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Le recouvrement des créances

publiques
Recouvrement des créances publiques

Introduction

Le recouvrement est une activité sensible et réglementée qui consiste à


utiliser tous les moyens légaux (recouvrement amiable, forcé, judiciaire...)
afin d’obtenir d’un débiteur le paiement de la créance qui est due au
créancier.

Le recouvrement suppose l’existence d’une créance légale qui doit, en


principe, être arrivée à terme pour être recouvrée par des moyens légaux.

Transposé aux créances publiques, le code de recouvrement des créances


publiques (article 1er) définit le recouvrement ainsi :

« Le recouvrement s'entend de l'ensemble des actions et opérations


entreprises pour obtenir des redevables envers l'Etat, les collectivités
locales et leurs groupements et les établissements publics, le règlement des
créances mises à leur charge par les lois et règlements en vigueur ou
résultant de jugements et arrêts ou de conventions ».

I Soubassement juridique

Le recouvrement des créances publiques est actuellement régi par la loi 15-97
portant code de recouvrement des créances publiques, promulguée par le Dahir
N° 1-00-175 du 28 moharem 1421 ( 3 Mai 2000) et entrée en vigueur le 1er
octobre 2000.

L’adoption du nouveau texte de loi est apparu dans un contexte


caractérisé par :

◦ Evolution de l’environnement social, économique et politique.


◦ Vaste mouvement de réforme.
◦ Multitude de textes de loi.
◦ Ancienneté du dispositif juridique.

Parmi les objectifs assignés à la nouvelle loi, nous pouvons citer :


*remplacer les textes de lois devenus obsolètes (texte de 1915 relatif au
recouvrement des débets des comptables, texte de 1925 relatif aux
amendes et condamnations pécuniaires, texte de 1935 relatif à l’exercice des
poursuites..);
*normaliser les procédures au niveau des comptables chargés du recouvrement;
*doter ces comptables d’un instrument juridique garantissant à leur action toute
l’efficacité nécessaire;
*garantir les droits des citoyens contribuables (notamment en faisant de la
contrainte par corps une procédure exceptionnelle de recouvrement forcé).

II Les créances publiques:


Par créances publiques, on entend :
- Les impôts et taxes;
- Les droits et taxes de douane;
- Les droits d’enregistrement et de timbre;
- Les produits et revenus domaniaux;
- Le produit des exploitations et des participations financières de l’Etat;
- Les amendes et condamnations pécuniaires;
- Les impôts et taxes des collectivités locales;
- Et toutes créances dont la perception est confiée aux comptables chargés du
recouvrement.

III Comptables chargés du recouvrement:


-Définition
« est comptable public tout fonctionnaire ou agent ayant qualité pour exécuter
au nom d’un organisme public des opérations de recettes, de dépenses ou de
maniement de titres, soit au moyen de fonds et valeurs dont il a la garde, soit
par virements internes d’écritures, soit encore par l’entremise d’autres
comptables publics ou de comptes externes de disponibilités dont il ordonne
ou surveille les mouvements » article 3 du décret Royal portant règlement
général de comptabilité publique.

Les comptables chargés du recouvrement sont:

-Le trésorier général du Royaume: coordination de l’action en recouvrement des


comptables relevant de la TGR;
-Les Trésoriers ministériels: recouvrement des créances non fiscales émises par
les ordonnateurs principaux;
-Le trésorier principal chargé du centre national des traitements ;
-Le trésorier préfectoral chargé de l’unité centrale de recouvrement dont la
mission consiste en l’assistance et l’accompagnement des comptables relevant
de la TGR dans leurs actions de recouvrement ;
-Les Trésoriers préfectoraux ou provinciaux: recouvrement des créances
publiques émises par les sous-ordonnateurs; visa des actes de recouvrement
forcé et coordination de l’action en recouvrement des comptables relevant
de leur circonscription;
-les trésoriers communaux, percepteurs et receveurs communaux: perception
des versements spontanés ou payables sur déclaration de versement,
recouvrement des impôts émis sur rôle et des impôts et taxes locaux;
-les receveurs des douanes: recouvrement des droits de douane et des amendes
qui s’y attaches ainsi que de certains impôts indirects (TVA à l’importation,
TIC);
-les receveurs de l’administration fiscale et les receveurs de l’enregistrement et
du timbre: recouvrement des droits d’enregistrement et de timbre ainsi que
de la TPI, mais également de l’IS, de la TVA et de l’IR (depuis 2006);
-les secrétaires greffiers des juridictions du Royaume: recouvrement des
amendes et condamnations pécuniaires;
-les agents comptables des établissements publics: recouvrement des créances
de ces établissements.

Dans l’exercice de leurs fonctions, notamment en matière de recette, les


comptables publics sont responsables des actions qu’ils initient allant jusqu’à
mettre en jeu leur responsabilité pécuniaire. Ainsi,
- Le comptable public a une responsabilité personnelle et pécuniaire;
- Responsabilité concerne, entre autres, la conservation des fonds et valeurs
dont il a la garde et l’encaissement régulier des recettes dont le
recouvrement lui a été confié;
- Dès sa prise de fonction le comptable doit souscrire à une police d’assurance
pour couvrir les risques de perte, de vol, de destruction de fonds ou d’arrêts
le déclarant débiteur;
- Le CP doit justifier l’ensemble de ses opérations en produisant le compte de
sa gestion.

IV Modes de recouvrement des créances publiques:

Le comptable public est seul chargé du recouvrement des titres de recettes


émis par l'ordonnateur. Le recouvrement doit être mené par les comptables
publics dans le respect de la réglementation en la matière.
1-Modes de perception des recettes:

Les créances publiques sont perçues:


- Par versement spontané pour les droits au comptant;
- Au vu des déclarations des redevables;
- En vertu d’ordres de recette (OR) individuels ou collectifs régulièrement
émis par les ordonnateurs compétents.

2-Forme des OR

Les OR peuvent être individuels ou collectifs:


-les OR collectifs sont
• des titres exécutoires en vertu desquels le recouvrement des impôts est
effectué;
• Se présentent sous forme de listes établies par l’autorité compétente;
• Concernent les grandes séries des impositions annuelles (rôles de la TH, IR…)

• Émis sous forme de

* rôles ou états de produit pour les impôts et taxes;

*sommiers de surveillance pour les produits et revenus domaniaux.


- Les OR individuels permettent:
*d’imposer des contribuables omis dans les rôles collectifs;
*de procéder à des redressements d’impôt après omission ou fraude fiscale;
*de rétablir des impositions non versées spontanément par les redevables.

Emis sous forme de:

*rôle ou état de produit individuel;

*extrait de jugement ou arrêt de débet.


3-Autorités habilitées à émettre des OR:

Ces autorités varient selon la nature des créances publiques. Ce sont:


- Le Ministre des finances ou la personne déléguée par lui à cet effet pour les
rôles ou états de produit, OR de la taxe judiciaire ou produits du domaine de
l’Etat;
- Les ordonnateurs des collectivités locales pour les OR relatifs aux impôts et
taxes locaux;
- Les ordonnateurs des organismes publics pour les OR de ces organismes;
- Les juridictions compétentes pour les amendes et condamnations pécuniaires
(ACP);
- Le juge des comptes pour les débets prononcés à l’encontre des comptables
publics.

4-Mentions à porter aux OR.

Les ordres de recette, en tant que titres matérialisant l’existence d’une créance,
doivent porter des mentions qui permettent d’identifier aussi bien le
redevable que la créance, et partant d’assurer à l’action en recouvrement du
comptable public les garanties de sa réussite.

- Mentions concernant le redevable:


L’OR doit indiquer tous les éléments nécessaires à l’identification du redevable:
nom, prénom, profession, adresse complète.
Pour le cas des sociétés, l’OR doit mentionner son type (SA, SARL..), sa raison
sociale, son siège social et, le cas échéant le domicile fiscal élu.

- Mentions relatives à la créance:


Le comptable public est tenu de s’assurer de la régularité de la perception de la
recette. Pour cela, l’OR doit comporter toutes les indications nécessaires à
l’exercice de ce contrôle. Ces indications concernent:
*la nature de la créance;
*le texte instituant la créance;
*les bases de liquidation de la créance, le cas échéant;
*le montant de la somme à recouvrer en principal, pénalités et amendes;
*la date d’émission de l’OR et sa date de mise en recouvrement, lorsque ces deux
dates ne coïncident pas.

Les OR doivent être arrêtés en lettre et en chiffres, datés et signés par


l’ordonnateur, et adressés aux comptables chargés de leur recouvrement.
Pour les rôles des impôts et taxes, cet envoi doit intervenir 15 jours avant la
date de leur mise en recouvrement.
 Sur le plan juridique, la mise en recouvrement est le point de départ des
délais d’exigibilité, de réclamation et de prescription.
 L’exigibilité est la date à partir de laquelle le comptable est en droit de
demander au redevable de régler sa dette.

V Modalités, moyens et imputations des paiements des CP


« Les recettes sont réalisées par versement d’espèces, par remise de chèque
bancaires ou postaux, par versement ou virement à un compte ouvert au nom
du comptable..
Les recettes peuvent également être réalisées par paiement au moyen de cartes
bancaires dans les conditions fixées par arrêté du Ministre des finances.
Les recettes peuvent en outre, être réalisées par tout autre moyen de paiement
prévu par la réglementation en vigueur ». Art 27 du décret général de la
comptabilité publique.

1-Modalités de paiement:

*Paiement à la caisse du comptable chargé du recouvrement;


*Paiement auprès d’un collègue dudit comptable;
*Le paiement peut intervenir par voie de compensation sur demande du redevable
ou à l’initiative du comptable

2- Moyens de paiement:

Le paiement des CP peut intervenir par :


*versement d’espèces;
*remise de chèque;
*virement ou versement à un compte ouvert au nom du comptable chargé du
recouvrement (CCP, ou compte ouvert auprès de Bank Al Maghrib);
*autres moyens de paiement prévus par la réglementation et ayant valeur
libératoire.

2-1 Paiement en numéraire (versement d’espèces):


- S’effectue contre remise d’une quittance qui doit obligatoirement être
délivrée lors du paiement;
- Se fait soit par le contribuable lui-même soit par un tiers lequel n’a pas de
justification à produire;
- Peut se faire à la caisse du comptable détenteur de l’OR ou auprès d’un autre
comptable.

2-2 Paiement par chèque:


- Le chèque peut être émis sur un compte ouvert auprès d’une banque, un
centre des chèques postaux, du Trésor ou tout autre organisme habilité;
- Le chèque est émis à l’ordre du comptable public et non à son nom propre.

2-3 Paiement par versement ou virement à un compte ouvert au nom


du comptable public:
-les comptables disposent d’un compte de chèques postaux (percepteurs,
receveurs des douanes, RAF) ou d’un compte ouvert auprès de Bank Al
Maghrib (TM/TP);
-le contribuable remet un ordre de virement à sa banque qui crédite le compte
correspondant du comptable;
-le comptable public reçoit un avis de crédit détaillant l’objet du versement;
-pour permettre au comptable d’imputer correctement les sommes versées, le
contribuable doit fournir les renseignements nécessaires (son nom, le poste
comptable, le RIB du poste comptable, la nature de la dette à régler..).

2-4 Autres moyens de paiement:

Le télépaiement ou paiement en ligne par carte bancaire


1-les impôts et taxes recouvrés par la TGR peuvent être réglées par carte
bancaire via le réseau internet en utilisant le système de paiement sécurisé
de Maroc Télécommerce;
-les paiements ne doivent pas dépasser 10 000.00DH;
-le client sert le formulaire mis à sa disposition en mentionnant la référence
figurant sur l’avis d’imposition, le montant et son adresse électronique;
-le système affiche les informations de l’imposition et dirige le client pour saisir
et valider les références de sa carte bancaire ;
-le système affiche les informations de l’imposition et dirige le client pour saisir
et valider les références de sa carte bancaire;
-une copie de la quittance définitive est adressée à l’adresse mail du
contribuable;
-les frais de paiement en ligne sont à la charge du client;
-ils sont fonction du montant des taxes et calculés selon un barème précis (entre
10 et 100 DH).
2- Pour la TVA qui est recouvrée par les RAF, la DGI a mis en ligne depuis
février 2007 le Simpl-TVA (service des impôts en ligne) pour la
télédéclaration et le télépaiement de la taxe sur la valeur ajoutée;
- Ces téléservices sont ouverts aux Grandes Entreprises de Rabat et
Casablanca qui réalisent un chiffre d'affaires annuel supérieur ou égal à 50
Millions de Dhs;
- Le Simpl-IS pour la télédéclaration et le télépaiement de l'impôt sur les
sociétés, sera prochainement mis en ligne.

3 Imputation des paiements:


Deux cas se présentent:
*le contribuable débiteur de plusieurs impôts précise l’imputation à donner, le
comptable doit se conformer à cette demande;
*le contribuable ne précise pas l’imputation à donner, Le comptable chargé du
recouvrement est tenu d’imputer les paiements partiels à la dette que le
débiteur a le plus intérêt à acquitter ou à celle qui est la plus onéreuse pour
le redevable.
Ex: le redevable a intérêt à honorer une créance passible de majoration de
retard plus qu’une créance non majorable;

*les paiements effectués sont imputés dans l’ordre suivant:


-frais de recouvrement,
-majorations de retard,
-pénalités et amendes,
-principal de la créance

Le recouvrement amiable

La procédure de recouvrement des créances publiques comporte deux phases:


une phase de recouvrement amiable et une phase de recouvrement forcée.
Le recouvrement amiable est une procédure laissée à l’initiative du redevable.
Elle s’étend de la date de mise en recouvrement ou d’émission des ordres de
recette (OR) à celle de leur exigibilité.
Sur le plan juridique :
- la mise en recouvrement est le point de départ des délais d’exigibilité, de
réclamation et de prescription;
- l’exigibilité est la date à partir de laquelle le comptable est en droit de
demander au redevable de régler sa dette.

Durant la phase de recouvrement amiable :


- le contribuable est informé des impôts mis à sa charge;
- le comptable ne peut engager aucune procédure de recouvrement forcé, mais il
est tenu d’accomplir les formalités de contrôle et de prise en charge des OR. Il
s’agit d’un contrôle de régularité prévu par le Décret Royal portant règlement
général de comptabilité publique.

I-1- Le contrôle de régularité

« En matière de recettes, les comptables assignataires sont tenus d’exercer le


contrôle de la régularité de la perception et de l’imputation ainsi que de la
vérification des pièces justificatives ».
Article 10 du règlement général de comptabilité publique.

C’est un contrôle réglementaire qui porte sur :

-le fondement juridique de la recette ;


-l’exactitude des calculs de liquidation de la recette ;
-l’existence des mentions obligatoires ;
-l’exactitude de l’imputation de la recette ;
-le respect des règles de prescription d’assiette.

1-1 Le fondement juridique de la recette : la recette doit être prévue par un


texte législatif ou réglementaire en vigueur, ou résulter de jugement, arrêts ou
conventions. Elle doit également être autorisée par le budget de l’organisme
public concerné. L’OR correspondant doit enfin être émis par l’ordonnateur
compétent (cf. autorités habilitées à émettre des OR).

1-2 Le comptable public doit s’assurer que le montant de la créance est


conforme aux taux et tarifs prévus par la réglementation ou sur la base des
pièces justificatives à l’appui de l’OR.

1-3 Vérification des mentions relatives à l’identification du redevable, de la


créance et des bases de liquidation.

1-4 Vérification de l’exactitude de l’imputation budgétaire : l’OR doit être émis


au titre de la rubrique budgétaire correspondante.

1-5 Le respect des règles de prescription d’assiette :


« La prescription éteint l’action naissant d’une obligation après l’écoulement d’un
délai fixé par la loi » ; ainsi, la créance mise en recouvrement ne doit pas
être prescrite à la date de son émission.
Il est à signaler que la date de prescription est liée à la nature de la créance.
D’où :
* Prescription quadriennale : impôts et taxes de l’Etat, des collectivités locales,
droits et taxes de douane, droits d’enregistrement..
Pour ces créances, le délai commence à courir à compter de la date de leur mise
en recouvrement ;
* Pour les autres créances, la durée de la prescription est fixée par les textes qui
les régissent ou, à défaut, par le Dahir des obligations et contrats. Ainsi :
- Prescription quinquennale : loyers des domaines, pensions, intérêts…
Le délai de prescription est fixé à partir de la date d’échéance.
- Prescription quinzennaire : OR émis en matière de restitution de sommes
indûment perçues.

2- Prise en charge des OR :


A l’issue des contrôles précités :
-Si aucune anomalie n’a été relevée, le comptable prend en charge l’OR. La prise
en charge des OR constitue le point de départ de l’obligation faite au
comptable de recouvrer la créance concernée : sa responsabilité est de ce
fait engagée.
-Si l’OR n’est pas conforme à la réglementation, le comptable procède au rejet
motivé de l’OR en question.
- Pour les OR collectifs, le rejet peut être total ou partiel.

3- l’information des redevables

Les redevables sont informés des créances mises à leur charge par tout moyen
d’information. Il s’agit notamment de :
• l’affichage : réservé aux rôles et états de produits collectifs. L’affichage a
lieu dans les locaux des postes comptables concernés, aux sièges des
collectivités d’implantation des postes comptables et en tout lieu où la
publicité est censée produire le plus d’effet.

 Les avis d’imposition : un avis d’imposition par voie postale sous pli fermé est
adressé à chaque redevable. L’avis doit mentionner l’identité du redevable, la
nature de la créance, le montant à payer et les dates de mise en
recouvrement et d’exigibilité.

 Pour les créances autres que les impôts et taxes, le comptable informe le
contribuable par un avis par voie postale sous pli fermé qui précise l’identité
du redevable, la nature de la créance, le montant à payer et les dates
d’émission et d’exigibilité.

 Le dernier avis sans frais : il est adressé, au plus tard le 10 ème jour suivant la
date d’exigibilité, aux redevables qui n’auraient pas acquitté les sommes dues
à cette date.

 Les avis non remis aux destinataires et retournés par les services de la poste
sont confiés aux ANET pour les remettre directement aux redevables.

II-Exigibilité et majoration de retard

Si aucun paiement n’intervient pas au plus tard à la date d’exigibilité, le


processus de recouvrement forcé est déclenché et des majorations de
retard sont appliquées sur les créances non encore réglées.

II-1 Exigibilité des créances publiques


Une créance est exigible lorsqu’elle est parvenue à échéance.
L’exigibilité est la date à partir de laquelle le comptable chargé du
recouvrement pourra exiger du redevable le règlement de sa dette fiscale.
C’est également le point de départ des majorations de retard après
l’écoulement du délai prévu par la loi.

Lorsqu’un impôt est exigible, il l’est pour son montant total. Ainsi, en cas de
paiement partiel, le comptable peut poursuivre le recouvrement forcé du
reliquat non acquitté.
L’exigibilité peut être à terme ou immédiate.

A- L’exigibilité à terme: les créances ne sont exigibles qu’à l’expiration du délai


courant à compter de la date de naissance de la créance.
A préciser que:
- Tous les délais sont des délais francs; on ne compte pas le premier jour;
- Lorsque l’échéance du terme coïncide avec un jour férié ou chômé, elle est
reportée au jour ouvrable suivant.
- Les délais d’exigibilité des créances publiques sont déterminés en fonction
de la nature des créances et de la catégorie des redevables.

Ainsi:
- Les impôts et taxes établis par voie de rôle sont exigibles à l’expiration du 2 ème
mois suivant celui de leur MER (à l’exception de ceux émis à titre de
régularisation);
- Les impôts et taxes retenus à la source sont exigibles à l’expiration du mois qui
suit celui au cours duquel les retenues ont été opérées (cas des retenues de
l’IR sur les salaires);
- Les impôts et taxes payables sur déclaration par versement spontané, les
droits et taxes de douane, les droits d’enregistrement et les impôts et taxes
locaux sont exigible dans les conditions fixées par les textes les concernant.
Il s’agit des cas suivants :
* La TVA est exigible avant l’expiration du mois qui suit celui de la réalisation du
CA (régime de déclaration mensuelle) ou du 1 er mois du trimestre qui suit
(régime de déclaration trimestrielle);
* Pour l’IS, les acomptes provisionnels sont exigibles avant l’expiration des 3 ème,
6ème, 9ème et 12ème mois de l’année.
- Les créances autres que celles précitées sont exigibles à l’expiration d’un délai
de trente jours à compter de leur émission. C’est le cas des OR.

B- L’exigibilité immédiate: l'avancement de la date à laquelle le paiement peut


être exigé a pour effet de priver le redevable des délais de règlement
normaux.
Cette règle permet:
-une meilleure garantie du droit du Trésor lorsqu’il existe un risque de
disparition de son gage ou du redevable lui-même;
-l’engagement sans délai des actions de recouvrement forcé par le comptable
public.
L’exigibilité immédiate s’applique:
- aux rôles émis à titre de régularisation en matière d’impôts et taxes qui
devaient initialement faire l’objet de paiement sur déclaration (cas de non
versement spontané de l’impôt, de taxation d’office ou de rectification
d’imposition..);
- Aux créances mises à la charge du redevable qui, avant l’expiration du délai
d’exigibilité, a cessé d’avoir au Maroc sa résidence habituelle, son principal
établissement ou son domicile fiscal;

- Aux créances autres que la taxe d’habitation, en cas de:


*déménagement hors du ressort du comptable chargé du recouvrement. Le
commencement d’enlèvement furtif de meubles ou de fruits est considéré
comme motif d’exigibilité immédiate;
*vente volontaire ou forcée des biens du redevable: le comptable doit apprécier
si cette vente risque de porter préjudice au gage du Trésor;
*cessation d’activité: le comptable doit s’informer dans les publications
spécialisées et se renseigner auprès des autorités compétentes (tribunaux,
service d’assiette..) au sujet des redevables ayant une activité
professionnelle.
II-2 Les majorations de retard

Les redevables qui ne se libèrent pas des créances mises à leur charge avant leur
date d’exigibilité sont passibles d’une majoration de retard dont le taux et les
conditions varient en fonction de la nature de ces créances.
-La majoration de retard est fixé à 5% pour le 1 er mois de retard et 0.5% par
mois ou fraction de mois;
-Elle est liquidée par le comptable chargé du recouvrement lors du paiement de
l’impôt;
-Elle ne s’applique pas à la taxe d’habitation dont le montant est inférieur à 1000
DH ;
- Les majorations s’appliquent au principal de la créance à l’exclusion des
amendes et des pénalités ;
- Les ordres de recettes sont passibles d’une majoration de 6% l’an.
- Les droits de douane, les droits d’enregistrement et du timbre et les impôts et
taxes des collectivités locales sont soumis aux majorations de retard prévus par
les textes les régissant;
- Certaines créances ne sont pas majorables: les produits et revenus domaniaux,
les extraits de jugement des ACP et les arrêts de débet de la Cour des comptes.
Les majorations de retard peuvent être annulées ou faire l’objet de remise
gracieuse.

Le recouvrement forcé

La prise en charge des rôles d’impôt et des ordres de recette par le


comptable public engage sa responsabilité.
De ce fait, le comptable public doit effectuer les diligences nécessaires pour
assurer le recouvrement des créances publiques.
Ces diligences doivent être:
 adéquates : adaptées à la nature de la créance.
 rapides : propres à prévenir la disparition ou l'insolvabilité du débiteur ou
la prescription de la créance.
 complètes : utilisation de tous les moyens légaux de recouvrement dont
notamment le recouvrement forcé.

Ainsi et à défaut de versement spontané par les contribuables de la totalité


des créances mises à leur charge, le comptable public est en droit de poursuivre
le recouvrement forcé des sommes qui lui sont dues sur les biens meubles ou
immeubles de ses débiteurs.
Le recouvrement forcé peut même s’exercer, sous certaines conditions, sur
la personne du contribuable (contrainte par corps).

Par ailleurs, l’efficacité du recouvrement forcé est garantie par des suretés
(privilège du Trésor, hypothèque légale), mais aussi par la possibilité de mettre
en œuvre, dans certains cas, la responsabilité des personnes autres que le
contribuable lui-même.

La procédure impose également des règles très strictes et nécessite


notamment la détention d’un titre exécutoire et d’une créance exigible et non
prescrite.

Il faut rappeler à ce titre que la prescription en matière de recouvrement est


un moyen de défense de l’ordre public qui libère le contribuable à la suite de
l’inaction prolongée de l’Administration. Elle matérialise l'annulation d'un droit
ou d'une obligation qui n'a pas été exécuté à l'issue d'un délai légal.

Le recouvrement forcé requiert la réunion de trois séries de conditions:

-conditions relatives aux créances;


- conditions relatives aux personnes;
- conditions relatives aux biens.

1- Conditions relatives aux créances

Le recouvrement forcé ne peut être exercé qu’en vertu:


-d’un titre exécutoire;
-d’une créance exigible.
Toutefois, il faut signaler le cas particulier du redressement fiscal, qui
constitue une exception à ces règles.

A- Titre exécutoire
Toute créance de l’Etat, d’une collectivité ou d’un établissement public fait
l’objet d’un titre qui matérialise ses droits.
Parallèlement, aucun acte de recouvrement forcé ne peut être engagé qu’au vu
d’un titre exécutoire. Ce caractère « exécutoire » lui est conféré par les
dispositions d’une loi, d’un règlement ou d’une décision de justice.

Ainsi, les créances publiques ont force exécutoire:


-dès l’émission pour les ordres de recette;
-dès que la condamnation est passée en force de chose jugée pour les amendes
et condamnations pécuniaires, c-à-d que les voies de recours ont été épuisées
ou qu’elles n’ont pas été exercées dans les délais ;
-dès que la décision concernant les condamnations pécuniaires en matière de
douane ne peut plus faire l’objet d’aucune voie de recours;
-dès que les arrêts de débets prononcés par le juge des comptes sont devenus
définitifs.

B- Créance exigible
L’action en recouvrement forcé ne peut être engagée que sur des créances
exigibles, la créance doit être échue (cf. chapitre précédent).
Toutefois, cette condition est atténuée par le cas particulier du redressement
fiscal.

a/ Principe:
Le comptable public peut prendre des mesures conservatoires sur les biens
d’un redevable qui fait l’objet d’une procédure de redressement fiscal sans qu’il
soit en possession d’un titre exécutoire et sans que la créance soit exigible.
L’objectif étant de sauvegarder le gage du Trésor.
La créance doit toutefois être fondée.

b/Modalité d’exécution:
Les mesures conservatoires sont prises sur la base d’un avis de redressement
en cours, émis par les services d’assiette et adressé au comptable chargé du
recouvrement après avis du Directeur des impôts ou de la personne déléguée
par lui à cet effet.
Cet avis doit contenir les éléments permettant l’identification du redevable et
indiquer l’estimation du montant de la créance qui sera émise.

Les mesures conservatoires à prendre par le comptable concernent


l’hypothèque sur les biens immeubles ou la saisie conservatoire sur les biens
meubles ou immeubles du redevable.
Ces mesures ne doivent pas entraver l’activité normale de l’entreprise.

2- Conditions relatives aux personnes

2-1 les personnes habilitées à exercer les actes de recouvrement forcé:


Les actes de recouvrement forcé sont exécutés par les agents de notification
et d’exécution du Trésor (ANET).
Il s’agit d’agents commissionnés à cet effet, qui prêtent serment, dès leur
nomination, devant la juridiction compétente.
Les ANET agissent tout au long du processus du recouvrement forcé, dans tous
les degrés et dans toutes les formes de celui-ci, mais ne doivent entreprendre
d’eux même des actes de recouvrement forcé sans autorisation préalable.
Ils doivent faire preuve de la plus entière correction à l’égard des redevables
et s’abstenir de répondre aux injures et menaces, mais peuvent constater ces
faits par PV et le remettre au comptable public, qui pourra, le cas échéant,
dénoncer ces faits au procureur du Roi.

Les ANET ne peuvent intervenir en dehors du périmètre qui leur a été


assigné.
Ils sont habilités à recevoir des versements de la part des redevables et donc
responsables du maniement des fonds reçus par eux.
Les sommes ainsi encaissées doivent être versées au plus tard le lendemain
de leur réalisation à la caisse du comptable chargé du recouvrement.

Les comptables publics peuvent, en cas de besoin, faire appel aux agents des
bureaux de notification et d’exécutions judiciaires des juridictions du Royaume
et aux huissiers de justice pour l’exercice des actions de recouvrement forcé.

2-2 Les personnes pouvant faire l’objet de RF

Le RF est engagé à l’encontre des redevables qui ne se sont pas acquittés dans
les délais fixés des sommes mises à leurs charges mais également à l’encontre
des:
- personnes pouvant se substituer au redevable à savoir les ayants droit, les
personnes auprès desquelles le redevable a élu domicile fiscal et les sociétés
absorbantes, ou celles nées de fusion, scissions ou transformation de la forme
juridique de la société.
- tiers solidaires: l’acquéreur d’immeubles, les adouls, notaires, avocats en cas
de mutation de propriété ou de cession d’immeubles, cessionnaires de fonds de
commerce, acquéreur de navire...
- tiers responsables: les dépositaires (secrétaires-greffiers liquidateurs
judiciaires, avocats...)
- et les tiers détenteurs (comptables publics, locataires, banques..).

2-3 Les personnes ne devant pas faire l’objet de RF

Sont exclus de l’action en recouvrement forcé:


-l’Etat et les collectivités locales;
-les agents diplomatiques étrangers bénéficient d’une immunité de juridiction
et d’exécution qui interdit tout recours à des procédures de recouvrement
forcé à leur encontre. Ainsi, lorsque la procédure amiable s’avère vaine, le
comptable public doit adresser un rapport à son chef d’administration qui saisit
le Ministère des affaires étrangères.

3- Les conditions relatives aux biens

Si, en règle générale, tous les biens meubles et immeubles du redevable


peuvent être appréhendés par le comptable public, le législateur a toutefois
introduit des exceptions en rendant certains biens insaisissables et ce pour
des considérations diverses. Il s’agit des biens publics, des biens habous et
d’autres biens insaisissables.

3-1 Les biens publics:


Les biens publics faisant partie du domaine de l’Etat ne peuvent être ni vendus
ni saisis.

3-2 Les biens habous:


Les biens des habous publics sont inaliénables et donc insaisissables. Par contre,
les biens des habous privés et ceux des fondations peuvent faire objet de
recouvrement forcé.

3-3 Autres biens insaisissables


Pour des raisons humanitaires ou sociales et en vue d’assurer un minimum de
ressources pour le débiteur et sa famille, la portée des voies d’exécution
susceptibles d’être engagées à l’encontre de ses biens ou de ses ressources a
été limitée.
Ainsi, sont insaisissables :
-les biens nécessaires à la vie et au travail du saisi et de sa famille (literie,
vêtements ustensiles de cuisine, habitation principale, livres et instruments
nécessaires à l’exercice de la profession du saisi..). art 46 du code de
recouvrement.
-les rémunérations des travailleurs du secteur privé et les fonctionnaires ne sont
saisissables que dans la limite des quotités prévues par les textes relatives aux
saisies-arrêts.
-les rentes, indemnités et prestations sociales (art 48 du code de procédure
civile): prestations servies par la CNSS, pensions alimentaires, capital décès,
pensions civiles de l’Etat (sauf en cas de débet ou pour des créances alimentaires
ou privilégiées), pensions militaires, pensions de retraite ou d’invalidité…
Conduite du recouvrement forcé

Le recouvrement forcé des créances publiques est exercé par les comptables
détenteurs des ordres de recettes en application du code de recouvrement des
créances publiques et, le cas échéant, du code de procédure civile.

Etant responsables des actes qu’ils exécutent, les comptables publics doivent
veiller à ce que lesdits actes soient établis avec le plus grand soin, ce qui leur
permet d’éviter les vices de forme et les nullités.

Les actes de recouvrement forcé sont engagés dans l’ordre ci-après:

- le commandement;

- la saisie;

- la vente.

Le recouvrement forcé peut également être exercé par le biais de la contrainte


par corps.

Toutefois, et préalablement à toute action en recouvrement forcé, le comptable


public doit accomplir des formalités qui permettent de garantir à son action une
plus grande efficacité et une adhésion de sa hiérarchie.

I-Formalités préalables à l’exercice du recouvrement forcé:

1- rattachement des créances dues par un même redevable

Le recouvrement forcé doit porter sur toutes les créances exigibles d’un même
débiteur. Pour cela, le comptable public doit rattacher les créances émises au
titre des années antérieures à celles exigibles au moment de l’action en
recouvrement. C’est un rattachement qui concerne donc aussi bien les natures
d’imposition que les exercices de leurs émissions.

2- l’envoi du dernier avis sans frais

Le dernier avis sans frais (DASF) est adressé au redevable au plus tard le
dixième jour qui suit la date d’exigibilité de la créance.

Aucun acte de recouvrement forcé ne peut être notifié sans l’accomplissement


de cette formalité.

N’étant pas un acte de recouvrement forcé, le DASF a un double objectif:

-rappeler au redevable sa dette;

-l’inciter à régler dans les délais légaux pour lui éviter de supporter des frais
supplémentaires (majorations de retard et frais de recouvrement forcé).

3- l’autorisation du chef d’administration

A part le commandement, tous les actes de recouvrement forcés doivent être


autorisés par le chef d’administration (ou la personne déléguée par lui à cet
effet) dont relève le comptable chargé du recouvrement.

Ainsi, si le comptable chargé du recouvrement dispose de l’initiative du


recouvrement forcé, son exercice reste subordonné à l’autorisation précitée.

Celle-ci est donnée par le chef d’administration qui appose son visa sur les états
nominatifs de recouvrement forcé établis par les comptables.

II- Frais de recouvrement


Il est à signaler que:

- les actes de recouvrement forcé ne peuvent être exécutés qu’entre 9h et


19h (contrairement à l’ancienne pratique: avant 5 heures et après 21
heures), ni avoir lieu un jour férié (art 451 du CPC);

- l’exercice du recouvrement forcé des créances publiques occasionne deux


catégories de frais accessoires:

*les frais supportés par les redevables;

*les frais pris en charge par le Trésor.

1- Frais supportés par les redevables

Le tarif de ces frais est fixé comme suit:

Avis à tiers détenteur 1%

Commandement 2%

Commandement valant saisie conservatoire 2.5%

Saisie brandon 2.5%

Saisie exécution 2.5%

Conversion d’une saisie conservatoire 2%

Récolement sur saisie antérieure 2%

Signification de vente 2%

Affiches, récolement avant vente, PV de vente et saisie interrompue


1%

Ces frais sont calculés sur le montant total des sommes dues d’après les rôles,
états de produits et ordres de recettes, déduction faite des acomptes payés.

Les majorations de retard ainsi que les frais de recouvrement forcé antérieurs
sont exclus de la base de liquidation desdits frais.

Les frais de recouvrement forcé s’ajoutent aux créances dues et sont


recouvrées dans les mêmes conditions. Par ailleurs, les paiements effectués sont
imputés d’abord à ces frais puis aux majorations de retard, aux pénalités et
amendes et au principal de la créance.

L’annulation ou la réduction d’une imposition entraine de plein droit la réduction


proportionnelle du coût des actes de recouvrement forcé.

Sont également à la charge du redevable:

-frais d’expertise;

-frais de garde des meubles ou récoltes saisies;

-frais de transport des agents chargés du recouvrement et des objets saisis;

-frais d’immobilisation et d’enlèvement des véhicules;

-frais de publicité.

Toutefois, il importe de signaler que le Ministre des finances ou la personne


déléguée par lui à cet effet peut accorder une remise ou une modération des
frais de recouvrement forcé et ce sur demande du redevable et au vu des
circonstances invoquées (remise gracieuse).

Les demandes de remise ou modération sont adressées aux comptables qui les
transmettent, revêtues de leurs avis, pour suite à donner à l’autorité
compétente.

2- Frais pris en charge par le Trésor

Il s’agit de frais et indemnités alloués à tous les intervenants dans le


recouvrement forcé. Ce sont :

-allocations dues aux ANET: des allocations forfaitaires sont accordées aux
ANET à raison de l’exécution des actes de recouvrement forcé. Ces allocations
varient entre 0.50 DH et 4.00 DH par acte;

-allocations à verser aux gendarmes chargés de l’exécution des saisies: le tarif


de ces allocations est le même que celui dont bénéficient les ANET ;

-indemnités de déplacement dues aux gendarmes: ces frais sont mandatés au vu


des états des sommes dues certifiés exacts par le comptable chargé du
recouvrement.
-rétribution des arifas: fixée à 2DH pour chaque saisie exécutée avec leur
concours.

-prime de capture allouée aux agents de la force publique chargés de l’exécution


d’une contrainte par corps: le tarif de cette prime est fonction de la nature de la
créance (impôts et taxes ou amendes et condamnation pécuniaires) et de la
durée d’incarcération.

Recouvrement forcé par voie de commandement

Le commandement est le premier acte de recouvrement forcé avec frais par


lequel le débiteur est mis en demeure de payer sa dette sous peine d’y être
contraint par les voies de droit.

La notification du commandement permet:

-d’ouvrir le délai de la saisie qui ne peut être exécutée que 30 jours francs après
la notification du commandement;

-d’interrompre la prescription.

1-l’établissement du commandement

Sur un état collectif formant original du commandement visé par le comptable


chargé du recouvrement sont portées les créances dues par chaque redevable à
actionner par voie de commandement ainsi que le coût de l’acte liquidé
conformément à la réglementation en vigueur.

Ces indications sont reprises, pour chaque redevable, sur un commandement


individuel qui fait ressortir:

-l’identification du redevable, les créances objet du recouvrement forcé, leur


montant, l’année d’imposition, le coût de l’acte et la désignation de l’ANET;

-la formule de notification comportant mise en demeure de payer dans un délai


de 30 jours à dater de la réception de l’acte, sous peine de recours à la saisie et
à la vente.
2- la notification

Contrairement aux autres actes de recouvrement forcé, la notification du


commandement n’est pas soumise à l’autorisation du chef de l’administration dont
relève le comptable.

3- délai de notification

Le commandement ne peut être notifié qu’après l’expiration d’un délai de 30


jours à compter de la date d’exigibilité et au moins 20 jours après l’envoi du
DASF.

4- Modalités de notification

Les actes de recouvrement doivent indiquer les nom et domicile du redevable ou,
s’il s’agit de personne morale, sa dénomination et son siège social.

Ces mentions sont nécessaires pour permettre la notification du


commandement aux redevables.

La notification est faite:

- Par les ANET;

- Par voie postale;

- Par voie administrative.

4-1 Notification par les ANET

L’ANET sert l’imprimé du commandement prévu à cet effet en y portant la


nature des créances exigibles, l’année, le montant des sommes dues ainsi que le
coût du commandement.

L’état est également complété par:

- la date de notification en jour, mois et an (sous peine d’être considéré


comme nul);

- le nom, prénom et qualité de l’agent de notification;


- Le nom du redevable et de la créance.

La notification du commandement est effectuée soit à personne soit à domicile

*notification à personne: le commandement est remis au destinataire en quelque


lieu où il se trouve qui en accuse réception sur l’état formant original du
commandement. Le commandement n’a pas à être remis sous pli fermé lorsqu’il
est remis personnellement au redevable. Si ce dernier refuse de signer ou s’il en
est incapable, mention en est portée sur l’original.

* Notification à domicile ou à résidence du redevable: si la notification à


personne se révèle impossible, le commandement peut être délivré soit au
domicile du redevable, soit à sa résidence.

Ainsi et selon le code de procédure civile, le domicile de toute personne physique


est situé au lieu où elle a son habitation habituelle et le centre de ses affaires et
de ses intérêts. La résidence est le lieu où la personne se trouve effectivement à
un moment déterminé.

Si le commandement ne peut être notifié au redevable en personne, l’acte est


remis obligatoirement, sous pli fermé, à domicile ou à résidence entre les mains
des parents, serviteurs, employés ou toute autre personne habitant la même
demeure que le redevable.

Les nom, prénom et qualité de la personne qui reçoit l’acte sont portés sur l’état
original du commandement.

Si la personne qui reçoit l’acte ne veut ou ne peut signer, mention en est faite sur
l’original.

L’état formant original du commandement revêtu de la signature de la personne


ayant reçu l’acte ou des mentions « ne peut » ou « ne veut signer » vaut
certificat de remise.

Si le redevable refuse de recevoir l’acte, mention en est faite sur l’original. Le


commandement est alors considéré comme ayant été valablement notifié le 8 ème
jour qui suit la date de refus de réception.
Lorsque la remise du commandement n’a pu être faite parce que le redevable n’a
pas été rencontré, ni personne pour lui à son domicile ou sa résidence, mention en
est portée sur l’original.

Le commandement est alors considéré comme notifié le 10 ème jour qui suit la date
de son affichage au dernier domicile connu du redevable.

Le recours à l’affichage n’est effectué qu’après avoir épuisé toutes les


démarches en vue de retrouver le redevable.

4-2 Notification par voie postale

Le commandement est notifié par voie postale sous pli recommandé, avec accusé
de réception aux redevables domiciliés hors du ressort du comptable chargé du
recouvrement. Le facteur complète le certificat de remise joint au pli lors de sa
délivrance, le fait signer par le destinataire et le renvoie au comptable.

Le pli non remis est complété par le motif de non remise (refusé, non réclamé,
n’habite pas l’adresse indiquée..) et renvoyé au comptable chargé du
recouvrement.

Le comptable doit alors entreprendre les recherches en adressant une demande


de renseignements aux autorités locales, aux services de la sureté nationale, à la
gendarmerie ou aux services d’assiette. Les renseignements obtenus
permettront soit de notifier l’acte soit de constater la disparition du redevable.

4-3 Notification par voie administrative

Le comptable chargé du recouvrement peut recourir à tous les agents de la force


publique et aux autorités administratives locales pour notifier des
commandements à distance.

Le commandement est accompagné d’un certificat de remise à compléter au


moment de la notification et renvoyé au comptable.

Si le commandement n’a pu être remis au redevable, il est renvoyé ainsi que le


certificat de remise au comptable.
Recouvrement par voie de saisie et de vente mobilières

I- La saisie

En droit commun, la saisie exécution mobilière permet à tout créancier muni


d’un titre exécutoire de placer sous-main de justice les biens meubles du
débiteur pour les faire vendre et se faire payer sur leur prix.

Selon le code de recouvrement, la saisie mobilière est un acte de recouvrement


forcé, qui permet au comptable chargé du recouvrement d’appréhender
directement les meubles et effets mobilier du redevable qui n’a pas honoré sa
dette, dans un délai de 30 jours à compter de la notification du commandement
en vue de les vendre aux enchères publiques ou de les faire vendre par le
redevable lui-même.

Toutefois, la saisie exécution ne peut être étendue au-delà de ce qui est


nécessaire pour désintéresser le créancier et couvrir les frais du recouvrement
forcé.

Ainsi, cette procédure ne concerne pas les objets déclarés insaisissables et


donc nécessaires à la vie du redevable saisi et à sa famille.
Si par mégarde des objets insaisissables ont été inclus en tant que biens
saisis, la saisie n’est pas nulle mais le comptable doit procéder à la distraction
des objets saisis à tort.

1-Conditions préalables à l’exécution de la saisie

1-1 Notification du commandement

La procédure de saisie exécution ne peut être valablement exécutée si elle n’a


pas été précédée d’un commandement notifié au redevable l’invitant à payer les
sommes dues sous peine d’y être contraint par la saisie puis la vente de ses biens.

1-2 Autorisation de la saisie

La saisie, initiée par le comptable chargé du recouvrement, doit être autorisée


par le chef de l’administration dont relève ce comptable.

Cette autorisation est portée sur l’état collectif de saisie établi à cet effet.
Cette autorisation comporte également l’ordre de procéder à la vente si le
redevable ne se libère pas après l’exécution de la saisie.

Le comptable chargé du recouvrement n’est pas tenu de respecter cette


formalité lorsqu’il est informé d’un commencement d’enlèvement furtif de
meubles ou de fruits et qu’il y a lieu de craindre la disparition du gage du Trésor.

Ainsi, si le commandement a été notifié, il procède directement à l’exécution de


la saisie des meubles et effets mobiliers;

Si aucun commandement n’a été notifié, le comptable y procède immédiatement


en vertu d’un extrait de rôle qu’il signe. Ce commandement vaut saisie
conservatoire des meubles et effets mobiliers.

Le redevable est mis en demeure de s’acquitter des sommes dues dans un délai
de 30 jours à compter de la date de la saisie conservatoire autrement le
comptable procédera à une conversion de ladite saisie en saisie exécution.

1-3 Respect des délais


Le recouvrement forcé par voie de saisie ne peut être valablement engagée que
30 jours après la notification du commandement.

Toutefois, lorsque le comptable est informé d’un commencement d’enlèvement


furtif de meubles ou de fruits, il peut procéder à une saisie exécution ou à une
saisie conservatoire sans tenir compte du délai.

2- Exécution de la saisie

L’exécution de la saisie mobilière obéit aux exigences suivantes:

-l’identification du lieu de saisie

-l’état collectif de saisie

-l’établissement du procès-verbal de saisie

2-1 Identification du lieu de la saisie

Le lieu de la saisie peut être soit le domicile du saisi, soit sa résidence, soit tout
autre lieu.

L’ANET doit être accompagné d’un agent féminin ou de l’arifa lorsque la saisie
est opérée à l’intérieur d’un domicile.

Lorsque la saisie a lieu dans un local professionnel, la présence de l’autorité


locale n’est requise que s’il y a risque d’entrave à l’exécution de la saisie.

2-2 Etat collectif

L’état de recouvrement par voie de saisie, établi par le comptable chargé du


recouvrement est visé par le chef d’administration dont il relève. Ce visa
constitue l’autorisation donnée au comptable pour procéder à la saisie. L’état doit
mentionner:

La date en jour, mois et an; le comptable chargé du recouvrement; le nom,


prénom et domicile du redevable (dénomination et siège social pour les personnes
morales); nature des créances et montant à payer; le coût de la saisie; les nom,
prénom, qualité et signature de l’agent chargé de l’exécution de la saisie.

2-3Procè-verbal de saisie
En plus des renseignements portés sur l’état collectif, le PV de saisie doit
mentionner:

*la description des biens: l’agent d’exécution procède à l’énumération exacte et à


la description détaillée des biens à saisir pour prévenir toute modification de
leur état. Les biens à saisir doivent être choisis parmi ceux qui ont une valeur
suffisante pour désintéresser le Trésor.

L’agent d’exécution arrête la saisie quand il juge la valeur des biens saisis
suffisants pour couvrir le montant des créances et des frais accessoires.

*désignation du gardien: le but étant d’éviter tout détournement, vol


substitution des objets saisis et d’assurer leur conservation en l’état. Le
redevable peut être désigné gardien des objets saisis (le représentant légal pour
les personnes morales). En cas de refus de ce dernier ou si l’agent d’exécution le
juge nécessaire la garde des objets saisis peut être confiée à une autre
personne.

*fixation de la date de vente: la vente des meubles et objets saisis ne peut


intervenir que huit jours à compter de la date de saisie. La fixation de la date
sur le PV de saisie permet au redevable de connaitre le temps qu’il lui faut pour
se libérer de sa dette, et au comptable de faire en temps voulu une publicité
suffisante.

Ce délai peut être abrégé en accord avec le redevable en cas de risque de


dépérissement des objets saisis ou pour éviter des frais de garde importants.

Le PV de saisie est signé par l’ANET et les personnes ayant assisté à l’opération
de saisie et copies sont remises au saisi et au gardien. Cette remise vaut
notification de l’acte de saisie.

3- les incidents de la saisie

L’exécution de la saisie peut donner lieu à plusieurs incidents soit du fait du


débiteur, soit du fait de la procédure elle-même.

3-1 Interruption par le paiement

Si au moment où la saisie va être pratiquée le redevable demande à se libérer de


la totalité de sa dette, la saisie est interrompue séance tenante. Dans ce cas il
n’est pas dressé de PV de saisie, et les références des quittances et la mention
« saisie interrompue » sont portés sur l’état collectif. Le coût de la saisie
interrompue est de 1% du principal.

3-2 absence du redevable

La procédure de saisie ne peut aboutir en raison de l’absence du redevable du


lieu d’exécution de l’acte. L’absence est constatée soit par un PV de perquisition,
soit par un PV de tentative de saisie.

Le PV de perquisition est établi lorsque l’absence du redevable est définitive.


L’agent d’exécution de la saisie doit recueillir toutes les informations permettant
de situer sa nouvelle adresse. Ces informations doivent être portées sur le PV de
perquisition pour permettre le recours à d’autres voies de recours.

Le PV de tentative de saisie est établi lorsque l’absence du redevable est


provisoire. C’est le cas notamment quand l’agent chargé de l’exécution de la saisie
ne trouve personne au domicile du redevable.

Un avis avant saisie est laissé au redevable l’invitant à se libérer de sa dette


sous huitaine. Passé ce délai, la saisie aura lieu même en l’absence du redevable.

3-3 refus d’ouverture des portes

En cas de refus d’ouverture des portes par le redevable, l’ANET peut demander
l’assistance de l’autorité administrative locale.

L’ouverture des portes et la saisie sont constatées sur le même PV qui est co-
signé par le représentant de l’autorité qui a assisté l’ANET.

3-4 absence de biens à saisir

Lorsque le redevable ne dispose d’aucun bien susceptible d’être saisi et que le


comptable ne peut utiliser aucun moyen d’action en recouvrement des sommes
dues, un PV de carence doit être établi. Sur la base de ce PV, le comptable
chargé du recouvrement peut établir un état des sommes irrécouvrables.

3-5 contestation des biens saisis

Le débiteur peut contester la saisissable de certains objets énumérés au PV de


saisie. L’ANET doit apprécier cette contestation et procéder, le cas échéant, à
la distraction des objets contestés. L’ANET ne doit pas suspendre la procédure
de saisie et doit porter sur le PV toutes les difficultés rencontrées.

3-6 détournement d’objets saisis

Le PV constatant l’infraction établi par l’ANET, est remis au comptable qui peut
déclencher la procédure de poursuites pénales.

3-6 existence d’une saisie antérieure

Si une saisie antérieure a été effectuée, l’ANET procède un récolement des


objets saisis décrits sur le PV précédent que le gardien lui remet.

Si la saisie précédente a porté sur tous les biens, l’ANET notifie son intervention
au premier saisissant et au redevable. Cette notification ouvre droit à
distribution.

Si la première saisie n’a pas concerné tous les biens, l’ANET procède à plus ample
saisie et dresse un PV de récolement des objets précédemment saisis et
description des objets nouvellement saisis.

II- La vente mobilière

1-Conditions préalables à la vente

La vente mobilière ne peut être exécutée qu’après notification du


commandement, exécution de la saisie et autorisation du chef de
l’administration. Il est à rappeler que cette autorisation est accordée d’avance
lors de l’autorisation de saisie par le chef hiérarchique du comptable chargé du
recouvrement.

La date de vente est fixée au PV de saisie. Elle ne peut être inférieure à 8 jours
sauf au cas où le dépérissement des objets saisis est à craindre. La date de
vente peut également être reportée. Le report de cette date est communiqué
aux intéressés par une « signification de vente ».

La vente doit être communiquée par tous les moyens de publicité en rapport avec
l’importance de la saisie. La vente est annoncée par l’apposition d’affiches,
notamment:

-au lieu où se trouvent les objets saisis;


-au tribunal de 1ère instance et au tribunal de commerce;

-au siège de l’autorité administrative locale;

-au lieu de la vente;

-aux sièges des postes comptables de la ville;

-dans tout autre lieu où elle peuvent produire de l’effet.

La publicité est renouvelée si la vente s’avère infructueuse ou si la vente n’a pu


avoir lieu à la date fixée.

L’ANET, et avant de commencer la vente, procède à un recollement des objets


saisis et en dresse PV sur lequel seront mentionnés, le cas échéant, les objets qui
manquent.

Par ailleurs, il peut être procédé à l’expertise des objets saisis lorsque leur
nature l’exige (œuvres d’art, bijoux… ) en vue d’en estimer la valeur. L’expert est
désigné en commun accord entre le redevable et le comptable chargé du
recouvrement.

A signaler que les frais d’expertise sont à la charge du redevable.

2-Exécution de la vente

La vente mobilière peut être effectuée par le comptable chargé du


recouvrement ou pour son compte par un ANET, par les huissiers de justice à la
demande du comptable ou par le redevable lui-même.

2-1Vente par le comptable

-La vente a lieu aux enchères publiques au marché le plus proche ou partout où
elle peut produire le meilleur résultat.

-Les comptables, ANET, huissiers de justice ne peuvent s’adjuger ou se faire


adjuger les objets mis en vente ni en faire profiter leurs conjoints, parents ou
alliés.

-Les objets mis en vente sont adjugés aux plus offrants et ne sont délivrés que
contre paiement immédiat, en espèces ou par chèque certifié.
-Les agents chargés de la vente sont tenus de discontinuer la vente lorsque le
produit réalisé s’avère suffisant pour régler l’intégralité des sommes dues.

-Sur un PV de vente, l’ANET doit décrire les différentes étapes de vente,


désigner les biens vendus et indiquer le montant de l’adjudication.

-L’affectation du produit de la vente diffère selon que le Trésor est seul


saisissant ou qu’il y a d’autres créanciers.

Lorsque le Trésor est seul créancier saisissant, trois cas se présentent. Le


produit de la vente est:

*inférieur au montant des sommes dues;

*égal au montant des sommes dues;

*excède au montant des sommes dues.

Lorsque le Trésor est en face d’autres créanciers opposants, il y a distribution


du produit de la vente qui varie selon que lesdits créanciers sont privilégiés ou
non.

*cas des créanciers opposants non privilégiés: l’ANET désintéresse d’abord le


Trésor, verse le surplus au secrétaire-greffier et en informe les intéressés;

* cas des créanciers opposants privilégiés: l’ANET doit consigner le produit de la


vente au secrétaire-greffier du tribunal de 1 ère instance compétent et en
informe les intéressés. Le secrétaire-greffier procédera à la distribution du
produit de la vente entre le Trésor et les autres créanciers selon leurs
privilèges.

2-2 Vente par le redevable

Le redevable peut procéder lui-même à la vente des biens saisis. Cette vente doit
être autorisée par le chef d’administration. Elle intervient 30 jours après la
réception de l’autorisation.

La vente par le redevable des objets saisis est effectuée sous le contrôle de
l’ANET. La présence de ce dernier est obligatoire pour le bon déroulement de la
procédure de vente. Son rôle consiste à:

-s’assurer de l’identité des acquéreurs;


-vérifier que le montant effectivement payé correspond à celui initialement
prévu;

-veiller à ce que la vente se déroule dans le délai prescrit;

-établir le PV de vente et encaisser le prix des biens vendus;

-suspendre la vente en cas de sous-estimation du prix des biens mis en vente;

Le produit de la vente est distribué dans les mêmes conditions que celles de la
vente effectuée par le comptable chargé du recouvrement.

Procédure particulière de recouvrement forcé

I- L’avis à tiers détenteurs

L’avis à tiers détenteur (ATD) est une voie d’exécution spécifique du Trésor en
application de ses privilèges pour le recouvrement des créances publiques. Il
permet d’appréhender entre les mains de tiers qui les détiennent les sommes
appartenant ou devant revenir aux redevables à concurrence du montant des
créances dues.

1- Domaine d’application de l’ATD

1-1 Les créances: l’ATD s’applique pour le recouvrement de toutes les créances
publiques exigibles à la date de sa notification.

1-2 Les biens: l’ATD n’appréhende que les deniers. L’action en recouvrement
pour les valeurs mobilières ou les biens mobiliers est exécutée par voie de saisie.

L’ATD s’étend aux créances à termes ou conditionnelles que le redevable possède


à l’encontre des tiers détenteurs.
Les créances à termes sont celles payée à une échéance postérieure à la date de
notification de l’ATD (loyers, traites..).

Les créances conditionnelles sont celles tributaires de la réalisation d’une ou de


plusieurs conditions (salaires, marchés publics..).

1-3 Les personnes: l’ATD est appliqué à l’encontre des tiers détenteurs et les
dépositaires.

*les tiers détenteurs sont les comptables publics, les économes, les locataires,
les établissements de banque, les CCP, les mandataires chargés de recevoir le
prix de vente ou le loyer pour le compte d’un contribuable, les employeurs en leur
qualité de débiteurs de salaires ou de rente au profit des redevables.

*les dépositaires qui, en plus de leur qualité de tiers détenteurs, sont investis
d’une mission d’auxiliaire de justice.

En effet, ceux-ci sont tenus de payer directement les impôts et taxes dues par
les personnes dont ils détiennent les fonds avant de procéder à leur remise
même si le comptable chargé du recouvrement ne leur aurait fait aucune
demande. Les dépositaires sont:

Les liquidateurs judiciaires, les notaires, les avocats, les secrétaires-greffiers,


les huissiers de justice..

2-Caractéristiques de l’ATD

2-1 Forme et contenu de l’ATD : même si la forme et le contenu de l’ATD n’ont


pas été définis par le code de recouvrement, le comptable public adresse une
demande au tiers détenteur le mettant en demeure de payer la créance due par
le redevable. Cette demande comporte, outre les références au code de
recouvrement, les informations relatives aux parties concernées, à la nature de
la créance, à son montant et au coût de l’ATD.

2-2 Notification de l’ATD :

Préalables :

*en vue d’améliorer l’efficacité de son action, le comptable public est appelé à
recourir au droit de communication pour recueillir les renseignements
nécessaires sur la situation du redevable;
*l’ATD est soumis à l’autorisation du chef de l’administration dont relève le
comptable. Par ailleurs, ce dernier doit adresser un dernier avis sans frais au
redevable au moins 10 jours avant la notification de l’ATD.

*le redevable est informé par lettre de l’ATD appliqué à son encontre.

3- Effets de l’ATD

- L’ATD a pour effet l’attribution immédiate au Trésor des sommes détenues


par le tiers détenteur à concurrence du montant des créances dont le paiement
est requis. Cette attribution s’étend également aux créances à termes ou
conditionnelles que le redevable possède à l’encontre du tiers et quelle que soit la
date à laquelle ces créances deviennent exigibles.

- Dès réception de l’ATD, le tiers détenteur est tenu de verser sans délai les
fonds qu’il détient pour le compte du redevable et dans la limite des sommes
dues.

- Pour les créances à termes ou conditionnelles, l’ATD a un effet sur les


créances à venir jusqu’à paiement intégral des sommes dues par le redevable.

- Si le tiers détenteur n’obtempère pas à l’ATD, le comptable public peut


exécuter une action de recouvrement forcé à son encontre par les mêmes
moyens que le redevable lui-même, à l’exception du recours à la contrainte par
corps.

Pour cela, le comptable lui adresse une lettre de rappel valant dernier avis sans
frais.

4- Concours de l’ATD avec d’autres oppositions

Il y a concours lorsque les sommes détenues par le tiers ne suffisent pas à


désintéresser tous les créanciers et lorsque la notification de l’ATD a été
précédée par d’autres oppositions.

4-1 Concours entres ATD

- Si les ATD ont été notifiés à des dates différentes, il est fait application de la
règles « premier arrivé, premier servi »;
- Si les ATD notifiés concernent des créances jouissant de privilèges de même
rang, les sommes disponibles sont réparties entre les comptables au prorata des
créances dues;

- Si les créances concernées sont garanties par des privilèges de rang


différents, la répartition des sommes détenues se fera en respectant le rang de
chaque privilège ou en remettant lesdites sommes au secrétaire-greffier.

4-2 Concours entre ATD et autres oppositions

Le tiers détenteur dépose les sommes détenues par lui au greffe du tribunal de
1ère instance compétent pour distribution.

4-3 Mainlevée des ATD

Le comptable délivre, à hauteur du montant payé, une quittance à la partie


versante et une mainlevée totale ou partielle au tiers détenteur.

le comptable qui omet d’envoyer au tiers détenteur une mainlevée d’ATD alors
que les créances dues ont été recouvrées peut faire l’objet d’une action
judiciaire du contribuable si le tiers exécute l’ATD.

II- La contrainte par corps

La contrainte par corps constitue l’ultime recours du recouvrement des


créances publiques.

Il s’agit d’une détention préventive de liberté du redevable qui n’a pas pour
conséquence d’éteindre sa dette.

Cette procédure de recouvrement exceptionnelle ne devra être employée qu’à


l’encontre des débiteurs de mauvaise foi et récalcitrants. Le but étant d’amener
le redevable à se libérer de sa dette.

Le recouvrement par contrainte par corps n’est effectué qu’après épuisement


des voies d’exécution sur les biens du redevable.

1-Personnes assujetties:

il est fait recours à la contrainte par corps à l’encontre :


-des redevables dont l’insolvabilité n’est pas établie. Il s’agit de redevables
récalcitrants qui n’ont pas fait l’objet de PV de carence ni produit de certificat
d’indigence;

-des personnes convaincues d’avoir organisé leur insolvabilité, notamment ceux


qui ont fait l’objet de condamnation pénale pour fraude fiscale en matière
d’assiette ou de recouvrement);

-des personnes ayant mis un obstacle au recouvrement des créances publiques,


notamment par le refus de communiquer les renseignements demandés par le
comptable en vertu du droit de communication.

2- Personnes exclues:

*Sont définitivement exclus:

-les redevables âgés de 60 ans et plus;

-les tiers détenteurs ou dépositaires de fonds revenant aux redevables;

*sont provisoirement exclus:

-les redevables en liquidation judiciaire;

-les redevables âgés de moins de 20 ans;

-la femme enceinte et la femme qui allaite, dans la limite de deux années à
compter de la date d’accouchement;

-le mari et sa femme simultanément, même pour des dettes différentes.

Les personnes insolvables sont également exclues de l’application de la


contrainte par corps tant qu’elles ne sont pas revenues à meilleur fortune.

La contrainte par corps est également exclue pour les créances publiques dont
le montant est inférieur à huit milles DH.

3-Procédure de la contrainte par corps

La contrainte par corps est prononcée par un juge. Pour cela, le comptable
adresse une requête au tribunal après que celle-ci ait été dûment visée par le
chef de l’administration dont relève le comptable.
Cette requête est appuyée d’un extrait des rôles et de toutes les pièces
attestant que les diligences entreprises pour appréhender les biens du redevable
n’ont pas abouti.

Le juge statue sur la requête dans un délai de 30 jours et fixe la durée de


l’incarcération qui varie de 15 jours à 15 mois selon le montant des sommes dues.

La contrainte par corps est immédiatement applicable. Elle est mise en exécution
dès réception de la décision fixant la durée d’incarcération.

La contrainte par corps n’éteint pas la dette. Toutefois, le redevable concerné


peut en suspendre les effets soit en s’acquittant de la totalité de sa dette soit
en obtenant des facilités de paiement du comptable. Ces facilités consistent:

- au paiement d’au moins la moitié des sommes dues;

- Engagement par écrit de régler le reliquat dans un délai ne dépassant pas


3 mois avec constitution de garantie.

A part le cas de non respect de l’engagement précité, le redevable ne peut être


réincarcéré pour la même dette.

III- Les moyens complémentaires d’action en recouvrement: le droit


de communication

Le code de recouvrement a institué un droit de communication en faveur des


comptables chargés du recouvrement afin de leur faciliter la collecte des
renseignements relatifs à la situation des redevables et des tiers responsables
ou solidaires. Il peut être exercé durant toutes les phases de recouvrement des
créances publiques.

1-Champ d’application du droit de communication.

Le droit de communication s’exerce à l’égard:

- des administrations de l’Etat, des collectivités locales des établissements


publics et de tout autre organisme soumis au contrôle de l’Etat, sans opposition
du secret professionnel;

- des personnes physiques ou morales dont la profession autorise l’intervention


dans les opérations de tiers débiteurs.
Le droit de communication est toutefois limité puisqu’en ce qui concerne les
professions libérales, il ne peut porter sur la communication globale des dossiers
de leurs clients redevables de créances publiques.

Les instances ou personnes actionnées par le droit de communication doivent


communiquer au comptable public les informations demandées dans un délai de 15
jours à compter de la réception de la demande qui leur a été faite.

2- L’exercice du droit de communication

Il est exercé au moyen d’une demande sous pli recommandé avec accusé de
réception comportant les indications relatives :

désignation du comptable, identification du redevable, motifs justifiant la


demande d’information, références au texte autorisant le recours au droit de
communication, nature des renseignements et informations demandés, rappel des
sanctions en matière de droit de communication.

3- Sanctions du refus de communication

Deux types d’infraction sont prévues par le code de recouvrement:

-la non communication des informations demandées dans le délai prescrit est
passible d’une astreinte de 500 DH par jour de retard dans la limite de 50 000
DH;

-le refus de communication ou la communication de faux renseignements


constitue obstacle au recouvrement et expose son auteur au paiement d’une
amende (de 5000 à 100 000 DH) et/ou d’un emprisonnement de 1 à 2 ans.
Les suretés du Trésor

Pour garantir le paiement des sommes qui leur sont dues, les créanciers
disposent d’avantages sur les biens de leurs débiteurs.

Ainsi, pour le recouvrement des créances publiques, le Trésor dispose:

*du droit d’être payé avant les autres créanciers sur les biens meubles des
autres créanciers: c’est le privilège du Trésor;

*du droit d’affecter un immeuble en garantie du paiement des impôts et autres


créances publiques: c’est l’hypothèque du Trésor;

*de personnes qui sont solidairement tenues au paiement de l’impôt avec les
redevables.

I- Les privilèges
Aux termes des dispositions de l’article 1243 du Dahir des obligations et des
contrats (DOC) « le privilège est un droit de préférence que la loi accorde sur
les biens des débiteurs à raison de la cause de la créance ».

Le privilège peut être général lorsqu’il grève l’ensemble des biens du débiteur. Il
est spécial lorsqu’il ne porte que sur un bien déterminé.

Toutes les créances publiques sont garanties par un privilège du Trésor


auxquelles il demeure rattaché tant que lesdites créances ne sont pas prescrites.

les privilèges du Trésor garantissent le recouvrement du principal des


créances et de leurs accessoires (pénalités, amendes, frais de majoration et
frais de recouvrement forcé). On distingue:

Les privilèges des impôts et taxes;

Le privilège des autres créances publiques;

Le privilège des droits et taxes de douane;

Les privilèges des créances des collectivités locales.

1-1 Privilèges des impôts et taxes

Le Trésor jouit d’un privilège sur les biens meubles et autres effets mobiliers
(actions, droits d’auteurs, effets de commerce..) du redevable en quelque lieu
qu’ils se trouvent. Ce privilège s’étend également au matériel et aux
marchandises existant dans l’établissement imposé et affecté à son exploitation.

Les créances garanties par le privilège général sont la taxe professionnelle, la


taxe d’habitation, l’IR, la TVA, l’IS. Il s’exerce à compter de la date de mise en
recouvrement du rôle ou de l’état de produit.

En plus du privilège général, le Trésor dispose d’un privilège spécial qui s’exerce
sur les récoltes, fruits, loyers et revenus des immeubles imposés en quelques
mains qu’ils passent. Ce privilège est ainsi rattaché à la créance même en cas de
transfert de propriété. Il engendre un droit de suite qui s’explique par le fait
que l’impôt est considéré comme une charge de l’immeuble lui-même. Toutefois, le
privilège spécial est limité aux fruits de l’immeuble imposé.

1-2 Rang des privilèges des impôts et taxes


Les privilèges des impôts et taxes s’exercent avant tous les autres privilèges à
l’exception des privilèges ci-après:

-les frais funéraires;

-les frais de dernière maladie du redevable;

-les créances résultant de la dot de l’épouse et du don de consolation (mout’a),


ainsi que celles résultant de la pension alimentaire due à l’épouse, aux enfants et
aux parents;

-les frais de justice;

-le privilège accordé aux salariés;

-le privilège accordé au profit des ouvriers et fournisseurs de travaux publics;

-le privilège du créancier nanti.

1-3 Pour le recouvrement des créances autres que les impôts et taxes (produits
domaniaux, recettes perçues par ordres de recettes, ACP), le Trésor dispose
d’un privilège général sur les meubles et effets mobiliers du redevable. C’est un
privilège qui s’exerce à compter de la date d’émission de l’ordre de recette ou de
la date d’échéance de la créance.

Ce privilège général prend rang après les privilèges précités ainsi qu’après le
privilège des impôts et taxes.

1-4 Le privilège du Trésor pour le recouvrement des droits et taxes de douane


est primé par tous les privilèges précités ainsi que les privilèges garantissant le
recouvrement des impôts et taxes de l’Etat et des collectivités locales.

1-5 Les créances des collectivités locales et de leurs groupements bénéficient


de deux privilèges: l’un attaché aux impôts et taxes locaux, le second aux autres
créances.

Les collectivités locales ont un privilège qui vient immédiatement après celui de
l’Etat.

II- L’hypothèque

Comme tous les créanciers, le Trésor, créancier d’impôts et taxes, peut


exercer ses droits sur les biens immeubles des contribuables. Ce droit est
consacré par l’article 157 du dahir du 2 juin 1915 fixant la législation applicable
aux immeubles immatriculés qui définit l’hypothèque comme étant

« un droit réel immobilier sur les immeubles affectés à l’acquittement d’une


obligation ».

2-1 Caractéristiques de l’hypothèque du Trésor

- L’hypothèque du Trésor est une hypothèque légale car conférée par la loi. Elle
se distingue de l’hypothèque conventionnelle consentie au gré des parties et de
l’hypothèque forcée ordonnée par une décision de justice.

- Elle porte exclusivement sur les immeubles, alors que l’hypothèque en général
peut grever certains biens meubles tels que les navires bateaux..

2-2 Champ d’application

Le champ d’application de l’hypothèque du Trésor est déterminé compte tenu:

*des créances publiques garanties;

*des personnes dont les immeubles peuvent être affectés;

*des immeubles susceptibles d’en être grevés.

A- les créances garanties

Les créances garanties par l’hypothèque du Trésor sont

* les impôts directs et taxes assimilées de l’Etat ainsi que la TVA. Ils sont
garantis en principal et accessoires.

*les débets des comptables qu’ils soient juridictionnels (prononcés par arrêt du
juge des comptes suite à l’examen des comptes publics) ou administratifs
(prononcés par décision du ministre des finances, notamment après constatation
de déficits de caisse).

L’hypothèque du Trésor n’est valable que lorsque le montant des créances


garanties est supérieur ou égal à 20 000.00 dh.

Elle ne peut être inscrite qu’à partir de la date à laquelle le redevable encoure
une majoration de retard ou sans délai lorsque l’exigibilité est immédiate.
B- Personnes dont les immeubles peuvent être grevés de l’hypothèque du
Trésor

*les redevables inscrits au rôle (personnes physiques ou morales);

*les ayants droits des redevables inscrits au rôle. Il est à préciser que les
héritiers ne sont tenus de régler que leur part de la dette héréditaire.

C- Les immeubles assujettis

L’hypothèque du Trésor ne d’étend qu’aux biens appartenant au redevable de


l’impôt lui-même. Il s’agit notamment des fonds de terre bâtis ou non bâtis qui
sont dans le commerce et leurs accessoires réputés immeubles.

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