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REPUBLIQUE DE COTE D’IVOIRE

MINISTERE DE L’ENSEIGNEMENT SUPERIEUR ET DE LA RECHERCHE


SCIENTIFIQUE
UNIVERSITE PELEFORO GON COULIBALY (UPGC)
MASTER I DROIT DES AFFAIRES
ANNEE ACADEMIQUE 2021-2022

DROIT DE LA CONCURRENCE

Chargé de cours : Dr AMOUSSOU Vigny Landry


Assistant, UPGC/KORHOGO
these.amoussou@gmail.com
INTRODUCTION

En matière de concurrence, toutes les entreprises, quelle que soit leur taille, sont
soumises aux mêmes règles du jeu, celle du droit de la concurrence. Il est donc essentiel
que les milliers de PME qui constituent la force vive de notre économie en aient
pleinement connaissance et qu’elles puissent également, le cas échéant, faire valoir leurs
droits, lorsqu’elles s’estiment victimes de pratiques anticoncurrentielles. Sans en avoir
toujours conscience, une PME peut enfreindre le droit de la concurrence ; par exemple, si
elle conclut une entente avec ses concurrents locaux lors d’un appel d’offres, afin de
désigner à l’avance le vainqueur. De même, elle peut avoir imposé à ses distributeurs
agréés le prix de revente de ses produits ou leur avoir interdit de les commercialiser sur
Internet. En cas d’infraction, les PME, comme toute entreprise, s’exposent alors à un
risque de sanctions pécuniaires, dont le montant peut être élevé. Il est donc essentiel
qu’elles aient une parfaite connaissance des règles. L’un des objectifs de ce cours est
précisément de les aider dans cette tâche, alors même qu’elles ne disposent pas toujours
des moyens internes de sensibiliser leurs salariés sur ce sujet.

I- LA NOTION DE CONCURRENCE

La concurrence n’est pas un long fleuve tranquille : c’est une compétition permanente
dans laquelle chaque entreprise tente de se dépasser par rapport à ses concurrents, en lançant
de nouveaux produits, en baissant les coûts et les prix, en inventant de nouveaux modèles
économiques.

II- LES BENEFICES DE LA CONCURRENCE

La concurrence permet d’obtenir des prix compétitifs : La concurrence conduit souvent


à une baisse des prix, chaque entreprise tentant de prendre des parts de marché à ses
concurrents. Elle ne fait pas seulement baisser les prix pour les consommateurs mais aussi
pour les entreprises, qui achètent des produits intermédiaires à un prix avantageux et

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deviennent ainsi plus compétitives. L’impact de la concurrence sur le prix est souvent sous-
estimé : une petite baisse de prix peut sembler anecdotique au niveau d’un seul
consommateur mais lorsque l’on raisonne sur l’ensemble d’une économie, le gain monétaire
peut être considérable. Par ailleurs, la concurrence fait baisser les prix sur tout le marché, les
concurrents ajustant aussi leur prix à la baisse, en réaction à l’entrée d’un nouvel acteur.

La concurrence élargit la taille du marché : Lorsqu’un prix baisse, de nouveaux clients


qui n’achetaient pas auparavant, peuvent accéder au marché : la concurrence démocratise
ainsi l’accès au marché et permet aux entreprises de capter de nouveaux clients.

La concurrence augmente la variété des produits : La concurrence permet également à


des entreprises de se positionner sur des niches du marché, qui n’étaient pas jusqu’ici
exploitées par les concurrents. Elle élargit la gamme des produits disponibles : chaque
client, consommateur comme producteur, peut ainsi trouver un produit plus proche de ce
qu’il recherche. Par exemple, la concurrence internationale dans l’automobile permet à
chaque consommateur de pouvoir choisir le modèle qui lui convient le mieux, parmi un
large éventail de voitures, allant de l’entrée de gamme aux véhicules de luxe.

La concurrence incite à être plus efficace et innovant : La concurrence incite les


entreprises à donner en permanence le meilleur d’elles-mêmes, pour ne pas perdre de parts
de marché au profit de leurs concurrents. La concurrence exerce donc un effet sur la
productivité, qui est le premier levier de croissance économique. Au-delà de la productivité,
la concurrence incite aussi les entreprises à se différencier entre elles, en innovant sous
différentes formes : R&D, marketing, qualité des produits, services, etc.

La concurrence n’est pas l’ennemi de l’emploi :


Une idée répandue est que la concurrence, si elle fait baisser les prix, détruit en contrepartie
l’emploi. La concurrence serait finalement un jeu de dupes : ce que gagnent les
consommateurs serait perdu par les salariés. Pourtant, l’expérience a montré que les mesures
restreignant la concurrence exercent un effet négatif sur l’emploi, comme cela a été observé

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dans le commerce de détail en France. Symétriquement, les secteurs ouverts à la
concurrence, comme le transport aérien de passagers en Europe dans les années 1990, n’ont
pas connu de diminution globale de l’emploi. Ces résultats s’expliquent par le fait que la
concurrence, en faisant baisser les prix, augmente la taille du marché. De plus, les gains de
pouvoir d’achat vont se reporter sur d’autres produits ou dans d’autres secteurs : dans
l’aérien, l’entrée des compagnies low cost a conduit à la création de plus de 100 000 emplois
dans les régions françaises, pour l’essentiel dans le secteur de l’hôtellerie-restauration.

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PREMIERE PARTIE : LA LIBERTE DES PRIX ET DES ECHANGES

CHAPITRE I : LA LIBRE FIXATION DES PRIX

Section I : Le principe de la liberté des prix

Le principe est clair. Les prix des biens, des produits et des services sont librement
déterminés par les professionnels. Cela découle du principe de la liberté contractuelle et
s'oppose à la réglementation des prix. Ce principe concerne les biens, services et produits,
qu'il s'agisse de produits industriels, artisanaux ou agricoles, d'activités de service ou de
production. Ainsi, les entreprises fixent librement leurs prix. Toute discrimination tarifaire
est interdite (les prix doivent être identiques pour des clients qui achètent selon les mêmes
modalités).

Section II : Les limites à la liberté des prix

L'État intervient de 2 manières pour encadrer la liberté des prix. D'une part, il fixe
directement certains prix, d'autre part, il interdit certaines pratiques nuisant à une saine
concurrence. Dans certains cas, les prix peuvent être réglementés par l'État en raison de
situation de monopole ou de dispositions législatives ou réglementaires.

Paragraphe I : La réglementation des prix

Le gouvernement peut réglementer les prix les prix des biens, produits et services de
première nécessité ou de grande consommation (riz, huile, sucre, lait, farine), afin de
protéger les consommateurs d'une flambée des prix. L'État intervient après avis de la
commission de la concurrence et de la lutte contre la vie chère. Sinon, le gouvernement peut

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arrêter, par décret pris en conseil des ministres pour une durée n’excédant pas 6 mois, après
avis de la commission de la concurrence et de la lutte contre la vie chère, des mesures visant
à empêcher des hausses excessives de prix découlant d’une situation exceptionnelle de crise
ou d’une situation de fonctionnement anormale du marché d’un bien ou d’un service.

Paragraphe II : L’interdiction de certaines pratiques nuisant à une saine


concurrence

Le législateur ivoirien s’est intéressé à certaines formes de vente commerciale qui


peuvent nuire aux consommateurs (A). Il en a négligé d’autres, qui pourtant, auraient
mérité son attention (B).

A- Les ventes réglementées

1- La vente à perte

La vente à perte ou plus exactement la revente à perte est une pratique qui consiste à
revendre des produits en l'état, c'est-à-dire sans aucune transformation, à un tarif inférieur au
coût d'acquisition ou au coût de revient. Elle est réglementée en Côte d’Ivoire par l’article
15 de l’ordonnance relative à la concurrence. La revente à perte est interdite comme
pratique illicite et déloyale. Sa pratique pourrait permettre à une entreprise d'évincer un
concurrent en pratiquant dans un premier temps des tarifs ultra-agressifs pour ensuite vendre
le produit à un tarif plus élevé, lui permettant de retrouver un bénéfice, une fois le
concurrent évincé. Six exceptions à cette interdiction sont définies :
- La vente à perte des produits périssables menacés d’altération rapide ;
- La vente à perte des produits dont le commerce présente un caractère saisonnier
marqué ;
- La vente à perte de produits qui ne répondent plus à la demande générale ;
- La vente à perte de produits dont le réapprovisionnement s’est effectué en baisse ;

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- La vente à perte volontaire ou forcée à la suite de cessation ou changement
d’activité ;
- La vente à perte résultant de ventes soldes, liquidations ainsi que des autres
formes de ventes équivalentes.

2- L’imposition de prix

Il est nécessaire de distinguer deux pratiques en matière d’indication de prix de


revente : la pratique consistant à imposer à un distributeur indépendant un prix de revente
fixe ou minimal qui est en principe illicite en vertu du droit des pratiques
anticoncurrentielles et des pratiques restrictives de concurrence, alors que la fixation d’un
prix maximal n’est pas prohibée ;la pratique consistant en revanche, à conseiller à un
distributeur indépendant un prix de revente indicatif fixe ou maximal est en principe licite.

3- Les ventes à prime

La vente avec prime consiste à offrir gratuitement à un consommateur, à l'occasion


d'une vente ou de la réalisation d'une prestation de service (ou d'une offre de vente ou d'une
offre de prestation de service), une prime sous la forme d'un produit, d'un bien ou d'un
service. Cette pratique est interdite (à l’exclusion de celles relatives aux menus objets ou
aux services de faible valeur ainsi qu’aux échantillons). Exemples de ventes avec prime : «
Pour tout achat d'une télévision, le lecteur DVD est offert » ; « Un baladeur offert à tout
acheteur d’un VTT » ; « Recevez un CD pour toute commande passée entre le 10 et le 17
mai ». Cette pratique, qui à première vue ne peut être que favorable au consommateur,
présente en fait l’inconvénient de l’inciter à des achats futiles sans s’intéresser au rapport
qualité-prix. Elle peut également induire des pratiques déloyales de concurrence
préjudiciables au petit commerce.

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4- Le refus de vente et les ventes subordonnées

Le refus de vente est le fait de refuser la vente d’un produit ou la prestation d’un
service à un professionnel ou un consommateur. Cela constitue une infraction qui est
sanctionnée pénalement. Le professionnel peut déroger au principe s’il a un « motif légitime
(comportement insultant du consommateur, etc.). tandis que la vente liée, également appelée
vente subordonnée ou vente conjointe, consiste à proposer ou vendre plusieurs produits dans
un même lot sans proposer ces produits séparément au même prix. Selon les législations,
elle est généralement autorisée sous réserve qu'elle n'entrave pas la concurrence en créant
des monopoles, ni ne représente une pratique commerciale agressive ou visant à tromper le
client.

5- Les ventes par le procédé dit de « la boule de neige »

La vente à la boule de neige est une technique illégale de vente par laquelle on offre
un avantage ou une rémunération à un acheteur. L’intérêt pour le vendeur, est de faire
supporter à l’acheteur ; la fonction de prospection et de présentation de clientèle en
l’alléchant par un appât.

6- Les pratiques de non-respect de la réglementation du commerce extérieur

Sont considérées comme pratique de non-respect de la réglementation du commerce


extérieur : - l'importation, l'exportation ou la réexportation sans titre ou sans déclaration en
douane des biens et produits soumis à ces régimes ; l'importation, l'exportation ou la
réexportation de marchandises en violation de la réglementation sur le contrôle des
marchandises avant expédition ; la détention en vue de la vente ou la distribution à titre
gratuit desdits biens, produits et marchandises ; toute falsification pratiquée sur les
documents d’importation, d’exportation ou de réexportation ; toute forme de cession de titre
d’importation, d’exportation ou de réexportation.

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7- Les ventes sauvages ou paracommercialisme

Les ventes à la sauvette sont des ventes qui sont faites sans autorisation sur le
domaine public (c'est-à-dire sur le trottoir, les chaussées, dans les halles et les marchés,
etc.). Le langage courant parle de ventes à la sauvette ou de ventes sous le manteau. La loi
les qualifie de ventes sauvages. Dans tous les cas, il s’agit de paracommercialisme. Toutes
sortes de marchandises peuvent être vendues à la sauvette : aliments, vêtements et
accessoires, produits d’hygiène et de ménage, jouets, médicaments, pièces détachées
d’automobiles, etc.

B- Les ventes négligées par le législateur

1- Le Social selling

Le social selling s’est largement démocratisé ces dernières années et propose


désormais une multitude de possibilités pour commercialiser les produits des gros
commerçants comme des plus petits. Plusieurs réseaux sociaux ont aujourd’hui cette
capacité. Instagram Shopping, pour ne citer que celui-ci, propose par exemple, un catalogue
pour les e-commerçants et la possibilité de taguer les produits sur les publications.
Instagram n’est, d’ailleurs, pas le seul réseau social à proposer ce type d’option. Toutefois,
c’est, aujourd’hui, le plus complet, TikTok, Snapchat, YouTube ou encore Facebook.

2- La vidéo : nouvelle arme du service client e-commerce

La vidéo s'est largement imposée dans les pratiques du e-commerce : qu'elle soit un
levier marketing ou un outil de choix dans le suivi client, le texte et/ou les photos ont laissé
place à la vidéo, plus personnalisée, plus proche et plus engagée auprès des clients. Que ce
soit pour présenter un produit sur les réseaux sociaux ou créer un live autour de son

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catalogue, se son univers, les pratiques commerciales n'ont jamais été aussi précises et
autant tournées vers ce type de contenu.

3- La vente avec loterie

Les ventes subordonnées et avec prime ainsi que les loteries avec obligation d’achat
ont fait l’objet d’une évolution jurisprudentielle importante ces trois dernières années, sous
l’influence du juge communautaire puis du législateur français. Jusqu’à une date récente,
elles étaient considérées comme illicites par principe. On estimait alors que le danger pour
les consommateurs, attirés par le lot ou la récompense, se sentent contraints d’acheter un
produit ou un service dont ils n’ont pas besoin.

CHAPITRE II : OBLIGATION D'INFORMER LE CONSOMMATEUR

Les entreprises sont libres de fixer les prix qu'elles souhaitent. En contrepartie, elles
doivent informer les consommateurs. Pour pouvoir faire jouer pleinement la concurrence, le
consommateur doit être informé avant d'acheter. Le vendeur a donc l'obligation de fournir
au consommateur, dans ses conditions générales de vente, le barème des prix en FCFA et
TTC, le montant des réductions éventuelles et les conditions de règlement.

Section I : L’information sur le prix

Les prix sont librement déterminés par les professionnels. L'information sur le prix
d'un produit ou d'un service est donc primordiale pour le consommateur qui doit pouvoir
choisir en toute connaissance de cause et sans avoir à le demander. Elle est également
obligatoire. Le professionnel a l’obligation d’informer le consommateur avant la conclusion
du contrat de vente. Il doit être en mesure de connaître le prix qu'il aura à payer sans être
obligé de le demander. Le professionnel peut procéder par voie de marquage, étiquetage,

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affichage ou par tout autre procédé approprié. Le prix affiché doit être lisible soit de
l'extérieur, soit de l'intérieur, selon le lieu où sont exposés les produits.

Section II : Les conditions de vente

Elles constituent le socle unique de la négociation commerciale et peuvent être


différenciées selon les catégories d'acheteurs. Lorsqu'elles sont formalisées, elles doivent
comporter certaines mentions obligatoires. Elles doivent être communiquées à tout acheteur
professionnel qui en fait la demande. Le professionnel doit par exemple informer le
consommateur de tous les frais supplémentaires au prix principal et connus à l’avance : frais
de dossier, frais de transport, frais d’affranchissement, ou tous autres frais contractuels. Si
ces frais supplémentaires ne peuvent être calculés à l’avance, le professionnel doit
néanmoins informer le consommateur de leur existence et de leur exigibilité.

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DEUXIEME PARTIE : LES PRATIQUES ANTICONCURENTIELLES

La concurrence ne s’entretient pas toujours d’elle-même et certaines entreprises


peuvent être tentées d’étouffer la compétition, en s’entendant entre elles ou en abusant de
leur position dominante. Il faut donc des règles du jeu – le droit de la concurrence – et un
arbitre – une autorité de concurrence. La concurrence, ce n’est pas la jungle, ni la loi du plus
fort ; c’est la loi du plus méritant. Le rôle d’une autorité de concurrence est de faire
respecter les règles du jeu.

CHAPITRE I : LES ENTENTES ANTICONCURRENTIELLES

Section I : La définition d’ententes anticoncurrentielles

Une entente est un terme à la connotation plutôt positive, mais dans le cadre du droit
des affaires elle peut revêtir un caractère d’entente anticoncurrentielle. Concrètement il
s’agit d’une action concertée entre plusieurs entreprises visant à fausser ou restreindre le
principe de libre concurrence. En Côte d’Ivoire, cette pratique est prohibée par l’ordonnance
relative à la concurrence et si de tels faits sont avérés d’importantes sanctions financières
peuvent être prononcées. Sur le plan juridique, il est indispensable de bien définir ce qu’est
véritablement une entente anticoncurrentielle. Ainsi, deux filiales appartenant au même
groupe peuvent légalement passer des accords pour s’entendre sur les prix pratiqués.
L’Autorité de la concurrence, autorité administrative indépendante en charge de lutter
contre cette pratique, ne peut dans ce cas intervenir. En revanche, s’il s’agit de deux sociétés
ou entreprises totalement indépendantes l’une de l’autre, l’entente est interdite. A noter que
les ententes portent souvent sur les prix, mais qu’elles peuvent aussi revêtir un caractère
géographique. Des entreprises peuvent ainsi passer un accord pour se répartir des secteurs et
ne pas se faire de concurrence. L’entente illicite peut également concerner la quantité de

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produits en limitant leur nombre pour faire grimper les prix ou les stabiliser à un haut
niveau.

Section II : Exemples d’ententes anticoncurrentielles

En 2015 en France, l’Autorité de la concurrence a dénoncé une entente


anticoncurrentielle qui concernait pas moins de 10 producteurs spécialisés dans les produits
laitiers. Une enquête a ainsi révélé qu’entre les années 2006 et 2012 ces sociétés avaient
communiqué à de nombreuses reprises pour mener une politique tarifaire commune et se
répartir les produits à vendre. Ces producteurs industriels ont été condamnés à une amende
de pas moins de 192,7 millions d’euros. L’année précédente, en 2014, c’est une amende
record de 951,2 millions d’euros qui a été prononcée par l’Autorité de la concurrence à
l’encontre de producteurs spécialisés dans les produits d’hygiène et les lessives. Les faits
reprochés tenaient à une concertation sur les hausses de prix des produits destinés à la
grande distribution entre 2003 et 2006. Un moyen pour ces entreprises de maintenir des prix
élevés qui se sont mécaniquement reportés sur les consommateurs.

CHAPITRE I : L’ABUS DE POSITION DOMINANTE

Section I : La définition de l’abus de position dominante

L’abus de position dominante consiste, pour une entreprise présente sur un marché,
ou un groupe d'entreprises, à adopter un comportement visant à éliminer, à contraindre ou
encore à dissuader tout concurrent d'entrer ou de se maintenir sur ce marché ou un marché
connexe, faussant ainsi la concurrence.

Section II : Les modalités pratiques de l’abus de position dominante

La notion de position dominante n'est pas définie par les textes. Cependant, la
jurisprudence a consacré une définition élaborée : « la position dominante concerne une

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position de puissance économique détenue par une entreprise qui lui donne le pouvoir de
faire obstacle au maintien d'une concurrence effective sur le marché en cause, en lui
fournissant la possibilité de comportements indépendants dans une mesure appréciable vis à
vis de ses concurrents, de ses clients et, finalement, des consommateurs » (CJUE 14 février
1978, United Brands et United Brands Continental BV/Commission, 27/76, point 65).
La position dominante s'entendant sur un marché de produits ou de services
déterminés, l'appréciation d'une telle position passe inévitablement par une définition
préalable du marché pertinent, lequel se définit « comme le lieu théorique où se rencontrent
l'offre et la demande de produits ou de services qui sont considérés par les acheteurs ou les
utilisateurs comme substituables entre eux mais non substituables aux autres biens ou
services offerts » (Paris, 17 juin 1992: RJDA 1992, no 843).
Le simple constat de la forte part de marché d'une entreprise ne permet pas de
conclure à lui seul à l'existence d'une position dominante. En revanche, si l'entreprise
concernée dispose d'une avance technologique telle qu'elle lui permet d'augmenter ses prix
sans craindre une érosion de sa clientèle, cette entreprise peut être considérée comme étant
en position dominante. Il en va de même d'une entreprise qui détient des marques d'une très
forte notoriété auprès des consommateurs, au point que les distributeurs ne peuvent se
passer de ces marques.

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TROISIEME PARTIE : LES INSTRUMENTS DE LA POLITIQUE DE
CONCURRENCE

La politique de la concurrence dispose de différents outils pour prévenir et réprimer


les pratiques anticoncurrentielles.

CHAPITRE I : LA COMMISSION DE LA CONCURRENCE ET DE LA


LUTTE CONTRE LA VIE CHERE

Section I : Le Conseil National de Lutte contre la vie chère

Créé par le décret N° 2017-410 du 21 juin 2017, le Conseil National de Lutte contre
la vie chère est notamment chargée d’assurer une veille permanente sur les prix des produits
de grande consommation. Il a été créé par le gouvernement en vue de renforcer son
dispositif de lutte contre la vie chère par une structure spécifique dédiée à cette question
sensible. C’est en fait une structure qui se présente comme un cadre permanent d’échanges
entre le secteur public et le secteur privé, entre les opérateurs économiques et le
gouvernement, entre les syndicats, les associations de consommateurs et le gouvernement.
Le Conseil est présidé par le Premier Ministre avec comme Vice-président, le Ministre du
Commerce. Le secrétariat exécutif est placé sous la tutelle technique du ministère du
Commerce, de l’artisanat et de la promotion des PME. Tous les ministères et toutes les
structures publiques et privées qui ont un impact sur la consommation des ivoiriens, sont
membres de ce Conseil.
Le CNLVC est chargé de la coordination et du suivi de la mise œuvre des stratégies
de lutte contre la vie chère du Gouvernement. A ce titre, il est chargé :
- De faire des recommandations au Gouvernement sur toutes les questions relatives
à la hausse des prix et à l’approvisionnement du marché en produits de grande
consommation en général et des produits de première nécessité en particulier ;

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- De veiller à la mise en œuvre effective des mesures prises par le Gouvernement
dans le cadre de la lutte contre la cherté de la vie ;
- D’assurer une veille permanente sur les prix des produits de grande consommation
ainsi que sur leur disponibilité sur toute l’étendue du territoire national ;
- D’assurer le suivi du respect des accords signés entre le Gouvernement et les
opérateurs économiques dans le cadre de la lutte contre la vie chère ;
- De proposer des réponses aux revendications sociales émanant des centrales
syndicales et des associations de consommateurs liées à la flambée des prix des
produits de première nécessité ;
- De recueillir les propositions émanant des acteurs des différents secteurs.
Le CNLVC peut également être saisi par le Gouvernement de toute question afférente
à la lutte contre la cherté de la vie dans tous les domaines.

Section II : La nouvelle Commission de la Concurrence

Installée officiellement le 25 mai 2018, la nouvelle Commission de la Concurrence


constitue un point de progrès important dans la mise en œuvre de la matrice d’actions de
lutte contre la cherté de la vie, adoptée en conseil des ministres, le 31 mai 2017. La mise en
place de cette commission vient en appui au Conseil National de Lutte contre la Vie Chère
(CNLVC) créé en 2017 dans le cadre de la politique de réduction de cherté de la vie,
engagée par le gouvernement ivoirien (voir entre autres, les dispositions de l’ordonnance
relative à la concurrence notamment en ses articles 8 et 9). Cette politique, a expliqué le
gouvernement ivoirien, a eu pour effet, entre autres, l’augmentation du Salaire minimum
interprofessionnel garanti (SMIG), la revalorisation des salaires, l’instauration d’un
dispositif de contrôle des prix des produits de première consommation et la restructuration
de l’Office d’aide à la Commercialisation des Produits vivriers (OCPV).

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CHAPITRE II : LES SANCTIONS EN CAS DE PRATIQUES
ANTICONCURRENTIELLES

Section I : La pénalisation des pratiques anticoncurrentielles

La pénalisation des pratiques anticoncurrentielles n’est ni universelle, ni uniforme.


Elle peut, comme pour la Commission européenne, être absente de l’arsenal des sanctions
encourues ou au contraire, comme aux Etats-Unis, y occuper une place prépondérante. Elle
peut n’être que partielle, certaines infractions en étant passibles et d’autres non. Enfin, au
cas où des sanctions pénales sont prévues, elles peuvent différer dans leur nature et leur
ampleur, certains Etats disposant d’un éventail quasi-complet de sanctions, allant de
l’emprisonnement à l’amende en passant par des interdictions d’exercer des fonctions de
direction et des confiscations, d’autres se limitant aux peines d’emprisonnement et/ou
d’amende.

Section II : La pénalisation des pratiques anticoncurrentielles

Si une entreprise est victime de concurrence déloyale par exemple (par l’imitation : il
s’agit de créer une confusion dans l’esprit de la clientèle en copiant son concurrent ; par
parasitisme : le but est ici de se placer dans le sillage d’un concurrent et de profiter de son
travail, sans pour autant le copier ; par dénigrement : il s’agit de jeter le discrédit sur une
entreprise en critiquant ses produits ou services ou par la désorganisation : cette catégorie
regroupe les actes dont le but est de porter atteinte au bon fonctionnement de l’entreprise. Il
peut s’agir par exemple d’un débauchage massif de salariés) elle peut assigner le coupable
des agissements litigieux devant le tribunal compétent. En fonction de votre situation, il
pourra s’agir du tribunal de commerce ou du tribunal judiciaire. Si elle parvient à faire
valoir ses droits, l’entreprise pourra obtenir du juge qu’il ordonne sous astreinte la cessation
des actes de concurrence déloyale. Elle pourra également obtenir des dommages et intérêts
afin de réparer votre préjudice. Enfin, l’entreprise peut toujours demander la publication de
la décision. Cela permettra de rétablir sa réputation aux yeux de votre clientèle.

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