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Exposé DIP

IBRAHIMA BAH No 35
KHALED AKIRO OUSMANE MADY No 24
SAMIRA
WINNIE RETENO NDIAYE
RAZI-NGOKET LAURE No 53

Thème : L’évolution de la protection diplomatique


Introduction
L’origine de la protection diplomatique remonte très loin dans l’histoire du droit
international. En 1758, le juriste suisse VATTEL annonce l’idée maitresse « quiconque maltraite
un citoyen offense directement de l’Etat qui doit protéger ce citoyen ». La protection
diplomatique se définie comme l’action par laquelle un Etat décide de prendre en compte la
réclamation d’un de ses nationaux victime d’un fait internationalement illicite contre un autre par
la part d’un autre Etat et de porter le litige sur le plan international par voie diplomatique ou
juridictionnelle. Cette protection diplomatique a cependant connu une certaine évolution au fil
du temps. Dès lors, nous pouvons nous poser la question suivante, quel est donc le processus de
l’évolution de la protection diplomatique ? Ce sujet est d’ordre pratique car c’est à travers la
jurisprudence qu’il y a eu ces évolutions. Ainsi, nous verrons d’abord la conception traditionnelle
(I) de la protection diplomatique, ensuite celle-ci tend vers une vision plus moderne (II).

I. La conception traditionnelle de la protection diplomatique


A.La consécration juridique par la jurisprudence
L’approche classique de la protection diplomatique ressort de l’arrêt MAVROMATIS de 1924.
Par la suite, cette décision a été largement suivie par la cour et on peut citer à titre d’exemple
l’affaire des emprunts serbes et brésiliens de 1929. La « fiction » créée par cet arrêt fait ressortir
deux choses principales, en premier lieu que l’exercice de cet instrument dépend de la volonté de
l’État et en second lieu qu’il n’est mis en marche que pour protéger un droit propre de l’État4.
Ces affirmations entraînent des conséquences. En plus de posséder une totale liberté dans le
choix de déclencher ou non la protection diplomatique, l’État possède aussi une entière liberté
dans les moyens qu’il mettra en œuvre pour l’exercer. Ce caractère de pouvoir discrétionnaire a
été clairement réaffirmé dans l’affaire de la Barcelona Traction de 1970, à ce titre l’individu
n’intervient pas dans la prise de décision de l’État. Du fait que ce soit son droit propre qui est en
jeu, et non celui de l’individu, il paraît logique qu’il possède le pouvoir de décision à savoir si
oui ou non il activera ce mécanisme. De plus, l’affaire précédemment évoquée ajoute que « Dans
les limites fixées par le droit international, un État peut exercer sa protection diplomatique par les
moyens et dans la mesure qu’il juge appropriés, car c’est son droit propre qu’il fait valoir ».
Cette protection est une véritable substitution de l’État à l’individu. Cet instrument confirme de
façon clair la pensée de l’époque de l’arrêt qu’est celle découlant du fait que seul les États ont
une place sur la scène internationale et que les individus n’y interviennent que de manière

secondaire. La nature juridique repose ici sur trois principaux critères, pour commencer une idée
de justice dans le fait de prendre acte pour son ressortissant se trouvant démuni sur la scène
internationale et donc incapable de revendiquer cette violation. Ensuite, une obligation « morale
et juridique » de protéger ses ressortissants résidant ou non sur son territoire et enfin l’intérêt
même de l’État à activer cette protection.

B. Les conditions de la protection diplomatique


Les conditions d’octroi de la protection diplomatique comportent des exigences dont la
nationalité du protégé, la violation du droit international et l’épuisement préalable des voies du
recours interne. D’emblée nous verrons la nationalité du protégé. S’agissant des personnes
physique un Etat ne peut accorder sa protection diplomatique qu’a ses ressortissants, aucun doute
ne doit planer sur la nationalité de la personne lésée, la nationalité de la personne doit être
continue c’est-à-dire la personne concernée doit posséder la nationalité tant au moment de
l’évènement dommageable qu’à celui de l’introduction de la réclamation. La nationalité multiple
peut contrevenir à la protection diplomatique, par principe la protection diplomatique ne peut pas
s’exercer à l’encontre d’un autre Etat dont le lésé est également national, puisque la personne est
également considérée par cet Etat comme étant son propre ressortissant. Il existe des Etats ou les
autorités protège les droits des doubles nationaux a l’égard d’Etat tiers, prenons l’exemple dans
l’affaire NOTTEBOHM. Concernant les personnes morales, deux critères entrent en ligne de
compte pour amener un Etat à exercer sa protection diplomatique, le siège de l’entreprise ou le
contrôle prépondérants de l’entreprise. Par exemple, l’affaire de la Barcelona Traction. En
l’espèce, la CIJ ne tient pas compte du fait que la majorité des actionnaires sont de nationalité
belge mais relève uniquement le fait que la société étant de nationalité canadienne seul ce dernier
a le droit d’exercer sa protection diplomatique au profit de la société. En effet, l’autonomie des
personnalités juridiques de la société et ses actionnaires entraîne l’autonomie des intérêts
juridiques ce qui justifie le fait que seul l’état de nationalité de la société puisse protéger les
intérêts de celle-ci. La violation du droit international se caractérise par le non-respect, par l’État
mis en cause, d’une des obligations qu’il doit à l’État lésé, ce qui permet de mettre en jeu sa
responsabilité. S’agissant de la règle d’épuisement des voies de recours internes, elle a été
reconnue par la CIJ dans son arrêt du 21 Mars 1959 affaire dite de l‘INTERHANDE. Cette règle
oblige l’individu à user de tous les recours possibles avant de pouvoir demander la protection
diplomatique de son État de nationalité. Cette condition n’a cependant pas de valeur absolue
puisqu’il faut que l’individu soit à même de les saisir. Il y est prévu des exceptions à l’article 15
du projet de la CDI. Une exception est née avec les arrêts LAGRAND et AVENA pour lesquels il
n’y a pas eu obligation de l’épuisement des voies de recours internes.

II.Une vision plus moderne de la protection diplomatique


C’est principalement l’évolution du champ d’application (A) de la protection diplomatique qui a


amené la doctrine à la qualifier de plus moderne, cependant cette évolution reste frileuse et ne
permet pas de considérer un changement total de la nature de cet instrument (B).

A.L’extension de son champ d’application


Une vision qualifiée de plus moderne peut être tirée d’une interprétation légèrement différente de
la CPJI dans l’arrêt MAVROMMATIS. En effet, celui-ci démontre que la Cour distingue trois
différents types d’action permettant d’obtenir réparation consécutive à la réalisation d’un fait
internationalement illicite. Tout d’abord, l’action pour laquelle l’État fait valoir son « propre »
droit c’est à dire lorsque le préjudice dont il est question lui est causé par la violation d’une
obligation qui lui est directement due. Ensuite, l’action pour laquelle l’État fait uniquement
valoir le droit de son ressortissant c’est à dire lorsque le préjudice en question est causé au
ressortissant par la violation d’une obligation due au ressortissant. Dans ce cas, l’État prend fait
et cause pour son ressortissant. Enfin, une action qualifiée de « mixte » du fait que l’État invoque
à la fois son droit propre et celui de son ressortissant.
La mise en avant des droits de l’individu intervient notamment de manière importante dans les
affaires LAGRAND et AVENA pour lesquelles la Cour devait s’intéresser au troisième type
d’action qu’est l’action « mixte ». Dans ce cas, les droits « propres » de l’État étaient liés aux
droits individuels des ressortissants protégés. Ces affaires mettent en avant le fait que la
réparation demandée par l’État l’est avant tout selon le préjudice subi par le ressortissant et non
celui de l’État. Ce dernier mettant bien en avant le droit individuel de son ressortissant et non le
sien au travers de son ressortissant. Certes l’acte mis en cause est une violation d’une obligation
due à l’État néanmoins elle ne peut être constatée qu’en lien avec la violation du droit du
ressortissant ce qui lui donne qualité pour agir. Dans l’Affaire AVENA, la protection
diplomatique se détache de la responsabilité interétatique pour intégrer une théorie de la
protection internationale des personnes.

La CIJ continue cette évolution de la protection diplomatique avec l’arrêt Diallo, dans lequel elle
préfère citer l’article 1 du projet d’article de la Commission du Droit International (CDI) sur la
protection diplomatique que le principe énuméré par l’arrêt MAVROMMATIS. A travers cela,
cet arrêt témoigne d’un réel changement de nature de la protection diplomatique notamment son
champ d’application matériel puisqu’il en est déduit que désormais cet instrument permettrait la
protection des droits de l’homme. Ce qui est un grand pas puisque jusque-là, la protection
diplomatique était exercée exclusivement en lien avec des obligations dues à l’État ou des
obligations mixtes mais où le droit de l’État intervenait toujours. Désormais tous les droits
individuels créer conventionnellement ou reconnu par le droit coutumier pourraient être invoqués
dans une action en protection diplomatique.

B. Les limites a cette évolution


La principale question que l’on peut se poser concernant l’évolution de la protection
diplomatique est de savoir pourquoi la cour, en un sens, a rompu avec la jurisprudence
MAVROMMATIS mais n’est pas allée au bout de cette évolution en reconnaissant notamment le
fait que ce serait en fait un droit de l’individu. En effet, la protection diplomatique ne semble
plus uniquement protéger les droits propres de l’État, puisqu’on a pu le voir avec l’arrêt Diallo,
désormais la protection des droits de l’homme a été incorporée a son champs matériel.
Néanmoins, il est important de révéler ici les limites que présente une remise en cause totale de
la jurisprudence de la CPJI. Tout d’abord, le fait que la protection diplomatique devienne un droit
de l’individu sous entendrait que l’État ne possède plus son pouvoir discrétionnaire, c’est à dire
la possibilité de décider les cas dans lesquels il ferait bénéficier un de ses ressortissants de cette
protection. Mais en plus de cela, il serait difficile de voir le juge international devenir le juge de
droit commun des réclamations faites par les individus.

De manière générale, les États ne montrent pas le désir de voir cette protection évolué.
Actuellement aucun État ne prévoit le reversement obligatoire de l’indemnisation perçue, suite à
l’application de la protection diplomatique, à l’individu concerné.

Malgré le fait que l’on considère aujourd’hui que les droits de l’homme sont rentrés dans le
champ matériel de protection diplomatique, cette dernière reste un instrument de protection de
ces droits très mitigée. En effet, l’arrêt Diallo ne résout pas tout dans ce domaine notamment en
restant réservé sur la nature de la protection diplomatique. De plus, cet arrêt aurait pu être
l’occasion pour la cour d’obliger le reversement par les états de l’indemnisation à l’individu,
chose qu’elle n’a pas faite, ce qui permet d’en conclure qu’elle ne peut être considérée comme
un instrument de protection adéquate de ce type de droit. Une autre limite peut être mise en avant
qu’est celle relative aux modalités de l’engagement de la protection diplomatique restant
identique depuis sa création. L’une des plus importantes étant celle de la nationalité qui est
toujours exigée. Le contentieux des droits de l’homme est supposé être un contentieux objectif.
Cette objectivité devrait permettre à tout État, indépendamment de la nationalité de l’individu,
d’agir dans un intérêt collectif. La révolution serait de véritablement faire de la protection
diplomatique une obligation pour l’État de protéger son ressortissant, mais à ce jour la protection
diplomatique ne semble pas être totalement adaptée à la protection des droits de l’homme. Pour
l’être, il faudrait envisager une totale reconstruction de ce système.

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