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FRANÇAIS ETUDE D’UN SUJET DE DISSERTATION SUR OLYMPE DE GOUGES

Sujet : Comment Olympe de Gouges défend-t-elle la légitimité d'une voix féminine, à une époque où
les femmes n'avaient pas droit à la parole ?

Nous proposons ici le développement d’un plan rédigé de la dissertation.

Problématique : quel éthos se constitue Olympe de Gouges dans les textes l’œuvre au programme ?

I. Olympe de Gouges s’indigne de la scandaleuse situation des femmes qui leur est faite par les
hommes dans le nouveau régime. Son ethos est celui d’un témoin direct des dérives de la révolution.

A] En témoin de son temps, Olympe de Gouges constate que la situation de la femme (« autrefois
méprisable et respectée, et depuis la Révolution, respectable et méprisée ») dans le nouveau régime
est devenu pire que dans l’ancien, quand « le gouvernement français a dépendu, pendant des siècles,
de l’administration nocturne des femmes ». Désormais elle a « perdu son Empire » et n’est plus rien.

B] En effet, L’homme s’est servi de la femme pour « briser ses fers » (Postambule) puis il l’a asservie,
notamment à travers le mariage (« tombeau de la confiance et de l’amour ») mais aussi en lui retirant
son droit à l’éducation, et la possibilité de faire carrière. A la fin de la Forme du Contrat social de
l’homme et de la femme, qui redéfinit les termes du mariage, elle rapporte alors un incident qui lui est
arrivé, où elle montre que la femme est sans défense devant la malhonnêteté des hommes.

C] O.deG. Dans la Forme du Contrat social de l’homme et de la femme associe alors le sort des femmes
à celui des esclaves africains. Comme l’esclave, la femme n’a ni liberté, ni propriété, et ne reçoit pas
l’éducation qui lui permettrait de devenir maîtresse de son destin. Elle n’est qu’un objet d’échange, au
service d’un maître, et ne peut se construire son propre destin en toute autonomie car sa survie dépend
en tout de son maître (son mari). Elle est « dans les fers »

[transition] Olympe de Gouges souligne une contradiction de la Révolution, entre les principes qu’elle
affiche et son action. Pourtant, l’égalité en droit de l’homme et de la femme sont inscrits dans la nature
même.

II. Olympe de Gouges oppose la situation de la femme à ce qu’elle devrait être en invoquant la nature
et les droits fondamentaux de tous les êtres humains. Elle se montre comme parlant au nom de la
nature.

A] La référence à la nature encadre la Déclaration des droits de la femme (articles I,II,IV,V puis XVII),
par exemple « Le but de toute association politique est la conservations des droits naturels et
imprescriptibles de la femme et de l’homme » (II) Olympe de Gouges parle au nom des « lois de la
nature et de la raison » (article IV et V) La nature est constamment associée à la raison, parce qu’elle
est issue de la « sagesse » de « l’être suprême ». Au contraire, l’homme a perverti la sagesse de la
nature par son despotisme, jetant ainsi « la division et la discorde » dans l’organisme social, dont
Olympe de Gouges, en témoin de son temps, donne maints exemples.

B] La nature est ainsi un principe rationnel et universel qui fonde le droit, et unit les membres de la
société dans un ensemble harmonieux. Mais O. de Gouges en cherche des manifestations concrètes
dans le réel. Dans l’adresse aux hommes (« cherche, fouille et distingue si tu le peux, les sexes dans
l’administration de la nature. Partout tu les trouveras confondus, partout ils coopèrent avec un
ensemble harmonieux à ce chef-d’œuvre immortel ») La nature, prise au sens concret, fournit une
preuve par les faits, mais prise au sens abstrait, elle fonctionne comme une valeur, placée sous l’égide
de l’être suprême.

C] Olympe de Gouges, à ce titre, s’inscrit dans la lignée des grands philosophes déistes, en particulier
Voltaire ou Rousseau. En effet, si la femme est soumise par le mariage, qu’il faut réformer, il ne faut
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pas oublier que le mariage tel qu’elle le critique a été institué par l’Eglise. Or, on sait bien que dans la
Bible, la femme est déjà infériorisée : elle n’est issue que de la « côte » d’un homme pour se tenir à ses
côtés, parce qu’il s’ennuyait, seul, dans le jardin d’Eden. Olympe de gouges. Il est donc logique de voir
Olympe de Gouges s’orienter vers une religion déiste, qui se passe de l’Eglise et des textes sacrés et
cherche ses principes dans l’ordre de la nature, qui émane de la sagesse d’un être suprême.

[transition] : Olympe de Gouges est alors en droit de reprocher aux hommes d’être en contradiction
avec les principes qu’ils affichent en faisant la Révolution.

III. A la fois témoin des dérives de la Révolution, et parlant au nom de la nature offensée, Olympe de
Gouges, est autorisée à prendre la parole au nom de toutes les femmes en tant qu’autrice, citoyenne
et philosophe pour s’adresser avec autorité et véhémence aux hommes. Son éthos est celui d’une
révolutionnaire.

A] Comme elle parle au nom de la femme et de la nature, le ton d’Olympe de Gouges est celui de
l’indignation véhémente : elle s’adresse aux hommes avec agressivité (« Bizarre, aveugle, boursouflé
de sciences et dégénéré, dans ce siècle de lumières et de sagacité, dans l’ignorance la plus crasse,
[l’homme] veut commander en despote sur un sexe qui a reçu toutes les facultés intellectuelles ») car
il faut détruire l’image prestigieuse que l’homme donne de lui pour asseoir son despotisme. Elle
n’hésite pas, quand elle parle au nom de la Femme, à tutoyer l’Homme et à lui donner des ordres, à se
mettre en posture de supériorité.

B] Comme Olympe de Gouges s’inscrit dans la filiation des grands philosophes déistes que sont
Rousseau ou Voltaire, pour prouver que les femmes ont autant de « facultés intellectuelles » que les
hommes (d’ailleurs elles sont mêmes supérieures « en beauté et comme en courage dans les
souffrances maternelles »), Olympe de Gouges se revendique autrice en citant ses propres œuvres et
en mettant en scène sa parole performative. « l’acte conjugal dont je propose », « quand je t’en donne
le moyen », « Comme je l’ai exposé dans le Bonheur primitif de l’homme ».

C] Mais humilier l’homme dans sa prétention à la supériorité, revendiquer les talents intellectuels de
la femme, cela ne suffit pas, il faut encore donner aux autres femmes le courage de se dresser contre
la tyrannie des hommes d’où le postambule (« Femme, réveille-toi ; le tocsin de la raison se fait
entendre dans tout l’univers… ô femmes ! Femmes, quand cesserez-vous d’être aveugles ?… réunissez-
vous sous les étendards de la philosophie ») C’est pourquoi, en tête de sa Déclaration, Olympe de
Gouges propose aux femmes de se « constituer en Assemblée nationale », et qu’elle demande en outre
à la Reine de soutenir leur combat (« il n’appartient qu’à celle que le hasard a élevée à une place
éminente, de donner du poids à l’essor des droits de la femme ») Tout se passe comme si Olympe de
Gouge appelait à une révolution des femmes au sein de la Révolution française.

Nicolas Tréhel

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