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Cours de Droit commercial

Pr. R. BENMANSOUR

Eco-gestion S.4
Définition de la notion de droit Commercial

 C’est une matière de droit privé


 Règlemente le statut des commerçants
 Et régie les relations qu’ils peuvent effectuer ensemble.
 Et plus généralement il réglemente la vie des affaires
 Le droit commercial recouvre et recoupe de nombreux
domaines juridiques( droit des commerçants personnes
physiques, des sociétés commerciales , de la concurrence,
fiscal…)
 Ces domaines évoluent en permanence et de plus en plus
rapidement. Le droit commercial est ainsi en perpétuelle
mutation.
Introduction (suite)

 L’objectif du cours consiste à démontrer le


rapport étroit entre l’ entreprise commerciale et
le Droit.
 à expliquer comment certaines règles de Droit
commercial vont inscrire l’entreprise dans une
dynamique constante et lui assurer les outils
pour assurer son expansion
I- Ses caractères

 L’activité commerciale suppose rapidité et sécurité.


Les entreprises sont en quête permanente de clients.
elles doivent être plus réactives que leur concurrents.
 or rapidité ne va pas de pair avec la sécurité.
 La loi a réagi en créant des mécanismes pour
sécuriser l’activité économique des entreprises.
 I- le particularisme du droit commercial
1) la liberté de la preuve
La preuve joue un rôle majeur dans le règlement
des litiges.
 En matière civile elle est encadrée par la loi qui

exige un écrit pour toutes les affaires


supérieures à10.000 DH (1500 € en France).
 En matière commerciale en raison du
caractère multiple des transactions, elle est
libre.
Tous les moyens de preuve sont valables entre
commerçants, la loi ne prévoit aucun
parallélisme entre les modes de preuve, un écrit
peut être invalidé par un simple témoignage.
2) les tribunaux de commerce (TC)
2)

 Ce sont des juridictions qui traitent exclusivement


des litiges entre commerçants à l’occasion de
l’exercice de leurs activités commerciales.
 En France, ce sont des juridictions qui siègent dans
un collège composé de commerçants choisis par
leurs pairs. Au Maroc les audiences sont tenues par
des magistrats de carrière.
3)l’arbitrage
 En matière commerciale les litiges sont fréquents et leur solution
doit se faire rapidement sinon ils perdraient beaucoup de leur
intérêt.
 Les commerçants peuvent décider de recourir à l’arbitrage au
moment de la rédaction de leurs contrats. Il s’agirait alors d’une
clause compromissoire, sinon rien n’empêche les parties de choisir
ultérieurement le recours à l’arbitrage.
 les avantages de l’arbitrage sont:

La rapidité, la technicité et la confidentialité


4) la solidarité

 C’est une garantie qui sécurise les échanges


commerciaux.
 Elle suppose que plusieurs personnes sont
codébiteurs d’un créancier commun pour une
opération qu’ils ont conclue ensemble.
 A l’échéance si le créancier n’a pas été payé, il
pourra exiger le paiement intégral de sa créance
au plus solvable parmi ses codébiteurs. Ce dernier
devra honorer toute la dette et se retourner contre
ses partenaires pour se faire rembourser.
La solidarité( suite)

 Elle évite le fractionnement des recours


 Et évite au créancier de devoir subir l’insolvabilité de certains des
codébiteurs, parce qu‘il aura choisi le plus solvable.
 Pour ces raisons, la solidarité est présumée entre commerçants
codébiteurs.
 En matière civile la solidarité ne se présume pas, mais peut
néanmoins être convenue entre les parties dans un contrat. Ces
derniers deviendraient alors tenus conjointement et solidairement.
4) Le silence comme source d’obligation

 En raison de la rapidité et de la multiplicité des


opération commerciales.
 Le commerçant ayant reçu une marchandise et
sa facture, son silence vaudra acceptation.
 En doit civil, l’acceptation doit être manifestée
et peut être expresse ou tacite.
II- L’environnement socio-économique de l’entreprise
commerciale : la liberté d’entreprendre

 La liberté du commerce et de l’industrie forment des


principes fondamentaux en droit commercial
 Proclamé par la loi du 2-17 Mars 1791et confirmé par la loi
LECHAPELIER de Juin 1791 mettant ainsi un terme au
régime des corporations
 C’est un principe ayant valeur constitutionnelle au
Maroc( art. 35 de la constitution de 2011) , il présente 3
facettes
La liberté d’entreprendre: première facette

 1- La liberté d’entreprendre et d’innover qui permet à un


commerçant de s’établir dans tout domaine d’activité qu’il
souhaite et lui permet:
 - Le libre choix des produits et des services qu’il entend
créer et mettre sur le marché
 - Le choix de la structure juridique de l’entreprise
 - Et de son lieu d’implantation
.cependant quelques restrictions peuvent être prévues par la
loi ou convenues entre les parties.
La liberté d’entreprendre : deuxième facette

 2- La liberté d’exploitation qui donne à


l’entrepreneur le droit de gérer ses affaires comme
il l’entend, lui confère:
 Libre choix des modes de distribution, de vente et
d’exportation
 Libre choix de ses techniques de management et de
marketing.
«troisième facette: la libre concurrence

 3- La libre concurrence permet à toute entreprise d’utiliser tous les


moyens qu’elle juge bons pour attirer et conquérir la clientèle d’un
concurrent.
 Le droit de créer sa propre clientèle passe par celui de conquérir celle des
autres. En effet la clientèle appartient au marché, elle va chez le
commerçant qui a su la conquérir et assez diligent pour la conserver.

 Cependant cette liberté est encadrée par les lois et les autorités

publiques. En effet en se retirant du secteur économique, l’Etat occupe

désormais le rôle de régulateur de l’activité économique.


 Ainsi la loi interdit et sanctionne très lourdement les pratiques
anti-concurrentielles, qui vont empêcher le libre jeu de la
concurrence sur un marché donné( un marché pertinent)
 Ces pratiques si elles sont pratiquées vont impacter le
développement économique du pays (empêcher l’innovation et
donc l’investissement)
 Et aboutir à une augmentation des prix au désavantage des
consommateurs.
La liberté d’entreprendre: typologies des pratiques
anti concurrentielles

 Les ententes illicites c à d des accords secrets faits par des


entreprises concurrentes de faire une pause et de cesser de
se faire concurrence, ou d’aligner leur prix.
 L’ abus de position dominante qui suppose qu’une entreprise
est en situation de dominer un marché et de ce fait va
pratiquer des ventes liées ou imposer ses conditions
générales de vente à des opérateurs moins puissants
économiquement.
 La vente à perte ou le dumping commercial

 Qualifiée d’ilot de pertes dans un océan de gains


 En effet le but de la vente à perte et d’éliminer les
concurrents pour se retrouver en situation de
monopole ou de quasi monopole et finir par tenir le
marché.
La loyauté de la concurrence

La rivalité entre commerçants n’exclue pas la


loyauté. Même dans les affaires, la concurrence doit
être honnête.

La théorie de la concurrence déloyale est fondée sur


des considérations d’éthique et de morale.

Elle a été crée par la jurisprudence bien avant la


liberté de la concurrence et peut prendre diverses
formes:
Typologies de la concurrence déloyale

 La confusion
Dans ce cas le commerçant veut profiter de la réputation, de
l’image de marque d’un autre, en organisant une confusion
dans l’esprit du public afin de capter sa clientèle.

Cette confusion peut porter sur ses produits (même couleur,


même packaging…)

Peut porter sur l’entreprise elle-même, utilisation de son


enseigne, d’un nom commercial très voisin…
 Le dénigrement
 Consiste à jeter le discrédit sur un concurrent, son entreprise ou ses
produits et services
 Problème de la publicité comparative peut constituer un vivier pour le
dénigrement.

 La désorganisation d’entreprise
 L’objectif ici est de perturber l’entreprise concurrente
 Exemple: débauchage, détournement de commandes, espionnage
industriel…
 Le parasitisme

 C’est le fait pour une entreprise de vouloir profiter de la


notoriété d’un concurrent et qui, sans investir , veut lancer ses
propres produits et services, et à l’image d’un parasite profiter
des efforts et du rayonnement d’un autre commerçant.
 Exemple contentieux du parfum champagne YSL. Sachant que
Champagne constitue une AOP (appellation d’origine protégée).
Chapitre 1er:Les acteurs de l’activité économiques:
le choix de la structure de l’entreprise commerciale.

 l’entreprise commerciale peut revêtir plusieurs


formes:
 Etre individuelle
 Unipersonnelle
 Ou société

 Le choix de la structure détermine:


 Le droit applicable
 L’implication ou non du patrimoine personnel de l’entrepreneur
 Le régime fiscal applicable
 La possibilité ou non de pouvoir lever des fonds en faisant appel à
l’épargne publique et d’avoir accès au marché financier.
Section – I l’entreprise individuelle: le commerçant
personne physique

 § 1 l’accès à la profession:
 A- les conditions subjectives

 Ont pour objectif soit de protéger l’entrepreneur, soit


sauvegarder l’intérêt général et préserver la profession.
 1- la capacité
 L’activité commerciale est très risquée, certes le commerçant
s’enrichit plus vite que le civil mais peut être mené
rapidement à la ruine.
 1- la capacité commerciale
 Ainsi ne peuvent pas s’établir commerçants:
 Les mineurs( sauf s’ils ont été émancipé par le juge) en France même
émancipés les mineurs ne peuvent pas s’établir commerçants. les
majeurs placés sous tutelle.

 2-Les interdictions
 La loi interdit à certaines personnes ayant été condamnées pénalement à
des peines de prison pour un délit en relation avec le monde des affaires,
de s’établir commerçant ou de Gérer ou administrer une société
commerciale.
 c’est une sanction judiciaire dont la durée maximum est de 10 ans.
les incompatibilités

 Certaines activités sont incompatibles avec la


profession de commerçant. C’est le cas des
fonctionnaires, parlementaires, membres de
professions libérales…
 Ainsi une personne ne peut pas être en même
temps fonctionnaire et commerçant car ce sont
des activité incompatibles de par leur nature.
Cependant rien n’empêcherait un fonctionnaire
d’être administrateur de SA ou gérant de SARL.
B- les conditions objectives

 Serait commerçant, la personne qui fait des actes de commerce de


façon habituelle et professionnelle en son nom et pour son propre
compte( art.6 du C.C)
 I- faire des actes de commerce

 Il existe 3 types d’actes de commerce:


 Par nature, par accessoire et par la forme
 Seuls les premiers confèrent le statut de commerçant.
 Ils sont énumérés par les articles 6 et suivants du code de commerce et
se composent:
classification des actes de commerce:

1- les opérations sur marchandises


C’est le fait pour un commerçant d’acheter des
produits ou des marchandises en vue de les revendre
en dégageant un bénéfice.
La revente peut être en l’état ou après transformation(
c est l activité industrielle)
la location a été assimilée à la revente (exemple
entreprise de location de voitures, de location de
matériel de construction…)
La location en vue de la sous - location est aussi
considérée comme acte de commerce.
Les opérations financières

 2- les opérations de banque, de change et


d’assurances
 Toutes les opérations faites par ces professionnels
sont considérées comme acte de commerce par
nature, le client fait selon les cas soit :
 Un acte civil : exemple une personne ouvre un
compte auprès d’une banque.
 Un acte de commerce par accessoire: exemple un
commerçant sollicite un crédit pour investir dans
son fonds de commerce.
2- les opérations faites par des intermédiaires

 Ce sont les agences et bureaux d’affaires: exemple:


 Les agences de voyage, les agences immobilières,
les courtiers, les commissionnaires…

 II-Les actes de commerce doivent être faits de façon


habituelle et professionnelle
 L’acte isolé ne confère pas le statut de commerçant
 III-Les actes doivent être faits au nom et pour le
compte du commerçant.
 En effet est commerçant, la personne qui spécule c.à.d. qui prend des
risques de façon délibérée et en assume les conséquences.(profite des
gains et assume lui même les pertes)
 Ne seraient pas considérés comme commerçant,
 Les salariés
 Les gérants ou administrateurs de sociétés
 Les VRP
 A coté des actes de commerce par nature, il existe:
 Les actes de commerce par accessoire
 Ce sont des actes civils mais parce qu'ils sont faits par un commerçant
pour les besoins de son activité commerciale, ils deviennent
commerciaux par accessoire.
 Exemple: un commerçant achète une camionnette pour effectuer
ses livraisons.
 En cas de conflit, cet acte sera soumis à un tribunal de commerce.
 La théorie de l’accessoire s’applique aussi à l’inverse.
 Exemple: une école développe une activité civile mais elle achète
des livres qu’elle revend à ses élèves en dégageant un bénéfice.
Dans ce cas l’achat pour la revente aura un caractère civil car il se
rattache à l’activité principale qui est civile.
Les actes de commerce par la forme

 Dans ce cas c’est la forme de l’acte qui compte


quelque soit la qualité de la personne qui l’effectue.
ce sont:
 La lettre de change et le contrat de société
 Cela signifie que tout contentieux à naitre sera de la
compétence d’un T.C( tribunal de commerce)
quelleque soit la qualité des signataires.
§2- Les obligations d’un commerçant

 Tout commerçant doit dès le démarrage de son activité


ouvrir un compte bancaire
 Se faire inscrire au registre de commerce (RC) dans les 15
jours suivant le début de son activité. Cette immatriculation
donnera lieu à un numéro qui devra figurer sur tous ses
documents commerciaux
 Tenir une comptabilité régulière. Il doit enregistrer, de façon
chronologique, les opération de vente, achats…
 Etablir des factures pour toutes les prestations qu’il effectue
 Procéder à un inventaire au moins une fois par an
 Conserver les archives comptables pendant 10 ans au moins.
 les livres de comptes ne peuvent servir de moyen de preuve
que entre commerçants.
 Pour jouer en faveur du commerçant, ses livres doivent être bien
tenus.
 Cependant des livres de commerce jouent contre un commerçant
même s’ils sont mal tenus. Car toute écriture comptable constitue un
aveu.
 Un commerçant ne peut utiliser ses livres de comptes contre un civil,
car le législateur ne l’y oblige pas.
L’entreprise commerciale individuelle( E.I) :
appréciation critique

l’E.I présente quelques petits avantages


contrebalancés par de gros inconvénients.
Ses avantages:
Les frais reliés à son démarrage et à son
fonctionnement sont généralement moins élevés que
ceux d’une société.
L’individu qui exploite une E.I est son propre
patron, tous les revenus et tout les actifs lui
appartiennent.
Ses faiblesses

 Du point de vue financier : les capitaux investis dans


l’entreprise appartiennent exclusivement à
l’entrepreneur et sont soumis à sa discrétion.
 Du point de vue économique : L’E.I atteint vite son

seuil de production. Elle ne peut pas s’étendre dans


l’espace car elle ne peut pas prospecter de nouveaux
marchés. Ni en volume de productivité car elle ne peut
se procurer facilement de nouveau matériels.
Si l’entrepreneur individuel ne veut pas ou ne peut pas
investir alors son entreprise ne pourra pas se
développer.
Du point de vue fiscal

 L’entrepreneur individuel est soumis à l’IR calculé sur la base de la totalité


des revenus réalisés.
 Le taux d’imposition des individus est plus élevé que celui des sociétés par
actions
 Ainsi la S.A est soumise à l’ IS selon les tranches de bénef suivants:
 10% si le bénef net est<ou = à 300000 dhs
 20% si le bénef net est compris entre 300.001et1000.000 dhs

 30% si le bénef est compris entre1000.001 ET 5.000.000


 31% si le bénef net est > à 5.000.000 dhs
 37% pour les établissement de crédit et les compagnies d’assurance
DU POINT DE VUE JURIDIQUE

 l’E.I n’a pas une identité juridique distincte de la personne


de l’entrepreneur.

 tous les actifs de ce dernier peuvent être saisis pour


rembourser des dettes de l’E.I les créanciers peuvent saisir
le patrimoine personnel et familial de l’entrepreneur
individuel.

 Le patrimoine d’une personne physique est unique et


indivisible.
 Ce principe de l’unicité et l’indivisibilité du patrimoine des
personnes physiques, adopté par le législateur français et marocain,
est très risquée.
 En France, différents textes de loi ont tenté d’y apporter des
correctifs. La plus récente des dispositions consiste à créer une
EIRL ( ne pas confondre avec l’EURL)
 L’EIRL est une personne physique, elle permet au commerçant de
cloisonner ses biens personnels et professionnels en faisant une
déclaration d’affectation.
 Son régime génère des obligations comptables, sociales et
fiscales.
 Comme pour les sociétés, les documents de ces entreprises
doivent faire apparaître la mention "EIRL" ou bien
"Entreprise Individuelle à Responsabilité limitée". De plus
elles doivent gérer leurs comptes de manière séparée pour
bien distinguer ce qui relève du professionnel et du
personnel.
 De point de vue fiscal, l'EIRL donne la possibilité
pour l'entrepreneur d' opter pour l'IS comme pour
une société.
 Ce régime rencontre un succès mitigé dû à la
lourdeur administrative associée. Les entrepreneurs
individuels apprécient leur statut pour sa simplicité.
chapitre II - La structure société, un choix
stratégique

 On reconnait à ce type d’entreprises un certains


nombre d’avantages:
 Du point de vue économique, la société constitue
un outil de progrès économique, pouvant réaliser
des opérations de grande envergure que les
entreprises individuelles ne peuvent pas effectuer
 Du point de vue financier, les sociétés pouvant
réunir des capitaux importants qui vont inspirer
confiance aux banques et à de nouveaux
partenaires.
 Du point de vue fiscal, l’IS s’effectue sur la
base des bénéfices réalisés.

 Du point de vue juridique, la société est la


meilleure solution à la règle de l’unicité du
patrimoine des personne physique. La
société est une personne morale ayant sa
propre autonomie et son propre patrimoine
séparé du patrimoine des associés.
Section I - définition et éléments constitutifs d’une
société

 L’article 982 du code des obligations et des


contrats dispose que: « la société est un contrat
par lequel deux ou plusieurs personnes mettent
en commun leurs biens ou leur travail ou tous
les deux à la fois en vue de partager le bénéfice
qui pourra en résulter ».
 Ainsi pour créer une société il faut réunir 4
éléments :
 Un accord de volonté
 La mise en commun d’apports
 La participation au résultat
 L’affectio societatis

 A ces conditions de fond s’ajoutent un


certain nombre de conditions de forme
§1-Les conditions de fond

 A-l ’accord de volonté


 En principe toutes les sociétés supposent un contrat entre

un ou plusieurs partenaires
 Exception: la société peut être unipersonnelle et être

fondée sur un acte juridique unilatéral.(SARL. D’associé


unique) En France les sociétés unipersonnelles
sont:L’EURL, LA SASU)
 Le Maroc admet désormais la création d’une Société

anonyme simplifiée d’associé unique(SASU)


Comme tous les contrats, le contrat de société doit réunir
les 4 éléments constitutifs de tout contrat
1- le consentement

 C’est l’approbation donnée par les associés


et qui se manifeste par la signature des
statuts
 Le consentement ne doit comporter aucun

vice du consentement
Par exemple, serait considéré comme vice du
consentement l’erreur sur la nature de la
société ( société à risque limité ou à risque
illimité)
2- la capacité

 Pour les personnes physiques: les mineurs et les


incapables majeurs peuvent être associés des
sociétés à risque limité. (ex. SA,SARL ..) Ce n’est
pas le cas pour les sociétés à risque illimité pour
lesquelles le statut de commerçant est exigé (SNC,
SCS ou par actions).
 une société civile ne peut pas être associée d’une
SNC
3- l’objet

 C’est le type d’activité choisi par la société, le


programme qu’entend réaliser la société dans le
long terme. Il doit être défini dans les statuts.
 Il doit être défini de façon très large, afin de
permettre à la société d’adapter son activité en
fonction de l’évolution du marché et de la demande
 Il ne doit pas être confondu avec l’activité sociale
c.à.d. l’activité effectivement réalisée par la société
 La réalisation de l’objet social entraine la
dissolution de la société
4- la cause

 C’est la vocation au bénéfice. Les sociétés sont des


personnes morales à but lucratif qui supposent le
partage des bénéfices. Contrairement aux
associations qui ne sont pas à but lucratif, les
bénéfices réalisés ne sont pas partagé entre les
membres mais réinvestis.
B- la mise en commun d’apports

 L’apport est impératif, la qualité d’associé est


conditionnée par l’apport effectué. Chacun des
associés doit fournir un apport.
 il existe 3 sortes d’apports:
 En numéraire
 En nature
 En industrie
L’apport en numéraire 1/3
 C’est une somme d’argent en monnaie
fiduciaire ou monnaie scripturale que
l’associé s’engage de mettre à la disposition
de la société. C’est l’apport le plus fréquent
car il pose moins de problèmes
 Il suppose deux étapes,
 La souscription c.à.d. la promesse faite
par l’associé de verser une somme d’argent
comme apport.
 L’apport en numéraire 2/3: la libération: c’est
le paiement effectif des sommes promises
 Ainsi dans une SARL, la loi permet à l’associé
de souscrire l’intégralité de son apport de n’en
libérer que 1/4 à charge pour lui de payer le
reste dans délai maximum de 5 ans ( pour une
SA la libération peut être égale au ¼ et le
reliquat au bout de 3 ans maximum)
 L’apport en numéraire ne doit pas être
confondu avec le compte courant d’associés.
L’apport en numéraire 3/3 le compte courant
d’associés (CCA)

 Constitue un mode de financement pour l’entreprise et lui évite de


recourir à des crédits bancaires
 Il est très répandu dans les PME

 Ses avantages :
- Disponibilité : l’associé qui fait une avance à la société peut en
principe la récupérer à tout moment;
- Rémunération : c’est un placement à revenu fixe. L’associé qui a
fait une avance en CCA, est assuré de toucher un intérêt même si la
société n’a pas réalisé de bénéfices ;
- Simplicité : le CCA permet à la société d’avoir des sources de
financement sans avoir besoin de recourir à une augmentation de
son KS.
L’apport en nature (1/2)

 Ce sont des biens meubles, immeubles ou droits


incorporels que l’associé va mettre à la
disposition de la société.

 L’apport peut être fait :


- En propriété : la société en aurait la pleine

propriété;
- En usufruit : la société aurait alors l’usage et la

jouissance de la chose dans pouvoir en disposer


L’apport en nature (2/2)

 L’apport en nature pose un problème d’évaluation:


- Soit le bien est surévalué, dans ce cas le KS sera

gonflé artificiellement et donnera à la société une


solvabilité apparente;
- Soit le bien est sous-évalué, ce qui nuit aux intérêts

de l’associé apporteur puisque les droits des


associés sont calculés en fonction de la valeur de
leurs apports.
- L’apport ne doit pas être fictif, c.à.d. dépourvu de

toute valeur (ex: brevet d’invention périmé).


L’APPORT EN INDUSTRIE

 Il s’agit du savoir faire, de la force de travail,


et l’expérience qu’un associé s’engage de
mettre à la disposition de la société.
 Il a un caractère futur et successif. Rien ne
peut le garantir, c’est pourquoi l’apport en
industrie ne fait jamais partie du KS.
 Dans les SA : il est interdit
 Dans les SARL : il est possible mais
conditionné
Le capital social (KS – 1/3)

 Il est composé de la somme des apports en nature et des


apports en numéraire.
 L’apport en industrie ne fait jamais partie du KS
 Il présente un double intérêt juridique et économique:
 Du point de vue comptable, le KS figure au passif du
bilan car la société le doit à ses créanciers parmi
lesquels figurent les associés créanciers de leurs
apports;
 Du point de vue juridique, le capital est considéré
comme le gage exclusif des créanciers sociaux c’est
pourquoi il doit rester intangible
Le capital social (KS – 2/3)
 Pour protéger cet intangibilité, de
nombreuses mesures ont été prises par le
législateur :

- Interdiction de procéder à la distribution de


dividendes fictifs (=prélevés sur le KS);
- Toute modification du KS est strictement

réglementée, aussi bien l’augmentation que la


réduction
- Les apports en nature doivent être évalués
Le capital social (KS – 3/3)
 Le KS ne donne pas la vraie mesure de la valeur de la société, les
capitaux propres la reflètent mieux.

 Les capitaux propres se composent de :


KS + réserves + reports bénéficiaires – pertes

 Contrairement au KS qui est intangible, les capitaux propres


vont varier en permanence selon les résultats de la société:
- Soit la société se porte bien et les capitaux propres deviennent
plus importants que le KS;
- Soit la société est en difficulté et ils vont tomber en dessous du
KS.
C- La participation aux résultats de
l’EXERCICE (1/2)
 Les pertes et les bénéfices sont les deux faces opposées des résultats
comptables tels qu’ils apparaissent à la clôture de l’exercice.

1- Le partage des bénéfices


 Le bénéfice est constitué par l’excédant de l’exercice diminué des
pertes antérieures et des sommes qui doivent être mises en
réserves, augmentés du report bénéficiaire des exercices
précédents.
 La décision de partager les bénéfices revient à l’AGO.
 Deux cas de figures sont possibles:

- Absence de bénéfices à distribuer qui peuvent conduire à la distribution de


dividendes fictifs lequel serait prélevé sur le KS.
- Existence d’un bénéfice, l’AGO peut décider de leur distribution ou de

leur mise en réserve. En principe, le partage des bénéfices se fait


proportionnellement aux apports mais il ne s’agit pas d’une règle
impérative et les statuts peuvent par conséquent prévoir d’autres modes
de partage. Seraient cependant abusives les clauses léonines.
C- La participation aux résultats de l’EXERCICE
(2/2)

2– La participation aux pertes


 Lorsqu’il y a des pertes, les associés doivent y

contribuer. Cependant, il convient de distinguer la


dette sociale de l’exercice déficitaire :
- L’exercice déficitaire suppose que pour un exercice

donné, la société a subi des pertes qui seront portées


au passif du bilan ou en report à nouveau négatif.
- La dette sociale n’intervient qu’en cas de dissolution

de la société et dépend de la forme de la société


considérée.
- -Société à risques limités;
- -Société à risques illimités
D- L’AFFECTIO SOCIETATIS

 Il s’agit de l’élément intentionnel qui doit rester


perceptible pendant toute la durée de vie de la
société.

 C’est la volonté de tous les associés de collaborer


ensemble en vue de la réalisation de l’objet social.

 Cette collaboration doit se faire sur un pied d’égalité


qui doit exclure tout lien de subordination entre les
associés.
Les conditions de forme 1/2
 Les statuts:
 Ou pacte social regroupent les éléments essentiels
de la société sur lesquels les associés se sont mis
d’accord. Ils vont lier les associés présents et
futurs qui vont y adhérer.
 Ils doivent impérativement être établis par
écrit( acte authentique ou SSP)
 Ils doivent être signés par tous les associés
Les conditions de forme 2/2

 Les mentions obligatoires des statuts doivent être


dans un journal d’annonces légales
 Une copie des statuts doit être déposée au greffe
d’un TC du lieu de situation du siège social
 Les fondateurs doivent déposer auprès du greffe
une demande d’immatriculation de la société au
RC ( registre de commerce)
 A compter de l’immatriculation la société
acquiert la personnalité morale. Elle devient une
personne sujet de droit.
La personnalité morale des sociétés 1/7

 I- existence de la personnalité morale:


 La personnalité morale confère à la société
l’aptitude à participer à la vie juridique entant
que personne sujet de droit , ayant une capacité
propre.
 De ce fait, toute société dispose de son propre
patrimoine et de droits extrapatrimoniaux.
 Elle peut aussi agir en justice pour défendre ses
intérêts.
La personnalité morale des sociétés 2/7

 1- les droits extrapatrimoniaux:


 Servent à individualiser la société et portent sur les
éléments suivants:
 La dénomination sociale
 C’est le nom sous lequel une société se présente aux
tiers pour exercer son activité.
 Le choix de l’appellation ne doit pas créer de confusion
dans l’esprit des clients ni être contraire à l’ordre public
 Il doit être mentionné dans les statuts
 Il n’est pas immuable
La personnalité morale des sociétés 3/7

 Le siège social:
 C’est le domicile des personnes morales.
 C’est le lieu du principal établissement de
l’entreprise. Le lieu où se réunissent les
dirigeants où sont classées les archives sociales
 C’est le siège social qui détermine la nationalité
de la société et le tribunal compétent
 Il peut être modifié
La personnalité morale 4/7

 La nationalité:
 En France, la société a la nationalité du pays
dans lequel elle a son siège social
 La durée de la société
 Elle est limitée à 99 ans
 Une année avant l’expiration de ce délai, les
associés doivent être consultés pour savoir si la
société sera prorogée
La personnalité morale 5/7

 II- extinction de la personne morale: la


dissolution de la société
 1- les causes de dissolution:
 L’arrivée du terme
 La réalisation de l’objet social
 Dissolution judiciaire pour juste motif; exemple
en cas de mésentente entre les associés qui
paralyse le fonctionnement de la société
 La liquidation judiciaire
La personnalité morale 6/7

 II- les effets de la dissolution: la liquidation


 Pendant cette phase, la société garde sa
personnalité juridique.
 Sa capacité est limitée aux seules opérations de
liquidation qui sont effectuées par un
liquidateur.
 Ce dernier est désigné par les statuts ou par le
juge en cas de désaccord.
La personnalité morale 7/7

 La mission du liquidateur consiste:


 Recouvrer toutes les créances de la société
 Convertir les éléments d’actif en argent
 Rembourser les créanciers
 Faire reprendre aux associés leurs apports ou
leur contre valeur
 Partager le boni de liquidation

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