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Fonctionnement des contrats éléctroniques et leurs

effets juridiques
I-LE FONCTIONNEMENT DES CONTRATS ÉLÉCTRONIQUES :

1- Comment fonctionne le contrat électronique :


L’activité du commerce électronique reçoit habituellement la traduction dans
un outil juridique classique : le contrat. Toutefois, celui-ci se conclue
nécessairement à distance et prend donc la forme électronique ou digitale.
Comme tout acte juridique, pour être validé, nécessite une signature. Ainsi,
pour le contrat électronique, il faut créer une signature électronique
permettant d’identifier les cocontractants. Pour comprendre le fonctionnement
du contrat électronique, nous avons posé la question à Laila Qamar, conseillère
juriste, doctorante chercheuse en droit des affaires. Elle précise dans cette
interview la différence entre un contrat électronique et un contrat classique.
Al Bayane : Comment fonctionne le contrat électronique ?
Laila Qamar : Pour faire simple, un contrat électronique est un contrat signé ou
conclu par voie électronique et soumis aux mêmes modalités de
fonctionnement que son équivalent matériel ou papier. Ainsi, le contrat
électronique conserve toutes les caractéristiques de base d’un contrat
classique, avec quelques spécificités. Autrement dit, il est régi à la fois par les
règles de droit commun des contrats mais également par des règles spéciales
justifiées par la particularité de sa forme : son immatérialité.
Tout contrat électronique doit respecter les conditions de validité d’un contrat
papier : le consentement des parties, la capacité et l’objet et la cause.
En matière de validité de l’acte, la loi 53-05 affirme l’équivalence entre le
support papier et le support électronique pour tout ce qui touche à l’écrit dans
le cadre d’une contractualisation électronique. Mais cela, à condition que la
personne dont émane le contrat soit facilement identifiable et que le
document soit conservé dans de bonnes conditions (de manière à garantir son
intégrité).
2-Comment le législateur marocain sécurise le contrat électronique :
Le Maroc s’est doté d’un arsenal juridique permettant de sécuriser le contrat
électronique, notamment à travers l’audit obligatoire de sécurité informatique,
l’obligation de sécurité en matière de traitement des données à caractère
personnel, la certification électronique, le cryptage et la répression de
certaines infractions.
La pandémie du Covid-19 a mis en évidence la nécessité de développer
rapidement des services publics en ligne afin que les citoyens puissent les
utiliser pour s’adresser à distance aux pouvoirs publics et pour permettre à
l’administration et aux acteurs économiques publics et privés de développer de
nombreux téléservices et de contribuer ainsi à l’accélération de la
transformation numérique du Royaume. En ce sens, la loi 43.20 a permis de
lever les différents obstacles juridiques identifiés au développement du marché
de la confiance numérique au Maroc. Les modifications apportées par cette
nouvelle loi ont permis d’encadrer davantage les niveaux non qualifiés en
rajoutant un niveau intermédiaire dit « avancé » à l’instar de la réglementation
européenne. Cette loi permet aussi de mettre à niveau le cadre actuel en
encadrant des services de confiance complémentaires pour répondre aux
nombreux besoins exprimés par les acteurs économiques, les administrations
et aux nouveaux usages du numérique.
Par ailleurs, la loi marocaine n° 53-05 sur l’échange électronique de données
juridiques a pour objet de fixer le régime applicable aux données juridiques
échangées par voie électronique, à l’équivalence des documents établis sur
papier et sur support électronique et à la signature électronique. Elle
détermine également le cadre juridique applicable aux opérations effectuées
par les prestataires de services de certification électronique, ainsi que les règles
à respecter par ces derniers et les titulaires des certificats électroniques
délivrés. En outre, la loi institue une autorité nationale d’agrément et de
surveillance de la certification.
Aussi, le législateur marocain à travers la loi n°07-03 qui a été reproduite à
partir de la loi française dite loi Godfrain, traite toutes les infractions qui
touchent les systèmes de traitement automatisé des données et réprime les
intrusions ainsi que les atteintes aux STAD.
Pour l’intrusion informatique, elle prend « plusieurs formes suivant les
méthodes utilisées par les pirates informatiques, créant ou exploitant les
vulnérabilités existantes, ou suivant le temps passé à l’intérieur du système
piraté »
A ce niveau, il existe une distinction entre l’accès et le maintien frauduleux
dans un STAD selon la loi n°07-03 qui permet de sanctionner toutes les
intrusions non autorisées. Par le fait, il y a deux types d’accès non autorisés qui
peuvent être envisagés :
L’accès dans l’espace, qui consiste à pénétrer par effraction dans un système
informatique. C’est-à-dire, l’accès frauduleux. Et l’accès dans le temps, qui
s’agit du fait d’outrepasser une autorisation d’accès donnée pour un temps
déterminé. C’est-à-dire, le maintien frauduleux.
II- LES EFFETS DU CONTRAT :
1. La force obligatoire des contrats:
1-1 définition
La force obligatoire du contrat est la force attachée par la loi aux contrats
légalement formés, en vertu de laquelle ce que les parties ont voulu dans le
contrat s’impose à elles. Parce que le contrat est pourvu de la force obligatoire, il
s’impose donc aux parties qui n’ont d’autre choix que de l’exécuter.
A noter que pour être « légalement formé », un contrat doit respecter trois
conditions (article 1128 du Code civil) :
 un consentement libre et éclairé de la part des parties
 leur capacité de contracter
 un contenu licite et certain
Dès lors que ces conditions sont respectées, le contrat est légalement formé et est
pourvu de la force obligatoire.
1-2 Les fondements du principe de la force obligatoire du contrat:
Ce principe de la force obligatoire du contrat se justifie facilement, que ce soit d’un
point de vue philosophique, moral ou économique.
D’abord, d’un point de vue philosophique, la force obligatoire du contrat se justifie
par la théorie de l’autonomie de la volonté. Selon cette théorie, l’Homme étant
libre, il ne saurait s’obliger qu’en vertu de sa propre volonté. Autrement dit,
seule la volonté serait source d’obligations. Dès lors, la force obligatoire du
contrat repose sur la volonté des parties ; c’est parce qu’il a été voulu par les
parties que le contrat est obligatoire.
Ensuite, sur le plan moral, la force obligatoire du contrat se justifie par l’idée que la
parole donnée doit être respectée (« pacta sunt servanda »).
Enfin, d’un point de vue économique, la société ne pourrait prospérer en l’absence
de force obligatoire des contrats. En effet, les personnes concluent des contrats
(et donc des relations économiques) parce qu’il existe une certitude dans leur
réalisation. Sans cette certitude, les contrats perdraient leur raison d’être et les
rapports économiques seraient inévitablement perturbés.

1-2 La force obligatoire du contrat à l’égard des parties :

La force obligatoire du contrat a d’abord pour corollaire la possibilité de pouvoir


recourir à l’exécution forcée en cas d’inexécution du contrat. En outre, la force
obligatoire a pour corollaire l’intangibilité du contrat, c’est-à-dire la constance,
la fixité du contrat. En d’autres termes, tant la révocation que la modification du
contrat ne peuvent résulter que d’un accord conjoint des parties. Voyons ça plus
en détails.

L’exécution forcée du contrat :


Parce que les contrats sont pourvus de la force obligatoire, lorsqu’une partie qui
s’est engagée à fournir une prestation ou une chose ne s’exécute pas, elle doit
pouvoir y être contrainte. Dès lors, le créancier a un droit à l’exécution forcée en
nature qui lui permet de contraindre son débiteur à exécuter les obligations du
contrat (article 1221 du Code civil).
Cette exécution forcée en nature suppose la réunion de plusieurs conditions pour
être mise en œuvre :
 la créance doit être constatée par un titre exécutoire, c’est-à-dire un acte
notarié ou une décision de justice (article L111-2 du Code des procédures
civiles d’exécution)
 avant de pouvoir mettre en œuvre l’exécution forcée en nature, le
créancier doit préalablement mettre en demeure le débiteur, afin de lui
laisser une dernière chance de s’exécuter

1-3 des conséquences a l’égard du juge :

L’Art. 230 du DOC. Pose le principe de la force obligatoire du contrat, c'est-à-


dire que le contrat constitue la loi des parties. A partir de ce constat la force
obligatoire du contrat s’impose aussi au juge. En effet il ne peut modifier les
clauses du contrat, il doit rechercher la volonté réelle des parties.
La révision du contrat pose problème, en effet, le contrat peut être modifié par
des circonstances postérieures à sa conclusion : la dévaluation de la monnaie, la
hausse des prix, l’érosion monétaire, autant d’événements qui peuvent
bouleverser les prévisions des parties. Quelque soit la source des circonstances,
c’est la partie victime de l’imprévision qui doit soulever la révision pour cause
d’imprévision.L’imprévision ce n’est pas le cas de force majeure (l’impossibilité
de l’exécution, l’événement extérieur et indépendant qui rendent le contrat nul).
L’imprévision rend le contrat difficile et non impossible, est-ce qu’on doit
prendre cette difficulté en considération ou non reste une dilemme pour les
juristes qui présente beaucoup des arguments, desquelles on peut citer :
Les arguments des partisans de la révision Rebus Sic Standibus :
Les partisans de la révision sont animés par l’idée de l’équité (justice). En
effet ils justifient la révision par plusieurs théories juridiques, à savoir les
théories de l’abus de droit, la lésion et l’enrichissement sans cause (voir Droit
Civil : la théorie de la lésion). Le législateur marocain ne protège pas le
contractant imprudent.
Les arguments des adversaires de la révision :
Ils invoquent la force obligatoire du contrat (l’Art. 230 du DOC.), ils
parlent de la sécurité de l’exécution du contrat, l’arme utile est l’Art. 230 DOC,
de la stabilité, le risque inflationniste aussi bien en amont qu’en aval.

En droit Marocain:
le Dahir des Obligations et des Contrats (DOC), ne traitent pas la révision
pour imprévision du contrat. la Cour de cassation a longtemps refusé
l’application de la théorie de l’imprévision en droit des contrats ; il était
impossible pour le juge de modifier le contrat, même lorsque ce dernier était
devenu déséquilibré suite à un changement de circonstances imprévisible au
moment de la conclusion du contrat, le DOC ne traite pas la révision du contrat.
La révision n'existe pas sauf au cas de :
L'article 243 : le seul et unique cas de révision consacrée par le DOC. Le
report de l'échéance du payement où le juge peut en considération de la position
du débiteur et en usant de ce pouvoir avec une grande réserve, accorder des
délais modérés de payement et sursoir à l'exécution des poursuites. Toute chose
demeure en l'état.

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