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Master : Droit privé comparé

Espace Afrique Francophone et Commonwealth

Module : Le droit comparé de la responsabilité civile

Semestre 3

Sous la direction du Professeur :

Mr. BOUHOUCH LAHCEN

Droit de la responsabilité civile et le droit de la concurrence

« Cas de la vente à perte »

Préparé par les étudiants :

JARANE RACHID

OUCHRA SAFAE

KANE TARIK

Année universitaire : 2022-2023


Introduction
La vente à perte, est une pratique qui consiste à revendre des produits en
l'état, c'est-à-dire sans aucune transformation, à un tarif inférieur au coût
d'acquisition ou au coût de revient, c‘est une pratique commerciale légalement
interdite. La vente à perte est juridiquement constituée lorsqu'un distributeur
vend un produit en dessous du seuil de revente à perte, dénommé prix d'achat
effectif.
L'interdiction de la revente à perte est destinée à limiter les abus de position
dominante et à protéger le commerce de proximité face à la grande
distribution. Sans l'interdiction de la revente à perte, la grande distribution
pourrait utiliser des prix artificiellement bas comme prix d'appels1.
En réalité la revente à perte est une pratique qui consiste à vendre un
produit à un prix inférieur au prix d’achat effectif, c’est-à-dire au prix d’achat
majoré des taxes sur le chiffre d’affaires, des taxes spécifiques afférentes à cette
revente et, le cas échéant, du prix du transport.

La vente à perte ne doit pas être confondue avec le dumping (de l'anglais to
dump, « se débarrasser »). Ce terme est utilisé dans la pratique économique. En
effet, le dumping ne correspond pas à la pratique d'une vente à perte, il désigne
le comportement d'un vendeur qui pratique des marges très faibles sinon nulles
en vue de conquérir un nouveau marché. L'entreprise espère ainsi chasser un ou
plusieurs concurrents et pouvoir remonter les prix une fois la part de marché
acquise. Cette pratique est souvent exercée par des exportateurs qui veulent
pénétrer de manière offensive de nouveaux marchés, sans dégrader le niveau de
prix sur le marché domestique puisque l'exportateur utilise les fortes marges
qu'il obtient sur le marché domestique pour financer quelque temps l'absence de
marge à l'export.

1
https://www.e-marketing.fr/Definitions-Glossaire/Vente-238999.htm

2
En France, La vente à perte est interdite sauf dans les cas où il s’agit de
produits périssables, de ventes causées par la cessation d’activité ; de vente d’un
produit saisonnier et la saison terminée ; de produits démodés ou obsolètes ; de
vente de produits dont le réapprovisionnement peut être fait dans des conditions
plus intéressantes que celles générant le prix d’origine ; enfin lorsque le
distributeur s’aligne sur les prix d’un concurrent situé dans sa zone de
chalandise. L’article L. 442-2 du Code de commerce modifié par les dispositions
de la loi du 3 janvier 2008 stipule que : « Le fait, pour tout commerçant, de
revendre ou d’annoncer la revente d’un produit en l’état à un prix inférieur à son
prix d’achat effectif est puni de 75 000 euros d’amende.

Cette amende peut être portée à la moitié des dépenses de publicité dans le
cas où une annonce publicitaire, quel qu’en soit le support, fait état d’un prix
inférieur au prix d’achat effectif. La cessation de l’annonce publicitaire peut être
ordonnée dans les conditions prévues à l’article L. 121-3 du Code de la
consommation2.
Même si la flambée actuelle des prix des produits de grande consommation
ne fait nullement penser à la pratique de la vente à perte, le législateur marocain
semble être très vigilant sur ce phénomène difficile à prouver. Le prix d’achat «
effectif » étant une notion faisant sûrement partie du « secret » du monde des
affaires, tout jugement sur la question ne peut que relever du pouvoir
discrétionnaire consenti au juge commercial pour décider que tel ou tel
commerçant, telle personne physique ou telle société, a « revendu ou avait
annoncé la revente d’un produit à un prix inférieur à son prix d’achat effectif ».

2 L. L , n peu de concurrence, beaucoup de droit de la consommation. propos de la loi N°2008-3 du 3 janvier 2008,

3
Le prix d’achat effectif est le prix unitaire net figurant sur la facture
d’achat, minoré du montant de l’ensemble des autres avantages financiers
consentis par le vendeur exprimé en pourcentage du prix unitaire net du produit
et majoré des taxes sur le chiffre d’affaires, des taxes spécifiques afférentes à
cette revente et du prix du transport. Prix d'achat effectif = Prix unitaire net
figurant sur la facture - montant de l'ensemble des avantages financiers consentis
par le vendeur exprimés en pourcentage unitaire du prix de vente du produit +
TVA et taxes spécifiques liées au produit + Prix du transport3.
Comment peut-on alors qualifier une vente d’une vente à perte ? et qu’il est
le fondement juridique qui encadre cette pratique ?

3 . L - L, ransparence tarifaire, négociation contractuelle et liberté des prix au regard de la loi du 1er juillet 1996 sur la
lo auté et l’équilibre des relations commerciales, . 1996, p. 361, 2.

4
Partie I : la liberté dans le contrat de vente et ses limites

Chapitre I : Le contrat de vente et ses éléments constitutifs


Selon l’article 478 du OC « la vente est un contrat par lequel l’une des
parties transmet la propriété d’une chose ou d’un droit à l’autre contractant,
contre un prix que ce dernier s’oblige à pa er ».

Il ressort de cet article4 que, d’une part, la vente peut porter sur une chose
ou sur un droit, qui doivent être admis dans le commerce juridique, déterminés
ou susceptibles de détermination et il doit y avoir un droit sur la chose, total ou
partiel . ’autre part, les éléments constitutifs du contrat de vente sont le transfert
de propriétés (c’est-à-dire que la vente transfère à l’acquéreur la propriété et les
risques de perte) et le paiement du prix, qui est un critère de qualité, une
condition essentielle pour la validité du contrat de vente, objet de l’obligation
principale de l’acheteur et la cause et contrepartie de la délivrance de la chose et
du transfert de propriété.

’après l’article 487 du DOC : Le prix de la vente doit être déterminé. On


ne peut en rapporter la détermination à un tiers ni acheter au prix payé par un
tiers, à moins que le prix ne fût connu des contractants. On peut cependant s'en
référer au prix fixé dans une mercuriale, ou tarif déterminé, ou à la moyenne des
prix du marché, lorsqu'il s'agit de marchandises dont le prix ne subit pas de
variation. Lorsque ce prix est variable, les contractants sont présumés s'en être
référés à la moyenne des prix pratiqués.

L'article 1591 du Code civil énonce que « le prix de la vente doit être
déterminé et désigné par les parties ». Mais avant que les parties déterminent le
prix du contrat, celui-ci doit répondre à trois conditions de formes. En effet, le

4
Ressources juridiques et pratiques , Article

5
prix doit être réel, sérieux et licite. De plus, l'absence de prix au contrat de vente
est sanctionnée par le juge.

Chapitre II : le principe de la liberté de déterminer le prix et ses


limites
A ) la liberté des prix
La détermination du prix 5de la vente soumis aux règles générales qui le
régisse, notamment le principe de la libre volonté lors de la désignation de sa
valeur. Cependant, l’évolution économique éminente a réduit ce principe en
faveur du consommateur qui se trouve en position faible devant l’operateur
économique. n cette situation, le législateur s’intervient d’une part pour la
fixation des prix et d’autre part pour mettre des normes visant à régler la
détermination des prix, et qui devront êtres respecter par les vendeurs.

En France , Les prix des biens,6 produits et des services sont librement
déterminés par les professionnels. Cela découle du principe de la liberté
contractuelle et s'oppose à la réglementation des prix. Ce principe concerne les
biens, services et produits, qu'il s'agisse de produits industriels, artisanaux ou
agricoles, d'activités de service ou de production.

Il a été instauré en France par une ordonnance du 1er décembre 1986, en


application de l'idée selon laquelle le prix fixé en fonction de l'offre et de la
demande garantit un bon équilibre du marché.

Ainsi, les entreprises fixent librement leurs prix. Toute discrimination


tarifaire est interdite (les prix doivent être identiques pour des clients qui
achètent selon les mêmes modalités). De plus, certaines règles garantissent une
saine concurrence.

5
La liberté des prix , Oreka Droit , Article
6

6
Les entreprises sont libres de fixer les prix qu'elles souhaitent. En
contrepartie, elles doivent informer les consommateurs. Pour pouvoir faire jouer
pleinement la concurrence, le consommateur doit être informé avant d'acheter.

Au Maroc , La liberté des 7prix est considérée comme le principe de base


de l’économie du marché, elle joue un rôle fondamental dans l’instauration des
règles et des mécanismes d’une concurrence lo ale dans le marché. Le prix fixé
par le marché est celui résultant de l’équilibre entre l’offre et la demande ce qui
permet une allocation optimale des ressources sur un marché donné.

Actuellement 8ce principe est consacré par l’article 2 de la loi 104-12 sur la
liberté des prix et de la concurrence, l’administration peut intervenir pour fixer
les prix de certains biens, produits ou services dans les situations suivantes :

 onopole de fait et de droit,


 ifficultés d’approvisionnement,
 ispositions législatives ou réglementaires.

B ) les limites de la liberté des prix

En France et dans certains cas, les prix peuvent être encadrés (article L.
410-2 alinéas 2 et 3 du Code de commerce) par l'État, dans le but de garantir la
concurrence. Ainsi, dans certains secteurs, les prix sont réglementés afin de
protéger les consommateurs d'une flambée des prix. L'État intervient après avis
de l' utorité de la concurrence en cas d’insuffisance de concurrence due à des
dispositions particulières ou à une situation de monopole.

c'est le cas dans le domaine de la santé, de l'édition (l'éditeur impose un


prix qui doit être suivi par le revendeur, sauf remise, de 5 % max), du gaz, de
l'électricité, des taxis, des pharmacies, des notaires, etc.
7
Politique des prix
Accueil Site de La Direction de la Concurrence, des Prix et de la Compensation

7
De même, les prix peuvent être contrôlés en cas de circonstances
exceptionnelles entraînant une hausse ou une baisse excessive des prix, pour un
secteur déterminé, pour une durée de 6 mois maximum.

Au Maroc , La politique des prix date de la période du protectorat ou la


fixation des prix s’effectuait dans le cadre du code du commerce, promulgué en
1913. Ce n’est qu’avec l’adoption de la loi n° 008/71 de 1971, qu’un cadre
juridique et administratif suffisamment étoffé a été mis en place. La
réglementation des prix a pu s’appliquer à 172 catégories de produits et services
appartenant à tous les secteurs de l’activité économique.

Plusieurs produits bénéficiaient dans le cadre de leur réglementation du


soutien de l’Etat, notamment le lait et ses dérivées, les produits agro-
alimentaires : huiles, sucre, farine, les intrants tel que les engrais, les cultures
sucrières, les produits énergétiques.

Avec la promulgation de la loi 06/99 sur la liberté des prix et la


concurrence en 2000 et la consécration du principe de la liberté des prix,
uniquement 15 groupes de produits et services ont été maintenus réglementés.

Ces produits qui restent réglementés représentent des biens et services qui
sont considérés comme stratégiques ou socialement sensibles et dont les secteurs
ne présentent pas assez de concurrence par les prix.

titre d’exemple , on peut citer les produits pharmaceutiques , selon les


dispositions de la loi 17-04 régissant l’activité des pharmaciens , les prix des
médicaments sont bien fixés par la loi .

8
Partie II. La vente à perte face à la loi de la concurrence.

La vente à perte est une pratique qui consiste à vendre des produits à un
tarif inférieur au coût d’achat ou de production. Les autorités en charge de la
concurrence la jugent déloyale et illicite en portant atteinte au libre jeu de la
concurrence. La vente à perte est à différencier cependant du dumping, même si
la notion est presque identique. Le conseil de la concurrence marocain est
constitué suite à l’article 166 de la constitution 2011. C’est une institution
indépendante chargée, dans le cadre de l’organisation d’une concurrence libre et
lo ale, d’assurer la transparence et l’équité dans les relations économiques,
notamment à travers l’anal se et la régulation de la concurrence sur les marchés,
le contrôle des pratiques anticoncurrentielles, des pratiques commerciales
déloyales et des opérations de concentration économique et de monopole
conformément à la loi 20-13 promulgué par le dahir numéro 1-14-117 du 30
Juin 2014. Le conseil est doté de la personnalité morale et de l’autonomie
financière. Il a un pouvoir décisionnel en matière de lutte contre les pratiques
anticoncurrentielles et de contrôle des opérations de concentration économique,
telles que définies dans la loi relative à la liberté des prix et de la concurrence.
Comment le conseil identifie -t-il la notion de la vente à perte (A) et quelles sont
les sanctions qui y sont alors appliquées (B) en adoptant une approche
comparative entre le loi marocaine et française qui régie la concurrence.

Chapitre 1 – La vente au « prix abusivement bas ».


La liberté du prix selon l’article 2 est déterminé par le jeu de la libre
concurrence, exception faite des produits biens et services listés par voie
réglementaire après consultation du conseil de la concurrence. L’article 3

9
dispose que les prix peuvent également être réglementés par l’administration,
toujours après consultation du conseil de la concurrence, notamment quand le
marché est en situation de monopole de droit, soit un soutient accorder à certains
secteurs d’activité par l’administration ou à des entreprises ayant des difficultés
durables d’approvisionnement. La liste des biens, produits et services dont les
prix sont réglementés est défini par arrêté n° 3086.14 du 29 décembre 2014 du
Ministre délégué auprès du chef du gouvernement chargé des affaires générales
et de la gouvernance comme suit : la farine nationale de blé tendre, le sucre, le
tabac manufacturé, l’électricité, l’eau potable, l’assainissement liquide, le gaz
butane, le transport de voyageurs par route, les produits pharmaceutiques, les
actes et services médicaux dans le secteur médical privé, les actes pratiqués par
les sage-femmes, infirmiers et infirmières du secteur privé, les livres scolaires,
les actes des huissiers de justice, les actes hébraïques, les actes des notaires, le
transport urbain de personnes par autobus, le transport par taxis de 1ére et 2ème
catégories, le transport mixte de personnes et finalement les insertions légales,
administratives et judiciaires

L’article 4 de la loi de la concurrence 104-12 dispose que l’administration


est habilitée à prendre des mesures temporaires, qui ne dépasse pas 6 mois,
contre des hausses ou des baisses des prix motivés par des circonstances
exceptionnelles dans des conjonctures anormales du marché après consultation
du conseil de la concurrence. Le prix peut également être fixé librement par
concertation avec les organisations et les chambres professionnelles représentant
des secteurs d’activités et à travers un accord consigné et signé par les parties
prenantes9. Cependant, si l’administration constate la violation de l’accord, elle
fixe alors le prix de biens produits et services par voie réglementaire10.

9
Article 4 de la loi de la concurrence 104-12.
10
Article 5 de la loi de la concurrence 104-12

10
Le législateur marocain détermine à travers l’article 6 de la loi 104-12 les
pratiques anti-concurrentielles d’une façon générale. Il précise que toute action
qui a pour objet ou effet de fausser, d’empêcher ou de restreindre le libre jeu de
concurrence sur un marché limitant l'accès au marché ou le libre exercice de la
concurrence par d’autres entreprises ; faire obstacle à la formation des prix par
le libre jeu du marché en favorisant artificiellement leur hausse ou leur baisse ;
limiter ou contrôler la production, les débouchés, les investissements ou le
progrès technique ; répartir les marchés, les sources d'approvisionnement ou les
marchés publics. En effet, Les accords peuvent prendre différentes formes
comme les coalitions expresses ou tacites, les conventions et les ententes
prenant toute autre forme ou encore les actions concertées sont caractérisés
anticoncurrentiel11.

Suivant l’article 8 de la loi 104-12 Le législateur marocain dispose que


« les offres de prix sont prohibés ou pratiques de prix de vente aux
consommateurs abusivement bas par rapport aux coûts de production, de
transformation et de commercialisation, dès lors que ces offres ou pratiques ont
pour objet ou peuvent avoir pour effet d’éliminer à terme d’un marché, ou
d’empêcher d’accéder à un marché, une entreprise ou l’un de ses produits ». Par
une approche comparative, le législateur français considère le prix abusivement
bas selon l’article L.420-5 du Code de commerce une pratique
anticoncurrentielle lorsqu’elle a pour objet ou peut avoir pour effet d'évincer ou
d’empêcher d’accéder à un marché des opérateurs, au demeurant compétitifs, ou
l’un de leurs produits ou services.

Le caractère « abusif » suscite des nuances pour en définir ces éléments


constitutifs. L’article 8 de la loi 104-12 en précise deux conditions, soit le fait
que la pratique de la baisse de prix a pour objectif ou pour résultat d’interdire un

11
Article 7 de la loi de la concurrence 104-12

11
concurrent ou ses produits ou services d’accéder au marché d’u domaine
d’activité déterminé.

Alors que le conseil de la concurrence a rendu la décision12 Numéro 06-D-


23 du 26 juillet 2006 qui précise que la qualification de prix abusivement bas
suppose la réunion de trois conditions cumulatives : en premier lieu, le prix en
question doit être un prix de vente au consommateur ; en deuxième lieu, le
niveau de prix proposé doit être insuffisant au regard des coûts de production de
transformation et de commercialisation ; en troisième lieu, le prix pratiqué doit
traduire une volonté d’éviction ou bien comporter une potentialité d’éviction du
concurrent ou du produit concurrent.

Les conditions à réunir pour emporter une qualification de prix


abusivement bas sont identiques à celles qui doivent être réunies pour qu’une
pratique soit qualifiable de prix prédateurs. Dans son avis n° 97-A-18 du 8
juillet 1997, le Conseil de la concurrence a ainsi estimé que :« Les dispositions
envisagées qui définissent le prix abusivement bas par rapport aux coûts de
production, de transformation et de commercialisation s'inscrivent dans la droite
ligne de la jurisprudence communautaire et nationale sur les prix de prédation
»13.

Le Conseil de la concurrence a rappelé que la définition du prix prédateur


telle qu'elle a été donnée par la Cour de justice des Communautés européennes,
dans son arrêt AKZO du 3 juillet 1991, recouvre deux situations : 1La première
condition : les prix inférieurs à la moyenne des coûts variables par lesquels une
entreprise dominante cherche à éliminer un concurrent doivent être considérés
comme abusif. La deuxième condition : les prix inférieurs à la moyenne des
coûts totaux, qui comprennent les coûts fixes et les coûts variables, mais
supérieurs à la moyenne des coûts variables, doivent être considérés comme
12
Prix abusivement bas | economie.gouv.fr
13
https://www.autoritedelaconcurrence.fr/sites/default/files/commitments//97a18.pdf

12
abusifs lorsqu'ils sont fixés dans le cadre d'un plan ayant pour but d'éliminer un
concurrent.14

L’article 9 de la loi 104-12 exclus les pratiques commerciales qui sont


appliqués sur la base d’un texte législatif ou règlementaire ou prouvant que les
actions ont pour effet la contribution au progrès techniques ou économiques
inclus le maintien de l’emploi sans autant limiter le jeu libre de la concurrence.
Dans la même perspective Ne sont également pas soumis aux dispositions des
articles 6 et 7 ci-dessus les accords d’importance mineure qui ne restreignent pas
sensiblement le jeu de la concurrence, en particulier les accords entre petites ou
moyennes entreprises. L’article 10 dispose que tout accords, conventions ou
clause contractuelle relatifs aux pratiques est frappé en conséquence de nullité et
donc vider de son effet juridique. Cette nullité peut être invoqué par les parties
ou des tiers et opposable aux tiers.15

Par exception, la vente à perte est possible dans les sept situations suivantes :
1- Lorsque le commerçant cesse ou change son activité commerciale
entraînant des ventes volontaires ou forcées.
2- Fins de saisons ou entre deux saisons de vente
3- Ses produits sont obsolètes techniquement ou sont des produits démodés
4- l réapprovisionne à la baisse
5- l s’aligne sur un prix plus bas légalement pratiqué dans sa zone
d’activité par les magasins dont les surfaces n’excèdent pas 300 m2 pour les
produits alimentaires et 100 m2 pour les produits non alimentaires.
6- l vend des produits périssables menacés d’une altération rapide.
7- l vend les produits soldés mentionnés à l’article 310-3

Les commerçants sont autorisés à vendre à perte pendant les soldes d’été et
les soldes d’hiver. ais seulement s’ils respectent la réglementation des soldes

14
https://www.lepetitjuriste.fr/wp-content/uploads/2011/06/PT%20Les%20prix%20pr%C3%A9dateurs.pdf
15
Article 9 de la loi de la concurrence 104-12

13
ont désormais fixées par arrêté du ministre chargé de l’économie, pour une
durée allant de 3 à 6 semaines.

On désigne, en droit commercial, « soldes » les ventes au détail effectuées


lors de périodes de l’année au cours desquelles les commerçants sont autorisés à
vendre leurs marchandises en dessous des prix couramment pratiqués pour le
même produit dans leurs commerces. Conformément aux articles L-310-1 à L-
310-7 du code de commerce français toute publicité relative à une opération de
soldes, sous peine d’une amende de 1500 uros, doit mentionner : La date de
début de l’opération et La nature des marchandises soldées, tout ou partie du
stock du magasin.

Il importe de distinguer entre le déstockage et les opérations


promotionnelles, Les opérations de déstockage ne doivent pas mentionner le
terme « soldes ». Elles peuvent avoir lieu à tout moment en dehors des périodes
de soldes. Des points communs persistent entre les deux opérations, qu’il
convient de bien distinguer.

lles ont en commun d’être des ventes accompagnées de publicité qui


annoncent une réduction de prix, à l’écoulement de stocks. L’arrêté du 31
décembre 2008 définit les règles pour annoncer une réduction de prix. Le
commerçant est tenu d’indiquer la date de début de l’opération, en précisant
l’importance des quantités offertes en début de promotion ou d’afficher la
mention « jusqu’à épuisement des stocks ». la différence des soldes qui ont
lieu à des dates précisées par le gouvernement, les opérations promotionnelles
de déstockage peuvent se pratiquer à n’importe quelle période, compris avant
les soldes nationaux, sans déclaration préalable. otez, cependant, que l’article
2-1 de l’arrêté du 31 décembre 2008 énonce que « le prix de référence ne peut
excéder le prix le plus bas effectivement pratiqué par l’annonceur pour un article
ou une prestation similaire… au cours des 30 derniers jours ».

14
Chapitre 2 – Les mesures sanctionnant la vente à bas prix.
Le conseil de la concurrence dispose de la compétence générale d’assurer
le contrôle des pratiques anti-concurrentielles. l peut s’autoriser et être saisi
pour enquêter et prononcer des mesures conservatoires, des astreintes, les
injonctions ou des sanctions pécuniaires. Les enquêteurs habilités et porteurs
d’une lettre de mission, peuvent, sans se voir opposer le secret professionnel,
accéder à tout document ou élément d’information détenu par les
administrations, les établissements publics, les autres personnes morales de droit
public et les collectivités territoriales. Si les faits se justifies de nature pénale, le
conseil de concurrence peut adresser le dossier au procureur de roi près le
tribunal de première instance compétent.

En France, les autorités compétentes pour sanctionner la pratique de la


vente à perte sont L'Autorité de la concurrence et la DGCCRF : Direction
générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des
fraudes, en vertu des dispositions de l’article L.462-5 et L.464-9 du Code de
commerce français.

L’autorité de la concurrence est un organisme indépendant au service de la


compétitivité et du consommateur, l’ utorité de la concurrence est l’arbitre de la
concurrence en France. Son établissement est conditionné par l'instauration de
l'économie de marché, introduite par l'ordonnance du 1er décembre 1986. La fin
des prix administrés et la liberté des acteurs économiques se sont accompagnées
de la mise en place d'une régulation indépendante, absolument nécessaire pour
prévenir, contrôler et, le cas échéant, sanctionner les comportements
anticoncurrentiels et lutte contre les ententes et les abus de position dominante
ainsi que le contrôle des opérations de fusion-acquisition (opérations dites de
"concentration")16.

16
https://www.autoritedelaconcurrence.fr/fr/missions

15
L’article 462-5 du code de commerce français dispose que l'Autorité de la
concurrence peut être saisie par le ministre chargé de l'économie de toute
pratique mentionnée aux articles L. 420-1 à L. 420-2-2 et L. 420-5 ou contraire
aux mesures prises en application de l'article L. 410-3, ou de faits susceptibles
de constituer une telle pratique, ainsi que des manquements aux engagements
pris en application de l'article L. 430-7-1 ou pris en application des décisions de
concentration intervenues avant l'entrée en vigueur de l'ordonnance n° 2008-
1161 du 13 novembre 2008 portant modernisation de la régulation de la
concurrence.

Pour toutes les pratiques mentionnées aux articles L. 420-1 à L. 420-2-2 et


L. 420-5 ou contraires aux mesures prises en application de l'article L. 410-3,
l'Autorité de la concurrence peut être saisie par les entreprises ou, pour toute
affaire qui concerne les intérêts dont ils ont la charge, par les organismes
mentionnés au deuxième alinéa de l'article L. 462-1. Le rapporteur général peut
proposer à l'Autorité de la concurrence de se saisir d'office des pratiques
mentionnées aux I et II et à l'article L. 430-8 ainsi que des manquements aux
engagements pris en application des décisions autorisant des opérations de
concentration intervenues avant l'entrée en vigueur de l'ordonnance n° 2008-
1161 du 13 novembre 2008 portant modernisation de la régulation de la
concurrence. L'Autorité de la concurrence peut être saisie par les régions
d'outre-mer, le Département de Mayotte, les îles Wallis et Futuna, la collectivité
de Saint-Barthélemy, la collectivité de Saint-Martin et la collectivité territoriale
de Saint-Pierre-et-Miquelon de toute pratique mentionnée aux articles L. 420-1 à
L. 420-2-2 et L. 420-5 ou contraire aux mesures prises en application de l'article
L. 410-3, ou de faits susceptibles de constituer une telle pratique, concernant
leur territoire respectif

Le législateur français prévoit une sanction par le fait, pour tout


commerçant, de revendre ou d'annoncer la revente d'un produit en l'état à un prix

16
inférieur à son prix d'achat effectif est puni de 75 000 € d'amende. Cette amende
peut être portée à la moitié des dépenses de publicité dans le cas où une annonce
publicitaire, quel qu'en soit le support, fait état d'un prix inférieur au prix d'achat
effectif. La cessation de l'annonce publicitaire peut être ordonnée dans les
conditions prévues à l'article L. 121-3 du code de la consommation.

Le législateur français suit un raisonnement particulier permettant de


déterminer le prix d'achat effectif. C’est le prix unitaire net figurant sur la
facture d'achat, minoré du montant de l'ensemble des autres avantages financiers
consentis par le vendeur exprimé en pourcentage du prix unitaire net du produit
et majoré des taxes sur le chiffre d'affaires, des taxes spécifiques afférentes à
cette revente et du prix du transport. Les manquements constituent des délits
punis d'amendes (75 000 euros pour la personne physique et 375 000 euros pour
la personne morale)17. La cessation de l'annonce publicitaire peut être ordonnée
par le juge d'instruction ou par le tribunal saisi des poursuites, soit sur
réquisition du ministère public, soit d'office. La mesure ainsi prise est exécutoire
nonobstant toutes voies de recours18.

Des scènes de bousculade et de bagarre dans des supermarché pour du


Nutella en promotion à moins 70 % : les images avaient marqué, début 2018. Il
s’agissait de la revente à perte, a établi la Direction générale de la concurrence,
de la consommation et de la répression des fraudes ( CC F), ce qu’a
également reconnu le groupe de grande distribution. Le supermarché a reconnu
les faits et « a accepté le paiement d’une transaction pénale de
375 000 euros », précise le rapport annuel de la DGCCRF. l s’agit de l’amende
maximale encourue pour une personne morale pour de la revente à perte19.

17
https://www.economie.gouv.fr/dgccrf/Publications/Vie-pratique/Fiches-pratiques/revente-a-perte
18
https://www.legifrance.gouv.fr/codes/article_lc/LEGIARTI000038415488/2020-01-01
19
https://www.lepoint.fr/video/bagarres-pour-du-nutella-en-promotion-dans-des-supermarches-26-01-2018-
2189854_738.php

17
L’ ssemblée nationale a voté, le projet de loi Alimentation, examiné au
Sénat le 25 septembre 2018, qui dispose dans son article 9 de limiter les
promotions des produits de grande consommation, a priori à 34% en valeur et à
25% en volume. C’est donc la fin annoncée des méga-promotions dans la
distribution en France, à l’instar du Nutella vendu avec un rabais de 70% par
Intermarché en hiver 2018.

La compétence : Selon l’article 3 Le conseil de la concurrence peut être


saisi, pour toutes les pratiques anticoncurrentielles Le conseil peut, sur
proposition de son rapporteur général, se saisir d'office de toutes les pratiques
susceptibles d'affecter le libre jeu de la concurrence.

Article 6 de la loi 20-13 relative au conseil de la concurrence Le conseil


peut être consulté par les juridictions sur les pratiques anticoncurrentielles
relevées dans leur affaire dont elles sont saisies. II ne peut donner un avis
qu'après une procédure contradictoire. Toutefois, s'il dispose d'informations déjà
recueillies au cours d'une procédure antérieure concernant la même pratique, ii
peut émettre son avis sans avoir à mettre en œuvre la procédure prévue par ladite
loi. Le cours de la prescription est suspendu, le cas échéant, par la consultation
du conseil. L'avis du conseil peut être publie après le non-lieu ou le jugement.

La procédure prévoit des enquêtes sur le terrain, l’évaluation des coûts de


production et de vente des opérateurs économiques. La durée de la procédure ne
peut être arrêtée à l’avance. Selon le ministre de l’ conomie et des affaires
générales, « elle peut être d’une semaine comme elle peut s’étaler sur trois mois
». L’enquête devrait aboutir, à l’établissement de procès-verbaux qui seront
soumis à l’appréciation de la justice ou bien à une simple décision du Conseil de
la concurrence.

En France, les manquements aux dispositions relatives à la revente à perte


sont des délits punis d'une amende de 75 000 € maximum pour la personne

18
ph sique et de 375 000 € maximum pour la personne morale. Cette amende peut
être portée à la moitié des dépenses de publicité dans le cas où une annonce
publicitaire, quel qu'en soit le support, fait état d'un prix inférieur au prix d'achat
effectif.

La cessation de l'annonce publicitaire peut être ordonnée par le juge


d'instruction ou par le tribunal saisi des poursuites, soit sur réquisition du
ministère public, soit d'office. La mesure ainsi prise est exécutoire nonobstant
toutes voies de recours.

Les personnes morales déclarées pénalement responsables de l'infraction


encourent une peine d'affichage de la décision prononcée ou la diffusion de
celle-ci soit par la presse écrite, soit par tout moyen de communication au public
par voie électronique.

19
Conclusion :
Le prix est le moteur du résultat par excellence. La majorité des théories
économiques de la justice sont des théories de la justice distributive. Qu’engage
pour la science économique ce dépérissement de la notion de justice
commutative. Le commerce équitable fait apparaitre la nécessit d’une réflexion
sur la justice dans l’échange, mais il montre surtout que cette justice doit
prendre la forme d’une justice particulière dans une bonne économie. La justice
dans l’échange ne peut être ni l’ajustement mécanique, ni la justesse, ni l’équité,
ni la compassion : ces notions ne peuvent fonder une théorie de la justice
commutative apte à abriter un commerce équitable. Le commerce équitable
montre que l’idée d’une bonne économie, qui implique la justice dans l’échange,
continue de guider les hommes dans leurs pratiques.

20
BIBLIOGRAPHIE :

OUVRAGES :

( .), égociations commerciales dans les relations to , Larcier


2009.

- O C S ( .) et SS ( .), raité des contrats. Les


contrats de la distribution, LGDJ 1999.

LS (S.), La gratuité en droit privé, thèse, ontpellier 2006.

L S ( - .), roit des affaires, commerçants, concurrence, distribution, 5e


d. L ,L SO édition 2009.

O - S L ( - .), F ( .), ( .), S ( .), roit


de la publicité et de la promotion des ventes, 3ème édition, . 2005.

C ( .), roit de la concurrence et droit commun des obligations, hèse


soutenue le 15 mai 2002 à l’ niversité anthéon- Sorbonne, D. 2004.

COCQ ( .) et COCQ ( .), roit de la concurrence, droit interne et droit


de l’union européenne, L 2008.

F - CC O ( .), roit du marketing, déjouer les pièges juridiques de


la publicité et des actions commerciales, earson ducation, 2008.

O O ( .), roit de la concurrence, Lextenso éditions, 2009.

THESES

LS (S.), La gratuité en droit privé, thèse, ontpellier 2006.

( .), La revente, thèse ontpellier, 1994.

Laetitia (L.), Les prix bas en droit économique, thèse ontpellier ,2010.

WEBLIOGRAPHIE

https://www.maghress.com/fr/financesnews/3925

https://www.e-marketing.fr/Definitions-Glossaire/Vente-238999.htm

https://www.e-marketing.fr/Definitions-Glossaire/Vente-perte-243496.htm

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Table des matières
Introduction ................................................................................................................................ 2
Partie I : la liberté dans le contrat de vente et ses limites ........................................................... 5
CHAPITRE I : Le contrat de vente et ses éléments constitutifs ................................................ 5
Chapitre II : le principe de la liberté de déterminer le prix et ses limites .................................. 6
A ) la liberté des prix .................................................................................................................. 6
B ) les limites de la liberté des prix ............................................................................................ 7
Partie II. La vente à perte face à la loi de la concurrence. .......................................................... 9
Chapitre 1 – La vente au « prix abusivement bas ». .................................................................. 9
Chapitre 2 – Les mesures sanctionnant la vente à bas prix. ..................................................... 15
Conclusion :.............................................................................................................................. 20
BIBLIOGRAPHIE : ................................................................................................................. 21

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