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Introduction
I. Les contrats commerciaux en général, et notamment les baux, au travers des notions de force
majeure et d’imprévision (Par Cédric Alter et Arnaud de Thier)
1. Force majeure et imprévision
2. Application au cas du COVID-19
2.1. Le contexte
2.2. Les conditions relatives aux caractères insurmontable, indépendant de la volonté du
débiteur et imprévisible de l’évènement constitutif de force majeure
Droit des affa
II. Entreprises en difficulté et droit de l’insolvabilité – sursis temporaire (Par Cédric Alter)
1. Le cadre national et international
2. L’arrêté royal n° 15 du 24 avril 2020 relatif au sursis temporaire en faveur des entreprises des
mesures d’exécution et autres mesures pendant la durée de la crise du COVID-19
2.1. Le ‘sursis temporaire’ (moratoire)
2.1.1. Champ d’application
(a) « toutes les entreprises relevant du champ d’application du Livre XX
du Code de droit économique »
(b) « dont la continuité est menacée par l’épidémie ou la pandémie du
Covid-19 et ses suites »
(c) « … et qui n’étaient pas en état de cessation de paiement à la date
du 18 mars 2020 »
2.1.2. L’effet du sursis temporaire
2.1.3. Le recours prévu devant le Président du tribunal de l’entreprise de Bruxelles
2.1.4. Les limites au principe du sursis temporaire
2.2. La suspension de l’obligation de faire aveu de faillite
2.3. L’écartement de certaines dispositions concernant la période suspecte
2.4. La non responsabilité du dispensateur de crédit
3. Et demain ?
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INTRODUCTION
La crise sanitaire que nous vivons actuellement en raison de la pandémie du COVID-19
et des mesures exceptionnelles qui l’accompagnent, en particulier le confinement, ont
inévitablement eu pour conséquence le ralentissement, voire l’arrêt, de pans entiers de
l’activité économique.
En vue de tenter de limiter les conséquences désastreuses de cette situation sur l’économie,
la plupart des États ont adapté leur cadre juridique et réglementaire.
Droit des affa
En Belgique, une loi de pouvoirs spéciaux a été votée le 27 mars 2020 habilitant le Roi à
prendre des mesures de lutte contre la propagation du coronavirus COVID-19, sur la base
de laquelle les arrêtés de pouvoir spéciaux suivant ont notamment été adoptés :
- arrêté royal n° 1 portant sur la lutte contre le non-respect des mesures d’urgence pour limiter
la propagation du coronavirus COVID-19 par la mise en place de sanctions administratives
communales, M.B., 6 avril 2020 ;
- arrêté royal n° 2 du 9 avril 2020 concernant la prorogation des délais de prescription et les
autres délais pour ester en justice ainsi que la prorogation des délais de procédure et la
procédure écrite devant les cours et tribunaux, M.B., 9 avril 2020 ;
- arrêté royal n° 3 du 9 avril 2020 portant des dispositions diverses relatives à la procédure
pénale et à l’exécution des peines et des mesures prévues dans le cadre de la lutte contre
la propagation du coronavirus COVID-19, M.B., 9 avril 2020 ;
- arrêté royal n° 4 du 9 avril 2020 portant des dispositions diverses en matière de copropriété
et de droit des sociétés et des associations dans le cadre de la lutte contre la pandémie
Covid-19, M.B., 9 avril 2020 ;
- arrêté royal n° 15 du 24 avril 2020 relatif au sursis temporaire en faveur des entreprises des
mesures d’exécution et autres mesures pendant la durée de la crise du COVID-19.
En vertu d’une autre loi du 27 mars 2020 donnant habilitation au Roi d’octroyer une garantie
d’État pour certains crédits dans la lutte contre les conséquences du coronavirus et
modifiant la loi du 25 avril 2014 relative au statut et au contrôle des établissements de
crédits et des sociétés de bourse, a par ailleurs été adopté l’arrêté suivant :
- arrêté royal du 14 avril 2020 portant octroi d’une garantie d’État pour certains crédits dans
la lutte contre les conséquences du coronavirus, M.B., 15 avril 2020.
Dans le cadre du présent Livre Blanc, nous analyserons l’impact de la crise du COVID-19
sur le droit des affaires, c’est-à-dire sur l’ensemble des règles juridiques qui gouvernent le
fonctionnement de l’entreprise (à l’exclusion du droit social qui fait l’objet d’un autre Livre
blanc).
Certaines questions trouveront directement réponse dans les arrêtés de pouvoirs spéciaux
mentionnés ci-dessus, tandis que d’autres devront être examinées à la lumières des textes
juridiques préexistants.
Nous aborderons en particulier dans le cadre du présent ouvrage, l’impact du COVID-19
sur :
• Les contrats commerciaux en général, et notamment les baux, au travers des notions de
force majeure et d’imprévision ;
• Les entreprises en difficulté et le droit de l’insolvabilité (en ce compris le nouveau ‘sursis
temporaire’) ;
• L’organisation des sociétés commerciales, particulièrement dans la tenue à des
distances des assemblées générales et conseils d’administration ;
• Les règles en matière bancaire (et particulièrement le système de garantie des crédits
par l’État), d’assurance, et de finance ;
• Les mesures d’aide aux entreprises et indépendants (aides sociales, fiscales et aides
régionales) ;
• Le règles concernant la propriété intellectuelle ;
4 • Le droit de la concurrence.
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I. LES CONTRATS COMMERCIAUX EN GÉNÉRAL, ET
NOTAMMENT LES BAUX, AU TRAVERS DES NOTIONS DE FORCE
MAJEURE ET D’IMPRÉVISION
Par Cédric Alter et Arnaud de Thier
Dès les premières heures suivant le confinement, la question de savoir s’il s’agit
d’un cas de force majeure a émergé dans le débat juridique, souvent dans le
Droit des affa
La force majeure n’est pas définie par notre Code Civil, raison pour laquelle il faut
se référer à la doctrine1 et à la jurisprudence2 pour la définir.
Pour qu’un événement soit considéré comme insurmontable, il faut que le débiteur
– considéré comme tout autre débiteur qui serait dans la même situation – se
trouve dans « l’impossibilité d’exécuter les obligations découlant du contrat »4 ,
cette impossibilité pouvant être matérielle, juridique ou morale.
1 Pour une étude actuelle et pointue de la notion de force majeure, voy. not. : F. Glansdorff, « Le point sur …la
force majeure », J.T., 2019, n°18, p. 355. Une actualisation de cette étude au regard du COVID-19 est d’ailleurs
en passe d’être publiée dans les colonnes du Journal des Tribunaux.
2 Voy. not. Cass. 8 septembre 2017, J.L.M.B., 2018, p. 521.
3 P. Van Ommeslaghe, Les obligations, t. II, vol. 2, coll. De Page, n° 966.
5 4 P. Van Ommeslaghe, op. cit., n° 968.
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risque de causer un préjudice considérable à l’une d’elles, voire même de la ruiner.
Or, la jurisprudence belge (et française) s’est le plus souvent refusée à appliquer
cette théorie de l’imprévision, qui va directement à l’encontre du principe de
sécurité juridique des transactions consacré par l’article 1134 du Code civil.
bien entendu régler entre elles, lors même de la conclusion de leur accord, les
conséquences d’un éventuel bouleversement des circonstances politiques,sociales
ou économiques, par des clauses appropriées. Ces clauses, dites d’imprévision
ou de «hardship» instaurent généralement un mécanisme de renégociation du
contrat impliquant éventuellement l’intervention d’un tiers en cas d’impasse.
5 F. Glansdorff, op. cit., n° 9 ; voy. également P. Wéry, « La théorie générale du contrat », Rép. not.,Tome IV, Les
obligations, Livre 1/1, Bruxelles, Larcier, 2010, n° 564.
6 Le rapport au Roi précédant l’arrêté royal n° 15 du 24 avril 2020 instaurant un sursis temporaire (voy. infra
titre II) fait sien cet enseignement classique, rappelant que « la force majeure n’est pas acceptée en cas
d’incapacité financière à payer », ce qui justifie l’application du sursis temporaire aux seuls engagements de
payer une somme d’argent (M.B., 24.04.2020, Ed. 2, p. 28734).
7 Voy. F. Glansdorff, op. cit., n° 10 et les références.
8 Voy. not. : Cass., 7 mars 2008, C.06.0379F, www.juridat.be.
6 9 P. Van Ommeslaghe, « Droit des obligations », Tome II, Bruylant, 2010, p. 1382.
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La troisième condition de la force majeure – bien que fort débattue en doctrine et
non retenue par certains auteurs – est l’imprévisibilité. Cette condition est en réalité
le pendant de la condition d’indépendance de la volonté du débiteur et veut que
le partie qui se trouve dans l’impossibilité d’exécuter son obligation n’ait pas pu
raisonnablement prévoir que la cause étrangère allait survenir.
toute responsabilité s’il démontre l’existence d’un cas de force majeure ou, plus
largement, d’une cause étrangère libératoire »10. En d’autres termes, le débiteur est
libéré de son obligation dont l’exécution est entravée par l’événement, ainsi que
des éventuelles obligations qui en sont l’accessoire.
Il faut par ailleurs rappeler que lorsque l’obligation suspendue ou éteinte relève
d’un contrat synallagmatique, il y a lieu, en principe, de faire application de la
théorie des risques. En application de cette théorie, on considère que lorsque
l’exécution d’une obligation est suspendue ou qu’une obligation est éteinte par
l’effet d’un cas de force majeure, les obligations de l’autre partie subissent le
même sort. L’exécution du contrat sera donc suspendue ou le contrat sera dissout,
partiellement ou totalement11.
Enfin, nous attirons l’attention sur le fait que le régime de la force majeure tel qu’il
a ici été rappelé est un régime supplétif, de sorte qu’il est toujours possible que
les parties se mettent d’accord sur l’application d’un autre régime, soit par l’une
ou l’autre clause contractuelle, soit par l’acceptation de conditions générales.
Nous ne pouvons donc que rappeler la nécessité d’examiner chaque situation
particulière, au regard des clauses éventuelles du contrat.
10 P. Wéry, « La théorie générale du contrat », op. cit., n° 562 qui renvoie not. à Bruxelles, 13 janv. 1988, R.W., 1990-
1991, p. 783.
11 P. Van Ommeslaghe, « Titre IV : la responsabilité civile contractuelle et extracontractuelle », in Droit des
7 obligations – Volume II – Partie 1, Coll. De Page, 1985, p. 289.
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A l’heure actuelle, nombre de juristes ont déjà exprimé leur avis suivant lequel
la crise liée au COVID-19 représentait bel et bien un cas de force majeure, avant
d’en tirer toutes les conséquences juridiques qu’une telle conclusion permettait
ou imposait.
pandémie.
Il faudrait donc se poser la question de savoir, dans chaque cas d’espèce, si les
mesures gouvernementales doivent être considérées ou non comme un cas de
force majeure en fonction des circonstances particulières du contrat, et notamment
de l’existence ou non d’une clause contractuelle particulière dérogeant au régime
général supplétif de la force majeure.
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2.2. Les conditions relatives aux caractères insurmontable, indépendant de la
volonté du débiteur et imprévisible de l’évènement constitutif de force majeure
Ainsi, le caractère imprévisible sera assez largement établi pour tous les contrats
conclus avant le 18 mars 2020. On pourrait, certes, objecter que plusieurs semaines
avant cette date, des signes avant-coureurs, y compris en Europe, pouvaient laisser
Droit des affa
Corrélativement, pour tous les contrats conclus après le 18 mars 2020, il faudra
probablement considérer sur la base de l’information communément partagée
par les médias, que de nouveaux pics de contamination dans les mois, voire les
années à venir, ne constitueraient pas des événements imprévisibles. La prudence
est donc bien évidemment de mise dans la rédaction des nouveaux contrats, et
en particulier s’agissant des clauses de force majeure ou d’imprévision.
Sera également aisément admise la condition tenant au fait que l’évènement doit
être indépendant de la volonté du débiteur.
Nous aborderons successivement la position qui peut être défendue par (i) le
locataire et (ii) par le bailleur.
12 Voy. https://www.lecho.be/dossiers/coronavirus/la-gestion-de-maggie-de-block-sous-le-feu-des-
critiques/10216392.html
13 Voy. not. à ce sujet : M. Higny, « Le paiement du loyer et des charges au bailleur dans le bail d’un bien
9 immeuble face coronavirus », J.T., 2020, n°15, p. 265.
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Cette doctrine fonde principalement son argumentation sur l’article 1719 du Code
civil qui prévoit que « le bailleur est obligé (…) 1° de délivrer au preneur la chose
louée (…) 2° d’en faire jouir paisiblement le preneur pendant la durée du bail ».
Ces auteurs considèrent donc que le « fait du prince » touche les locaux
contractuellement destinés à un usage commercial, de sorte que l’obligation de
fermeture de certains commerces met les bailleurs dans l’incapacité d’assurer la
jouissance paisible de leur locataire.
C’est donc, selon cette thèse, l’exécution d’une obligation du bailleur qui se trouve
empêchée par un cas de force majeure.
Un autre point de vue , qui tend à se développer parmi les praticiens15 , considère
que le « fait du prince » ne met pas le bailleur dans l’impossibilité de fournir la
jouissance paisible des lieux loués, mais plutôt le locataire dans l’impossibilité
d’exercer son activité commerciale spécifique, indépendamment de la disponibilité
des lieux loués.
14 Voy. not. à ce sujet : D. Janssen, « Qu’en est-il des loyers commerciaux ? », Jubel.be, 3 avril 2020.
15 Voy. not. à ce sujet : G. de Crayencour, « La jouissance paisible du locataire … en temps de covid-19 »,
www.elaw.be, 9 avril 2020 et E. Willaert « Le coronavirus : impact sur les baux commerciaux ? »,
10 www.schoups.be, 4 avril 2020.
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gouvernementales ne touchent donc pas les locaux qui sont l’objet des baux, mais
les activités des locataires. Le même argument semble également déduit du cas
des commerçants dont l’activité a dû prendre fin par décision gouvernementale et
qui ont « sous-loué » ou mis à disposition leur espace commercial à des maraîchers
afin que ceux-ci puissent y exercer leur commerce de détail durant la période de
crise, les marchés ayant été interdits.
Selon ce point de vue, les mesures gouvernementales n’ont en réalité aucun effet
Droit des affa
sur les immeubles et les locaux loués, mais c’est leur accessibilité au public du fait
de l’activité exercée par leur locataire qui est interdite, ce qui renforce leur position
selon laquelle le bailleur ne manque pas à son obligation.
Enfin, on relèvera encore à l’appui de cette opinion que la difficulté pour le locataire
de payer son loyer ne constitue pas une impossibilité absolue – qui pourrait
mener à l’application des règles « classiques » de la force majeure – dès lors que
l’argent est une chose de genre et qu’en vertu de l’adage genera non pereunt16
(les choses de genre ne périssent pas) – une telle difficulté ne le libère pas de
son obligation17. Tout au plus cette difficulté pourrait-elle mener à l’application de
la théorie de l’imprévision ou de l’abus de droit, qui pourrait donner lieu à une
éventuelle modification temporaire du contrat ou de ses modalités d’exécution, et
en tous cas à une obligation de renégociation de celles-ci.
* *
*
Il ressort de ce qui précède que la situation exceptionnelle que nous vivons
aujourd’hui pose des questions qui sont encore loin d’être tranchées, et qui
susciteront indéniablement de longs débats, tant au stade des négociations que
dans les prétoires. Des juges seront inévitablement saisis de la question, et leurs
décisions feront jurisprudence. En effet, à l’heure actuelle, la plupart des auteurs
fondent leur analyse sur des décisions datant de la première ou de la seconde
guerre mondiale ou sur les directives données par les occupants de l’époque.
Les faits à la base desdites décisions nous semblent toutefois bien éloignés de la
situation de crise que nous vivons actuellement…
Nous ne pouvons donc qu’inviter toutes les parties à des contrats (qu’il s’agisse
de contrats d’entreprise, de prestations de services, ou de baux), ainsi que leurs
conseils, à rechercher autant que faire se peut un nouvel équilibre contractuel – fût-
ce temporaire – qui permettrait à toutes les parties de « survivre » dans la situation
que nous vivons actuellement, la déconfiture d’une des parties ne pouvant être
que préjudiciable à l’autre partie et à l’économie en général. Cela suppose
évidemment plus que jamais le respect du principe d’ exécution de bonne foi des
contrats, et le refus de tout abus de droit. Gageons que le bon sens l’emportera…
Quant aux clauses de force majeure « post-coronavirus », il est fort à parier qu’elles
incluront désormais les épidémies, pandémies et prévoiront des délais plus longs
avant de pouvoir résilier unilatéralement et sans indemnité les contrats18.
16 Voy. not. au sujet de l’application de la force majeure aux choses de genre – et singulièrement à la monnaie
– et l’évolution jurisprudentielle en la matière : F. Glansdorff, op. cit., n°10.
17 Voy. également supra point 1.
18 Sur ce constat en matière de contrats d’énergie, voy. G. Block, Coronavirus – un cas de force majeure dans
les contrats d’énergie ?, https://www.janson.be/fr/actualites/coronavirus--un-cas-de-force-majeure-dans-les-
11 contrats-denergie/?lid=614
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II. ENTREPRISES EN DIFFICULTÉ ET DROIT DE L’INSOLVABILITÉ-
SURSIS TEMPORAIRE
Par Cédric ALTER
Plusieurs pays européens ont pris très rapidement des initiatives en vue d’adapter
leur législation à la situation de crise que nous connaissons et dont l’étendue est
encore inconnue à ce jour.
Parmi les mesures préconisées par le CERIL, et mises en place par certains États,
figuraient la suspension de l’obligation de faire aveu de faillite (pour les États –
dont la Belgique – imposant une telle obligation) et la mise en place d’une forme
de ‘moratoire’ dont pourraient bénéficier les entreprises pour le paiement de leurs
dettes.
Les suggestions dont questions ci-avant ont été, en partie, reprises par le
gouvernement.
19 https://congressus-ceril.s3-eu-west-1.amazonaws.com/files/2ce93811f1f14745a9f94a9161b53766.pdf?
Signature=JjI4xlhEmHY0wWqgWM0rBbzIJ%2Bs%3D&Expires=1587329728&AWSAccessKeyId=AKIAIUTTQ23AZY
ZKILZQ&response-content-disposition=inline%3Bfilename%3D2020-01_CERIL_Executive_Statement_on
COVID-19_and_insolvency_legislation.pdf).
20 Cette note peut être consultée sur le site de l’OECCBB : https://www.oeccbb.be/wp-content
12 uploads/2020/04/suggestions-RCAP-28-mars-2020.pdf
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tribunaux, de limiter les coûts pour les entreprises et d’offrir une protection qui ne
se limiterait pas aux dettes du passé. En conséquence, c’est un système innovant
de sursis légal et temporaire (à l’image du ‘moratoire’ évoqué par le CERIL) qui a
été mis en place, comme explicité au titre suivant.
Une des première questions qui se pose est de déterminer quelles sont les sociétés
qui peuvent bénéficier de la nouvelle mesure de ‘sursis temporaire’ jusqu’au
17 mai 2020 (sauf prolongation éventuelle par arrêté délibéré en Conseil des
ministres).
L’article 1er de l’arrête royal précise qu’il s’applique à (a) toutes les entreprises
relevant du champ d’application du Livre XX du Code de droit économique (b)
dont la continuité est menacée par l’épidémie ou la pandémie du Covid-19 et ses
suites et (c) qui n’étaient pas en état de cessation de paiement à la date du 18
mars 2020.
Nonobstant ce qui précède, ne sont pas des entreprises, sauf s’il en est disposé
autrement dans d’autres dispositions légales prévoyant une telle application :
• toute organisation sans personnalité juridique qui ne poursuit pas de but de
distribution et qui ne procède effectivement pas à une distribution à ses
membres ou à des personnes qui exercent une influence décisive sur la politique
de l’organisation;
• toute personne morale de droit public qui ne propose pas de biens ou services
sur un marché;
• l’État fédéral, les régions, les communautés, les provinces, les zones de secours, les
prézones, l’Agglomération bruxelloise, les communes, les zones pluricommunales,
les organes territoriaux intracommunaux, la Commission communautaire
française, la Commission communautaire flamande, la Commission
communautaire commune et les centres publics d’action sociale;
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On voit donc que cette définition est extrêmement large puisque ne sont plus
seulement considérées comme entreprises les sociétés poursuivant un but
commercial, mais également les professions libérales, les associations et même
certaines organisations sans personnalité juridiques. Bien que la question fasse
encore l’objet de controverses, dans de nombreux cas, le gérant d’entreprise sera
lui-même considéré comme une entreprise21.
ses suites »
- sauf sur les biens immobiliers24 aucune saisie conservatoire ou exécutoire ne peut
être pratiquée et aucune voie d’exécution ne peut être poursuivie ou exécutée
sur les biens de l’entreprise, pour toutes les dettes de l’entreprise y compris les
dettes reprises dans un plan de réorganisation tel que prévu à l’article XX.82
du même Code homologué avant ou après l’entrée en vigueur du présent
arrêté ; cette disposition n’est pas applicable à la saisie conservatoire sur les navires
et bateaux ;
- l’entreprise ne peut être déclarée en faillite sur citation, ou s’il s’agit d’une personne
morale, ne peut être dissoute judiciairement25, sauf sur initiative du ministère public
ou de l’administrateur provisoire qui a été désigné par le président du tribunal de
l’entreprise tel que prévu à l’article XX.32 du même Code, ou sur consentement
du débiteur ;
21 Voy. C. Alter, « Le gérant d’entreprise est-il une entreprise ? », in Comptabilité et fiscalité : Actualités et
perspectives, Liber Amicorum OECCB, Anthemis, 2019, p. 179 et s.
22 Voy. infra, (2.1.3.). Adde : Sur la condition de menace sur la continuité à propos des procédures en
réorganisation judiciaire, C. Alter et Z. Pletinckx, Insolvabilité des entreprises, Larcier, 2019, p. 207, n° 169 et s.
23 On a d’ailleurs relevé judicieusement en doctrine, à propos de la loi sur les faillites, que « Les mots ‘de
manière persistante’ sont pure redondance : celui qui n’a pas cessé ses paiements de manière persistante
ne les a pas cessés, il les a retardés » (F.T’Kint et W. Derijcke, La Faillite, tiré à part Rép. not., Larcier, 2006, p.129,
n° 52).
24 Le rapport au Roi justifie l’exception pour les saisies conservatoires sur biens immobiliers par le motif que
cette forme de saisie n’a pas d’incidence sur la continuité de l’entreprise (M.B., 24.04.2020, Ed. 2, p. 28734).
25 Le gouvernement n’a pas suivi l’avis du Conseil d’État en ce qu’il suggérait de faire une distinction entre les
14 différents cas de dissolution judiciaire (Rapport au Roi, M.B., 24.04.2020, Ed. 2, p. 28735).
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- les délais de paiement repris dans un plan de réorganisation, tel que prévu à
l’article XX.82 du même Code et homologué avant ou pendant la durée du présent
arrêté, sont prolongés d’une durée égale à celle du sursis prévu dans le présent
arrêté, le cas échéant avec une prolongation du délai maximal de 5 ans pour
l’exécution du plan, en dérogation à l’article XX.76 du même Code et du délai
maximum de 2 ans à dater du jugement d’homologation visé à l’article XX.74 du
même Code pour le sursis de l’exercice des droits des créanciers extraordinaires ;
Droit des affa
- les contrats conclus avant l’entrée en vigueur du présent arrêté ne peuvent être
résolus unilatéralement ou par voie judiciaire en raison d’un défaut de paiement
d’une dette d’argent exigible sous le contrat; cette disposition n’est pas applicable
aux contrats de travail.
Faut-il comprendre que l’on vise « le » défaut de paiement pendant toute la
période considérée ou « un » défaut d’ « une » échéance de paiement ? Dans la
mesure où les auteurs se sont inspirés du régime de la réorganisation judiciaire, la
première hypothèse semble devoir être retenue.
26 M.B., 24.04.2020, Ed. 2, p. 28734 (de manière peu claire le rapport énonce à ce sujet que : « l’interdiction de
la résolution des conventions pour cause de non-paiement d’une dette échue et exigible s’applique
également à l’application des mécanismes conventionnels liés à ce non-paiement »).
15 27 M.B., 24.04.2020, Ed. 2, p. 28733
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chance) la chance de redressement du débiteur peuvent également jouer un rôle,
ainsi que le fait que la dette soit née de contrats conclus après le déclenchement
de la pandémie ou de l’épidémie de Covid-19, dans la mesure où l’intéressé avait
déjà une idée des conséquences que ces mesures entraînent. Comme toujours, le
Président peut aussi réprimer les fraudes et tout abus de droit, par exemple lorsqu’il
est démontré que l’entreprise n’est pas affectée par la pandémie ou l’épidémie ou
est parfaitement en mesure de payer ses dettes »28.
Droit des affa
L’arrêté royal prévoit les tempéraments suivants au sursis légal temporaire, lesquels
s’inspirent de ceux applicables au sursis dans le cadre d’une procédure de
réorganisation judiciaire, à savoir que :
- les sanctions contractuelles de droit commun telles que, entre autres, l’exception
d’inexécution, la compensation et le droit de rétention peuvent toujours être
invoquées par le cocontractant du bénéficiaire du sursis légal temporaire ;
- le sursis légal temporaire n’affecte pas non plus les obligations des employeurs.
Ces limites sont justifiées comme il suit dans le rapport au Roi, qui rappelle
également que le régime mis en place ne doit pas être perçu comme un blanc-
seing accordé aux entreprises pour ne pas payer leurs dettes : « Pour être clair,
ce régime de sursis légal n’affecte pas l’obligation de paiement des dettes, en
principal, intérêts et accessoires, (donc, cet arrêté n’a pas pour effet de permettre
à l’assuré de faire valoir des droits au titre d’un contrat d’assurance-crédit qu’il
n’aurait pas si cet arrêté n’existait pas). Les paiements sur une base volontaire
devront autant que possible se poursuivre. Les entreprises qui sont en mesure de
payer ou qui ne sont pas touchées par l’impact économique de Covid-19 sont
naturellement censées respecter leurs engagements. (Ils) sont même encouragés
à payer le plus tôt possible afin de minimiser l’impact sur les autres entreprises. Il
ne s’agit pas de conférer aux débiteurs un droit de ne pas payer. Comme expliqué
ci-avant, le Président du tribunal de l’entreprise peut tenir compte de l’impact du
moratoire sur les tiers ; il n’affecte pas non plus les moyens d’exception issus du
droit des obligations (tels que l’exception d’inexécution, la compensation, droit de
rétention), dans le respect des conditions applicables et de bonne foi à la lumière
des circonstances actuelles. En effet, ce régime n’est pas destiné à servir d’alibi
ou d’incitation à ne plus payer les dettes exigibles.En réponse à l’observation du
Conseil d’État, les auteurs précisent qu’ils ne veulent pas s’écarter du régime de la
réorganisation judiciaire, dans le cadre duquel tous ces remèdes sont également
admis pendant le sursis. Il n’est pas non plus dérogé aux dispositions de la loi sur
les sûretés financières »29.
En vertu de l’article XX.102 du CDE, tout débiteur est tenu, dans le mois de la
cessation de ses paiements, d’en faire l’aveu au greffe du tribunal de l’entreprise.
En vertu de l’article 3 de l’AR, les articles 1328 du Code civil31 et XX.112 du Code
de droit économique32 ne sont applicables ni aux nouveaux crédits accordés
pendant la durée du sursis légal temporaire ni aux sûretés établies ou autres actes
accomplis en exécution de ces nouveaux crédits.
Au cas où un nouveau crédit serait accordé pendant le sursis légal, l’AR prévoit
(article 3, alinéa 2) que la responsabilité des dispensateurs de tels nouveaux
crédits ne peut être poursuivie pour la seule raison que le nouveau crédit n’a pas
effectivement permis de préserver la continuité de tout ou partie des actifs ou des
activités du débiteur.
3. ET DEMAIN ?
Droit des affa
Nul doute que la crise actuelle aura malheureusement un impact sur nombre
d’entreprises en difficulté au-delà de la date limite d’effet prévue par l’arrêté royal
n° 15, même si celle-ci devait être prolongée.
Un certain nombre de questions devront donc être traitées pour adapter le cas
échéant le droit de l’insolvabilité, et notamment :
- un rééquilibrage des droits des créanciers privés par rapport aux privilèges que
se sont réservés les créanciers institutionnels (administrations sociales et fiscales) ;
- une mise en conformité du droit belge à la suite l’arrêt Plessers (CJUE, 16 mai
2019) en matière de transfert d’entreprises avec réduction de la masse salariale ;
A plus court terme, les entreprises devront envisager les solutions que le Livre XX du
Code de droit économique met déjà à leur disposition. Rappelons que, outre une
procédure de réorganisation judiciaire en bonne et due forme, d’autres mesures,
plus souples, sont également possibles, telles que la désignation d’un médiateur
d’entreprises ou la possibilité de conclure un accord amiable extra judiciaire35 .
18 35 Voy. not. C. Alter et Z. Pletinckx, Insolvabilité des entreprises, Larcier, 2019, p. 123 et s.
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ires et COVID
III. DROIT DES SOCIÉTÉS
Par Lydie Van Muylem
Dans les lignes qui suivent, nous détaillons l’impact de la crise actuelle sur les
actionnaires, d’une part, et les administrateurs, d’autre part, ainsi que les différentes
mesures adoptées par le gouvernement pour en contrer certains effets.
Droit des affa
Outre les règles de droit commun, qui seront également abordées ci-après –
quoique plus brièvement – des mesures spécifiques ont été adoptées par le Roi
dans l’arrêté de pouvoirs spéciaux n° 4 du 9 avril 2020 portant des dispositions
diverses en matière de copropriété et de droit des sociétés et des associations
dans le cadre de la lutte contre la pandémie Covid-1936, dont le chapitre 2 est
consacré aux assemblées générales et réunions des organes d’administration.
Les règles qu’il contient sont optionnelles. Il reste donc également possible de
recourir aux modes de tenue des assemblées générales et de vote prévus dans le
CSA.
36 Publié au M.B., 10 avril 2020, p. 25780. Il est précédé du Rapport au Roi (p. 25768) et de l’avis de la section
législation du Conseil d’État (p. 25773).
37 Or, modifier ses statuts en cette période ne semble pas être une option réaliste pour les sociétés, puisqu’une
telle modification requiert elle-même la tenue d’une assemblée générale (qui ne pourrait par définition pas
encore se réunir sous forme électronique). Sans oublier que si la société n’a pas encore adapté ses statuts
au CSA, elle devra le faire lors de cette première modification de ses statuts depuis l’entrée en vigueur de ce
19 code.
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ires et COVID
Les mesures particulières de l’AR n° 4 sont applicables du 1er mars au 30 juin 2020
(tel que prolongé par l’arrêté royal du 28 avril 2020 prolongeant les mesures prises
avec l’Arrêté royal n° 4 du 9 avril 2020). Plus particulièrement, elles s’appliquent :
- aux réunions qui auraient dû se tenir pendant cette période mais n’ont pas eu
lieu suite aux incertitudes liées à la situation ;
- aux réunions convoquées pendant cette période, même si elles doivent se tenir
après le 30 juin 2020.
L’AR n° 4 ne s’applique par contre pas aux réunions qui avaient déjà eu lieu, au
moment de son entrée en vigueur, conformément au CSA, même si elles se sont
déroulées pendant la période d’applicabilité de l’AR n° 4.
En résumé :
- le vote doit toujours rester possible, mais il peut être imposé qu’il soit exercé à
distance ;
En revanche, on n’abordera pas ici les règles particulières adoptées au sein des
sociétés cotées.
20
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ires et COVID
Notons toutefois que si aucune disposition particulière n’est prise par l’organe
d’administration pour permettre aux actionnaires de voter « à distance », d’une
manière ou d’une autre, la société ne pourra pas interdire aux actionnaires de se
rendre physiquement à l’assemblée pour y exprimer leur vote. Il pourrait par contre
en résulter une responsabilité de l’organe d’administration, à évaluer en fonction
des circonstances.
Le vote à distance « par le site internet » de la société (modalité prévue à l’art. 7:146
CSA pour les SA) n’est pas expressément prévu par l’AR n° 439. Il s’en déduit donc
qu’une telle modalité de vote ne peut pas être imposée par la société, à moins
qu’elle n’y ait été autorisée par les statuts.
Les formulaires de vote ou les procurations peuvent être adressés à la société par
tous moyens, y compris par email contenant la copie scannée et signée de ces
documents (dérogeant donc à l’exigence de signature électronique prévue par
le CSA). Ces documents doivent parvenir à la société préalablement à la tenue de
l’assemblée générale, soit dans le délai fixé par les statuts, soit le 4e jour précédant
la date de l’assemblée, si la société décide d’imposer un tel délai. Par contre, rien
n’est prévu si les statuts sont muets et que la société n’impose pas le délai de
4 jours de l’AR n° 4, si ce n’est que le vote doit précéder l’assemblée.
38 Art. 5:95 CSA pour les SRL et art. 6:80 pour les SCoop. Dans les SA, le vote par procuration est de droit (art.
7:142 CSA).
39 Cette modalité n’est en effet pas reprise à l’article 6, § 1er, al. 1er, 1er tiret, qui ne mentionne que le vote « à
distance avant l’assemblée générale par correspondance ». L’al. 2 du même article précise que le formulaire
de vote peut être publié sur le site internet de la société. Il nous semble toutefois qu’il faille faire une distinction
entre le vote via un formulaire à imprimer, signer et renvoyer (éventuellement via le site internet de la société),
qui est visé par l’AR n° 4, et le vote qui se fait directement sur le site internet de la société, via une application
et nécessitant que les participants disposent d’un moyen d’identification et de signature électronique. À
21 notre estime, cette deuxième modalité ne peut être imposée, car elle n’est pas visée par l’AR n° 4.
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ires et COVID
1.2.3. Vote par voie électronique
Le Code des sociétés et des associations (CSA), entré en vigueur le 1er janvier
2020, autorise la tenue d’assemblées générales par voie électronique, mais sous
certaines conditions strictes40 :
Tout comme l’ancien Code des sociétés, le CSA prévoit également la possibilité
de prendre les décisions relevant de l’AG par écrit, mais uniquement lorsque ces
décisions sont adoptées à l’unanimité. Puisque, par définition, tous les actionnaires
doivent être présents ou représentés, il n’est pas nécessaire de respecter les
formalités de convocation41.
Une exception importante : ne peuvent être adoptées par écrit les décisions qui
doivent être prises par acte authentique. Pas question, donc, de modifier les statuts,
au moyen de cette procédure écrite.
40 Voy. art. 5:90 CSA pour les SRL ; art. 6:75 pour les Scoop ; art. 7:137 CSA pour les SA.
22 41 Art. 5:85 CSA pour les SRL ; art. 6:71 pour les Scoop ; art. 7:133 pour les SA.
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ires et COVID
1.3. La participation à l’assemblée
Lorsque la société met en œuvre une des mesures de vote imposé par
correspondance ou par procuration, elle peut également interdire toute présence
physique des actionnaires et autres personnes autorisées à participer à l’assemblée,
sauf en ce qui concerne :
- le commissaires ; et
La société peut prendre cette mesure d’interdiction pour le cas où elle ne peut pas
garantir l’application des mesures de distanciations sociales adoptées pour lutter
contre la propagation du Covid-19.
Il est en revanche clairement précisé dans l’AR n° 4 que la société ne peut interdire
la présence physique que si elle a également imposé le vote par correspondance
ou procuration. Autrement dit, un actionnaire à qui la société n’a donné aucun
moyen de voter à distance ne peut être empêché de participer physiquement à
l’assemblée.
Notons enfin que ces mesures permettent en réalité à la société d’interdire purement
et simplement toute participation à l’assemblée générale, puisque la société peut
interdire la participation physique sans être corrélativement obligée de prévoir de
mode de participation électronique ou alternatif.
23
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ires et COVID
(b) Participation active
- Le régime de droit commun, organisé par l’article 7:139 CSA précise que l’organe
d’administration répond, avant ou pendant l’assemblée générale, aux questions
qui lui sont posées oralement ou par écrit par les participants, pour autant qu’elles
Droit des affa
portent sur des points à l’ordre du jour. Les participants ont la possibilité de poser
des questions écrites dès la convocation, dans un délai défini par les statuts.
- L’AR n° 4 permet à la société d’interdire les questions orales, et donc d’imposer que
seules des questions écrites soient posées, pour autant que la société ait imposé le
vote par correspondance ou par procuration. La société peut également imposer
que les questions lui parviennent au plus tard le 4e jour qui précède l’assemblée
générale.
- Soit par écrit, au plus tard le jour de l’assemblée générale mais avant le vote ;
Il conviendra toutefois d’être attentif au fait que les différents délais doivent être
fixés de manière cohérente. Ainsi, le conseil d’administration ne pourrait imposer à
ses actionnaires de voter par correspondance au moins 4 jours avant l’assemblée,
mais ne répondre par écrit que le jour de l’assemblée, puisqu’ils ne respecteraient
alors pas l’obligation de répondre avant le vote.
Le même souci que les actionnaires puissent émettre leur vote en ayant
connaissance de la réponse aux questions ne se retrouve toutefois pas en cas
de réponse orale, puisqu’il peut être répondu même au cours de l’assemblée
générale (donc par définition après l’émission du vote des actionnaires, qui doit
obligatoirement être émis préalablement à l’assemblée), et que cette assemblée
peut même être diffusée en différé.
La participation des actionnaires aux débats n’est, elle, visée par aucune disposition
particulière. En l’absence de réunion physique, et sans possibilité de participation
électronique, une telle participation aux débats ne sera donc pas possible. Alors
même que le gouvernement reconnaît, dans le Rapport au Roi précédent l’AR
n° 4, que « les principes généraux qui valent pour les assemblées générales
disposent que pour se réunir valablement, les actionnaires ou membres doivent
pouvoir délibérer, prendre la parole et exercer leur droit de vote »42.
disposition des actionnaires, ceux-ci peuvent choisir d’en faire usage ou non.
En vertu de l’article 7:137 CSA, les membres du bureau, les administrateurs et les
commissaires ne peuvent pas assister à l’assemblée par voie électronique. L’AR n° 4
ne prévoit pas de dérogation expresse à ce principe, puisque la participation de ces
personnes à distance n’est prévue qu’en cas de vote imposé par correspondance
ou par procuration.
En ce qui concerne les questions qui ne pourraient pas être posées par le moyen
de communication électronique choisi, le régime est le même que celui étudié
ci-dessus concernant la participation physique. La société peut donc décider
de limiter les questions à celles posées par écrit, auxquelles les administrateurs
pourront répondre soit par écrit, avant le vote, soit oralement, lors de la diffusion
électronique de l’assemblée (mais qui doit ici se dérouler en direct).
1.4. Les assemblées dont les décisions doivent être constatées par acte
authentique
L’art. 6, § 4, al. 2 prévoit donc que la comparution physique devant notaire des
personnes suivantes pour signature de l’acte suffit :
Rien n’est par contre prévu en cas d’AG physique (avec ou sans possibilité de
participation par voie électronique).
faculté de reporter à une date ultérieure l’assemblée générale ordinaire qui devait
se tenir pendant la période comprise entre le 1er mars et le 30 juin (sous réserve de
prorogation par le Roi), même si elle avait déjà été convoquée.
Si la société fait usage de cette faculté, les périodes suivantes relatives aux
obligations comptables des personnes morales sont reportées de 10 semaines :
26 44 Art. 5:99 CSA pour les SR ; art. 6:84 pour les Scoop ; art. 7:150 pour les SA.
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ires et COVID
1.6. Conclusion : choix des mesures les plus adaptées et cohérentes
L’AR n° 4 n’a pas vocation à offrir aux organes d’administration un mode d’emploi
exhaustif de l’organisation des assemblées générales en période de Covid-19. Il
se contente de mettre à leur disposition des options organisationnelles, qu’il leur
appartiendra de mettre en œuvre (ou pas) de manière adaptée à chaque entité
et avec cohérence.
Droit des affa
Dans toute la mesure du possible, il nous semble que la société doit garantir la
possibilité de participation la plus large possible à ses actionnaires, dans le respect
des règles de sécurité. Une assemblée générale, ce n’est en effet pas seulement
l’émission de votes sur un ordre du jour, mais également un lieu où doit pouvoir se
tenir un débat sur cet ordre du jour et où les actionnaires doivent être en mesure de
contrôler l’action de l’organe d’administration46. L’usage de mesures supprimant
ces facultés (on songe notamment au fait d’imposer que les actionnaires votent
préalablement à l’assemblée sans possibilité de prendre connaissance des
débats) devrait donc, selon nous, être opéré avec prudence, et en justifiant ce
choix (plutôt que, par exemple, le report de l’assemblée) par l’intérêt social.
La tâche d’un organe d’administration est d’accomplir tous les actes nécessaires
ou utiles à la réalisation de l’objet de la société ou, plus généralement, de la
personne morale, qui ne sont pas réservés par la loi à l’assemblée générale.
Le CSA prévoit déjà que les décisions d’un organe d’administration collégiale
peuvent être prises par écrit, à condition qu’elles soient adoptées à l’unanimité
et qu’il ne s’agisse pas de décisions pour lesquelles les statuts excluent cette
possibilité47.
L’art. 8, al. 1er de l’AR n° 4 étend cette option à toute décision, en écartant donc
toute disposition statutaire qui interdirait le recours à l’écrit pour certains types
de décisions. La notion d’écrit est par ailleurs « étendue » à tout moyen de
télécommunication qui se matérialise par un document écrit chez le destinataire
(voire même pas, si le destinataire utilise un autre mode de réception), tel que l’e-
mail, le fax ou… le télégramme48.
Cette faculté est offerte aux administrateurs quelles que soient les dispositions
statutaires.
Comme pour les assemblées générales, les dispositions de l’AR n° 4 qui concernent
les organes d’administration sont optionnelles. Il est donc également possible de
maintenir des réunions physiques, pour autant que les mesures de distanciation
physique puissent être garanties.
47 Art. 5:75 pour la SRL ; art. 6:63 pour la Scoop ; art. 7:95 (système moniste) et art. 7:113 et 7:114 (système dual)
pour la SA.
28 48 Art. 2281 du Code civil.
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ires et COVID
2.2. Points d’attention particuliers et non exhaustifs
L’organe d’administration doit donc veiller, selon les activités exercées, à :
- suspendre toutes les activités de l’entreprise si elle est active dans un secteur où
la fermeture est obligatoire (secteurs culturel, festif, récréatif, sportif et horeca) ;
- suspendre toutes les activités de l’entreprise si elle est active dans un secteur
non-essentiel (selon la liste annexée aux arrêtés ministériels) et qu’elle ne peut
organiser le travail ni par télétravail ni en garantissant le maintien d’une distance
d’1,5 mètre entre chaque personne ;
- organiser le travail et les infrastructures pour assurer qu’une distance de 1,5 mètre
soit conservée entre les personnes (travailleurs et clients) et/ou pour permettre le
télétravail ;
29
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ires et COVID
Les administrateurs devront être particulièrement prudents dans les propositions
qu’ils feraient à l’assemblée générale ordinaire d’affectation de l’éventuel bénéfice
de l’exercice.
Le test de l’actif net doit bien entendu être rempli49.Il s’agit certes d’une responsabilité
incombant en principe à l’assemblée générale, mais il nous semble que des
administrateurs qui proposeraient une distribution de dividendes, de tantièmes ou
toute autre distribution de bénéfices en violation du test de l’actif net ne pourraient
Droit des affa
Dans les SRL et les sociétés coopératives, l’organe d’administration est en outre
responsable de la réalisation du test de liquidité50 : après la distribution, la société
doit encore être en mesure de faire face à ses dettes au fur et à mesure qu’elles
deviennent exigibles, pendant une période de minimum 12 mois suivant la
distribution. La décision de l’organe d’administration doit être justifiée dans un
rapport.
Le test de liquidité n’est pas expressément prévu dans les SA, mais il pourrait s’agir
d’une mesure de gestion prudente de néanmoins procéder à un tel test, fût-ce
de manière informelle, pour que la société ne se trouve pas ultérieurement en
manque de liquidités suite à l’impact de la crise alors qu’elle aurait distribué de
(généreux) dividendes ou tantièmes en cette période.
Dans les SRL et les sociétés coopératives, ce test de liquidité doit également être
réalisé de manière « continue ». Les administrateurs doivent évaluer s’il est certain,
compte tenu des développements auxquels on peut raisonnablement s’attendre,
que la société sera en mesure de s’acquitter de ses dettes au fur et à mesure de
leur échéance pendant au moins les douze mois suivants. Si ce test, ou le test
de l’actif net, n’est plus rempli, il appartient à l’organe d’administration de mettre
en œuvre la procédure de la sonnette d’alarme, c’est-à-dire de convoquer, dans
les deux mois, une assemblée générale extraordinaire devant se prononcer sur la
dissolution de la société ou sur les mesures proposées par l’organe d’administration
pour garantir la continuité de l’entreprise.
Ajoutons que l’article 2:52 CSA énonce de manière plus générale : « Lorsque des
faits graves et concordants sont susceptibles de compromettre la continuité de
l’entreprise, l’organe d’administration est tenu de délibérer sur les mesures qui
devraient être prises pour assurer la continuité de l’activité économique pendant
une période minimale de douze mois ».
49 Art. 5:142 CSA pour les SRL; art. 6:115 CSA pour les Scoop ; Art. 7:212 CSA pour les SA. La crise actuelle ne
devrait toutefois pas avoir d’impact sur ce teste concernant les comptes approuvés pendant la période de
crise, puisque cette approbation portera généralement sur des comptes arrêtés avant la crise.
30 50 Art. 5:143 CSA pour les SRL et art. 6:116 CSA pour les Scoop.
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ires et COVID
2.2.3. Demande des mesures d’aide aux entreprises
Ont notamment été prévus (selon des conditions d’application distinctes à vérifier
au cas par cas) :
Droit des affa
- des recours facilités au crédit, via notamment l’octroi de garanties publiques, des
reports de remboursement de crédits en cours, l’octroi de crédits-ponts, …
Pour de plus amples développements au sujet de ces aides, voy. infra titre V.
Les sociétés qui rencontrent des difficultés dans la poursuite de leurs activités
sont fortement encouragées à faire usage des mesures protectrices existantes,
au premier rangs desquelles la procédure de réorganisation judiciaire. Plusieurs
mesures ont en outre été adoptées par l’arrêté royal de pouvoirs spéciaux n° 15
pour permettre aux entreprises de bénéficier de « bouffées d’oxygène » dans les
circonstances actuelles (voy supra titre II).
31
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ires et COVID
IV. BANQUES
La crise sanitaire provoquée par le Covid-19 et les mesures prises par les autorités
afin de combattre sa propagation ont des conséquences considérables pour
l’économie de notre pays en général et la situation financière des entreprises
en particulier, lesquelles se trouvent confrontées à des problèmes de trésorerie
significatifs. Les entreprises structurellement saines et solvables avant la crise
sanitaire n’échappent malheureusement pas à la règle.
Droit des affa
C’est dans ce cadre que le secteur bancaire et financier, les régulateurs et les
pouvoirs publics se sont concertés afin de mettre sur pied des mesures en vue
d’aider les entreprises en difficulté temporaire de liquidités face à la crise du
Covid-19.
Face aux difficultés de liquidité auxquelles sont confrontées les entreprises depuis
de longues semaines, nombreuses sont celles qui se sont tournées vers leurs
banques dans l’espoir de trouver, dans la mesure du possible, une solution pour le
remboursement de leurs crédits en cours.
Le gouvernement fédéral belge et le secteur financier ont conclu, avec le soutien
de la Banque nationale de Belgique, un accord en date du 22 mars 2020 afin
(i) d’une part, de garantir l’accès à de nouveaux crédits pour les entreprises
financièrement viables et (ii) d’autre part, d’accorder un allègement temporaire
des obligations de paiement dans le cadre des crédits existants.
Le deuxième volet de l’accord tient dans l’octroi d’un report de paiement des
échéances des crédits en cours jusqu’au 31 octobre 2020, aux entreprises non
financières et travailleurs indépendants viables54, connaissant des problèmes de
paiement en raison de la crise du coronavirus.
53 La même mesure a été prise en faveur des particuliers touchés par la crise du Covid-19 mais, tel que précisé
ci-avant, sort de l’objet de la présente contribution.
54 A l’instar du premier pilier relatif au régime de garantie, la mesure de report de paiement a également été
prise en faveur des emprunteurs hypothécaires mais cela dépasse l’objet de la présente contribution.Notons
qu’à ce jour, les mesures de soutien concernent les crédits accordés aux entreprises ainsi que les crédits
hypothécaires et qu’aucune mesure n’a encore été adoptée pour les crédits à la consommation (une
proposition de loi est actuellement en discussion à la Chambre).
55 Nous verrons que les conditions et modalités du régime de garantie ont été récemment arrêtées dans
l’Arrêté Royal du 14 avril 2020 portant octroi d’une garantie d’État pour certains crédits dans la lutte contre
les conséquences du coronavirus, dont question dans la Section 1.2 ci-après. Les modalités du report des
paiements furent quant à elles formalisées en date du 31 mars 2020, par deux chartes publiées
le 31 mars 2020 sur le site web de Febelfin et décrites dans la Section 1.3 ci-après.
56 Communication de la Commission Encadrement temporaire des mesures d’aide d’État visant à
33 soutenir l’économie dans le contexte actuel de la flambée de COVID-19, document C/2020/1863, J.O.U.E.,
20 mars 2020, pp. 1-9.
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ires et COVID
ensemble. Le système de garantie d’État mis en place en Belgique s’élève à un
montant total (en principal) de maximum 50 milliards d’euros, destinés à couvrir
les pertes subies par le secteur financier en raison d’une défaillance systémique
des remboursements de prêts.
- les crédits accordés aux entreprises non financières viables, aux PME, aux
travailleurs indépendants et aux organisations à but non lucratif (Section 1.2.2) ;
- les nouveaux crédits accordés entre le 1er avril 2020 et le 30 septembre 2020,
d’une durée maximale d’un an (ce délai et cette période pouvant être prolongés
par arrêté royal) (Section 1.2.3) ;
La garantie est applicable aux crédits octroyés à des « entreprises non financières »
(en ce compris les travailleurs indépendants et les personnes morales du secteur
non lucratif) inscrites à la BCE.
La notion d’entreprise non financière est en effet définie comme « toute personne
physique qui exerce une activité professionnelle à titre d’indépendant ou toute
personne morale », à l’exclusion des personnes morales suivantes, lesquelles sont
exclues du champ d’application de la règlementation sur la garantie59 :
57 Arrêté royal du 14 avril 2020 portant octroi d’une garantie d’état pour certains crédits dans la lutte contre les
conséquences du coronavirus, M.B., 15 avril 2020.
Le contenu de cet arrêté royal est disponible à l’adresse suivante :
https://www.stradalex.com/?page=Stradalex.Controller
PublicHome&action=display&nav=monitorHome&goto=2020030617&lang=fr&utm_medium=email&utm
source=moniteur&redirect_counter=1
58 Loi du 27 mars 2020 donnant habilitation au roi d’octroyer une garantie d’État pour certains crédits dans la
lutte contre les conséquences du coronavirus et modifiant la loi du 25 avril 2014 relative au statut et au
contrôle des établissements de crédits et des sociétés de bourse, M.B., 31 mars 2020, p. 22187.
Le contenu de cet arrêté royal est disponible à l’adresse suivante :
http://www.ejustice.just.fgov.be/cgi_loi/change_lg.pl?language=fr&la=F&cn=2020032704&table_name=loi.
34 59 Voy. article 6, §2 de l’Arrêté.
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ires et COVID
a. les entités publiques ;
b. les contreparties financières60, les établissements de paiement, les établissements
de monnaie électronique et les entités de titrisation à vocation spécifique ; et
c. les personnes qui exclusivement ou principalement octroient des crédits pour
compte propre dans le cadre de leurs activités professionnelles ou commerciales
habituelles61 ;
d. les personnes morales dont les filiales sont exclusivement ou principalement de
Droit des affa
60 Au sens de l’article 3.3 du Règlement n°2015/2365 du 25 novembre 2015 relatif à la transparence des
opérations de financement sur titres et de la réutilisation et modifiant le règlement (UE) no 648/2012, J.O.U.E.,
L 337, 23 décembre 2015, pp. 1-34.
61 A cet égard, le rapport au Roi précise que les intermédiaires en crédit et d’assurance (qui n’octroient pas de
crédits pour compte propre) entrent dans la notion d’ « entreprise non financière » et sont dès lors éligibles
pour des crédits garantis.
62 Article 6, §1er, a) de l’Arrêté Royal du 14 avril 2020. L’article 1, 38° de l’arrêté précise, concernant les retards de
paiement d’impôts ou de cotisations de sécurité sociale, que ceux-ci visent « tous les impôts et cotisations
de sécurité sociale, quels que soient leur créancier ou leur base juridique, qui sont considérés comme des
dettes certaines et déterminées et pour lesquels le délai légal de paiement, le cas échéant prorogé par l
l’autorité administrative compétente, a expiré, sauf et dans la mesure où, en cas de contestation
administrative et/ou judiciaire introduite avant le 29 février 2020, la partie contestée ne peut faire l’objet de
mesures d’exécution forcées ».
63 Article 6, §1er, b) de l’Arrêté Royal du 14 avril 2020.
35 64 Article 6, §1er, c) de l’Arrêté Royal du 14 avril 2020.
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ires et COVID
Le rapport au Roi précise quant à cette dernière notion que pour établir si une
entreprise est à considérer comme une « entreprise en difficulté », les banques
pourront se baser sur une déclaration signée par cette entreprise65 , « pour autant
qu’elles n’ont pas ou ne devraient raisonnablement pas avoir connaissance d’une
information contradictoire à cet égard ».
L’Arrêté Royal du 14 avril 2020 lève enfin le voile sur les critères de viabilité,lesquels sont
notamment déterminés en fonction des retards existants dans les remboursements
Droit des affa
« a) s’il s’agit d’une société à responsabilité limitée (autre qu’une PME en existence
depuis moins de trois ans ou, aux fins de l’admissibilité au bénéfice des aides au
financement des risques, une PME exerçant ses activités depuis moins de sept
ans après sa première vente commerciale et qui peut bénéficier d’investissements
en faveur du financement des risques au terme du contrôle préalable effectué
par l’intermédiaire financier sélectionné), lorsque plus de la moitié de son capital
social souscrit a disparu en raison des pertes accumulées68.
b) s’il s’agit d’une société dont certains associés au moins ont une responsabilité
illimitée pour les dettes de la société (autre qu’une PME en existence depuis moins
de trois ans ou, aux fins de l’admissibilité au bénéfice des aides au financement
des risques, une PME exerçant ses activités depuis moins de sept ans après sa
65 Une telle déclaration pourra, de préférence, être accompagnée du rapport d’un expert financier
indépendant.
66 Nous verrons que les critères de viabilité applicables dans le régime de report sont les suivants :
- Ne pas avoir, au 1er février 2020, de retard de paiement pour les crédits en cours, impôts ou pour cotisations
de sécurité sociale ou ne pas accuser, au 29 février 2020, un retard de paiement supérieur à 30 jours sur les
crédits en cours, impôts ou cotisations de sécurité sociale.
- Avoir rempli toutes ses obligations contractuelles de crédit (auprès de tous les établissements
confondus) durant les 12 derniers mois précédant le 31 janvier 2020 ; et
- Ne pas être « en cours de procédure de restructuration de crédit active ». ,
67 Règlement n ° 651/2014 de la Commission du 17 juin 2014 déclarant certaines catégories d aides
compatibles avec le marché intérieur en application des articles 107 et 108 du traité, J.O.U.E., L 187, 26 juin
2014, pp. 1-78. Les aides aux entreprises en difficulté étant exclues du champ d’application de ce règlement.
68 L’article précise que « Tel est le cas lorsque la déduction des pertes accumulées des réserves (et de tous
les autres éléments généralement considérés comme relevant des fonds propres de la société) conduit à
un montant cumulé négatif qui excède la moitié du capital social souscrit. Aux fins de la présente
disposition, on entend par «société à responsabilité limitée» notamment les types d’entreprises mentionnés à
l’annexe I de la directive 2013/34/UE du Parlement européen et du Conseil (37) et le «capital social»
36 comprend, le cas échéant, les primes d’émission ».
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ires et COVID
première vente commerciale et qui peut bénéficier d’investissements en faveur du
financement des risques au terme du contrôle préalable effectué par l’intermédiaire
financier sélectionné), lorsque plus de la moitié des fonds propres, tels qu’ils sont
inscrits dans les comptes de la société, a disparu en raison des pertes accumulées,
e) dans le cas d’une entreprise autre qu’une PME, lorsque depuis les deux exercices
précédents:
- « PME » : cette notion doit être considérée au niveau du groupe et il y a lieu de se
référer à la définition européenne de la PME au sens Règlement n°651/2014 soit,
une entreprise (personne physique ou morale) qui occupe moins de 250 personnes
et dont le chiffre d’affaires annuel n’excède pas 50.000.000 EUR ou dont le total du
bilan annuel n’excède pas 43.000.000 EUR (conditions applicables par analogie aux
indépendants)69. Il est à noter que l’Arrêté Royal du 14 avril 2020 utilise tant la définition
européenne de PME énoncée ci-dessus (article 1, 27°) que la définition belge de PME
au sens du Code des sociétés et des associations (article 1, 30°)70 ;
- « capital social » : pour les SRL belges, il faut lire « apports souscrits ».
Il ressort de la rédaction de l’article 6, §1er de l’Arrêté Royal du 14 avril 2020 – et, plus
précisément de la définition d’ « entreprise en difficulté » – que l’Arrêté semble exclure
du dispositif de garantie les entreprises qui, au 31 décembre 2019, faisaient l’objet
d’une réorganisation judiciaire ou remplissaient les conditions d’ouverture d’une telle
procédure (voy. article 2.18, c) du Règlement n°651/2014 précité).
69 Voy. définition de « PME au sens du Règlement n° 651/2014 » à l’article 1, 27° de l’Arrêté Royal du 14 avril 2020.
70 Définie à l’article 1, 30° comme « une société satisfaisant aux conditions de l’article 1:24 ou de l’article 1:25
du Code des sociétés et des associations ; les mêmes conditions s’appliquent par analogie aux
indépendants ». Par exemple, au sujet de prime de la garantie d’État (Chapitre 7 de l’Arrêté), c’est la
définition de PME au sens du Code des sociétés et des associations qui est applicable.
37 71 Rapport au Roi de l’Arrêté Royal du 14 avril 2020.
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ires et COVID
considérables pour aboutir à des accords amiables ou des plans homologués
judiciairement (parfois sur plusieurs années), en consentent toujours actuellement
pour retrouver leur rentabilité et honorent tant leurs dettes rééchelonnées au profit des
créanciers que leurs échéances actuelles, soient discriminées et ne puissent bénéficier
de la garantie des prêts par l’État72.
Ces entreprises sont, à l’instar des autres entreprises, durement impactées par la crise
du Covid-19, et les motifs de leur exclusion du régime de garantie paraissent difficiles
Droit des affa
Notons à ce titre que le même reproche fut formulé chez nos voisins français à l’égard
de l’Arrêté du 23 mars 2020 accordant la garantie de l’État aux établissements de
crédit73, qui excluait initialement en son article 3 les entreprises faisant « l’objet de l’une
des procédures prévues aux titres II, III et IV du livre VI du code de commerce ».
Cette exclusion a ensuite été nuancée, notamment, par le biais des deux évolutions
suivantes :
- le Ministère de l’Economie et des Finances français a précisé dans un FAQ que, afin de
permettra aux banques de répondre à davantage de demandes, la garantie de l’État
ne sera pas remise en cause au seul motif d’octroi à une PME ayant, au 31 décembre
2019, des fonds propres négatifs ou inférieurs à la moitié de son capital social (les PME
en procédure collective à cette date demeurant les seules exclues du dispositif)74 ; et
- suite à l’adoption d’une nouvelle loi de finances rectificative, l’État français pourra
lui-même accorder des prêts en direct à certaines PME n’étant pas parvenues
à obtenir un prêt garanti auprès de leur banque. Celles-ci pourront donc, in fine,
emprunter directement auprès des pouvoirs publics (les modalités de ce régime
étant encore à préciser)75.
Pour bénéficier du régime de garantie, les crédits doivent donc remplir les conditions
suivantes :
- être des crédits à court terme d’une durée maximale de 12 mois (en ce compris
les crédits d’une durée indéterminée qui peuvent être résiliés par le prêteur ou par
l’emprunteur endéans les 12 mois)
72 Voy. la note du Réseau CAP du 27 mars 2020 « Entreprises ‘’viables’ et mécanisme de garantie des crédits
par l’État – réaction du Réseau CAP », consultable sur le site de l’OECCBB : https://www.oeccbb.be/wp
content/uploads/2020/04/entreprise-viable-GD-28-mars-2020.pdf.
73 Arrêté du 23 mars 2020 accordant la garantie de l’État aux établissements de crédit et sociétés de
financement en application de l’article 4 de la loi n°2020-289 du 23 mars 2020 de finances rectificative pour
2020, JORF, 24 mars 2020.
74 Voy. FAQ du Ministère de l’Economie et des Finances français relatif aux prêts garantis par l’État, du 23 avril
2020, disponible à l’adresse suivante : https://www.economie.gouv.fr/files/files/PDF/2020/dp-covid-pret
garanti.pdf.
75 Voy. article publié dans « Les Echos », le 26 avril 2020, « L’État pourra accorder des prêts en direct aux PME
retoquées par leur banque », disponible à l’adresse suivante : https://www-lesechos-fr.cdn.ampproject
org/c/s/www.lesechos.fr/amp/1198211.
38 76 Article 4, § 1er de l’Arrêté Royal du 14 avril.
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ires et COVID
La notion de « crédit » est définie largement comme « tout contrat en vertu duquel
un prêteur octroie ou s’engage à octroyer un crédit, sous la forme d’un prêt, d’une
ouverture de crédit, d’un découvert autorisé, ou de toute autre facilité de paiement
similaire, à l’exclusion des : a) contrats de location-financement ; b) contrats
d’affacturage ; c) crédits à la consommation et des crédits hypothécaires couverts
par le Livre VII du Code de droit économique »77.
- couvre les crédits de caisse, les avances à terme fixe (« straight loans »), les
ouvertures de crédit, les facilités de garantie (ouvertures de crédit par
lesquelles un prêteur s’engage à octroyer des garanties bancaires pour le
compte de l’emprunteur) et les découverts autorisés (« overdraft facilities ») ;
Enfin,une précision doit être apportée quant à la durée maximale de 12 mois.En effet,
afin d’empêcher aux prêteurs de contourner l’applicabilité générale du régime au
profit de leurs « bons risques de crédit », l’article 1, 15° de l’Arrêté précisé que « des
crédits en vertu desquels le prêteur jouit d’un droit de résiliation discrétionnaire
pendant les 12 premiers mois sont à considérer comme des crédits d’une durée
de 12 mois »79. Le rapport au Roi ajoute que sont notamment visées les lignes de
crédit octroyées pour une durée indéterminée mais qui peuvent être résiliées par le
prêteur de manière discrétionnaire (un droit de résiliation qui s’appliquerait même
si l’emprunteur satisfait aux conditions contractuelles de solvabilité et de liquidité).
Rappelons qu’un autre mécanisme pour empêcher aux prêteurs de contourner
l’applicabilité générale du régime est le fait qu’une ligne de crédit, satisfaisant
séparément aux conditions de l’arrêté, qualifie individuellement en tant que crédit.
- être octroyés entre le 1er avril 2020 et le 30 septembre 2020 au plus tard (en ce
compris les crédits remboursés avant le 30 septembre 2020)
Ces crédits (qui, nous le verrons, ne sont pas les seules exclusions du régime de
garantie) n’entrent pas dans le champ d’application et ne sont donc pas couverts
par le régime.
Une autre exclusion du régime de la garantie vise les crédits « qui ne peuvent être
utilisés exclusivement que pour des activités non belges »83. Un crédit garanti ne
peut donc être utilisé exclusivement pour des activités à l’étranger, même dans
l’hypothèse où ces activités sont exercées par une personne morale dont le siège
réel est situé en Belgique. Dans le cas contraire, « les pertes des crédits garantis qui
n’excluent pas une telle utilisation ne donnent pas lieu à remboursement ».
a) les activités étrangères sont effectuées par l’emprunteur lui-même ou par une
entité qui se trouve sous le contrôle exclusif ou conjoint de l’emprunteur,
b) la continuité des activités étrangères est cruciale pour les activités belges,
c) les activités étrangères sont, prises isolément, considérées comme une entreprise
viable,
Un crédit garanti peut être utilisé pour des activités étrangères qualifiées si cette
utilisation satisfait aux conditions suivantes :
1.2.4. Quelles banques peuvent octroyer des crédits garantis par l’État ?
Une des caractéristiques du régime de garantie est que celui-ci vise une large
mutualisation des risques, en vue de « répartir le plus largement possible tant les
Droit des affa
A cet effet, l’article 5 de l’Arrêté (qui définit la notion de « prêteur ») précise que
la garantie est octroyée à tous les établissements de crédit de droit belge86 et
succursales en Belgique d’établissements de crédit de droit étranger87 qui avaient
« au 31 décembre 2019 des crédits en cours auprès d’un ou plusieurs emprunteurs
pour un montant total et non remboursé en principal d’au moins 20.000 EUR ».
(a) Conditions
Tous les nouveaux crédits garantis seront soumis à un taux d’intérêt de 1,25 %
maximum (hors frais et compte tenu du montant en principal effectivement prélevé)
majoré de la prime versée par l’établissement de crédit à l’État en contrepartie de
la garantie (de maximum 25 points de base pour les PME au sens du Code des
sociétés et des associations et 50 points de base pour les grandes entreprises92),
Droit des affa
En effet, afin de faire en sorte que le bénéfice de la garantie d’État soit répercuté
totalement sur l’emprunteur, l’Arrêté prévoit, à son article 9, que l’établissement
de crédit peut appliquer à l’emprunteur un intérêt de maximum 1,25% sur base
annuelle et
seule la prime versée par l’établissement de crédit à l’État peut être imputée à
l’emprunteur.
Concernant les frais, l’Arrêté prévoit que l’établissement de crédit peut également
imputer les frais habituels (tels que les frais de dossier ou les commissions de
réservation) à l’emprunteur. Il ne peut néanmoins pas imputer de frais en rapport
avec l’octroi ou l’exécution du crédit, qui n’auraient pas été dus sur la base de ses
conditions générales applicables au 29 février 2020. En vertu de l’article 22, 7°, le
prêteur ne peut faire dépendre la demande ou l’octroi d’un crédit garanti de la
conclusion de contrats relatifs à d’autres produits ou services (tels que les contrats
d’assurance ou les contrats d’affacturage).
(b) Limites
Notons que, toujours dans l’objectif évoqué ci-avant de mutualisation des risques,
de façon à (i) diversifier au maximum le portefeuille de crédit garanti de chaque
établissement de crédit et (ii) répartir au maximum le coût de la garantie (la
prime), le régime de garantie s’applique de plein droit à tous les crédits qui entrent
dans son champ d’application. Il ne s’agit donc pas, précise le rapport au Roi,
« d’une règlementation « opt-in » ou « opt-out » ».
Une nuance doit néanmoins être apportée à ce principe, motivée par le constat
que toutes les entreprises ne seraient pas touchées par la crise du Covid-19 et
laissant aux banques la possibilité d’octroyer des crédits à d’autres conditions
financières moins onéreuses à des entreprises non touchées par la crise sanitaire.
92 Articles 25 et 26 de l’Arrêté qui prévoient que chaque prêteur verse à l’État une prime pour la garantie d’État,
dont le taux (exprimé en pourcentage du montant en principal maximum disponible de chaque crédit
garanti) s’élève à :
- pour des crédits garantis aux PME au sens du Code des sociétés et des associations : 25 points de base sur
une base annuelle ; et
42 - pour des crédits garantis à d’autres entreprises : 50 points de base sur une base annuelle.
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ires et COVID
En effet, l’article 4, § 1er, 4° de l’Arrêté autorise les prêteurs à retirer un nombre limité
de crédits de leur « portefeuille garanti » sur base mensuelle93. En d’autres termes,
on permet aux prêteurs qui octroient un crédit qui remplit les conditions de la
garantie d’État, de « désélectionner » une partie de ces crédits dans une certaine
mesure94 et ainsi les octroyer en dehors du régime de garantie mis en place par
l’arrêté. Cette désélection, qui ne peut avoir lieu qu’au moment de l’octroi d’un
crédit, est définitive. Le crédit désélectionné disparaît alors du portefeuille garanti et
les pertes éventuelles sur ce crédit ne peuvent plus être couvertes par la garantie
Droit des affa
Cette option, qui vise à éviter que les prêteurs soient tenus d’offrir des crédits
garantis à certains emprunteurs non touchés par la crise et pour lesquels ce régime
de garantie serait inutilement coûteux, répond aux préoccupations d’égalité des
conditions de concurrence du secteur financier. Le rapport au Roi précise à cet
égard que « si les prêteurs belges pouvaient uniquement offrir des crédits à de telles
entreprises aux conditions (inévitablement plus onéreuses) de la garantie d’État,
cela porterait préjudice à leur position concurrentielle. En effet, dans la plupart
des autres États membres avec un régime de garantie, les prêteurs peuvent eux-
mêmes décider s’ils soumettent leurs crédits à ce régime ».
Enfin, la garantie, une fois octroyée, n’est pas définitivement acquise pour autant.
Par ailleurs, la garantie d’État peut également faire l’objet d’une réduction, dans
les hypothèses diverses listées à l’article 22, qui énonce les cas donnant lieu à une
réduction de la perte garantie.
Parmi les diverses hypothèses envisagées dans l’Arrêté, nous citerons celles où la
perte garantie est réduite de toutes les pertes sur les crédits garantis suivants :
93 Cet article prévoit que sont exclus du régime « les crédits qui au regard des autres dispositions du présent
paragraphe § 1er sont à considérer comme des crédits garantis mais qui sont spécifiquement identifiés par
le prêteur au moment de leur octroi; un crédit ainsi identifié ne peut être requalifié comme crédit garanti et
doit être repris dans les déclarations mensuelles prescrites par l’article 32; les crédits tels que visés par le
présent 4° sont indiqués dans le présent arrêté comme crédits désélectionnés ».
94 Une limite maximale est prévue pour la désélection : le rapport entre les crédits désélectionnés et les crédits
garantis ne peut être plus élevé que 0,175 (article 1, 49° et 50° de l’Arrêté). Si cette limite est dépassée, une
prime majorée est due pour les crédits désélectionnés excédentaires (article 28 de l’Arrêté).
95 Article 22, 2° de l’Arrêté. Etant précisé que « sont considérés comme transferts la mise en gage ou la titrisation
en vue de l’utilisation des titres de la titrisation comme sûreté, sauf les opérations visées à l’article 21,
43 paragraphe 2, qui n’entraînent aucune réduction de la perte garantie ».
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ires et COVID
- qui ne contiennent pas les dispositions spécifiquement énumérées de l’Arrêté96 ;
- qui ne sont pas repris par le prêteur dans un des reportings relatifs à la garantie
d’État (les modalités de ce reporting restent à définir)97 ;
- qui sont octroyés sans que le prêteur n’incite l’emprunteur à demander ou obtenir
d’autres garanties disponibles pour le crédit garanti98;
Droit des affa
- pour lesquels le prêteur ne garantit pas l’État contre toutes actions qui sont
introduites par l’emprunteur (ou toute personne liée) en rapport avec le crédit
garanti ou la garantie d’État99 ;
- pour lesquels le prêteur fait preuve de négligence grave dans l’octroi (quand, au
moment de l’octroi, il était prévisible que cette négligence pouvait mener à une -
aggravation des coûts ou pertes subies par l’État)102 en application des règles de
la garantie.
Dans les nombreux cas visés par l’article 22 (lesquels surviennent tant au stade
de l’octroi du crédit que postérieurement à cet octroi), le rapport au Roi précise
que « la réduction n’a pas d’impact sur la prime due pour la garantie d’État sur les
crédits concernés. Cette prime reste due. Une cause de réduction ne donne pas
non plus lieu au remboursement des primes éventuellement déjà payées ».
Enfin, l’article 23 de l’Arrêté énonce quant à lui les cas de caducité de la garantie
d’État sur la perte garantie, dans lesquels la banque est donc déchue de la
garantie. Il énumère les cas suivants où le prêteur :
Le régime de garantie prévoit une répartition des charges entre l’État et les
établissements de crédits, laquelle suit le principe de limitation au minimum des
aides d’État et vise à maintenir le risque pour l’État et le contribuable aussi gérable
que possible.
103 « 7° la perte garantie est réduite de toutes les pertes sur les crédits garantis dont le prêteur fait dépendre la
demande ou l’octroi à la conclusion par l’emprunteur ou une personne liée avec celui-ci de contrats relatifs
à d’autres produits ou services ;
8° la perte garantie est réduite de toutes les pertes sur les crédits garantis pour lesquels le prêteur compte à
l’égard de l’emprunteur des frais en rapport avec l’octroi ou l’exécution du crédit qui n’auraient pas été dus
sur la base des conditions générales du prêteur au 29 février 2020 ;
9° la perte garantie est réduite de toutes les pertes sur les crédits garantis pour lesquels le prêteur fait preuve
de négligence grave dans l’octroi, quand, au moment de l’octroi, il était prévisible que cette négligence
pouvait mener à une aggravation des coûts ou des pertes subies par l’État en application des règles de la
garantie. Il y a négligence grave :
a) en cas d’octroi d’un crédit dont le prêteur devait raisonnablement constater que l’emprunteur était une
personne visée à l’article 6, § 1er, a), b) ou c) ;
b) en cas d’octroi d’un crédit à un emprunteur dont le prêteur devait raisonnablement constater que cet
emprunteur ou d’autres personnes du groupe auquel l’emprunteur appartient avaient en même temps
obtenu un crédit garanti ailleurs ou l’auraient obtenu en même temps que le crédit garanti, de sorte que
le montant en principal disponible ou en cours de tous les crédits garantis de l’emprunteur individuel ou
de l’ensemble des membres du groupe auquel l’emprunteur appartient dépasserait le montant en principal
maximum garanti visé à l’article 8 ».
104 Soit :
(i) qui n’avait pas de retard de paiement sur ses crédits en cours, sur ses impôts ou sur ses cotisations de
sécurité sociale le 1er février 2020 ;
(ii) qui n’avait pas plus de 30 jours de retard de paiement le 29 février 2020 sur ses crédits en cours, sur ses
impôts ou sur ses cotisations de sécurité sociale ; et
(iii) pour lequel aucune procédure de restructuration de crédit active n’était en cours auprès d’un
45 établissement de crédit le 31 janvier 2020.
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ires et COVID
Les pertes subies sur ces nouveaux crédits (la « perte garantie » étant la somme
des pertes encourues par un prêteur sur son portefeuille garanti105), examinées
au terme du régime de garantie, seront réparties entre le secteur financier et les
autorités publiques comme il suit (ces tranches étant calculées au niveau du
portefeuille) :
- pour toutes les pertes supérieures à 5 % : 80 % seront pris en charge par les
pouvoirs publics et 20 % par le secteur financier (reste donc toujours minimum 20%
de la perte garantie à charge du prêteur concerné)106.
Il ressort des éléments qui précède que la garantie d’État revêt les caractéristiques
suivantes :
- elle est subsidiaire (il ne s’agit pas d’une garantie à première demande), et vaut
seulement avec le bénéfice de discussion ;
- elle est résiduaire et couvre uniquement la perte qui subsiste après que le prêteur
n’a plus aucun recours107.
1.3. Le report des paiements pour certains crédits en cours (second pilier)
Parmi les mesures annoncées le 22 mars 2020 en soutien aux entreprises touchées
par la crise du coronavirus, figure la possibilité pour ces entreprises non financières,
les travailleurs indépendants et les emprunteurs hypothécaires « viables » de
demander à bénéficier d’un report de paiement de leurs crédits existants,
gratuitement et sans dénonciation de crédit. Ce moratoire, valable jusqu’au 31
octobre 2020, permettra aux entreprises confrontées à un manque de liquidités
spécifiquement dû à la crise de Corona, de rétablir temporairement leur trésorerie
(en ne l’affectant pas au remboursement de crédits existants).
- ne porte pas sur les intérêts, de sorte que les échéances en intérêts restent dues ;
et
- ne pourra être obtenu que jusqu’à la date butoir du 31 octobre 2020110, quel
que soit le moment de l’introduction de la demande (et donc, même pour les
demandes introduites après le 30 avril 2020, qui bénéficieront automatiquement
d’un report inférieur à six mois).
La durée du crédit sera prolongée pour une période correspondant à celle du report
et une fois la période du report écoulée, l’emprunteur sera tenu de reprendre ses
paiements. Dans les faits, cela signifie que l’emprunteur terminera de rembourser
son crédit maximum six mois après le terme initialement prévu.
(1°) Avoir subi, en raison de la crise du Covid-19, des difficultés de paiement du fait :
108 https://www.febelfin.be/fr/consommateurs/article/charte-report-de-paiement-credit-aux-entreprises.
109 https://www.febelfin.be/fr/consommateurs/article/charte-report-de-paiement-credit-hypothecaire. Un
régime de report similaire a été prévu pour les particuliers, dont le crédit hypothécaire peut également
bénéficier d’un report pour une période de maximum 6 mois.
110 Au lieu de la date du 30 septembre 2020 initialement envisagée dans l’accord avec le gouvernement
47 fédéral.
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ires et COVID
- de l’obligation des autorités à fermer l’entreprise / organisation dans le cadre des
mesures prises pour endiguer la propagation du virus.
(3°) Ne pas avoir, au 1er février 2020, de retard de paiement pour les crédits en
cours, impôts ou cotisations de sécurité sociale ou ne pas accuser, au 29 février
2020, un retard de paiement supérieur à 30 jours sur les crédits en cours, impôts ou
Droit des affa
(4°) Avoir rempli toutes ses obligations contractuelles de crédit (auprès de tous
les établissements confondus) durant les 12 derniers mois précédant le 31 janvier
2020 (absence de « défaut-croisé » / « cross-default ») ; et
Les critères de viabilité étant similaires que ceux prévus dans le cadre du régime
de garantie, le même reproche peut être formulé quant à l’exclusion, a priori, des
entreprises en procédure de réorganisation judiciaire, lesquelles ne pourront donc
ni bénéficier du moratoire, ni recourir aux prêts garantis par l’État111.
1.3.3. Quels sont les types de crédit concernés par le report de paiement ?
La Charte énumère les types de crédits pour lesquels un report peut être demandé. Il
s’agit des crédits avec un plan de remboursement fixe, des crédits de caisse ainsi que
des avances fixes.
Le leasing et le factoring sont expressément exclus du régime. Dans un tel cas, la Charte
recommande d’entreprendre des démarches bilatérales directement avec la société
de leasing ou de factoring concernée afin de trouver un arrangement amiable.
L’engagement des établissements financiers vise tant les demandes à venir que celles
introduites avant le 31 mars 2020 (date de publication de la Charte), lesquelles seront
évaluées sur la base des critères de la Charte.
1.3.4. En pratique
Toute entreprise qui pense remplir les conditions pour pouvoir bénéficier du report
de paiement doit prendre contact avec l’établissement de crédit concerné, qui
demandera ensuite des preuves documentaires afin de pouvoir donner suite à la
demande.
Nous renvoyons sur ce point au chapitre de la présente contribution relatif aux contrats
commerciaux et à la force majeure.
2. FINANCE
Par Victor Ouchinsky
2.1. Interdiction du short selling112
Parmi les mesures prises par l’Autorité des services et marchés financiers (ci-après, la
« FSMA ») dans ses domaines de compétences face à la crise sanitaire, la présente
section se concentrera sur l’interdiction des opérations de vente à découvert (short
selling).
Pour rappel, les opérations de « vente à découvert » sont définies à l’article 2 b)
du Règlement n° 236/2012 du 14 mars 2012 sur la vente à découvert (ci-après, le
« Règlement n°236/2012 »)113 comme « la vente d’une action ou d’un titre de créance
dont le vendeur n’est pas propriétaire au moment où il conclut l’accord de vente, y
compris lorsqu’au moment où il conclut l’accord de vente, le vendeur a emprunté
l’action ou le titre de créance ou accepté de l’emprunter pour le livrer au moment du
règlement »114. En d’autres termes, la vente à découvert consiste en la spéculation
sur la baisse du cours d’une action. Il s’agit plus précisément d’emprunter une
action pour la vendre directement en vue de la racheter plus tard à un prix plus
bas. La plus-value de l’investisseur se situe donc dans la différence entre le prix de
vente et de rachat.
- aux sociétés cotées sur « Euronext Brussels » et « Euronext Growth » pour lesquelles
la FSMA est l’autorité nationale compétente du marché le plus pertinent (most
relevant market – MRM) ;
La FSMA justifie cette mesure d’interdiction par le fait que la crise sanitaire a de
graves effets néfastes sur l’économie réelle ainsi que sur les marchés financiers. Les
mesures strictes imposées par le gouvernement fédéral belge afin de lutter contre
la propagation du Covid-19 emportent des menaces sérieuses de la confiance
des marchés boursiers, susceptible de mettre à mal la stabilité financière.
L’AEMF a émis une opinion favorable aux mesures d’interdiction prises par la FSMA
et leur prolongation118. L’autorité européenne estime ces dispositions appropriées
et proportionnelles afin de répondre aux menaces de perte de confiance des
marchés financiers.
Le 16 mars 2020, l’AEMF avait déjà demandé aux acteurs détenant des positions
courtes nettes sur des actions négociées sur un marché réglementé de l’Union
européenne qu’ils notifient celles-ci à l’autorité nationale compétente à partir d’un
seuil de 0,1% du capital social émis alors que le seuil normalement applicable est
de 0,2%119. En d’autres termes, l’AEMF avait réduit le seuil de déclaration des ventes
à découvert.
Les chutes particulièrement importantes des cours sur les marchés financiers et
la sérieuse volatilité peuvent impacter lourdement les organismes de placement
collectif (ci-après « OPC ») . Le contexte de crise actuel entraîne des problèmes
de liquidités sur les marchés et les investisseurs sont parfois amenés à solliciter les
remboursements de leurs investissements aux OPC. Afin de pouvoir répondre à
de telles demandes, les OPC doivent liquider des positions dans leur portefeuille
Droit des affa
d’actif pour se procurer les liquidités nécessaires. La crise actuelle implique que
cette liquidation de position se fera soit difficilement soit, si elle a lieu, à un prix peu
intéressant et risque donc préjudicie l’entièreté des investisseurs.
Les mesures gouvernementales ont pour objectif de permettre aux OPC d’éviter
de vendre des positions dans leur portefeuille d’actif à un prix qui ne répond pas
aux prix du marché et par ce biais, de préserver leur liquidité. Les considérants de
l’arrêté royal du 22 avril 2020 précisent le caractère urgent et temporaire de telles
mesures.
51
-19
ires et COVID
En synthèse, ces mesures sont les suivantes :
Le rapport au Roi de l’arrêté royal précise bien que cette mesure ne requière pas
Droit des affa
Cet assouplissement est temporaire et la possibilité d’y avoir recours n’est donnée
qu’aux OPC qui, par le manque de personnel pour cause de maladie en raison de
l’épidémie, ne peuvent pas réaliser en bonne et due forme le calcul de la valeur
nette d’inventaire (VNI).
L’alinéa 3 de l’article 1er dispose que l’OPC qui a recours à cette diminution doit
publier « la nouvelle fréquence d’exécution sur son site internet ou celui de la
société de gestion et dans deux quotidiens à diffusion nationale ou à tirage
suffisant, ou par tout autre moyen de communication équivalent approuvé par la
FSMA ».
120 Défini par le rapport au Roi comme étant : « un mécanisme qui vise à éliminer l’impact négatif sur la valeur
nette d’inventaire d’un organisme de placement collectif ou d’un de ses compartiments, causé par les
entrées et sorties de participants. Si les entrées ou sorties nettes dépassent un certain niveau (le seuil), la
valeur nette d’inventaire sera ajustée à la hausse ou à la baisse à l’aide d’un pourcentage déterminé (le
`swing factor’). Dans les deux cas, les participants existants sont protégés contre les frais entraînés par les
entrées et sorties ».
121 Défini par le rapport au Roi comme étant : « (…) un mécanisme qui vise à éliminer l’impact négatif sur la
valeur nette d’inventaire, causé par les entrées et sorties de participants. Si les entrées ou sorties nettes
dépassent un certain seuil, l’organisme de placement collectif peut décider d’imposer un coût
supplémentaire aux investisseurs entrants et sortants ».
122 Définis par le rapport au Roi comme permettant à l’OPC de « n’exécuter que partiellement les ordres des
participants sortants si un seuil déterminé au préalable est dépassé. Etant donné que les ordres sont
exécutés partiellement, le calcul de la valeur nette d’inventaire lui-même n’est pas suspendu. L’organisme de
placement collectif dispose dès lors de davantage de temps en cas d’importantes sorties pour valoriser les
52 actifs sous-jacents sur le marché ».
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ires et COVID
Le récent arrêté royal permet aux OPC de se contenter d’informer les investisseurs
du recours à ces mécanismes par le biais d’un avis publié sur leur site internet ou
celui de la société de gestion et dans deux quotidiens à diffusion nationale ou à
tirage suffisant ou par tout autre moyen de communication équivalent approuvé
par la FSMA.
Les informations reprises dans cet avis correspondent aux informations qui doivent
figurer dans le prospectus en vertu des règles ordinaires. Cet avis doit être transmis
Droit des affa
Cette mesure est également limitée rationae temporis jusqu’au 31 juillet 2020.
L’arrêté royal prévoit d’accorder un report de dix semaines des publications des
rapports semestriels. Concernant le rapport annuel, la durée du report est égale à
celle du report de l’assemblée générale avec un maximum de dix semaines.
Cette mesure s’applique à tout délai commencé au plus tard le 30 avril 2020.
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ires et COVID
3. ASSURANCE
Par Victor Ouchinsky
secteur de l’assurance123.
Concernant ce dernier point, notons encore que l’AEAPP exhorte les assureurs
et réassureurs à suspendre toute distribution de dividende ou rachat d’actions
123 AEAPP, « Statement on actions to mitigate the impact of Coronavirus/COVID-19 on the EU insurance sector »,
17 mars 2019.
124 BNB, « Communication OneGate concernant le report de certains reportings quantitatifs suite à la
pandémie du Covid-19 », NBB_2020_009, 31 mars 2020 et BNB, « Communication eCorporate concernant le
report de certains reportings qualitatifs et de certains reportings attendus des commissaires agréés suite à la
54 pandémie du Covid-19 », NBB_2020_010, 31 mars 2020.
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ires et COVID
discrétionnaires ayant pour but de rémunérer les actionnaires125. Lui emboîtant
le pas, la BNB a demandé aux (ré)assureurs de suspendre toute distribution de
dividendes au moins jusqu’au 1er octobre 2020. La BNB insiste également pour
que l’ensemble des entreprises et groupes de (ré)assurance belges adoptent une
politique prudente et conservatrice en matière de rémunération variable et de
participation aux bénéfices126. Ces mesures ont pour but de garantir une solvabilité
globale en maintenant les niveaux de fonds propres.
Droit des affa
Une chose est sûre, les efforts fournis par les différents acteurs de l’économie
afin d’atténuer l’impact de la crise du coronavirus valent également en matière
d’assurance. L’organisation sectorielle, en concertation avec la Banque Nationale,
la FSMA et le gouvernement fédéral, a annoncé qu’elle fera preuve de flexibilité
vis-à-vis du public le plus touché par la crise, à savoir les entreprises à l’arrêt ou
dont l’activité chute fortement et les travailleurs mis au chômage temporaire. Ces
mesures s’inscrivent dans le cadre des travaux de l’Economic Risk Management
Group (ERMG) mis en place par le gouvernement.
125 AEAPP, « Statement on dividends distribution and variable remuneration policies in the context of COVID-19 »,
2 avril 2020.
126 BNB, « Distributions de dividendes, rémunération variable et participation aux bénéfices dans le cadre de la
pandémie de COVID-19 », Circulaire NBB_2020_012, 7 avril 2020.
127 FSMA,“Newsletter : dispositions particulières aux intermédiaires et aux prêteurs relatives au COVID-19”,
55 19 mars 2020.
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ires et COVID
V. AIDES AUX ENTREPRISES
Par Lucille Bermond et Sandy de Vriendt
Compte tenu de l’impact de la crise sanitaire actuelle sur notre système économique,
le gouvernement fédéral ainsi que les gouvernements des différentes régions ont
pris une série de mesures destinées à aider les entreprises128 qui subissent des
pertes économiques liées à l’épidémie du Covid-19.
Droit des affa
Des décisions ont été prises sur le plan social, fiscal, bancaire mais également
en matière d’assurances. Certaines mesures sont applicables uniquement aux
sociétés, d’autres sont réservées aux indépendants et plusieurs d’entre elles
s’appliquent tant aux entreprises qu’aux indépendants.
Une distinction importante est établie entre les entreprises qui ont été obligées de
fermer par arrêté royal, et celles dont l’activité a été fortement impactée (et qui ont,
le cas échéant, fermé).
Voici les liens permettant de vérifier les entreprises soumises à la fermeture
obligatoire de leur établissement :
- Liste des activités ayant dû fermer :
https://1819.brussels/blog/coronavirus-et-entreprises-les-faq-en-un-coup-
doeil#Commerce
- Liste des activités essentielles et des règles applicables :
Arrêté ministériel du 3 avril 2020 modifiant l’arrêté ministériel du 23 mars 2020 portant
des mesures d’urgence pour limiter la propagation du coronavirus COVID-19:
http://www.ejustice.just.fgov.be/eli/arrete/2020/04/03/2020020705/moniteur
Enfin, voici un schéma récapitulatif des différentes aides auxquelles peuvent
prétendre les entreprises :
128 L’entreprise au sens de l’article I du livre I du CDE désigne toute personne physique qui exerce une activité
professionnelle à titre indépendant (par ex. : une entreprise unipersonnelle, un gérant de société, un artiste),
toute personne morale (toute société, ASBL ou fondation) ainsi que toute autre organisation sans
56 personnalité juridique (par ex. : une société de droit commun).
-19
ires et COVID
1. LES MESURES SOCIALES
Dès lors, les employeurs forcés de mettre leurs travailleurs en chômage temporaire
pour des raisons liées au Covid-19 placent ces derniers en « chômage temporaire
pour force majeure ». Cette qualification vaut pour la période allant du 13 mars au
30 juin 2020.
Les travailleurs mis en chômage temporaire sont dispensés, durant cette période
de crise sanitaire, d’être en possession d’une carte C3.2A et C3.2A-S ou d’être
inscrits dans le livre de validation.
Pour des informations plus détaillées, nous vous renvoyons aux publications
suivantes :
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ires et COVID
1.1.2. Les cotisations sociales
(a) Le report
Toutes les sociétés qui ont été contraintes ou ont fait le choix de fermer peuvent
bénéficier d’un report des sommes dues à l’ONSS jusqu’au 15 décembre 2020.
Cela concerne absolument tous les paiements à effectuer depuis le 20 mars 2020
et notamment :- les rectifications de cotisations encore à payer ;
Droit des affa
- l’avis de débit vacances annuelles qui est envoyé aux employeurs à partir du
01/04/2020 et à payer pour le 30/04/2020 ;
Ce report est automatique pour les entreprises qui ont été contraintes d’arrêter
leurs activités à la suite des mesures gouvernementales. Pour vérifier si l’entreprise
est concernée par le report automatique, nous vous renvoyons au lien suivant :
https://www.reportpaiementsonss.be/covid.
Pour les entreprises qui ont dû fermer parce qu’il leur était impossible de respecter
les mesures sanitaires, qui ont décidé de fermer suite à une chute du chiffre
d’affaires, ou dont le chiffre d’affaires a diminué de plus de 65 % par rapport à
l’année précédente129, la demande de report peut être faite, via le secrétariat social
ou via une déclaration sur l’honneur, directement sur le site de la sécurité sociale.
Déclaration sur
Impossibilité de respecter les
l’honneur via le
Décision « facultative » normes sanitaires ou activité/ Report au
secrétariat social ou
de fermer production/fournisseurs à 15/12/2020
en ligne
l’arrêt
(socialsecurity.be)
Déclaration sur
Diminution du CA au 2e tri-
Chute du chiffre d’affaires l’honneur via le
mestre 2020 d’au moins 65 % Report au
secrétariat social ou
par rapport au 2e trimestre 15/12/2020
en ligne
2019 ou au 1er trimestre 2020
(socialsecurity.be)
Possibilité de
Échéance
Pas dans ces situations demander un plan
légale
d’apurement
Ce plan peut s’étaler au maximum sur 24 mois, dans la mesure où les cotisations
avaient été jusqu’alors payées sans retard. L’ONSS peut en outre exonérer de
majorations, d’indemnités forfaitaires et d’intérêts.
Toutefois, l’obligation d’introduire les déclarations ONSS dans les délais fixés
Droit des affa
demeure d’application.
Cette demande peut être introduite par le formulaire disponible sur le site : https://
www.socialsecurity.be/site_fr/employer/applics/paymentplan/index.htm
Les conditions d’accès à l’indemnité issue de ce droit diffèrent selon que l’arrêt
total ou partiel de l’activité résulte d’une obligation du gouvernement ou d’une
décision propre à l’indépendant.
Au jour de la rédaction du présent chapitre, le droit passerelle est accordé pour les
mois de mars, avril et mai.
130 Le fait que le dirigeant d’entreprise ou administrateur indépendant perçoive encore une rémunération de la
59 société ne l’empêche pas de bénéficier du droit passerelle.
-19
ires et COVID
a décidé de supprimer l’exigence d’ancienneté généralement requise par le droit
passerelle. Dès lors, les nouveaux indépendants, en ce compris ceux qui n’ont
pas encore procédé au paiement de quatre trimestres de cotisations sociales,
pourront bénéficier de l’indemnité.
Les catégories suivantes ont droit à l’indemnité complète dans le cadre du droit
passerelle :
Droit des affa
- les primo-starters ;
- les indépendants qui ont débuté leur activité après le 1er janvier 2019 ;
- les pensionnés avec un revenu d’appoint comme indépendant qui cotisent sur
base d’un revenu supérieur à 6.996,89 € ;
Ces indépendants qui auront été contraints de fermer leur commerce ou qui
se sont volontairement arrêtés pendant 7 jours consécutifs en raison de la crise
pourront bénéficier d’un droit passerelle partiel.
En revanche, le droit passerelle est conciliable avec l’exercice d’une autre activité
professionnelle salariée ou indépendante.
Les conditions d’accès au droit passerelle applicables aux indépendants qui ont
décidé d’interrompre – totalement ou partiellement – leurs activités, les conditions
relatives à l’introduction de la demande et à l’absence de cumul avec d’autres
indemnités sont, à une exception près, les mêmes que celles applicables aux
indépendants qui ont été contraints d’arrêter.
Concrètement, la cotisation du 1er trimestre 2020 devra être payée pour le 31 mars
2021 tandis que la cotisation du 2e trimestre 2020 devra être payée pour le 30 juin
2021. Cette mesure vaut également pour les cotisations de régularisation qui sont
arrivées à échéance le 31 mars 2020.
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ires et COVID
Ce report de paiement ne fera l’objet d’aucune majoration et n’aura, par ailleurs,
aucune incidence sur les droits de sécurité sociale dans la mesure où les dates de
reports fixées pour le paiement des cotisations en questions sont respectées.
Si, en raison de la crise sanitaire actuelle, l’indépendant constate que son chiffre
d’affaires va diminuer, il peut solliciter une réduction de ses cotisations sociales
provisoires pour l’année 2020.
Cette dispense n’est envisageable que si l’indépendant qui se trouve dans les
conditions pour obtenir une réduction des cotisations sociales en a fait la demande
au préalable.
La demande de dispense doit être introduite au plus tard le 31 mars 2021 pour les
cotisations du 1er trimestre 2020, et au plus tard le 30 juin 2021 pour les cotisations
du 2e trimestre 2020.
Toutefois, les trimestres pour lesquels la dispense aura été octroyée ne seront pas
pris en compte pour le calcul de la pension. Cette situation peut néanmoins être
régularisée dans les cinq ans, moyennant une prime de rachat, afin de voir ces
trimestres tout de même repris pour la constitution de droits à pension.
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ires et COVID
2. LES MESURES FISCALES
Les délais concernant tant l’introduction des déclarations que le paiement des
taxes bénéficient d’une prorogation (pour toutes les déclarations avec une date
limite d’introduction du 16 mars au 30 avril 2020 inclus).
Droit des affa
2.1.1. L’introduction
- à la liste annuelle des clients assujettis, devant être introduites pour le 30 mars
2020, bénéficient d’une prorogation jusqu’au 30 avril 2020.
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ires et COVID
2.1.2. Le paiement
devant initialement être payée pour le 20 avril 2020, bénéficie d’une prorogation
jusqu’au 20 juillet 2020 ; le paiement du précompte professionnel doit être effectué
pour le 15 juillet 2020.
Par ailleurs, les échéances convenues dans le plan d’apurement devront être
scrupuleusement respectées ; à défaut, la mesure de soutien sera retirée. Ainsi, le
contribuable se trouvant dans une situation qui ne lui permettrait pas d’assurer
le respect du plan devra prendre contact, anticipativement, avec l’Administration
afin d’envisager une solution qui ne lui fera pas perdre le bénéfice de la mesure
de soutien en question.
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ires et COVID
2.3. Le remboursement accéléré du crédit de TVA
- le délai de dépôt pour la déclaration de février 2020 est fixé au 3 avril 2020 ;
Il est permis à l’assujetti qui n’aurait pas coché ladite case, de déposer une
déclaration corrigée dans laquelle il modifie cette option, et ce avant le 3 avril 2020.
Précisons que cette mesure ne vaut que pour la TVA du mois de février 2020. Pour la
TVA du mois de mars, le délai d’introduction des déclarations TVA a été reporté au 7
mai 2020.Pour le remboursement d’un crédit relatif au mois de mars, la déclaration
doit être introduite au plus tard le 3 mai 2020 et le remboursement sera effectué
dans le délai normal.
Cette mesure s’applique aux sociétés et aux travailleurs indépendants ayant des
problèmes de liquidités.
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ires et COVID
Les pourcentages des majorations elles-mêmes et les dates des versements
anticipés restent inchangés.
- PC : 6 EUR/mois ou 72 EUR/an
L’employeur peut également intervenir dans les frais du travailleur liés au télétravail
(ex : achat d’un PC et contraction d’un abonnement à internet), ce qui permet à
l’employeur de bénéficier :
- même indemnité pour tous les collaborateurs qui sont contraints de faire du
télétravail : max. 126,94 EUR/mois.
66 132 https://www.ruling.be/fr/actualites/demande-teletravail-covid-19
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ires et COVID
L’indemnité (jusqu’au montant maximum précité) est alors exonérée de cotisations
sociales et non imposable dans le chef du travailleur.
2.7. Report des dépenses relatives au tax shelter d’œuvres audiovisuelles et arts
de la scène
Dans le cadre de la législation sur les tax shelter, le producteur doit effectuer des
dépenses de production et d’exploitation qualifiantes dans un certain délai.
Ce délai est normalement de 24 mois pour les arts de la scène et l’animation
(audiovisuel) et de 18 mois pour les œuvres audiovisuelles.
Dans le cadre de la crise du coronavirus, ces deux délais sont prolongés de 6 mois :
Pour pouvoir profiter de cette mesure, le producteur doit pouvoir prouver qu’il a subi
des dommages directs suite aux mesures prises par les autorités dans le cadre de
la crise du coronavirus et que ces mesures l’empêchent d’effectuer les dépenses
nécessaires dans le délai prévu.
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ires et COVID
3. LES MESURES REGIONALES
d’établissement active dans cette région, une prime unique de 4.000 € aux
entreprises contraintes de fermer suite aux mesures gouvernementales.
Ce sont les codes NACE TVA qui sont pris en compte. Seules certaines activités
parmi les secteurs suivants donnent droit à la prime :
• commerce
• hébergement
• restauration
• projection de films cinématographiques
• activités des agences de voyage
• services administratifs de bureau et autres activités de soutien aux entreprises
• enseignement de la conduite de véhicules à moteurs
• organisation de jeux de hasard et d’argent
• activités sportives, récréatives et de loisirs
• loueurs de vidéocassettes et de disques vidéos
• carwashs
• librairies
• agences immobilières
• réparation d’ordinateurs et de biens personnels et domestiques
• autres services personnels
Les entreprises sociales d’insertion agréées affectées par les mesures d’urgence
pour limiter la propagation du Covid-19 pourront également bénéficier d’une
prime unique de 4.000€ par unité d’établissement.
Cette prime ne sera allouée, au maximum, qu’à cinq unités d’établissements par
entreprise.
En outre, elle ne concerne que les entreprises qui comptent moins de 50 travailleurs
en équivalents temps plein.
Cette prime de soutien est cumulable avec le droit passerelle car il ne s’agit pas
d’un revenu de remplacement au sens de la sécurité sociale.
L’octroi ou non de ladite prime dépend également du budget alloué par la Région.
Dès lors, une fois le budget épuisé, plus aucune prime ne sera attribuée.
Cette demande doit être introduite avant le 18 mai 2020 et le délai de réponse est,
sous réserve de prolongation, de trois mois.
Droit des affa
Par ailleurs, une prime compensatoire d’un montant de 2.000 euros qui s’adresse
«aux entrepreneurs et micro-entreprises (entre 0 et 5 ETP) qui connaissent une
baisse significative d’activité en raison des mesures prises pour lutter contre la
propagation du Covid-19» va être octroyée par la Région ; Sont visés par exemple:
les petits artisans, les chocolatiers, le secteur de la construction. Les modalités de
l’octroi de cette prime compensatoire sont en cours de définition. Le budget total
est de 102 millions d’euros.
- Une aide de 3.000 euros sera octroyée à l’ensemble des exploitants de taxis et de
location de voitures avec chauffeurs (annonce du 16 avril 2020).
- Par ailleurs, une prime compensatoire d’un montant de 2.000 sera destinée à
soutenir les entrepreneurs et les micro-entreprises (entre 0 et 5 ETP) qui connaissent
une baisse significative d’activité en raison des mesures prises pour lutter contre la
propagation du Covid-19 (annonce du 16 avril 2020).
- Tous les Bruxellois, sans qu’il ne leur soit nécessaire de prouver une diminution des
revenus suite à la crise du coronavirus, bénéficient d’un délai supplémentaire de
deux mois pour le paiement du précompte immobilier.
- la possibilité d’un prêt à taux réduit pour les établissements HORECA qui
emploient plus de 50 personnes.
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ires et COVID
- Un moratoire, au cas par cas, sur le remboursement en capital des prêts
octroyés par Finance&invest.brussels aux entreprises impactées des
secteurs touchés. Par ailleurs, les dossiers d’aide à l’expansion économique
seront traités de façon accélérée, voire anticipée, pour les secteurs de
l’HORECA, - du tourisme, de l’événementiel et de la culture.
- Diverses mesures ont été prises pour venir en aide au secteur de la création
audio-visuelle134.
Par ailleurs, plusieurs communes bruxelloises mettent en place des page spécifiques
sur leur site afin d’informer les citoyens et commerçants des mesures mises en
place.
La plupart des communes ont soit suspendu, soit carrément annulé leurs taxes sur
les terrasses, les enseignes, les bureaux, les parkings (parfois), etc., les droits pour les
marchés, les loyers commerciaux, etc. Elles ont créé des groupes whatsapp, envoyé
des courriers avec les mesures, mis en place des numéro d’appel spéciaux, rendu
leurs services du commerce accessible tous les jours en ce compris le weekend,
aidé les pharmacies et d’autres commerces à se munir de vitres en plexiglass,
répertorié les commerces encore ouverts, les take-away, … Certaines envisagent
de compléter la prime régionale avec une prime communale ou des chèques
cadeaux. Il faut pour connaitre les détails de ces aides se rendre directement sur
le site internet de la commune concernée.
134 https://audiovisuel.cfwb.be/actualite/news/nouvelles-mesures-durgence-en-faveur-du-secteur-audiovisuel
70 afin-de-faire-face-a-la-crise-sanitaire/
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ires et COVID
3.2. Les mesures entreprises par la Flandre135
Toutes les entreprises ayant un emplacement physique en Flandre, qui sont dans
l’obligation de fermer suite aux mesures gouvernementales liées au coronavirus,
peuvent solliciter cette prime de nuisance.
Droit des affa
Cette prime unique s’élève à 4.000 € en cas de fermeture totale et à 2.000 € en cas
de fermeture les week-ends.
Chaque entreprise peut solliciter une seule prime (quel que soit le nombre d’unités
d’établissement).
Cette demande de prime doit être introduite en ligne avant le 5 mai 2020.
Elle est cumulable avec le droit passerelle car il ne s’agit pas d’un revenu de
remplacement au sens de la sécurité sociale.
Cette prime est accordée aux personnes morales, en ce compris les ASBL qui
emploient au moins une personne à temps plein, et aux indépendants. En ce
qui concerne les indépendants à titre complémentaire, ceux-ci sont éligibles à la
prime de compensation de 3.000 € s’ils démontrent payer, en raison du montant
de leurs revenus, les mêmes cotisations qu’un indépendant à titre principal. Si tel
n’est pas le cas, une prime de 1.500 € reste envisageable pour les indépendants
complémentaires qui ne travaillent pas plus de 80 % en tant que salariés.
Il s’agit donc d’une « garantie de crise corona » qui s’ajoute aux garanties existantes
pour les crédits d’investissement et les fonds de roulement.
- Une série de mesures fiscales ont également été prises par le Gouvernement
flamand : le report de la taxe foncière pour les entreprises, le report de quatre mois
de la taxe de circulation annuelle, le report du paiement du précompte immobilier
à l’automne, l’octroi de plans de paiement, etc.
Une prime unique de 5.000 € par entreprise est accordée, par le Gouvernement
wallon, aux petites/micros entreprises et aux indépendants qui ont dû cesser leurs
activités suite aux décisions du Gouvernement fédéral.
Une prime unique de 2 500 EUR par entreprise est accordée aux entreprises qui
doivent modifier leurs jours de fermeture sans pour autant être fermées toute la
semaine.
- exercer votre activité en Wallonie, soit à l’adresse du siège de votre entreprise, soit
à l’adresse d’un autre siège d’exploitation de votre entreprise ;
- être actif dans 1 des secteurs définis comme éligibles parce qu’ayant dû fermer
(Code Nace): https://indemnitecovid.wallonie.be/#/pour-qui.
Ces secteurs ont été étendus le 22 avril 2020.
La demande d’indemnité doit être introduite en ligne dans les 60 jours à partir de
la fermeture de l’activité.
136 https://www.vlaio.be/nl/begeleiding-advies/moeilijkhedencoronavirus/specifiekemaatregelen-mbt-het
coronavirus/coronavirus
137 Plus d’infos : https://www.wallonie.be/fr/mesures-decidees-par-le-gouvernement-wallon
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ires et COVID
Elle est également cumulable avec le droit passerelle car il ne s’agit pas d’un
revenu de remplacement au sens de la sécurité sociale.
Par ailleurs, une indemnité compensatoire unique et forfaitaire de 2.500 € pour les
indépendants et entreprises ayant dû interrompre substantiellement leur activité
en mars et en avril 2020 et qui ont bénéficié du droit passerelle complet pour les
mois de mars ou avril est à présent prévue.
Droit des affa
- Création du prêt ricochet aux indépendants qui ont besoin de trésorerie pour
passer le cap. Prêt de max. 45 000 € à taux favorable et d’une durée max. de 5 ans.
Ce prêt sera pris en charge à 2/3 par les banques et à 1/3 par la SOWALFIN. Celle-
ci garantira 75 % du remboursement.
- 50 % sur les lignes de crédits existantes accordées par les banques sans
garantie initiale ;
73
-19
ires et COVID
- La SRIW octroie, quant à elle, des garanties aux sociétés dont les demandes
sont supérieures à 1 million d’euros. Il est proposé, dans le respect du plafond
global de 1.500.000 € d’encours par bénéficiaire, une garantie de 75% octroyée
automatiquement dans deux cas. Le premier réside dans la garantie des lignes
court terme existantes octroyées par les banques sans la garantie de la Région
wallonne. Le second réside, quant à lui, dans la garantie des accroissements de
ligne court terme qui seraient accordés aux entreprises pour les aider à passer
cette période de crise.
Droit des affa
- Précompte immobilier
- Contentieux
- Recouvrement
- Mesures spécifiques
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ires et COVID
Suite aux mesures de confinement, de nombreuses personnes risquent de ne pas
pouvoir se rendre auprès de leur notaire afin de passer les actes authentiques de
revente d’un bien acquis il y a moins de 2 ans. Pour rappel, si on revend un bien
dans les 2 ans de la date d’acquisition, on peut bénéficier de la restitution de 3/5
des droits d’enregistrement payés lors de l’acquisition du bien immobilier. Les délais
ont été adaptés pour garantir le bénéfice de cette mesure jusqu’à la fin de la crise.
hypothécaires
Pour s’octroyer des garanties complémentaires en ces temps de crise majeure,le secteur
bancaire risquait de recourir à l’activation des mandats sur les crédits hypothécaires
et de prendre ainsi réellement des hypothèques sans que les personnes concernées
ne puissent s’y opposer. Les redevables concernés sont protégés en neutralisant
fiscalement les conséquences d’une telle décision.
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ires et COVID
VI. PROPRIÉTÉ INTELLECTUELLE : MESURES PRISES PAR LES
OFFICES DE PROPRIÉTÉ INTELLECTUELLE
Par Charles Bernard
Pour faire face à la crise liée à la pandémie de Covid-19 et tenir compte des
conséquences de cette crise sur les activités économiques des titulaires de
droits de propriété intellectuelle, les offices de propriété intellectuelle ont décidé
Droit des affa
d’adopter des mesures afin d’assurer la continuité de leurs services dans l’intérêt
du public ainsi que des mesures visant à préserver les droits des titulaires de droits
de propriété intellectuelle. Depuis le 16 mars 2020, la plupart des offices de propriété
intellectuelle ont fermé leurs bureaux au public et ont ordonné à leur personnel
de travailler à domicile. La plupart des événements organisés par ces offices sont
annulés et de nombreux délais de procédure ont été prolongés afin d’éviter la
déchéance involontaire de droits de propriété intellectuelle.
Ces mesures ne seront pas toutes notifiées aux utilisateurs individuels des services
de ces offices de propriété intellectuelle. Il est donc important de rester bien
informé. Voici un aperçu des mesures adoptées par certains offices de propriété
intellectuelle.
Bien que ses bureaux soient physiquement fermés pour le personnel non essentiel
et que tous les événements prévus soient reportés ou annulés jusqu’à la fin avril,
l’OMPI poursuit ses activités. L’OMPI encourage vivement les déposants, les titulaires,
leurs agents et les offices de propriété intellectuelle à utiliser les communications
électroniques pour atténuer les effets d’éventuelles perturbations des services
postaux ou de distribution du courrier.
Conformément aux règles de l’OMPI, les délais qui expirent un jour où un office
de propriété intellectuelle n’est pas ouvert au public expirent le premier jour après
la réouverture de cet office. Tous les délais prévus par le système de Madrid qui
concernent cet office de propriété intellectuelle sont également prolongés en
conséquence.
Le non-respect par les utilisateurs du système de Madrid d’un délai pour une
communication adressée à l’OMPI peut être excusé si la communication a été
envoyée dans les cinq jours suivant la reprise des services postaux, de distribution
du courrier ou de communication électronique. Les utilisateurs doivent fournir des
preuves suffisantes (par exemple : une annonce officielle ou un certificat délivré
par un médecin agréé) de la raison pour laquelle ils ne respectent pas le délai.
L’OMPI doit recevoir la communication au plus tard six mois après l’expiration du
délai en question.
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ires et COVID
2. OUEPI (OFFICE DE L’UNION EUROPÉENNE POUR LA PROPRIÉTÉ
INTELLECTUELLE)
L’effet de cette prolongation des délais est d’éviter que les délais concernés
n’expirent en fixant une nouvelle date d’expiration applicable à tous, à savoir le 1er
mai 2020. Cet effet est automatique : les utilisateurs ne sont pas tenus d’introduire
une demande auprès de l’Office à cet égard.
L’OEB a publié un avis pour informer le public que tous les délais expirant à partir
du 15 mars 2020 sont prolongés pour tous les partis et leurs représentants jusqu’au
4 mai 2020.
L’OEB a également décidé de reporter jusqu’à nouvel ordre toutes les procédures
orales dans les procédures d’examen et d’opposition prévues jusqu’au 15 mai
2020, à moins qu’il n’ait déjà été confirmé qu’elles auront lieu par vidéoconférence.
Le 20 mars 2020, le directeur général de l’OBPI a publié un avis afin d’informer les
détenteurs de droits de propriété intellectuelle de différentes mesures. En ce qui
concerne les délais, l’avis prévoit qu’à partir du 16 mars 2020 et jusqu’à ce qu’il
soit raisonnablement possible pour les professionnels de la propriété intellectuelle
et les entreprises du Benelux de travailler à nouveau normalement, l’OBPI n’inscrira
aucune demande en déchéance et ne retirera aucune procédure parce qu’un
délai donné n’a pas été respecté. Cela s’applique à tous les délais, y compris les
délais pour les procédures d’opposition ou les paiements.
* *
77 *
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ires et COVID
Les mesures détaillées ci-dessus apportent un soulagement bienvenu aux titulaires
de droits de propriété intellectuelle et à leurs agents dont les activités ont été
affectées par la pandémie de COVID-19 en offrant dans la plupart des cas une
prolongation des délais afin d’éviter une perte involontaire de droits. Toutefois,
l’étendue de ces mesures varie considérablement d’un office à l’autre et dépend
souvent de la nature du délai. Les titulaires de droits de propriété intellectuelle et
leurs agents doivent donc rester très prudents, d’autant plus que ces mesures sont
susceptibles d’être adaptées rapidement en fonction de l’évolution de la situation
Droit des affa
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ires et COVID
VII. DROIT DE LA CONCURRENCE
Par Bruno Lebrun et Ulysse Bertouille
Les mesures prises dans le but de ralentir la propagation du Covid-19 ont des
conséquences sur le fonctionnement de l’économie de marché, malmenant
gravement le monde industriel, l’entreprise et ses employés.
Droit des affa
Les gouvernements des États membres de l’Union européenne sont donc amenés
à prendre des mesures de soutien aux entreprises. Nombre de ces mesures
constituent des aides d’État devant faire l’objet d’une autorisation préalable de la
Commission européenne. Vu la violence de la crise pour certaines entreprises, les
règles relatives au contrôle des aides d’État ont été adaptées.
Il en est de même des règles d’antitrust qui connaissent également un
assouplissement pour répondre aux besoins les plus élémentaires de la société .
Une certaine souplesse doit être également observée dans d’autres domaines du
droit de l’Union tels que les règles relatives au marché intérieur et aux investissements
directs étrangers.
Si la majorité des mesures prises pour répondre à la crise du coronavirus a pour
vocation de n’être que temporaire, on ne peut exclure qu’un certain nombre
d’entre elles auront un impact plus durable sur le droit de la concurrence et sur le
droit de l’Union européenne dans son ensemble.
Comme lors de la crise financière de 2008, les règles relatives aux aides d’État ont
fait l’objet d’une adaptation par l’intermédiaire de l’adoption de mesures ad hoc
et temporaires.
- aides sous forme de garanties sur les prêts contractés par des entreprises auprès
des banques ;
- aides sous forme de garanties pour les banques qui acheminent les aides d’État
vers l’économie réelle ; et
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ires et COVID
- aides sous forme d’assurance-crédit à l’exportation à court terme ;
- soutien ciblé sous la forme de reports de paiement des impôts et des taxes et/
ou de suspensions de cotisations de sécurité sociale afin de réduire les contraintes
de liquidité auxquelles les entreprises sont confrontées à cause de la crise du
coronavirus et de protéger les emplois ; et
Depuis son adoption, un grand nombre de régimes d’aides d’État ont été autorisés
par la Commission européenne sur cette base. Cet encadrement temporaire sera
en place, en principe, jusqu’à la fin du mois de décembre 2020.
Une extension supplémentaire de l’encadrement temporaire aux mesures de
recapitalisation des entreprises gravement touchées par la crise du coronavirus
est discutée. Cette extension devrait couvrir la question d’un soutien public à
certaines entreprises sous la forme de fonds propres ou d’instruments de fonds
propres hybrides.
138 https://ec.europa.eu/competition/state_aid/cases1/202015/285506_2147077_16_2.pdf
139 https://ec.europa.eu/competition/state_aid/cases1/202016/285391_2147460_44_2.pdf
140 https://ec.europa.eu/commission/presscorner/detail/en/IP_20_645
141 Traduction libre : « (…) the ECN will not actively intervene against necessary and temporary measures put in
81 place in order to avoid a shortage of supply ».
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ires et COVID
Elle prévoit également que la Commission est disponible pour fournir des
orientations informelles aux entreprises ou associations d’entreprises afin de
faciliter les initiatives qui doivent être mises en œuvre sans tarder pour lutter
efficacement contre la pandémie du coronavirus. A titre exceptionnel, et si elle le
juge opportun, la Commission peut décider de fournir ces orientations au moyen
d’une lettre administrative de « compatibilité » spécialement prévue à cet effet
(« comfort letter »).
Droit des affa
En pratique, plusieurs autorités de concurrence ont déjà pris des initiatives pour
condamner certains comportements. Par exemple, l’autorité italienne de la
concurrence a lancé deux enquêtes distinctes à l’encontre de Amazon et Ebay
pour augmentations de prix et avis trompeurs de produits tels que les désinfectants
pour les mains, les masques et autres produits sanitaires. En Grèce, la Commission
grecque de la concurrence a ouvert une enquête sur les augmentations de prix
et les restrictions de production de produits sanitaires (notamment les masques,
les gants et les antiseptiques).
3. LES CONCENTRATIONS
142 Traduction libre : « The European competition authorities will therefore not hesitate to take action against
companies taking advantage of the current situation by cartelizing or abusing their dominant position ».
143 Traduction libre : « charging excessive prices or making misleading claims about their products ».
144 Traduction libre : « DG COMP has put in place a number of measures to ensure business continuity in the
enforcement of the EU Merger Regulation. However, due to the complexities and disruptions caused by the
Coronavirus, companies are encouraged to delay merger notifications originally planned until further notice,
82 where possible ».
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Ceci s’explique en partie par le fait qu’il serait malaisé pour la Commission de
récolter les informations pertinentes pour analyser lesdites concentrations en
pleine pandémie.
la crise sur le contrôle des concentrations pourrait interroger sur le besoin d’un
contrôle systématique a priori de concentrations souvent inoffensives pour le
marché, lorsque ni le régulateur ni les acteurs du marché ne s’en plaignent.
145 COMMUNICATION DE LA COMMISSION, Orientations à l’intention des États membres concernant les
investissements directs étrangers et la libre circulation des capitaux provenant de pays tiers ainsi que la
protection des actifs stratégiques européens, dans la perspective de l’application du règlement (UE)
83 2019/452 (règlement sur le filtrage des IDE) (2020/C 99 I/01)
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La Belgique n’a pas de mécanisme de contrôle des investissements étrangers sur
son territoire et se trouve dès lors en difficulté pour effectuer un tel filtrage.
Très tôt dans la crise sanitaire, Bruno Lemaire, le ministre français de l’Économie,
avait déclaré que la France prendrait toutes les mesures nécessaires pour faire
face à cette situation de crise, y compris la nationalisation d’entreprises. Le ministre
allemand des Finances avait également déclaré qu’il n’excluait pas la prise de
mesures semblables. Parallèlement, le gouvernement allemand a annoncé qu’il
exercerait un contrôle strict sur les acquisitions étrangères de sociétés allemandes.
Dans le même sens, Margrethe Vestager indiquait dans une interview au Financial
Times du 12 avril 2020 qu’elle encourageait les États membres à prendre des
participations dans des sociétés européennes, en agissant comme des acteurs de
marché, lorsque cela s’avérait nécessaire pour éviter que les sociétés européennes
ne se fassent racheter à bas prix, pendant la crise du coronavirus, par des sociétés
chinoises qui bénéficient du soutien de leur état.
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5. CONCLUSION
Les interventions de l’État sont au cœur de la gestion de cette crise sanitaire hors
normes. Comme en 2008 lors de crise financière, les règles en matière d’aides
d’État sont modifiées à la hâte, et l’avenir dira si ces modifications ont tiré les
enseignements de la crise précédente. Des interventions trop rapides pourraient
en effet créer des distorsions de concurrence inattendues.
Droit des affa
Enfin, le contrôle sur les investissements étrangers indiquent que l’Union a perdu sa
naïveté face à la globalisation, mais ne se referme pas pour autant.
Il est interdit, sauf accord préalable et écrit de l’éditeur, de reproduire partiellement ou totalement le présent livre blanc ou
de le diffuser au public sous quelque forme et de quelque manière que ce soit.
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