Vous êtes sur la page 1sur 20

Le cadre législatif de l’exploration et la recherche minière au Maroc entre le Dahir de 1951 et la loi 33-13

Le cadre législatif de l’exploration et la recherche minière au


Maroc entre le Dahir de 1951 et la loi 33-13

M. Abdessamad EL ATILLAH, M. Mustapha SOUHASSOU,


M. Zine El Abidine EL MORJANI

Faculté Polydisciplinaire de Taroudant

Résumé : Le secteur minier est l'un des piliers de la croissance économique au Maroc (10% PIB en
2016). Ce travail couvre, dans le cadre de la nouvelle règlementation, loi 33/13 relative aux
mines, les principaux points liés aux aspects juridiques et réglementaires de l’exploration et
la recherche minière au Maroc, qu'ils soient émis par le pouvoir législatif ou l'autorité
exécutive. Cette législation est, aussi, discutée dans le cadre historique, ce qui permet de
mettre la lumière sur la législation ancienne, les dispositions « coloniales » du Dahir 1951,
mais surtout permettre une comparaison faisant ressortir les points forts et les lacunes du
nouveau code minier marocain.
Mots clés : Maroc, Secteur minier, le cadre juridique, le cadre réglementaire, l’exploration minière, la
recherche minière.
I n ter n a ti o n a l Revi ew o f Ec o n om i c s, Ma n a g em en t a n d La w Res e a r c h

Abstract: The mining sectors one of the pillars of economic growth in Morocco (10% GDP in 2016).
This work covers, in the context of the new regulation, law 33/13 on mines, and the main
points related to the legal and regulatory aspects of exploration and mining research in
Morocco, whether they are issued by the legislative or executive power. This legislation is
also discussed in the historical context which allows to shed light on the old legislation, the
"colonial" provisions of the Dahir 1951, but above all allow a comparison highlighting the
strengths and short comings of the new Moroccan mining code.
Keywords: Morocco, mining sector, legal framework, regulatory framework, mineral exploration,
mining research.

"La revue n’entend donner aucune approbation ni improbation aux opinions émises dans les
articles : ces opinions doivent être considérées comme propres à leurs auteurs. »

1
Le cadre législatif de l’exploration et la recherche minière au Maroc entre le Dahir de 1951 et la loi 33-13

INTRODUCTION

Le secteur minier est l'un des piliers de la croissance économique au Maroc. En 2016, sa
contribution au produit intérieur brut a atteint 10%. L'investissement sectoriel est estimé à
22,9 milliards de dirhams et 30% des exportations nationales et fournit plus de 40 175
emplois directs. Le secteur a produit environ 31,45 millions de tonnes (29,12 millions de
tonnes de phosphate et ses dérivés et 2,33 tonnes d'autres minéraux). Ses ventes sont estimées
à 51 milliards de dirhams (41 à l'export et 10 sur le marché intérieur) (MEMEE, 2014). Le
nombre de permis miniers en vigueur à fin janvier 2016 a atteint 7 538 (6394 permis de
recherche, 1067 permis d'exploitation et 77 concessions).
Le secteur national minier est caractérisé par la prédominance de l'industrie des phosphates
tant au niveau de la production minière qu'au niveau de la transformation, où le phosphate
représente plus de 90% de la production minière nationale. Le Maroc produit aussi une variété
d'autres minerais (le zinc, le plomb, le cuivre, l'argent, la barytine, la fluorine, le cobalt et les
roches industrielles). La production totale de ces substances a atteint 2,03 millions de tonnes
I n ter n a ti o n a l Revi ew o f Ec o n om i c s, Ma n a g em en t a n d La w Res e a r c h

en 2016. Au niveau de valorisation, il existe des unités industrielles pour la production


d'alliages d'argent, d'oxyde de zinc et de cathode de cobalt. La production totale de produits
métalliques convertis s'est élevée à 13 809 tonnes en 2016.
La part du secteur minier hors phosphate et ses dérivés est limitée. Le nombre de
transactions n'excède pas 5 milliards de dirhams par an, le nombre d'emplois est de 15 000 et
les investissements consacrés à la recherche s'élèvent à 400 millions de dirhams par an. Ce
faible taux d’investissement se traduit par un manque cruelle d’infrastructure géologique, une
méconnaissance du sous-sol national, un faible renouvellement des réserves et ressources
épuisées, ce qui aboutit à la présence de zones sous explorés (Sud-est inexplorés notamment
dans le sud du pays) et le statut législatif de la zone CADETAF.
La phase d'exploration et de recherche minière est une étape déterminante dans la
valorisation des ressources minières dont les résultats conditionnent le développement et
l’ouverture des exploitations futures, contribuant en plus de la création de la richesse au
développement de régions et communes généralement enclavées dans du contexte
géographique austères notamment dans le sud et le sud Est du pays.
Ainsi que la législation minière au Maroc a subi de nombreuses modifications et elle est
connue par sa complexité à cheval entre le droit public et le droit privé. La nouvelle loi 33/13
relative aux mines publiée au Bulletin Officiel (n° 6380 du 23 juillet 2015 version arabe et
n°6384 du 06 août 2015 pour la version française) abroge les dispositions « coloniales » du

2
Le cadre législatif de l’exploration et la recherche minière au Maroc entre le Dahir de 1951 et la loi 33-13

Dahir du 14 avril 1951. Cette loi, qui a apporté de nombreuses améliorations et nouveautés,
est entrée en vigueur depuis le 23 mai 2016 (décret n° 2.15.807).
Dans le but de développer le secteur minier national, d’améliorer son attractivité, mais
surtout de permettre un bon déploiement de la nouvelle législation minière, les pouvoirs
publics ont décidé, de façon anticipative, une restructuration du Département de l'Energie et
des Mines qui a été opérée le 8 août 2014 par le décret n° 2.14.541 (BO n° 6289 du 8
décembre 2014 en arabe et n°6326 du 15 mai 2015 en français) qui fixe ses attributions et son
organisation. Les principales décisions de cette réforme correspondent à i) la recréation de la
Direction Centrale de la Géologie afin d'accélérer le rythme de la cartographie géo-
scientifique ; ii) la précision des attributions des services centraux du Département (décision
ministérielle n° 14.4541 du 23 décembre 2014, BO n° 6331 du 2 février 2015); iii) la
délégation de pouvoir au sujet de la gestion du patrimoine minier aux Walis et aux Directeurs
Régionaux de l'Énergie et des Mines (09/01/2017), iv) le renforcement du cadre réglementaire
de l’exploration, la recherche et l’exploitation minière.
Cette réorganisation des services centraux a été suivie, pour plus d’efficacité, par une
I n ter n a ti o n a l Revi ew o f Ec o n om i c s, Ma n a g em en t a n d La w Res e a r c h

décision ministérielle organisant les services extérieurs du Département conformément au


nouveau découpage administratif, contribuant ainsi au renforcement de la régionalisation et
décentralisation des pouvoirs et de la gestion.
L'ensemble des efforts déployés par l'État pour moderniser et développer ce secteur se
heurte à une réalité difficile, entre autre, à cause d’une législation restée immuable pendant
trop longtemps, un manque d’organisation des petites et moyennes entreprises opérant dans le
domaine minier et enfin, la présence d’un grand nombre de porteurs de titres miniers qui sont
des personnes physiques que la nouvelle législative oblige de s’organiser en entreprises et de
s’adjoindre de service de personnes compétentes en particulier dans le domaine de la géologie
et des mines.
1. LE SECTEUR MINIER, LEVE ECONOMIQUE AU MAROC
1.1. STRATEGIE DE L’ETAT DANS LE SECTEUR DES MINES ET DE LA
GEOLOGIE

Il est évident que l'importance du secteur minier et géologique dans l'économie marocaine
lui donne une place stratégique dans la politique publique. L'État marocain, représenté par
l'autorité gouvernementale chargée des mines, essaie de développer ce secteur pour le rendre
plus compétitif et plus attractif pour contribuer à la relance de la vie économique marocaine
notamment dans les zones enclavées.

3
Le cadre législatif de l’exploration et la recherche minière au Maroc entre le Dahir de 1951 et la loi 33-13

L'Etat a donné de l'importance au développement de la production et de la valeur du


phosphate et de ses dérivés à travers l’Office chérifien des phosphates « OCP ». Ainsi qu'un
vif intérêt pour le pétrole à travers la promotion de son investissement. Elle a également pris
soin d'autres minéraux à travers la stratégie minière à l'horizon 2025.
La stratégie de développement du secteur minier hors phosphates à l’horizon 2025 a été
mise en place en 2013 et s'articule autour de trois axes principaux : 1) moderniser la
législation minière pour accompagner les ambitions des opérateurs miniers et attirer d’autres
investisseurs, notamment étrangers, 2) accélérer le rythme de la cartographie géologique pour
couvrir l’ensemble du territoire, et 3) restructurer l'activité minière artisanale dans la zone
CADETAF. L'objectif est de multiplier par deux le nombre d'emplois, par trois le nombre de
transactions et par dix le volume d'investissement.
Le projet de restructuration de l'activité minière dans la zone de Tafilalet et Figuig a atteint
une position avancée. Plusieurs réunions de concertation ont eu lieu au niveau des provinces
concernées. Le débat national sur la restructuration du secteur minier artisanal dans cette zone
minière a été organisé le 14 janvier 2015 pour augmenter sa contribution dans l’économie
I n ter n a ti o n a l Revi ew o f Ec o n om i c s, Ma n a g em en t a n d La w Res e a r c h

national tout en gardant les droits acquis par les exploitants. Ces efforts ont abouti à la
publication d'une nouvelle loi n ° 74/15 (BO n° 6818 du 22 septembre 2016) qui vise à ouvrir
cette zone à l’investissement tout en maintenir la même délimitation géographique,
prorogation de l’activité artisanale pour une durée de 15 ans, codification des autorisations
artisanales et la révision des missions de la Centrale.
L’infrastructure géologique reste en deçà des espérances des opérateurs miniers et
universitaires malgré les efforts déployés via le programme national de cartographie
géologique « PNCG » qui a réalisé des avancées non négligeables ayant ramenée en 2015 la
couverture en carte géologique à 42%, géophysique à 38 % et géochimique à 8,15% (DG,
2016).
La structure administrative du Ministère chargé des mines a été renforcée par une nouvelle
organisation par la publication du décret n ° 2.14.541 (8 août 2014) spécifiant les attributions
et organisation du Ministère de l'Énergie, des Mines, de l’Eau et de l’Environnement -
Département de l'énergie et des Mines - publié au BO n ° 6289 du 8 décembre 2014. Il a
également été soutenu par un arrêt ministériel n° 14.4541 du 23 décembre 2014 définissant les
services de l’administration centrale, publiée au BO n ° 6331 du 2 février 2015.
Il convient de noter que tous les efforts déployés à cet égard n'ont pas atteint le véritable
sens du mot stratégie de l'Etat dans ce domaine important. Cela a été évident dans de
nombreux actions notamment celle relative à l’annonce, en 2014, d’une stratégie pour le

4
Le cadre législatif de l’exploration et la recherche minière au Maroc entre le Dahir de 1951 et la loi 33-13

développement du secteur minier d'ici 2025, pour une période de 11 ans, alors que tous les
experts stratégiques conviennent que l'âge minimum d’une stratégie pour atteindre ses
objectifs n’est pas moins de 25 à 30 ans. Par ailleurs, la direction de géologie créée par le
décret de 2014 a été déjà annulée par un autre décret de 2006, en outre que la loi sur les mines
a été introduite à plusieurs reprises et dans diverses périodes ministérielles.
1.2. DONNEES RELATIVES A L’EXPLOITATION DU PHOSPHATE

Le Maroc possède une des plus grandes réserves de phosphate au monde (trois quarts). En
raison de la croissance du marché mondial du phosphate et de ses dérivés, l’OCP a poursuivi
une stratégie intégrée visant à valoriser cet important minerai, considéré comme une ressource
stratégique par ses effets sur l'industrie des engrais et par conséquent sur la sécurité
alimentaire mondiale. En 2016, l’OCP a produit 26.9 Millions de tonnes (Mt) dont 7.9 Mt
destiné à l’exportation, il a produit aussi 4.9 Mt d’acide phosphorique et 7 Mt des engrais
phosphatés avec un chiffre d’affaire consolidé de 42471 MDH (en normes IFRS (ou
international financial reporting stardards)) et par le biais des 20980 collaborateurs (OCP,
I n ter n a ti o n a l Revi ew o f Ec o n om i c s, Ma n a g em en t a n d La w Res e a r c h

2016).

A travers sa stratégie, l'OCP cherche à réaliser un plan industriel pour doubler la


production et tripler la transformation du phosphate afin de s'imposer comme leader sur le
marché mondial des phosphates et ses dérivés. Afin de capitaliser sur la croissance
prometteuse du marché africain, la présence de vastes terres inexploitées et une faible
utilisation d'engrais, il a adopté une politique favorable à la demande liée au type des
agricultures dans ces pays pour atteindre 5 millions de tonnes d'engrais vendues dans les
années à venir. Pour accompagner ce développement, l’OCP a ouvert 14 filiales en Afrique
(Nigéria, Angola, Éthiopie, Kenya, Côte d'Ivoire, Ghana, Tanzanie, République démocratique
du Congo, Zambie, Zimbabwe, Cameroun, Sénégal et Mozambique).

1.3. L'ACTIVITE MINIERE ARTISANALE DANS LA REGION DE TAFILALET


ET FIGUIG

De nombreux gisements ont été traditionnellement exploités, en particulier dans le sud-est du


Royaume, suite à la création de la Centrale d'Achat et de Développement de la région minière
de Tafilalet et de Figuig (CADETAF), le 1er décembre 1960, qui s'intéresse aux trois
minerais : barytine, zinc et plomb. Ceci a obligé l'Etat à travers l'autorité gouvernementale
chargée des mines a accompli de nombreux projets de soutien aux petites et moyennes mines

5
Le cadre législatif de l’exploration et la recherche minière au Maroc entre le Dahir de 1951 et la loi 33-13

ainsi qu'au développement de l'exploitation artisanale, qui reste un défi majeur pour le
développement du secteur et l'économie locale.
La zone minière de Tafilalet et Figuig possède d'importantes ressources minérales qui en
ont fait un pilier de la stratégie du Ministère pour le développement du secteur minier. La
restructuration des activités minières artisanales, dans cette région, a été un engagement
important de l’État pour promouvoir cette activité dans le système national de développement
minier tout en préservant les droits acquis des artisans. À cet égard, la loi n ° 74-15
concernant cette zone minière a été publiée au BO n ° 6502 le 22 septembre 2016 qu’a abrogé
le Dahir du décembre 1960.

La loi 74 -15 a fixé des nouvelles missions de la CADETAF, en tant qu'établissement


public doté de la personnalité juridique et de l'indépendance financière, la délivrance des
autorisations exclusives pour l'exploitation de trois minerais : le zinc, le plomb et la Barytine.
La zone de compétences de cette Centrale attient 60000 km2, dont la plupart de surface
appartient à la région de Draa Tafilalt et le reste à la région d'Est en particulier à la province
I n ter n a ti o n a l Revi ew o f Ec o n om i c s, Ma n a g em en t a n d La w Res e a r c h

de Figuig et la région de Fès Meknès. Le siège social actuel de cette Centrale se trouve à la
ville d’Er-Rachidia.

Il est devenu clair que le système minier artisanal, sous sa forme ancienne, ne peut pas
continuer et se développer en raison de l'épuisement de nombreux réserves affleurant ou
proches de surface. Alors que la recherche, l’exploitation et l'évaluation de la minéralisation
souterraine nécessitent des méthodes très avancées qui dépassent les capacités techniques et
financières limitées de l'opérateur minier artisanal. Par conséquent, la nouvelle structure du
système minier artisanal vise à rehausser le niveau d'activité minière dans cette région, qui
compte environ 4000 autorisations, une superficie totale des chantiers ne dépasse pas 6000
kilomètres carrés, tandis que la superficie restante de 54000 kilomètres carrés est en dehors
des programmes de recherche et développement minier. La production dans cette région, au
cours de l'année 2016, s'élevait à plus de 310 000 tonnes avec une dominance du Barytine. Le
nombre de transactions a atteint plus de 230 millions de dirhams pour 962 artisans et 280
chantiers.

La Loi n° 74-15 a donné la possibilité pour les investisseurs privés d'accéder au


développement des activités minières dans cette zone tout en maintenant les mêmes limites
géographiques de la Centrale et en révisant ses attributions avec prolongation du secteur
minier artisanal pour 15 ans et la régularisation des autorisations d'exploitation minière

6
Le cadre législatif de l’exploration et la recherche minière au Maroc entre le Dahir de 1951 et la loi 33-13

artisanale. Cette zone géographique sera divisée en zones ouvertes pour des investisseurs
privés sur la base de la concurrence, en tenant compte du programme d'investissement, du
montant du droit d'accès et du taux de redevance. Tout cela sans préjudice du droit de priorité
des artisans, qui sont actifs dans ce domaine, pour obtenir les permis de recherche avec les
mêmes conditions.

Ce nouveau cadre juridique a consisté à maintenir la CADETAF et de lui donner des


nouvelles missions visant à promouvoir la richesse de la région, gérer les contrats entre
l’administration et les artisans ou les investisseurs, superviser les activités minières artisanales
et encadrer les exploitants et la commercialisation des produits miniers. Quant au suivi socio-
économique, la caisse de secours a été prolongée et étendue pour couvrir les coûts des
maladies professionnelles et l'assurance contre les accidents du travail.
1.4. STATUT DU PERSONNEL DES ENTREPRISES MINIERES

Le législateur marocain a accordé une grande importance à l'inspection du travail dans les
mines, il en a confié la responsabilité au personnel du Ministère chargé des mines,
I n ter n a ti o n a l Revi ew o f Ec o n om i c s, Ma n a g em en t a n d La w Res e a r c h

commissionnés à cet effet et assermentés conformément à la législation relative au serment


des agents verbalisateurs, vu la particularité du domaine (Article 530 du Code du travail). Et
renforcé par la publication du Dahir n ° 1.60-007 du 5 Rajab 1380 (24 septembre 1960)
portant statut du personnel des entreprises minières, et le règlement général sur l’exploitation
des mines autres que les mines de combustibles le 18 février 1938, modifié et complété par les
deux décrets du 9 septembre 1953etdu 30 mars 1957.

Compte tenu des conditions difficiles du travail dans les mines et des caractéristiques de
l'industrie minérale, le législateur a distingué l'activité minière par un statut particulier
régissant la relation entre les employés et les employeurs à travers les exigences du Dahir
susmentionné. La réforme de ce système est importante car elle vise principalement à inclure
les entreprises minières employant 50 travailleurs ou plus et leur conformité avec les
dispositions du Code du travail, ainsi que la standardisation de l'inspection du travail,
l'encadrement de la sous-traitance pour les entrepreneurs miniers et le respect strict des
conditions d’hygiène et de la sécurité dans les chantiers miniers.

2. LE PASSAGE DU DAHIR 1951 A LA LOI 33-13

La législation minière au Maroc se caractérise par sa complexité non seulement parce


qu'elle existe parmi un ensemble de branches de droit public et privé (Ben Yader, 2004), mais

7
Le cadre législatif de l’exploration et la recherche minière au Maroc entre le Dahir de 1951 et la loi 33-13

aussi parce qu'elle est liée à une activité d'un genre particulier associée à une technologie
précise qui est difficile à contrôler et à rédiger une législation entourant toutes ses
particularités. Bien que le Maroc, depuis le début du XXe siècle, ait été l’initiateur de la
codification de ce secteur (1907) et continue de se développer à travers de nombreux
modifications et achèvements, il fut les plus importants en 1914, 1923, 1929 et 1951.
Le Dahir relatif aux mines au Maroc du 9 Rajab 1370 (16 avril 1951) est resté en vigueur
jusqu'à 2016, malgré les efforts de l'État dans la publication de plusieurs règlementations
annexées, dont la plus importante : Loi n ° 21-90 sur la recherche et l'exploitation des
hydrocarbures, complété le 15 février 2000 par la loi n ° 27-99. Le Dahir du 14 janvier 1914
relatif aux explosifs, la décision du 2 janvier 1932 réglementant l'utilisation d'explosifs dans
les carrières et les chantiers et la décision du 18 février 1938 concernant l'utilisation
d'explosifs dans les mines ainsi que de nombreux règlements. Ces tentatives, malgré leur
sérieux, restent insuffisantes pour combler toutes les lacunes de la législation marocaine dans
ce domaine, ce qui a conduit de nombreux Ministres successifs à la tête de l'autorité
gouvernementale chargée des mines à élaborer des projets de loi visant à abroger le Dahir de
I n ter n a ti o n a l Revi ew o f Ec o n om i c s, Ma n a g em en t a n d La w Res e a r c h

1951. La dernière était le projet de loi n° 33-13 publiée au Bulletin Officiel n ° 6380 du 6
Chawwal 1436 (23 juillet 2015) Dahir n° 1.15.76 du 14 Ramadan 1436 (1er juillet 2015)
relatif à l'application de la loi n° 33.13 relative aux mines. Toutefois, conformément à l'article
122, l'entrée en vigueur de cette loi est lié à la promulgation du décret n° 2-15-807 relatif à la
procédure d'octroi des titres miniers, visée aux articles 18 et 19, qu'a été publié au Bulletin
Officiel le 23 mai 2016.
Après plusieurs tentatives des Ministres successifs à la tête de l'autorité gouvernementale
chargée des mines, le Dahir du 14 avril 1951 a été abrogé, en 2015, par la loi n°33/13. Il se
caractérise par son intérêt pour l'investissement et ambitionne de pallier aux limites de
l'ancienne loi.
2.1. DISPOSITIONS PRINCIPALES DU DAHIR DE 1951

Le Dahir de 1951 a considéré les minerais comme une propriété générale de l'État (Article
5), les a divisé en huit catégories (Article 2) et les a distingué de la propriété de la terre
contrairement aux carrières (Article 3) ; en cas de litige relatif à détermination entre les
produits des mines ou des carrières, il est réglé par la sortie d'un Dahir à cet égard (Article 4).
Il a également considéré la cinquième catégorie liée à l'exploitation des phosphates, dont le
Maroc détient les trois quarts des réserves mondiales de ce minerai un monopole de l'État
(Article 6). Et d'autres catégories sont ouvertes face à tous ceux qui remplissent les conditions

8
Le cadre législatif de l’exploration et la recherche minière au Maroc entre le Dahir de 1951 et la loi 33-13

stipulées dans un ensemble de ses articles, à travers des permis miniers qui relèvent du
domaine des droits immobiliers pour une période limitée et distincte de la propriété du terrain
et sont soumis à la vente et le loyer après l'approbation de l’administration.

Il a également insisté sur l’importance du principe de priorité de la demande (Article 24),


et la conservation des droits coutumiers (Articles 5 et 12). Il a été accepté que l'argument écrit
(Article 20), et que la recherche et l'exploitation des mines fussent considérés comme étant
des actes commerciaux (Article 21). Cette législation a également fixé des conditions
particulières pour certaines catégories des minerais vu la spécificité des minerais qui leur
appartiennent, comme le cas de la quatrième catégorie (Articles 66 à 72) ; l’octroi d’un permis
de huitième catégorie a dépendu des résultats d’une enquête administrative pour l'obtention de
la troisième catégorie selon le Dahir n ° 1.62.070 ; la première et la septième catégorie pour
les opérateurs qu’ont justifié leurs capacités financières et techniques.

L’ancienne loi minière au Maroc ouvre la recherche et l'exploitation face aux individus
(Article 14). L'obtention d’un permis de recherche ne coûte pas plus de 3000 Dhs (2000 Dhs
I n ter n a ti o n a l Revi ew o f Ec o n om i c s, Ma n a g em en t a n d La w Res e a r c h

pour la taxe minière, rémunération, payable à Bank Al-Maghrib ou Trésorerie, 300 Dhs pour
le point pivot et 210 Dhs pour les trois cartes topographiques à l'échelle 1/100 000 au service
des cartes de l'Agence Nationale de la Conservation Foncière, du Cadastre et de la
Cartographie, soit un total de 2510 Dhs).

2.2. LES LIMITES DU DAHIR 1951

Les motifs de cette réforme ont été exposés par le Ministre de l'Énergie, des Mines, de l'Eau et
de l'Environnement devant le parlement (Comité des infrastructures, d’Énergie, des Mines et
de l’Environnement de la Chambre des Représentants), le 2 décembre 2014 et se résument
comme suit :
- Faible investissement des opérateurs miniers dans les activités d'exploration et de
recherche minières pour une bonne évaluation des ressources souterraines, qui ne sont
pas toujours suffisamment exploré, alors que l'ouverture des nouvelles mines est
diminuée par rapport à une augmentation de la fermeture des autres en raison de
l'épuisement des gisements.
- Les dispositions du Dahir 1951 empêchent les entreprises d'utiliser de grandes
surfaces, en particulier dans la phase de recherche.

9
Le cadre législatif de l’exploration et la recherche minière au Maroc entre le Dahir de 1951 et la loi 33-13

- L’ambigüité de certaines dispositions du Dahir permettent l'exercice du pouvoir


discrétionnaire au niveau du suivi de la mise en œuvre des programmes des travaux et
des décisions de renouvellement des permis miniers ;
- La liste des substances minières n'inclut pas certains minerais d'usage industriel qui
devraient entrer dans le champ d'application de la législation minière.
- Vide juridique pour les gites géothermiques, les haldes et les terrils, les spécimens
minéralogiques, les cavités, les fossiles et les météorites.
2.3. LES NOUVEAUTES DE LA NOUVELLE LOI 33 - 13 SUR LES MINES

La nouvelle loi a porté des nombreuses nouveautés, dont les plus importants sont :

- L'établissement des autorisations d'exploration minière qui sont accordées pour une
période de deux ans renouvelable une fois pour un an, sa superficie allant de 100 à 600
kilomètres carrés avec la possibilité d'accorder quatre autorisations par personne
morale, ce qui porte la superficie maximale à 2 400 kilomètres carrés. Cette
autorisation existe dans le règlement de plusieurs pays miniers notamment Canada.
I n ter n a ti o n a l Revi ew o f Ec o n om i c s, Ma n a g em en t a n d La w Res e a r c h

- Abolir le système de catégorie précédemment appliqué et étendre la portée des permis


à tous les minerais dans la zone de permis minier,

- Elargir le champ d’application de la loi, où la confusion autour d'un groupe de


minerais qui étaient considéré comme produits des carrières ou vague dans l'ancienne
législation,

- Le propriétaire des permis miniers doit être une personne morale, qui doit avoir les
capacités techniques et financières nécessaires pour effectuer les travaux,

- La création de permis de recherche et permis d’exploitation des cavités pour le


stockage du gaz naturel,

- Création d'une autorisation pour exploiter les haldes et terrils soit par les personnes
morales ou les coopératives minières,

- Annulation des concessions et des prorogations exceptionnelles d’exploitation,

- Établissement d'une licence d'exploitation à partir d’un permis recherche ou des


permis de recherche adjacents du même propriétaire,

10
Le cadre législatif de l’exploration et la recherche minière au Maroc entre le Dahir de 1951 et la loi 33-13

- La possibilité d'amodier l’exploitation d’un minerai ou plusieurs minerais dans une


licence d'exploitation,

- Prolongement de la validité et le renouvellement des licences d'exploitation (10 ans)


jusqu'à épuisement du gisement ; (au Canada les permis d’exploitation sont de 20 ans
renouvelable ; en Mauritanie, ils sont de 30 ans renouvelable indéfiniment pour une
période de 10 à chaque fois et en Espagne, ils sont de 30 ans et ils peuvent être
prorogé à 90 ans).

- La nécessité de réaliser une étude l'impact sur l'environnement et d'obtenir


l’acceptabilité environnementale,

- L’obligation de respecter les conditions de sécurité, de sûreté, de santé et de


préservation de l'environnement, et d’avoir un plan d’abandon pour préserver
l'environnement et assurer le développement durable et la réhabilitation du site après
l’exploitation,
I n ter n a ti o n a l Revi ew o f Ec o n om i c s, Ma n a g em en t a n d La w Res e a r c h

- L’introduction d’une disposition précisant que les gîtes géothermiques sont considérés
comme mines, (les gites géothermiques sont les gites refermés dans le sein de la terre
dont on peut extraire de l’énergie sous forme thermique),

- Abrogation de la disposition d’article 118 dans l’ancienne loi limitant la superficie


totale du patrimoine minier de chaque operateur à une étendue totale de plus de 25.000
hectares sans en avoir obtenu l'autorisation par Dahir,

- Renforcer le rôle de supervision de l'administration ainsi que la pénalisation contre les


contrevenants.

- Obligation du dépôt des pièces administratives délivrées par les autorités compétentes,
justifiant que le demandeur est en règle au regard de ses obligations fiscales et des
cotisations sociales, lors de la demande de permis minier (Article 2 du Décret).

- Elle précise un minimum de montant des travaux à réaliser (Article 19 de la loi et


l’article 23 du Décret).

- La suppression de la prorogation des délais pour le dépôt des demandes de


renouvellement et de transformation en cas de force majeur (Article 13 du Dahir
1951).

11
Le cadre législatif de l’exploration et la recherche minière au Maroc entre le Dahir de 1951 et la loi 33-13

3. DISCUSSION
3.1. CADRE LEGAL ET REGLEMENTAIRE DE L'EXPLORATION MINIERE
AU MAROC.

Les autorisations d'exploration des mines sont l'une des nouveautés les plus importantes de
la loi 33/13 où le gouvernement a répondu à de nombreuses demandes pour obtenir des vastes
périmètres pour la recherche de grande envergure et à moindre coût grâce aux technologies
modernes (géophysique, géochimies, SIG, Télédétection...). Elles donnent aux propriétaires le
droit d'être seul en exploration dans la zone désignée et le droit de priorité pour obtenir des
permis de recherche dans la même zone à condition que la demande soit déposée pendant la
validité de ces autorisations. Ces autorisations sont accordées, comme indiqué ci-dessus, pour
une période de deux ans, renouvelable une fois pour une année, avec une superficie allant de
100 à 600 kilomètres carrés avec la possibilité d'accorder quatre autorisations par personne
morale, ce qui donne une superficie allant jusqu'à 2 400 kilomètres carrés.

Au sens de loi 33/13, l'exploration minière comporte « travaux de géologie, de géochimie et


I n ter n a ti o n a l Revi ew o f Ec o n om i c s, Ma n a g em en t a n d La w Res e a r c h

de géophysique, d’évaluation par excavation, sondage et forage d’exploration, exécutés au sol


et/ou dans l’eau, ou par des méthodes aériennes, dans le but d’identifier des sites ou des zones
à potentiel minier pouvant donner lieu à la délivrance d’un permis de recherche. L’exploration
minière ne peut s’étendre aux travaux miniers » qui sont les « travaux réalisés en vue de
l’extraction et l’exploitation de produits de mines et comportant notamment ceux relatifs au
tranchés, aux accès, aux galeries, aux puits et aux ouvrages miniers souterraines ou en
surface ».

Pour la gouvernance de ce processus, la loi prévoyait la signature d'un accord préalable


sur l'octroi d’autorisations entre l'administration et le demandeur. Il a été également entouré
de nombreuses garanties dans le suivi et l'exigence de la régularité des travaux. Elles sont
considérées comme un bien meuble qui ne peut être cédé ou loué et ne peut pas être soumis à
une hypothèque ou garantie.

Les autorisations d'exploration sont accordées par l'administration centrale de l'autorité


gouvernementale chargée des mines au contraire pour les permis de recherche et les licences
d'exploitation qui sont accordées respectivement par les Directeurs Régionaux de l'Énergie et
Mines et les Walis. Ce qui induira, sans aucun doute, à une confusion dans les réservations
des périmètres objet des demandes de ces permis miniers entre les services centraux et les
services extérieurs du Département, notamment avec les dispositions de la loi garantissant le

12
Le cadre législatif de l’exploration et la recherche minière au Maroc entre le Dahir de 1951 et la loi 33-13

droit de priorité ; surtout avec l’usage des méthode traditionnelle pour la réservation des
périmètre demandés en l’absence d’un système d'information pour encadrer ce processus,
fournir plus de transparence et s'éloigner de toute mauvaise utilisation.

3.2. CADRE LEGAL ET REGLEMENTAIRE DE LA RECHERCHE MINIERE


AU MAROC.

Au 23 Mai 2016, les dispositions du Dahir du 9 Rajab 1370 (6 avril 1951) ont été
modifiées par l'adoption de la nouvelle loi n°33.13 sur les mines, à l'exception de l'article 6
qui prévoit le monopole de l'État pour l'exploitation des phosphates. Cette loi, qui est entrée
en vigueur après la promulgation du texte d’application prévue aux articles 18 et 19, a apporté
de nombreuses nouveautés : l'article 1 définit un ensemble de termes techniques, qui étaient
pour la plupart absents dans l'ancienne loi, il a parlé des haldes et terrils, les phases du titre
minier, ainsi que l'établissement de l'autorisation d'exploration minière et la recherche de
fossiles et de météorites.
I n ter n a ti o n a l Revi ew o f Ec o n om i c s, Ma n a g em en t a n d La w Res e a r c h

La recherche minière, telle que définie par le législateur, est « études et travaux relatif à la
géologie, à la géochimie, à la géophysique et à la recherche ainsi que les essais d’extraction et
de traitement visant la délimitation des gisements des ressources minérales considérés comme
« mines » et leur reconnaissance, la détermination de leur morphologie, leur réserve, leur
nature et la possibilité de leur exploitation et leur traitement ». Les articles 2 et 12 ont annulés
l'application du système des catégories, qui peut introduire de nombreuses interférences liées
aux droits coutumiers et à l'exploitation des phosphates, ainsi que les exploitations liées à la
centrale d'achat et le chevauchement des titres miniers de déférentes catégories. L'article 2 a
également défini les substances entrant dans le cadre des carrières mais d'une manière assez
détaillée, puisqu'il ne précisait pas le classement de certaines catégories de minéraux, tels que
les pierres semi-précieuses, notamment l'améthyste. L'article 3 définit les mines comme une
possession publique de l'État et les permis de recherche et d’exploitation comme de droits
immobiliers limités dans le temps et qui sont distincts de la propriété du terrain. L’octroi de
droits miniers s’acquiert à la priorité de la demande, le premier venu étant le premier servi.
L'article 4 soulignait la nécessité de constituer un dossier garantissant que le demandeur
dispose des capacités techniques et financières adéquates. L'article 5 considère également les
activités associées aux titres miniers comme activités commerciales. L'article 9 stipule que les
permis miniers sont soumis à la conservation foncière et ils ont le même droit que une
propriété conservée. L'article 19 soulignait les montants minimums de l'enveloppe financière

13
Le cadre législatif de l’exploration et la recherche minière au Maroc entre le Dahir de 1951 et la loi 33-13

des travaux, ce qui n'était pas le cas dans l'ancienne loi, sauf celle qui avait été fixée dans les
décisions ministérielles de la réattribution des permis miniers pour la deuxième liste relative
aux personnes qui ont la priorité.

La nouvelle loi, à travers l'article 21, a mis fin à la possibilité pour les individus d'acquérir
des titres miniers. Elle prévoit également la possibilité de transformer les permis de recherche
et les permis de recherche renouvelés en licence d’exploitation après la justification de
l'existence d'un gisement au contraire de l'ambiguïté inhérente à l'article 46 de l'ancienne loi
relative à la transformation des permis de recherche non renouvelés en permis d’exploitation.
Il existe une contradiction entre les dispositions des articles 43 et 44, entre l'ouverture des
périmètres des permis miniers révoqués à la recherche après soixante jours de notification, et
qui sont soumises à la concurrence par le biais de la procédure de réattribution. Les articles
52, 56, 59, 61 et 62 renvoient expressément à la rationalisation de l'exploitation avec HSE, et
obligent l'achèvement de l'étude de l'impact sur l'environnement pour obtenir des licences
d'exploitation, contrairement à l'ancienne loi où la dimension environnementale est absente.
I n ter n a ti o n a l Revi ew o f Ec o n om i c s, Ma n a g em en t a n d La w Res e a r c h

L'article 54 prévoie la réattribution des licences d'exploitation, tandis qu’elles étaient


précédemment accordées en tant que permis de recherche. L'article 55 précise comment tirer
parti des halds miniers. L'article 58 a contribué pour améliorer la qualité du travaux en
parlant, pour la première fois, de l'agrément dans les domaines géologiques et miniers, surtout
la formulation et la préparation des programmes des travaux et des documents géologiques et
miniers dans le cas où les entreprises concernées ne disposent pas des travailleurs spécialisés
alors que l'article 98 du Dahir 1951 exige un contrat avec un géologue pour les
permissionnaires propriétaires de plus de trois permis miniers. Ce point est d'une grande
importance pour rendre cette activité plus sérieuse, encadrée par des spécialistes,
contrairement à ce qui était dominé par la possession aléatoire et spéculative des titres miniers
sans que les propriétaires aient les conditions minimales d’acquisition et des capacités
suffisantes. Cela est évident dans le fait que la plupart des permis miniers connaissaient une
activité saisonnière liée généralement à chaque procédure administrative associée à leur
renouvellement, leur transformation, leur amodiation ou leur cession. De plus, cette loi ne
limitait pas le nombre de permis délivrés à chaque opérateur contrairement aux dispositions
de l'article 118 du Dahir de 1951.

L'acteur minier est considéré comme un support dans cette activité économique, qui
nécessite des ressources financières importantes et des ressources humaines qualifiées. Ceci

14
Le cadre législatif de l’exploration et la recherche minière au Maroc entre le Dahir de 1951 et la loi 33-13

est dû au fait que le processus d'exploitation lié à la compensation des dépenses et des marges
bénéficiaires ne sont possibles qu'après un travail et une diligence d'exploration et de
recherche et des études techniques et économiques tenant compte du marché mondial, de la
marge de risque, de la qualité, de la quantité du minerai, la difficulté de l'extraire et de le
traiter. Ce sont tous des facteurs qui font réfléchir l'investisseur dans ce domaine avant de se
prononcer et ceci explique la situation du secteur au Maroc en général.

Malgré la grande industrialisation du secteur minier au Maroc, notamment avec les


principaux acteurs économiques comme le groupe OCP (Office chérifien des phosphates),
l'Office National des Hydrocarbures et des Mines (ONHYM) et le groupe Managem, filiale de
la Société Al Mada, et autres MPE ; la majorité des propriétaires des titre miniers sont des
personne physiques et des PME qui ne disposent pas de moyens matériels et humains, surtout
qualifiées et spécialisées, pour mener à bien cette activité.

Dans l'ancienne loi, la deuxième catégorie prévalait sur toutes les autres catégories, elle
englobe les gisements polymétalliques et à la barytine (...). L'acquisition des titres miniers par
I n ter n a ti o n a l Revi ew o f Ec o n om i c s, Ma n a g em en t a n d La w Res e a r c h

des particuliers et de petites et moyennes entreprises a empêché la possibilité de réaliser des


investissements structurants et valorisateurs parce qu'ils ne disposent pas des capacités
nécessaires de les faire, ils perdent une majeure partie de la durée des titres miniers à la
recherche de partenaires qu’ont le potentiel et disposés à les acheter ou à les amodier.

Le grand nombre de permis miniers annulés et le pourcentage faible des permis (licences)
d'exploitation montrent que la quasi-totalité de l'activité minière au Maroc est une activité de
recherche ; de plus, un nombre assez important des licences d'exploitation ont ce statut que
sur le plan administratif et non pas au motif réel de l’exploitation. Cela est dû à l'exigence, de
la loi sur les mines, de transformer les permis de recherche en licences d'exploitation
directement après quatre ans sur le renouvellement des permis de recherche. Il existe
également très peu de permis de recherche dont les propriétaires ont demandé à bénéficier de
certaines autorisations administratives liées à l'exploitation et à la vente des minerais par le
biais de l'autorisation de disposer des produits de recherche ou du droit provisoire
d'exploitation ou de l'autorisation exceptionnelle d'exploitation pendant la phase de recherche
(Dahir de 1951).

15
Le cadre législatif de l’exploration et la recherche minière au Maroc entre le Dahir de 1951 et la loi 33-13

3.3. LES LIMITES DE CETTE LOI ET SES TEXTES D’APPLICATION

Malgré le fait que cette loi et ses textes d’application présentent de nombreux avantages et
donnent un nouvel élan à ce secteur ; Les dispositions de cette législation ne prévoyaient pas
la publication des arrêtés d’institution, de renouvellement et d'annulation des permis minières
au BO. C’est un grand acte qui s’inscrit dans le cadre de la transparence et de l'accès à
l’information relative aux titres miniers par les citoyens et les personnes intéressées, ce qui
constitue un pas en arrière du contexte général du Royaume et des acquis de l'ancienne loi.

Par conséquent, nous voyons la nécessité de repenser le cadre réglementaire de


l’exploration et la recherche des mines en se focalisant sur les remarques suivantes :

- La nouvelle loi ne détaille pas les modalités d’application de monopole de l’Etat pour
l’exploitation du phosphate.
- Le législateur n’a pas pris en considérations toutes les particularités de la phase
transitoire, notamment le faible nombre des personnes agrées, la différence entre la
I n ter n a ti o n a l Revi ew o f Ec o n om i c s, Ma n a g em en t a n d La w Res e a r c h

taxe minière et la rémunération, cession entre les personnes morale et physiques pour
se conformer, …
- La durée, un an, de conformité prévue par l’article 119 est insuffisante, surtout avec
l’absence ou le retard des précautions administratives liées à ce processus, ce qu’est à
mener le Ministre a la prolongé de trois mois, par une circulaire en date du 23 mai
2017.
- La difficulté de réaliser les études d’impact sur l’environnement et d’obtenir
l’acceptabilité environnementale dans les délais fixés.
- L’ambiguïté de la répartition entre les permis miniers de différentes catégories en cas
de chevauchement.
- La délégation de pouvoirs ne mentionne pas les personnes désignées pour signer les
rejets des demandes, la révocation du permis d’exploitation.
- L’imprécision de la conformité des carrières dont leur substance exploitée fait partie
des produits des mines selon la nouvelle loi (gypse, calcite, …etc).
- Retard de la sortie des textes d’application relatifs aux halds et terrils, météorites, gites
géothermiques et les cavités…
- L’absence de la modalité et du processus de traitement des dossiers des titres miniers
dont le montant d’investissement dépasse 200 millions dirhams.

16
Le cadre législatif de l’exploration et la recherche minière au Maroc entre le Dahir de 1951 et la loi 33-13

- Flou règlementaire dans la conformité des permis d’exploitation et la création d’une


licence d’exploitation à partir de plusieurs permis d’exploitation ou à partir de la
fusion des permis d’exploitation et des permis de recherche.
- Les plans demandés lors de la demande de renouvellement ou transformation ne sont
pas bien expliquer.
- Le décret n° 2-15-807 du 20 avril 2016, pris pour l’application des dispositions de la
loi n°33-13 relative aux mines portant sur la procédure d’octroi des titres miniers ne
définit pas les critères d’évaluation de capacités techniques et financières des
opérateurs miniers.
- L’ambivalence entre l’article 99 de la Loi et l’article 9 du Décret relative à la date
dépôt de demande de renouvellement.
- Contradiction entre les dispositions de l’article 59 de la Loi, « le titulaire de la licence
d’exploitation de mines est tenu d’élaborer l’étude d’impact sur l’environnement et de
présenter acceptabilité environnementale », et l’article 10 du Décret qui exige la
présentation de ses documents lors de la demande d’une licence d’exploitation.
I n ter n a ti o n a l Revi ew o f Ec o n om i c s, Ma n a g em en t a n d La w Res e a r c h

- L'obligation de créer un système informatique permettant au public de consulter le


patrimoine minier marocain notamment les zones libres à la recherche.

4. CONCLUSIONS ET PERSPECTIVES

Malgré la grande importance du secteur minier pour les finances publiques, il constitue en
même temps un défi majeur pour l'environnement et le développement durable ; alors que
l'exploitation minière soulève de nombreuses questions sur sa contribution pour la protection
de l'environnement et la levée de la vulnérabilité socio-économique des habitants proches des
sites miniers. D'où la nécessité de trouver un équilibre entre l'exploitation des richesses
minérales d'une part et la préservation de l'environnement et la participation au
développement durable d'autre part. C’est dans cet optique que le Maroc est l'un des pays
africains qui les ont donné une grande importance depuis le discours royal à l'occasion de la
fête du Trône le 30 Juillet 2009 par la création de la Charte nationale de l'environnement et du
développement durable, qui a été activée en tant que loi cadre donnant une place centrale de
ces deux concepts dans la politique publique.

Dans tous ses articles ; le Dahir 1951 ne mentionne pas l’aspect environnemental sauf dans
l'article 96 qui stipule que " Le permissionnaire ou concessionnaire est tenu de réparer les
dommages que ses travaux causent aux propriétés de la surface ainsi qu'aux recherches ou

17
Le cadre législatif de l’exploration et la recherche minière au Maroc entre le Dahir de 1951 et la loi 33-13

exploitations voisines. Il est civilement responsable des délits et quasi-délits commis par ses
préposés." ; cela a changé avec la sortie d'un grand nombre de législations, notamment la loi
12-03 relative aux études de l'impact sur l'environnement et la loi 11-03 liée à la protection de
l'environnement, qui exige la réalisation de l'étude de l'impact sur l'environnement en aval de
tout projet. Mais malheureusement, cette nouvelle disposition n'a pas été appliquée puisque
l’ancienne Dahir ne considère pas l’acceptabilité environnementale parmi les pièces
demandées lors de la demande de la licence l'exploitation minière, comme le cas avec la
nouvelle loi 33/13 et ses textes d’application. Bien qu'il soit impossible de changer le lieu
d'exploitation qui dépend des réserves, il est essentiel de sélectionner le site de traitement
pour un impact faible et de prendre les mesures nécessaires pour atteindre zéro incident et
zéro déchet.

Il est important de signaler que la faible contribution des exploitants au développement


local a laissé un préjudice des habitants contre cette activité dans de nombreux endroits, ce
qui a conduit à des formes de protestation qui ont conduit à la suspension partielle de
I n ter n a ti o n a l Revi ew o f Ec o n om i c s, Ma n a g em en t a n d La w Res e a r c h

l'exploitation. L'amendement de l'article 5, de la loi n° 05-10 modifiant et complétant la loi n°


47-06 relative à la fiscalité des collectivités locales promulguée par le Dahir n° 1-10-22 du 26
safar 1431 (11 février 2010), devient une nécessité pour que les communes territoriales, dont
la mine existe, bénéficient des redevances de l’exploitation minière au lieu du conseil régional
pour diminuer leur rancune et avoir aussi un impact positif direct sur la population locale.

Il convient de mentionner que les entreprises gèrent de gros risques dans l'investissement
minier en raison de son coût très élevé et longue durée à compenser les frais d'exploration et
de recherche qui peut aller jusqu'à dix ans pour devenir une licence exploitation (avec
quelques exceptions); En plus des problèmes liés à l'exploitation, l'existence des réserves ... et
aussi la création d'une politique environnementale augmentant significativement le volume
des dépenses.. D’où la nécessité d’instauration d’un régime fiscal motivant et des modes de
financement des entreprises minières surtout dans cette phase d’exploration et de recherche
minier.

Les méthodes modernes, surtout la télédétection, peuvent grandement contribuer à


l'exploration de zones inaccessibles, comme l'Anti Atlas, ainsi que la réduction des coûts
financiers en guidant les méthodes conventionnelles d'exploration vers des sites miniers
potentiels. Le législateur a créé pour la première fois l’autorisation d'exploration à grande
superficie, la même chose pour la possibilité de fusion des permis de recherches limitrophes et

18
Le cadre législatif de l’exploration et la recherche minière au Maroc entre le Dahir de 1951 et la loi 33-13

la création d'une licence d’exploitation à partir des permis de recherche voisines après la
justification de l’existence d’un gisement. Cette disposition est au cœur de cette réforme et
donne une grande attractivité au secteur surtout pour les grandes sociétés minières intéressées
par l’exploration à grand surface par les nouvelles techniques. À cet effet, on note que les
images satellitaires telles que Landsat 7, Landsat 8, Aster, Sentinel 2A, sont de grandes
scènes, (pour Landsat 8, à titre d'exemple, l'image a 185km * 180km = 33300 kilomètres
carrés). Ces outils peuvent nous aider à trouver de nouveaux gisements et surmonter la
politique actuelle de la réouverture d'anciennes mines seulement (Zgounder, Bouskour,
Ouansimi, Oumjrane, etc).

REFERENCES :

- Dahir du 9 Rajab 1370 (6 avril 1951) relatif aux mines.


- Décret n ° 2.14.541 du 8 Août 2014 déterminant les attributions et l'organisation du
Ministère de l'Énergie, des Mines, Eau et Environnement – Département de l’Energie
I n ter n a ti o n a l Revi ew o f Ec o n om i c s, Ma n a g em en t a n d La w Res e a r c h

et des Mines- publié au Bulletin Officiel n° 6289 du 8 Décembre 2014.


- Décret n ° 2.15.807 d'application des dispositions de la loi 33.13 sur les mines sur la
procédure d'octroi des titres miniers.
- Le marché des mines au Maroc, Business France, 2018, http://www.cfcim.org/wp-
content/uploads/2018/09/Maroc_Le-marche-des-mines.pdf.
- Loi n ° 15-74 relative à la zone minière de Tafilalet et Figuig, publiée au Bulletin
Officiel n° 6502 du 22 septembre 2016.
- Loi n ° 33.13 sur les mines, Bulletin Officiel n ° 6380 du 23 juillet 2015.
- Mohammed Ben Yader, Conférence au sujet d’immobilier non conservé à Où ? -
Symposium national organisé par le Centre d’études civiles et immobilières de la
Faculté de droit, Marrakech, les 27 et 28 février 2004, Imprimerie nationale à
Marrakech, 1re édition, 2004.
- Ministère de l'Énergie, des Mines, de l'eau et de l'environnement (2 Décembre 2014).
Exposé de Monsieur le Ministre de l'Énergie, des Mines, de l'eau et de
l'environnement sur le projet de loi n ° 33.13 sur les mines au comité des
Infrastructures, de l'Energie, des Mines et de l'Environnement de la Chambre des
représentants.
- Ministère de l'Énergie, des Mines, de l'eau et de l'environnement (2014). Présentation
de projet du budget du Ministre de l'Énergie, des Mines, Eau et de l’Environnement –

19
Le cadre législatif de l’exploration et la recherche minière au Maroc entre le Dahir de 1951 et la loi 33-13

Département de l’Energie et des Mines- au titre de l'exercice 2015, devant le comité


des Infrastructures, de l'Energie, des Mines et de l'Environnement de la Chambre des
représentants, 5 Novembre 2014.
- Présentation de projet du budget du Ministre de l'Énergie, des Mines et du
Développement Durable – Département de l’Energie et des Mines- au titre de
l'exercice 2017, devant le comité des Infrastructures, de l'Energie, des Mines et de
l'Environnement de la Chambre des représentants,8 mai 2017.
- Rapport d’activité de l’année 2016, OCP, 2017.
I n ter n a ti o n a l Revi ew o f Ec o n om i c s, Ma n a g em en t a n d La w Res e a r c h

20

Vous aimerez peut-être aussi