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Droit Commercial 2

L’entreprise et ses concurrents

Niveau : 3IFA
Polycopié 2

Professeure : Rym CHERKAOUI


I- Les concentrations d’entreprises:
La concentration d’entreprises est un accord/ entente conclu entre deux ou plusieurs
entreprises. Le concentration des entreprises se réalise par la fusion quand deux sociétés se
réunissent pour former une seule. Elle se réalise également par l’achat de la majorité des
actions des entreprises.
On distingue entre:
La concentration horizontale: il s’agit de la réunion de plusieurs entreprises tout à fait
indépendantes en une seule entreprise, elles perdent leur autonomie au profit d’une
exploitation unifiée. C’est la concentration de l’exploitation connue sous le nom des cartels.
Ce groupement permet en effet de monopoliser le marché, et de profiter des avantages du
monopole par le contrôle des fournisseurs, en amont, et celui de la distribution en aval. Ex:
Facebook a acquis WhatsApp et Instagram.
La concentration Verticale: elle se concrétise par l’acquisition des entreprises qui exploitent
la fabrication des matières premières, et d’autres qui assurent la distribution. Par exemple,
Michelin possède des plantations d’hévéa au Brésil pour produire du caoutchouc et fabriquer
ses pneus.
Conglomérale: c’est quand deux sociétés appartenant à deux secteurs différents fusionnent,
à titre d’exemple: une entreprise dans l’agroalimentaire achète une entreprise qui œuvre
dans l’hôtellerie.
La concentration des entreprises a des enjeux et des objectifs bien importants, dont le plus
important est d’agrandir la taille de l ’entreprise afin de faire face à la concurrence.
L’ouverture sur des nouveaux marchés surtout ceux étrangers, la diversification des secteurs
d’activités pour se prémunir des risques de perte, et l’accès aux matières premières plus
facilement, sont aussi des objectifs de la concentration des entreprises.
Enfin, la concentration des entreprises contribuent à la croissance des entreprises et les
habilitent à mieux résister à la concurrence. Plus la taille de l’entreprise est grande, plus elle
est puissante et domine le marché de la concurrence.
1- Les Pratiques anti-concurrentielles:
La loi 104-12 relative à la liberté des prix et de la concurrence, interdit les pratiques anti-
concurrentielles. La refonte de la loi sur la concurrence a élargi les compétences du conseil de
la concurrence, en le dotant d’un pouvoir décisionnel et de sanction. Cet organe, auparavant
consultatif, est tenu de prévenir toute pratique de concurrence déloyale.
Dans le but de protéger le marché contre tout forme d’abus, le droit de la concurrence prohibe
un certain nombre de pratiques néfastes ayant pour effet de restreindre la concurrence dont
on peut citer:
A- L’entente:
C’est un accord conclu entre deux entreprises ( fournisseurs et distributeurs) de limiter, de
fausser le jeu de la concurrence. Qu’elle soit expresse ou tacite, l’entente peut engendrer des
effets graves sur la marché comme la fixation de prix d’achat ou de vente. Restreindre la
production est aussi nocif pour le marché et peut l’impacter négativement. Cependant,
l’entente doit revêtir un objet ou un effet anti- concurrentiel pour qu’elle soit interdite. Le lien
de causalité doit être obligatoirement établi entre l’entente et le restriction de la concurrence.
Article 12 : Les entreprises sont tenues de notifier au Premier ministre tout projet de
concentration dans les conditions prévues au 2e alinéa de l'article 10. La notification peut être
assortie d'engagements. Le silence gardé pendant deux (2) mois vaut acceptation tacite du
projet de concentration, ainsi que des engagements qui y sont joints le cas échéant. Ce délai
est porté à six (6) mois si le Premier ministre saisit le Conseil de la concurrence. Cette
disposition ne concerne que les entreprises influentes sur le marché économique
La loi sur la liberté des prix et de la concurrence exige la réunion de plusieurs éléments afin
que l’entente soit anti-concurrentielle:
Il faut qu’il y ait une forme d’accord ou de pratiques concertées entre des entreprises , dont
l’objet ou l’effet est de restreindre, d’empêcher ou de fausser le libre jeu de la concurrence ;
Et si cet accord est susceptible d’affecter un marché au Maroc.
B- L’abus de position dominante:
l’entreprise la plus forte économiquement domine le marché et empêche par conséquent, le
maintien de la concurrence effective sur le marché.
Cependant, on ne peut sanctionner le simple fait d’être dans une position dominante, mais le
fait d’en abuser et de compromettre la concurrence loyale. L’article 7 précise que les
comportements suivants sont considérés comme étant des abus, il s’agit de:

• Refus de vente
• Ventes liées
• Conditions de vente discriminatoires
• Imposer directement ou indirectement un caractère minimal au prix de revente d’un
produit ou d’un bien, au prix d’une prestation de service ou à une marge commerciale.
C- Prix abusivement bas:
En vertu du dernier alinéa de l’article 7 de la loi sur la liberté des prix et de la concurrence «
L'abus peut consister aussi en offres de prix ou pratiques de prix de vente aux consommateurs
abusivement bas par rapport aux coûts de production, de transformation et de
commercialisation, dès lors que ces offres ou pratiques ont pour objet ou peuvent avoir pour
effet d'éliminer un marché, ou d'empêcher d'accéder à un marché, une entreprise ou l'un de
ses produits. »
Les auteurs peuvent justifier que les actions prévues dans les articles 6et 7, de la présente loi,
ont pour but essentiellement de contribuer au progrès économique, et ne portent
aucunement atteinte à la concurrence.
2- la Concurrence déloyale:
Afin qu’une pratique soit considérée comme étant une concurrence déloyale, il faut tout
d’abord qu’elle soit d’abord qualifiée de concurrence, ensuite elle doit revêtir un caractère
déloyale.
L’intervention de la malhonnêteté volontaire en vue de créer de la compétition est suffisante
pour dire que l’on est face à une concurrence déloyale. C’est ainsi que l’imitation des produits
d'un concurrent, désorganisation de l'entreprise rivale, sont considérées comme étant des
actes constitutifs de la concurrence déloyale.
Le caractère déloyale est à rechercher au niveau de l’intention de l’auteur de la pratique
considérée comme déloyale.
La concurrence déloyale produit des effets nuisibles sur les entreprises rivales, contrairement
aux pratiques anti-concurrentielles qui touchent le marché de la concurrence sans cibler une
entreprise ou une marque précise.
La concurrence déloyale peut faire l’objet d’une poursuite pénale, alors que les pratiques
anticoncurrentielles sont sanctionnées par le conseil de la concurrence dont les sanctions ne
dépassent pas les amendes, les injonctions et les engagements.
On distingue quatre types d’actes constitutifs de concurrence déloyale:

• La confusion: résulte des similitudes qui existent entre deux marques, ou deux
entreprises rivales , dont l’objectif est d’inciter le client moyennement averti à ne pas
faire la distinction entre les deux produits.
• Le dénigrement: se réalise par une critique non fondée d’un produit, d’une personne
ou d’un bien. Le dénigrement peut s’utiliser lors d’une publicité afin de nuire à la
réputation d’un produit ou d’une entreprise rivale/ ex: produits de lessive.
• La désorganisation de l’entreprise: la concurrence déloyale provoque le plus souvent
des déséquilibres au niveau des entreprises et du marché de la concurrence de
manière globale.
• Le parasitisme: survient quand un intervenant profite des efforts et des progrès de son
concurrent, afin de lui limiter ses profits, et d’accéder à sa clientèle. On parle dans ce
contexte de de concurrence parasitaire.
La concurrence déloyale est prévue par l’article 84 du D.O.C, qui dresse une liste de
comportement considérés comme déloyaux, sans qu’elle soit limitative, il cite« le fait d'user
d'un nom ou d'une marque à peu près similaire à ceux appartenant légalement à une maison
ou fabrique déjà connue»
La loi sur la propriété industrielle, a considéré, à son tour un ensemble d’agissements comme
rentrant dans le cadre de la concurrence déloyale, qu’on peut résumer comme suit:
• La confusion
• Les fausses allégations ou dénigrement
• Les indications ou allégations dont l'usage dans l'exercice du commerce est susceptible
d'induire le public en erreur sur la nature, le mode de fabrication, les caractéristiques,
l'aptitude à l'emploi ou la quantité des marchandises.
Enfin, la concurrence déloyale est considérée par le D.O.C comme des comportements
délictuels, et dont les sanctions varieront selon la faute, le dommage et le lien de causalité
entre les deux
3- Les pratiques restrictives de la concurrence:
Toujours dans le cadre du respect de l’égalité des chances, de la bonne marche des marchés,
et de la transparence, la loi 104-12 exige des obligations, et interdit en outre certaines
pratiques:

• Obligation de présentation de facture avec les mentions obligatoires dans les relations
entre professionnels ;
• Obligation de présentation du barème de prix et ses conditions de vente ;
• Interdiction de d’imposition d’un caractère minimal au prix de revente d'un bien ou
d'un produit, au prix d'une prestation de service ou à une marge commerciale ;
• Interdiction de pratique de conditions de vente discriminatoires non justifiées ;
• Interdiction du refus de vente et de la vente conditionnée ;
• Obligation de passage par les marchés de gros de fruits et légumes et de poisson.
La loi sur la protection des consommateurs renforce en effet le dispositif en matière de
pratiques restrictives par l’interdiction de certains comportements abusifs comme le défaut
d’information sur les prix et les conditions de vente ; le refus de délivrance de facture ou ticket
de caisse.
Les services administratifs veillent en effet aux respects et contrôle du marché de la
concurrence, et d’en constater toutes les infractions constituant ainsi des pratiques
restrictives. Le contrôle des prix est effectué par le corps de contrôleurs des prix rattaché au
Ministère de l’Intérieur.
Les sanctions appliquées à l’encontre de ces pratiques sont essentiellement d’ordre
pécuniaire, et varient selon l’ordre de la gravité , et des préjudices subis par le marché ou par
les opérateurs ainsi que les circonstances qui les justifient : mauvaise foi, récidive.

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