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REGIME GENERAL DES OBLIGATIONS – Cours de P.

GaïardoFICHES 2023-2024

LECON 1 : INTRODUCTION

RGO = manière dont les obligations se transmettent et s’éteignent, voir manière dont elles se
modifient au cours de leur vie. Peu importe la source (contrat, resp civile ou quasi contrat).

1101CC : contrat crée une obligation, les modifie/transmet/éteint =>RGO s’intéresse à la modif mais
surtout à la transmission et l’extinction de l’O.

La responsabilité extracontractuelle est également source d’obligations : la personne responsable est


obligée d’indemniser la victime de ce dommage ; pareil pour les quasi contrats (la gestion d’affaires,
le paiement de l’indu et l’enrichissement sans cause : cf 1300 à 1303-4CC) : dans certaines conditions,
le gérant doit être indemnisé par celui dont l’affaire a été utilement gérée, celui qui a reçu un
paiement indu doit le restituer, l’enrichissement injustifié au détriment d’autrui crée une obligation
de l’enrichi à l’égard de l’appauvri.

Réforme 10/02/2016 entrée en vigueur 01/10/2016 => new intitulé CC : « Du régime général des
obligations » = 1304 à 1352-9 CC.

Une obligation se définit comme « un lien de droit en vertu duquel le créancier peut exiger du
débiteur qu’il accomplisse une prestation en sa faveur »1.
La notion même d’obligation renvoie au fait d’accomplir quelque chose car le débiteur est tenu, il est
obligé de faire quelque chose ou de transférer la propriété d’un bien.

1
J. François, Les obligations – Régime général, 4e éd., Economica, Paris, 2017, §1, p. 1).
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LECON 2 : LE PAIEMENT

Une obligation lie un débiteur et un créancier : le débiteur de l’opération doit faire qq chose ou
transférer la propriété d’un bien au créancier. Ce faire quelque chose ou ce transfert de propriété est
ce que l’on nomme en droit le paiement.
1342CC : paiement = « l'exécution volontaire de la prestation due » => comprend toutes les formes
d’exécution volontaire d’obligation, même lorsqu’elles ne sont pas monétaires.

⇨ Le paiement concerne toutes les obligations qui s’éteignent grâce à lui : débiteur est libéré
par le paiement, même si son obligation est une obligation de faire ou de ne pas faire.

On ne demandera pas devant une juridiction le paiement d’une obligation de faire, mais que le
débiteur soit condamné à exécuter son obligation sous astreinte // si l’obligation est de sommes
d’argent, on demandera que le débiteur soit condamné à payer/verser, cette somme au créancier.
Dispositions spécifiques aux sommes d’argent, par ex en raison de l’inflation.

I. Les sujets du paiement

A. Le solvens
Le solvens est en principe le débiteur de l’obligation. Ex : le client est celui qui paie les 1000 euros
pour que soient changées ses fenêtres.
Cpdt 1342CC « le paiement peut être fait même par une personne qui n'y est pas tenue, sauf refus
légitime du créancier » (pas beaucoup d’exemples de refus légitime du créancier).
Le paiement par un tiers est également possible, par intention libérale notamment. C’est le parent qui
règle la dette de son enfant par ex, sans espérer pour autant que son enfant ne le rembourse.

B. L’accipiens
En ppe, l’accipiens, la personne qui est payée, doit être le créancier qui doit avoir la capacité de
contracter. A défaut, le paiement n’est pas valable.
Exceptions :

- 1342-2al1 : Le paiement peut être reçu par la personne désignée pour le recevoir. Ex :
paiement des parties via ls avocats => la remise des fonds du débiteur à son avocat n’est pas
libératoire, ce n’est que lorsque l’avocat du débiteur aura transféré les fonds à l’avocat du
créancier que le paiement sera valable. Civ. 3e, 26 mai 2009, publ. au Bull. : « le créancier ne
peut être réputé avoir reçu paiement aussi longtemps que la somme due n'est pas mise à sa
disposition par un transfert au sous-compte de son mandataire ouvert à la caisse de
règlement pécuniaire des avocats [CARPA] ».
- 1342-2 al2 : le paiement est valable si le créancier le ratifie ou s’il en a profité.
- 1342-2 al3 : le paiement fait à une personne incapable est valable si elle en a tiré profit.
- 1342-3 : le paiement fait de bonne foi à un créancier apparent est valable (théorie de
l’apparence) = dès lors qu’un débiteur peut croire légitimement payer le créancier, son
paiement est libératoire.
Plén., 13 décembre 1962, n°57-11.569. : « le mandant peut être engagé sur le fondement
d'un mandat apparent, même en l'absence d'une faute susceptible de lui être reprochée, si la

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croyance du tiers à l'étendue des pouvoirs du mandataire est légitime, ce caractère supposant
que les circonstances autorisaient le tiers à ne pas vérifier les limites exactes de ces pouvoirs »
= croyance légitime du tiers dans l’existence de ce mandat, donc le solvens doit ê de bonne
foi. Rappel : la bonne foi est présumée en droit français.

Dans certains cas, le solvens peut être une autre personne que le débiteur et l’accipiens peut ne pas
être le créancier = le paiement à une autre personne que le créancier peut malgré tout être
libératoire pour le débiteur.

II. L’objet du paiement

A. L’indivisibilité du paiement

Le créancier a le droit d’être payé de la totalité de sa créance. Le débiteur est en effet obligé de le
payer.
1342-4CC : « le créancier peut refuser un paiement partiel même si la prestation est divisible » : règle
qui joue pour les O de paiements // pour les O de faire ou de ne pas faire le créancier est contraint
d’accepter des paiements partiels successifs (ex : l’entrepreneur qui change les fenêtres enlève les
anciennes, puis créé un nouveau cadre,..).

B. L’imputation des paiements

⮚ Si une seule dette et que le créancier accepte d’ê payé partiellement, « le paiement partiel
s'impute d'abord sur les intérêts » (1343-1) => ne pas permettre au débiteur de réduire sa
dette de telle manière qu’il n’aura plus à payer d’intérêt sur celle-ci.
Com., 28 janvier 1997, n°94-19.347 : si la dette payée est partiellement garantie, la
jurisprudence pose que le paiement partiel doit s’imputer sur la portion non garantie.
⮚ S’il y a pluralité de dettes, le principe est que « le débiteur de plusieurs dettes peut indiquer,
lorsqu'il paie, celle qu'il entend acquitter » (1342-10). « [A] défaut d'indication par le débiteur,
l'imputation a lieu comme suit : d'abord sur les dettes échues ; parmi celles-ci, sur les dettes
que le débiteur avait le plus d'intérêt d'acquitter. A égalité d'intérêt, l'imputation se fait sur la
plus ancienne ; toutes choses égales, elle se fait proportionnellement » (al2) => créancier a
l’obligation d’accepter un paiement partiel si les dettes sont multiples et relèvent du « toutes
choses égales » = exception à l’indivisibilité du paiement / les dettes échues (= celles qui
doivent être payées/sont exigibles - et non celles qui devront être payées plus tard) sont
payées en priorité / intérêt du débiteur qui prime : dette éteinte est celle qui a le plus
d’intérêt pour lui, souvent donc celle qui augmente le plus par le jeu des intérêts.

C. L’indexation

1343al2 : « le montant de la somme due peut varier par le jeu de l'indexation ».

L. 112-2 code monétaire et financier : certains indices sont interdits, comme les indices prenant
comme base le SMIC => faire augmenter le prix en fonction du SMIC, lui-même étant augmenté

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régulièrement pour palier l’inflation, revient à faire augmenter le prix en se basant sur l’inflation =
autoriser de telles clauses aurait donc pour effet d’encourager l’inflation.
Les clauses d’indexation, pour être valables, doivent être en « relation directe avec l'objet du statut
ou de la convention ou avec l'activité de l'une des parties » : par ex possible d’indexer le prix d’un
contrat d’entreprise dans le cadre de la construction d’un bâtiment en se fondant sur l’indice INSEE
du coût de la construction.

Com., 3 novembre 1988, publ. au Bull., n°87-10.043. : Si l’indice choisi est irrégulier, la sanction est la
nullité absolue.
En revanche, seule la clause relative à l’indice est annulée, ce qui implique qu’il s’agit en principe
d’une nullité partielle. Civ. 3e, 24 juin 1971, publ. au Bull., n°70-11.730 : par exception, la nullité de la
convention en entier est encourue lorsque la clause illicite a été dans l'intention des parties une
condition essentielle de leur accord de volontés et que sa suppression aurait pour effet de
bouleverser l'économie du contrat.

Civ. 1re, 9 novembre 1981, publ. au Bull., n°80-11.060. : juge peut décider, après avoir jugé que
l’indice choisi par les parties était illicite, de lui substituer un nouvel indice licite dès lors qu’il est
conforme à la volonté des parties.
Si l’indice choisi se révèle inapplicable ou qu’il n’existe pas : 1167CC = « lorsque le prix ou tout autre
élément du contrat doit être déterminé par référence à un indice qui n'existe pas ou a cessé d'exister
ou d'être accessible, celui-ci est remplacé par l'indice qui s'en rapproche le plus ».
🡺L’idée est dès lors plutôt d’essayer de sauver l’indexation lorsqu’elle a été voulue par les parties, en
permettant au juge d’appliquer un indice qui existe/est applicable/est licite.

III. La preuve du paiement


La preuve du paiement se fait par tout moyen depuis Ccass° 2004.

Paiement est un acte juridique ? Les actes juridiques sont désormais définis comme « des
manifestations de volonté destinées à produire des effets de droit » => le paiement manifeste la
volonté du solvens d’éteindre une obligation. Formule du Pr François, « [d]ans cette vue, le paiement
est considéré comme une convention extinctive passée entre le débiteur, qui offre la prestation due, et
le créancier, qui la reçoit » => cela implique que le paiement devrait être prouvé par écrit s’il est
supérieur à 1500 euros.
//Thèse contraire Pre Catala : le paiement pris sous l’angle de l’extinction des obligations est toujours
un fait juridique (et non un acte juridique) dès lors qu’il est un effet que la loi attache à un fait du
solvens : l’exécution de l’obligation du créancier => thèse retenue depuis réforme 2016 = preuve par
tout moyen admise.

IV. La mise en demeure du créancier


Cas de refus d’ê payé de la part du créancier, ce qui peut nuire aux intérêts du débiteur notamment
s’il y a des intérêts qui augmentent quotidiennement : 1345 = le débiteur peut mettre en demeure le
créancier d’accepter le paiement ou de permettre l’exécution de l’obligation, a pour effet d’arrêter le
cours des intérêts et de mettre le risque de la chose à la charge du créancier .
2 mois après la mise en demeure du créancier, le débiteur est en ppe libéré de son obligation :

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- obligations de somme d’argent : le débiteur doit consigner la somme à la Caisse des dépôts et
consignations.
- obligations de livrer une chose : doit la séquestrer auprès d’un gardien professionnel. Si
impossible ou trop onéreux, juge peut autoriser vente amiable ou aux enchères publiques,
somme est alors consignée auprès de la Caisse des dépôts et des consignations.

LECON 3 : LA COMPENSATION

1347CC : compensation = « extinction simultanée d'obligations réciproques entre deux personnes ».


Le mécanisme de la compensation permet donc d’éviter de passer par le paiement volontaire tout en
permettant aux créanciers et débiteurs d’être satisfaits.

I. La compensation légale

A. Les conditions relatives aux créances compensées

Il ne peut y avoir compensation que si les personnes sont à la fois débitrice et créancière l’une de
l’autre. Ex : Marie doit 30€ à Pierre et Pierre doit 30€ à Marie => extinctions de leurs O. Si Marie doit
40€ elle devra le reliquat à Pierre.
1345-1al1CC : « sous réserve des dispositions prévues à la sous-section suivante, la compensation n'a
lieu qu'entre deux obligations fongibles, certaines, liquides et exigibles » :

- Fongibles = « qualité des choses qui appartiennent au même genre, sont interchangeables,
pouvant se remplacer indifféremment les unes par rapport aux autres » (1kg blé = 1kg d’autre
blé).
1347-2CC : « [s]ont fongibles les obligations de somme d'argent, même en différentes devises,
pourvu qu'elles soient convertibles ».
- Certaines = des créances contestées ou dont il n’est pas certain qu’elles naîtront ne doivent
pas pouvoir faire l’objet d’une compensation.
- Liquides : « état d’une créance lorsque son montant est précisément connu, déterminé dans
sa quotité, en d’autres termes, chiffré ». Ne doit pas y avoir l’intervention d’un tiers pour que
la créance soit déterminée dans son montant, dans les créances de somme d’argent cela
revient à dire que le montant à verser doit pouvoir être fixé indépendamment de la volonté
des parties. En matière contractuelle, le montant de la créance doit donc être déterminé ou
déterminable.
- Exigibles : Le créancier peut exiger immédiatement le paiement, ce qui signifie que le
débiteur ne peut lui opposer un terme.
Exception : compensation peut avoir lieu si le report de l’exigibilité prend sa source dans un
délai de grâce (= délai accordé au débiteur pour exécuter une O) : « [l]e délai de grâce ne fait
pas obstacle à la compensation » (1347-3 CC) + 1342-2 : la compensation ne peut opérer avec
des créances insaisissables (notamment les créances alimentaires) / les obligations de
restitution d’un dépôt, d’un prêt à usage ou d’une chose dont le propriétaire a été
injustement privé ne sont pas compensables.

A. L’invocation de la compensation
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1347al2 : la compensation « s’opère, sous réserve d’être invoquée, à due concurrence, à la date où ses
conditions se trouvent réunies » = compensation doit être invoquée pour qu’elle ait lieu.

1. Les conditions pour invoquer la compensation

Ppe : la compensation a lieu à la date où ses conditions se trouvent réunies. Ex : si les conditions de la
compensation sont réunies le 2 janvier 2023, et que Pierre l’invoque le 5 avril 2023, la compensation
opère le 2 janvier 2023.
Exc° : la compensation peut être invoquée par le bénéficiaire d’un terme s’il est stipulé dans son
intérêt exclusif. 1305-3CC : « [l]a partie au bénéfice exclusif de qui le terme a été fixé peut y renoncer
sans le consentement de l'autre » = renonçant au terme stipulé à son bénéfice exclusif, le débiteur
d’une obligation non échue peut la rendre exigible et invoquer la compensation de sa créance.

2. Les personnes pouvant invoquer la compensation

Ppe : seul l’un des deux créanciers ou son mandataire peut invoquer la compensation.
Exc° : la compensation peut être invoquée par la caution2 ou par le codébiteur solidaire (1347-6CC).
Le droit vient donc protéger ceux qui sont susceptibles d’être appelés à payer une dette qui devrait
être éteinte puisque les conditions de la compensation sont remplies. 1315CC : « lorsqu'une exception
personnelle à un autre codébiteur éteint la part divise de celui-ci, notamment en cas de compensation
ou de remise de dette, il peut s'en prévaloir pour la faire déduire du total de la dette ».
Ex : Pierre et Jean sont codébiteurs d’une somme de 60€ à l’égard de Marie et Marie est débitrice
d’une somme de 30€ à l’égard de Pierre => Jean peut invoquer la compensation de la dette de Pierre
avec Marie et voir la dette réduite à hauteur de 30€ - solidarité passive : Marie pourra toujours
demander le paiement des 30€ restants à Pierre ET Jean. // s’ils ont convenus de contribuer à la dette
pour 30€ chacun, Jean devra être celui qui supportera le paiement de la dette restante (30€) =>
Marie pourra donc agir à l’encontre de Pierre pour les 30€ restants, mais Pierre pourra agir à
l’encontre de Jean pour être remboursé de cette somme.

B. Les effets de la compensation

La compensation s’opère au jour où les conditions sont réunies, et non pas au jour de l’invocation de
la compensation.
Cela implique notamment que la compensation peut être invoquée postérieurement à l’ouverture
d’une procédure collective si les conditions étaient réunies antérieurement. Dans un tel cas, la Cour
de cassation juge même que le créancier n’a pas à déclarer sa créance. En revanche, si les conditions
ne sont pas réunies, le créancier devra déclarer sa créance (Com., 17 mai 1994 ; Com., 29 novembre
1998).

II. La compensation judiciaire

1348CC : « [l]a compensation peut être prononcée en justice, même si l'une des obligations, quoique
certaine, n'est pas encore liquide ou exigible. A moins qu'il n'en soit décidé autrement, la
compensation produit alors ses effets à la date de la décision » = juge peut compenser des créances
qui ne remplissent pas certaines conditions nécessaires à la compensation légale.
Conditions compensation judiciaire :

2
Pers qui s’engage envers le créancier à satisfaire l’exécution de l’O si le débiteur ne la satisfait pas lui-même.
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- que les obligations soient réciproques et puissent dès lors s’éteindre mutuellement
- qu’elles soient certaines

En revanche, les obligations peuvent ne pas être liquides ou exigibles. Le juge ne peut pas remettre
en cause un terme prévu par les parties mais peut décider par avance que des dettes se
compenseront au fur et à mesure.
Les juges peuvent liquider les obligations cad fixer leur montant et, dans le dispositif de leur décision,
juger que ces obligations dont les montants sont désormais déterminés doivent se compenser.

III. La compensation des dettes connexes

Permet de garantir le paiement d’une dette dans le cas où elle est née d’un rapport synallagmatique.

1. La notion de connexité

Les obligations connexes trouvent leur source l’une dans l’autre = c’est leur réciprocité qui cause leur
existence. Ex : l’indemnité d’occupation due par le locataire après la résiliation de son bail est
connexe avec l’indemnité d’éviction due par le bailleur => ces deux obligations trouvent leur source
dans un même rapport juridique.
Par exception, les parties peuvent convenir de rendre connexes des créances qui ne le sont pas
naturellement.

2. Les effets de la connexité

La connexité des obligations a trois effets principaux :

⮚ 1348-1CC : « [l]e juge ne peut refuser de compenser des dettes connexes au seul motif que
l’une des obligations ne serait pas liquide ou exigible » = au contraire de la compensation
judiciaire classique, juge peut ê contraint d’ordonner la compensation. la compensation
s’opère alors au jour de l’exigibilité de la première des créances connexes.
⮚ 1348-1al3CC : « l'acquisition de droits par un tiers sur l'une des obligations n'empêche pas son
débiteur d'opposer la compensation » = saisie de la créance par un tiers ou transfert de la
créance, notamment par cession de créance, n’empêchera pas la compensation des dettes
connexes.
⮚ L’ouverture d’une procédure collective n’empêche pas la compensation des dettes connexes,
à la condition que la créance déclare sa créance à la procédure collective (Com., 21 février
2012, publ. au Bull., n°11-18.027) => connexité a pour effet de paralyser l’interdiction des
paiements par les débiteurs en cas de procédure collective.

IV. La compensation conventionnelle

1348-2 CCOM : « [l]es parties peuvent librement convenir d'éteindre toutes obligations réciproques,
présentes ou futures, par une compensation ; celle-ci prend effet à la date de leur accord ou, s'il s'agit
d'obligations futures, à celle de leur coexistence » = résulte de la volonté des parties qui, en y
consentant, peuvent décider d’éteindre des créances réciproques = exercice par les parties de leur
liberté contractuelle.

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LECON 4 : L’OBLIGATION PLURALE


Pluralité de sujets – Pluralité d’objets

Depuis ordo 2016, distinction entre pluralité de sujets et d’objets.


L’obligation a une pluralité de sujets lorsque plusieurs créanciers ou plusieurs débiteurs sont
susceptibles d’être payés ou d’être tenus de payer // Pluralité d’objets désigne des obligations
particulières qui comprennent plusieurs prestations.

I. La pluralité de sujets de l’obligation

3 situations possibles :
● S’il y a plusieurs débiteurs et un seul créancier (pluralité de sujets passifs de l’obligation et
unicité du sujet actif de l’obligation) ;
● S’il y a plusieurs créanciers et un seul débiteur (pluralité de sujets actifs de l’obligation et
unicité du sujet passif de l’obligation) ;
● S’il y a plusieurs créanciers et plusieurs débiteurs de l’obligation (pluralité de sujets actifs et
passifs de l’obligation).

A. L’obligation se divisant de plein droit (ppe)

1309CC : « l’obligation qui lie plusieurs créanciers ou débiteurs se divise de plein droit entre eux » =
chaque débiteur n’est tenu que pour sa part, et chaque créancier n’a droit au paiement que de sa
part.
Il est très rare que l’obligation soit plurale dès sa naissance. C’est plutôt une obligation qui devient
plurale après un événement particulier, notamment un décès : la dette de la personne décédée (le de
cujus) se divise de plein droit entre les héritiers, le créancier ne peut donc poursuivre chaque héritier
que pour sa part héréditaire dans la dette (pas forcément parts égales en matière de dette issue
d’une succession).

B. L’obligation solidaire

1310CC : solidarité ne se présume pas => source est forcément légale ou conventionnelle.
En matière commerciale, les parties doivent manifester leur volonté de l’exclure.

Solidarité active = solidarité entre plusieurs créanciers.


1311CC : chacun des créanciers peut recevoir le paiement de toute la créance, le débiteur est donc
libre de payer n’importe lequel des créanciers. Le créancier qui a été payé de la totalité de la créance
doit ensuite partager avec les autres créanciers : « doit compte aux autres ».

Solidarité passive = solidarité entre plusieurs débiteurs.


1313CC : oblige chacun d’eux à toute la dette, créancier peut demander à n’importe lequel des
débiteurs le paiement de l’intégralité de la dette. Le débiteur ayant payé la dette dispose alors d’un
recours à l’encontre des codébiteurs pour demander remboursement du surplus qu’il a payé.

*Obligation à la dette : chaque débiteur est tenu de payer bien qu’il n’existe qu’une seule et unique
dette = pluralité de liens obligatoires mais unicité de l’obligation due.

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Débiteur peut invoquer des exceptions (= moyens de défense opposables au créancier), 1315CC
distingue exception commune inhérente à la dette // exception personnelle :

- Exceptions communes peuvent ê invoquées par tous les débiteurs (élément constitutif de la
dette manquant, dette illicite, déjà éteinte,…).
- Exceptions personnelles : purement personnelles lorsqu’elles n’ont pas pour effet de libérer
un codébiteur (octroi d’un terme par exemple), les codébiteurs solidaires ne peuvent s’en
prévaloir // simplement personnelles si elles ont pour effet de libérer le débiteur, les
codébiteurs peuvent alors se prévaloir de cette libération partielle et diminuer en
conséquence la dette à payer (remise de dette consentie par le créancier à l’un de ses
codébiteurs solidaires par ex).

2245CC : l’acte interruptif de prescription fait à l’un des codébiteurs solidaires a un effet interruptif à
l’égard de tous les codébiteurs solidaires.
1314CC : mise en demeure de l’un des codébiteurs solidaires qui fait courir les intérêts moratoires à
l’égard de tous.

*≠ Contribution à la dette :
Lorsqu’un codébiteur solidaire a payé toute la dette, il dispose d’un recours à l’encontre des autres
codébiteurs (1317al2CC). En effet, s’il doit payer pour le tout le créancier, il n’est tenu que pour par sa
part en tant que débiteur final. Ce recours est personnel, ce qui implique qu’il est dépourvu de
sûretés, qu’il s’exerce à titre chirographaire. Le débiteur qui a payé la totalité de la dette dispose
également d’un recours subrogatoire.
1317CC : « [e]ntre eux, les codébiteurs solidaires ne contribuent à la dette que chacun pour sa part » =
ppe. Cpdt, les codébiteurs ne peuvent être tenus de payer ce qui ne les concerne pas (1318CC), ou
être tenus de supporter la charge d’une inexécution qui n’est pas de leur fait (1319CC).
En cas d’insolvabilité d’un codébiteur, la dette est supportée par tous les autres (1317 al3CC).

*La cessation des effets de la solidarité :


La solidarité cesse dans au moins trois cas :

⮚ Si les parties se mettent d’accord pour que l’obligation devienne conjointe, à tout le moins
lorsque la source de la solidarité est contractuelle.
⮚ En cas de remise de solidarité par le créancier : « le créancier, sans remettre la dette, renonce
pour l’avenir à la considérer comme solidaire ».
1316CC : cas d’un paiement partiel par un débiteur solidaire qui est accompagné d’une
remise de solidarité consentie par le créancier => le débiteur qui a payé est déchargé de sa
dette ET de la solidarité passive qui était susceptible de l’obliger à avoir à payer le tout. Les
autres restent tenus solidairement à payer toute la dette, mais il faut alors en déduire le
montant payé par l’ancien débiteur solidaire aujourd’hui libéré.
⮚ Dans le cas du décès du débiteur solidaire, ses héritiers ne sont pas tenus solidairement avec
les autres codébiteurs solidaires : la dette se divise de plein droit sans qu’ils ne puissent être
tenus à payer le tout => les héritiers « ne sont tenus que dans la proportion de leurs parts
héréditaires ».

C. L’obligation in solidum

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Concerne ppalement la RC. But = obliger les personnes tenues pour resp d’un dommage à indemniser
la victime pour le tout, à la charge pour celle qui a payé de se retourner contre les autres payeurs =
garantie donnée à la victime d’ê payée même si insolvabilité d’un co-responsable. Garantie s’étend
d’ailleurs à l’assureur du responsable qui est condamné in solidum avec son assuré à indemniser la
victime.
Oblige son débiteur à payer le tt puis peut se retourner contre les codébiteurs.
Mise en demeure et acte interruptif de prescription n’ont aucun effet sur les autres débiteurs.
Recours du codébiteur in solidum est avant tout subrogatoire, mais également possibilité de recours
personnel depuis Civ. 1re, 7 juin 1977, Bull. civ. I, n°266, n°76-10.143.

D. L’obligation à prestation indivisible

L’indivisibilité de l’obligation peut être naturelle (lorsque la prestation due en vertu de l’obligation ne
peut être exécutée qu’en totalité) ou contractuelle (lorsque les parties stipulent que l’obligation sera
indivisible afin de bénéficier des effets de l’indivisibilité). Fait partie de la pluralité de sujets alors que
c’est l’objet de l’O qui est indivisible : c’est la qualité d’indivisibilité de l’objet de l’obligation qui se
répercute sur la pluralité des sujets tenus par cette obligation.
En cas de pluralité de créanciers, l’un d’entre eux peut réclamer le paiement intégral. // En cas de
pluralité de débiteurs, chaque débiteur est tenu pour le tout => ce sont donc bien les sujets de
l’obligation qui sont avant tout concernés lorsqu’ils sont confrontés à une obligation à prestation
indivisible.

1. L’indivisibilité active

1320al1CC : « [c]hacun des créanciers d'une obligation à prestation indivisible, par nature ou par
contrat, peut en exiger et en recevoir le paiement intégral, sauf à rendre compte aux autres » = si la
prestation ne peut pas ê partagée, le créancier qui aura obtenu le paiement intégral devra donner
leur part aux autres créanciers.
Le créancier « ne peut seul disposer de la créance ni recevoir le prix au lieu de la chose » = le créancier
peut certes demander le paiement intégral de la créance mais cela ne signifie pas pour autant qu’il
puisse en disposer alors que d’autres créanciers disposent eux-mêmes de droits sur cette créance //
le prix au lieu de la chose devient divisible donc partage créanciers possible/si l’indivisibilité était
stipulée pour une dette de somme d’argent il ne peut y avoir remplacement de la chose par son prix,
et le créancier doit donc pouvoir demander à être payé de la totalité de l’obligation monétaire puis
partage.

2. L’indivisibilité passive

1320al2CC : « [c]hacun des débiteurs d'une telle obligation en est tenu pour le tout ; mais il a ses
recours en contribution contre les autres » = lorsque plusieurs débiteurs sont tenus d’une obligation à
prestation indivisible, chacun d’entre eux est tenu pour le tout, ce qui implique que le débiteur peut
être condamné à payer l’intégralité de la créance.
L’effet principal de l’indivisibilité passive est donc le même que celui de la solidarité passive. Mais, au
contraire de la solidarité passive, l’indivisibilité est maintenue entre les héritiers d’un débiteur d’une
obligation à prestation indivisible.

II. Les modalités relatives à l’objet de l’obligation


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A. L’obligation cumulative

1306CC : « l’obligation est cumulative lorsqu’elle a pour objet plusieurs prestations et que seule
l’exécution de la totalité de celles-ci libère le débiteur » = une unique obligation peut obliger le
débiteur à exécuter plusieurs prestations.

B. L’obligation alternative

1307CC : « [l]'obligation est alternative lorsqu'elle a pour objet plusieurs prestations et que l'exécution
de l'une d'elles libère le débiteur » = le débiteur peut exécuter l’une ou l’autre des prestations. Ex : le
transporteur peut être tenu d’une obligation alternative s’il s’engage à livrer un bien par transport
aérien ou par route.
Le choix appartient au débiteur (1307-1al1) mais s’il ne le fait pas le créancier peut le faire à sa place
ou résoudre le contrat (1307-1al2), s’il fait le choix à sa place le débiteur ne sera plus tenu que par
une prestation. En l’absence de choix, le débiteur est libéré si toutes les prestations deviennent
impossibles par la FM (1307-4).
Si un choix a été fait, le débiteur n’est plus tenu que de la prestation choisie, ce qui implique qu'il est
libéré en cas de FM empêchant l’exécution de ladite prestation (1307-3).

C. L’obligation facultative

1308al1CC : « [l]'obligation est facultative lorsqu'elle a pour objet une certaine prestation mais que le
débiteur a la faculté, pour se libérer, d'en fournir une autre » = ressemble bcp à l’obligation alternative
puisque le débiteur peut choisir la prestation, ce que le créancier a nécessairement accepté.
Cpdt ≠ O alternative car si impossibilité d’exécuter la prestation première pour FM libère le débiteur
même si faculté d’exécuter une prestation secondaire.

LECON 5 : LA CESSION DE CREANCE

1321al1CC : cession de créance = « un contrat par lequel le créancier cédant transmet, à titre onéreux
ou gratuit, tout ou partie de sa créance contre le débiteur cédé à un tiers appelé le cessionnaire » :

- Créancier qui cède son O = cédant


- Débiteur = cédé
- Tiers qui acquiert la créance = cessionnaire

Cession de créance est un contrat ayant pour objet une O, conclu entre cédant et cessionnaire (cédé
n’est pas partie). Exc° : la créance stipulée incessible ne peut être cédée qu’avec le consentement du
débiteur.

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Pour le créancier, la cession de créance emporte aliénation3/ transfert de sa créance//cessionnaire


acquiert un créance et devient créancier du débiteur cédé => cession de créance est un contrat
translatif de propriété de l’O.

I. Les conditions de la cession de créance

A. Les conditions de fond de la cession de créance

1. Cession de créance à titre onéreux ou gratuit

Peut ê à titre onéreux ou gratuit = onérosité n’est donc pas une condition de fond.
≠ subrogation (cf chapitre suivant)

2. Créances présentes ou futures

1321CC : cession de créance peut porter sur des créances présentes ou des créances futures.
Juges estiment qu’une créance est cessible dès lors qu’elle existe en son principe, ce qui suppose que
l’acte ou le fait générateur de la créance soit déjà intervenu => créances futures sont en principe
admises. Civ. 1re, 20 mars 2001, Bull. civ. I., n°76 : les créances éventuelles peuvent faire l’objet d’une
cession.

3. Créance déterminée ou déterminable

Pour être valable, la cession de créance doit porter sur une créance déterminée ou déterminable =
application du ppe général de détermination de l’objet de l’obligation dans les contrats au contrat
spécial de cession de créance.
1163al2CC : l’obligation « doit être possible et déterminée ou déterminable »
1321CC : la créance cédée doit être déterminée ou déterminable pour que le contrat de cession de
créance soit valable.

Créance déterminable = il faut que son montant (ou que son objet dans le cas d’une O non
monétaire) puisse être déterminé sans référence à la volonté des parties + connaître son débiteur.

B. Les conditions de forme de la cession

1322CC : « [l]a cession de créance doit être constatée par écrit, à peine de nullité ».
Si la cession de créance est à titre onéreux, elle peut être conclue par un acte sous seing privé ou par
acte notarié. // Si la cession de créance est à titre gratuit, elle doit en principe être passée devant
notaire sous peine de nullité (application 931CC).

II. Les effets de la cession de créance

A. Les effets de la cession de créance à l’égard des parties

3
Transmission volontaire d’un bien par laquelle l’aliénateur renonce à son droit de propriété au profit de
l’acquéreur.
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La cession a pour effet de transférer la créance du cédant au cessionnaire / le cédant est tenu de
garantir l’existence de sa créance et de ses accessoires.

1. Le transfert de la créance

1321CC : la cession de créance est un contrat par lequel le créancier « transmet, à titre gratuit ou
onéreux, tout ou partie de sa créance contre le débiteur cédé ». Cet effet translatif de la cession est
l’objet même du mécanisme de la cession de créance : le créancier perd sa qualité de créancier qu’il
confère dorénavant à une personne qui le remplace appelée cessionnaire.

La créance est cédée telle qu’elle est cad elle porte sur son principal et sur ses accessoires, cela
signifie que la créance est transmise avec les sûretés qui la garantissent.
L’action en résolution dont était titulaire le créancier est comprises dans les accessoires. Cpdt, si la
créance est issue d’un contrat dans lequel le créancier cédant a toujours la qualité de cocontractant,
et
notamment lorsqu’il n’est pas libéré de ses propres obligations pour l’avenir à l’égard du débiteur
cédé, le cessionnaire ne pourra agir en résolution (par exemple, la cession d’une créance issue d’un
bail liant toujours le créancier cédant et le débiteur cédé).

1323CC : la cession prend effet au jour de l’acte.


Depuis 2022, le transfert des créances présentes ou futures s’opère au jour de la conclusion du
contrat. Pour les créances futures, cela permet de protéger le 1er cessionnaire car si la créance n’est
réellement cédée qu’à sa naissance le cédant peut céder à d’autres donc conflit entre cessionnaires
=> 1325CC «le concours entre cessionnaires successifs d'une créance se résout en faveur du premier
en date ; il dispose d'un recours contre celui auquel le débiteur aurait fait un paiement » = 1er
cessionnaire est prioritaire et peut agir à l’encontre d’un cessionnaire postérieur qui aurait reçu
paiement de la part du débiteur cédé.

2. L’obligation de garantie de la créance

1326CC : « [c]elui qui cède une créance à titre onéreux garantit l'existence de la créance et de ses
accessoires, à moins que le cessionnaire l'ait acquise à ses risques et périls ou qu'il ait connu le
caractère incertain de la créance » = le cédant doit s’assurer qu’au jour de la cession de la créance, le
débiteur cédé était bien tenu de le payer + que les sûretés attachées à la créance existent bien. // A
défaut, le cessionnaire pourra lui demander de le garantir du paiement de la créance (cad qu’il
appartiendra au créancier cédant de payer en lieu et place du débiteur cédé) + dder des DI + jp a
admis résolution de la
cession pour inexécution du contrat, notamment en cas d’inexistence d’une sûreté.
Cette obligation de garantie de l’existence de la créance n’est pas d’ordre public et peut être écartée
par les parties dans le contrat de cession de créance.
Créancier cédant peut aussi garantir la solvabilité de son débiteur = garantie supplémentaire pour le
cessionnaire qui est alors assuré qu’en cas de défaut de paiement par le débiteur cédé, il pourra se
retourner contre le cédant pour être payé de la créance.
1326CC : la garantie de solvabilité ne s’étend que « jusqu'à concurrence du prix qu'il a pu retirer de la
cession de sa créance » = le cédant, que ce soit pour les créances présentes ou futures, ne peut pas
être tenus de rembourser plus que ce qu’il a été payé par le cessionnaire. Cette disposition est à
première vue d’ordre public et ne peut donc être écartée par la volonté des parties.

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C. Les effets à l’égard du débiteur cédé

1. L’opposabilité de la cession au débiteur cédé

1324CC : « [l]a cession n'est opposable au débiteur, s'il n'y a déjà consenti, que si elle lui a été notifiée
ou s'il en a pris acte » = à l’égard du débiteur cédé, la cession de créance ne prend effet véritablement
qu’au jour où elle lui devient opposable => tant que le débiteur n’a pas été notifié ou qu’il a pris acte
de la cession de créance, il peut être valablement libéré en payant le créancier cédant. En effet, il est
réputé ne pas savoir que la cession a eu lieu, ce qui implique qu’il n’est pas contraint de payer son
nouveau créancier.

a. Notification du débiteur cédé

= tout acte susceptible de démontrer que le débiteur a été mis au courant de la cession.
Cédant ou cessionnaire peuvent notifier, voir tiers intéressé (caution par ex), pas nécessaire que le
contrat de cession de créance soit joint à la notification mais au moins coordonnées new créancier.

b. Prise d’acte du débiteur cédé

Il s’agira, comme pour la subrogation, de réussir à démontrer que le débiteur a été mis au courant de
la cession de créance et qu’il a décidé de se comporter en conséquence = sa simple connaissance ne
suffit pas : il faut des actes de la part du débiteur cédé manifestant sa volonté de considérer le
cessionnaire comme son nouveau créancier.

2. La neutralité de la cession à l’égard du débiteur cédé

La cession de créance doit être neutre pour le débiteur cédé, qu’il doit pouvoir agir comme si le
changement de créancier n’avait aucune incidence pour lui autrement que la substitution d’un
créancier pour un autre.

a. L’opposabilité des exceptions

1324al2 CC : « [l]e débiteur peut opposer au cessionnaire les exceptions inhérentes à la dette, telles
que la nullité, l'exception d'inexécution, la résolution ou la compensation des dettes connexes. Il peut
également opposer les exceptions nées de ses rapports avec le cédant avant que la cession lui soit
devenue opposable, telles que l'octroi d'un terme, la remise de dette ou la compensation de dettes
non connexes ».
Exceptions inhérentes à la dette cad qui sont relatives à la dette elle-même : peuvent toujours être
opposées par le cédé. Par exemple, il n’est pas possible de demander au débiteur cédé de payer le
prix d’une prestation qui n’a pas été exécutée : il pourra valablement faire valoir l’exception
d’inexécution, voire la résolution.
Le cédé peut opposer ttes les exceptions antérieures à l’opposabilité de créance, par ex les termes (=
avantages) qui lui avaient été accordés par le cédant.

b. Les frais de la cession

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1324al3CC : « [l]e cédant et le cessionnaire sont solidairement tenus de tous les frais supplémentaires
occasionnés par la cession dont le débiteur n'a pas à faire l'avance. Sauf clause contraire, la charge de
ces frais incombe au cessionnaire. »

D. Les effets à l’égard des tiers

Au contraire du débiteur cédé, la cession de créance est opposable aux tiers au jour de la cession,
sans qu’aucune formalité n’ait à être accomplie par le cédant ou le cessionnaire.
1323al2CC : le transfert de la créance est opposable aux tiers à la date de l’acte de cession et « la
preuve de la date de la cession incombe au cessionnaire, qui peut la rapporter par tout moyen ».

LECON 6 : LA SUBOGATION PERSONNELLE

CC de 1804 : subrogation conventionnelle selon accord des parties 1249 et 1250 + subrogation légale
de plein droit 1251. Jp a largement étendu subrogation légale.
Ordo 2016 : simplification en apparence.

I/ La subrogation légale

1346CC : « [l]a subrogation a lieu par le seul effet de la loi au profit de celui qui, y ayant un intérêt
légitime, paie, dès lors que son paiement libère envers le créancier celui sur qui doit peser la charge
définitive de tout ou partie de la dette » = lorsqu’intervient un paiement pour autrui, le solvens (=
celui qui a payé) est subrogé dans les droits du créancier et peut réclamer paiement au débiteur.
+ autres articles en droit com, droit bancaire et financier, droit des assurances.

Cas de la solidarité passive : codébiteur solidaire tout en y étant tenu, a un intérêt légitime à payer la
dette à l’échéance pour limiter le jeu des intérêts. Il est subrogé dans ses droits à l’encontre des
codébiteur et peut dder à ê payé de la créance en lieu et place du créancier en vertu de la
subrogation légale intervenue. Cpdt, il ne peut dder paiement de toute la dette à son ex-codébiteur
solidaire dont il est devenu créancier : risque de multiplier recours entre codébiteurs alors que l’obj
de la solidarité passive est de protéger le créancier et non eux.

Les trois conditions (paiement ; libérant le débiteur final ; intérêt légitime) sont cumulatives et la
subrogation légale ne jouera pas si l’une d’entre elle n’est pas remplie.

Q° du paiement et de la qualité de la personne reprises dans la réforme de la formulation de la


Ccass° : « le débiteur qui s'acquitte d'une dette personnelle peut néanmoins prétendre bénéficier de la
subrogation s'il a, par son paiement, libéré envers le créancier commun celui sur qui doit peser la
charge définitive de la dette » Com. 2 mai 2001, n°98-17.790.
Q° de l’intérêt légitime plus difficile : cas par cas en jp. Ne doit pas ê paiement malveillant. Lorsqu’il
« répond à un intérêt social acceptable pour celui qui le fait » .

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II/ La subrogation conventionnelle

A. La subrogation consentie par le créancier

1346-1al1CC : « la subrogation conventionnelle s'opère à l'initiative du créancier lorsque celui-ci,


recevant son paiement d'une tierce personne, la subroge dans ses droits contre le débiteur » =
créancier consent à ce que le solvens soit subrogé dans ses droits. Le débiteur reste tenu de payer la
créance mais son créancier change.

Comme pour sub° légale, pas nécessaire que le débiteur soit débiteur personnel de celui qui paie la
créance, il suffit que le débiteur soit libéré du créancier subrogeant et qu’il demeure la personne sur
laquelle doit peser la charge finale de la dette.

Sub° conventionnelle doit ê expresse et consentie en même temps que le paiement ou postérieur. Ne
peut pas ê après car serait postérieur à l’extinction de la créance.

B. La subrogation consentie par le débiteur

1346-2CC : cas très particulier de sub° conventionnelle. Concerne surtout droit bancaire et financier.
Cas où un débiteur emprunte des fonds pour rembourser une dette à un créancier :

- Le débiteur paie lui-même le créancier donc pas de sub° au bénéfice du prêteur qui serait
consentie pas le créancier.
- Le débiteur peut subroger le prêteur dans les droits du créancier
- Le prêteur bénéficie alors des sûretés dont bénéficiait le créancier

L’acte d’emprunt et la quittance doivent être passés devant notaire ; l’acte d’emprunt doit mentionner
que la somme a été empruntée pour faire le paiement ; dans la quittance, il faut qu’il soit déclaré que
le paiement des sommes versées a été effectué à cet effet par le nouveau créancier.
En pratique la subrogation conventionnelle avec concours du créancier pourrait devenir de plus en
plus désuète si les prêteurs décident d’utiliser le mécanisme de la cession de créance plutôt que la
subrogation, qui est bien plus souple aujourd’hui depuis l’entrée en vigueur de la réforme de 2016.

III/ Les effets de la subrogation

A. Le transfert de la créance

La subrogation a comme effet principal de transférer la créance au subrogé, à hauteur du paiement


effectué.
1346-4al1CC : « la subrogation transmet à son bénéficiaire, dans la limite de ce qu'il a payé, la
créance et ses accessoires [ntmt les suretés], à l'exception des droits exclusivement attachés à la
personne du créancier ».
Subrogés viennent en lieu et place du créancier originaire et deviennent à leur tour créancier.

Ce transfert de la créance est opposable aux tiers dès le paiement, sans aucune formalité particulière
(1346-5 al. 2) // le débiteur doit être prévenu pour qu’elle lui soit opposable, notification peut ê faite
par tt moyen, prise d’acte = toute forme de reconnaissance par le débiteur de l’existence de cette
subrogation et de sa volonté de se conformer à la nouvelle situation. Si créancier ne notifie pas au

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débiteur et que ce dernier se comporte finalement comme s’il souhaitait s’y conformer, la sub° lui
sera opposable // peut aussi prendre acte de la sub° qui lui devient alors opposable et payer le
véritable créancier, et refuser de payer le subrogeant qui lui dde paiement puisqu’il a pris acte de la
sub°.

1346-4al2 : « le subrogé n'a droit qu'à l'intérêt légal à compter d'une mise en demeure, s'il n'a
convenu avec le débiteur d'un nouvel intérêt. Ces intérêts sont garantis par les sûretés attachées à la
créance, dans les limites, lorsqu'elles ont été constituées par des tiers, de leurs engagements initiaux
s'ils ne consentent à s'obliger au-delà » = sub° n’a pas pour objet de conférer un profit au débiteur
donc après paiement subrogatoire, seul l’intérêt au taux légal commence à courir à compter de la
mise en demeure envoyée au débiteur.

B. La protection du créancier initial en cas de paiement partiel

En cas de paiement partiel, le subrogé et le créancier initial sont en concurrence pour le paiement de
leur créances respectives à l’encontre du débiteur.
1346-3 : « la subrogation ne peut nuire au créancier lorsqu'il n'a été payé qu'en partie ; en ce cas, il
peut exercer ses droits, pour ce qui lui reste dû, par préférence à celui dont il n'a reçu qu'un paiement
partiel » = créancier initial peut être payé en priorité par rapport au subrogé.
Subrogé peut tjs réclamer sa part mais en cas de concours le créancier originaire est prioritaire. Le
subrogé se contente du reliquat et le reste impayé aura en ppe un caractère chirographaire.

C. Les exceptions pouvant être soulevées par le débiteur

1346-5al2 : débiteur peut opposer au créancier toutes les exceptions inhérentes à la dette ainsi que
toutes les exceptions personnelles nées de ses rapports avec le subrogeant avant que la subrogation
lui soit devenue opposable.
En effet, le débiteur ne doit pas se retrouver dans une situation autre que celle dans laquelle il aurait
été si la subrogation n’avait pas eu lieu. Il peut opposer la nullité (acte n’est pas valable), l'exception
d'inexécution, la résolution ou la compensation de dettes connexes.
Le débiteur peut soulever les exceptions qui lui sont personnelles dès lors qu’elles sont nées avant
que la subrogation ne lui soit opposable. Par exemple, si le créancier avait octroyé un terme au
débiteur il doit pouvoir continuer d’en bénéficier.

LECON 7 : LA DELEGATION

Codifiée aux 1336 et 1340CC depuis ordo 2016.


Opération à trois personnes dans laquelle intervient un déléguant, un délégué et un délégataire =
contrat où le délégué s’oblige envers le délégataire qui l’accepte et qui, de son côté, peut décider ou
non de libérer le délégant.

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1336CC : « [l]a délégation est une opération par laquelle une personne, le délégant, obtient d'une
autre, le délégué, qu'elle s'oblige envers une troisième, le délégataire, qui l'accepte comme débiteur».
🡺L’idée centrale de la délégation est donc de donner au créancier (le délégataire) un autre débiteur
(le délégué), à la demande d’une autre personne (le délégant).

En pratique, c’est souvent parce qu’une personne est débitrice d’une obligation qu’elle va accepter
d’être déléguée par un délégant / si le délégant cherche à donner un nouveau débiteur au
délégataire, c’est souvent parce qu’il est débiteur du délégataire => délég° se greffe donc souvent à
des O préexistantes mais pas obligatoire.
Si délégant tenu envers délégataire mais, délégué prête de l’argent ou fait un don au délégant en
payant sa dette. / Si délégué tenu envers délégataire, c’est délégant qui paie la dette.
En ppe pas seulement pour O monétaire donc aussi pour O de faire ou ne pas faire.

Ex : contrat d’entreprise dans lequel un client dde à un entrepreneur de peindre un mur.


L’entrepreneur décide de faire intervenir un autre entrepreneur, pour faire l’enduit sur le mur. Le
premier entrepreneur peut chercher à obtenir du client qu’il s’oblige à payer le second entrepreneur
= délég° peut être formée entre le délégant (premier entrepreneur chargé de peindre le mur), le
délégué (le client qui a demandé que son mur soit peint) et le délégataire (le second entrepreneur en
charge de l’enduit du mur).

I/ La conclusion de la délég°

Condition de consentement :
• Le délégué doit accepter de s’obliger envers le délégataire ;
• Le délégataire doit accepter un nouveau débiteur ;
• Le délégant doit également consentir à cette délégation.

1336CC part du ppe que la délégation est à l’initiative du délégant puisque c’est ce dernier qui «
obtient
d’une autre, le délégué, qu’elle s’oblige envers un troisième, le délégataire ». Mais en pratique, l’idée
de la délégation peut venir de l’une des 3 personnes concernées, ce qui ne remet pas en cause le fait
que le délégant devra consentir à la délégation.

Consentement peut ê tacite :

- Pour le délégant Civ. 3e, 5 mars 2008, Bull. civ. III, n°238, n°06-19.237
- Et le délégataire Com.,7 décembre 2004, Bull. civ. IV, n°214, n°03-13.595
Délégataire peut aussi consentir après accord de volontés entre délégant et délégué.

II/ Les effets de la délégation

A. La délégation novatoire

Appelée aussi « délégation parfaite ».


1337al1CC : « [l]orsque le délégant est débiteur du délégataire et que la volonté du délégataire de
décharger le délégant résulte expressément de l'acte, la délégation opère novation » = Pour être
novatoire, le délégataire doit accepter expressément de décharger son propre débiteur, à savoir le
délégant. En effet, le délégataire n’a jamais l’obligation d’accepter un nouveau débiteur (le délégué) ni
que ce nouveau débiteur éteigne sa créance à l’encontre du déléguant.
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1339CC : « si le délégataire a libéré le délégant, le délégué est lui-même libéré à l'égard du délégant,
à concurrence du montant de son engagement envers le délégataire » = Si le délégataire accepte de
libérer le déléguant, le délégué est lui-même libéré à l’égard du délégant à hauteur de la somme déjà
versée au délégataire.

B. La délégation simple

Appelée aussi « délégation imparfaite »

1338al1 : « lorsque le délégant est débiteur du délégataire mais que celui-ci ne l'a pas déchargé de sa
dette, la délégation donne au délégataire un second débiteur » = délégant reste tenu à l’égard du
délégataire qui se trouve dans la situation favorable d’obtenir un second débiteur => 1338 « [l]e
paiement fait par l'un des deux débiteurs libère l'autre, à due concurrence » = délégataire ne peut
demander à être payé par ses deux débiteurs sinon serait payé 2 fois d’un même dette.

1. Créance figée (cas où délégué était débiteur du déléguant)

1339CC : « le délégant ne peut en exiger ou en recevoir le paiement que pour la part qui excèderait
l'engagement du délégué » = la créance du déléguant à l’égard du délégué est figée jusqu’au
paiement du délégué au délégataire. Dans ces conditions, le délégant ne peut plus agir contre le
délégué, le délégué devant payer le délégataire.

1339al2 : « recouvre ses droits qu'en exécutant sa propre obligation envers le délégataire » = si le
déléguant décide de payer lui-même le délégataire, il peut à nouveau se retourner contre le délégué :
dès lors que le délégué n’a pas payé le délégataire, il n’est pas libéré à l’égard du délégant.

2. Effets du caractère figé de la créance

1339al3 : « [l]a cession ou la saisie de la créance du délégant ne produisent effet que sous les mêmes
limitations » = cession de créance du délégant à l’encontre du délégué ne prendra effet qu’au jour où
il a recouvré ses droits au paiement de sa créance, c’est-à-dire lorsque délégué aura payé le
délégataire. Idem pour saisie de la créance4.
La créance n’est figée qu’à concurrence (= à hauteur) de l’engagement du délégué envers délégataire.

Ex : délégué ne s’engage envers délégataire qu’à hauteur de 100€ alors qu’il est débiteur de 150€
envers déléguant => déléguant peut tjs réclamer 50€ restant au délégué / déléguant peut céder sa
créance de 50€, voire même créance entière de 150€ => cette cession de créance n’a d’effet
immédiat entre le cédant (déléguant initial) et le cessionnaire (un tiers) qu’à hauteur de la créance
disponible, soit 50 euros tant que la créance est figée, le créancier peut saisir la créance de 150 euros
mais la saisie n’a d’effet que sur 50€.

C. L’opposabilité des exceptions

4
Une saisie est une procédure par laquelle un créancier demande l'exécution d'une obligation, généralement
évaluée en argent. Les procédures de saisie sont variables.
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La délégation était dite certaine lorsque le délégué s’engageait à payer le délégataire de façon
autonome cad sans prendre en compte la dette du déléguant à l’égard du délégataire. Même si
l’obligation du déléguant à l’égard du délégataire ne devait pas ê payée, le délégué demeurait tenu de
payer le délégataire puisque la dette du délégué à l’égard du délégataire et la dette du déléguant à
l’égard du délégataire étaient autonomes.
// La délégation était incertaine lorsque le délégué s’engageait à payer le délégataire en calquant son
engagement sur la dette du déléguant à l’égard du délégataire = opposer au délégataire les
exceptions nés du rapport entre le déléguant et le délégataire. 🡺 Délégué qui n’a plus de créance à
l’égard du déléguant pourrait logiquement ne plus vouloir payer délégataire // délégataire voudrait
logiquement que les rapports entre délégué et déléguant ne le concernent pas.

Réforme 2016 : 1336al2 : « [l]e délégué ne peut, sauf stipulation contraire, opposer au délégataire
aucune exception tirée de ses rapports avec le délégant ou des rapports entre ce dernier et le
délégataire » = Le ppe est celui de l’inopposabilité des exceptions, on fait donc comme si
l’engagement du délégué était autonome, et ne prenait pas racine dans les obligations préexistantes
entre le déléguant et le délégataire d’un côté et entre le délégant et le délégué d’un autre côté.
Le délégataire se retrouve donc dans une situation particulièrement favorable puisqu’il est certain
d’obtenir un nouveau débiteur (le délégué) qui ne pourra lui opposer aucune exception née de son
rapport avec le délégant, ou nées du rapport entre le délégant et le délégué.
Cependant, les parties peuvent stipuler le contraire : article ne précise pas si tacite ou express.

LECON 8 : LES ACTIONS DU CREANCIER

Action oblique – Action paulienne – Action directe

Actions ouvertes pour le créancier relatives au paiement.

I/ L’action oblique

1341-1 : « donne au créancier le pouvoir d’exercer les droits et actions de son débiteur lorsque celui-ci
néglige d’agir personnellement au point de compromettre ses droits » = créancier qui agit à la place
du débiteur négligent.

A. Les conditions de l’action oblique

1341-1 : « [l]orsque la carence du débiteur dans l'exercice de ses droits et actions à caractère
patrimonial compromet les droits de son créancier, celui-ci peut les exercer pour le compte de son
débiteur, à l'exception de ceux qui sont exclusivement rattachés à sa personne ».

1. La carence du débiteur : condition de carence du débiteur est remplie si le débiteur « ne


justifie d’aucune diligence dans la réclamation de son [propre] dû » Civ. 1re, 27 mai 2010,
n°09-13.083.

2. La carence doit porter sur l’exercice des droits et actions du débiteur : carence du débiteur
doit porter sur l’exercice de ses droits et actions (1341-1) => « droits et actions » : créancier

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peut par exemple déclarer un sinistre à un assureur, afin de faire jouer la police d’assurance
au profit du débiteur
Limite : les droits « exclusivement attachés à [l]a personne » du débiteur ne peuvent être
exercés par le créancier => ne peut pas exercer droits extrapatrimoniaux même si incidence
sur droits patrimoniaux (pas de dde en divorce par ex), ni droits patrimoniaux personnels
(dder modification pension alimentaire par ex).

3. La carence doit compromettre les droits du créancier : droits du créancier doivent ê en péril
cad droit d’ê payé d’une créance par débiteur. Créance compromise peut ê non monétaire.
Ex : un créancier peut, par la voie de l’action oblique, dder la résiliation du bail dès lors qu’un
bailleur, par sa carence, compromet le droit de son créancier de jouir paisiblement de son
bien.
Il faudra souvent démontrer au moins un risque important de non-paiement, ce qui revient
quasiment tjs à démontrer un risque d’insolvabilité. Le péril d’une créance monétaire peut
résulter « de la volonté délibérée du débiteur de ne pas l’honorer » Civ. 1re, 23 mai 2006,
n°05-18.065.
La créance dont se prévaut le créancier doit être certaine, liquide et exigible = elle doit être
en état d’être payée sans aucune autre intervention de partie ou de tiers, ou de la survenance
d’un événement en particulier = créancier ne peut pas faire d’action oblique s’il n’a pas de
créance au jour où il agit.

B. Les effets de l’action oblique

1341-1 précise que le créancier agit « pour le compte » du débiteur. Action oblique vise à modifier
situation du débiteur. Débiteur du débiteur peut opposer tous ls moyens défense qu’il aurait pu
opposer à son propre créancier.
Le créancier ayant agi sur le fondement de l’action oblique n’a pas de priorité sur les sommes
recouvrées venant dans le patrimoine du débiteur pour obtenir paiement de sa créance = payé à
concurrence des autres créanciers du débiteur.

II/ L’action paulienne

1341-2 : « [l]e créancier peut aussi agir en son nom personnel pour faire déclarer inopposables à son
égard les actes faits par son débiteur en fraude de ses droits, à charge d'établir, s'il s'agit d'un acte à
titre onéreux, que le tiers cocontractant avait connaissance de la fraude » = agir pour faire déclarer
irrecevables les actes frauduleux du débiteur.

A. Les conditions de l’action paulienne

1. L’insolvabilité du débiteur : En ppe, l’acte accompli par le débiteur doit avoir pour effet de
provoquer ou d’aggraver son insolvabilité. Par ex°, la jp juge que « l’action paulienne est
recevable hors toute exigence d’insolvabilité, dès lors que l’acte frauduleux a pour effet de
rendre impossible l’exercice d’un droit spécial dont disposait le créancier sur le bien du
débiteur» Civ. 1re, 8 octobre 2008, n°07-14.262.

2. Le demandeur doit avoir des « droits » : créance doit ê antérieure à la date de l’acte incriminé
+ ê certaine en son ppe avant cet acte/purement et simplement certaine au moment de

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l’acte. En effet, le droit dont se prévaut le créancier doit être certain au moment où le juge
prononce l’inopposabilité recherchée. En revanche, elle ne doit, semble-t-il, pas être liquide5.

3. La fraude :

- du débiteur : L’acte du débiteur doit ê frauduleux, simple conscience de causer un préjudice


au créancier suffit pour caractériser la fraude. Hormis cas où le débiteur ignorait son
insolvabilité ou même carrément qu’il était débiteur, faute est largement admise et difficile
de prouver le contraire.
- du tiers : Si l’acte est à titre gratuit, la fraude du tiers n’a pas à être établie // si acte à titre
onéreux, la fraude du tiers est appréciée largement car elle est caractérisée par la simple
connaissance du préjudice causé au créancier par l’acte litigieux.

B. Les effets de l’action paulienne

La sanction de la fraude paulienne est l’inopposabilité de l’acte au créancier. Elle ne concerne donc
que le créancier agissant qui peut faire comme si l’acte frauduleux n’avait pas été conclu : l’acte
frauduleux ne produit plus d’effet à son égard.

III/ Les actions directes

1343-1 : « [d]ans les cas déterminés par la loi, le créancier peut agir directement en paiement de sa
créance contre un débiteur de son débiteur » = ne vise que les actions directes prévues par des textes
particuliers, par ex code des assurances : tiers lésé dispose d’un droit d’action directe à l’encontre de
l’assureur garantissant la resp civile de la pers resp.

Cpdt, la jp a également consacré des actions directes : par ex à la lumière de 1753 « le propriétaire
avait une action directe à son encontre [du sous-locataire] dans la limite du "sous-loyer" » Civ. 3e, 19
février 1997, n°95-12.491 ; ou encore une action directe du sous-mandataire à l’encontre du
mandant : « le mandataire substitué dispose d'une action directe et personnelle contre le mandant
pour le paiement des sommes qu'il a payées pour son compte » Com., 4 décembre 1990, publ. au
Bull., n°89-12.723.
Ces actions directes créées par la jp devraient se maintenir.

5
Créance liquide = évaluée en argent ou évaluable
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