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Département : Droit et Economie

Filière : Sciences Economiques et Gestion

Semestre : 4

Module : Droit commercial et des sociétés

Séance 2

Année universitaire : 2020 – 2021


CHAPITRE 1. LES ACTES DE COMMERCE ET L’ACTIVITE COMMERCIALE

Le droit commercial régit les opérations juridiques accomplies par des commerçants
entre eux ou avec leurs clients et se rapportant à l'exercice du commerce. Il oscille entre
conception subjective et objective. Suivant une conception subjective, le droit commercial est
un droit des commerçants. Suivant une conception objective, le droit commercial est le droit
des actes de commerce. Ces deux approches sont en réalité complémentaires. Si les actes de
commerce sont ordinairement passés par des commerçants, ils sont parfois inopinément
accomplis par des non-commerçants. Le droit commercial contemporain est le fruit d'une
conception dualiste.

SECTION 1. DEFINITION DES ACTES DE COMMERCE

Dans le code commerce marocain, les actes de commerce occupe une place centrale dans
les articles 6 et 7. Cependant, le code se contente d’énumérer les actes de commerce et les
activités commerciales, sans donner de définition susceptibles d’appréhender l’ensemble des
actes de commerce. En l’absence de définition légale, on peut définir l’acte de commerce
comme étant un acte juridique ou fait juridique soumis aux règles du droit commercial en
raison de sa nature, de sa forme ou en raison de la qualité de commerçant de son auteur

Dans le système juridique marocain, l'acte de commerce désigne une catégorie d´actes
juridiques soumis du fait de leur nature, de leur forme et/ou des personnes qui les réalisent,
aux dispositions du droit commercial.

Selon l’article 6 du code de commerce marocain sont commerçants ceux qui exercent
des actes de commerce et en font « leur profession habituelle ou professionnelle ». On peut
donc déduire du texte que si la réalisation d’actes de commerce est nécessaire à la qualité de
commerçant, elle doit être assez fréquente et durable pour atteindre la dimension d’une
véritable activité professionnelle. Les actes de commerce sont pour l’essentiel des actes
accomplis par les commerçants dans l’exercice de leur commerce. Traditionnelle on distingue
trois catégories d’actes de commerce : D’abord, les actes de commerce par nature (§1),
ensuite, les actes de commerce par la forme (§2), et enfin les actes de commerce par
accessoire (§3).

§1. Les actes de commerce par nature

C’est la commercialité de l’activité qui confère à chacun des actes qui la compose le
caractère commercial et la qualité de commerçant à ceux qui les accomplissent. Il y a ici là
deux aspects d’une même réalité et qui sont indivisible. En effet, il n’y a pas d’activité
commerciale sans actes de commerce, et il n’y a pas d’actes de commerce sans activité
commerciale. . Les actes de commerce par nature sont énumérés aux articles 6 et 7 du code
de commerce. Ainsi on distingue:

- l'achat de meubles corporels ou incorporels en vue de les revendre soit en naturesoit après
les avoirs travaillés et mis en œuvre ou en vue de les louer ;

- la location de meubles corporels ou incorporels en vue de leur sous-location ;

- l'achat d'immeubles en vue de les revendre en l'état ou après transformation ;

- la recherche et l'exploitation des mines et carrières ;

- l'activité industrielle ou artisanale ;

- le transport ;

- la banque, le crédit et les transactions financières ;

- les opérations d'assurances à primes fixes ;

- le courtage, la commission et toutes autres opérations d'entremise ;

- l'exploitation d'entrepôts et de magasins généraux ;

- l'imprimerie et l'édition quels qu'en soient la forme et le support ;

- le bâtiment et les travaux publics ;

- les bureaux et agences d'affaires, de voyages, d'information et de publicité ;

- la fourniture de produits et services ;

- l'organisation des spectacles publics ;

- la vente aux enchères publiques ;

- la distribution d'eau, l'électricité et de gaz ;

- les postes et télécommunications ;

- la domiciliation.

A partir de cette énumération on peut opérer un regroupement et distinguer l’activité


commerciale dans trois secteurs principaux à savoir la distribution (A), la production (B)
et les services (C).
A. L’activité de distribution

Constitue une activité commerciale l’achat pour revendre. Ainsi lorsque les biens
sont acquis dans la perspective de les revendre en réalisant un bénéfice, nous sommes en
présence d’une activité de nature commerciale. Cependant, l’achat pour revendre suppose
3 éléments,à savoir un achat, une revente et un but spéculatif.

o 1er élément : l’achat, l’acheteur qui revend est un intermédiaire, en amont, il


seprocure des biens et, en aval, il les revend.

o 2ème élément la revente. Juridiquement c’est l’indice d’une activité


commerciale.

o 3ème élément le but spéculatif, c'est-à-dire que l’activité d’achat et de revente


doit être exercée en vue de réaliser du profit, c'est-à-dire un bénéfice. Cette
dernière exigence est implicite dans les textes du code de commerce.

B. L’activité de production

Il s’agit de l’industriel qui achète des matières premières et vend des produits finis
ou semi-finis. Contrairement au commerçant qui spécule sur la différence entre le prix
d’achat et de vente, l’industriel transforme la matière première et établit le prix de vente en
tenant compte de ses frais d’installation et de main-d’œuvre.

C. L’activité de services

Présentant une importance réelle, au Maroc les activités de services sont


extrêmement variées. On peut citer à titre d’exemple les activités de transport, de
location,de dépôt et de garde, et les activités financières et les activités d’intermédiaires.

§2. Les actes de commerce par la forme

Comme leur nom l'indique, ces actes ont une nature commerciale à raison de leur
forme, quels que soient leur objet et la personne qui les accomplit. On conçoit qu'ils
constituent une catégorie à part dans la mesure où ils ne correspondent en effet à aucune
activité définie. Le code de commerce marocain envisage deux actes de commerce par leur
forme : d’une part la lettre de change et d’autre part la société commerciale par la forme. Le
code de commerce marocain présume de manière irréfragable que ces actes sont toujours
commerciaux quel que soit leur objet ou la personne qui les accomplit. Il s’agit des
instruments utilisés par les commerçants et les sociétés commerciales par la forme.

A. La lettre de change

L’article 9 alinéa 1er du code de commerce marocain répute actes de commerce par
la forme « la lettre de change ». Instrument juridique du commerce, la lettre de change,
régie par les articles 159 et suivants du code de commerce, est un écrit constituant un titre
de paiement et de crédit par lequel une personne, appelée tireur, donne l’ordre à une autre
personne, le tiré, de payer une somme déterminée à l’ordre d’une tierce personne, le
bénéficiaire. Il s’agit donc d’un acte juridique qui est commercial quelle que soit la
personne qui le signe. La règle s'explique par l’origine de la lettre de change, qui est une
technique créée par les commerçants et en principe utilisée par les commerçants. Ainsi, en
signant une lettre de change, un non commerçant entre dans une opération commerciale, et
se soumet donc au droit commercial. Par conséquent on est par la lettre de change en
présence d’un acte de commerce par la forme. La présomption de commercialité de la lettre
de change est irréfragable. Le signataire de la lettre ne peut échapper à la compétence des
tribunaux de commerce.

B. Les sociétés commerciales

Parmi les formes juridiques, en droit marocain, certaines sociétés ont dés l’origine
un caractère commercial. La commercialité par la forme de certaines sociétés commerciales
résulte des termes de la loi n°17-95 et la loi n°5-95 selon lesquelles « sont commerciales à
raison de leur forme et quel que soit leur objet », les sociétés anonymes, sociétés en nom
collectif, sociétés en commandite simple et par actions, et les sociétés à responsabilité
limitée. L’immatriculation au registre de commerce de ces personnes morales leur confère
automatiquement la qualité de commerçant. Tous les actes relatifs à la création, au
fonctionnement et à la dissolution d’une société commerciale par la forme sont en principe
des actes de commerce. Il en résulte donc que la commercialité formelle rejaillit sur tous les
actes qu’accomplissent ces sociétés durant leur existence.

§3. Les actes de commerce par accessoire

Les actes accèdent à la commercialité lorsqu’ils sont accomplis par un commerçant


pour les besoins de son commerce. En principe se sont des actes civils mais qui peuvent
devenir commerciaux lorsqu’ils sont considérés comme accessoire à un acte de commerce
ou à une opération commerciale. Cette solution est fondée sur le principe selon lequel
l’accessoire suit le principal. Ce principe est posé à l’article 10 du code de commerce
marocain selon lequel « Sont également réputés actes de commerce, les faits et actes
accomplis par le commerçant à l' occasion de son commerce, sauf preuve contraire ». Cette
solution permet de soumettre au régime juridique de l’acte principal un ensemble logique et
cohérent d’actes dont le régime juridique n’est en principe pas le même. Indépendamment
de la qualité de la personne qui les accomplit, les actes relatifs à certaines opérations
commerciales sont commerciaux par accessoire. Il en est ainsi de tous les actes de
commerce alors même qu’ils sont effectués par un non commerçant, par exemple par
l’héritier du propriétaire du fonds de commerce.

SECTION 2. LE REGIME JURIDIQUE DES ACTES DE COMMERCE

§1. Les actes de commerce à l’égard des deux parties

D’abord, en matière procédurale, toutes contestations relatives aux actes de


commerce sont de la compétence du tribunal de commerce.

Ensuite, en matière de preuve lorsque l’acte est commercial entre les deux parties, le
principe est selon l’article 334 du code de commerce celui de la liberté de la preuve.

Ce principe a trois conséquences :

1. L’acte de commerce peut être prouvé par tout moyen ;

2. L’acte de commerce ne doit pas être obligatoirement écrit ni être réalisé en double
exemplaire ;

3. - La date de l’acte de commerce peut être prouvée par tout moyen.

Enfin, en matière d’exécution des actes de commerce, certaines particularités


peuvent être notées. Premièrement en cas de mise en demeure, celle-ci peut se faire par tout
moyen. Dans la pratique les commerçants la réalisent par lettre recommandée avec accusé
de réception. Deuxièmement particularité concerne la solidarité, en droit civil selon l’article
156 du Dahir des obligations et contrats « la solidarité ne se présume pas » et elle doit être
expressément stipulée dans le contrat ou résulter de la loi. En revanche, en matière
commerciale l’article 335 du code commerce dispose que « la solidarité se présume ».

En matière de contentieux des actes de commerce il y a des règles spécifiques. Ils


relèvent de la compétence exclusive du tribunal de commerce.

En matière de prescription, qui est un mode d’extinction des obligations qui prive le
créancier d’agir contre le débiteur, le délai en matière commerciale est selon l’article 5
du

code de commerce de 5 ans. Ce délai de 5 ans, contrairement en matière civile ou le délai


de prescription est selon l’article 387 du Dahir des obligations et contrats de 10 ans, est
imposé par les nécessités pratiques c'est-à-dire le rythme de la vie des affaires.

§2. Les actes de commerce à l’égard d’une seule partie : les actes mixtes

L’acte mixte est un acte conclu entre un commerçant et un non commerçant.


Ces actes présentent donc une double nature et est en principe soumis à un régime dualiste.
Chacune des parties se voit appliquée les règles imposées par la nature (civile ou
commerciale) que revêt l’acte à son égard. Par exemple un agriculteur (donc non
commerçant) vend des légumes à un négociant qui les achète dans l’intention de les
revendre. Sur la compétence juridictionnelle, le commerçant ne pourra assigner la personne
non commerçante que devant le tribunal de première instance, et, en revanche, le non
commerçant qui assigne en justice le commerçant aura le choix entre le tribunal de
première instance et le tribunal de commerce. Enfin, sur la preuve du contrat : le non
commerçant devra prouver l’acte par écrit et le commerçant pourra le prouver par tout
moyen.

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