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Module 2 – Droit civil

Partie 2 – Le contrat

Chapitre 4 – L'inexécution du contrat

Introduction : L'inexécution contractuelle : les problèmes posés

➢ Lorsqu'un contractant n'exécute pas l'obligation qu'il s'était engagé à fournir, le créancier qui
n'a pas obtenu la prestation peut agir en justice pour le forcer à exécuter. ( I → l'exécution
forcée)

➢ Mais l'exécution forcée n'est pas toujours possible et le créancier déçu doit alors mettre en
jeu la responsabilité contractuelle du débiteur. ( II → la responsabilité contractuelle)

➢ Enfin, en matière de contrat synallagmatique, il existe des règles spécifiques ( III → Les
règles du contrat synallagmatique)

I) L'exécution forcée

 Elle n'est possible qu'à condition que la créance soit :

➢ Certaine : elle n'est pas contestée par le débiteur

➢ Liquide : évaluée en argent et d'un montant déterminé

➢ Exigible : le terme est échu

 Distinction entre la nature de l'obligation :

➢ Obligation de donner (remettre quelque chose) : l'exécution forcée est en principe


toujours possible.

➢ Obligation de faire ou de ne pas faire : Article 1142 du Code Civil : « toute obligation
de faire ou de ne pas faire se résout en dommages et intérêts en cas d'inexécution de la
part du débiteur ».
Expression d'un principe protecteur de la personne : Nul ne peut être contraint à faire
quelque chose.
Problème pour les contrats intuitu personæ, la personne du débiteur est essentielle à
la réalisation de l'obligation. Les tribunaux vont donc avoir la possibilité d'utiliser
l'astreinte (= somme d'argent à payer par jour de retard)

II) La responsabilité contractuelle

A) Les conditions de la responsabilité contractuelle : les 3 éléments de base de la responsabilité


contractuelle

• Le dommage : c'est l'insatisfaction du créancier qui n'a pas reçu la prestation promise par le
contractant. Dommage qui peut être matériel ou moral
• La faute (mauvaise exécution ou inexécution) ; fait générateur de responsabilité : ici
distinction entre les obligations de moyens (tout mettre en œuvre pour qu'on arrive au
résultat) et de résultat :

➢ Lorsqu'il s'agit d'une obligation de moyens, la responsabilité du débiteur de


l'obligation non accomplie n'est pas engagée du seul fait que le créancier n'a pas
obtenu le résultat escompté mais seulement si le débiteur n'a pas agi avec soin et
diligence. C'est au créancier de prouver que le débiteur n'a pas agi ainsi,
autrement dit, il doit prouver la faute du débiteur.

➢ Lorsqu'il s'agit d'une obligation de résultat, il suffit que le résultat ne soit pas obtenu
pour que le débiteur ait manqué à son engagement et en soit responsable (la non
exécution ou mauvaise exécution du contrat entraîne la mise en jeu de la
responsabilité du débiteur)

• Le lien de causalité : le créancier insatisfait doit établir le lien de cause à effet entre
l'inexécution qu'il reproche au débiteur et le dommage dont il demande réparation, seul le
préjudice qui est « une suite immédiate et directe de l'inexécution de la convention » est
indemnisé (article 1151).

B) Les causes d'exonération de la responsabilité contractuelle

➢ La force majeur (cas fortuit) : événement extérieur, imprévisible et insurmontable (3


conditions cumulatives).
Règle « res perit debitori » : les risques pèsent sur le débiteur de l'obligation qui ne peut être
exécutée.

➢ Le fait du créancier : exonération totale ou partielle du débiteur

➢ Le fait d'un tiers : exonération totale ou partielle du débiteur

C) Les sanctions de la responsabilité contractuelle

➢ L'exécution forcée

➢ Les dommages et intérêts : Compensation financière à laquelle peut prétendre une personne
qui a subi un préjudice moral ou une atteinte dans son patrimoine ou les deux à la fois.
On parle de dommages et intérêts compensatoires lorsqu'ils sont dus à l'inexécution ou à
la mauvaise exécution du contrat.
On parle de dommages et intérêts moratoires lorsque le dommage subi provient du
retard de l'exécution.

D) Les aménagements conventionnels au régime de la responsabilité contractuelle

→ Les parties prévoient au préalable dans les contrats les indemnités ou l'absence de responsabilité
si l'une des parties vient à mal exécuter ou à ne pas exécuter le contrat (= aménagements
conventionnels).
• Les clauses pénales (=punitif → il faut dissuader le cocontractant de ne pas s'exécuter.) :
somme forfaitaire (par exemple : 20 000 €)
→ application d'une somme quelque soit le préjudice.

• Les clauses d'exonération de responsabilité (si l'une des parties ne s'exécute pas, elle ne
sera jamais responsable)

• Les clauses limitatives de responsabilité : somme plafond (somme maximum) → par


exemple 20 000 €, si litige de 10 000€, le contractant va payer 10 000€ et si litige de 30
000€, le contractant va payer 20 000€.

→ les limites d'application de ces clauses :

• Le juge peut à tout moment revoir les sommes s'il considère qu'elles sont dérisoires ou
excessives.

• Ces clauses ne s'appliquent pas en droit de la consommation, c'est-à-dire, tout contrat entre
un professionnel et un consommateur.
→ S'il y a de telles clauses dans le contrat de consommation, elles seront considérées
comme clauses abusives c'est-à-dire elles seront nulles et réputées non écrite (donc le contrat
reste valable mais les clauses abusives disparaissent)

III) Les règles propres au contrat synallagmatique

A) L'exception d'inexécution

1) La notion

C'est une garantie pour le créancier qui n'est pas obligé d'exécuter tant qu'il n'a pas reçu la
prestation qui lui est due. C'est aussi un moyen de pression sur le débiteur qui doit exécuter si lui-
même veut obtenir la prestation promise.

2) Les conditions (par la jurisprudence)

3 conditions :
• des obligations interdépendantes
• des obligations à exécution simultanée (obligations échues)
• une inexécution peu importe qu'elle soit totale ou partielle, qu'elle soit fautive ou résulte
d'un cas fortuit.

3) Les effets

Suspension et non annulation du contrat. L'exception suspend l'exécution de la prestation de


celui qui l'invoque et bloque toute mesure d'exécution à son encontre. Mais comme le contrat
subsiste, celui qui se prévaut de l'exception devra exécuter dès que son partenaire exécute la sienne.

Si l'une des parties souhaite demander l'annulation du contrat, il faudra obligatoirement


intenter une action en résolution pour inexécution. (Voir B)
B) La résolution pour inexécution

1) Les conditions

La résolution est prononcée par la justice, conséquence de la force obligatoire des contrats ;
une partie ne peut se délier de son engagement de son propre fait. Bien sûr, si le contrat contient une
clause expresse (clause écrite) aux termes de laquelle le contrat sera résolu de plein droit si l'une
des parties n'exécute pas son obligation, cette clause jouera.

2) Les effets

S'il s'agit d'un contrat instantané (une vente), la résolution (annulation remonte à la
conclusion du contrat) anéantit le contrat et entraîne la restitution des prestations accomplies le cas
échéant.

S'il s'agit d'un contrat à exécution successive (contrat de travail), la résolution met fin au
contrat pour l'avenir seulement, il y a résiliation (→ annulation que pour l'avenir).

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