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Contentieux de la régulation

I- Le traitement des différends par le régulateur


Le régulateur utilise des mécanismes de règlement des différends (A). Dans cet exercice, il
est assujetti au respect de certains principes dans la procédure (B).
A- Les mécanismes de règlement utilisés par le régulateur

Le différend est un litige. Nous parlons de litige lorsqu’une personne ne peut obtenir
amiablement la reconnaissance d’une prérogative qu’elle croit avoir et envisage de saisir un
tribunal pour lui soumettre sa prétention. Quant au règlement, c’est une solution donnée à
un différend.
La fonction de règlement des différends, de tous ordres, est confiée à l’Etat.
Ce dernier fait exécuter cette fonction par une organisation judiciaire, mais on assiste
aujourd’hui à l’avènement d’une justice alternative dont la forme la plus connue est l’arbitrage
1- Conciliation

La conciliation est une procédure visant à un accord entre des parties opposées par une
mésentente avant l'intervention d'une décision potentiellement contraignante.
Le Président Comilla HOGUIE a rappelé que « le monde des affaires se nourrit de sécurité, de
célérité et aussi de discrétion ». Du fait de sa célérité, la conciliation est un mécanisme
privilégié par les organes de régulation.

L’Acte Additionnel A/SA 1/01/07 relatif à l’harmonisation des politiques et du cadre


réglementaire du secteur des technologies de l’information et de la communication (TIC)
définit les litiges pour lesquels le régulateur doit être compétent.
Domaine de compétence du régulateur
Il s’agit des litiges relatifs à :
- toute violation par un opérateur ou un fournisseur de services de télécommunication de
dispositions légales ou réglementaires en matière de télécommunication ou de clauses
conventionnelles ;
- tout refus d’interconnexion ou de location de capacité ou d’infrastructures, non conformes
aux conditions prévues par les textes applicables, et tout désaccord relatif à l’application et à
l’interprétation des conventions et des catalogues d’interconnexion ;
- aux conditions d’octroi ou de refus d’octroi à un opérateur des droits d’occupation sur le
domaine des personnes publiques ou de droits de passage sur une propriété privée aux fins
de l’établissement et de l’exploitation d’un réseau de télécommunication ;

Dans tous les cas, la procédure de conciliation se termine par un procès-verbal de conciliation
signé par les deux parties ou par un procès-verbal de constat d’échec. Mais la difficulté réside
dans le caractère non contraignant de ces procès-verbaux de conciliation.

2- Arbitrage devant le régulateur

Selon le Professeur Abdoulaye SAKHO, l’arbitrage est « l’institution d’une justice privée grâce
à laquelle les litiges sont soustraits aux juridictions étatiques pour être résolus par des arbitres
investis par la circonstance de la mission de juger »1. L’arbitrage devant l’Autorité de régulation
est institutionnel. Le Professeur SAKHO précise que les parties à l’arbitrage institutionnel
doivent mener les opérations conformément aux règles de procédure de l’institution
d’arbitrage concernée.
Mais il faut préciser que cette forme d’arbitrage est différente de celle exercée par les organes
de régulation.
En ce sens que cet arbitrage découle d’une convention des parties telles que prévues par les
articles 2393 et 3394 de l’Acte Uniforme de l’OHADA sur l’arbitrage.
Tandis que l’arbitrage exercé par le régulateur constitue une compétence d’attribution dans
un secteur spécifique.

En effet, l’article 141 de la loi 2011-01 du 24 février 2011 portant code des
télécommunications prévoit :
Tout opérateur ou fournisseur de services a la faculté de saisir l’ARTP en cas de litige relatif,
notamment :
- à toute violation par un opérateur ou fournisseur de services de dispositions législatives ou
règlementaires en matière de télécommunications et de postes ou de clauses conventionnelles
;
- à tout refus d’interconnexion ou de location de capacité ou d’infrastructures, non conformes
aux conditions prévues par les textes applicables et tout désaccord relatif à l’application ou à
l’interprétation des conventions et des catalogues d'interconnexion ;
- aux conditions d’octroi ou de refus d’octroi à un opérateur des droits d’occupation sur le
domaine des personnes publiques ou de droits de passage sur une propriété privée aux fins de
l’établissement et de l’exploitation d’un réseau de communication ;
- aux pratiques anticoncurrentielles.

Ces dispositions du nouveau code des télécommunications confirment les compétences de


l’ARTP en matière de traitement des différends.
En effet, l’article 44 du code des télécommunications de 2001 donnait à l’ARTP la compétence
d’arbitrer les différends entre l’Administration de l’Etat et les exploitants de réseaux et
fournisseurs de services de télécommunication ainsi qu’entre exploitants de réseaux et
fournisseurs de services de télécommunications.

Selon l’article 28 de l’Acte Additionnel A/SA 2/01/07 relatif à l’accès et à l’interconnexion des
réseaux et services du secteur des TIC, les litiges relatifs à l’interconnexion et aux conditions
d’accès sont portés devant l’Autorité de régulation. Cette dernière doit se prononcer dans un
délai de trois mois (3) après avoir demandé aux parties de présenter leurs observations.

De même, l’article 29 de l’Acte Additionnel relatif à l’accès et à l’interconnexion des réseaux


et services dispose que « les litiges relatifs aux refus d’interconnexion, aux conventions
d’interconnexion et aux conditions d’accès sont portés devant l’Autorité nationale de
régulation ».
L’article 127 du code des télécommunications de 2011 du Sénégal attribue à l’ARTP la
compétence de sanctionner les pratiques anticoncurrentielles dans le secteur des
télécommunications dans le respect des compétences des organes communautaires.

1
A Sakho, La législation communautaire de la concurrence et les mécanismes alternatifs aux règlements des
conflits commerciaux », Ohadata D-05-12
Le règlement n°03/2002/CM/UEMOA relatif aux procédures applicables aux ententes et abus
de position dominante à l’intérieur de l’Union économique monétaire ouest africaine, limite
la compétence des autorités nationales de concurrence dans la phase d’enquête.

B- Les principes de procédure applicables au régulateur


Aux termes de l’article 28 de l’Acte Additionnel de la CEDEAO sur les régimes juridiques, les
Etats membres doivent veiller à ce que le comité en charge de la prise de décision soit
impartial et formé de personnes reconnues pour leurs compétences et nommées intuitu
personae.

II ressort de ces dispositions que le régulateur est tenu de respecter le principe du procès
équitable dans le traitement du litige. La doctrine a essayé de répondre à la question de savoir
pourquoi le droit au procès équitable est applicable au traitement des différends devant le
régulateur ?
Mais une bonne partie a retenu que l’une des garanties fondamentales octroyées aux
justiciables est de leur permettre que sa cause puisse être entendue deux fois.
Aussi, naturellement, les sanctions prononcées par les autorités administratives
indépendantes peuvent faire l’objet d’un recours devant une juridiction.

II- Les recours contre la décision du régulateur


Les voies de recours sont des « moyens mis à la disposition des plaideurs ou des tiers pour
obtenir un examen nouveau de leurs affaires ». Elles permettent de contester d’abord la
régularité formelle de la décision du régulateur ainsi que celle de la procédure suivie dans le
cadre du traitement des litiges.
Ce contrôle est exercé lors d’un recours devant la haute juridiction administrative nationale
(A) et devant le juge communautaire (B).

A- Le recours devant la juridiction suprême nationale


La procédure devant la Cour Suprême est une procédure administrative contentieuse. « C’est
la procédure qui regroupe l’ensemble des règles relatives à l’introduction, à l’instruction, au
jugement des recours, et aux différents types de recours susceptibles d’être conduits devant
les juridictions administratives »
La procédure devant la Cour Suprême est écrite, non-suspensive.
S’agissant du REP, se référer au droit administratif (2mois, par toute pers intéressée et devant
la CS)
Pour les actes réglementaires, le point de départ du délai est sa publication au journal officiel.
S’agissant des actes non réglementaires, il faut distinguer deux cas :
- à l’égard du destinataire de l’acte, le point de départ du délai est la date de notification ;
- à l’égard des tiers, c’est la date de publication : exemple, la nomination d’un membre du
Collège de Régulation.
Toutefois, une jurisprudence constante a consacré la théorie de la connaissance acquise qui
est la conception selon laquelle, en l’absence d’une publicité régulière, le délai peut être
considéré comme commençant à courir, s’il est avéré, d’une manière quelconque que
l’intéressé avait connaissance de l’acte.

Par ailleurs, l’existence d’un recours administratif peut proroger le délai du recours pour excès
de pouvoir contre la décision du régulateur.
Il est consacré deux formes de recours administratifs, à savoir le recours hiérarchique et le
recours gracieux.
Le recours hiérarchique n’est pas envisageable en ce qu’il est porté devant le supérieur
hiérarchique de l’auteur de l’acte. Le régulateur n’est pas soumis au pouvoir hiérarchique.

Par contre, le recours gracieux qui est porté devant le régulateur lui-même, pour qu’il
reconsidère sa décision, est bel et bien possible. Dans ce cas, le délai du recours pour excès
de pouvoir ne commence à courir qu’à compter de la notification de la décision de rejet.

B- Le recours devant les juridictions communautaires

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