Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
Semestre 3
JARANE RACHID
OUCHRA SAFAE
KANE TARIK
La vente à perte ne doit pas être confondue avec le dumping (de l'anglais to
dump, « se débarrasser »). Ce terme est utilisé dans la pratique économique. En
effet, le dumping ne correspond pas à la pratique d'une vente à perte, il désigne
le comportement d'un vendeur qui pratique des marges très faibles sinon nulles
en vue de conquérir un nouveau marché. L'entreprise espère ainsi chasser un ou
plusieurs concurrents et pouvoir remonter les prix une fois la part de marché
acquise. Cette pratique est souvent exercée par des exportateurs qui veulent
pénétrer de manière offensive de nouveaux marchés, sans dégrader le niveau de
prix sur le marché domestique puisque l'exportateur utilise les fortes marges
qu'il obtient sur le marché domestique pour financer quelque temps l'absence de
marge à l'export.
1
https://www.e-marketing.fr/Definitions-Glossaire/Vente-238999.htm
2
En France, La vente à perte est interdite sauf dans les cas où il s’agit de
produits périssables, de ventes causées par la cessation d’activité ; de vente d’un
produit saisonnier et la saison terminée ; de produits démodés ou obsolètes ; de
vente de produits dont le réapprovisionnement peut être fait dans des conditions
plus intéressantes que celles générant le prix d’origine ; enfin lorsque le
distributeur s’aligne sur les prix d’un concurrent situé dans sa zone de
chalandise. L’article L. 442-2 du Code de commerce modifié par les dispositions
de la loi du 3 janvier 2008 stipule que : « Le fait, pour tout commerçant, de
revendre ou d’annoncer la revente d’un produit en l’état à un prix inférieur à son
prix d’achat effectif est puni de 75 000 euros d’amende.
Cette amende peut être portée à la moitié des dépenses de publicité dans le
cas où une annonce publicitaire, quel qu’en soit le support, fait état d’un prix
inférieur au prix d’achat effectif. La cessation de l’annonce publicitaire peut être
ordonnée dans les conditions prévues à l’article L. 121-3 du Code de la
consommation2.
Même si la flambée actuelle des prix des produits de grande consommation
ne fait nullement penser à la pratique de la vente à perte, le législateur marocain
semble être très vigilant sur ce phénomène difficile à prouver. Le prix d’achat «
effectif » étant une notion faisant sûrement partie du « secret » du monde des
affaires, tout jugement sur la question ne peut que relever du pouvoir
discrétionnaire consenti au juge commercial pour décider que tel ou tel
commerçant, telle personne physique ou telle société, a « revendu ou avait
annoncé la revente d’un produit à un prix inférieur à son prix d’achat effectif ».
2 L. L , n peu de concurrence, beaucoup de droit de la consommation. propos de la loi N°2008-3 du 3 janvier 2008,
3
Le prix d’achat effectif est le prix unitaire net figurant sur la facture
d’achat, minoré du montant de l’ensemble des autres avantages financiers
consentis par le vendeur exprimé en pourcentage du prix unitaire net du produit
et majoré des taxes sur le chiffre d’affaires, des taxes spécifiques afférentes à
cette revente et du prix du transport. Prix d'achat effectif = Prix unitaire net
figurant sur la facture - montant de l'ensemble des avantages financiers consentis
par le vendeur exprimés en pourcentage unitaire du prix de vente du produit +
TVA et taxes spécifiques liées au produit + Prix du transport3.
Comment peut-on alors qualifier une vente d’une vente à perte ? et qu’il est
le fondement juridique qui encadre cette pratique ?
3 . L - L, ransparence tarifaire, négociation contractuelle et liberté des prix au regard de la loi du 1er juillet 1996 sur la
lo auté et l’équilibre des relations commerciales, . 1996, p. 361, 2.
4
Partie I : la liberté dans le contrat de vente et ses limites
Il ressort de cet article4 que, d’une part, la vente peut porter sur une chose
ou sur un droit, qui doivent être admis dans le commerce juridique, déterminés
ou susceptibles de détermination et il doit y avoir un droit sur la chose, total ou
partiel . ’autre part, les éléments constitutifs du contrat de vente sont le transfert
de propriétés (c’est-à-dire que la vente transfère à l’acquéreur la propriété et les
risques de perte) et le paiement du prix, qui est un critère de qualité, une
condition essentielle pour la validité du contrat de vente, objet de l’obligation
principale de l’acheteur et la cause et contrepartie de la délivrance de la chose et
du transfert de propriété.
L'article 1591 du Code civil énonce que « le prix de la vente doit être
déterminé et désigné par les parties ». Mais avant que les parties déterminent le
prix du contrat, celui-ci doit répondre à trois conditions de formes. En effet, le
4
Ressources juridiques et pratiques , Article
5
prix doit être réel, sérieux et licite. De plus, l'absence de prix au contrat de vente
est sanctionnée par le juge.
En France , Les prix des biens,6 produits et des services sont librement
déterminés par les professionnels. Cela découle du principe de la liberté
contractuelle et s'oppose à la réglementation des prix. Ce principe concerne les
biens, services et produits, qu'il s'agisse de produits industriels, artisanaux ou
agricoles, d'activités de service ou de production.
5
La liberté des prix , Oreka Droit , Article
6
6
Les entreprises sont libres de fixer les prix qu'elles souhaitent. En
contrepartie, elles doivent informer les consommateurs. Pour pouvoir faire jouer
pleinement la concurrence, le consommateur doit être informé avant d'acheter.
Actuellement 8ce principe est consacré par l’article 2 de la loi 104-12 sur la
liberté des prix et de la concurrence, l’administration peut intervenir pour fixer
les prix de certains biens, produits ou services dans les situations suivantes :
En France et dans certains cas, les prix peuvent être encadrés (article L.
410-2 alinéas 2 et 3 du Code de commerce) par l'État, dans le but de garantir la
concurrence. Ainsi, dans certains secteurs, les prix sont réglementés afin de
protéger les consommateurs d'une flambée des prix. L'État intervient après avis
de l' utorité de la concurrence en cas d’insuffisance de concurrence due à des
dispositions particulières ou à une situation de monopole.
7
De même, les prix peuvent être contrôlés en cas de circonstances
exceptionnelles entraînant une hausse ou une baisse excessive des prix, pour un
secteur déterminé, pour une durée de 6 mois maximum.
Ces produits qui restent réglementés représentent des biens et services qui
sont considérés comme stratégiques ou socialement sensibles et dont les secteurs
ne présentent pas assez de concurrence par les prix.
8
Partie II. La vente à perte face à la loi de la concurrence.
La vente à perte est une pratique qui consiste à vendre des produits à un
tarif inférieur au coût d’achat ou de production. Les autorités en charge de la
concurrence la jugent déloyale et illicite en portant atteinte au libre jeu de la
concurrence. La vente à perte est à différencier cependant du dumping, même si
la notion est presque identique. Le conseil de la concurrence marocain est
constitué suite à l’article 166 de la constitution 2011. C’est une institution
indépendante chargée, dans le cadre de l’organisation d’une concurrence libre et
lo ale, d’assurer la transparence et l’équité dans les relations économiques,
notamment à travers l’anal se et la régulation de la concurrence sur les marchés,
le contrôle des pratiques anticoncurrentielles, des pratiques commerciales
déloyales et des opérations de concentration économique et de monopole
conformément à la loi 20-13 promulgué par le dahir numéro 1-14-117 du 30
Juin 2014. Le conseil est doté de la personnalité morale et de l’autonomie
financière. Il a un pouvoir décisionnel en matière de lutte contre les pratiques
anticoncurrentielles et de contrôle des opérations de concentration économique,
telles que définies dans la loi relative à la liberté des prix et de la concurrence.
Comment le conseil identifie -t-il la notion de la vente à perte (A) et quelles sont
les sanctions qui y sont alors appliquées (B) en adoptant une approche
comparative entre le loi marocaine et française qui régie la concurrence.
9
dispose que les prix peuvent également être réglementés par l’administration,
toujours après consultation du conseil de la concurrence, notamment quand le
marché est en situation de monopole de droit, soit un soutient accorder à certains
secteurs d’activité par l’administration ou à des entreprises ayant des difficultés
durables d’approvisionnement. La liste des biens, produits et services dont les
prix sont réglementés est défini par arrêté n° 3086.14 du 29 décembre 2014 du
Ministre délégué auprès du chef du gouvernement chargé des affaires générales
et de la gouvernance comme suit : la farine nationale de blé tendre, le sucre, le
tabac manufacturé, l’électricité, l’eau potable, l’assainissement liquide, le gaz
butane, le transport de voyageurs par route, les produits pharmaceutiques, les
actes et services médicaux dans le secteur médical privé, les actes pratiqués par
les sage-femmes, infirmiers et infirmières du secteur privé, les livres scolaires,
les actes des huissiers de justice, les actes hébraïques, les actes des notaires, le
transport urbain de personnes par autobus, le transport par taxis de 1ére et 2ème
catégories, le transport mixte de personnes et finalement les insertions légales,
administratives et judiciaires
9
Article 4 de la loi de la concurrence 104-12.
10
Article 5 de la loi de la concurrence 104-12
10
Le législateur marocain détermine à travers l’article 6 de la loi 104-12 les
pratiques anti-concurrentielles d’une façon générale. Il précise que toute action
qui a pour objet ou effet de fausser, d’empêcher ou de restreindre le libre jeu de
concurrence sur un marché limitant l'accès au marché ou le libre exercice de la
concurrence par d’autres entreprises ; faire obstacle à la formation des prix par
le libre jeu du marché en favorisant artificiellement leur hausse ou leur baisse ;
limiter ou contrôler la production, les débouchés, les investissements ou le
progrès technique ; répartir les marchés, les sources d'approvisionnement ou les
marchés publics. En effet, Les accords peuvent prendre différentes formes
comme les coalitions expresses ou tacites, les conventions et les ententes
prenant toute autre forme ou encore les actions concertées sont caractérisés
anticoncurrentiel11.
11
Article 7 de la loi de la concurrence 104-12
11
concurrent ou ses produits ou services d’accéder au marché d’u domaine
d’activité déterminé.
12
abusifs lorsqu'ils sont fixés dans le cadre d'un plan ayant pour but d'éliminer un
concurrent.14
Par exception, la vente à perte est possible dans les sept situations suivantes :
1- Lorsque le commerçant cesse ou change son activité commerciale
entraînant des ventes volontaires ou forcées.
2- Fins de saisons ou entre deux saisons de vente
3- Ses produits sont obsolètes techniquement ou sont des produits démodés
4- l réapprovisionne à la baisse
5- l s’aligne sur un prix plus bas légalement pratiqué dans sa zone
d’activité par les magasins dont les surfaces n’excèdent pas 300 m2 pour les
produits alimentaires et 100 m2 pour les produits non alimentaires.
6- l vend des produits périssables menacés d’une altération rapide.
7- l vend les produits soldés mentionnés à l’article 310-3
Les commerçants sont autorisés à vendre à perte pendant les soldes d’été et
les soldes d’hiver. ais seulement s’ils respectent la réglementation des soldes
14
https://www.lepetitjuriste.fr/wp-content/uploads/2011/06/PT%20Les%20prix%20pr%C3%A9dateurs.pdf
15
Article 9 de la loi de la concurrence 104-12
13
ont désormais fixées par arrêté du ministre chargé de l’économie, pour une
durée allant de 3 à 6 semaines.
14
Chapitre 2 – Les mesures sanctionnant la vente à bas prix.
Le conseil de la concurrence dispose de la compétence générale d’assurer
le contrôle des pratiques anti-concurrentielles. l peut s’autoriser et être saisi
pour enquêter et prononcer des mesures conservatoires, des astreintes, les
injonctions ou des sanctions pécuniaires. Les enquêteurs habilités et porteurs
d’une lettre de mission, peuvent, sans se voir opposer le secret professionnel,
accéder à tout document ou élément d’information détenu par les
administrations, les établissements publics, les autres personnes morales de droit
public et les collectivités territoriales. Si les faits se justifies de nature pénale, le
conseil de concurrence peut adresser le dossier au procureur de roi près le
tribunal de première instance compétent.
16
https://www.autoritedelaconcurrence.fr/fr/missions
15
L’article 462-5 du code de commerce français dispose que l'Autorité de la
concurrence peut être saisie par le ministre chargé de l'économie de toute
pratique mentionnée aux articles L. 420-1 à L. 420-2-2 et L. 420-5 ou contraire
aux mesures prises en application de l'article L. 410-3, ou de faits susceptibles
de constituer une telle pratique, ainsi que des manquements aux engagements
pris en application de l'article L. 430-7-1 ou pris en application des décisions de
concentration intervenues avant l'entrée en vigueur de l'ordonnance n° 2008-
1161 du 13 novembre 2008 portant modernisation de la régulation de la
concurrence.
16
inférieur à son prix d'achat effectif est puni de 75 000 € d'amende. Cette amende
peut être portée à la moitié des dépenses de publicité dans le cas où une annonce
publicitaire, quel qu'en soit le support, fait état d'un prix inférieur au prix d'achat
effectif. La cessation de l'annonce publicitaire peut être ordonnée dans les
conditions prévues à l'article L. 121-3 du code de la consommation.
17
https://www.economie.gouv.fr/dgccrf/Publications/Vie-pratique/Fiches-pratiques/revente-a-perte
18
https://www.legifrance.gouv.fr/codes/article_lc/LEGIARTI000038415488/2020-01-01
19
https://www.lepoint.fr/video/bagarres-pour-du-nutella-en-promotion-dans-des-supermarches-26-01-2018-
2189854_738.php
17
L’ ssemblée nationale a voté, le projet de loi Alimentation, examiné au
Sénat le 25 septembre 2018, qui dispose dans son article 9 de limiter les
promotions des produits de grande consommation, a priori à 34% en valeur et à
25% en volume. C’est donc la fin annoncée des méga-promotions dans la
distribution en France, à l’instar du Nutella vendu avec un rabais de 70% par
Intermarché en hiver 2018.
18
ph sique et de 375 000 € maximum pour la personne morale. Cette amende peut
être portée à la moitié des dépenses de publicité dans le cas où une annonce
publicitaire, quel qu'en soit le support, fait état d'un prix inférieur au prix d'achat
effectif.
19
Conclusion :
Le prix est le moteur du résultat par excellence. La majorité des théories
économiques de la justice sont des théories de la justice distributive. Qu’engage
pour la science économique ce dépérissement de la notion de justice
commutative. Le commerce équitable fait apparaitre la nécessit d’une réflexion
sur la justice dans l’échange, mais il montre surtout que cette justice doit
prendre la forme d’une justice particulière dans une bonne économie. La justice
dans l’échange ne peut être ni l’ajustement mécanique, ni la justesse, ni l’équité,
ni la compassion : ces notions ne peuvent fonder une théorie de la justice
commutative apte à abriter un commerce équitable. Le commerce équitable
montre que l’idée d’une bonne économie, qui implique la justice dans l’échange,
continue de guider les hommes dans leurs pratiques.
20
BIBLIOGRAPHIE :
OUVRAGES :
THESES
Laetitia (L.), Les prix bas en droit économique, thèse ontpellier ,2010.
WEBLIOGRAPHIE
https://www.maghress.com/fr/financesnews/3925
https://www.e-marketing.fr/Definitions-Glossaire/Vente-238999.htm
https://www.e-marketing.fr/Definitions-Glossaire/Vente-perte-243496.htm
21
Table des matières
Introduction ................................................................................................................................ 2
Partie I : la liberté dans le contrat de vente et ses limites ........................................................... 5
CHAPITRE I : Le contrat de vente et ses éléments constitutifs ................................................ 5
Chapitre II : le principe de la liberté de déterminer le prix et ses limites .................................. 6
A ) la liberté des prix .................................................................................................................. 6
B ) les limites de la liberté des prix ............................................................................................ 7
Partie II. La vente à perte face à la loi de la concurrence. .......................................................... 9
Chapitre 1 – La vente au « prix abusivement bas ». .................................................................. 9
Chapitre 2 – Les mesures sanctionnant la vente à bas prix. ..................................................... 15
Conclusion :.............................................................................................................................. 20
BIBLIOGRAPHIE : ................................................................................................................. 21
22