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CEJM – Thème 2 – La régulation de l’activité économique

DROIT
Q5– Comment les activités économiques sont-elles régulées par le droit ?
SYNTHESE

Compétences Savoirs associés


- Repérer les enjeux de la - Le rôle du droit dans la régulation
concurrence et du droit de la - Le rôle des autorités administratives indépendantes
propriété industrielle pour - Le droit de la concurrence
l’entreprise
- Le droit de la propriété industrielle : brevet et marque

I. Le fondement de la régulation économique par le droit

A. Le principe de la libre concurrence

La libre concurrence est la possibilité de faire libre concurrence aux autres entreprises sur un marché
et de capter leur clientèle.
Ce principe est au cœur des économies de marché et doit être régulé et protégé pour maintenir une
situation économique équilibrée dans l’intérêt du consommateur final et des entreprises. Le droit
veille alors au bon fonctionnement du marché et à l’équilibre des relations commerciales entre les
agents économiques.
Cette liberté est garantie au niveau européen (article 3 du Traité de Rome) et au niveau national par le
décret d’Allarde, qui consacre la liberté du commerce et de l’industrie.

Toutefois la libre concurrence peut conduire à des abus, faussant ainsi le libre jeu du marché. Ces abus
sont contrôlés et sanctionnés. En effet, l’ordre public économique vise à assurer le bon
fonctionnement du marché. Il prévoit des limitations qui peuvent être justifiées par un ordre public de
direction (orienter l’économie) ou un ordre public de protection (protéger des catégories de
personnes, par exemple les consommateurs).

B. Les différents niveaux de régulation du marché

a. Régulation en droit français


Les autorités administratives indépendantes (AAI) sont des institutions de l’État chargées d’assurer la
régulation de secteurs considérés comme essentiels (les télécommunications, les marchés
financiers…) et pour lesquels le Gouvernement veut éviter d’intervenir directement.
- Autorité : elles disposent d’un certain nombre de pouvoirs (recommandation, décision,
réglementation, sanction).
- Administrative : elles agissent au nom de l’État et certaines compétences dévolues à
l’administration leur sont déléguées (ex : le pouvoir réglementaire)

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- Indépendante : elles sont indépendantes des secteurs contrôlés et des pouvoirs publics. Elles
ne peuvent donc pas recevoir de pression et peuvent remplir objectivement leur mission.
Ils existent de nombreuses AAI comme l’Autorité de la concurrence (ADLC), l’Autorité des marchés
financiers (AMF), la Commission nationale informatique et liberté (CNIL)…

L’autorité de la concurrence garantit une concurrence libre et non faussée sur les marchés. Elle
réprime les ententes, les abus de position dominante. Elle peut aussi autoriser les concentrations
d’entreprises. Elle rend des avis sur diverses questions de concurrence.
Pour intervenir, l’Autorité de la concurrence peut être saisie par un plaignant, ou se saisir elle-même.
Elle mène l’instruction de manière indépendante. Elle peut prononcer des injonctions, infliger des
sanctions pécuniaires.

b. Régulation en droit européen


Au niveau européen, c’est la Commission européenne qui est chargée de garantir le respect des règles
du marché et une concurrence loyale. Elle a deux missions : faire des propositions de règles
européennes et veiller à leur bonne application par les États. Elle met en œuvre les politiques de l’UE
et dispose de pouvoirs importants pour assurer ses missions notamment dans le respect des règles de
la concurrence.

Enfin, on peut noter que les deux institutions que sont l’Autorité de la Concurrence et la Commission
Européenne sont complémentaires car elles agissent sur leur territoire mais surtout elles peuvent
coopérer pour permettre que s’instaure une concurrence saine et loyale sur les marchés.

II. Le droit de la concurrence

C’est l’ensemble des lois et des règlements visant à garantir le maintien d’une concurrence saine et
loyale entre les acteurs économiques et à lutter contre les pratiques anticoncurrentielles et déloyales.

A. Les pratiques anticoncurrentielles

Deux types de pratiques anticoncurrentielles sont proscrites :


- L’entente illicite
L’entente illicite est un accord ou une action concertée qui a pour objet ou peut avoir pour effet
d’empêcher, de restreindre ou de fausser le jeu de la concurrence sur un marché de produits ou de
services déterminé. L’entente est illicite si elle est défavorable au consommateur.
Ex : entente sur la fixation des prix
- L’abus de position dominante
Détenir une position dominante (part de marché conséquente) sur un marché est une situation
normale. Cependant, certaines entreprises peuvent profiter de cette position pour éliminer leurs
concurrents, avec le risque qu’elles se retrouvent dans une situation de monopole. Elles faussent alors
le jeu de la concurrence.

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Pour éviter ces situations qui freinent le développement des entreprises, le droit de l’Union
européenne et le code du commerce sanctionnent ces pratiques. La victime d’un comportement anti
concurrentiel peut se tourner vers le juge civil pour obtenir réparation de son préjudice (dommages et
intérêts).

B. Les pratiques déloyales

La concurrence entre entreprises d’un même marché est une situation normale. Pour que la
concurrence reste loyale, les entreprises doivent utiliser des techniques non contraires aux usages du
commerce et aux lois relatives aux activités commerciales.
Or certaines entreprises ont recours à des moyens déloyaux, c’est-à-dire à des pratiques abusives pour
récupérer les clients de leurs concurrents, ce qui tend à restreindre ou fausser le jeu normal de la
concurrence. On distingue 4 pratiques sanctionnables :
- Le dénigrement : consiste à discréditer publiquement les produits, l’activité ou les
représentants d’une entreprise concurrente. Les critiques peuvent être fondées, mais elles sont
péjoratives et excessives.
- L’imitation : consiste à utiliser déloyalement des signes distinctifs d’un concurrent ou d’un
produit pour créer une confusion avec lui et capter sa clientèle.
- La désorganisation : consiste à désorganiser en interne un concurrent.
Ex : débauchage de salariés avec divulgation des secrets de l’entreprise.
- Le parasitisme : consiste à se glisser dans le sillage économique d’une entreprise pour profiter
de ses efforts commerciaux, de sa réputation, de sa notoriété ou de ses investissements réalisés.

Une entreprise victime d’une telle pratique entraînant des préjudices (une perte de chiffre d’affaires
par exemple), peut agir juridiquement. Si l’existence d’une faute et du lien de causalité entre la faute
et le préjudice subi est établi, alors le juge prononcera une sanction pour réparer le préjudice et exiger
la cessation de cette pratique.

III. Le droit de la propriété industrielle

Le droit de la propriété industrielle vise à protéger les entreprises dans leurs innovations (brevet) et
leurs signes distinctifs (marque). Il fait alors l’objet de protections judiciaires pour que les entreprises
maintiennent leur avantage concurrentiel et soit encourager à innover.

A) Le brevet

Les entreprises, placées dans une situation de concurrence importante, cherchent à se démarquer des
concurrents. L’innovation est au cœur des stratégies de nombreuses entreprises. Cependant,
l’innovation peut être copiée et les bénéfices recherchés moindres. Le droit de la propriété industrielle
offre aux entreprises la possibilité de protéger les fruits de leur recherche par le biais du brevet.

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Au sens de la propriété industrielle, le brevet protège une invention technique, c’est-à-dire un produit
ou un procédé qui apporte une nouvelle solution technique à un problème technique donné.
Ce titre de propriété industrielle confère à son propriétaire l’exclusivité de l’exploitation de son
procédé. Le brevet offre à son titulaire un monopole d’exploitation pendant 20 ans, moyennant des
redevances annuelles.
Le droit, d’un côté, vise à favoriser la concurrence par le biais de droit de la concurrence et de l’autre
favorise le progrès par le biais du droit de la propriété industrielle.

B) La marque

La marque, comme le brevet, permet de se démarquer des concurrents. Il s’agit d’un signe distinctif
qui permet au consommateur de différencier le produit d’une entreprise de ceux des entreprises
concurrentes. Elle peut être matérialisée par un nom propre, un mot, une expression ou un symbole
visuel afin d’être un repère pour le consommateur.
Le code de la propriété intellectuelle prévoit des conditions pour protéger la marque :
Ø La marque doit être distinctive : elle ne doit pas décrire le produit de façon usuelle, ou être
liée trop fortement à la nature du produit ;
Ø Elle doit être non contraire à l’ordre public ;
Ø Elle doit être non déceptive : elle ne doit pas tromper le consommateur en évoquant une
caractéristique que le produit n’a pas ;
Ø Elle doit être libre : elle doit être disponible.
Si ces conditions sont respectées, le droit lui offre une protection pendant 10 ans renouvelable
indéfiniment. Le propriétaire de la marque bénéficie d’un droit de propriété intellectuelle qu’il peut
opposer aux concurrents.

C) La procédure pour déposer un brevet ou une marque

Pour déposer et protéger un brevet, trois conditions sont nécessaires :


– la nouveauté ;
– l'invention
– l’application industrielle
Pour déposer et protéger une marque, un seul critère est requis :
- le caractère distinctif du signe choisi

La marque et le brevet doivent être déposés :


– à l’INPI (Institut national de la propriété intellectuelle) pour être protégé au niveau du
territoire français ;
– à l’OHMI (Office de l’Harmonisation dans le marché Intérieur) pour avoir une protection des
marques sur le plan européen et l’OEB (Office Européen des Brevets) pour protéger les
brevets

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D) La protection de la marque et du brevet

La contrefaçon est un moyen par lequel le contrefacteur crée une confusion entre le produit original
et le produit contrefait. En cas d’atteinte portée au droit du propriétaire d’une marque ou d’un brevet,
l’auteur de la contrefaçon engage sa responsabilité civile en cas de préjudice subi par la victime et sa
responsabilité pénale (amende et/ou emprisonnement).

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