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L’Assemblée nationale constituante (1789-1791)

« Qu’eſt-ce que le Tiers-État ? TOUT. Qu’a-t-il été juſqu’à préſent dans l’ordre politique ? RIEN.
Que demande-t-il ? À devenir QUELQUE CHOSE. » Cette phrase d’Emmanuel-Joseph Sieyès issue de
la première page de son pamphlet Qu’est-ce que le Tiers-État ? de 1789 est un exemple fort de
l'affirmation du Tiers-État dans la France du XVIIIe siècle à l’aune de la Révolution, une affirmation
que le troisième ordre revendique, pour avoir un réel poids dans l’échiquier politique et décisionnel
du royaume, et qui aboutira.
Les « États généraux » de l’Ancien Régime laissent place à « l’Assemblée nationale » en 1789,
ce changement d’appellation dénote un changement de conception de l’exercice du pouvoir : le
pluriel « États généraux » met l’accent sur la pluralité des groupes de représentants du peuple ; au
contraire, le singulier « Assemblée nationale » montre une volonté d’unité politique dans l’exercice
du pouvoir, avec les trois ordres réunis sous le prisme de la Nation, concept qui s’affirme à la fin du
siècle face à la volonté du peuple d’être pris en compte. L’Assemblée nationale se déclare «
constituante », ainsi elle met en relief le motif de sa création, celui de rédiger puis de promulguer
une Constitution pour le royaume, charte fondamentale qui détermine la forme du gouvernement,
règle les droits politiques des citoyens et dicte la politique de l’État. Se déclarer comme étant
constituante fait que l’Assemblée nationale se donne pour objectif de satisfaire la cause nationale, et
de garantir la Nation et sa pérennité en fixant ses grandes règles. En 1791, après la promulgation de
la Constitution (qui entend être un texte fondamental de la Nation, un tournant dans la politique de
l’État, en maintenant la monarchie quoiqu’elle la restreigne à une monarchie constitutionnelle), la
Constituante, puisqu’elle a rempli son rôle, est dissoute, et laisse place à l’Assemblée nationale dite «
législative », de 1791 à 1792. La Constituante tient donc ses séances entre 1789 et 1791, pendant
environ 3 ans. 1789 est une année signe de protestations à l’ampleur grandissante dans le royaume,
avec la volonté populaire de fixer ses règles et de faire que la Nation se construise avec les Français
en plus du Roy, protestations menant à des changements politiques (création de l’Assemblée
nationale, qui se déclare constituante, troubles dans plusieurs villes du royaume dont la prise de la
Bastille). 1791 connaît un profond bouleversement des principes même de l’État, avec la suppression
de la monarchie absolue de droit divin et son remplacement par une monarchie constitutionnelle
avec la promulgation de la Constitution.
La Constituante introduit en France un nouveau type de pouvoir : un pouvoir décisionnel
populaire, par le biais d’une assemblée représentant la nation et dont l'objectif est de renforcer la
Nation. Son objectif premier est bien celui de doter l’État français d’une Constitution, mais cela n’est
pas l’unique travail de l’Assemblée, qui, pendant les trois années de son existence, comme
l’institution n’est point encore solidement établie, entreprend, de façon absolument spontanée et
régulière, des mesures bouleversant l’ordre de l’Ancien Régime afin de créer une organisation
territoriale, économique, sociale du pays plus égalitaire entre les anciens ordres, une organisation qui
est enfin en phase avec les idéaux prônés par les futures Déclaration des Droits de l’Homme et
Constitution qu’elle élabore par le biais de sa commission.
En quoi peut-on dire qu’avec l’action spontanée de la Constituante le royaume de France a
changé de Régime avant même de changer de régime, au nom de la création d’une organisation du
pays et d’une conception de la Nation plus égalitaires vis-à-vis de tous les Français ?
Tout d’abord, la Constituante amène la souveraineté nationale au pouvoir, on passe en effet
des États généraux à cette assemblée qui aura un impact important. Puis, cette Assemblée va
concevoir un « Nouveau Régime », qui met en avant une unification des administrations et des
droits. Pour finir, l’objectif de cette assemblée, à savoir la Constitution, est effectué en 1791.

I. L’Assemblée nationale constituante, la souveraineté nationale au


pouvoir (Vincent)
La Constituante est constituée de députés, qui représentent la souveraineté nationale au
pouvoir pour décider des lois de la Nation. Pour en arriver là, ces députés ont pris l’initiative de se
réunir et de casser les ordres, afin d’agir pour la Nation, aidés par un contexte dans le pays favorable
à l’exercice politique des membres de l’Assemblée ; voyons-en le premier point.

A. Un rassemblement progressif des sujets du Roy pour agir pour la Nation


Pour faire face à la situation critique que connaît la France, Louis XVI convoque les États
généraux le 1er août 1788 ; ouverts le 5 mai 1789, ils consistent en une division des trois ordres, car le
vote aux États généraux est toujours par ordre et non par tête. D’emblée, le Tiers-État ne veut pas
siéger séparément, et essaie de se regrouper, de façon très spontanée, avec les autres ordres, afin de
gagner en efficacité et de régler le problème que connaît le royaume. Ce caractère spontané des
actions fait que les suites du projet du Tiers-État tardent, on hésite, on tergiverse beaucoup sur le
sujet. Le 10 juin, le Tiers-État invite les députés du clergé et de la noblesse à se réunir avec lui ;
quelques membres du clergé le font. Sieyès prend la parole le 15 juin pour présenter une motion
visant à remplacer les Communes par une Assemblée de représentants du peuple. Le 16 juin, il la
reprend pour appeler l’Assemblée qu’il soumet à motion « Assemblée nationale », d’après une
proposition de Jérôme Legrand. Le 17 juin, le Tiers-État se déclare, de façon totalement et
absolument unilatérale et contre le roi, Assemblée nationale, en adoptant la motion de Sieyès :
moment fondateur de la Révolution, c’est l’acte de naissance politique de la Nation. L’Assemblée n’est
pourtant pas au goût de tout le monde : la noblesse ne s’est pas ralliée au Tiers-État, contrairement
au clergé, par vote le 19 juin. La noblesse demande à Louis XVI de trouver un moyen d’annuler les
décisions du 17 juin, ce qu’il fait le 20 juin, en fermant la porte de la salle de l’Assemblée. Les députés
se replient à la Salle du Jeu de Paume et font le serment de ne pas se séparer jusqu’à ce que la «
Constitution du royaume soit établie et affermie sur des fondements solides ». Le 23 juin, Louis XVI
ordonne aux ordres de se séparer, mais lorsque le marquis de Dreux-Brézé apporte son texte aux
députés, Mirabeau lui répond par cette célèbre phrase : « Nous sommes ici par la volonté du peuple,
nous n’en sortirons que par la force des baïonnettes ». La Nation est affirmée souveraine ce même
jour par Jean Sylvain Bailly, qui s’autoproclame président de l’Assemblée. Le 27 juin, Louis XVI cède et
invite les ordres à se réunir, en ordonnant à la noblesse de se joindre à L’Assemblée nationale. Le 9
juillet, celle-ci se déclare « constituante », et nomme le 14 juillet la commission de la Constitution.
Ainsi, nous avons vu que le Tiers-État a, d’une façon la plus spontanée, décidé d’appeler les
autres ordres à se réunir afin de siéger ensemble et plus séparément et par ordre, et a rallié à sa
cause le clergé puis Louis XVI pour ne former qu’une seule assemblée. C’est sous l’instigation de ce
Tiers-État qu’a été créée l’Assemblée nationale, un lieu propice à l’exercice politique ; propice, l’a été
le contexte, la situation du pays lors de la création de l’Assemblée.
B. Un contexte favorable à l’exercice politique
Avec la création de la Constituante, les Français découvrent l’exercice politique, avalisé par la
Déclaration des Droits de l’Homme, qui stipule que les citoyens sont libres de se former en
associations, via les sociétés politiques. Cette politisation est d’autant plus importante que les
conditions nouvelles sont favorables : la France connaît une amélioration de ses conditions
économiques, et la Constituante a trouvé un lieu où tenir ses séances, en la Salle du Manège, au
jardin des Tuileries. Les méthodes de travail se fixent lors des séances de l’Assemblée, qui siège
chaque matin, et chaque soir après six heures, sous la direction d’un président, élu pour 15 jours. Le
travail politique est pour l’essentiel fait dans 31 comités qui préparent des lois, que viennent
défendre leurs rapporteurs. Dans l’assemblée, des groupes se constituent rapidement : les
Noirs/Aristocrates, qui défendent les privilèges (avec Cazalès, Maury, Montesquiou,
Mirabeau-Cravates), les monarchiens/Impartiaux, qui rêvent d’un calque en France des institutions
britanniques (avec Mounier, Clermont-Tonnerre ou Malouët), les Patriotes, divisés entre les
Constitutionnels, voulant une monarchie tempérée, le Triumvirat hostile à La Fayette, et les
Démocrates, défendant les droits du peuple. En dehors de l’Assemblée, la préparation des élections
est l’occasion pour les électeurs de se retrouver dans les sociétés politiques/clubs pour se former à la
politique : les Jacobins et leur Société des Amis de la Constitution, le Club des Amis de la Monarchie,
ou les sociétés populaires, gratuites et sans cotisation, avec les Cordeliers et leur Club des Droits de
l’Homme. Pour relayer les propos de ces clubs, des journaux sont créés et soutiennent ces groupes :
pour les aristocrates, L’Ami du Roi de l’abbé Royou, Rivarol et ses Actes des Apôtres ; pour les
constitutionnels, Le Moniteur de Panckouke ou La Chronique de Paris de Condorcet ; pour les
triumvirs, Révolutions de France et de Brabant de Desmoulins, Le Patriote français de Brissot ; pour
les démocrates, L’Ami du Peuple de Marat. Dans son ouvrage Les Amis du Roi, de 1984, Jean-Paul
BERTAUD dresse un tableau des journaux de Paris et de province : à Paris, 184 journaux politiques
sont publiés en 1789, puis 335 en 1790 (34 puis 52 en province).

Ainsi, suite à une entreprise des plus spontanées du Tiers-État, les trois ordres se sont réunis
pour décider ensemble des mesures concernant l’État ; la Constituante formée a pu se mettre au
travail pour réformer le pays, aidée par un contexte plus favorable et par la politisation de ses
membres à toutes les échelles via les sociétés politiques. Opérationnelle, avec des députés
désormais formés pour mener à bien leur dessein, la Constituante va élaborer progressivement sa
Constitution mais également, quelques fois et spontanément, des mesures changeant les
dispositions de l’Ancien Régime.

II. Une Constituante qui construit un « Nouveau Régime »


En effet, on a avec cette nouvelle Assemblée une volonté de mettre en avant l’idée d’un
nouveau régime avec un pouvoir au peuple, une volonté plus démocratique, une meilleure
représentation.

A. La destruction de l’Ancien Régime (Margot)


« Pour l'entretien de la force publique, et pour les dépenses d'administration, une
contribution commune est indispensable ; elle doit être également répartie entre les citoyens, en
raison de leurs facultés » (article 13 de la DDHC du 26 août 1789). Cet article nous montre la volonté
de l’Assemblée Nationale constituante de changer la vision économique et fiscale de l’Ancien Régime.
En effet, le nouvel impôt, intitulé « contribution patriotique », est mis en place en octobre 1789.
Cette contribution monte à ¼ des revenus annuels. Il s’agit, pour les populations, de contribuer, à
leur échelle, en fonction de leurs revenus, à la fiscalité de l’État. C’est une décision du ministre
Necker, pour améliorer et renflouer le trésor du royaume, qui est en déficit. Cela change
considérablement de l’Ancien Régime et ses impôts, à savoir l’aide, le fouage, etc. C’est une décision
prise pour éviter la faillite de l’État. Cependant, d’autres décisions seront prises pour chambouler
l’Ancien Régime. « Que tous les biens ecclésiastiques soient à la disposition de la Nation ». Une
nouvelle décision est prise en novembre 1789 : la vente des biens ecclésiastiques, pour sauver l’État
de la faillite, sous proposition de Talleyrand. Les biens sont mis en vente au printemps 1790 et ils
sont payables en assignats, c’est-à-dire, contrairement à auparavant, avec une monnaie fiduciaire,
des billets de banque. Les biens deviennent donc propriétés de la Nation. À noter également que ces
biens sont payables en annuités, douze précisément, ce qui s’apparente à un crédit. On voit donc un
transfert massif de ces biens vers les catégories populaires. Enfin, le 4 août, les biens seigneuriaux
sont abolis et rachetables. L’Assemblée va fixer un prix, élevé (20 fois le montant réel). On le voit
bien, la Révolution est menée par la volonté de la Constituante de couper et de casser l’Ancien
Régime, volonté qui entend également affaiblir voire enlever les pouvoirs de la noblesse et du clergé,
avec les nouvelles lois, qui permettent à l’État d’accumuler une nouvelle source de revenus ; la
Révolution musèle aussi un mouvement ouvrier naissant, on le verra avec la Loi le Chapelier de 1791.

Ainsi, la Constituante décide, progressivement, et surtout suite à la nuit du 4 août où les


députés ont, très spontanément, décidé d’abolir, un à un, les privilèges de la noblesse, de détruire
l’Ancien Régime, inefficace puisqu'il a amené à la quasi faillite de l’État, pour le remplacer par un «
Nouveau Régime ». Par la suite, un autre élément va rompre avec ce « Nouveau Régime », à savoir la
création d’une nouvelle organisation territoriale, la départementalisation.

B. La création d’une nouvelle organisation : la départementalisation (Vincent)


Sous l’Ancien Régime, les circonscriptions administratives formaient un millefeuille complexe,
la Constituante décide de les supprimer. Le 29 septembre 1789, un projet est présenté par Thouret,
suivant un projet initial de Sieyès. Il préconise une division du royaume en carrés : 81 départements
de 324 lieues carrées, divisés en 9 « communes » de 36 lieues carrées, elles-mêmes divisées en 9
cantons de 4 lieues carrées. Avec ce plan, la participation au vote et la desserte administrative s’en
seraient vues facilitées par la réduction des distances vers les chefs-lieux grâce à la forme carrée des
entités. Le principe d’un réseau hiérarchisé est adopté, mais pas celui d’une géographie rigide ; la
Constituante fixe le nombre de départements entre 75 et 85, et le nombre de districts entre 3 et 9.
Les députés provinciaux doivent désormais s’entendre pour fixer les limites : soit ils créent des
départements à l’intérieur des provinces (comme pour la Bretagne, la Normandie ou la Provence),
soit ils en créent complètement avec des portions de petites provinces (comme l’Anjou, le Maine ou
la Touraine). Le processus de division est très lent, car ralenti par beaucoup de réclamations : les
réactions sont vives à la réforme en province, surtout auprès des citadins car certaines villes sont
possiblement en passe d’être déclassées avec la concentration annoncée des pouvoirs en un
chef-lieu unique (et d’autres sans rien sous l’Ancien Régime peuvent obtenir tous les pouvoirs), ainsi
se réveillent des rivalités urbaines anciennes. Dans le futur Loiret, 15 villes réclament un district
(seuls 7 sont prévus), 3 réclament la préfecture du département : Orléans, Gien, Montargis. Des
localités entrent en compétition pour le partage de l’arrière-pays, et adressent à la Commission des
demandes et des pétitions pour les tracés, celle-ci reçoit 10 000 lettres et mémoires, des adresses de
villages et 1 884 députés extraordinaires envoyés par les villes. Le nombre de départements est fixé à
83 le 15 janvier 1790, le découpage est finalisé en février, et la division effective est décrétée le 26
février, soit seulement 5 mois après la proposition de Sieyès et Thouret. Selon l’Atlas national de
France de Pierre Dumez et Pierre-Grégoire Chanlaire de 1791, la plupart des villes administratives de
l’Ancien Régime sont reconduites par la réforme : en Normandie, toutes deviennent chefs-lieux en
1790, plus Louviers érigée en chef-lieu de district.

Ainsi, d’abord spontanément en supprimant la nuit du 4 août 1789 les privilèges de la


noblesse, puis en acquis de conscience, en décidant de réformer certaines institutions et
administrations jugées trop complexes et contraires à la volonté d’égalité entre les trois anciens
ordres, la Constituante démantèle progressivement, par un processus lent, qui s’amplifie, ce que l’on
appelle aujourd’hui « Ancien Régime » pour petit à petit le remplacer, loi par loi, décision par
décision, séance après séance, par un « Nouveau Régime » plus égalitaire, et désormais
constitutionnel, dès l’an 1791.

III. La Constitution de 1791, l’objectif mené à bien de la Constituante


(Margot)
L’une des volontés de cette nouvelle Assemblée nationale constituante, c’est la mise en place
d’une constitution. Il y a eu une première tentative en 1789, mais, c'est le 3 septembre 1791 qu’elle
est votée, il faudra 10 jours au roi pour la signer, elle est validée le 13 septembre.

A. La fin de la monarchie absolue de droit divin


L’idée des révolutionnaires est de donner une constitution. Cela sera approuvé en 1791. Il y
avait avant cela des règles constitutionnelles qui se mettaient en place par diverses dispositions
élaborées par l’Assemblée. Les députés du Tiers-État se réunissent le 20 juin 1789 et s’engagent à
doter la France d’une constitution. La nuit du 4 août 1789, est décidée l’abolition des privilèges
nobiliaires, religieux et territoriaux, qui introduit une uniformité civique. Par la suite, nous avons la
DDHC du 26 août, qui est assez sommaire, c’est une déclaration de droit, elle n’organise pas les
pouvoirs, mais elle est renvoyée à la Constitution. Elle renvoyait alors à divers principes, des droits
fondamentaux. La constitution, qui est élaborée depuis l’été 1789, est votée deux ans plus tard, le 3
septembre 1791. Ainsi, cette nouvelle Constitution de 1791 prévoit la souveraineté de la nation, on a
une gouvernance bicéphale qui va s’occuper de la souveraineté, et qui comprend le roi et le corps
législatif car tout le monde n’est pas électeur, nous avons alors un vote censitaire. Nous avons
également pour cette nouvelle constitution, le droit de véto du roi. Il est important de noter que ce
droit de véto est suspensif, c’est-à-dire que le roi peut s'opposer, pendant deux législatures, à la
promulgation des lois votées par l'Assemblée législative. Comme dit précédemment, nous avons un
vote censitaire, le droit de vote est donc réservé aux citoyens qui acquittent un impôt direct au-delà
d’un seuil, qui est le cens électoral. L’assemblée est composée de 745 membres et elle est surtout
une assemblée unique. Il y a alors une seule assemblée par mois, un refus du bicaméralisme avec
une seule chambre. Ce refus du bicaméralisme part d’une attention plus « démocratique », et, dans
une certaine mesure, c’est une idée venant de gauche. Les ministres sont nommés par le roi, et ne
sont responsables que devant lui. C’est la première assemblée élue sans distinction d’ordres. Les
aristocrates et les ecclésiastiques sont peu nombreux. Politiquement, on trouve : à gauche, 136
Jacobins environ ; au centre, les Indépendants, qui ne sont pas très marqués politiquement, et cela
peut alterner par les votes ; plus à droite, les Feuillants ; puis les Noirs qui sont contre la Révolution,
la Constitution et la réorganisation religieuse (ils portent une cocarde de couleur noire, couleur de la
reine).

Ainsi, cette Constitution va marquer la fin de la monarchie absolue de droit divin pour la
monarchie constitutionnelle, c’est-à-dire moins de pouvoirs pour le roi et plus pour l’Assemblée, qui
va pouvoir voter des lois qui profitent à la Nation et à tous les Français. Toutefois, il reste des zones
d’ombres au tableau, avec des restrictions qui font face à ces nouveaux principes adoptés.

B. Des ombres au tableau : des restrictions aux nouveaux principes


Le 12 juillet 1790, l’Assemblée adopte la constitution civile du clergé, qui réorganise
complètement l’Église de France, qui est désormais calquée sur les départements, il y a 83 évêchés,
les évêques sont élus, les évêques sont payés par l’État mais il en est de même pour les curés à la
tête des cantons, des districts. L’assemblée nationale va décréter le 24 novembre 1790 que les
ecclésiastiques, en tant que fonctionnaires, doivent prêter un serment de fidélité au roi, à la nation
mais aussi à la loi. Une des principales ombres au tableau en cette année 1791, c’est la révolte de
Haïti, plus communément, une révolte portée par plusieurs milliers d’esclaves des plantations de la
colonie de Saint Domingue dans la nuit du 22 au 23 août 1791. Jean Hébrard, dans la Revue d’Histoire
moderne et contemporaine, parle de cet épisode qui va marquer l’histoire à travers les deux vies de
Michel Vincent, colon à Saint Domingue. Ce n’est qu’en 1793 que sera proclamé l’affranchissement
général des esclaves de cette colonie. « Les citoyens d'un même État ou profession, les
entrepreneurs, ceux qui ont boutique ouverte ne pourront, lorsqu'ils se trouveront ensemble, se
nommer ni présidents, ni secrétaires, ni syndics, tenir des registres, prendre des arrêtés ou
délibération, former des règlements sur leurs prétendus intérêts communs ». Dans un souci de
compréhension et de cohérence du décret d’Allarde, qui est voté le 2 mars 1791 pour abolir les
corporations au nom de la liberté d’entreprise, Le Chapelier (avocat, député et président de
l'Assemblée nationale constituante, il fait voter l’abolition des privilèges et des droits féodaux) est le
rapporteur de la loi du 14 juin 1791, qui s’intitule donc la loi Le Chapelier, qui interdit les
associations, les corporations et le droit de grève, on rompt totalement avec cette volonté de mettre
le peuple au premier rang, d’avoir une souveraineté du peuple. Comme dit précédemment, on a un
vote censitaire, il faudra attendre la nouvelle Assemblée pour voir le vote au suffrage masculin, mais
pour le moment, le vote censitaire renvoie à cette idée que le droit de vote est donc réservé aux
citoyens qui acquittent un impôt direct au-delà d’un seuil, qui est le cens électoral. Un autre élément
qui marque une rupture avec la Constitution ou après celle-ci et on en revient à une conception
purement économique, la forte création des assignats, monnaie fiduciaire, qui va amener une
dévaluation de la monnaie, les prix vont augmenter ; on aura donc un phénomène inflationniste.
Pour finir, on a vu dans cette présentation de l’Assemblée nationale constituante ses débuts,
une Constituante qui veut abolir l’Ancien Régime, et enfin la Constitution qui se met en place, malgré
les troubles politiques et les diverses ombres au tableau. On a donc une Assemblée qui avait pour
objectif de faire et de mettre en place une constitution. Il y a donc un premier texte qui marche dans
la voie de l’abolition de la monarchie à savoir la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen en
1789. Quelques années après, c'est la Constitution de 1791 qui est mise en place, l’objectif est donc
atteint.
Cependant, il est important de noter que la Constituante se réunira de moins en moins et
son impact va diminuer. Suite à la chute de la monarchie constitutionnelle le 10 août 1792, elle va
continuer ses séances pendant un mois, voulant montrer la puissance de la loi, mais, il y a un échec
dans cette Assemblée. Il serait donc intéressant de voir, la situation un an après à savoir en 1792, lors
de la naissance de la République avec l’Assemblée exceptionnelle en 1792 qui prendra des décisions
drastiques pour le futur de la France, on verra donc une nouvelle séparation avec la Convention qui
est élue au suffrage universel masculin. Elle marque déjà un changement avec l’Assemblée nationale
Constituante.
BIBLIOGRAPHIE :
Instrument de travail:
BONIN, Serge, LANGLOIS, Claude (dir.), Atlas de la Révolution française, Tome 5 - Le territoire (2). Les
limites administratives, Paris, éditions de l’EHESS, 1989.

SOBOUL Albert (dir.), Dictionnaire historique de la Révolution Française, Paris, P.U.F., 1989

Ouvrages généraux :
GENET, Lucien, Révolution, Empire. 1789-1815, 3e édition, coll. « Histoire Contemporaine Générale »,
Paris/Milan/Barcelone, Masson, 1994.

PÉRONNET, Michel, Le XVIIIe siècle. Des Lumières à la Sainte-Alliance, 4e édition, Paris, Hachette
Supérieur, 1998. [sur Cairn]

Ouvrages spécialisés :
BODINEAU, Pierre, VERPEAUX, Michel, Histoire constitutionnelle de la France, 6e édition mise à jour,
Paris, PUF, 2020, pp. 9-33. [sur Cairn]

DE PLANHOL, Xavier, Géographie historique de la France, 2e édition revue, Paris, Fayard, 1994.

LEPOINTE, Gabriel, Histoire des institutions et des faits sociaux (987-1875), Paris, Montchrestien,
1956.
–––––––––––––––––––––––––––––––––––––––
Revues :
HÉBRARD, Jean, « Les deux vies de Michel Vincent, colon à Saint-Domingue (c. 1730-1804) », dans
Revue d’histoire moderne et contemporaine, vol. 57, nº 2, Paris, Belin, 2010, pp. 50-78. [sur Cairn]

Décret du 6 octobre 1789 sur la contribution patriotique, dans Archives Parlementaires de 1787 à
1860 - Première série (1787-1799), Tome IX - Du 16 septembre au 11 novembre 1789, Paris, Librairie
administrative P. Dupont, 1877, pp.350-352. [sur Persée]
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SITOGRAPHIE :
Article « Sieyès, Mirabeau et Bergasse (15-17 juin 1789) », site Internet de l’Assemblée nationale

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