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A. L’identification du marché
Introduction
Conscient des inégalités qui existent dans le milieu économique, il est une nécessité pour les
pays de se doter d’un droit qui régule l’ensemble du marché. D’où la création du droit de la
concurrence. Ce dernier regroupent l’ensemble des règles destinées à garantir le respect du
principe de libre concurrence au sein d’une économie de libre marché. Entendu au sens strict
du terme, le droit de la concurrence englobe les matières juridiques issues, directement ou
indirectement, du droit communautaire à savoir les pratiques anticoncurrentielles, le contrôle
des concentrations, le contrôle des aides étatiques. Cependant, pour que les règles du droit
concurrence soit applicable, il faut la réunion de certains critères. Ce qui nous ramène à notre
sujet qui est « les critères d’applicabilité du droit de la concurrence ». On entend par « critères
d’applicabilité », les conditions dans lesquelles le droit de la concurrence peut être mis en
oeuvre. Ce sujet a un intérêt pratique dans la mesure où les règles du droit de la concurrence
ont pour vocation d’autoriser, de protéger, ou de limiter ou interdire la concurrence. Dès lors,
la question qui se pose c’est celle de savoir quelles sont les critères d’applicabilité du droit de
la concurrence ? Par conséquent, nous verrons d’abord que l’activité économique est un
critère déterminant pour l’application du droit de la concurrence (I), mais il faut ensuite que
cette activité s’effectue sur un marché (II).
S’il est souvent considéré qu’est économique toute activité consistant à « offrir des biens et
des services sur un marché donné », il a également été reconnu que le simple fait que l’action
intervienne sur un marché suffisait à la qualifier d’économique au sens de la concurrence,
sans que les caractéristiques de l’intervention n’aient à être analysées, et donc sans qu’une
offre de biens et de services n’ait à être recherchée. Bien que le lien entre l’activité
économique et le marché soit indéniable, la difficulté est de savoir si le critère d’identification
déterminant d’une telle activité est la nature de l’intervention sur le marché ou simplement
son cadre.
Certaines affaires peuvent illustrer la première option. Le juge reconnaît l’existence d’un
marché sur lequel une entité est active, mais refuse de qualifier l’intervention litigieuse
d’activité économique dans la mesure où elle ne constitue pas une « offre de biens et de
services ». Ainsi, la Cour d’appel de Paris a retenu que les activités assumées par la direction
de la météorologie nationale s’exercent sur deux marchés distincts. Le premier est « le marché
météorologique à l’usage du grand public dont la réalité économique n’est pas discutée ». Les
activités sur ce marché étant guidées par la recherche du profit, elles doivent être soumises au
droit de la concurrence. Le second est le marché de « l’information aéronautique destinée aux
professionnels de l’aviation ». Compte tenu de ses diverses caractéristiques et notamment du
fait que l’information doit être donnée à tous les équipages sans que son financement n’ait de
lien direct avec l’information fournie, ce marché est régi par le principe de non-exclusion. Dès
lors, pour la Cour d’appel, les activités qui en relèvent ne sont pas soumises aux règles de la
concurrence. Au terme de cette analyse, il paraît donc possible de concevoir qu’une activité ne
soit pas qualifiée d’économique alors même qu’elle intervient dans un système que le juge
qualifie de marché. C’est également la logique qui semble prévaloir en droit communautaire,
lorsque le Tribunal indique que « dès lors qu’une entité achète un produit, quand bien même
elle le ferait en grande quantité, non pas pour offrir des biens ou des services dans le cadre
d’une activité économique, mais pour en faire usage dans le cadre d’une autre activité, par
exemple une activité de nature purement sociale, elle n’agit pas en tant qu’entreprise du seul
fait de sa qualité d’acheteur sur un marché. S’il est exact qu’une telle entité peut exercer un
pouvoir économique très important, il n’en reste pas moins que, dans la mesure où l’activité
pour l’exercice de laquelle elle achète ces produits n’est pas de nature économique, elle n’agit
pas en tant qu’entreprise au sens des règles communautaires en matière de concurrence »
A. L’identification du marché
entre les ordres; mais aussi par la volonté du pouvoir politico-juridique de soumettre une
activité aux règles du marché ou, au contraire, de la faire échapper à ces règles, qui
conditionne son appartenance éventuelle à l’ordre concurrentiel.
la notion d’activité économique, qui permet de délimiter le champ d’application des règles de
la concurrence, est assimilée à l’activité qui intervient sur un marché. Ce raisonnement est
toutefois tautologique puisqu’il est inévitable qu’en tant que droit du marché, le droit de la
concurrence s’applique dès lors qu’une activité s’inscrit dans ce contexte du marché. Si l’on
considère que l’identification d’un marché est un préalable à l’application des règles de la
concurrence, il est alors concevable qu’un marché soit reconnu comme base d’une activité. Si
l’on admet au contraire que le marché n’est qu’une construction juridique artificielle,
déterminée et délimitée par le droit qui s’applique à lui, il est alors impossible d’envisager
qu’une activité soit considérée comme intervenant sur marché sans que le respect des règles
de la concurrence ne s’impose. Ainsi, considérer que l’activité économique, c’est-à-dire
l’activité sur le marché, est un critère d’applicabilité du droit de la concurrence, est un
pléonasme.