a | b ⇐⇒ (b) ⊂ (a).
• D’après ce qui précède :

(a | b et b | a) ⇐⇒ ((b) ⊂ (a) et (a) ⊂ (b)) ⇐⇒ (a) = (b)

4 Idéaux de Z :
Remarque :
Soit n, m ∈ N.
Si nZ = mZ alors (n) = (m) donc n | m et m | n d’où m = n.

Proposition 4.1 (Idéaux de Z): Les idéaux de Z sont les nZ avec n ∈ N.

Démonstration Si I est un idéal de Z alors I est un sous-groupe de Z donc ∃n ∈ N, I = nZ.

Remarque :
Si I est un idéal de Z alors ∃!n ∈ N, I = nZ.

Corollaire et définition 4.1 (PGCD): Soit n ≥ 2 et a1 , . . . , an ∈ Z.


∃!d ∈ N, a1 Z + · · · + an Z = dZ.
d s’appelle le PGCD de a1 , . . . , an et on le note a1 ∧ · · · ∧ an .

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Démonstration • On a 0 = a1 × 0 + · · · + an × 0 ∈ a1 Z + · · · + an Z donc a1 Z + · · · + an Z ̸= ∅.
• Si p1 , . . . , pn , q1 , . . . , qn ∈ Z alors :

(a1 p1 + · · · + an pn ) − (a1 q1 + · · · + an qn ) = a1 (p1 − q1 ) + · · · + an (pn − qn ) ∈ a1 Z + · · · + an Z

• Si p1 , . . . , pn , q ∈ Z alors :

(a1 p1 + · · · + an pn )q = a1 (p1 q) + · · · + an (pn q) ∈ a1 Z + · · · + an Z

donc a1 Z + · · · + an Z est un idéal de Z d’où, d’après la proposition précédente, :

∃!d ∈ N, a1 Z + · · · + an Z = dZ

Interprétation du PGCD :
Soit n ≥ 2, a1 , . . . , an ∈ Z et d = a1 ∧ · · · ∧ an
• Soit k ∈ {1, . . . , n}. On a :

ak = 0a1 + · · · + 1ak + · · · + 0an ∈ a1 Z + · · · + an Z = dZ

donc d | ak . On déduit que d est un diviseur commun de a1 , . . . , an .


• Soit δ ∈ N un diviseur commun de a1 , . . . , an . On a

d ∈ dZ = a1 Z + · · · + an Z

donc :
∃u1 , . . . , un ∈ Z, d = a1 u1 + · · · + an un

d’où δ | d.
On déduit que d est le plus grand diviseur commun de a1 , . . . , an .

Théorème 4.1 (Relation de Bézout): Soit a1 , . . . , an ∈ Z.

a1 ∧ · · · ∧ an = 1 ⇐⇒ ∃u1 , . . . , un ∈ Z, a1 u1 + · · · an un = 1

Démonstration On a :

a1 ∧ · · · ∧ an = 1 ⇐⇒ a1 Z + · · · + an Z = Z ⇐⇒ 1 ∈ a1 Z + · · · + an Z ⇐⇒ ∃u1 , . . . , un ∈ Z, a1 u1 + · · · an un = 1

5 L’anneau Z/nZ :

Proposition 5.1 (L’anneau Z/nZ): Soit n ∈ N∗ .


(Z/nZ, +, ×) est un anneau commutatif.

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Démonstration Soit p, q, r ∈ Z.
• Vérifions que (Z/nZ, +) est un groupe commutatif.
∗ On a p̄ + q̄ = p + q = q + p = q̄ + p̄ donc + est commutatif.
∗ On a p̄ + 0̄ = p + 0 = p̄ donc 0̄ est le neutre de +.
∗ On a :
(p̄ + q̄) + r̄ = p + q + r̄ = (p + q) + r = p + (q¯ + r) = p̄ + q +
¯ r = p̄ + (q̄ + r̄)

donc + est associatif.


∗ On a p̄ + −p = p − p = 0̄ donc l’opposé de p̄ est −p.
On déduit que (Z/nZ, +) est un groupe commutatif.
• On a p̄ × q̄ = p × q = q × p = q̄ × p̄ donc × est commutatif.
• On a p̄ × 1̄ = p × 1 = p̄ donc 1̄ est le neutre de ×.
• On a :
(p̄ × q̄) × r̄ = p × q × r̄ = (p × q) × r = p × (q¯ × r) = p̄ × q ×
¯ r = p̄ × (q̄ × r̄)

donc × est associatif.


• On a :

¯ (q × r) = p ×
(p̄ + q̄) × r̄ = p + q × r̄ = (p + q) × r = (p × r) + ¯ r+q×
¯ r = p̄ × r̄ + q̄ × r̄

donc × est distributive par rapport à +.


On déduit que (Z/nZ, +, ×) est un anneau commutatif.

Proposition 5.2 (Caractérisation des corps): Soit n ∈ N∗ .


Z/nZ est un corps si, et seulement si, n est premier.

Remarque :

• ⇒ ) Soit k ∈ {1, . . . , n − 1} donc k̄ ̸= 0̄, or Z/nZ est un corps, on déduit que k̄ est inversible d’où ∃a ∈ Z, āk̄ = 1̄.
On déduit que 1̄ = ak ¯ donc ∃b ∈ Z, 1 = ak + bn d’où, d’après le théorème de Bézout, k ∧ n = 1.
On déduit que n est premier.
• ⇐ ) Soit k ∈ Z/nZ non nul donc n ∤ k, or n est premier, on déduit que k ∧ n = 1 donc, d’après le théorème de
Bézout, ∃a, b ∈ Z, ak + bn = 1 donc :
1̄ = ak + bn = ā k̄ + b̄ n̄ = ā k̄

d’où k̄ est inversible. On déduit que Z/nZ est un corps.

Notation :
Si p est un nombre premier le corps Z/pZ se note Fp .

Théorème 5.1 (Théorème des restes chinois): Soit m, n ∈ N∗ .

Z/mZ × Z/nZ et Z/mnZ sont isomorphes si, et seulement si, m ∧ n = 1

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Démonstration On note ∀p ∈ Z, p̄ dans Z/mnZ, p̂ dans Z/mZ, p̃ dans Z/nZ et on considère l’application :

π: Z/mnZ → Z/mZ × Z/nZ

ā 7→ (â, ã)

• ⇒ ) Soit f un isomorphisme de Z/mZ × Z/nZ vers Z/mnZ donc f (1̂, 1̃) = 1̄ donc :

m ∨ n = (m ∨ n)1̄ = (m ∨ n)f (1̂, 1̃) = f (m


\ ∨ n, m
^ ∨ n) = f (0̂, 0̃) = 0̄

d’où mn | (m ∨ n). Or (m ∨ n) | mn, on déduit que :

(m ∨ n) = mn = (m ∧ n)(m ∨ n)

donc m ∧ n = 1.
• ⇐)
∗ Montrons que l’application π est bien définie :
Soit p̄, q̄ ∈ Z/mnZ tels que p̄ = q̄ donc p ≡ q[mn] d’où p ≡ q[m] et p ≡ q[n].
On déduit que (p̂, p̃) = (q̂, q̃) donc π(p̄) = π(q̄) et, par suite, l’application π est bien définie.
∗ Montrons que π est un morphisme d’anneaux :
On a π(1̄) = (1̂, 1̃).
Soit p̄, q̄ ∈ Z/mnZ. On a :

π(p̄ + q̄) = π(p + q) = (p[


+ q, p]
+ q) = (p̂ + q̂, p̃ + q̃) = (p̂, p̃) + (q̂, q̃) = π(p̄) + π(q̄)

et :
π(p̄q̄) = π(pq) = (pq,
b pq)
e = (p̂ q̂, p̃ q̃) = (p̂, p̃) (q̂, q̃) = π(p̄) π(q̄)
π est alors un morphisme d’anneaux.
∗ Montrons que π est injectif :
Soit p̄ ∈ Z/mnZ tel que π(p̄) = (0̂, 0̃) donc (p̂, p̃) = (0̂, 0̃) d’où p̂ = 0̂ et p̃ = 0̃.
On déduit que m | p et n | p, or m ∧ n = 1, donc, d’après le lemme d’Euclide, mn | p d’où p̄ = 0̄.
On déduit que ker π = {0̄} donc π est injectif.
∗ Montrons que Z/mnZ et Z/mZ × Z/nZ sont isomorphes :
On a :
Card (Z/mZ × Z/nZ) = Card (Z/mZ) Card (Z/nZ) = mn = Card (Z/mnZ)

et π injectif donc π est un isomorphisme d’où Z/mnZ et Z/mZ × Z/nZ sont isomorphes.

Remarque :
En général :

Z/p1 Z × · · · × Z/pn Z et Z/(p1 · · · pn )Z sont isomorphes si, et seulement si, p1 ∧ · · · ∧ pn = 1

Application à la résolution des systèmes de congruences :


Soit a, b ∈ N∗ tels que a ∧ b = 1, p, q ∈ Z et on considère le système de congruences :

 n ≡ p[a]
(⋆)
 n ≡ q[b]

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En conservant les notations de la démonstration précédente, on a :

(⋆) ⇐⇒ π(n̄) = (p̄, q̄)

et puisque π est un isomorphisme, on déduit que :

∃n0 ∈ Z, π(n0 ) = (p̄, q̄)

Autrment dit, n0 est une solution particulière de (⋆).


Soit n une zolution de (⋆) donc π(n̄) = π(n0 ) d’où n̄ = n0 .
On déduit que l’ensemble des solutions de (⋆) est :

S = {n0 + kab/k ∈ Z}

Le problème revient alors à déterminer une solution particulière n0 de (⋆). Pour cela, on a a ∧ b = 1 donc :

∃u, v ∈ Z, au + bv = 1

donc : (
bv ≡ 1[a]
au ≡ 1[b]
donc : (
qau + pbv ≡ p[a]
qau + pbv ≡ q[b]

d’où n0 = qau + pbv est une solution particulière du système (⋆).


On déduit que l’ensemble des solutions du système (⋆) est :

S = {qau + pbv + kab/k ∈ Z}

Remarque :
Pour déterminer u et v, on utilise l’algorithme d’Euclide étendu.
Exemple :
Soit le système de congruences : 
 n ≡ 3[120]
(⋆)
n ≡ 5[23]

On a : 

 120 = 5 × 23 + 5



23 = 4×5 + 3






5 = 1×3 + 2



3 = 1×2 + 1







2 = 2×1 + 0

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donc 120 ∧ 23 = 1 et : 


 1 = 3 − 1×2



 2
 = 5 − 1×3



 3 = 23 − 4×5


− 5 × 23

 5 = 120

donc :
1 = 3 − 1 × (5 − 1 × 3)

= 2×3 − 1×5

= 2 × (23 − 4 × 5) − 1×5

= 2 × 23 − 9×5

= 2 × 23 − 9 × (120 − 5 × 23)

= −9 × 120 + 47 × 23
On déduit que :

S = {5 × (−9) × 120 + 3 × 47 × 23 + 120 × 23k/k ∈ Z} = {−2157 + 2760k/k ∈ Z}

Définition 5.1 (Indicatrice d’Euler): Soit n ∈ N∗ .


On appelle indicatrice d’Euler de n l’entier :

card{k ∈ {1, . . . , n}/n ∧ k = 1}

On la note φ(n).
L’application :
φ : N∗ → N

n 7→ φ(n)
s’appelle l’indicatrice d’Euler.

Remarque :
Soit n ∈ N∗ et k ∈ {0, . . . , n − 1}. On a :

k̄ inversible si, et seulement si, k ∧ n = 1

donc φ(n) est le nombre des éléments inversibles de l’anneau (Z/nZ, +, ×).

Théorème 5.2 (Théorème d’Euler):

∀a, n ∈ N∗ , a ∧ n = 1 ⇒ aφ(n) ≡ 1[n]

Démonstration Soit n ∈ N∗ et G l’ensemble des inversibles de l’anneau (Z/nZ, +, ×) donc (G, ×) est un groupe.
D’après la remarque précédente G est de cardinal φ(n).
Soit a ∈ N∗ avec a ∧ n = 1 donc ā est inversible dans (Z/nZ, +, ×) d’où ā ∈ G.
On déduit que āφ(n) = 1̄ donc aφ(n) ≡ 1[n].

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Corollaire 5.1 (Petit théorème de Fermat): Soit n ∈ N. Si n est premier alors :

∀a ∈ Z, a ∧ n = 1 ⇒ an−1 ≡ 1[n]

Démonstration n est premier donc ∀k ∈ {1, . . . , n − 1}, k ∧ n = 1 donc φ(n) = n − 1 d’où, d’après le théorème d’Euler,
an−1 ≡ 1[n].

Proposition 5.3 (L’indicatrice d’Euler est multiplicative): Soit m, n ∈ N∗ .


Si m ∧ n = 1 alors φ(mn) = φ(m)φ(n).
On dit que l’application φ est multiplicative.

Démonstration D’après le théorème des restes chinois, les anneaux Z/mnZ et Z/mZ×Z/nZ sont isomorphes donc ils ont même
nombres des inversibles. Or :
• φ(mn) est le nombre desinversibles de l’anneau Z/mnZ.
• ∀(ā, b̄) ∈ Z/mZ × Z/nZ, (ā, b̄) est inversible si, et seulement si, ā et b̄ sont in versibles donc φ(m)φ(n)
est le nombre des inversibles de Z/mZ × Z/nZ.
donc φ(mn) = φ(m)φ(n).

Remarque :
Généralement, si m1 , . . . , mn ∈ N∗ sont deux à deux premiers entre eux alors :

φ(m1 · · · mn ) = φ(m1 ) · · · φ(mn )

Corollaire 5.2: Soit n ≥ 2.


Si n = p1α1 · · · pkαk est la décomposition de n en facteurs premiers alors :
   
1 1
pα pα 1 −1
(pα pkαk −1
 
φ(n) = 1
1
− 1 ··· k
k
− =n 1− ··· 1 −
p1 pk

α
Démonstration On a n = pα
1 · · · pk donc, d’après la proposition précédente, :
1 k

α
φ(n) = φ(pα
1 ) · · · φ(pk )
1 k

Soit i ∈ {1, . . . , k} et q ∈ {1, . . . , pα


i }. On a :
i

q ∧ pα i
/ {pi , 2pi , . . . , pα
i = 1 ⇐⇒ q ∧ pi = 1 ⇐⇒ pi ∤ q ⇐⇒ q ∈ i }
i

donc :  
αi −1 1
φ(pα αi αi αi
i ) = Carc{1, 2, . . . , pi } − Card{pi , 2pi , . . . , pi } = pi − pi
i
= pα
i
i
1−
pi
d’où :    
α1 −1 α α −1 1 1
φ(n) = pα
 
1 − p1 · · · (pk k − pk k =n 1− ··· 1 −
1
p1 pk

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6 Anneaux des polynômes à une indéterminée :

Proposition 6.1 (Idéaux de K[X]): Les idéaux de K[X] sont les P K[X] avec P ∈ K[X].

Démonstration Soit I un idéal de K[X].


• Si I = {0} alors I = 0K[X].
• Sinon, A = {deg P/P ∈ I \ {0}} est une partie non vide de N donc admet un plus petit élément.
On pose d = min A donc d ∈ A d’où ∃P ∈ I \ {0} tel que deg P = d.
∗ On a P ∈ I donc P K[X] ⊂ I.
∗ Soit Q ∈ I et Q = P R + S la division euclidienne de Q par P .
On déduit que S = Q − P R ∈ I car I est un idéal et P, Q ∈ I. Or deg S < d et d = min A donc
S = 0 d’où Q = P R ∈ P K[X].
On déduit que I ⊂ P K[X] et par suite I = P K[X].

Corollaire et définition 6.1 (PGCD): Soit n ≥ 2 et P1 , . . . , Pn ∈ K[X].

∃!D ∈ K[X] unitaire ou nul tel que P1 K[X] + · · · + Pn K[X] = DK[X]

D s’appelle le PGCD de P1 , . . . Pn et on le note P1 ∧ · · · ∧ Pn .

Démonstration • Existence :

∗ On a 0 = 0 × P1 + · · · + 0 × Pn ∈ P1 K[X] + · · · + Pn K[X] donc P1 K[X] + · · · + Pn K[X] ̸= ∅.


∗ Si U1 , . . . , Un , V1 , . . . , Vn ∈ K[X] alors :

(U1 P1 +· · ·+Un Pn )−(V1 P1 +· · ·+Vn Pn ) = (U1 −V1 )P1 +· · ·+(Un −Vn )Pn ∈ P1 K[X]+· · ·+Pn K[X]

∗ Si U1 , . . . , Un , Q ∈ K[X] alors :

(U1 P1 + · · · + Un Pn )q = (U1 Q)P1 + · · · + (Un Q)Pn ∈ P1 K[X] + · · · + Pn K[X]

donc P1 K[X] + · · · + Pn K[X] est un idéal de K[X] d’où, d’après la proposition précédente, :

∃P ∈ K[X], P1 K[X] + · · · + Pn K[X] = P K[X]

∗ Si P est nul, on pose D = P donc D est nul.


1
∗ Si P est non nul de coefficient dominant λ, on pose D = P donc D est unitaire.
λ
On déduit que :
P1 K[X] + · · · + Pn K[X] = DK[X]

avec D unitaire ou nul.


• Unicité :
Soit A, B ∈ K[X] unitaires ou nuls tels que :

AK[X] = P1 K[X] + · · · + Pn K[X] = BK[X]

donc AK[X] = BK[X] d’où A | B et B | A.

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∗ Si A = 0 alors B = 0 = A.
∗ Sinon, ∃U, V ∈ K[X], A = U B et B = V A donc A = U V A donc U V = 1 d’où U et V sont
constants.
On déduit que ∃λ ∈ K, A = λB et puisque B est uniaire donc λ est le coefficient dominant de
A = λB donc λ = 1 car A est unitaire d’où A = B.

Remarque :
Soit P1 , . . . , Pn ∈ K[X].
P1 ∧ · · · ∧ Pn = 0 ⇐⇒ P1 = · · · = Pn = 0

Théorème 6.1 (Relation de Bézout):

∀P1 , . . . , Pn ∈ K[X], P1 ∧ · · · ∧ Pn = 1 ⇐⇒ ∃U1 , . . . , Un ∈ K[X], P1 U1 + · · · + Pn Un = 1

Démonstration On a :
P1 ∧ · · · ∧ Pn = 1 ⇐⇒ P1 K[X] + · · · + Pn K[X] = K[X]

⇐⇒ 1 ∈ P1 K[X] + · · · + Pn K[X]

⇐⇒ ∃U1 , . . . , Un ∈ K[X], P1 U1 + · · · + Pn Un = 1

Définition 6.1 (Polynômes irréductibles): Un polynôme P de K[X] est dit irréductible si :


• P n’est pas constant.
• Si ∃Q, R ∈ K[X] tels que P = QR alors Q ou R est constant.

Proposition 6.2 (Polynômes irréductibles de C[X]): Dans C[X], les polynômes irréductibles sont les poly-
nômes de degré un.

Démonstration • Soit P ∈ C[X] irréductible donc P n’est pas constant donc P admet une racine a ∈ C d’où ∃Q ∈ C[X]
tel que P = (X − a)Q.
On a P irréductible et (X − a) non constant donc Q est constant d’où deg P = 1.
• Réciproquement, Soit P ∈ C[X] de degré un.
∗ P n’est pas constant.
∗ Soit Q, R ∈ C[X] tels que P = QR donc 1 = deg P = deg Q + deg R donc deg Q = 0 ou deg R = 0
d’où Q ou R est constant.
On déduit que P est irréductible.

Proposition 6.3 (Polynômes irréductibles de R[X]): Dans R[X], les polynômes irréductibles sont :
• Les polynômes de degré un.
• Les polynômes de degré deux de discriminant strictement négatif.

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Démonstration • Soit P ∈ R[X] irréductible donc P n’est pas constant.donc P admet une racine a ∈ C.
∗ Si a ∈ R alors ∃Q ∈ R[X] tel que P = (X − a)Q.
On a P irréductible et (X − a) non constant donc Q est constant d’où deg P = 1.
∗ Si a ∈
/ R alors ā est une racine de P car P ∈ R[X]. a et ā sont deux racines distinctes de P car
a∈
/ R donc (X − a)(X − ā) | P d’où ∃Q ∈ C[X] tel que P = (X − a)(X − ā)Q.
On a :
(X − a)(X − ā) = X 2 − 2ℜe(a)X + |a|2 ∈ R[X]

donc :
P = P̄ = (X − a)(X − ā)Q = (X − a)(X − ā)Q̄

donc Q = Q̄ d’où Q ∈ R[X].


On a P = (X − a)(X − ā)Q et P irréductible donc Q est constant d’où deg P = 2 et le discriminant
de P est < 0 car P n’admet pas de racinss réelles.
• Réciproquement, Soit P ∈ R[X] de degré un ou de degré deux de discriminant strictement négatif.
∗ P n’est pas constant.
∗ ✓ Si deg P = 1, soit Q, R ∈ R[X] tels que P = QR donc 1 = deg P = deg Q + deg R donc
deg Q = 0 ou deg R = 0 d’où Q ou R est constant.
✓ Si deg P = 2 de discriminant strictement négatif, soit Q, R ∈ R[X] tels que P = QR donc
2 = deg P = deg Q + deg R donc deg Q = 0 ou deg R = 0 ou deg R = deg S = 1.
Si deg R = 1 alors R admet une racine réelle donc P admet une racine réelle. Absurde car le
discriminant de P strictement négatif.
On déduit que deg Q = 0 ou deg R = 0 donc Q ou R est constant.
P est alors irréductible.

Théorème 6.2 (Décomposition en facteurs irréductibles): Tout polynôme P ∈ K[X] non constant se dé-
compose de façon unique à l’ordre près sous la forme P = λP1α1 · · · Pnαn où P1 , . . . Pn sont des polynômes unitaires
irréductibles deux à deux distincts, α1 , . . . , αn ∈ N∗ et λ ∈ K∗ .

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