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RECOUVREMENT
MEMBRES DU GROUPE :
INTRODUCTION
Le contentieux du recouvrement
Le contentieux du recouvrement peut naître dans deux hypothèses :
Le redevable peut réclamer le remboursement de l'indue perception qu'il estime
avoir effectué à tort au profit de l'administration. Dans ce cas, il intente une
action en remboursement des droits. Cette partie ne donnera pas lieu à des
développements particuliers dès lors que sa mise en œuvre ne dépend que des
convenances personnelles du demandeur. En tout cas, dans le cadre de ce
contentieux, l'État n'agit qu'en défendeur.
Le redevable peut, pour des raisons diverses, s'opposer au paiement de l'impôt
mis à sa charge par l'administration des douanes. Si celle-ci dispose d'un titre
régulier et suffisant, elle procède par voie de contrainte (Section I) ou d'avis à
tiers détenteur (ATD)?! (Section II) au recouvrement forcé de sa créance. Le
litige naîtra alors de l'opposition du débiteur à la contrainte ou de l'ATD. En
l'absence d'un tel titre, l'administration des douanes saisit alors le juge d'une
action en paiement des droits.
«La contrainte est un acte administratif qui permet à l'administration des douanes, le
recouvrement de certaines de ses créances par une procédure simple et rapide, sans
avoir besoin d'engager une action en justice. La contrainte dûment signée a le caractère
de titre exécutoire;
elle a les effets d'un jugement civil rendu par défaut?12 ».
Elle est utilisée pour le recouvrement des créances qui correspondent à certaines
caractéristiques Ça peut par exemple être le cas d'une créance née; soit d'une
transaction signée librement et sans contrainte, soit des droits et taxes éludés ainsi que
des amendes fixées par une décision de justice. La mise en mouvement de la contrainte
répond à des règles de forme et de fond précises.
La question d'apparence banale est celle de savoir si l'administration des douanes peut
user de la contrainte pour obtenir du débiteur le paiement à son profit des seuls droits à
caractère fiscal ou si au contraire, elle peut s'en prévaloir pour obliger le redevable à
s'acquitter de tous les droits et taxes que cette administration est chargée de recouvrer.
Cette question pose en fait le problème des types. de créances visés par la contrainte
ainsi qu'en filigrane, celui des modalités de la mise en œuvre de cette prérogative
Aux termes de l'article deuxième 3-a de la loi 2009/018 précitée, après signification de
la contrainte, toute contestation de l'action en recouvrement par le redevable est
irrecevable. Cette position semble en retrait par rapport aux affirmations des articles
336 et 337 (2) CD qui admettent le principe des oppositions aux contraintes. Les
personnes contre lesquelles sont décernées des contraintes peuvent valablement former
opposition à leur exécution devant le tribunal d'instance218 dans le ressort duquel est
situé le bureau de douane où les contraintes ont été décernées. Cependant, il est
défendu à tous les juges, sous les peines de droit, de ne donner contre les contraintes
aucune défense ou surséance, qui seront nulles et de nul effet sauf les dommages et
intérêts de l'administration (article 350 CD).
Le code des douanes n'a posé aucune condition de forme au recours contre la
contrainte, mais « comme l'opposition [à la contrainte] implique l'ouverture d'un débat
public devant le tribunal d'instance, l'acte d'opposition doit comporter les mêmes
mentions que l'opposition à un jugement de défaut du tribunal d'instance et être notifié
conformément aux dispositions de l'article 341 du code des douanes, à l'agent qui
représente l'administration des douanes 219 ».
Aucun délai n'est imposé au redevable pour former opposition, tout laisse simplement
penser qu'elle peut intervenir à tous les stades de la procédure tant que la contrainte n'a
pas été exécutée. Il reste entendu que l'opposition n'est pas susceptible de suspendre
l'exécution de la contrainte (article 360-3 CD).
Pour faire échec à la contrainte. devant le juge, le redevable n'a pas une grande marge
de manœuvre.
L'avis à tiers détenteur (ATD) est une procédure propre au droit fiscal permettant
d'obtenir d'un tiers, débiteur ou détenteur d'une somme d'argent appartenant à un
redevable défaillant, qu'il acquitte aux lieu et place de celui-ci, dans la limite de ses
obligations, les créances privilégiées dues à l'administration?21
• Ainsi, lorsque le redevable d'un
impôt ne s'acquitte pas spontanément de sa dette, l'administration peut directement
passer au recouvrement des sommes dues sans avoir besoin de recourir au juge pour
obtenir un titre exécutoire. Elle dispose ainsi des modes de poursuite de droit commun,
mais surtout des voies d'exécution spécifiques telles que l'avis à tiers détenteur.
À la vérité, le code des douanes de la CEMAC n'a pas expressément prévu l'ATD
comme moyen de recouvrement de la créance douanière. La réglementation?
douanière l'a invoqué sans en préciser les modalités de mise en œuvre.
L'article L71 du code général des impôts du Cameroun dispose que les dépositaires,
détenteurs ou débiteurs des sommes appartenant ou devant revenir aux redevables
d'impôt, des pénalités et des frais accessoires dont le recouvrement est garanti par le
privilège du trésor sont tenus, sur demande qui leur en est faite sous forme d'ATD,
notifié par ie receveur des impôts, de verser en lieu et place des redevables fonds qu'ils
détiennent ou qu'ils doivent, à concurrence des impositions dues par ces recevables.
L'article 172 de ce même texte continue dans la même lancée en disant que l'ATD a
pour effet d'affecter, dès réception, les sommes dont le versement est demandé, au
paiement des impositions quelle que soit la date à laquelle les créances, même
conditionnelles ou à terme, que le . redevable possède à l'encontre du tiers détenteur,
deviennent
effectivement exigibles.
Comme nous pouvons le constater, l'ATD a pour effet d'aliéner à terme, les biens
d'autrui au profit du Trésor public. Une telle procédure peut compromettre les
équilibres financiers et conséquemment la vie d'une entreprise. C'est sans doute pour
cela que le législateur l'a enfermée dans les conditions de fond et de forme assez
rigoureuses.
L'ATD n'est mis en ceuvre que si la dette est liquide, et exigible et certaine. La créance
certaine est une créance hors de toute contestation, soit parce qu'elle repose sur une
déclaration ou un document établi par le redevable lui-même, soit parce qu'elle résulte
d'une constatation du service ne pouvant raisonnablement donner lieu à contestation?.
La liquidité implique que le montant de la créance ait été déterminé, même à titre
provisoire. La dette est exigible non seulement quand son terme est arrivé à échéance,
mais aussi quand le délai ouvert au redevable pour S'acquitter volontairement du
paiement est complètement écoulé. L'ATD n'est à ce titre mis en mouvement que si le
tiers saisi est détenteur d'une créance exigible par le redevable à la date où l'avis est
décerné.
La condition indispensable pour que l'ATD produise ses effets est qu'au moment de
son émission, le redevable défaillant soit lui-même propriétaire d'une créance détenue
par un tiers.
Par contre, l'ATD permet d'appréhender les sommes entre les mains de toute personne
débitrice d'une somme d'argent vis-à-vis d'un redevable.
Ainsi, l'ATD permet de saisir les comptes de dépôt et les comptes courants du
redevable, bien entendu à l'exclusion des sommes insaisissables ou reconnues comme
telles par la loi. Il permet aussi d'obtenir de l'employeur le versement entre les mains
du comptable public des sommes exigibles. L'employeur répond ici non pas comme
détenteur, mais en tant que débiteur d'une somme d'argent due au redevable qu'il
emploie. Il est alors débiteur de sommes à échéances successives et l'ATD permet
d'appréhender ce rapport juridique dans la limite des règles d'insaisissabilité, jusqu'à
paiement complet de la créance du Trésor.
L'ATD peut aussi être utilisé envers le comptable public. En effet, les comptables
publics y compris ceux chargés du recouvrement de la créance en cause, sont
susceptibles de détenir des fonds devant revenir au débiteur, et peuvent donc à ce titre
faire l'objet d'un ATD. De même, le Trésor public peut, par le jeu de l'ATD, saisir les
fonds sociaux détenus par les gérants, administrateurs, directeurs, ou liquidateurs de
sociétés de toutes formes, en paiement des créances privilégiées dues par ces sociétés
au redevable récalcitrant.
CONCLUSION