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La Gestion Financière

Semestre 5

Choix des investissements en avenir incertain


P R É S E N T É PA R :

M. Jaouad LHALLOUBI
Enseignant-Chercheur
INTRODUCTION

Malgré que la probabilité objective nous donne la possibilité d’analyser des


situations à risques, elle n’est pas sans limite. Parfois, certaines situations ne peuvent
pas faire l’objet d’un calcul de probabilités.
Par exemple : quel sera le prix du m² à TAZA dans 5 ans ? La situation socio-
politique au Maroc dans 5ans?
Pour toutes ces questions, le décideur n’a pas des réponses exactes, il n’a aucune
possibilité de maitriser ces fluctuations imprévues. Cette situation nous invite à nous
pencher sur un autre univers qui est celui de l’incertain qui exige d’autres méthodes
de probabilité autre que la probabilité objective. Il s’agit de la probabilité subjective.
1)- La probabilité subjective

• La probabilité subjective fait référence à la probabilité que quelque chose se


produise en fonction de la propre expérience ou du jugement personnel d'un
individu. Une probabilité subjective n'est pas basée sur des données de
marché ou des informations historiques et diffère d'une personne à l'autre.
En d'autres termes, elle est créée à partir de l'opinion d'un individu et elle
n'est pas basée sur des faits.
Exemple de probabilité subjective
Le choix d’une équipe gagnante dans une compétition sportive
est basé sur une probabilité subjective.

On estime que l’équipe ALQODS de TAZA a une bonne chance


de gagner la coupe du trône cette année.

Les étudiants de S5 de PF-TAZA estiment que la probabilité de


réussir leur prochain examen de « Gestion Financière » est de
90 % puisqu'ils jugent qu'ils ont beaucoup étudié.
2)- Avenir incertain (indéterminé)

L’avenir incertain a été défini comme un état de connaissance faible ne


permettant pas l’accès à la prévision fondée.
Cette absence de possibilités de prévision fondée, relative à l’avenir de
l’entreprise ou du projet d’investissement et plus généralement aux
événements pouvant caractériser cet avenir, ce qui le rend indéterminé et
difficilement probabilisable. Dans ce cas, seules les hypothèses subjectives
peuvent être adaptées par le décideur ou l’investisseur en fonction de son état
de connaissance partiel et de sa sensibilité à l’avenir ciblé.
Exemple d’une situation d’incertitude:

Une entreprise pharmaceutique lance un nouveau vaccin de Coronavirus sur


le marché. Des études poussées lui ont permis d’estimer l’ensemble des effets
secondaires et les probabilités de survenance de ces effets (dans ce cas,
l’entreprise est en univers probabiliste). Toutefois, lors de la diffusion du
vaccin et en raison de la complexité de l’organisme humain, des effets
secondaires non anticipables peuvent apparaître. L’entreprise pharmaceutique
passe d’une situation qu’elle croyait risquée (probabilisable) à une situation
d’incertitude radicale (non probabilisable).
3)-Théorie de jeux

«Théorie des jeux » est l'étude des modèles de prise de décision en avenir
incertain non probabilisable. Il s’agit d’une méthode qui, se base sur la
logique et les mathématiques. Elle analyse les situations où la décision de
chaque participant ne dépend pas seulement de ses propres décisions mais
également des décisions prisent par les autres participants. La sélection
optimale pour un décideur dépend généralement de ce que font les autres.
3)-Théorie de jeux
3-1) Oligopole et théorie de jeux
Soit deux entreprises du secteur télécom au Maroc : entreprise IAM et
entreprise Orange considérant qu’elles sont en concurrence agressive et
qu’elles ne communiquent pas entre eux.
Si les décideurs de l’entreprise IAM veulent agir sur les prix, ils sont
obligés d’étudier tous les scénarios possibles de la réaction de l’entreprise
Orange. Voici les différentes situations possibles :
-Montrer que pour maximiser leurs gains mutuels les firmes devraient
s’entendre sur les prix.
3-1)- Oligopole et théorie de jeux

• Réponse :
Maintenir l’entente sur les prix permet aux deux firmes d’éviter la guerre des
prix et de réaliser toutes les deux 5 milliards de gains, soit un gain total de 10
milliards, tandis que la guerre des prix ne permettrait qu’un gain de 1 milliard
chacune, soit un gain total de 2 milliards.
4)- Critères de théorie de jeux
• Toutefois, en dépit de tous ces éléments d'information, ils ne se sentent pas
en mesure d'affecter une quelconque probabilité de réalisation à chacune des
réactions possibles de la concurrence. C'est dans le cadre d'une situation de
ce type qu'un recours aux critères de décision de la théorie des jeux est
parfois proposé.
• Un très grand nombre de critères de décision ont été formulés : nous nous
limiterons ici à la présentation et à l'évaluation des critères les plus
significatifs, les critères de LAPLACE, de WALD,
de SAVAGE, HURWITZ et le critère de Maximax, chacun d'eux
correspondant à un type de comportement particulier des dirigeants
d'entreprises. Le choix de l’un de ces critères dépend étroitement de la
subjectivité du décideur et de son comportement.
• On peut classer ces critères selon leur degré de pessimisme / optimisme.
Exemple 1

Une société de télécommunications détient 47 % du marché Marocain contre 23 % et 20 % pour ses deux principaux concurrents. En vue d'accroître sa part de marché, la
société envisage quatre stratégies d’investissement:
S1 - Lancer un nouveau produit ;

S2 - Lancer une campagne publicitaire pour les produits existants ;

S3 - Mener une campagne de promotion des ventes pour ces mêmes produits ;

S4 - Pratiquer une politique de baisse des prix.

Après l’analyse de la concurrence, les dirigeants de la société ont élaboré trois scénarios de la réaction des deux concurrents :

C1 -La concurrence réagit vite et avec vigueur à l'offensive menée par la société ;

C2 -La concurrence riposte fermement mais toutefois sans agressivité ;

C3 -La concurrence ne réagit que faiblement aux initiatives prises par la société.
Enfin, après avoir analysé les conséquences financières de chacune des stratégies dans le cadre de chacun des états de la nature, les dirigeants aboutissent à la matrice des
gains suivants :
C1 C2 C3

S1 -600 400 1100

S2 -50 100 300

S3 -400 200 700

S4 -100 300 800


4-1)-Le critère pessimiste extrême de Wald ou
Maximin
Le critère pessimiste de Wald, dit Maximin (maximum des minimums), qui pose
comme principe d’assurer un résultat minimum en évitant les risques les plus
importants. Pour chaque décision, on retient la meilleure des solutions les plus
mauvaises, c’est-à-dire le moindre mal. Il s’agit donc de minimiser le coût maximum
à supporter. En d’autres termes, on envisage le pire état de la nature et on choisit la
décision X qui, dans cette hypothèse, donne le meilleur résultat. «Le minimum est
établi pour assurer que la perte maximale de celui qui prend la décision sera
maintenue à son minimum en partant de l’idée que l’adversaire est intelligent et
choisira sa stratégie pour maximiser les pertes de l’autre joueur».
S’il s’agit de profit plutôt que de coût, on recherche la maximisation du bénéfice
minimum et le critère s’appelle alors Maximin.
Exemple 2
4-2)-Le critère de Savage, dit aussi du « minimum-regret »

Le critère de Savage (ou critère du minimum de regrets) qui


privilégie la prudence. On construit une matrice des regrets, un
regret étant pour une conjoncture donnée l’écart entre la VAN
du meilleur projet et celle du projet choisi. Il mesure le manque
à gagner en n’ayant pas choisi la « bonne décision » pour
chaque état du monde.
La décision à retenir est celle pour laquelle le regret maximal
est le plus faible. On recherche donc comment minimiser le
manque à gagner.
Exemple 3
Exemple 4
Considérons un projet d’investissement dont les résultats sont liés à la situation
pluviométrique. Il existe trois (3) variantes du projet dont les VAN ont été calculées en
fonction de la pluviométrie sans que l’on ne puisse affecter une probabilité aux trois (3)
situations envisageables (pluviométrie forte, pluviométrie normale et pluviométrie faible).

Quel projet faut-il choisir selon le critère de Savage?


4-3)- Le critère d'indifférence de Laplace
Le critère de Laplace, qui pose comme principe l’équiprobabilité des résultats
obtenus : on en calcule la moyenne arithmétique simple pour retenir la
stratégie correspondant à la meilleure moyenne. Dans le cas du choix entre
des projets d’investissement, l’investisseur privilégiera le projet qui aura la
moyenne la plus forte.
L’avantage de cette méthode est d’être très simple mais son inconvénient
majeur est d’être très peu réaliste car l’attitude des entrepreneurs est rarement
neutre à l’égard du risque. Chaque investisseur réagira en fonction de son
expérience passée, ce qui le conduira parfois à une attitude très pessimiste ou
au contraire très optimiste.
Exemple 5
4-4)- Le critère de Hurwicz ou le critère d'optimisme-pessimisme

Le critère de Hurwicz recommande de ne pas se laisser guider par un


pessimisme extrême ou un optimisme extrême lors du choix d'une solution.
Selon ce critère, il faut retenir pour chaque projet la VAN la plus favorable
(V) et la plus défavorable (v) pondérées par les coefficients b et (1 – b), b
étant compris entre 0 et 1 selon le degré d’optimisme de l’entrepreneur.
On détermine alors l’espérance : E = bV + (1 – b)v.
La stratégie sélectionnée consiste à choisir le projet qui fournit la meilleure
moyenne.
Exemple 6
4-5)- Le critère optimiste extrême, dit
Maximax

Le critère optimiste, dit Maximax (maximum des maximums), qui pose


comme principe de choisir la stratégie susceptible de rapporter le gain
maximum. Ce critère néglige totalement le risque pour ne retenir que la
rentabilité. Il correspond à un comportement offensif, optimiste et risqué.
Autrement dit on sélectionne les gains les plus élevés de chacune des
stratégies. On choisit le résultat maximum le plus élevé.
Exemple 7
En guise de conclusion, ces critères étudiés, utilisables en
avenir incertain, permettent par leur usage au preneur de
décision de se situer psychologiquement à l’égard du risque
(optimisme / pessimisme). Ces critères aboutissent à des
résultats totalement différents selon le comportement du
décideur devant le risque perçu. De ce fait, ils ne permettent
qu’un éclairage des situations en présence.
Conclusion Il faut retenir que ces critères:
- N’ont aucun fondement théorique.
- Ne doivent être utilisé que si le décideur ne dispose
d’aucune information lui permettant d’élaborer des
probabilités même très approximatives.
Ils sont dans tous les cas d’un usage hasardeux et subjectif.

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