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Master : Droit Privé Comparé

Espace Afrique Francophone et Commonwealth

Module : Les modes alternatifs de règlement des litiges en droit comparé

Semestre 3

Réalisé par :
ABDOUN Sanae
ALOUKAS Souad
HAMI Zineb

Sous la direction de:


Pr. JDAINI Bouchra

Année universitaire : 2023 – 2024


SOMMAIRE

INTRODUCTION ----------------------------------------------------------------------- 1

I. Les enjeux de l’intégration du MAROC à l’OHADA -------------------------- 4

1. Le pouvoir de cassation ----------------------------------------------------------- 5

2. La langue ----------------------------------------------------------------------------- 6

3. La réforme de droit marocain --------------------------------------------------- 7

II. La réforme du droit marocain, un premier pas vers le droit OHADA ---- 8

1. Les sûretés mobilières ------------------------------------------------------------- 8

2. L’harmonisation du droit de travail -------------------------------------------- 9

CONCLUSION -------------------------------------------------------------------------- 12

BIBLIOGRAPHIE ---------------------------------------------------------------------- 13
INTRODUCTION

Les engagements du Maroc ne datent pas de l’indépendance, mais remontent à plus


loin. Le Royaume chérifien est conscient de la nécessité d’inscrire son action dans le cadre du
droit international, d’autant plus que la scène internationale a connu beaucoup de mutations
avec l’intensification croissante des échanges internationaux, l’interdépendance étroite des
économies modernes, le libre-échange et la mondialisation. S’ajoutent à cela la multiplicité
des organisations internationales et l’élaboration d’un ensemble de conventions.

Le préambule de la première constitution Marocaine insistait sur la nécessité d’inscrire


l’action du Maroc dans le cadre des organisations internationales, et insistait également sur
l’acceptation par celui-ci des principes, droits et obligations découlant des chartes de ces
organismes1.

Dans la pratique, le Royaume du Maroc, dès son indépendance, a adhéré à l’ensemble


des organisations internationales, on cite à titre d’exemple : ONU (12 novembre 1956),
UNESCO (7 novembre1956), FAO (13 septembre 1956), OIT (12 juin 1956) etc…sur la plan
régional, le Maroc suivait son adhésion dans plusieurs organisations, notamment au Maghreb,
en Afrique et dans le monde arabo-islamique2.

L’amélioration de la sécurité juridique et l’augmentation des investissements entre


pays africain a nécessité la création d’une organisation. De cette volonté, est né le traité relatif
à l’Harmonisation du droit des affaires en Afrique, signé le 17 octobre à Port-Louis (ile
Maurice). L’OHADA est une organisation internationale de plein exercice, dotée d'une
personnalité juridique internationale, qui poursuit une œuvre d'intégration juridique entre les
pays qui en sont membres. Elle regroupe aujourd'hui 17 États et compte à son actif dix Actes
uniformes déjà entrés en vigueur dans les États-membres. Les langues de travail de l'OHADA
sont le français, l'anglais, l'espagnol et le portugais.

1
H. NACIRI, La politique étrangère du royaume du Maroc de l’indépendance à nos jours, préf. A. BELKEZIZ,
REMALD, 2022, p. 172.
2
Le Maroc est membre fondateur de l’OUA (1963), de l’OCI (1969) et de plusieurs autres organisations.

1
L'objectif de l'OHADA est la facilitation des échanges et des investissements, la
garantie de la sécurité juridique et judiciaire des activités des entreprises. Le droit issu de
l'OHADA est ainsi utilisé pour propulser le développement économique et créer un vaste
marché intégré afin de faire de l'Afrique un « pôle de développement ».

« Une chose n’est pas juste parce qu’elle est loi ; mais elle doit être loi parce qu’elle
est juste ».3 Ces mots de Montesquieu doivent interpeler tous ceux qui à tort ou à raison
considèrent que l’informel est la source des échecs des économies africaines et que le secteur
formel, dans sa forme actuelle, est le modèle à suivre. C’est assurément ce qu’a compris le
législateur OHADA, l’organisation pour l’harmonisation en Afrique du droit des affaires dans
sa réforme de 2011, en édictant des normes nouvelles dédiés aux acteurs opérant l’informel.
Ces normes qui se veulent adaptées au contexte africain, doivent faciliter l’activité
économique, sans pour autant la décourager. Quel est donc, la situation du Maroc par rapport
à l’OHADA ?

C’est vrai que depuis sa création, le Maroc n’a jamais été membre de l’OHADA, mais
depuis son retour sur la scène Africaine, il a multiplié ces projets d’investissements sur le
continent, et c’est engagé à faire conclure des partenariats aux niveaux régional. Il a bénéficié
dans ce sens de sa situation géographique et de sa stabilité politique et économique pour être
de plus en plus présent dans le monde des affaires africains. Pour réconforter sa présence, le
Maroc a vue nécessaire de présenter son adhésion à l’OHADA.

En effet la question de savoir si le Maroc rejoindra prochainement les pays membre de


l’OHADA ne cesse défrayer la chronique, et c’est une préoccupation pour les autorités
marocaines aussi. Les autorités marocaines parlent d’un rapprochement probable des droits
marocain et OHADA, pour les investisseurs marocains l’adhésion du Maroc à l’OHADA
serait une véritable panacée dans la mesure où elle permettrait d’ouvrir plus largement et
facilement leurs activités. L’objet du débat de l’intégration du Maroc a l’OHADA est sa
souveraineté juridique. En effet l’OHADA exige dans son article 10 du traité, la
supranationalité de ces actes qui sont directement applicable et obligatoires pour tous les Etats
membres.

3
MONTESQIEU, Cahiers (posthumes)

2
Aussi, vu la diversité des domaines couverts par le droit des affaires, lesquels sont
visés par des actes uniformes, il va sans dire que le Maroc n’a économiquement rien à perdre
à intégrer cet espace communautaire dont le droit transperce aujourd’hui les frontières du
continent africain.

Mieux le Maroc l’intègre, meilleures seront ses relations commerciales et d’affaires


avec lesquels il partage déjà certains usages commerciaux. En effet, les droits marocains et
OHADA convergent sur plusieurs points. Déjà, il est une évidence que les deux législations
sont fortement influencées par le droit français, notamment civiliste, ainsi le Maroc vit
vraisemblablement les mêmes situations économiques, financières et sociales que certains
pays d’Afrique membre de l’OHADA.

Malgré l‘article 10 de l’OHADA, le Maroc a tout intérêt d’intégrer l’OHADA qui est
une organisation structurée, d’une maturité de plus de vingt ans et qui compte déjà dix-sept
Etats africains et qui offre un gain de temps considérable en matière de droit des affaires et
qui ne peut que confronter et développer l’ouverture de l’économie marocaine aux
investissements étrangers4.

4
S.- E. MAATOUK, « L’adhésion du Maroc à l’espace Ohada », Rev. Franco-Maghrébine, 2020, n° 27, p. 32.

3
I. Les enjeux de l’intégration du MAROC à l’OHADA

Roi Mohammed VI a souligné l’importance d’une communauté soudée et la nécessite


d’une collaboration centré sur le développement : « ma vision de la coopération sud-sud est
claire et constante : Mon pays partage ce qu’il a , sans ostentation . Dans le cadre d’une
collaboration éclairée , le Maroc , acteur économique de premier plan en Afrique deviendra
un moteur de l’expansion commune » .5

Le retour du Maroc à l’union africaine en janvier 2017 a été un évènement consacrant


aux relations cordiales qu’entretient le Royaume avec les pays africains voisins, les accords
signés et les investissements entreprises sur le continent font que l’adhésion du Maroc a
l’espace OHADA soit l’objet de questionnement à l’échelle nationale et continentale.

Le projet est engagé est témoigne d’un souhait évident et mutuel entre le Maroc et ses
confrères africains. A priori , le rapprochement entre le droit marocain et le droit OHADA ne
présente pas de difficultés particulières , compte tenu de la source commune des textes de lois
et qui s’inspirent essentiellement du droit français . les retombées économiques suite à la
concrétisation de ce projet seront positives et prometteuses pour les entreprises marocaines
implantées en Afrique , mais surtout encourageantes pour les investisseurs potentiels qui
auront l’avantage de mener leurs projets dans un cadre juridique harmonisé . Toutefois , des
interrogations fondamentales demeurent sur certains problématiques inhérentes à ce débat et
qui méritent d’être soulevées .

Le traité OHADA (l’organisation pour l’harmonisation en Afrique du droit des


affaires) a été institué en 1993 en réponse à la baisse des investissements en Afrique . Il est à
l’origine du droit des affaires auquel 17 pays africains ont adhéré et vise à assurer aux
entreprises et aux investisseurs un cadre juridique harmonisé et sécurisé . En effet ,
l’instauration d’un ordre juridique communautaire a joué un rôle déterminant dans la relance
de la croissance économique des pays membres de l’OHADA et dans l’implémentation d’un
environnement stable propice aux affaires . l’OHADA a toutefois été confronté à un défi
majeur , celui de s’aligner sur les pratiques et standards internationaux dans la construction
d’un droit des affaires communautaire , tout en intégrant les particularités de l’environnement
juridico-économique africain . Dans ce sens , le droit OHADA a pu répondre aux exigences
de modernité par un arsenal juridique qui suit le système de régulation international et qui

5
Discours prononcé par sa majesté le Roi Mohammed VI devant le 28 ème sommet de l’union Africaine.

4
veille à réduire les écarts entre les législations nationales des pays signataires dans l’objectif
d’une économie africaine axée sur le développement . Pour mener efficacement sa mission ,
l’OHADA a mis en place des organes auxquels sont confiés des fonctions spécifiques afin de
traiter les affaires judiciaires des entreprises dans des délais raisonnables , en tenant compte
des contraintes du marché économique .

C’est ainsi que l’idée de l’adhésion du Maroc à l’OHADA trouve toute son importance
et sa légitimité dans un contexte africaine de plus en plus attractif . Malgré toutes les raisons
favorables à son adhésion, le Maroc fait face à des enjeux qui concernent essentiellement la
primauté du droit OHADA , tel que prévu par l’article 10 de traité «Les actes uniformes sont
directement applicables et obligatoires dans les Etats Parties nonobstant toutes dispositions
contraire de droit interne, antérieure ou postérieure 6» ainsi que la nécessité de réformer les
textes législatifs marocains. A côté de ces enjeux , d’autres arguments juridiques devraient
être éclairés. Dans cette optique , cette présentation a pour objectif d’apporter des éléments de
compréhension par rapport aux différents enjeux juridiques et économiques concomitantes à
l’adhésion du Maroc à l’espace OHADA .

1. Le pouvoir de cassation

Autre question épineuse à laquelle une réponse claire doit être apportée afin de
garantir une intégration entière, sincère et éclairée du Maroc au sein de l’OHADA. Qu’on est-
il de la dimension supra-étatique de cette organisation qui se manifeste non seulement par la
sécrétion d’un droit primant sur les droits nationaux des états-membres, mais aussi par la
présence de la CCJA qui se comporte comme une véritable cour de cassation ?

Ce caractère supranational de l’organisation peut apparaître comme rédhibitoire pour


les Marocains attachés à l’intégrité de la souveraineté de leurs pays. Tous les juristes
marocains ne sont cependant pas contrariés par la présence de cette juridiction supranationale
et considère que le Maroc doit être rassuré par le fait que la résolution des litiges pouvant
naître des relations commerciales entre entreprises implantées sur le territoire des états-
membres de l’organisation est confiée à une juridiction commune. L’articulation des
institutions judiciaires de l’espace OHADA préserve d’ailleurs la compétence des juridictions
de fonds nationale –locales- jusqu’en appel , du premier au dernier ressort, voir en cassation si
l’incompétence de cette juridiction suprême n’est pas soulevée par l’un des litigants. Ainsi,

6
Article 10 du traité de l’OHADA

5
l’intervention de la CCJA permet d’éviter les distorsions inhérentes à la possible diversité des
interprétations auxquelles pourraient se livrer les juridictions de chaque état-membre des
mêmes dispositions sans pour autant totalement évincer les justices nationales.

Cette cour assure de la sorte une unité d’interprétation des normes établies par
l’OHADA et garantit la sécurité judicaire. A aucun moment la souveraineté des états-
membres de cette organisation n’est ainsi remise en cause. De plus le recours à l’arbitrage et
l’adoption d’un acte uniforme relatif à la médiation offrent aux modes alternatifs de résolution
des litiges une place de choix dans les voies que peuvent emprunter les justiciables et sont
symptomatiques d’une justice voulue « douce ».

2. La langue

Outre ces questions d’ordre purement juridique s’en pose une bien plus pratique
intéressent la langue du droit car un obstacle majeur au rapprochement du Maroc et de
l’espace OHADA pourrait être la langue du droit. Si cette organisation africaine reconnaît
aujourd’hui quatre langues officielles qui sont l’anglais, le français , l’espagnol et le portugais
, le Maroc promulgue ses textes de lois et rend la justice en langue arabe. Certes , il existe des
bulletins officiels publiés en langue française mais ils sont publiés avec beaucoup de retard
par rapport à la version arabe et les traductions ne sont pas toujours complètes , les textes
traduits renvoyant parfois à la version arabe sans fournir de détail7. Autant dire qu’un lecteur
non arabophone tel qu’un juge, avocat, homme d’affaires ou universitaire ne peut accéder à
cette loi qu’avec beaucoup de retard et ne peut alors même pas connaître l’intégralité de son
contenu. La justice est , quant à elle rendue , uniquement en langue arabe .

7
Pour exemple, le dahir n° 1-19-76 du 17 avril 2019 qui porte promulgation de la loi 21-18 sur les sûretés
mobilières a été publié au bulletin officiel n° 6771 du 22 avril 2019 en langue arabe puis dans le bulletin
officiel n°6840 le 19 décembre 2019 en langue française, soit avec huit mois de différence. Ensuite, la
nouvelle formulation de l’article 823 du DOC , telle qu’elle résulte de la loi n° 21-18 n’est pas traduite en
français. Il est simplement noté sur le bulletin officiel : « voir la version arabe de l’article 823 du doc modifié
par la loi n° 21-18 relative aux sûretés mobilières promulguée par le dahir n°1-19-76 du 11 chaabane 1440et
publiée au bulletin officiel.

6
3. La réforme de droit marocain

Le Maroc doit mener une réflexion sur l’impact juridique d’un tel engagement, il doit
comme le reste des états-membres de l’organisation accepter de subir l’immixtion d’un droit
supranational puisque le droit communautaire prévaut sur les lois de ses états-membres , et
s’applique automatiquement. Et , même si la proximité des deux droits est avérée , et que les
ajustements de fond à réaliser ne devraient pas bouleverser le droit marocain, il sera
nécessaire de réformer certains de ses textes législatifs pour se conformer au droit
communautaire existant.

En outre , il semble souhaitable que le droit marocain soit harmonisé avec les traités
internationaux qu’il a signés par le passé avant de s’orienter vers l’OHADA. Certains juristes
ne semblent pourtant pas s’émouvoir de cette absence de mise en conformité du droit
marocain aux engagements pris par le pays au niveau international et lancent l’idée d’une
réforme pure et simple du droit marocain qui consisterait à reprendre le droit communautaire
sans entrer dans l’organisation , pour prendre le temps de former les magistrats marocains et
sécréter une jurisprudence nationale. Intégrer ensuit l’organisation serait une tâche facile8 .

Toutes ces problématiques en suspens laissent planer un doute sur l’opportunité du


rapprochement du MAROC et de l’OHADA. Les avantages à en retirer semblent évidents
mais les questionnements auxquels il faut encore répondre sont nombreux.

8
Revue franco-maghrébine de droit n27 « les enjeux juridiques de l’intégration du Maroc à l’espace OHADA ».

7
II. La réforme du droit marocain, un premier pas vers le
droit OHADA

1. Les sûretés mobilières

Le Maroc et l’espace OHADA, dont les droits sont soumis à la concurrence


internationale, évoluent eux aussi. L’OHADA malgré sa récente création a déjà réformé son
droit des sûretés. Après avoir rédigé un premier acte uniforme portant organisation du droit
des sûretés cette organisation a amendé ce texte se dotant d’un nouvel acte uniforme au même
intitulé en abrogeant le premier. Le Maroc quant à lui davantage tardé à opérer la mise à jour
de son droit longtemps resté sous l’empire des dispositions des titres X, XI et XII portant sur
le cautionnement le gage et le nantissement du DOC.9

L’analyse des droits marocain et OHADA des sûretés mobilières permet de découvrir
de nombreux points de désaccord. Le faible éclairage sémantique et pédagogique manifeste la
volonté de conserver une approche marocaine distincte de celle de l’OHADA tout en
organisant des institutions dont la diversité est par ailleurs accrue.

A propos donc de la sureté, la nouvelle loi précise que tous les biens à condition d’être
dans le commerce sont désormais susceptibles de faire l’objet d’un gage ou d’un
nantissement. Le DOC vise expressément la « chose mobilière, immobilière ou un droit
incorporel » la « chose future aléatoire ou dont on n’a pas la possession » voire « la chose
d’autrui ». Les formulations du droit OHADA diffèrent sensiblement. L’article 92 de l’AUS
admet la constitution d’un gage « sur un bien meuble corporel ou un ensemble de bien
meubles corporels présents ou futurs » en droit marocain, l’article 1173 du DOC établit que
le gage ou le nantissement de la chose d’autrui est valable « si le maitre y consent ou le
ratifie » alors qu’en droit OAHADA l’article 95 de l’AUS adopte une position contraire
énonçant que « le constituant d’un gage de biens présents doit être propriétaire de la chose
gagée » mais prévoit cependant que « s’il ne l’est pas, le créancier gagiste peut s’opposer à la
revendication du propriétaire dans les conditions prévues pour le possesseur de bonne foi ».
Sans admettre le principe, le droit OHADA prévoit tout de même une protection minimale
pour le créancier gagiste de bonne foi.

9
En matière de sûretés, il a notamment été modifié par un dahir du 31 décembre 1914 relatif à la vente et
nantissement du fond de commerce, un dahir du 20 mars 1951 sur le nantissement de certains produits et
matières.

8
Les droits marocains et OHADA s’accordent sur l’impossibilité de constituer une
garantie mobilière pour une dette qui ne serait pas déterminable en garantissant toutes les
dettes futures du débiteur, comme le cautionnement dit « omnibus » le permet.

La volonté marocaine de soumettre le statut de l’agent des sûretés au régime de droit


commun du mandat se retrouve dans la suppression des dispositions des alinéas 1 et 2 de
l’article 1258 du projet de 2015 qui reprenait littéralement celles de l’article 10 alinéa 1 er de
l’acte révisé de 2010 et qui autorisaient que si l’acte prévoyait, l’agent des sûretés à se
substituer un tiers pour accomplir sa mission. Le législateur marocain fait ainsi le choix de
s’écarter du droit OHADA afin de préserver la maitrise et la sécurité des mandants.10

Ainsi donc le droit marocain de rapproche du droit OHADA en créant l’agent des
sûretés et en mettant en place un registre destiné à assurer la publicité des garanties tout en
leur appliquant des régimes différents pérennisant l’originalité de ce droit national. Il en va
donc en matière de réalisation des sûretés dont les modalités sont diversifiées sans pour autant
être alignées sur celles du droit OHADA.

Le législateur marocain offre ainsi un éventail d’opportunités presque similaire à celui


du droit OHADA sans pour autant révolutionner le quotidien des marocains dans le cadre des
relations contractuelles soumises à ce droit commun.

2. L’harmonisation du droit de travail

L’adhésion du Royaume Chérifien à l’espace OHADA entraînerait des changements


législatifs immédiats car le droit des affaires existant devrait être intégralement mis en
conformité avec le contenu des différents actes uniformes. En droit du travail, la question se
pose différemment pour des raisons qui tiennent notamment au fait, qu’à l’heure actuelle, le
projet d’acte uniforme finalisé n’a toujours pas été adopté et peut donc être discuté et amendé.
La mise en place des règles sociales partagées nous parait a priori envisageable opportune car
des facteurs d’harmonisation sont présents entre le Maroc et les pays membres de l’OHADA.
Le fait que le Maroc intègre l’OHADA ou bien opère un rapprochement avec cette
organisation, pourrait impulser la mise en place de dispositions, notamment en droit de travail
qui viendrait renforcer le socle des règles existantes et pourrait contribuer à faciliter les
relations entre les Etas et les entreprises.

10
A ses termes : « l’acte désignant l’agent des suretés peut prévoir les conditions dans lesquelles l’agent des
suretés peut sous sa responsabilité se substituer un tiers pour accomplir sa mission.

9
L’intégration du Maroc dans l’espace OHADA pourrait s’inscrire dans le cadre de la
perspective d’assurer un développement économique prospère du continent africain. Elle
scellerait cette volonté par un engagement majeur conduisant le Maroc à abandonner une part
de sa souveraineté sur le plan législatif, limitée au domaine du droit des affaires, au profit de
cette organisation commerciale, régionale. En droit de travail la mise en place des dispositions
communes, voire proches, nous parait envisageable pour plusieurs raisons. Outre le fait
qu’elle viendrait utilement compléter l’édifice juridique actuel au sein de la zone OHADA,
elle permettrait d’adopter de façon concrète les modifications dans ce domaine du droit qui
paraissent s’imposer tant au Maroc que dans les pays d’Afrique subsaharienne.

En effet, les codes du travail de ces pays ont été adoptés à peu près aux mêmes
périodes sous l’impulsion des organisations internationales et ils souffrent à ce jour de mêmes
carences. Au Maroc, l’idée de réformer le Code de travail a été avancée à différentes reprises.
Il en va de même dans plusieurs Etas membres de l’OHADA, comme le Sénégal ou le Congo
Brazzaville dont les codes du travail ont été respectivement adoptés en 1997 et 1996.11

Le projet d’acte uniforme de L’OHADA, pourrait constituer une base utile. Mais,
compte tenu de l’internationalisation des échanges et de son impact et de la teneur de
certaines dispositions, il nous parait déjà dépassé sur certains aspects et devrait à notre sens
être repensé et remanié. Si la décision d’intégrer la zone OHADA n’est pas retenue, il serait
concevable d’envisager que des discussions, des concentrations soient menées entre le Maroc
et les Etas africains subsahariens et qu’un droit du travail proche, voire similaire en de
nombreux points en résulte. Des réformes pourraient ainsi être menées conjointement dans le
respect de la négociation et dans la perspective d’instaurer des règles sociales à la fois
modernisées et adaptées aux besoins des Etas, offrant ainsi un cadre favorable aux relations
entre entreprises.

La construction du droit de travail dans un pays est le reflet de son histoire. Dans les
pays du Maghreb et d’Afrique subsaharienne qui furent, soit colonisés soit placés sous
protectorat, le droit du travail reste fortement influencé par le droit français. Ainsi pour
favoriser la création d’entreprise en endiguer l’absence de déclaration, la Maroc et les pays
membres de l’OHADA se sont inspirés de leur homologue français pour créer respectivement
le régime pour constituer respectivement le statut d’autoentrepreneur et d’entreprenant. En

11
Compte tenu du fait que OHADA compte 17 états membres nous ne pourrons pas évoquer de droit du travail de
chacun d’entre eux nous nous appuierons principalement sur le code de travail sénégalais

10
raison de nombreuses richesses qu’il recèle et des opportunités de travail qu’il offre, le
continent africain est convoité par de nombreux pays. Dans une optique de coopération Sud-
Sud, s’inscrivant dans une démarche de partenariat de développement, il parait essentiel que
le Maroc et les pays d’Afrique subsaharienne se dotent d’un cadre juridique approprié sur
lequel s’appuyer. Celui-ci pourrait résulter des normes de l’OHADA dont le Maroc pourrait
faire partie ou bien la mise en place de normes partagées au moins a minima. Les droits de
travail des Etas intéressés et principalement le Maroc puisqu’il fait l’objet de négociations
récentes et l’avant-projet d’acte uniforme pourrait constituer une base de travail sur laquelle
s’appuyer. 12

12
MAATOUK Salah JUHEL Christophe et BAISSET Didier Les enjeux juridiques de l’intégration du Maroc à
l’espace OHADA revue franco maghrébine de droit n 27, 2020.

11
CONCLUSION

Soutenir le développement économique du continent de manière générale, et des


économies signataires de manières particulières a été l’objectif de l’instauration du droit
OHADA. Accepter la supranationalité des actes uniformes et renoncer à une part de la
souveraineté témoigne de la conscience des chefs d’Etats africains. Le projet d’adhésion du
Maroc à l’OHADA a pris un élan considérable, il est désormais question de rapprochement
entre le Maroc et l’OHADA, soutenu par des relations commerciales croissantes et une
coopération fructueuse et constructive avec les Etats membres.

12
BIBLIOGRAPHIE

Articles, contributions et thèse

 MAATOUK (S.- E.), « L’adhésion du Maroc à l’espace Ohada », Rev. Franco-


Maghrébine, 2020, n° 27, pp. 23-32.
 NACIRI (H.), La politique étrangère du royaume du Maroc de l’indépendance à nos
jours, préf. A. BELKEZIZ, REMALD, 2022.
 MAATOUK (S.- E.), JUHEL (C) et BAISSET (D) Les enjeux juridiques de
l’intégration du Maroc à l’espace OHADA revue franco maghrébine de droit n 27, 2020.
 Revue franco-maghrébine de droit n27 « les enjeux juridiques de l’intégration du Maroc à
l’espace OHADA ».

13

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