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Explication linéaire n°3 : Olympe de Gouges, Déclaration des droits de la femme et

de la citoyenne, début du postambule (1791)

Ce texte suit immédiatement les articles et ouvre le postambule de la déclaration. Ce


postambule a pour but de résumer l’œuvre et d’insuffler aux femmes la force et les
arguments pour défendre leurs intérêts. Olympe de Gouges s’adresse directement aux
femmes.

Problématique : Quelle stratégie argumentative Olympe de Gouges utilise-t-elle pour


convaincre et persuader/ pour pousser les femmes à réagir et faire valoir leurs droits par
la révolte ?

Plan :

• L.91 à 98 : L’appel opportun au sursaut et à la révolte


• L.98 à 109 : Le constat d’une inégalité marquée pour faire prendre conscience aux
femmes que la Révolution n'a rien changé pour elles
• L.109 à 117 : Des revendications placées sous le signe de la raison/ Une rébellion
féminine attendue pour gagner leurs droits

1e mouvement : L’appel au sursaut et à la révolte

1e phrase « Femme » apostrophe autoritaire au singulier, métonymie pour désigner la


communauté féminine. Elle interpelle sa destinataire et la singularise pour donner de la
force à son adresse.

« réveille-toi/ reconnais tes droits » : impératif présent à la P2, tutoiement = familiarité :


cet ordre invite à l’action et en montre l’urgence. L’auteure se positionne comme la voix
de la raison/ métaphore du sommeil assimile la Révolution comme un réveil brutal mais
les femmes sont encore assoupies. Il faut saisir ce moment opportun. Elles ne sont pas
encore assez mobilisées.

« le tocsin de la raison se fait entendre » : métaphore sonore+ personnification qui fait


référence à la Révolution française et au fait qu’elle s’appuie sur les principes des Lumières.
Ce moment est présenté comme un tournant, un éveil à la conscience et à l’action, un point
de départ.

Les propositions juxtaposées induisent un effet de cause/conséquence. La reconnaissance


des droits des femmes ne va pas être facile !

2e et 3e phrases

Présence de négation qui marque une rupture temporelle, un changement + emploi du


passé composé « a dissipé », fin d’un phénomène : insistance sur l’opportunité du moment
qui voit la fin d’une ère d’injustice/ Le temps de la Révolution est propice au changement
à l’amélioration de leur condition.
Figures d’opposition pour marquer un avant/ un après :

énumération de noms renvoyant à des réalités péjoratives propres à l’Ancien Régime,


l’ancien monde/ champ lexical de la bêtise, de l’ignorance, de l’obscurantisme vs
métaphores renvoyant aux idéaux des Lumières (raison/ nature/ vérité) / Antithèse
« flambeau de la vérité » vs « tous les nuages »

4e et 5e phrases

Champ lexical de l’esclavage et de l’affranchissement/antithèse/ parallélisme : Olympe de


Gouges insiste sur l’égoïsme et l’ingratitude de l’homme qui n’a pas partagé son
émancipation avec les femmes. Absence de reconnaissance.

→ L’ouverture du postambule se présente comme une violente incitation à l’action


dont la femme doit être actrice. Les phrases lapidaires, les injonctions font de cette
ouverture une sorte d’électrochoc afin de faire prendre conscience aux femmes qu’il est
temps de passer à l’action.

2e mouvement : Vaincre les réticences des femmes et les faire sortir de leur
aveuglement sur leur condition en leur faisant prendre conscience de l’inégalité
criante.

« Ô femmes ! femmes ! » Apostrophe lyrique au pluriel / répétition : le passage du singulier


au pluriel tend à incarner l’adresse qui devient plus concrète.

Question rhétorique + adjectif péjoratif+ métaphore = registre polémique : Cette


question provocatrice rend les femmes responsables de leur servitude pour
provoquer une prise de conscience. La métaphore du sommeil a été remplacée par celle
de l’aveuglement pour souligner ceci. Elles sont aveugles car elles laissent les hommes les
asservir. Cette passivité est sous-entendue..

Elle passe de l’image à une question très concrète pour pousser les femmes à réfléchir sur
leur condition.

Cascade de questions- réponses : le discours s’anime par un dialogue fictif entre


Olympe de Gouges et les femmes.

• Dans les réponses des 2 1e questions, l’auteure fait le constat de l’échec de la


Révolution française en ce qui concerne les droits des femmes. Le changement de
régime leur a même fait perdre le peu d’influence qu’elles avaient.
• Antithèse : « avantages » vs « mépris » et « dédain » + Parallélisme : elles ont été
dépossédées : métaphore de la chute de l’empire Elles ont lutté ^pour que les
hommes aient plus de pouvoir sue elles. Ils sont plus redoutables car ils ont plus
de pouvoir.
• Les femmes se sont bercées d’illusions et ont tout perdu ( négation restrictive/
champ lexical du manque de pouvoir
• 3e question rhétorique qui souligne qu’elles n’ont plus rien sauf « la conviction
des injustices des hommes » : certitude est le moteur de l’action à savoir
« réclamer votre patrimoine (= ensemble de biens hérités collectivement)
naturel ». Le présent rappelle l’urgence de la situation présente.→L’auteur fonde
ses revendications sur l’observation de la nature (argument d’autorité) :
l’égalité des sexes est naturelle mais elle a été corrompue par la société. Les
lois doivent rétablir les droits naturels.
• 4e question rhétorique : conditionnel présent qui prévient les femmes et montre
qu’il n’y a pas de crainte à avoir. Elle se veut rassurante. Elle ironise en faisant
référence au « bon mot du législateur des noces de Cana ». Elle détourne la parole
biblique pour souligner la bêtise de placer les femmes à un rang inférieur.
• « Craignez-vous » : métaphore comparant la morale à un animal ou végétal : elle
dénonce la persistance regrettable de cette morale biblique (critique du
christianisme qui encourage cette oppression féminine) dans la politique de l’Etat
non laïc qu’était la France. Les préceptes de cette religion influencent la vie
politique et légitiment l’inégalité des sexes . Parallèle entre les législateurs et le
Christ qui ont la même attitude vis-à-vis des femmes. Les institutions nouvelles
recréent des inégalités.
• Apostrophes aux femmes pour souligner une évidence : homme et femme sont
égaux. Elle leur donne la réponse à fournir.

→ Par un dialogue fictif, l’auteure tente de détruire les réticences des femmes à
prendre conscience des inégalités dont elles sont victimes.

3e mouvement : Incitation à mobiliser l’intelligence, la raison pour vaincre les


résistances des hommes à accepter l’égalité.

Olympe de Gouges prévoit les obstacles que les hommes pourraient dresser via des
propositions subordonnées circonstancielles d’hypothèse et de concession.
L’oppression masculine est vue comme une faiblesse. Les hommes ont peur du pouvoir
des femmes.

Elle conseille les femmes sur la conduite à tenir dans les 3 principales à l’impératif
qui miment l’amplification du mouvement de rébellion des femmes. Elle les incite à
utiliser « la raison » et la « philosophie », (vs force) antithèse . Elle les invite à opposer au
possible entêtement ridicule des hommes du courage et de la détermination.

Les femmes = combattantes vs ennemis = hommes : registre épique avec champ


lexical de la guerre,

Les armes du combat : champ lexical de la pensée et de la sagesse

Opposition entre un vocabulaire péjoratif ( pour l’homme) et un vocabulaire mélioratif (


pour la femme) : les héroïnes sont les femmes.
Conséquence : « et vous verrez » : futur ; certitude de la victoire des femmes et l’avènement
de l’égalité possible grâce au déploiement d’énergies féminines. Cela ouvrira un temps de
paix et d’égalité. Avenir radieux vs passé infâme

La dernière phrase insiste sur le pouvoir d’émancipation des femmes et leur adresse
un message fort d’encouragement et d’espoir. Par la volonté et le courage, les
citoyennes sont aptes à vaincre les barrières des inégalités et préjugés

→ Olympe de Gouges s’adresse en cheffe de guerre aux femmes, véritables


combattantes des Lumières pour obtenir l’égalité.

CCL :

La réécriture de la DDHC permet à Olympe de Gouges de mettre en avant le rôle majeur


des femmes au sein de la société. C’est à elles que cet extrait s’adresse. Il vise à les amener
à réfléchir sur leur condition pour les amener à agir avec raison pour revendiquer leurs
droits naturels. Le ton est combatif et fédérateur. C’est un véritable discours féministe
déployé ici.

Ouverture ?

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