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C’est quoi une dation en paiement ?

par Steven | Définition juridique

SOMMAIRE [Masquer]
 1 La dation en paiement : Un mode d’extinction de la dette
o 1.1 La définition du Code civil de la dation en paiement
o 1.2 La définition de la dation en paiement en droit fiscal
 2 Les effets de la dation en paiement
 3 Les recours à la dation en paiement
 4 La dation en paiement dans le cadre du droit immobilier
 5 La dation en paiement pour le paiement d’une dette fiscale
o 5.1 Le champ d’application de la dation en paiement en matière fiscale
o 5.2 La procédure d’agrément : Un préalable à la dation en paiement
 6 La dation en paiement : la différence avec l’exonération des droits de succession

La dation en paiement a été introduite par André Malraux dans la loi n°

68-1251 du 31 décembre 1968 que l’on appelle aussi la « Loi Malraux ».

Ce mode de paiement est un mode d’extinction d’une obligation par la

remise d’une chose en lieu et place de ce qui a été initialement prévu. On

retrouve la dation en paiement de manière fréquente en matière fiscale et


successorale, mais aussi en matière foncière. Son régime est prévu par le

Code général des impôts (CGI) en ses articles 1716 bis, 1723 ter 00 A et

articles 384 A à 384 A ter de son annexe II.


LA DATION EN PAIEMENT : UN MODE
D’EXTINCTION DE LA DETTE
La définition du Code civil de la dation en paiement
La dation en paiement signifie que le débiteur pour se libérer totalement

ou partiellement de son obligation remet au créancier un autre objet à la

place de ce qui a été prévu dans le contrat.

C’est l’article 1342-4 alinéas 2 du Code civil relatif au régime général des

obligations qui consacre ce mode de paieme nt. Ainsi, il dispose que le

créancier peut accepter de recevoir en paiement autre chose que ce qui lui

est dû. Cette remise doit être par conséquent, consentie par le créancier.

Par exemple, le débiteur d’une somme de 2 000 euros remet à son

créancier un scooter ayant une valeur similaire ou moindre pour s’acquitter

de toute ou partie de sa dette.

Il faut remarquer que la dation en paiement peut également consister en

une prestation de services.


La définition de la dation en paiement en droit fiscal
La dation en paiement est un moyen de s’acquitter des dettes fiscales par

la remise à l’État d’un objet artistique, historique, d’un immeuble et voire

même d’une parcelle susceptible d’être incorporée au domaine forestier de

l’État. Ces objets permettront à l’Ét at d’enrichir considérablement la

collection publique.
Les dettes fiscales prévues par le CGI sont les droits de succession, les

droits sur les mutations à titre gratuit entre vifs (donations, legs) et les

impôts de solidarité sur la fortune immobilière. T outefois, elle ne peut être

utilisée pour le règlement de l’impôt sur le revenu.


LES EFFETS DE LA DATION EN PAIEMENT

 L’extinction de la dette :

Une partie de la doctrine assimile la dation en paiement à la novation par

changement d’objet du fait de la satisfaction du créancier malgré le

changement de prestation. Ainsi, la dation en paiement éteint la dette.


 La transmission du droit de propriété du débiteur vers le créancier

L’effet particulier de la dation en paiement sous forme de titres de

société : la dation en paiement sous forme de titres de société entraîne la

fin du sursis d’imposition de la plus -value; laquelle est une imposition de

la transaction effectuée sur les titres.

En fait, le sursis d’imposition permet au propriétaire de titres de société de

ne pas payer la plus-value dans le cadre de la vente de ses titres à

condition de revendre lesdits titres pour en acheter d’autres. Dans le cas

échéant, si la vente permet d’obtenir des liquidités, le sursis d’imposition

est levé.
LES RECOURS À LA DATION EN PAIEMENT
La dation en paiement pour s’acquitter de la soulte successorale : en

matière successorale, les parts des cohéritiers doivent être égales. Alors,
un héritier peut recourir à la dation en paiement pour compenser une

inégalité non justifiée dans le partage des biens.


LA DATION EN PAIEMENT DANS LE CADRE
DU DROIT IMMOBILIER
La dation en paiement est avantageuse pour les propriétaires de terrains

qui veulent devenir propriétaires d’un logement ou d’un pavillon. En fait, ils

peuvent convenir avec un promoteur immobilier de vendre leurs terrains,

mais en contrepartie d’un logeme nt et non d’une somme d’argent. La

valeur du terrain pourra couvrir partiellement ou totalement le prix du

logement.

En outre, la dation en paiement peut servir à s’acquitter de la plus -value

immobilière à laquelle sont soumises les transactions immobilièr es

effectuées par des particuliers ou des sociétés de personnes. Cette plus -

value immobilière concerne la cession d’immeubles bâtis ou non bâtis, la

cession des droits immobiliers tels que l’usufruit (définition ici) et la

nue-propriété (définition ici) des parts de sociétés immobilières.

Cependant, certaines transactions sont exonérées du paiement de cette

plus-value immobilière selon la nature du bien et le montant de la cession

comme c’est le cas de la résidence principale.


LA DATION EN PAIEMENT POUR LE
PAIEMENT D’UNE DETTE FISCALE
Le champ d’application de la dation en paiement en
matière fiscale

 Les biens concernés

Seuls certains biens sont concernés par ce mode de paiement dans un

souci de conservation du patrimoine artistique national. Il s’agit des

œuvres d’art, de livres, d’objets de collection ou de documents, de haute

valeur artistique ou historique, d’immeubles situ és dans les zones

d’intervention du Conservatoire de l’espace littoral et des rivages lacustres

ou d’immeubles en nature de bois, forêts ou espaces naturels.

Ces biens ne doivent pas faire l’objet de deux refus d’agrément

antérieurement, c’est-à-dire qu’ils ne doivent pas été déjà refusé pour

payer d’autres dettes fiscales.


 Les droits concernés

Les droits pouvant faire l’objet de la dation en paiement sont : Les droits

de mutation à titre gratuit entre -vifs, le droit de partage et l’impôt de

solidarité sur la fortune immobilière (ISF). Par ailleurs, il faut que les droits

ne soient pas inférieurs à 10 000€.


La procédure d’agrément : Un préalable à la dation
en paiement
Avant de pouvoir être utilisé pour payer une dette fiscale, le bien doit faire

l’objet d’une procédure d’agrément prévue par l’article 384-0 A bis du

Code général des impôts, annexe 2.


 L’offre de dation en paiement


C’est le légataire ou alors l’héritier qui fait l’offre en précisan t le bien,

objet de la dation ainsi que sa valeur. Des photos de l’objet sont jointes

pour faciliter l’examen du dossier.

La consultation de certaines personnes telles que des experts ou le

président du comité des dations ou encore un conservateur spéciali sé

dans la discipline concernée par l’œuvre est nécessaire pour attester de la

valeur de l’objet.

Le dépôt de cette offre suspend les intérêts de retard exigibles au titre de

l’impôt concerné non acquitté. En contrepartie, le redevable reçoit un

récépissé.

 L’examen de l’offre : Procédure d’agrément proprement dite

L’offre est soumise à un examen méticuleux d’une commission

consultative appelée commission interministérielle d’agrément et qui est

composée d’un représentant du Premier ministre, de deux représentants

du ministère de l’Économie et des Finances ainsi que de deux

représentants du ministère en charge de la Culture.

Après l’examen de la sincérité et de la valeur des objets, la commission

émet un avis sur lequel se basera le ministre de l’Économie et des

Finances. En effet, ce dernier rend une décision qui peut être un octroi

d’agrément ou un refus d’agrément de tous ou certains des objets

proposés.
La décision est notifiée au contribuable par la direction générale des

impôts par lettre recommandée avec accusé de réception.


 L’acceptation de la valeur libératoire

Il faut noter que le ministre de l’Économie et des Finances a la possibilité

d’établir des conditions à l’agrément ainsi que la valeur des objets. Il

appartient donc au contribuable de les accepter ou non dans un délai de

30 jours.

Ainsi, il se peut que le redevable accepte une valeur inférieure à celle

contenue dans l’offre de dation en paiement. Le redevable doit de ce fait

verser un complément de droits au Trésor public. Par contre, si la valeur

est supérieure à celle prévue par l’offre, aucune soulte n’est obligatoire.

Le bien accepté en dation devient ainsi la propriété de l’Ét at.


LA DATION EN PAIEMENT : LA DIFFÉRENCE
AVEC L’EXONÉRATION DES DROITS DE
SUCCESSION
En matière fiscale, ces deux procédures semblent identiques. Pourtant, il

ne faut pas les confondre. La dation en paiement consiste à payer les

droits de succession grâce à la remise d’un objet au lieu du paiement en

liquide. En revanche, l’exonération de droits de succession anéantit

l’obligation de payer les droits, quel que soit le mode de paiement.

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