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CONCILIATION

« La prévention des difficultés consiste à intervenir avant qu’il ne soit trop tard… Il s’agit de s’attaquer aux racines
du mal, sans en attendre les manifestations, de prévenir plutôt que guérir… » 
Les entreprises en tant que personne à part entière du monde des affaires, naît, vit et peut tomber malade avant de
mourir.

Avec la mondialisation, les entreprise se retrouvent de plus en plus dans un environnement hyper concurrentiel
capable de broyer les plus fort.

Face à cette situation, la prévention des difficultés apparaît comme primordiale ; il s’agit d’éviter à tout prix que les
entreprises ne se retrouvent dans une situation de défaillance. En effet, les procédures collectives ont toujours
débouché majoritairement vers un échec économique : fermeture de l’entreprise et clôture de la procédure sans
paiement des créanciers en raison de l’insuffisance d’actif. L’une des causes de cette forte proportion d’échec résulte
du caractère tardif de la procédure

 Dans l’espace communautaire OHADA, la politique préventive ne cesse de devenir l’atout majeur de sauvegarde
des entreprises viables. 

Ainsi l’acte uniforme portant organisation des procédures collectives d’apurement du passif, à l’instar des autres
actes uniformes , apparait alors comme le traitement applicable aux difficultés des entreprises africaines. 
I- OUVERTURE D’UNE PROCEDURE
DE CONCILIATION
Art.5‐1.‐ La conciliation est ouverte aux personnes visées par l’article 1‐1 ci‐dessus, qui connaissent des difficultés
avérées ou prévisibles mais qui ne sont pas encore en état de cessation des paiements.
Elle a pour objectif de trouver un accord amiable avec les principaux créanciers et cocontractants du débiteur, en vue
de mettre fin à ses difficultés.
Toute personne qui a connaissance de la conciliation est tenue à la confidentialité.
Art.5‐2.‐ Le président de la juridiction compétente est saisi par une requête du débiteur ou par une requête conjointe
de ce dernier avec un ou plusieurs de ses créanciers. Cette demande expose ses difficultés ainsi que les moyens d’y
faire face.
La requête est accompagnée des documents suivants, datant de moins de trente jours :
  1° une attestation d’immatriculation, d’inscription ou de déclaration d’activité à un registre ou à un ordre
professionnel ou, à défaut, tout autre document de nature à prouver la réalité de l’activité exercée par le débiteur ;
•  2° le cas échéant, les états financiers de synthèse comprenant le bilan, le compte de résultat, un tableau financier
des ressources et des emplois, l’état annexé et, en tout état de cause, le montant du chiffre d’affaires et des bénéfices
ou des pertes des trois derniers exercices ;
•  3° un état de la trésorerie et un état chiffré des créances et des dettes avec indication
des dates d’échéance ;
  4° un document indiquant le nombre de travailleurs déclarés et immatriculés, à la date de la demande ;
  5° une attestation émanant du débiteur par laquelle il déclare sur l’honneur ne pas être en état de cessation de
paiements et précise, en outre, qu’il n’est pas soumis à une procédure de règlement préventif, de redressement judiciaire
ou de liquidation des biens qui ne serait pas clôturée ;
  6° si le débiteur propose un conciliateur, un document indiquant les noms, prénoms, qualités et domicile de la
personne proposée et une attestation de cette dernière indiquant ses compétences professionnelles ;
  7° le cas échéant, un document indiquant les noms, prénoms et domicile des créanciers qui se joignent à la demande
du débiteur et le montant de leurs créances et des éventuelles sûretés dont elles sont assorties.
Ces documents sont datés, signés et certifiés conformes et sincères par le requérant. Dans le cas où l’un des documents
visés ci‐dessus ne peut être fourni, ou ne peut l’être qu’incomplètement, la requête doit contenir l’indication des motifs de
cet empêchement.

Art.5‐3.‐ La procédure de conciliation est ouverte par le président de la juridiction compétente, statuant à huis clos, pour
une durée n’excédant pas trois mois mais qu’il peut, par une décision spécialement motivée, proroger d’un mois au plus à
la demande du débiteur, après avis écrit du conciliateur. A l’expiration de ces délais, la conciliation prend fin de plein
droit et il ne peut être ouvert une nouvelle procédure de conciliation avant expiration d’un délai de trois mois.
La décision ouvrant la conciliation ou rejetant la demande d’ouverture ne fait l’objet d’aucune publicité.
Art.5‐4.‐ Dans la décision d’ouverture, le président de la juridiction compétente désigne un conciliateur.
Le conciliateur doit avoir le plein exercice de ses droits civils, justifier de sa compétence professionnelle et demeurer
indépendant et impartial vis‐à‐vis des parties concernées par la conciliation. En particulier, il ne doit pas avoir perçu, à
quelque titre que ce soit, directement ou indirectement, une rémunération ou un paiement de la part du débiteur intéressé,
de tout créancier du débiteur ou d’une personne qui en détient le contrôle ou est contrôlée par lui, au cours des vingt‐quatre
mois précédant la décision d’ouverture. Aucun parent ou allié du débiteur, jusqu’au quatrième degré inclusivement, ne peut
être désigné en qualité de conciliateur. Il en va de même pour tout magistrat en fonction ou ayant quitté ses fonctions
depuis moins de cinq ans.

Bien qu’il soit également possible d’avoir une demande conjointe formulée par le débiteur et le ou les
créanciers, a fortiori cela ne porte pas atteinte à l’exclusivité du droit dévolue au débiteur.
Afin de faciliter l’ouverture de la procédure de conciliation, le législateur OHADA a tenu à assouplir les modalités
d’accès en faisant d’une part du débiteur l’initiateur exclusif de la demande, d’autre part en l’impliquant dans le
choix du conciliateur. En effet, Aux termes de l’article 5-2 de l’AUPC, le monopole de la demande d’ouverture de la
procédure est dévolu au débiteur, c’est-à-dire au chef d’entreprise ou dirigeant social. L’intérêt de la conciliation
étant de permettre un sauvetage rapide et confidentiel de l’entreprise en dehors de toute solution imposée par le juge.
Bien qu’il soit également possible d’avoir une demande conjointe formulée par le débiteur et le ou les créanciers, a
fortiori cela ne porte pas atteinte à l’exclusivité du droit dévolue au débiteur. 
II- AVANTAGES DE LA CONCILIATION
A- LA CONFIDENTIALITÉ
• Aux termes de l’article 5-1 de l’AUPC « toute personne qui a connaissance de la conciliation est tenue à la
confidentialité ». 
D’abord, il faut chercher à appréhender le concept même de confidentialité. Il a été défini par
l’Organisation internationale de normalisation (ISO) comme « le fait de s’assurer que l’information n’est
accessible qu’à ceux dont l’accès est autorisé ».
• En effet, tout au long de cette phase préventive de conciliation, les principaux acteurs devront chercher à
résoudre contractuellement et amiablement leur différent dans un cadre règlementé. Ils devront s’assurer
que les discussions et les informations seront gardées secrètes.
• l’objectif du législateur doit être alors celui de préserver la bonne image du débiteur afin de ne pas aggraver
sa situation, de faire en sorte que les problèmes rencontrés ne s’ébruitent point. 
D’autre part, sans confidentialité, la prévention n’est rien. Grâce au secret qui entoure les négociations
entre le débiteur et ses banques, client ou fournisseurs clefs, il est plus aisé de discuter et d’échanger pour
tenter de parvenir à un accord.
Toutefois, il faut se demander comment convaincre des parties de participer à une procédure de conciliation
en assurant que le déroulé des négociations demeurera confidentiel, quelle que soit l’issue.
B- LE PRIVILÈGE DE L’ARGENT FRAIS OU NEW MONEY
• Dans le but de faciliter le redressement de l’entreprise, l’AUPC reconnait à certains créanciers qui auraient
décidé d’apporter leur soutien au débiteur, une garantie supplémentaire. Il s’agit en quelque sorte de
récompenser leur risque de participation et leur effort considérable pour le cas où les difficultés de l’entreprise
s’aggraveraient. En effet, il faut d’abord entendre par privilège de new money ou privilège de l’ « argent frais »
tout droit de priorité de paiement institué par le législateur afin d’inciter les créanciers à financer la
restructuration de l’entreprise en difficulté.

• Absent dans l’acte uniforme de 1998, la réforme de 2015 crée ce nouveau privilège au profit des créanciers qui
auront apporté au débiteur leur soutien sachant que l’entreprise connaissait déjà des difficultés. Le législateur
définit ses créanciers comme ceux qui ont accordé « un nouvel apport en trésorerie en vue d’assurer la
poursuite d’activité de l’entreprise et sa pérennité ».

• La notion d’apport en trésorerie ou de new money doit être entendue largement comme toute mise à disposition
d’argent frais (ouverture de crédit ou avance), puisque l’entreprise présente ou peut présenter des difficultés
économiques et financières, il est tout à fait logique qu’elle puisse avoir besoin de nouvelles ressources. De ce
fait, on compte beaucoup plus sur les différents partenaires (les banques, fournisseurs, ou autres partenaires).
• De surcroît, le législateur OHADA a pris le soin de fixer quelques conditions de bénéfice dudit avantage. La
première exigence est liée à l’homologation de l’accord. En effet, pour que les créanciers puissent bénéficier du
privilège, l’apport doit avoir été consenti dans le cadre d’un accord homologué.

• En revanche, il faut préciser que le bénéfice du privilège de new money ne pourra être obtenu qu’en cas
d’ouverture future d’une procédure collective.
III- L’INTERET DE LA PROCEDURE DE CONCILIATION
A. L’ANTICIPATION DE FUTURS DIFFICULTÉS
La gestion des crises, la recherche d’une meilleure santé financière, le retour à une position compétitive sont
autant de sujets qui demandent le plus souvent un traitement précoce des difficultés. En effet, les difficultés
financières des entreprises se traduisent toujours par des signes et clignotants qui ne trompent pas. Il peut s’agir
parfois d’évènements qui se produisent au sein ou hors de l’entreprise, susceptibles de bouleverser le bon
fonctionnement de ses activités. A titre d’exemple, on peut citer :
le licenciement collectif d’un nombre important de travailleurs ; la diminution du crédit fournisseurs, voire
l’exigence de ses derniers d’un paiement au comptant, ce qui peut être le signe d’une baisse de confiance des
fournisseurs vis à-vis de l’entreprise ;
la perte d’une position dominante sur le marché ;
le non-renouvellement de contrats importants arrivés à expiration ;
la notification au débiteur d’un effet de commerce ou d’un chèque ;
le refus de certification de comptes par le commissaire au compte de l’entreprise ;
le non-paiement pendant un temps plus ou moins long d’un montant d’impôts dus par l’entreprise ;
l’achat à crédit de marchandises suivi de leur revente à un prix égal ou inférieur au prix de revient en vue
d’obtenir des liquidités pour faire face aux obligations de l’entreprise
B) UNE POSSIBLE SUSPENSION DES POURSUITES
• Aux termes de l’article 5-7 de l’AUPC, il appert que « si le débiteur est mis en demeure ou poursuivi par un
créancier appelé à la conciliation pendant la période de recherche de l’accord, telle que définie à l’article 5-3 ci-
dessus, le président du tribunal peut, à la demande du débiteur, et après avis du conciliateur, reporter le paiement
des sommes dues et ordonner la suspension des poursuites engagées par un créancier […] ».

• De par cette disposition, on peut comprendre tout d’abord que la volonté première du législateur OHADA est de
permettre au débiteur de passer sereinement la phase de négociation avec les créanciers. 
En effet, durant la préparation de l’accord, les choses parfois ne se déroulent pas si facilement. La situation des
créanciers ne leur est pas tous favorable. 

• Ayant des intérêts divergents, Certains, alors qu’on cherche à améliorer la santé financière de l’entreprise, voire
éviter une crise éventuelle, peuvent tenter d’obtenir leurs créances. La loi intervient dans ce sens afin de protéger
le débiteur défaillant et éviter un tant soit peu la sortie de fonds. Mais, cette disposition est un peu limitée,
puisqu’elle ne s’applique qu’aux créanciers appelés à la procédure de conciliation. Ce qui signifie que tous les
autres créanciers de l’entreprise peuvent toujours chercher à obtenir leurs paiements. Et de ce fait, ils sont
susceptibles d’aggraver la situation de l’entreprise.

• Le débiteur n’a pas trop de choix que d’appeler les créanciers les plus importants à la conciliation.
Ensuite, pour éviter une quelconque ressemblance avec le règlement préventif, et surtout parce que la procédure
de conciliation n’est pas une procédure collective proprement dite, l’acte uniforme n’admet pas une suspension
automatique des poursuites. A fortiori, cela se justifie : la procédure de conciliation ne doit pas être utilisée par le
débiteur dans le but premier de retarder volontairement les paiements et d’échapper de façon fallacieuse aux
créanciers.
FIN DE LA CONCILIATION

• La procédure de conciliation est ouverte par le président de la juridiction compétente, statuant à huis clos, pour une durée
n’excédant pas trois mois mais qu’il peut, par une décision spécialement motivée, proroger d’un mois au plus à la
demande du débiteur, après avis écrit du conciliateur ;

• La survenance de la cessation des paiements;



• L’impossibilité d’accomplir un conciliation;

• L’ouverture d’une procedure collective;

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