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AXE 1.

LES SUJETS DU DROIT


COMMERCIAL

R. Charaf-eddine Droit
commercial et des sociétés S4
2021.2022
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commercial et des sociétés S4
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CHAPITRE 1.
LE COMMERÇANT

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SECTION 1. DÉFINITION DU
COMMERÇANT

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L’article 6 du code de commerce stipule que :

« Sous réserve des dispositions du chapitre II du titre IV ci-après, relatif à


la publicité au registre de commerce, la qualité de commerçant s’acquiert
par l’exercice habituel ou professionnel des activités suivantes … ».

Donc, l’acquisition de la qualité de commerçant ne devrait faire l’objet


d’aucune restriction.

Toutefois cette condition est insuffisante pour définir le commerçant,


une autre condition s’impose, à savoir l’exercice des activités
commerciales pour son propre compte.

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Ainsi, trois éléments caractérisent le commerçant et l’opposent au
simple particulier :

 l’accomplissement d’actes de commerce,

 à titre de profession habituelle,

 et de manière personnelle et indépendante.

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I. L’ACCOMPLISSEMENT D’ACTES DE COMMERCE

Le code de commerce ne donne pas une définition générale de l’acte


de commerce, et se contente d’en faire une énumération dans les
articles 6 et 7.

La commercialité d’un acte tient à sa nature et à son rattachement.

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I.1. LES ACTES DE COMMERCE PAR NATURE

L’article 6 du code de commerce en donne l’énumération suivante :


• L’achat de meubles corporels ou incorporels en vue de les
revendre, soit en nature, soit après les avoir travaillés et mis en
œuvre, ou en vue de les louer ;
• La location de meubles corporels ou incorporels, en vue de leur
sous-location ;
• L’achat d’immeubles en vue de les revendre en l’état, ou après
transformation ;
• La recherche et l’exploitation des mines et carrières ;
• L’activité industrielle ou artisanale ;
• Le transport ;
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• La banque, le crédit et les transactions financières ;
• Les opérations d’assurance à primes fixes ;
• Le courtage, la commission et toutes opérations d’entreprise ;
• L’exploitation d’entrepôts et de magasins généraux ;
• L’imprimerie et l’édition, quels qu’en soient la forme et le support ;
• Le bâtiment et les travaux publics ;
• Les bureaux et agences d’affaires, de voyage, d’information et de
publicité ;
• La fourniture de produits et de services ;
• L’organisation de spectacles publics ;
• La vente aux enchères publiques ;
• La distribution d’eau, d’électricité et de gaz ;
• Les postes et télécommunication.
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S’ajoutent aussi à cette liste toutes les opérations « portant » sur les
navires et les aéronefs et leurs accessoires, ou « se rattachant » à leur
exposition ou au commerce maritime et aérien (article 7 du code de
commerce).

De plus, pour pallier à toute omission, ou permettre de résoudre


toute interrogation future due à l’évolution des choses sont
généralement tenus pour commerciaux les actes « de toutes activités
pouvant être assimilées » à celles visées aux articles 6 et 7 précités.
(article 8 du code de commerce).

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I.2. LES ACTES DE COMMERCE PAR RATTACHEMENT

Ce sont des actes qui ne doivent pas leur commercialité à leur


objet, mais le doivent soit à une déclaration de la loi, soit à un
effet de cohérence.

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I.2.1. LES ACTES DE COMMERCE PAR LA FORME

Ils sont réputés actes de commerce par la loi ; il s’agit donc d’une
commercialité formelle.
La lettre de change (article 9 du code de commerce)
La lettre de change est commerciale, quel que soit son objet
(commercial ou civil), et quelle que soit la personne signataire,
(commerçante ou non).
L’article 9 du code de commerce stipule que : « indépendamment des
dispositions des articles 6 et 7 ci-dessus, sont réputés actes de
commerce :
- la lettre de change ;
-le billet à ordre signé même par un non-commerçant lorsqu’il résulte
d’une transaction commerciale ».
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 Les sociétés commerciales par la forme

Sont également commerciales par la forme et quel que soit leurs objets :

 la société anonyme (article 1/1 de la loi 17-95 relative aux sociétés


anonymes),

 les sociétés en nom collectif, les sociétés en commandite simple et en


commandite par action, ainsi que les sociétés à responsabilité limitée
(article 2 de la loi 5-96 sur les autres sociétés que la société anonyme).

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I.2.2. LES ACTES DE COMMERCE PAR ACCESSOIRE

• Il s’agit d’actes qui deviennent actes de commerce parce qu’ils sont


l’accessoire d’une activité commerciale.

• On traite ici donc l’accessoire comme le principal, et on le soumet


au même régime.

• Exemple : le commerçant qui achète un camion pour livrer ses


marchandises, ou du mobilier pour son agence d’affaires ou des
machines pour son usine ne fait pas un acte de commerce par
nature, car il n’achète pas en vue de revendre, mais l’acte est
considéré comme commercial puisque conclu pour les besoins du
commerce.
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Ces actes sont en réalité de nature civile et, lorsqu’ils sont effectués par
un commerçant pour les besoins de son commerce, ils acquièrent la
qualité d’actes de commerce.

Ces actes ne constituent pas l’objet du commerce du commerçant ou


son activité, il n’y a pas l’idée d’achat pour revendre.

Donc, l’acte d’achat est en lui-même un acte civil, mais qui devient
commercial par accessoire à l’activité commerciale du commerçant, on
dit qu’il est commercial par accessoire.

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Les conditions de ce principe :

 Il faut que son auteur ait la qualité de commerçant ;

 Pour devenir commercial par accessoire, l’acte civil par nature doit
être conclu pour les besoins du commerce, et non pas pour les
besoins particuliers du commerçant.

L’article 10 du code de commerce stipule que : « Sont également


réputés actes de commerce les faits et actes accomplis par le
commerçant à l’occasion de son commerce, sauf preuve contraire ».

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I.2.3. LES ACTES DE COMMERCE MIXTES

Si l’acte n’est commercial qu’à l’égard de l’une des parties, il est


généralement qualifié d’acte mixte.

Ce sont des actes qui sont commerciaux pour une partie et civils pour
l’autre.

Exemple : un consommateur qui achète des produits ou de la


marchandise chez un commerçant ; cet acte a une double qualité : il
est civil pour le consommateur et commercial pour le commerçant.

C’est le cas pour toutes les ventes au détail ou ventes à la


consommation : l’acte est commercial pour le vendeur et civil pour le
consommateur.
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L’article 4 du code de commerce dispose que «lorsque l’acte est
commercial pour un contractant et civil pour l’autre, les règles du
droit commercial s’appliquent à la partie pour qui l’acte est
commercial ; elles ne peuvent être opposées à la partie pour qui
l’acte est civil sauf disposition spéciale contraire ».

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II. L’ACCOMPLISSEMENT D’ACTES DE COMMERCE À
TITRE DE PROFESSION OU D’HABITUDE

S'agissant des sociétés, rappelons que certaines sociétés sont


commerciales par la forme, quelle que soit leur activité civile ou
commerciale.

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Concernant les personnes physiques, un simple particulier peut
accomplir occasionnellement des actes de commerce sans pour
autant devenir commerçant.

La qualité de commerçant ne lui sera acquise selon l’article 6 du


code de commerce que s’il le fait de manière habituelle ou à titre
professionnel.

L’article 6 du code de commerce stipule que : « … la qualité de


commerçant s’acquiert par l’exercice habituel ou professionnel des
activités suivantes… ».

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II.1. L’HABITUDE

L’habitude veut dire une répétition régulière de l’activité


commerciale.

En conséquence, l’exercice occasionnel de ces activités ne peut plus


qualifier un commerçant.

D’ailleurs, il ne faut pas oublier la condition supplémentaire de


l’article 6 concernant la publicité au registre du commerce.

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II.2. LA PROFESSION

C’est une occupation déterminée, sérieuse, continue, de nature à


produire des bénéfices et à permettre de subvenir aux besoins de
l’existence.

Celui qui exerce une activité commerciale de manière habituelle doit


tirer de cet exercice tout ou une partie importante de ses moyens
d’existence.

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III. L’ACCOMPLISSEMENT D’ACTES DE COMMERCE
DE MANIÈRE PERSONNELLE ET INDÉPENDANTE

Bien que le code de commerce ne le précise pas, il est certain que


pour être commerçant, il faut faire les actes de commerce en son
nom et pour son propre compte.

Donc, celui qui accomplit les actes de commerce pour le compte


d’autrui n’est pas un commerçant.

Exemple : le salarié d’un commerçant, le gérant salarié d’un fonds de


commerce, etc.

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SECTION 2.
LES RESTRICTIONS À LA LIBERTÉ DU
COMMERCE

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Un commerçant doit satisfaire aux conditions de la capacité
commerciale et aux conditions relatives aux restrictions à l’exercice du
commerce.

La liberté du commerce est un principe fondamental de notre droit; il


est consacré par la constitution (L’article 15 de la constitution dispose
que le droit d’entreprendre demeure garanti).

Toutefois, cette liberté du commerce est limitée par certaines


restrictions.

Le non-respect de ces restrictions est puni, suivant les cas, par des
sanctions disciplinaires ou administratives et même, le cas échéant,
pénales.

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En outre, les opérations commerciales effectuées par le contrevenant
sont considérées valables et peuvent le soumettre aux règles du droit
commercial, notamment celles relatives aux procédures de
redressement et de liquidation judiciaires.

Cette règle est consacrée expressément par l’article 11 du code de


commerce qui dispose que «toute personne qui, en dépit d’une
interdiction, d’une déchéance ou d’une incompatibilité, exerce
habituellement une activité commerciale, est réputée commerçant ».

En droit il existe des restrictions qui concernent les personnes et


d'autres qui concernent les activités.

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I. LES RESTRICTIONS CONCERNANT LES
PERSONNES

Le législateur a considéré que l’exercice d’une profession


commerciale comporte des dangers, à la fois pour celui qui se livre au
commerce sans expérience, et pour le public qui peut souffrir de
l’inexpérience, et aussi de l’immoralité du commerçant. Il a donc
édicté des incapacités et des interdictions.

Les incapacités étant principalement destinées à la protection du


commerçant, et ont pour effet d’empêcher l’incapable d’avoir la
qualité de commerçant ; tandis que les interdictions sont surtout
destinées à protéger les tiers.

Concernant les interdictions, on distingue entre les déchéances et les


incompatibilités.
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I.1. LES INCAPACITÉS

La capacité qui est la condition de la qualité de commerçant est la


capacité d’exercice.

Le principe est que toute personne âgée de 18 années grégoriennes


révolues, est majeure et peut devenir commerçante (article 209 du
code de la famille).

L’article 15 du code de commerce stipule quant à lui que : « Est


réputé majeur pour exercer le commerce tout étranger ayant atteint
20 ans révolus (18 ans actuellement), même si sa loi nationale prévoit
un âge de majorité supérieur à celui qui est édicté par la loi
marocaine ».
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L’article 16 du même code stipule de son côté que : « Lorsqu’un
étranger n’a pas l’âge de majorité requis par la loi marocaine et qu’il est
réputé majeur par sa loi nationale, il ne peut exercer le commerce
qu’après autorisation du président du tribunal du lieu où il entend
exercer, et inscription de cette autorisation au registre du commerce ».

Vont donc être exclues des professions commerciales, les personnes


suivantes : les mineurs et les incapables.

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a. Les mineurs

 Le mineur non émancipé : C’est un mineur ordinaire. Il ne peut


devenir commerçant, ni même faire occasionnellement des actes de
commerce.

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 Le mineur émancipé : Le mineur émancipé peut exercer le
commerce s’il remplit les conditions suivantes :

- Il doit être préalablement autorisé à le faire par son père, sa mère


ou par son tuteur, ou par délibération du conseil de famille,
homologuée par le tribunal, conformément aux règles exigées par son
statut personnel pour semblable autorisation.

- L’autorisation d’exercer le commerce par le mineur, et la


déclaration anticipée de majorité, prévues par le code du statut
personnel, doivent être inscrites au registre du commerce (article 13
du code de commerce). Elle est aussi nécessaire pour
l’immatriculation au registre du commerce.

- Le mineur ne peut être émancipé s’il n’a pas atteint l’âge de 16


ans (article 218/3 du code de la famille).
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b. Les majeurs incapables
Ce sont les malades mentaux et les prodigues.

Ils sont assimilés aux mineurs non émancipés.

c. La femme mariée
Si l’article 6 de l’ancien code de commerce de 1913 privait la femme
mariée de la capacité d’exercer le commerce, en la subordonnant au
consentement de son mari, l’article 17 du nouveau code de commerce
de 1996 (loi n°15-95) stipule que : « La femme mariée peut exercer le
commerce sans autorisation de son mari. Toute convention contraire
est réputée nulle ».

De ce fait, on peut dire que la femme mariée est totalement capable, à


l’instar de l’homme, d’exercer la profession commerciale.

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I.2. LES DÉCHÉANCES

Pour assainir la profession commerciale et assurer un minimum de


moralité, le législateur interdit le commerce aux personnes qui ont
encouru certaines condamnations.

La déchéance vise les commerçants ou les postulants au commerce qui


ont fait l’objet de certaines condamnations pénales pour vol,
escroquerie, abus de confiance, émission de chèque sans provision,
infractions fiscales ou douanières, banqueroute, etc. ou d’une
liquidation judiciaire.

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La déchéance commerciale emporte interdiction de diriger, gérer,
administrer ou contrôler, directement ou indirectement, toute
entreprise commerciale ou artisanale, et toute société commerciale
ayant une activité économique (article 711 du code de commerce).

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Lorsque le tribunal prononce la déchéance commerciale, il fixe la
durée de la mesure, qui ne peut être inférieure à 5 ans. Il peut
ordonner l’exécution provisoire de sa décision.

La déchéance commerciale et l’incapacité élective qui en résulte


cessent de plein droit au terme fixé, sans qu’il y ait lieu au prononcé
d’un jugement.

La durée de l’incapacité d’exercer une fonction publique élective


résultant du jugement de liquidation judiciaire est de cinq ans.

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Dans tous les cas, l’intéressé peut demander au tribunal de le relever,
en tout ou partie, de la déchéance commerciale et de l’incapacité
d’exercer une fonction publique élective, s’il a apporté une
contribution suffisante au paiement de l’insuffisance d’actif.

Lorsqu’il y a relèvement total de la déchéance commerciale, et de


l’incapacité élective, la décision du tribunal emporte réhabilitation.

(Articles 719 et 720 du code de commerce).

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I.3. LES INCOMPATIBILITÉS

L’incompatibilité est l’interdiction faite à certaines personnes d’exercer


le commerce en raison de leur profession.

Le fondement de la mise en place de ces incompatibilités est la


garantie de l’indépendance et la dignité des professions visées.

Ainsi, on trouve le dahir du 25 février 1958 formant statut de la


fonction publique qui interdit aux fonctionnaires d’exercer le
commerce.

De même, les professions d’avocat, de notaire et d’autres professions


libérales sont également incompatibles avec l’exercice d’une activité
commerciale.
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Rappelons que ces personnes ne sont pas incapables.

Si elles font des actes de commerce malgré le statut de leur profession,


elles pourront être passibles de sanctions disciplinaires ou pénales,
mais les actes sont valables.

Et si elles font assez d’actes de commerce pour qu’ils puissent


constituer l’exercice d’une fonction, elles auront la qualité de
commerçant avec toutes les conséquences de droit, y compris au
redressement judiciaire ou à la liquidation judiciaire.

L’article 11 du code de commerce disposant que «toute personne qui,


en dépit d’une interdiction, d’une déchéance ou d’une incompatibilité,
exerce habituellement une activité commerciale, est réputée
commerçant ».

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II. LES RESTRICTIONS CONCERNANT LES
ACTIVITÉS

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II.1. LES INTERDICTIONS

Au titre de cette restriction, le commerçant n’a pas le droit de postuler


à l’exercice de certaines activités commerciales :
 lorsque ces activités sont interdites par le législateur : par exemple
l’interdiction du commerce de la fausse monnaie (art. 335 C.P.),
l’interdiction du commerce des objets et images contraires aux
mœurs (art. 59 dahir 15/11/1958 formant code de la presse), le
commerce des stupéfiants, etc. ;
 ou lorsque ces activités constituent un monopole de l’Etat : par
exemple la recherche du pétrole et du gaz, l’exploitation et le
commerce des phosphates, le transport ferroviaire, etc.

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II.2. LES AUTORISATIONS

Il s’agit de l’interdiction d’exercer certaines activités commerciales


sans autorisation préalable des autorités administratives.

En effet, dans certains cas, une autorisation administrative, sous forme


d’agrément ou de licence, est nécessaire avant l’ouverture du
commerce ou l’exercice de certaines activités commerciales.

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Exemples :

 la vente des boissons alcoolisées (qui est soumise, suivant le cas, à


une licence ou à une autorisation);

 les activités cinématographiques (notamment les clubs vidéo soumis


à une autorisation du C.C.M.);

 les agences de voyages (qui doivent être autorisées par le ministère


du tourisme);

 le transport public des personnes (soumis à des agréments du


ministère du transport), etc.

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Dans d’autres cas l’existence de ces autorisations s’explique par des
exigences de la profession.

Par exemple, l’ouverture d’une pharmacie nécessite d’être titulaire d’un


diplôme de pharmacien.

Il faut ajouter que certaines activités ne peuvent être exercées que par
des personnes morales, par exemple les activités bancaires.

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SECTION 3.
LES OBLIGATIONS DU COMMERÇANT

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Pour protéger le commerçant (et l’entreprise commerciale) et les
tiers qui traitent avec lui contre les risques du commerce, la loi a
prévu des protections légales qui créent pour le commerçant (et
l’entreprise commerciale) des obligations diverses.

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I. L’IMMATRICULATION AU REGISTRE DE
COMMERCE

Le Registre de Commerce a pour rôle de faire connaître les


commerçants.

Son objectif est d’organiser une publicité juridique (non


commerciale) sur le commerçant.

Il fournit aux tiers, qui sont en relation avec le commerçant, des


informations relatives à sa situation juridique et à ses activités
commerciales.

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C’est pour cette raison que le code de commerce a fait du R.C. un
document public.

Toute personne peut se faire délivrer une copie ou un extrait certifié


des inscriptions qui y sont portées ou un certificat attestant
l’inexistence d’une inscription ou qu’une inscription a été rayée.

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I.1. LE FONCTIONNEMENT DU REGISTRE DE
COMMERCE

a. L’organisation du registre de commerce


Le registre de commerce est constitué par des registres locaux et un
registre central :
• Les registres locaux sont actuellement institués auprès de chaque
tribunal de commerce ou de première instance le cas échéant ; ils
sont tenus par le secrétariat-greffe et leur fonctionnement est
surveillé par le président du tribunal ou par un juge désigné par lui.
• Le registre central du commerce est tenu à l’office de la propriété
industrielle à Casablanca. Il a pour but :
* de centraliser toutes les déclarations contenues dans les registres
locaux que lui transmettent les secrétaires greffiers des tribunaux ;
* et de délivrer les certificats relatifs aux inscriptions portées sur
le registre.

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b. Les personnes assujetties

Toutes les personnes physiques et morales, marocaines ou étrangères


exerçant une activité commerciale sur le territoire marocain sont tenues
de se faire immatriculer au R.C. du tribunal où est situé leur siège.

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I.2. LES EFFETS DE L’IMMATRICULATION

a. Les effets à l’égard des personnes physiques


Désormais, avec le nouveau code de commerce, toute personne
immatriculée au R.C. est présumée avoir la qualité de commerçant.

Néanmoins, cette présomption est simple, c’est-à-dire susceptible de


preuve contraire.

Ce qui veut dire que l'adversaire en justice d'un commerçant peut


prouver que ce dernier n'est pas commerçant.

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b. Les effets à l’égard des personnes morales

Dans l’ancienne législation, l’immatriculation au R.C. n’était pas une


condition pour l’acquisition de la personnalité morale, une société
commerciale jouissait de la personnalité morale dès sa constitution,
indépendamment de l’immatriculation au R.C.

Actuellement, avec les nouvelles lois relatives aux sociétés, celles-ci ne


jouissent de la personnalité morale qu’à partir de leur immatriculation
au R.C.

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II. LES OBLIGATIONS COMPTABLES

L’utilité de la comptabilité n’est plus aujourd’hui à démontrer, tant


dans l’intérêt du commerçant (bonne gestion et moyen de preuve)
que de celui des tiers (informations sur la situation du commerçant)
ou de l’Etat (contrôle des déclarations fiscales).

La tenue des livres de commerce était réglementée par le code de


commerce de 1913, cette réglementation s’est révélée dépassée par
l’évolution des pratiques commerciales et comptables.

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Pour se mettre à jour par rapport à cette évolution, le législateur a du
intervenir par la loi 9-88 relative aux obligations comptables des
commerçants, promulguée par dahir du 25 décembre 1992 (B.O.
30/12/1992, n° 4183 bis, p. 623).

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II.1. LES LIVRES ET DOCUMENTS COMPTABLES

La législation actuelle ne dispense plus aucun commerçant, aussi


modeste que soit son commerce, de la tenue de la comptabilité
commerciale.

L’article 1er de la loi 9-88 impose en effet à toute personne, physique


ou morale, ayant la qualité de commerçant de tenir une comptabilité
dans les formes qu’elle prescrit.

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Dans ce but trois livres comptables sont obligatoires pour tous les
commerçants, à savoir, le livre journal, le grand livre et le livre
d'inventaire.

En outre, elle oblige les entreprises dont le chiffre d’affaires annuel est
supérieur à 7.500.000 dirhams d’établir un certain nombre de
documents supplémentaires tels que le manuel, l’état des soldes de
gestion (l’E.S.G.), le tableau de financement, l’état des informations
complémentaires (ETIC) et les états de synthèse annuels (ES).

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II.2. LES RÈGLES RELATIVES À LA TENUE DE LA
COMPTABILITÉ ET LEURS SANCTIONS

a. Les règles

Afin de veiller sur l’authenticité des écritures comptables et la sincérité


des opérations effectuées par les commerçants, l’article 22 de la loi
exige que les documents comptables soient établis «sans blanc ni
altération d’aucune sorte ».

C’est-à-dire qu’il est interdit de laisser des blancs susceptibles d’être


remplis en cas de besoin ou de biffer des écritures.

Celles-ci doivent, le cas échéant, tout simplement être rectifiées par


d’autres écritures en sens inverse, autrement dit procéder à la contre-
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C’est d’ailleurs pour les mêmes raisons que l’article 8 dispose que le
livre journal et le livre d’inventaire sont cotés et paraphés sans frais par
le greffier du tribunal du siège de l’entreprise.

Chaque livre reçoit un numéro répertorié par le greffier sur un registre


spécial.

Par ailleurs, l’article 22 exige des commerçants de conserver leurs


documents comptables et leurs pièces justificatives pendant 10 ans.

L’article 26 du code de commerce les oblige, de son côté, de classer et


conserver pendant 10 ans, à partir de leur date, les originaux des
correspondances reçues et les copies de celles envoyées.

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b. Les sanctions
Les sanctions de ces formalités sont d’ordre fiscal et pénal.

 Les sanctions fiscales

Comme les documents comptables servent de base à l’établissement des


déclarations fiscales, ils peuvent faire l’objet de vérification de la part des
inspecteurs des impôts.

Aussi, lorsque ces documents ne respectent pas les normes prescrites


par la loi 9-88, l’article 23 de cette dernière laisse la faculté à
l’administration des impôts de les rejeter et d’établir une imposition
forfaitaire.

Elle peut même appliquer, le cas échéant, des sanctions pécuniaires


(majorations, indemnités de retard, etc.)
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 Les sanctions pénales

S’il s’avère que le commerçant a falsifié les livres et documents


comptables, il peut, notamment, être poursuivi pour faux en écriture du
commerce qui est un délit puni par l’article 357 du code pénal de
l’emprisonnement de 1 à 5 ans et d’une amende de 250 à 20 000
dirhams.

Il peut aussi être poursuivi pour banqueroute ou pour fraude fiscale.

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II.3. LA PREUVE PAR LES DOCUMENTS COMPTABLES

L’un des intérêts de la tenue de la comptabilité pour le commerçant,


et non des moins importants, est qu’elle peut lui servir de preuve à
l’égard des autres commerçants.

Par conséquent, en cas de litige entre commerçants à propos de leurs


affaires commerciales, chacun peut invoquer ses propres documents
comptables pour faire preuve contre l’autre, à condition qu’ils soient
régulièrement tenus.

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III. OBLIGATIONS DIVERSES

Dans le but d’assurer un meilleur contrôle fiscal, le code de commerce


de 1996 a institué de nouvelles obligations à la charge des
commerçants.
Il s’agit de :
 l’obligation pour le commerçant, pour les besoins de son
commerce, d’ouvrir un compte dans un établissement bancaire ou
dans un centre de chèques postaux (art.18) ;

 et l’obligation de payer par chèque barré ou par virement bancaire,


toute opération entre commerçants pour faits de commerce d’une
valeur supérieure à 10 000 dirhams.
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L’inobservation de cette règle est passible d’une amende qui ne peut
être inférieure à 6% de la valeur payée autrement que par chèque ou
virement bancaire.

Les deux commerçants, c’est-à-dire le créancier et le débiteur, sont


responsables solidairement du paiement de cette amende.

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