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3/ La confusion
Un produit, un service est généralement associé à un service. Inversement, la règlementation
en matière de sécurité des produits impose aux entreprises d’individualiser leurs productions.
Le droit des marques, des signes distinctifs assure le lien juridique entre une entreprise et ses
produits via la publicité. Dans ces conditions il serait déloyal pour un opérateur d’user de
pratiques destinées à entraîner une confusion dans l’esprit des utilisateurs. La confusion se
distincte des techniques du droit de la propriété intellectuelle notamment de la contrefaçon. Il
n’est pas nécessaire pour engager une concurrence déloyale qu’il y ait copie des produits d’un
concurrent. Inversement, l’imitation n’est pas suffisante pour constituer une déloyauté par
confusion car comme la contrefaçon, la confusion s’apprécie par les ressemblances et non par
les différences. Il existe plusieurs formes de confusion. Il peut s’agir de toute sorte de
méthodes ou pratiques de nature à créer une confusion.
La confusion se réalise souvent par imitation de signes de ralliement de la clientèle. Il peut
s’agir d’une confusion portant sur les produits ou services à travers les étiquettes, les
emballages, la présentation générale de produit, la copie des tarifs d’un concurrent ou se
placer à un niveau de prix systématiquement inférieur.
4/ Le parasitisme
Aussi appelé parasitage ou parasitisme économique, il consiste à s’appuyer sur les efforts
d’autrui en se plaçant dans le sillage de celui-ci. Le parasite est un suiveur qui profite des
investissements publicitaires de recherche, financiers ou commerciaux du parasité. Ce
parasitisme est une déloyauté qui peut consister en des actes de concurrence parasitaire ou en
des agissements parasitaires. Le parasitisme est toujours une imitation, une copie, un emprunt
soit d’un produit, soit d’une ambiance ou d’un prix.
B/ le préjudice né de la faute
Les difficultés ou insuffisances dans la démonstration du préjudice et sinon de son existence
du moins de son montant ont fait l’objet de diverses remarques. Il s’agit d’abord de mesurer la
nature du préjudice. Est-ce un préjudice matériel et dans ce cas un dommage subi ou un
manque à gagner ? Est-ce une perte de clientèle ? Est-ce une perte de capacité
concurrentielle ? S’agit-il véritablement de réparer quelque chose aux fins d’obtenir une
indemnisation ou bien de parer à un dommage éventuel ? Les actions en concurrence déloyale
sont ainsi l’occasion de vérifier la notion de préjudice qui peut aussi être la dérive de la
clientèle ou la banalisation d’un signe.
L’acte de concurrence déloyale consiste au premier degré en l’emploi de moyens rattachant et
obtenant au second degré un véritable détournement d’investissements. Le parasité par
exemple perdant au profit du parasite certains retours d’investissements légitimement
attendus. Cependant, un tel préjudice patrimonial n’est pas aisé à identifier. Ce préjudice est
communément appelé dérive de clientèle.
Au dommage matériel il faut associer le dommage moral caractérisé par une certaine
banalisation de l’image sur un marché. Lorsqu’on observe les résultats d’une compétition
commerciale, il est difficile d’imputer ces résultats à une cause unique principalement
lorsqu’il s’agit de compétition destiné à impressionner le schisme de la clientèle. Souvent en
effet la causalité est présumée.
II/ Le traitement de l’acte de déloyauté
A/ L’action en concurrence déloyale
L’action en réparation débouche sur la location de dommages et intérêts à hauteur des
préjudices soufferts et démontrés. Lorsque le juge tient pour faute dommageable un
comportement continu qui ne s’est pas épuisé dans le passé et se perpétue jusqu’au jour de sa
décision, il impose une injonction en cessation immédiate assortie d’astreinte. Lorsque le
trouble est manifestement illicite, la procédure de référé peut être utilisée.
B/ Les sanctions de l’acte déloyal
Les dommages et intérêts et la cessation du comportement fautif avec possibilité d’injonction
de faire cesser ledit agissement, la publication de la décision de condamnation.
A/ La revente à perte
Le droit de la concurrence est constitué de l’ensemble des règles destinées à contrôler
la concurrence. L’idée est que la concurrence ne peut s’exercer sans règles de jeu, sans
normes de comportement dans le cadre d’une économie de marché. En effet, dans une
économie libre, une entreprise peut acquérir un monopole grâce à cette position de force à la
fois exploité ses clients et éliminé ses concurrents potentiels. C’est pour cette raison que l’on
interdit la pratique de la revente à perte. Constitue une revente à perte le fait de revendre en
l’état un bien à un prix inférieur à son prix d’achat effectif. Tout repose donc sur une série de
comparaisons, celle du prix de revente et du prix d’achat effectif qui est désormais le prix
porté sur la facture.
La revente à perte présente divers inconvénients. Tout d’abord, elle trouble les
relations commerciales car conduit un distributeur à pratiquer un prix non conforme aux
usages de commerce ou se doter d’une image qui n’est pas toujours méritée d’enseigne à
marge réduite. Ensuite, elle désorganise le réseau de distribution du fournisseur. Enfin, la
revente à perte peut conduire à banaliser une marque notoire.
La revente à perte n’est pas envisageable dans le cadre de produits périssables ou de
vente volontaire ou forcée motivée par la cessation ou le changement d’une activité
commerciale etc.
B/ Les prix imposés
La liberté de concurrence signifie que toute personne est libre d’exercer une activité
économique sous réserve de respecter les exigences du statut de commerçant ou plus
généralement les lois de police économiques. Dans cette logique, l’article 4 de la loi de 2021-
25 édicte le principe de la libre détermination des prix. Mais quelques fois l’Etat peut
intervenir pour fixer de façon discrétionnaire (prix de référence) ou homologuer les prix.
C’est dans ce sens que l’article 42 de la loi 94-63 dispose que lorsque les circonstances
l’exigent ou des raisons économiques et sociales, certains biens produits ou services peuvent
faire l’objet de fixation de prix par voie législative ou règlementaire. En effet, même si le
principe est la libre détermination des prix, cette liberté est encadrée. Il en est ainsi des
mesures temporaires contre les hausses excessives motivées par une situation de calamité ou
de crise, par des circonstances exceptionnelles ou par une situation du marché manifestement
anormale dans un secteur déterminé.
Ainsi, en droit positif, les prix minimum imposés sont interdits (art. 74 loi 2021-25).
Le prix imposé est une garantie d’une qualité minimale de service et peut contribuer à
l’amélioration du réseau.
Thème 4 : Les ententes anticoncurrentielles
Les règles assurant la protection du marché sont constituées des règles les plus
importantes, celles interdisant les ententes, les abus de domination, les concentrations. Le
traité de l’UEMOA se limite pour l’essentiel à indiquer en son article 88 alinéa A que les
accords, associations et les pratiques concertées entre entreprises sont interdits de plein droit
lorsque ceux-ci ont pour objet ou pour effet de restreindre ou de fausser le jeu de la
concurrence à l’intérieur de l’Union. Il revient au conseil des ministres d’arrêter les sanctions
et les exceptions applicables à cette interdiction. L’objectif est donc de poser le principe
d’interdiction des ententes puisque l’entente est définit comme un concours de volontés entre
entreprises autonomes ayant pour but, pour objet ou pour effet de fausser ou d’entraver le jeu
de la concurrence. S’il existe des ententes interdites, d’autres ententes peuvent être autorisées
ou exemptées conformément à l’article 89 paragraphe 3 du traité de l’UEMOA. Mais c’est
surtout le règlement no02/2002/CM/UEMOA qui précise le contenu de ces dispositions.
L’article 3 dudit règlement dispose que sont incompatibles avec le marché commun et
interdits tous accords entre entreprises, décisions d’associations d’entreprises et pratiques
concertées entre entreprises ayant pour objet ou pour effet de restreindre le jeu de la
concurrence à l’intérieur de l’Union et notamment ceux qui consistent en des accords limitant
l’accès au marché ou libre exercice de la concurrence par d’autres entreprises.
L’exemption est une procédure par laquelle la commission reconnaît explicitement que
l’accord considéré comme restrictif peut néanmoins être autorisé compte tenu du contexte et
du caractère nécessaire de l’accord malgré les restrictions qu’il entraîne.
I/ L’interdiction de principe des ententes concurrentielles
A/ Les éléments constitutifs de l’entente
Ceux-ci sont déterminés par l’article 3 du règlement no02/2002 ou par l’article 88
paragraphe A du traité et impose la démonstration d’une action concertée par une pluralité de
parties c’est-à-dire d’entités économiques agissant de manière indépendante.
1/ Les parties à l’entente
L’interdiction des ententes s’adresse principalement aux acteurs du marché : les
entreprises. Dans le cadre de l’UEMOA, le législateur donne une définition légale de la notion
d’entreprise au sens du droit de la concurrence. Il définit l’entreprise comme une organisation
unitaire d’éléments personnels matériels et immatériels exerçant une activité économique à
titre onéreux de manière durable indépendamment de son statut juridique public ou privé, de
son mode de financement et jouissant d’une autonomie de décision et le législateur de
poursuivre en disant que « les entreprises peuvent être des personnes physiques, des sociétés
civiles ou commerciales ou encore des entités juridiques ne revêtant pas la forme d’une
société. Un certain nombre d’éléments transparaissent de cette définition de la notion
d’entreprise :
- Le législateur a adopté une approche fonctionnelle de la notion qui permet de
prendre en compte toute forme d’organisations juridiques qui exercent une activité
économique indépendamment de son statut juridique ;
- Le statut juridique public ou privé n’est pas un élément pertinent dans la définition
de la notion d’entreprise. En effet, une entreprise publique qui exerce des activités
commerciales voit ses actions appréhendées par le droit de la concurrence ;
- Il est important de faire la distinction entre les activités commerciales et les
activités non commerciales exercées par une entité publique et qui ne sont pas
soumises au droit de la concurrence ;
- L’autonomie de décision est également un critère important dans l’appréciation de
la notion d’entreprise au sens du droit de la concurrence. L’entreprise, au sens du
droit de la concurrence, doit jouir d’une autonomie de décision dans ses activités
commerciales.
L’interdiction des ententes vaut également lorsqu’elles sont réalisées par l’intermédiaire direct
ou indirect d’une société du groupe implantée hors du territoire. La filiale d’un groupe
étranger est donc traitée comme si elle était indépendante de sa société mère étrangère. En
tant que groupes, la prohibition des ententes anticoncurrentielles revêtent une difficulté
particulière s’agissant de la détermination des parties à travers ce que l’on appelle les ententes
de groupe c’est-à-dire au sein d’un groupe de sociétés. De façon générale le droit de la
concurrence exclut les ententes réalisées entre les parties sans indépendance. L’article 3 est
muet sur la qualité des auteurs d’une entente de sorte que rien ne s’opposerait à condamner
une entité dénuée de personnalité morale (par exemple un comptoir, un établissement). Dans
le cadre des accords de représentation leur représentant n’agit pas de façon indépendante, il
agit en son nom mais pour le compte d’autrui ou au nom et pour le compte d’autrui. L’article
88 du traité exclut de telles entités.
2/ L’identification des ententes
L’accord anticoncurrentiel est la forme la plus explicite d’une entente. Il résulte d’un
concours de volonté entre concurrents avec comme intention de porter atteinte à la
concurrence. Il peut s’agir des accords verbaux ou tacites sous forme de gentlemens
aggrements. Donc peu importe en droit de la concurrence la forme de l’accord. Le
comportement en question doit être réel en ce sens que l’accord doit refléter l’adhésion de
l’action concertée.
Il peut s’agir d’une décision d’associations d’entreprises c’est-à-dire des délibérations
d’associations professionnelles ayant pour but ou pour effet d’affecter le libre jeu de la
concurrence. La notion de décision d’associations d’entreprise est interprétée de manière
large. Il peut s’agir des circulaires, des recommandations, d’échanges d’informations.
Il peut également s’agir des pratiques concertées. La difficulté ici repose essentiellement sur
la preuve d’une entente en cas de parallélisme de comportement. Par exemple, les entreprises
A, B et C sont les trois principales cimenteries au Sénégal et détiennent ensemble 90% des
parts de marché du marché du ciment au Sénégal. A, B et C augmentent leurs prix à la tonne
de 10% en l’espace de quelques jours d’intervalle alors que le prix du ciment dans les
marchés mondiaux et dans la sous-région n’a augmenté que de 5%. Est-ce que l’augmentation
du prix à la tonne de 10% peut être qualifiée de pratique concertée ou s’agit-il d’une
augmentation résultant d’un comportement parallèle du fait du caractère oligopolistique du
marché ?
B/ Les différentes formes d’ententes
Certaines ententes peuvent être expresses ou structurées, d’autres sont tacites ou non
structurées.
1/ Les types structurés d’ententes
La plupart des ententes reposent en effet sur un contrat ou sur des structures
sociétaires. On fait une distinction en droit de la concurrence entre les restrictions verticales et
les restrictions horizontales peu importe cependant la nature du support de l’entente.
On appelle restriction horizontale de concurrence les restrictions qui se situent à des
niveaux économiques identiques : entente entre producteurs, entre distributeurs ce sont les
formes originels des ententes, des coalisions, des cartels. Aux termes du règlement UEMOA,
il s’agit des accords conclus à un même niveau de production ou de distribution. Les accords
horizontaux incluent notamment les accords portant sur les échanges d’information, la
répartition des marchés, l’exploitation en commun d’une activité et toute autre forme
d’entente entre opérateurs du même niveau de production ou de distribution.
On appelle restriction verticale de concurrence, les restrictions qui intéressent au
contraire des niveaux économiques différents : un producteur et un grossiste, un producteur et
un distributeur. Ce sont des formes nouvellement envisagées par le droit de la concurrence. Il
s’agit des accords conclus entre deux ou plusieurs entreprises dont chacune opère aux fins de
l’accord à un niveau différent de la chaine de production ou de distribution et qui concerne les
conditions dans lesquelles les parties à l’accord peuvent acquérir, vendre ou revendre certains
biens ou services. Les accords horizontaux sont considérés comme plus restrictifs de
concurrence que les accords verticaux. Le législateur UEMOA en tire des conséquences lors
de l’octroi des exemptions. La nature du support contractuel de l’entente est indifférente. Il
peut s’agir d’un contrat considéré comme constituant une entente ou d’une clause d’un
contrat, comme une clause d’une convention collective. Il peut s’agir aussi d’une structure
existante comme une organisation professionnelle, une association, une coopérative, un GIE.
Il peut également s’agir d’une structure nouvelle créée pour l’occasion.
2/ Les types non structurés d’ententes
Toutes les ententes ne sont pas juridiquement structurées. Nombreuses sont celles qui
s’analysent en des simples pratiques concertées. Ces comportements procèdent d’un
alignement réciproque des opérateurs en cause sur un marché à une ligne d’actions uniformes
et convenues même tacitement. L’interdiction vise à appréhender des formes d’accords
beaucoup plus subtiles, moins formelles et moins intenses.
3/ La sanction des ententes prohibées
La nullité sanctionne les pratiques anticoncurrentielles. Il s’agit d’une nullité de plein
droit. La pratique anticoncurrentielle porte en elle-même les germes de sa propre sanction
qu’est la nullité. En effet, une pratique anticoncurrentielle est juridiquement inexistante. Bien
qu’étant de plein droit, la nullité d’une pratique anticoncurrentielle ne produit d’effets que
lorsqu’elle est constatée par les autorités de concurrence. A cet effet, l’article 2
no02/2002/CM/UEMOA dispose : « par application des dispositions de l’article 88 du traité de
l’UEMOA, constituent des pratiques anticoncurrentielles les ententes, les abus de position
dominante, les aides d’Etats ». Ces pratiques sont interdites sans qu’une décision préalable ne
soit nécessaire lorsqu’elles ont été mises en œuvre au moins un an après l’entrée en vigueur
du traité. La nullité neutralise les effets juridiques de l’entente ou de l’abus de position
dominante tant entre les participants à la pratique qu’à l’égard des tiers.
II/ L’admission exceptionnelle de certaines ententes
Sous certaines conditions, le législateur UEMOA reconnaît ou encourage certaines
ententes du fait de l’effet positif qu’elles peuvent avoir sur le marché. Les exceptions aux
ententes sont prévues par l’article 89 du traité et par le règlement no02/2002/CM/UEMOA. La
réserve d’autorisation qui permet de valider certaines ententes du fait de leurs effets positifs
sur le marché est courante en droit de la concurrence.
A/ Les exemptions
1/ Les conditions positives des exemptions
Pour être admissibles, les ententes susceptibles d’être exemptées doivent contribuer à
l’amélioration de la production, de la distribution ou contribuer au progrès technique ou
économique tout tant réservant aux utilisateurs une partie équitable du profit qui en résulte.
Deux éléments ressortent de cette exigence. Il faut d’une part que l’accord en question
engendre une certaine efficience économique en termes d’améliorations de la production ou
de la distribution. Le progrès technique en termes d’innovation et de création en produits et
services nouveaux au bénéfice des consommateurs. D’autre part, pour être admissible, il faut
que l’accord en question bénéficie au consommateur final.
2/ Les conditions négatives des exemptions
Les restrictions de concurrence motivées par des objectifs économiques ne doivent pas
aller au-delà de ce qui est strictement nécessaire pour les atteindre. C’est pourquoi que le
législateur précise qu’elles ne doivent pas imposer aux entreprises intéressées des restrictions
qui ne sont pas indispensables pour atteindre ses objectifs et ne doivent pas conduire à
l’élimination de la concurrence dans une part substantielle du marché en cause. L’octroi d’une
exemption requiert le respect d’une procédure. D’abord, il faut préciser si l’accord en question
de par son objet ou ses effets est susceptible de fausser le libre jeu de concurrence dans
l’Union. L’exemption est octroyée sur requête des entreprises concertées par la commission
de l’UEMOA qui a une compétence exclusive en la matière. L’entreprise qui estime qu’elle
peut bénéficier d’une exemption doit notifier l’accord à la commission qui doit apprécier si
les conditions de l’exemption sont remplies.
B/ Les exceptions
1/ Les accords de coopération technique
Sont exclus du champ d’application de l’article 88 du traité divers accords qui auraient
pu constituer des ententes horizontales dès lors qu’elles ont pour objet une coopération
technique commerciale ou administrative mais la question recoupe celle des accords de
transfert de technologies, des accords de recherche et de développement en commun.
2/ La règle de raison
Il s’agit de considérer que certaines ententes, pourtant restrictives de concurrence,
échappent au contrôle par l’application des règles de raison. Il s’agit de mettre en balance les
effets restrictifs et les effets bénéfiques de l’accord pour la concurrence sans recourir aux
critères de l’établissement d’un bilan économique. Ainsi, ne seront condamnées que les
ententes déraisonnables.
Thème 5 : Les abus de domination
La libre concurrence est un outil indispensable et même incontournable pour le
fonctionnement des économies surtout dans le système de libéralisme. Pourtant, il y a des
pratiques qui tendent à fausser le jeu de la concurrence, en l’occurrence les abus de
domination. Les articles 88, 89 et 90 du traité envisagent deux pratiques : d’une part, les abus
de position dominante et les abus de dépendance économique, d’autre part.
Les abus de position dominante sont initiés individuellement par une entreprise qui
bénéficie d’un pouvoir de marché. On les appelle également les pratiques unilatérales.
L’entreprise qui a un pouvoir de marché peut en abuser en initiant des pratiques de nature à
fausser la concurrence dans le marché. Cependant, le simple fait d’avoir un pouvoir de
marché, d’être dominant dans un marché donné n’est pas répréhensible. Le droit de la
concurrence ne condamne que l’abus d’une situation de position dominante. L’entreprise qui
détient une position dominante sur le marché n’est pas en infraction. C’est son exploitation
abusive qui est sanctionnée. Ainsi, est incompatible avec le marché commun et interdit le fait
pour une entreprise ou groupes d’entreprises d’exploiter de façon abusive une position
dominante sur le marché commun ou dans une partie significative de celui-ci.
I/ une manifestation plurielle des abus de domination
Pour qu’il y ait abus de domination pouvant porter atteinte à la liberté de concurrence
il faut la réunion d’un certain nombre d’éléments : l’existence d’une situation de domination
et l’exploitation abusive de cette situation. Ces abus se manifestent différemment selon qu’on
l’envisage par rapport au marché ou par rapport au distributeur.
A/ L’existence d’une position sur le marché
La position dominante est le fait de détenir une position sur un marché tel que celui
qu’il occupe peut se permettre de ne pas se soucier des contraintes du marché et peut, tout au
contraire, obliger ses concurrents à s’aligner sur lui. La position dominante est une situation
de puissance économique détenue par une entreprise qui lui donne le pouvoir de faire obstacle
au maintien d’une concurrence effective sur le marché. C’est donc un pouvoir d’action, un
pouvoir de marché par une influence sur ses concurrents et en même temps une force d’inertie
car l’entreprise en position dominante échappe à l’influence de ses concurrents. Plus une
entreprise est en position dominante et plus elle peut obtenir un comportement indépendant,
augmenter ses prix sans craindre la baisse de ses parts du marché par exemple.
1/ La caractéristique de la position dominante
3 éléments doivent être rassemblés : un constat qu’une entreprise ou groupe
d’entreprises ait sur un marché pertinent une situation de domination. Il doit donc s’agir d’une
entreprise personne privée ou publique ou d’un groupe d’entreprises non liées entre elles : on
parle alors de position dominante collective. La position dominante peut être constituée sans
qu’une entente en soit l’origine : on parle alors de marché oligopolistique. L’oligopole étant
définit comme la présence d’un petit nombre d’offreurs sur un marché. La notion d’un marché
désigne en premier le lieu le marché d’un Etat, d’un Etat membre. Elle désigne surtout et de
façon particulière le marché en cause ou une situation donnée. Il s’agit donc de l’endroit où la
demande et l’offre se rencontrent dans une situation concurrentielle donnée ce marché doit
être pertinent c’est-à-dire le bon marché celui sur lequel se rencontrent effectivement l’offre et
la demande. Le marché pertinent permettant d’analyser la position économique d’une
entreprise et celui sur lequel on constate qu’il n’existe pas de produits ou de services
substituables à ceux de l’entreprise dont la position économique est soupçonnée.
Le marché pertinent est déterminé en considérant le marché de produits et le marché
géographique. La substituabilité ou l’interchangeabilité des produits et services en cause est
très importante dans la détermination du marché du produit en cause. Un certain nombre de
facteurs sont pris en compte ou déterminés si deux produits ou services appartiennent au
même marché : le degré de similitude physique entre les produits et les services en question,
les écarts de prix entre deux produits, le coup occasionné entre le passage d’un produit à un
autre s’il s’agit de deux produits potentiellement concurrents. Si par exemple, suite à une
augmentation du prix du café, les consommateurs se tournent vers le thé, on peut considérer
que le café et le thé sont substituables ou interchangeables pour le consommateur et de ce fait
appartiennent au même marché. Si par exemple, suite à l’augmentation du prix d’un produit
dans la région de Dakar, les consommateurs s’approvisionnent à Thiès, on peut considérer que
Dakar et Thiès constitue un même marché géographique. Si les consommateurs ne
s’approvisionnent pas à Kaolack du fait des coûts additionnels de transport, on considère que
pour se produit Dakar et Kaolack ne constituent pas un même marché géographique.
La domination du marché doit alors être démontrée. Il s’agit d’une appréciation
difficile puisqu’elle s’apprécie en pouvoir de marché.
2/ L’abus d’une position dominante
Le législateur UEMOA définit la notion de position dominante comme la situation où
une entreprise a la capacité sur le marché en cause de se soustraire à la concurrence effective,
de s’affranchir des contraintes du marché en y jouant un rôle directeur. Ce n’est pas la
position dominante qui est sanctionnée mais l’abus que peut commettre celui qui dispose
d’une telle position.
L’abus de position dominante est un comportement anticoncurrentiel unilatéral qui
affecte soit les acteurs du marché soit les consommateurs. Si l’abus affecte la compétitivité
des concurrents, on parle de pratiques d’exclusion. Si le comportement affecte les
consommateurs, on parle de pratiques d’exploitation. Le refus de vente et la pratique des prix
prédateurs peuvent être considérés comme des pratiques d’exclusion. Il existe au moins deux
situations d’abus : l’abus de résultat ou de comportement et l’abus de structure.
L’abus de résultat ou de comportement est l’hypothèse dans laquelle une entreprise a
obtenu un résultat qu’elle n’aurait pas obtenu sans sa position dominante ou sans le
comportement abusif.
L’identification d’un abus de position dominante automatique sans abus prend la
forme d’un abus de structure.
B/ l’existence d’une situation d’impossibilité
Dans le souci d’assurer une certaine protection de certains opérateurs professionnels à
savoir : des commerçants spécialisés qui ne peuvent exercer leurs activités sans vendre des
produits de marque ou des producteurs qui réalisent auprès d’une centrale d’achat une part
importante dans leurs chiffres d’affaires. On interdit l’abus de dépendance économique aussi
appelé exploitation abusive d’une situation de dépendance économique. L’article 27 de la loi
94-63 pose les critères de l’abus de dépendance économique.
Il s’agit en toute hypothèse de comportements établis dans le cadre de relations
existantes et non de relations éventuelles ou futures. L’état de dépendance économique
constitue un abus contre l’entreprise qui ne dispose pas de solutions équivalentes.
II/ une sanction commune aux abus : la nullité
La nullité sanctionne les pratiques anticoncurrentielles. Il s’agit d’une nullité de plein
droit qui neutralise les effets juridiques de l’abus de position dominante qui ne lient pas les
parties à l’accord et ne sont pas non plus opposables à des tiers. La nullité s’applique aux
seuls éléments de l’entente frappée par l’interdiction ou à l’entente dans son ensemble si ses
éléments ne sont pas séparables de l’accord lui-même. La nullité est rétroactive et a pour
objectif de corriger le dysfonctionnement créé dans le marché de par la pratique
anticoncurrentielle. La nature de plein droit de la nullité permet de prendre en compte dans la
détermination des sanctions pécuniaires notamment les effets de la pratique
anticoncurrentielle sur le marché depuis sa conclusion.