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2011-2012
Animateurs : Prof. D. NZOUABETH et Dr. M. GUEYE, Enseignants à la FSJP, UCAD.
INTRODUCTION
L’objet de ce cours porte sur cet agent économique qu’est l’entreprise. Quand on
emploie le terme entreprise, on n’est jamais sûr que l’interlocuteur ou le public auquel
on s’adresse entend le terme de la même manière. Les aspects de l’entreprise sont
tellement nombreux, variés, complexes et importants que chacun tend à privilégier
l’angle de son observation au détriment de la perception d’ensemble.
Il suffit de changer d’interlocuteur pour mesurer l’ampleur des différences de
perception et de vision ; selon qu’on est patron, employé, syndicaliste, expert
comptable, conseiller juge ou banquier le discours sur l’entreprise change. Cette
diversité rend difficile la possibilité d’avoir une perception unique de l’entreprise. En
effet, l’entreprise c’est aussi bien le petit garage de mécanique générale qui n’emploie
que les apprentis que la grosse société de télécommunication qui emploie des centaines
de personnes.
A ce propos, il est nécessaire de considérer l’entreprise comme le point focal du droit
des affaires, car au sein de la société industrielle et urbaine organisée sur le modèle de
l’économie de marché, l’entreprise joue le rôle de cellule socio-économique. C’est la
cellule de base de l’activité économique ; c’est elle qui permet la création et la
circulation des richesses dans nos sociétés contemporaines.
La notion d’entreprise concerne non seulement le droit social, mais aussi le droit
fiscal, le droit administratif et le droit commercial. Quelle que soit la définition
retenue, on a tendance à insister sur le caractère organisé de l’entreprise, ce qui lui
donne une certaine nature institutionnelle.
L’entreprise n’est pas un sujet de droit ; les sujets de droit sont les personnes
physiques et les personnes morales. En conséquence, pour être sujet de droit, une
entreprise considérée comme une structure d’organisation doit être dotée de la
personnalité morale. Or le droit positif (droit en vigueur actuellement) se refuse à
accorder un tel attribut à l’entreprise.
En effet, c’est soit la loi, soit le juge qui, au regard de la réunion d’un certain nombre
de conditions, décident de l’existence de la personnalité morale pour les groupements.
Il s’est élevé une discussion pour savoir si la personnalité morale était une réalité ou
une fiction.
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Si c’est une réalité, sa création ne dépend pas de la loi ; il suffit alors qu’il y ait un
groupement de personnes, un intérêt collectif distinct des intérêts des membres qui
composent ce groupement et un organe capable de représenter ces intérêts.
En revanche, s’il s’agit d’une fiction, seuls entrent en jeu les avantages techniques
reconnus aux sujets de droit, c'est-à-dire la capacité d’agir en justice, de contracter et
d’une manière générale, c’est loi qui crée la personnalité morale.
Les solutions du droit positif ne sont pas tranchées en faveur de l’une ou l’autre thèse
(fiction ou réalité). En effet, au vue de la manière dont la loi attribue la personnalité
morale à certaines institutions ou organisations, on peut considérer que ce n’est pas
l’intérêt collectif qui sert de base à la personnalité morale, mais plutôt la volonté du
législateur.
L’absence de personnalité morale entraîne deux conséquences :
► d’abord la capacité juridique appartient à l’entrepreneur personne physique ou à la
personne morale. Donc l’entreprise n’aura pas de patrimoine propre, ne pourra pas agir
entant que telle en justice. En un mot, n’aura aucun des attributs de la personnalité
morale.
► ensuite, l’entreprise n’a pas la capacité décisionnelle, car le centre autonome de
décision se situe chez l’entrepreneur personne physique ou dans les organes légaux de
gestion (Directeur Général, Conseil d’Administration) qui représente l’Entreprise.
Par exemple, les salariés de l’entreprise sont exclus de cette décision ; ils n’ont aucun
droit à surveiller le fonctionnement de la structure.
Il y a entreprise partout où il y a activité économique organisée, partout où des
personnes travaillent à leurs risques pour fournir à d’autres des produits ou des
services.
La distinction des personnes physiques et des personnes morales fait apparaître
d’abord une distinction entre deux types d’entreprise : celles qui sont exploitées par
une personne physique (entreprise individuelle) et cette qui sont exploitées par une
personne morale ou par une société (entreprise sociétaire), ensuite une distinction qui
recoupe la première car l’entrepreneur a parfois la qualité de commerçant (l’entreprise
est alors commerciale ), mais pas toujours, (l’entreprise est alors civile).
C’est pourquoi, on peut distinguer :
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Ch. Atias, Hypothèses sur la doctrine en droit commercial, Mélanges Roblot, LGDJ 1984, P.29.
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Le droit civil est le droit des propriétaires terriens, de leurs héritiers et de leurs notaires.
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Ainsi libéré, le monde du commerce et de l’industrie allait pouvoir entrer dans la voie
de l’industrialisation et dans la construction du système économique capitaliste.
Ce souci de rapidité se manifeste aussi à travers certaines règles originales : le droit
civil retient un système de preuve écrite (acte authentique ou sous seing privé) alors
que le principe est celui de la liberté de preuve en matière commerciale3.
Aussi, on ne doit pas trop s’embarrasser du formalisme du droit civil, d’où
l’émergence des contrats commerciaux par téléphone, télécopie et de plus en plus
l’informatisation des signatures…
Autre manifestation de la rapidité du droit commercial est la brièveté des délais les
prescriptions. Celles-ci y sont plus courtes qu’en droit civil (5 ans au lieu de 10 ou 30
ans). De même, la mise en demeure résulte en droit commercial de toute manifestation
de volonté réclamant paiement sans aucune autre forme obligatoire.
Cette rapidité doit s’accompagner de la sécurité des transactions.
Paragraphe 2 : La sécurité des transactions
Les risques que comporte la vie des affaires nécessitent une sécurité particulière pour
ceux qui y participent. La sécurité est nécessaire pour la protection du crédit et des
créanciers. Ainsi le droit commercial est sévère à l’égard du mauvais débiteur.
Egalement et contrairement au droit civil où la solidarité doit être prouvée, elle se
présume en matière commerciale. Effet, lorsqu’il existe plusieurs débiteurs, la
solidarité se présume entre eux, ce qui permet au créancier de poursuivre l’un
quelconque des débiteurs pour réclamer la totalité du paiement de sa créance.
Il existe toute une série de sûretés commerciales (nantissements ou gages sans
dépossession, warrants…). On peut aussi rattacher à la sécurité le particularisme du
contentieux commercial qu’est l’arbitrage.
Le passage de l’échange de proximité (entre ville) à l’échange marchand généralisé
(entre pays) est à la base des règles fondées sur la rapidité et la sécurité et qui
constituent le droit commercial, un droit original. Cette originalité se vérifie lorsque
l’on étudie ses sources.
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V. AUDCG, Art. 5.
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Par exemple, la liberté de commerce.
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d’autorité certaine, ce qui ne fait que corroborer le recul du parlement en tant que lieu
de formation de la norme juridique.
Les exigences de la construction de l’Afrique ont amplifié et légitimé le mouvement
de recul de la loi nationale au profit de la loi internationale.
B. La prépondérance de la loi internationale
Le droit commercial ne pouvait ignorer la mondialisation des échanges économiques.
Ainsi sur le plan strictement africain, la nécessaire intégration économique en vue de
la construction de grands ensembles régionaux afin de faire face aux difficultés de
tous ordres, a commandé l’élaboration d’un droit africain commun aux pays
appartenant à tel ou tel ensemble5.
a. Le traité de l’UEMOA
Il a été signé le 10 janvier 1994 entre les différents Etats de l’Union Monétaire Ouest
Africaine(UMOA) : Guinée Bissau, Sénégal, Niger, Togo, Mali, Bénin, Burkina Faso,
Côte d’Ivoire. Le traité se fixe dans son préambule l’objectif de favoriser le
développement économique et social des Etats membres grâce à l’harmonisation de
leur législation, l’unification de leur marché intérieur et la mise en œuvre de politique
sectorielle, commune dans les secteurs essentiels de leur économie.
Les organes directeurs mis en place par le traité sont la Commission et le Parlement de
l’Union qui est chargé de participer au processus décisionnel de celle-ci.
Le traité a créée deux juridictions : la Cour des Comptes et la Cour de justice. La Cour
des comptes a pour mission d’assurer le contrôle de l’ensemble des organes de
l’Union. Alors que la Cour de Justice est chargée de veiller au respect du droit quant à
l’interprétation et à l’application du traité.
Les traités dérivés du traité UEMOA sont :
► Le règlement : c’est la principale source dérivée du droit communautaire. L’article
43 UEMOA en donne une définition complète et sans ambiguïté, lui conférant une
nature et une efficacité comparables à celle de la loi dans les systèmes nationaux. Il
5
Union Economique et Monétaire Ouest Africaine(UEMOA), Organisation pour l’Harmonisation du Droit des
affaires en Afrique(OHADA) ou la Communauté Economique et Monétaire des Etats de l’Afrique
Centrale(CEMAC).
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dispose : « les règlements ont une portée générale. Ils sont obligatoires dans tous leurs
éléments et sont directement applicable dans tout Etat membre ».
Appelé à jouer une fonction normative dans le système du traité, le règlement contient
des prescriptions générales et impersonnelles. « Le règlement, de caractère
essentiellement normatif, est applicable non à des destinataires limités, désignés et
identifiables, mais à des catégories envisagées abstraitement et dans leur ensemble »6.
Le règlement a donc un caractère normatif erga omnes.
► La directive communautaire : elle repose sur une répartition des tâches et une
collaboration entre les instances communautaires et les autorités nationales. Aux
termes de l’art. 43 al. 2, « les directives lient tout Etat membre quant aux résultats à
atteindre ». La directive fixe donc des résultats obligatoires pour les Etats, mais leur
laisse une marge de manœuvre quant à la forme et aux moyens de l’instrument de
réception. Les Etats disposent donc d’une certaine liberté dans le choix de l’acte
juridique de transposition de la directive. A ce titre, la directive apparaît comme un
instrument de rapprochement, d’harmonisation des législations à la différence du
règlement qui uniformise le droit.
► La décision : c’est un acte obligatoire en tous ses éléments pour les destinataires
qu’elle désigne. Acte individuel ou collectif, elle n’a pas de portée générale.
Lorsqu’elle est adressée à un particulier (individu, entreprise), elle vise à l’application
des règles du traité à un cas particulier. Elle s’adresse, également, aux Etats membres à
l’égard desquels elle ne produit toutefois pas d’effet direct puisque ces Etats doivent
prendre des mesures d’application, comme pour les directives. Cependant, dans ce cas,
les Etats ne conservent que le choix des formes juridiques de la mise en œuvre dans
l’ordre national.
► Les avis et recommandations : A la différence des autres actes, ils n’ont pas
d’effet contraignant ou décisoire. Elles formulent de simples propositions, sans
pouvoir exprimer des prescriptions. A ce titre, ils ne sont pas, au sens complet du
terme, des sources de droit.
6 CJCE, 14.12.1962, Fédération nationale de la boucherie, aff. jtes. 19-22/62, Rec. 943.
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b. Le traité de l’OHADA
Signé à Port-Louis le 17 Octobre 1993 et révisé au Québec le 17 octobre 2008, c’est
un traité extrêmement important qui intéresse les activités commerciales. Il a pour
objectif principal de favoriser l’harmonisation du droit des affaires dans les Etats
signataires par l’élaboration des règles communes simples et adaptées à la situation de
leur économie par la mise en œuvre de procédures judiciaires appropriées et enfin par
l’encouragement au recours à l’arbitrage pour le règlement des différends contractuels.
La réalisation des objectifs précisés par le traité est assurée par une organisation
supranationale dénommée OHADA comprenant un Conseil des Ministres et une Cour
Commune de Justice et Arbitrage(CCJA).
Le Conseil des Ministres est assisté d’un secrétariat permanent auquel est rattachée
une Ecole Régionale de la Magistrature.
Il ressort des articles 5 à 12 du traité que l’harmonisation du droit des affaires est
préparée par le secrétariat permanent en concertation avec les gouvernements des Etats
signataires qui disposent d’un délai de 90 jours pour faires leurs observations écrites
pour les projets d’actes uniformes qui leur sont soumis. A l’expiration de ce délai, le
projet d’acte uniforme accompagné des observations des gouvernements est transmis
par le secrétariat permanent pour avis à la CCJA. Cette dernière doit donner son avis
dans un délai de 30 jours à compter de la réception du document. A l’expiration de ce
délai, le secrétariat permanent met au point le texte définitif et inscrit sa discussion à
l’ordre du jour du prochain Conseil des Ministres.
Il faut signaler que cette procédure met entre parenthèse les parlements nationaux qui
ne sont même pas représentés au niveau des comités nationaux OHADA, chargés de
procéder à l’analyse des projets d’actes uniformes.
L’adoption des actes uniformes par le Conseil des ministres requiert l’unanimité des
représentants des Etats Parties présents et votants. L’adoption des actes uniformes
n’est valable que si les deux tiers au moins des Etats Parties, sont représentés.
L’internationalisation croissante du droit commercial se fait à travers deux techniques.
La première technique est l’harmonisation qui est l’opération consistant à rapprocher
les systèmes juridiques d’origine différente en cherchant à supprimer leurs différences
et leurs contradictions de façon à atteindre les objectifs communautaires recherchés.
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La seconde technique est l’unification du droit qui consiste à instaurer dans une
matière juridique donnée une législation unique dans laquelle il n’y a aucune place
pour la différence ou des divergences. C’est un procédé brutal et sévère d’intégration
juridique ; elle entame considérablement la souveraineté des Etats.
Organisation d’intégration juridique, l’OHADA utilise un instrument particulier de
législation : l’acte uniforme.
Les actes uniformes sont directement applicables dans les Etats parties. Leur
application ne nécessite aucune intervention législative ou règlementaire nationale. De
même, ils sont obligatoires dans ces Etats et s’imposent contre toute disposition de
droit interne, fût-elle adoptée postérieurement à leur entrée en vigueur. Il en découle
que les Actes uniformes sont supra législatifs. Les Etats parties ont donc consenti à
l’OHADA une délégation qui soustrait aux parlements et aux organes exécutifs
nationaux leurs pouvoirs législatifs et réglementaires dans les domaines concernés.
Mais en vérité, la concession de souveraineté faite dans le cadre de l’OHADA est telle,
qu’en lieu et place d’une harmonisation, on est en présence d’une uniformisation des
législations… d’où les Actes uniformes. L’harmonisation est la « réalisation, dans le
respect de la pluralité des droits étatiques, d’une équivalence des règles nationales, ou
plus précisément d’une équivalence des coûts et avantages socio-économiques ou des
situations juridiques ». Elle consiste donc en un rapprochement des législations
appartenant à des systèmes juridiques différents sur la base d’un socle de normes
communes dont la généralité permet aux Etats concernés d’évoluer dans un cadre
souple. Or, les actes uniformes … unifient les législations. Ils substituent à la diversité
des législations nationales une réglementation unique. L’unification doit être
distinguée de l’uniformisation qui consiste en une « insertion dans des droits nationaux
demeurant distincts la matière concernée et dont la compétence ne subit aucun
retranchement, de règles identiques et non uniques puisqu’elles sont incorporées à
chacun de ses droits »7. De ce fait, ces dispositions conservent chacune leur identité.
La différence se situe dans le fait que le droit uniformisé s’analyse en un droit interne,
un droit national puisqu’il fait l’objet d’une réception par le droit national alors que le
droit unique ne prend pas cette qualification, il demeure un droit communautaire.
7
A. Jeammaud, op. cit., p. 41.
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Ainsi, les règles du droit uniformisé restent distinctes même si elles sont identiques.
Autrement dit, l’uniformisation consiste en une coexistence de règles nationales
identiques.
Dans le cadre de l’OHADA, tel n’est pas le cas. Les actes uniformes ne sont pas reçus
en droit interne. Comme en dispose l’article 10 du Traité, ils sont directement
applicables et obligatoires.
c. Le traité CEMAC
IL a été signé à N’djamena le 16 mars 1994 entre les Etats de l’Union Economique et
Douanière des Etats de l’Afrique Centrale (UDEAC). Ce traité étant particulièrement
bref dans son énoncé, il faut chercher dans l’acte additif et les quatre Conventions qui
le complètent. Il s’agit des conventions portant création de l’Union Monétaire de
l’Afrique centrale, de l’Union Economique de l’Afrique Centrale, de la Cour de Justice
et du parlement communautaire.
A travers ces instruments, les Etats membres de la CEMAC affirment la nécessité de
développer ensemble toutes les ressources humaines et naturelles au service du bien-
être général des peuples. L’article 1er de ce traité définit l’objectif double d’une union
économique et d’une union monétaire.
Les traités dérivés du traité CEMAC sont les règlements, les directives, les décisions et
les avis et recommandations.
Paragraphe 2 : La concurrence des sources privées
L’espace juridique n’est pas occupé seulement par le droit étatique d’autres ordres
viennent compléter l’ordre étatique et on voit dans le monde des affaires, un milieu
favorable à l’apparition d’un ordre juridique spontané. En dehors des sources privées
classiques (coutume et usage), le droit des affaires connaît d’autres sources relevant de
l’ordre juridique privé contemporain et des nouveaux lieux de régulation de
l’économie.
A. Coutumes, usages et pratiques
Ce sont des normes ayant une origine commune : la pratique d’un milieu. On distingue
deux sortes de pratiques :
►Les usages de fait ou conventionnels
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Ce sont des pratiques répétées qui finissent par acquérir un caractère obligatoire. Ils
varient selon les milieux professionnels et ne s’appliquent qui s’il y a acceptation des
parties. Ces usages de fait ou conventionnels reposent sur une présomption de volonté
tacite des cocontractants et ne sont applicables qu’entre professionnels supposés les
connaître. Ils ne sont donc opposables ni aux non-commerçants, ni aux professionnels
d’une autre branche d’activité qui ignorent l’usage en cause. Celui qui invoque un
usage conventionnel doit apporter la preuve de son existence et de son contenu au
moyen d’une attestation délivrée par la chambre de commerce et appelée parère.
►Les usages de droit ou coutume
Ils s’appliquent indépendamment de la volonté des parties, c’est-à-dire que les parties
ne peuvent écarter leur application. Elles n’ont pas à prouver leur existence et leur
contenu, car le juge est sensé les connaître.
Il existe trois différences entre la coutume et l’usage :
▬ alors que la coutume est généralement connue du juge, c’est à celui qui
allègue l’existence d’un usage d’en rapporter la preuve ;
▬ la violation d’une coutume par les juges de fond donne ouverture à cassation
alors que la violation d’un usage conventionnel ne donne pas ouverture à cassation. Ce
qui veut dire que les juges de fond constatent souverainement l’existence d’un usage ;
▬ du point de vue de leur opposabilité, la coutume étant du droit elle est
impérative et les parties ne sauraient y déroger. En revanche, la nature conventionnelle
de l’usage fait que son opposabilité est subordonnée à l’acceptation expresse ou tacite
de celui-ci. Les professionnels qui contractent dans leur branche d’activité sont censés
connaître les usages qui y sont admis. S’ils veulent écarter l’usage, ils peuvent le faire
mais à la condition que ce soit de façon expresse.
B. Les autres sources privées
Des personnes privées élaborent des normes de portée internationale qui s’imposent
aux professionnels du milieu : les codes de conduite. Ces codes de conduite traduisent
la consécration à côté de l’ordre public, d’un ordre privé économique contemporain,
d’un système de contrôle par le milieu lui-même, un auto-contrôle.
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Certains auteurs ont dénoncé le « pouvoir privé » de créer du droit que détiennent ainsi
certains agents économiques8.
A côté de ces codes de conduite, on rencontre des lieux de régulation de l’économie. Il
s’agit des organismes à composition mixte : magistrats professionnels et personnalités
choisies dans la société civile qui font des suggestions et prennent des directives qui ne
peuvent être ignorées par les praticiens du droit commercial 9.
Paragraphe 3 : La jurisprudence
Elle peut être définie comme étant l’ensemble des décisions rendues par les
juridictions sur une question de droit déterminée. Certains auteurs ont soutenu que la
jurisprudence n’est pas une source de la règle de droit. Trois arguments ont été mis en
avant :
▬ D’abord, le principe de la séparation des pouvoirs s’oppose au pouvoir
normatif du juge. Il y a trois (3) pouvoirs : le pouvoir législatif, exécutif et le pouvoir
judiciaire. Le rôle du pouvoir judiciaire n’est pas de créer une norme mais d’appliquer
une norme préalablement établie.
▬ Ensuite, il est interdit au juge de rendre des arrêts de règlement.
▬ Enfin, le caractère relatif de l’autorité de la chose jugée est incompatible
avec le caractère général de la règle de droit.
Malgré la force de ces arguments, on est obligé de considérer que le juge a un pouvoir
normatif. En effet, le juge ne peut pas s’abriter derrière le silence, l’absurdité ou les
lacunes de la loi pour se soustraire à l’obligation de trancher le conflit qui lui est
soumis. S’il le faisait, il commettrait ce qu’on appelle un déni de justice. Dans ces
conditions, le juge est amené parfois à créer la régler de droit dans les hypothèses où
la loi n’a rien prévu. Il faut souligner, par ailleurs qu’il existe une juridiction
supérieure chargée d’unifier l’interprétation de la règle de droit (Cour de cassation ou
Cour Suprême). Les juridictions inférieures ne sont, certes, pas tenues de suivre
l’interprétation de la Haute juridiction, mais dans la pratique, elles suivent cette
8
V. Kahn, Le rôle de la pratique dans la formation du droit, Travaux Capitant, 1983, P. 237.
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Nous pensons aux Autorités Administratives Indépendantes telles que le Haut conseil de l’audiovisuel, la
Commission de la concurrence, l’Agence de régulation des télécommunications…
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interprétation pour ne pas voir leurs décisions censurées. Dès lors, la jurisprudence est
une source de droit même si c’est une source indirecte.
Au-delà de ce problème général, il y a une spécificité de la jurisprudence commerciale.
Cela tient au fait que la plupart des décisions en la matière ne sont pas rendues par les
autorités publiques, mais par des particuliers qu’on appelle des arbitres. L’arbitrage est
très développé en matière commerciale parce qu’il présente deux avantages : la
rapidité et la discrétion.
L’arbitrage présente une particularité par rapport à la justice étatique. Cette
particularité tient au fait que les arbitres tirent leur pouvoir de la volonté des parties. Il
faut en effet une convention d’arbitrage qui peut prendre deux formes : le compromis
et la clause compromissoire.
Le compromis est la convention par laquelle deux personnes qui ont un litige décident
de le soumettre à un arbitre. Pour que le compromis soit valable, il faut un certain
nombre de conditions :
- Les parties doivent avoir le droit de disposer du droit litigieux ;
- elles doivent avoir la capacité d’ester en justice ;
- l’objet du compromis doit être dans le commerce juridique10.
La clause compromissoire quant à elle est la clause par laquelle les parties à un
contrat s’engagent à soumettre à des arbitres les litiges pouvant résulter de l’exécution
de ce contrat. Autrefois et en raison des dangers qu’elle présentait, la clause
compromissoire n’était valable que si elle était insérée dans un acte passé entre les
commerçants. Mais depuis l’entrée en vigueur de l’Acte uniforme sur l’arbitrage, la
clause compromissoire est valable dans les opérations contractuelles quelles soient
civiles ou commerciales.
S’il y a une convention d’arbitrage valable, les juridictions étatiques sont
incompétentes. Mais cette incompétence est relative puisque le juge saisi ne pourra se
déclarer incompétent que si le défendeur soulève une exception d’incompétence in
limine litis, c’est-à-dire avant la conclusion au fond. Si le défendeur commence par
opposer une défense au fond, il ne pourra plus soulever l’exception d’incompétence.
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Les litiges liés à l’état et à la capacité des personnes ne peuvent être soumis à des arbitres.
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Lorsque les arbitres sont saisis, ils doivent respecter les règles de procédure, sauf si les
parties en ont décidé autrement. Ils doivent aussi trancher le litige en appliquant les
règles de droit. Mais les parties peuvent les autoriser à statuer en équité ; on dit dans ce
cas qu’ils ont statué en amiables compositeurs.
La sentence arbitrale11 est dotée de l’autorité de la chose jugée, mais elle n’a pas force
exécutoire ; elle ne peut pas faire l’objet d’une exécution forcée, c’est ce qui constitue
sa faiblesse. Toutefois, la partie qui a gagné peut obtenir du président du tribunal de
grande instance l’ordonnance d’exequatur qui permet de procéder à l’exécution forcée.
Section 3 : Le champ d’application du droit commercial
Pendant longtemps, déterminer le domaine du droit commercial a fait l’objet de
controverse ; on s’est demandé si le droit commercial est le droit des commerçants ou
celui des opérations commerciales.
Une conception objective en fait le droit des actes de commerce, car la loi définit un
certain nombre d’actes auxquels elle donne un caractère commercial. Une conception
subjective du droit commercial en fait le droit des commerçants. Seules les personnes
qui ont cette qualité sont assujetties à ce droit particulier qu’est le droit commercial.
Nous constatons que le droit commercial de l’OHADA a un champ plus étendu à tel
point qu’il devient plus difficile de dresser la liste de ce qui relève du droit
commercial. On assiste à une commercialisation de la vie publique et de la vie civile.
Paragraphe 1 : La commercialisation de la vie publique
L’Etat, représentant de l’intérêt général n’avait aucune raison d’intervenir dans le
domaine de l’activité économique. Mais aujourd’hui, l’Etat et les collectivités
publiques s’insèrent dans les échanges marchands, ils interviennent dans la vie
économique soit en se réservant le monopole de certains activités, soit comme
concurrents du secteur privé. C’est ce qui justifie la soumission des personnes morales
de droit public au droit commercial 12.
Paragraphe 2 : La commercialisation de la vie civile
Il y a toujours eu une division entre le droit civil et le droit commercial, mais le droit
privé contemporain se caractérise par une extension du droit commercial dans le
11
C’est la décision rendue par les arbitres.
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V. AUDCG et AUDSC-GIE, Art. 1er.
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champ du droit civil. Cette extension est due à l’échec tiré de la définition du droit
commercial et des critères de l’activité commercial.
A. L’échec et l’incertitude des premiers critères
L’article 2 AUDCG définit le commerçant comme celui qui accomplit des actes de
commerce par nature et en fait sa profession. Ceci n’est qu’une reprise de la tradition
issue du code de commerce français. Or dans cette tradition toujours, la nature des
actes de commerce dépend de la qualité de celui qui les effectue 13. Cette définition a
été à la base de la fameuse querelle entre la conception objective et la conception
subjective du droit commercial.
Le compromis fut trouvé selon lequel le droit commercial était aussi bien le droit des
commerçants que celui des actes de commerce. Et Alain PIROVANO dira que le droit
commercial s’applique aux activités commerciales en général qu’elles soient ou non le
fait des commerçants14.
Malgré cela, le problème ne sera pas toujours réglé car on s’interrogera toujours sur la
possibilité de découvrir un critère général de la commerciale.
Pour délimiter le champ d’application du droit commercial trois critères furent
proposés, mais tous se révèleront très tôt incertains. Il s’agit des critères de circulation,
de spéculation et d’entreprise.
B. L’extension du droit commercial aux activités civiles
Par tradition, l’immeuble relève du droit civil. Mais aujourd’hui l’article 3 AUDCG
estime que les opérations immobilières sont des actes de commerce. Même le monde
de nature n’y échappe pas, car l’exploitation des mines, carrières et autres gisements
naturels sont aussi des actes de commerce.
Traditionnellement, l’agriculteur n’est pas un commerçant, mais la modernisation des
techniques agricoles appelle l’application du droit commercial à certaines exploitations
d’élevage, aux transformations de produits agricoles…
13
Ce qui fait tourner dans un cercle vicieux et on peut se demander "qui a fait l’œuf ?", c’est-à-dire entre la
poule et l’œuf qui est l’aîné ?
14
V. A. Pirovano, Introduction critique au droit commercial contemporain, R.T.D.com, 1985, P. 219.
17
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15
V. Cl. Champaud, Contribution à la définition du droit économique, D. 1967, chr, 215.
16
V. Jeantet, Aspect du droit économique, Mélanges Hamel, P. 33et s.
17
V. G. Farjat, Droit économique, PUF.
18
V. dans ce sens, A. Sakho, Les groupes de sociétés (contribution à la définition de la notion de pouvoir en
droit privé), thèse d’Etat en droit privé, Université Cheikh Anta Diop de Dakar, 1993.
18
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19
V.G. Cornu, vocabulaire juridique, Association Henri Capitant, PUF, 4 ème éd., 1994.
20
V. F. Dekeuwer-Défossez, Droit commercial, Montchréstien, 4ème éd., 1998.
19
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21
V. Yves Guyon, Droit des affaires, II, 1, 12ème éd., Economica, 2003, n° 35, p. 35.
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En un mot, l’entreprenant est celui qui vient de commencer une initiative : ouverture
d’un fonds de commerce, d’un fonds civil ou artisanal ; bref, une activité économique
de quelque nature que ce soit.
La définition juridique que l’AUDCG nous propose de la notion de l’entreprenant ne
s’écarte pas de cette explication littéraire. En effet, l’article 30 de ce texte dispose:
« l’entreprenant est un entrepreneur individuel, personne physique qui, sur simple
déclaration prévue dans le présent acte uniforme, exerce une activité civile,
commerciale, artisanale ou agricole ».
Le mot « entreprenant » est un substantif autant qu’un adjectif ; il désigne un
professionnel indépendant dont la qualité la plus marquante est celle d’un acteur
dynamique de la vie économique. Sortant du cadre étroit des activités commerciales. Il
est un entrepreneur individuel, personne physique, qui exerce une activité
professionnelle civile, commerciale, artisanale ou agricole.
Le développement de la para commercialité, la prise de conscience de la lourdeur des
textes et même de l’impossibilité pour certaines personnes de se soumettre à ces textes
relatifs à l’activité commerciale et le besoin de sortir davantage de l’informel une
catégorie d’acteurs de la vie économique expliquent l’érection du statut de
l’entreprenant qui est un statut intermédiaire entre le statut de commerçant et le statut
de civil. C’est un statut de faveur, souple mais précaire tel que le démontrent les
conditions d’accès ainsi que les effets qui en découlent.
A la lecture des dispositions relatives à l’entreprenant, il apparaît que son statut est
conditionné (section1), mais il est aussi circonscrit (section 2).
Section 1 : Les conditions d’acquisition du statut d’entreprenant
L’entreprenant est une personne qui a expressément opté pour ce statut : la notion
d’entreprenant fait appel à une idée de petit entreprenariat. Toutefois, c’est un statut
particulier qui ne s’applique pas de plein droit à tout petit entrepreneur. Le statut de
l’entreprenant n’est pas un statut contraignant, mais plutôt un statut incitatif. L’acteur
économique qui veut bénéficier des faveurs de ce statut, doit tout simplement en faire
la demande au Tribunal compétent par une simple déclaration de son activité au
RCCM. S’il choisit de ne pas le faire il va demeurer dans le secteur informel,
jusqu’aux seuils fixés par l’article 13 de L’AUOHC.
21
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Le législateur fixe des conditions dont l’une est relative à la personne de l’entreprenant
tandis que l’autre tient aux chiffres d’affaires.
Paragraphe 1 : La condition tenant à la personne
L’entreprenant est un entrepreneur individuel, personne physique : la notion
d’entreprenant suppose ici une personne qui est à ses débuts dans l’exercice d’une
activité économique, ou alors quelqu’un qui a commencé l’activité économique, ou
alors quelqu’un qui a commencé l’activité économique depuis un certain temps, mais
qui n’a pas encore eu la chance de progresser. C’est somme toute, un détaillant ou un
petit prestataire dont l’activité n’a pas encore atteint un certain seuil d’épanouissement.
L’entreprenant, c’est l’acteur économique dont l’activité n’est pas encore
scientifiquement organisée. Il est encore à l’étape rudimentaire. C’est ce qui explique
que le législateur exclut de la notion d’entreprenant, les personnes morales. Celles-ci
supposant un minimum d’organisation, ne sont pas concernées par ce statut.
L’entreprenant, c’est donc un acteur économique qui n’est pas encore organisée ;
mieux encore, qui n’est pas encore connu.
Pour tout dire, c’est jadis celui-là qui était communément appelé « le commerçant
informel » ou l’acteur de la para commercialité.
L’entreprenant n’est pas, forcement, le petit commerçant : bien que le statut de
l’entreprenant soit défini par l’acte uniforme relatif au Droit commercial général,
l’entreprenariat ne se limite pas à l’activité commerciale. L’article 30 précité indique
que l’activité de l’entreprenant peut être de nature civile, commerciale, artisanale ou
agricole. Bref, ce qui est en vue, c’est le critère de profession.
Paragraphe 2 : La condition tenant au chiffre d’affaires
Le chiffre d’affaires de l’entrepreneur ne doit pas aller au-delà du minimal fixé par la
loi comptable pour la tenue d’un système minimal de trésorerie : le statut de
l’entreprenant est une transition et non une fin en soit : la loi n’est tenue de porter
assistance qu’aux faibles. Dès l’instant que l’entreprenant devient capable, il doit
s’assumer et assurer les obligations légales requises d’un professionnel. La preuve de
cette capacité, c’est son chiffre d’affaires. C’est ce que dispose l’article 30 al 2 :
« L’entreprenant conserve son statut si le chiffre d’affaires généré par son activité
pendant deux exercices successifs n’excède pas les seuils dans l’acte uniforme portant
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22
AUDCG, Art. 30 in fine.
23
AUDCG, Art. 62.
24
AUDCG, Art. 44 et 46.
23
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25
Pour Thaller, Hamel et Lagarde, l’acte de commerce est un acte de circulation.
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personne. Aussi, certains actes accomplis dans le but de réaliser les bénéfices ne sont
pas des actes de commerce. Ex : la promotion immobilière entreprise par les sociétés
civiles (SCI), les membres des professions libérales.
► Le critère d’entreprise
L’idée d’entreprise a été avancée et selon elle, l’acte de commerce c’est l’acte
accompli dans le cadre d’une entreprise, car un tel acte suppose une répétition et une
certaine organisation. Ce critère, comme les précédents, n’est pas satisfaisant. En effet,
certains actes sont considérés comme les actes de commerce alors qu’ils ne sont pas
accomplis dans le cadre d’une entreprise Exemple : émission d’une lettre de change. Et
inversement, certains actes sont considérés comme civils alors qu’ils sont accomplis
dans le cadre d’une entreprise Exemple : les entreprises artisanales.
Au total, aucun de ces critères pris isolement n’est satisfaisant pour définir l’acte de
commerce par nature. Chacun d’eux contribue à en expliquer un aspect sans
véritablement le caractériser. Ripert et Roblot faisaient remarquer que « dans la vie
civile moderne, la circulation des biens est devenue active, et l’esprit de spéculation
souffle partout. La société tout entière prend l’esprit commercial »26. Ces auteurs ont
alors proposé de revenir à l’idée selon laquelle, l’acte de commerce par nature est celui
qui est fait dans l’exercice du commerce. C’est donc un acte professionnel.
2. Enumération légale des actes de commerce par nature
La plupart des actes figurant dans la liste légale indicative ont le caractère d’acte de
commerce par nature, c’est-à-dire qu’ils sont réputés comme tels, à raison de leur seul
objet, ou du statut personnel de celui qui les accomplit, et quel que soit le contexte
dans lequel ils sont accomplis.
Ils sont divers, mais malgré cette diversité, on peut les regrouper en 3 catégories :
l’achat pour revendre, les services et les activités industrielles.
► L’achat pour revendre
C’est le premier de la liste légale et c’est aussi le prototype des actes de commerce. Il
faut souligner l’importante innovation introduite par l’AUDCG. Sous l’empire de
l’ancien code de commerce français, seul l’achat pour revendre portant sur les meubles
26
G. Ripert et R. Roblot, Traité de Droit commercial, T. 1, 18 ème éd. L.G.D.J., par Louis Vogel, n° 337-345.
27
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était considéré comme acte de commerce. Avec les nouvelles dispositions, l’achat pour
revendre est un acte de commerce quel que soit l’objet de l’opération. Donc l’achat
pour revendre un immeuble est devenu un acte de commerce 27. L’achat pour revendre
implique 3 éléments :
- L’achat : ce terme désigne toute acquisition à titre onéreux. Cela peut être une
acquisition moyennant le paiement d’un prix, donc un échange. Si la vente n’est pas
précédée d’un achat, on ne peut pas parler d’acte de commerce. C’est pourquoi celui
qui produit pour vendre n’accomplit pas l’acte de commerce. Mais quelques difficultés
subsistent néanmoins surtout dans le secteur agricole et celui des œuvres de l’esprit.
L’activité agricole est traditionnellement de nature civile, tout comme l’est aussi la
production intellectuelle. Mais il est des cas où c’est délicat de maintenir ces activités
dans le champ civil28.
- pour revendre : la revente est le but de l’achat. Les achats non suivis de revente ne
sont pas des actes de commerce. Si le commerçant ne parvient pas à écouler son stock,
cette mévente n’a aucune incidence sur la commercialité de l’achat de ce stock. Si, au
contraire, une personne achète un objet puis, pour une raison quelconque, décide de le
revendre, l’opération n’est pas commerciale.
- L’intention de réaliser le bénéfice : celui qui achète pour revendre sans vouloir
réaliser des bénéfices n’accomplit pas les actes de commerce. Ainsi les coopératives
ou groupements d’achats de consommateurs n’ont pas une activité de nature
commerciale.
► Les services
Certaines opérations qui étaient visées dans l’article 632 du code de commerce
français ne figurent plus dans la liste dressée par l’article 3 AUDCG. C’est le cas des
entreprises de fourniture, des bureaux d’affaires, les entreprises de spectacle public et
les entreprises de vente à l’encan. Il ne faudrait pas en déduire cependant que ces
opérations ont cessé d’être des actes de commerce. L’adverbe notamment qui est
utilisé dans l’article 3 indique que la liste n’est pas limitative.
27
Avec l’AUDCG, l’immeuble a franchi le seuil de la commercialité.
28
V. M. Cozian, Le statut de l’élevage industriel, J.C.P 1971, I, 2381 ; A. Couret, Activités agricoles et
activités commerciales, R.T.D com 1980, P. 277.
28
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Ceci dit, on peut, en essayant de faire le regroupement, dégager deux types de services
ayant le caractère d’acte de commerce. D’une part, les actes ayant pour objet d’offrir à
la clientèle l’usage temporaire d’un bien 29. D’autre part, les actes ayant pour objet
l’exécution de certaines prestations au profit de la clientèle. C’est le cas des :
- opérations financières telles que les opérations de bourse, de banque, de change et
d’assurance ;
- actes des intermédiaires de commerce (opérations de courtage, de commission
d’agence commerciale) et les opérations d’intermédiaire pour l’achat, la souscription,
la vente ou la location d’immeuble, d’actions ou de parts de société commerciales ou
immobilières ;
- prestations de service de caractère matériel tel que les opérations de transport et de
télécommunication.
► Les activités industrielles
L’article 3 AUDCG vise les opérations de manufacture. Il faut entendre par là, les
activités industrielles. De telles activités ont le caractère d’acte de commerce même si
elles ont pour objet l’exploitation des mines, carrières et gisements des ressources
naturelles.
B. Les actes de commerce par accessoire
Les actes de commerce par accessoire ou en vertu de la théorie de l’accessoire sont des
actes juridiques dont l’objet n’est pas commercial, mais qui sont accomplis par un
commerçant à l’occasion, ou pour les besoin de son commerce. C’est l’attraction dans
le domaine du droit commercial des actes civils accomplis par le commerçant. Tous les
actes accomplis par un commerçant pour les besoins de son commerce sont considérés
comme les actes de commerce par nature : c’est l’application du principe général selon
lequel l’accessoire suit le principal. Lequel principe a été décrit pat Thaller dans une
formule célèbre : « la commercialité part de l’acte, frappe la personne, puis en vertu
d’un choc en retour, elle retombe sur les actes afin d’en saisir un plus grand
nombre ».
29
Par exemple la location de bien meuble.
29
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Pour l’application de cette théorie, il faut deux conditions; l’auteur de l’acte doit être
commerçant et cet acte doit être en relation avec son commerce.
1. Conditions liées à la qualité de l’auteur de l’acte
Pour qu’un acte civil soit considéré comme un acte de commerce par nature par
application de la théorie de l’accessoire, il faut que celui qui l’accomplit ait la qualité
de commerçant. Autrement dit, il n’est pas nécessaire que toutes les parties à l’acte
soient commerçantes, l’acte pouvant être mixte. Il suffit donc que l’une d’elles soit
commerçante pour que l’acte soit commercial à son égard. Ceci ne pose pas de
problèmes pour les personnes physiques puisque la qualité de commerçant s’apprécie
selon les critères du droit commun, c’est-à-dire accomplissement d’actes de commerce
et l’immatriculation au registre du commerce et du crédit mobilier (RCCM).
Pour les personnes morales et notamment les sociétés commerciales, la situation est un
peu complexe car il faut faire une distinction :
─ il y a des sociétés qui sont commerciales par leur objet, les actes accomplis par de
telles sociétés sont des actes de commerce. En effet, l’activité principale étant
commerciale, les actes accomplis accessoirement à cette activité deviennent les actes
de commerce par nature.
─ il y a aussi les sociétés qui sont commerciales pour leur forme ; de telles sociétés
peuvent avoir une activité civile. Exemple : S.A.R.L (forme commerciale) qui a pour
objet la location d’immeuble (objet civil). La question est de savoir est ce qu’il faut
faire prévaloir la forme ? Dans ce cas, les actes accomplis sont des actes de commerce
par accessoire ou alors faut-il faire prévaloir le fond, c’est-à-dire la nature civile ?
Dans ce cas les actes accomplis sont des actes civils30.
Aux termes de l’Article 3 AUDCG les actes effectués par les sociétés commerciales
sont des actes de commerce par nature31. La loi ne distingue pas selon qu’il s’agit de
sociétés à forme commerciale ou de sociétés à objet commercial. Ce qui veut dire que
30
V. W. Jeandidier, L’imparfaite commercialité des sociétés d’objet civil et à forme commerciale, D. 1979, chr.,
p. 7 ; A Dekeuwer, Le problème des rapports entre la forme et l’objet des sociétés, J.C.P. éd. CI, 1977, II, 12392.
31
L’AUDCG prend ainsi position ici dans une vieille controverse doctrinale, en considérant comme acte de
commerce par nature, les actes des sociétés commerciales.
30
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la forme prime sur le fond. Ainsi, les conventions passées entre une société anonyme
d’expertise comptable sont considérées comme étant commerciales 32.
2. Conditions relatives au but de l’acte
L’acte civil par nature ne devient acte de commerce par application de la théorie de
l’accessoire que s’il est accompli par un commerçant pour les besoins de son
commerce. La question qui se pose c’est de savoir comment déterminer l’acte
accompli pour les besoins de son commerce? En réponse à cette question, la
jurisprudence a établi une présomption. Elle considère en effet que l’acte accompli par
un commerçant est présumé avoir été accompli pour les besoins du commerce. Cette
présomption est simple pour les personnes physiques et elle est irréfragable lorsqu’il
s’agit des personnes morales.
La théorie de l’accessoire peut se combiner avec celle de l’anticipation et jouer en
faveur du futur commerçant. On peut considérer comme acte de commerce par
anticipation des actes conclus par une personne qui n’est pas encore commerçante,
mais qui se prépare à le devenir. Par exemple, l’achat d’un fonds de commerce a pu
être considéré par anticipation comme un acte de commerce accomplit par un futur
commerçant pour les besoins de son futur commerce 33.
C. Les actes mixtes
L’acte mixte est celui qui est conclu entre un commerçant et une personne non
commerçante. Il a par conséquent le caractère d’acte de commerce par nature pour le
commerçant, mais demeure un acte civil pour son cocontractant. Ainsi par exemple, la
vente au détail est commerciale pour le vendeur et régie par les dispositions du droit
civil pour le consommateur qui achète. La question fondamentale que soulèvent les
actes mixtes est relative à la détermination de leur régime juridique. La solution
jurisprudentielle est fondée sur le principe de la distributivité.
D. Les actes de commerce par la forme
1. La Lettre de change, le billet à ordre et le warrant
Pendant longtemps, seule la lettre de change était considérée parmi les effets de
commerce comme un acte de commerce par la forme. La lettre de change est
32
V. Com. 18 fév. 1975, RTDCom 1975, p. 466, obs. Jauffret et 1976, p. 124, obs. Houin.
33
V. Com. 19 juin 1972, JCP 1973, II, 17356, note Calais-Auloy.
31
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besoins de l’existence »36 . Cependant, il existe des habitudes non professionnelles qui
ne sont pas du domaine du droit commercial. Ainsi, la personne qui accomplit des
actes de commerce de façon répétée n’acquiert pas la qualité de commerçant dès lors
que l’accomplissement des actes ne lui procure pas de revenus. Par exemple
l’accomplissement d’acte de commerce par la forme ne confère pas la qualité de
commerçant même s’il y a répétition. Il a été jugé par exemple qu’un bailleur qui tire
des lettres de change pour percevoir ses loyers n’a pas la qualité de commerçant. Ce
qui permet à ce bailleur de vivre, ce sont les loyers perçus et non l’émission de lettres
de change. Cet acte n’est qu’un moyen de percevoir les loyers.
L’activité commerciale doit aussi être réelle, et pas seulement formelle. Il ne suffit pas
de se déclarer commerçant ou d’accomplir certaines obligations statutaires des
commerçants, telles que le paiement de la patente, ou l’immatriculation au RCCM37,
pour être considéré comme tel.
L’accomplissement d’acte de commerce doit être fait à titre principal. Cela ne veut pas
dire que la profession commerciale doit être exclusive. On peut en effet exercer à la
fois une profession commerciale et une profession civile, on est alors commerçant
parce que l’une des professions est commerciale38. C’est ce qu’on appelle la pluri-
activité.
Parfois, cette pluri-activité est contraire à la loi. Ainsi, le notaire qui exerce aussi le
commerce de banque se verra appliquer à titre de sanction certaines règles du droit
commercial, par exemple la faillite qui est propre aux commerçants 39. L’exercice
simultané de ces deux professions ne doit pas être confondu avec l’exercice à titre
principal d’une profession et l’accomplissement accessoire d’actes relevant
normalement d’une autre profession. Ainsi, lorsque l’intéressé exerce à titre principal
une profession commerciale, il est commerçant même s’il accomplit accessoirement
les actes civils. Ces actes civils deviennent des actes de commerce par application de
36
V. C.A. Paris, 30 avril 1906, Jeannequin c/Vve Creusillat, DP 1907, somm., p. 9.
37
L’article 59, al. 1 AUDCG fait découler une présomption de la qualité de commerçant de l’immatriculation au
RCCM. Mais cette présomption peut être écartée par la preuve contraire.
38
V. Pousson Petit, Pluri activité et activité mixte en quête de statut, R.T.D. Com 1984, P.15.
39
V Com.2.fév.1970, N. c/ Dame D. 1970, 430 ; JCP, G. 1970, II, 16313, obs. J.A.
33
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la théorie de l’accessoire s’ils ont été accomplis par cette personne pour les besoins de
son commerce.
A contrario lorsque l’intéressé exerce à titre principal un acte civil, il reste un civil
même s’il a accompli accessoirement les actes de commerce 40. Exemple un artisan qui
est amené à acheter les matières premières pour revendre accomplit des actes civils
sauf s’il dépasse le besoin de la profession. C’est encore le cas du médecin,
propriétaire d’une clinique, qui fait payer aux patients internés, des frais
d’hébergement et de restauration, ou encore d’un établissement scolaire avec un
internat payant. Ces activités commerciales sont simplement considérées dans ce cas
comme des supports nécessaires à l’activité principale du médecin ou de
l’établissement d’enseignement.
Paragraphe 3 : L’accomplissement d’acte de commerce de façon indépendante et
personnelle
Même si le législateur ne le dit pas expressément on considère toujours que la qualité
de commerçant suppose une certaine indépendance. Celui qui accomplit des actes de
commerce pour le compte d’autrui n’est pas commerçant. C’est pourquoi les
auxiliaires des commerçants qui ne justifient pas de cette indépendance n’ont pas la
qualité de commerçant alors que les intermédiaires indépendants ont la qualité de
commerçant.
A. Les auxiliaires non commerçants
Ceux qui accomplissent des actes de commerce pour le compte d’autrui n’ont pas la
qualité de commerçant. Cela s’explique par le fait qu’ils ne sont pas indépendants.
C’est le cas des salariés qui accomplissent des actes de commerce pour leur
employeur. Cela permet d’écarter la qualité de commerçant des gérants succursalistes
(gérants de magasins) soit parce qu’ils sont salariés, soit parce qu’ils sont mandataires
de leur entreprise et qu’ils exercent le commerce au nom et pour le compte de celle-ci
sans en courir les risques. C’est aussi le cas des organes sociaux, qui agissent pour le
compte de la société qu’ils représentent. Il en résulte que si la société est bien
commerçante, ceux-ci ne le deviennent pas.
40
V. Com. 4 oct. 1994, Cts Navant c/ Epx Celle, D. 1995, p. 456, note V. Barabé-Bouchard ; Com., 30 janv.
1996, Jollin c/ Proc. gén., JCP, E, 1997.
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AUDCG, Art. 169.
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écrit ou verbal. En l’absence d’écrit, le mandat peut être prouvé par tous moyens y
compris le témoignage.
En ce qui concerne l’étendue des pouvoirs, elle est fixée en l’absence des stipulations
contractuelles par la nature de l’affaire. D’après l’article 178 AUDCG, les
intermédiaires peuvent accomplir tous les actes nécessaires pour l’exécution du
mandat. Toutefois, l’intermédiaire ne peut, sans un pouvoir spécial, engager une
procédure judiciaire, transiger, compromettre, souscrire des engagements de change,
aliéner ou grever des immeubles, ni faire des donations.
Les effets des actes accomplis par les intermédiaires s’analysent à partir de trois
situations :
- l’intermédiaire a agi pour le compte du représenté dans la limite de ses pouvoirs
et dans des conditions telles que les tiers connaissaient ou devraient connaître sa
qualité d’intermédiaire. Dans ce cas, ses actes lient directement le représenté et le tiers
à moins qu’il ne résulte des circonstances de l’espèce que l’intermédiaire a entendu
s’engager personnellement42 ;
- l’intermédiaire a agi pour le compte du représenté dans les limites de ses
pouvoirs, mais le tiers ne connaissait pas ou n’était pas censé connaître sa qualité
d’intermédiaire. Dans ce cas, c’est l’intermédiaire qui est personnellement engagé 43 ;
- l’intermédiaire a agi sans pouvoir ou a excédé ses pouvoirs. Dans ce cas, ses
actes ne lient ni le représenté, ni le tiers. Il n’en serait autrement que si le
comportement du représenté conduit le tiers à croire raisonnablement et de bonne foi
que l’intermédiaire a le pouvoir d’agir pour le compte du représenté. Dans cette
dernière hypothèse, le représenté ne peut se prévaloir à l’égard du tiers du défaut de
pouvoir de l’intermédiaire 44. Lorsqu’il agit sans pouvoir ou en dehors de ses pouvoirs,
l’intermédiaire est tenu d’indemniser le tiers afin de rétablir celui-ci dans la situation
qui aurait été la sienne si l’acte avait été conclu avec les pouvoirs nécessaires 45.
42
AUDCG, Art. 180.
43
AUDCG, Art. 181.
44
AUDCG, Art. 183.
45
AUDCG, Art. 185.
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Le représenté peut cependant ratifier l’acte accompli par l’intermédiaire qui a agi sans
pouvoir ou qui a excédé ses pouvoirs. En cas de ratification, l’acte ratifié produit les
mêmes effets que s’il avait été accompli en vertu d’un pouvoir. Le contrat fait naître
les obligations à la charge du représenté et de l’intermédiaire46.
Le représenté doit rembourser à l’intermédiaire en principal et intérêts, les avances et
frais que celui-ci a engagés pour l’exécution régulière du mandat. Il doit le libérer des
obligations contractées47.
Les causes de cessation du mandat sont visées par les articles 188 et 189 AUDCG.
Elles sont les suivantes :
- l’accord entre le représenté et l’intermédiaire ;
- l’exécution complète de l’opération pour laquelle le pouvoir a été conféré ;
- la révocation de l’intermédiaire par le représenté ;
- la renonciation par l’intermédiaire de son mandat ;
- le décès de l’une des parties ;
- la survenance d’une incapacité chez l’une des parties ;
- l’ouverture des procédures collectives de redressement judiciaire ou de liquidation
des biens contre l’une des parties.
2. Les règles propres à chaque intermédiaire
► Le commissionnaire
Les règles sont fixées par les articles 192 et 207 AUDCG. Selon l’article 192 AUDCG,
le commissionnaire est un professionnel qui se charge de conclure en son propre nom,
mais pour le compte du commettant, tout acte juridique48 moyennant une commission.
Le contrat fait naître des obligations à la charge du commissionnaire. Il doit exécuter,
conformément aux directives du commettant, les opérations faisant l’objet du contrat.
Il doit agir loyalement pour le compte du commettant. Il ne peut, notamment, acheter
pour son propre compte, les marchandises qu’il est chargé de vendre, ni vendre ses
propres marchandises au commettant. Il doit donner au commettant tous
renseignements utiles relatifs à l’opération. Il doit sauvegarder les droits et recours
46
AUDCG, Art. 184.
47
AUDCG, Art. 186.
48
Il peut s’agir d’une location, d’un prêt, d’une vente ou d’un achat.
37
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49
AUDCG, Art. 200.
38
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Si c’est l’acquéreur qui est donneur d’ordre, la rémunération lui incombe, en plus du
prix payé au vendeur.
Si les deux parties sont donneuses d’ordre, le pourcentage correspondant à la
commission due au courtier est fixé e réparti entre elles par accord commun avec lui.
La rémunération est due dès que l’indication donnée ou la négociation conduite aboutit
à la conclusion du contrat.
Le courtier a droit au remboursement des dépenses effectuées si cela avait été
convenu ; le remboursement est dû dans ce cas même si le contrat n’est pas conclu.
► L’agent commercial
Son statut est fixé par les articles 216 à 233 AUDCG. Selon l’article 216, c’est un
mandataire qui, à titre de profession indépendante, est chargé d’une façon permanente
de négocier et éventuellement de conclure des contrats de vente, d’achat, de location
ou de prestation de service au nom et pour le compte de producteurs, industriels, de
commerçants ou d’autres agents commerciaux, sans être lié envers eux par un contrat
de travail.
L’agent commercial a une obligation de loyauté et un devoir d’information à l’égard
de son mandant. Il ne peut accepter la représentation d’une entreprise concurrente sans
l’accord de son mandant. Il ne peut même après la fin du contrat, utiliser ou révéler les
informations qui présentent un caractère confidentiel. Il a l’obligation de restituer à la
fin du contrat tout ce qui lui a été remis pour la durée du contrat soit par le mandant,
soit par les tiers pour le compte du mandant.
L’agent commercial a droit à une rémunération qui, dans le silence du contrat, prend la
forme d’une commission calculée conformément aux usages en vigueur dans le secteur
d’activité couvert par le mandat. Il a droit au remboursement des frais et débours qu’il
a assumés en vertu d’instruction spéciale du mandant. Ces droits au remboursement ne
couvrent pas cependant les frais et débours résultant de l’exercice normal de son
activité. Il a droit en cas de cessation des ses relations avec le mandant, à une
indemnité compensatrice sauf dans les trois cas présentés par l’article 230 AUDCG.
Section 2 : Les conditions d’accès au commerce
A la lecture des dispositions de l’article 2 AUDCG, on a l’impression qu’il suffit
d’accomplir des actes de commerce pour accéder à la profession commerciale en vertu
39
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50
V. C.E. 28 oct. 1960, Martial de Laboulaye, Rec. Lebon, p.570 ; Droit des sociétés, 1961, p.141.
51
Certaines activités ne s’exercent qu’avec une autorisation administrative. C’est notamment le cas de
l’ouverture des salles de spectacle, des agences de voyages, des débits de boisson, des officines pharmaceutiques
et les agences immobilières.
52
Par exemple, le monopole de la fabrication de poudre du PMU, des timbres poste ou des cartes téléphoniques.
40
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qui ne fait que détailler le commerce de son mari n’a pas la qualité de commerçant 53. A
l’inverse, ne peuvent pas être commerçants les mineurs et majeurs incapables.
A. La situation du mineur
La majorité civile étant désormais fixée à 18 ans, dans la plupart de nos Etats, est
mineure, la personne de l’un ou l’autre sexe qui n’a pas encore 18 ans accomplis 54. Il
paraît alors trop dangereux de permettre l’exercice du commerce à des personnes plus
jeunes.
Son père, sa mère ou son tuteur ne peut pas non plus le faire en son nom, car il n’y a
pas de représentation possible dans l’exercice d’une profession, commerciale de
surcroît.
Il est impossible de retenir la qualité de commerçant d’un mineur même si, en fait, il
exerce des actes de commerce par nature et mieux les actes accomplis par lui sont
annulables sur sa demande sans qu’il ait à établir une lésion55. Cette solution résulte
de l’application des règles du droit commun de la validité des contrats. Si l’acte est
annulé, les parties devront, en principe procéder à des restitutions. Le mineur pourra
obtenir restitution de ce qu’il a payé en exécution du contrat annulé mais ne sera lui-
même tenu à restituer que dans la limite de son enrichissement56.
Il ne peut non plus être associé dans une société en nom collectif dont tous les associés
sont nécessairement commerçants et répondent solidairement et indéfiniment des
dettes sociales. Si un mineur hérite d’un fonds de commerce, il ne peut pas l’exploiter
lui-même ; il doit soit mettre le fonds en location gérance, soit l’apporter à une société
autre qu’une société en nom collectif ou le vendre. Le parent survivant qui a un droit
de jouissance légale sur le fonds de commerce et les autres biens de son enfant mineur,
pourra aussi exploiter à titre personnel le fonds de commerce en vertu de son droit
d’usufruit. Toutefois, cette jouissance légale devra prendre fin dès l’âge de la majorité
du mineur ou par suite de son émancipation.
53
V. AUDCG, Art. 7, al. 2.
54
V. Code des personnes et de la famille du Bénin, Art. 120 et 123.
55
Civ. 7 mars 1922, D. 1922, 1, 169.
56
COCC, Art. 92 ; Code civil, Art. 1241 et 1312.
41
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Cependant si le mineur est émancipé, il peut, selon l’article 7, al. 1 AUDCG, avoir la
qualité de commerçant et effectuer des actes de commerce. L’émancipation est l’acte
par lequel le mineur est affranchi de l’autorité parentale et devient capable, comme un
majeur, des actes de la vie civile 57. Il y a deux types d’émancipation : l’émancipation
par le mariage et l’émancipation volontaire par décision des père et mère ou du conseil
de famille.
B. Les majeurs incapables
L’acte uniforme ne contient pas de dispositions relatives aux incapables majeurs et
pourtant cette situation peut se produire, par exemple lorsqu’un commerçant déjà
installé subit une altération de ses facultés mentales.
Le majeur dont les facultés mentales sont altérées, c’est-à-dire qui est dans un état
habituel d’imbécilité, de démence ou de fureur, est incapable et assimilé au mineur,
pour sa personne et ses biens. Cela signifie qu’il doit être représenté d’une façon
continue pour tous les actes de la vie juridique. Il ne peut donc pas être commerçant ni
faire des actes de commerce par nature isolés.
Alors que l’incapacité est la règle chez les mineurs, la capacité l’est chez les majeurs.
On distingue deux types d’incapacités : les incapacités de défiance et les incapacités de
protection.
Les incapacités de défiance ont pour but d’empêcher certains majeurs d’agir à titre de
sanction. Ainsi les majeurs condamnés à une peine afflictive et infamante sont soumis
au régime de la tutelle.
Les incapacités de protection qui nous intéressent ont pour but d’assurer la protection
de certaines personnes présumées hors d’état d’exprimer leur volonté en raison de la
défaillance de leur faculté mentale ou corporelle.
Il existe différents régimes d’incapacité applicables aux majeurs.
1. La tutelle
Ce régime s’applique aux majeurs dont les facultés mentales sont durablement altérées
par une maladie, une infirmité ou un affaiblissement dû à l’âge. L’altération doit être
telle que l’intéressé a besoin d’être représenté de manière continue dans les actes de la
57
V. G. Cornu, Vocabulaire juridique, Association H. Capitant, PUF, 2000, p ; 327.
42
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vie civile. Lorsque la mise en tutelle est décidée, la personne qui en fait l’objet est
représentée par son tuteur qui est seul habilité à agir en son nom.
Le majeur en tutelle est en principe assujetti au même régime que le mineur. Privé de
capacité civile, il ne peut être commerçant.
Cependant, la cour de cassation française, a jugé que l’incapacité ne faisait pas
obstacle à une action en comblement de passif58. Cette action est fondée sur la
responsabilité civile du dirigeant et en matière civile, il est prévu que tout acte peut
obliger l’auteur du dommage à réparation ou être pris en compte pour l’exonération
partielle ou totale…
2. La curatelle
Ce régime s’applique aux individus qui, sans être hors d’état d’agir eux-mêmes, ont
besoins d’être conseillés ou contrôlés dans les actes de la vie civile. Ce régime
s’applique également aux majeurs qui, en raison de leur prodigalité, de leur
intempérance ou de leur oisiveté s’exposent au risque de tomber dans le besoin ou de
compromettre gravement l’exécution de leurs obligations familiales.
Le majeur en curatelle, pour accomplir les actes les plus importants de la vie civile,
doit se faire assister de son curateur. Alors cet incapable ne peut pas être commerçant.
3. La sauvegarde de justice
Ce régime temporaire est appliqué aux malades internés ou soignés à domicile. Le fait
de placer un individu sous le régime de la protection de justice, laisse présumer
l’absence de consentement, et cette situation est très inadaptée aux exigences du
commerce. Ce régime prend fin soit par la guérison du malade, soit par la
transformation en tutelle.
Paragraphe 2 : Les conditions protégeant l’intérêt général
Il faut protéger l’intérêt général en assainissant les professions commerciales. Deux
procédés sont utilisés pour parvenir à cette fin : les incompatibilités et les interdictions.
A. Les incompatibilités
Elles empêchent d’exercer simultanément deux professions dont on estime que l’une
(le commerce) nuirait à l’autre. L’article 8, al. 2 AUDCG pose le principe selon lequel
58
Civ1ère, 9 nov. 1983, 1er arrêt, D 1984, p. 139, note Derrida.
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« il n’y a pas d’incompatibilité sans texte » et l’article 9 du même texte énumère les
professions incompatibles avec la profession commerciale.
Alors, il est radicalement interdit d’avoir une activité commerciale lorsque l’on a la
qualité de fonctionnaire ou personnel des collectivités publiques et des officiers
ministériels et auxiliaires de justice59.
Ne peuvent, non plus, être commerçants les membres des professions libérales :
Experts Comptables agrées, Comptables agrées, Commissaires aux comptes et aux
apports, Conseil juridiques, Courtier maritime.
Il apparaît que certaines incompatibilités sont traditionnelles et générales ; elles
s’appliquent aux fonctionnaires et assimilés. D’autres sont particulières à certaines
professions commerciales. Mais l’Etat peut en éditer de nouvelles.
L’article 8 AUDCG prévoit les effets des incompatibilités, mais la sanction du non
respect des incompatibilités doit être principalement recherchée du côté de la
profession non commerciale ; il s’agit de sanctions disciplinaires60.
Du point de vue du droit commercial, il appartient à celui qui invoque l’incompatibilité
d’en apporter la preuve. L’existence d’une incompatibilité n’empêche pas celui qui fait
des actes de commerce d’être considéré comme un commerçant de fait, et de se voir
appliquer les règles des procédures collectives61. Les actes accomplis en violation de
l’incompatibilité sont valables. Les tiers de bonne foi, s’ils le souhaitent, peuvent s’en
prévaloir mais la personne qui les a accomplis ne peut pas s’en prévaloir62.
B. Les interdictions
En raison de leur passé douteux, certaines personnes indésirables doivent être écartées
du monde commercial et ses clients protégés : c’est ce que visent les interdictions et
déchéances. Il résulte de l’article 10 AUDCG que l’activité commerciale ne peut être
exercée par les personnes coupables de certains agissements.
59
Avocat, Huissier, Commissaire priseur, Agent de change, Notaire, Greffier, Administrateurs et Liquidateurs
Judiciaires.
60
L’interdiction d’exercice, la suspension ou la radiation.
61
V. Com, 2 fév. 1970, J.C.P., 1970, II, 16313.
62
V. Civ. 21 oct., 1968, D.1969, p. 91.
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Il s’agit tout d’abord des personnes qui ont fait l’objet d’une interdiction générale,
définitive ou temporaire prononcée par une juridiction professionnelle.
Il s’agit également des personnes à l’égard desquelles a été prononcée une
condamnation définitive à une peine privative de liberté pour crime de droit commun
ou à une peine d’au moins trois (3) mois d’emprisonnement non assortie du sursis pour
un délit contre les biens, ou une infraction en matière économique ou financière.
Au total, les interdictions sont de deux ordres : celles prononcées par une juridiction
professionnelle, c’est-à-dire limitées à la profession63 et celles prononcées par une
juridiction civile ou répressive, qui sont plus générales. C’est le cas lorsqu’un
commerçant, débiteur défaillant, a commis des fautes graves, telles que l’omission de
tenir une comptabilité conforme à la loi ou l’emploi de moyens ruineux pour se
procurer des fonds. Une telle personne ne peut plus ni être commerçant, ni diriger une
société commerciale64.
L’interdiction découlant d’une condamnation pour crime de droit commun est
discutable. Certes, on peut comprendre qu’une personne ayant fait l’objet d’une
condamnation pour une infraction en relation avec les affaires soit exclue de la
profession commerciale65. Mais on peut difficilement comprendre qu’une personne
condamnée pour une infraction sans rapport avec les affaires fasse l’objet d’une
interdiction de faire le commerce. L’auteur d’un meurtre peut parfaitement être un
excellent commerçant ; lui interdire l’exercice du commerce après l’exécution de la
peine, c’est l’empêcher de reprendre sa place dans la société. A ce propos, Yves
Guyon relève, non sans une dose d’ironie, qu’ « à une époque où la pornographie est
reine, l’auteur d’un viol ou d’un outrage public à la pudeur peut être un excellent
commerçant. En lui interdisant de reprendre ses activités commerciales à l’expiration
63
Par exemple, assureurs, banquiers ou débitants de boisson…
64
V. AUPC/AP, Art. 203.
65
L’interdiction de la profession peut être prononcée lorsque l’infraction commise a une relation directe avec
l’exercice de cette profession, ou s’il y a de graves craintes que cet exercice ne constitue un danger de rechute
pour le condamné.
45
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66
Y. Guyon, Droit des affaires, t. 1, Droit commercial général et sociétés, Economica, 11 ème éd., 2001, p.42.
67
V. AUDCG, Art. 12.
68
V. Com. 11 mai 1976, J. C. P. 1976, II, 18452, note Rodière.
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faveur n’a pas été défini par législateur OHADA qui a plutôt choisi de laisser à la
discrétion de chaque Etat membre.
Paragraphe 1 : La liberté de la preuve
Il existe deux systèmes convenables en matière de preuve. Il y a d’abord le système de
l’intime conviction ou système de la preuve morale. C’est le système appliqué en
matière pénale ; ici le juge a une large marge de manœuvre car tous les modes de
preuve sont admis et il n’y a pas une hiérarchisation des modes de preuve. Ensuite, il y
a le système de la légalité de la preuve qui est appliqué en manière civile. Dans ce
système, la loi énumère de façon limitative les différents modes de preuve69.
La loi détermine pour chaque cas le mode de preuve admissible ; ainsi pour les actes
juridiques dont le montant de l’obligation dépasse un certain seuil fixé par la loi 70, il
faut une preuve écrite à défaut, il faut un serment décisoire ou un aveu judiciaire. Il en
serait autrement s’il y a commencement de preuve par écrit, impossibilité matérielle ou
morale de pré constituer ou produire un écrit.
Dans cette hiérarchie des modes de preuve, il y a d’une part, des preuves parfaites
(écrit, serment décisoire, l’aveu judicaire). Lorsque ces preuves sont administrées, le
juge doit s’estimer convaincu. Il y a d’autre part, les preuves imparfaites et lorsque de
telles preuves sont administrées, le juge apprécie souverainement leur pertinence ou
leur concordance.
Toutes ces règles sont écartées en matière commerciale où on constate l’absence de
formalité. En effet, l’article 5, al. 1 AUDCG dispose : « Les actes de commerce se
prouvent par tous moyens même par voie électronique à l’égard des commerçants ». Il
résulte de ce texte que la liberté de preuve ne s’applique que s’il s’agit d’une acte de
commerce d’une part et si les parties ont la qualité de commerçant d’autre part. En
d’autres termes, la liberté de la preuve n’existe que si l’acte est commercial et les
parties commerçantes. La preuve contre un commerçant, n’agissant pas dans le cadre
de sa profession commerciale, est soumise aux règles du droit civil 71.
69
Il s’agit de l’écrit, le témoignage, l’aveu, le serment et les présomptions.
70
D’après le COCC en son article 14, la somme doit être supérieure à 20.000Fcfa et depuis 2005 en France, le
décret pris en application de l’article 1341 Code civil fixe le montant à 1500 euros.
71
V. Civ. 1er 23 mai 1977, RTD. Com 1977, p. 711, obs. Derrupé.
48
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72
V. J.HUET, Aspects juridique de l’EDI (Echange de données Informatiques), D. 1991, chr., p. 181.
73
CCJA, arrêt n° 053/2005 du 15 décembre 2005 ayant considéré qu’une lettre par laquelle une société
commerciale s’engage à apurer sa dette à l’égard d’une autre société vaut reconnaissance de dette de première à
l’égard de la seconde, et que la Cour d’appel d’Abidjan qu l’avait admis s’était en cela conformé aux
dispositions de l’article 5 de l’Acte uniforme, Rec. de jurisp., CCJA, Arrêt n° 6, juillet-décembre 2005, p. 35.
74
V. Com 3 mai 1984, Bull civ., IV, n° 145.
75
V. Civ. 26 nov. 1974, D1975. IR, 36.
49
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76
AUDCG, Art. 62, al. 1.
50
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77
Pour l’application de ce délai à la créance de loyer dans le bail commercial, voir notamment, CCJA, Arrêt n°
020/2004 du 17 juin 2004, Rec. Jurisp, CCJA, n° 3 janvier-juin 2004, p.69.
78
AUDCG, Art. 18.
79
AUDCG, Art. 22.
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L’article 21 expose, dans son alinéa 1 er, les cas de suspension puis développe, dans les
deux alinéas suivants, le régime applicable, d’une part, à une conciliation ou à une
médiation, d’autre part, à une mesure judiciaire d’instruction.
La prescription peut être interrompue 80 en cas de reconnaissance par le débiteur du
droit de celui contre lequel il prescrivait, en cas de demande en justice, même en
référé. Il en est de même en cas d’incompétence ou d’annulation de l’acte introductif
d’instance81.
Afin d’éclaircir les incertitudes de ce que l’on appelle parfois l’« interversion » de la
prescription, l’article 24 pose pour principe qu’un acte d’exécution forcée interrompt
le délai de prescription comme le délai de forclusion.
En présence de codébiteurs, d’héritiers ou de cautions, l’interpellation faite à l’un des
débiteurs solidaires par une demande en justice ou par un acte d’exécution forcée ou la
reconnaissance par le débiteur du droit de celui contre lequel il prescrivait interrompt
le délai contre tous les autres82.
● Le juge et les parties face à la prescription : la prescription ne peut pas être
relevée d’office mais, sauf renonciation, elle peut être opposée en tout état de cause et
le paiement d’une dette prescrite ne peut être répété83/84.
Lorsqu’une prescription est acquise, le bénéficiaire peut y renoncer de façon expresse
ou tacite. La renonciation est tacite lorsqu’il résulte des circonstances une volonté sans
équivoque de ne pas se prévaloir de la prescription85. L’article 29, fixe la liberté des
parties pour aménager, par accord commun, le régime de la prescription future ou en
cours. Ainsi, elles peuvent réduire ou allonger la durée de la prescription. Toutefois
cette durée ne peut être réduite à moins d’un an ni étendue à plus de dix ans.
80
AUDCG, Art. 23.
81
V. Cour d’appel d’Abidjan, ch. civ. et com., Arrêt n° 436 du 15 avril 2005, Aff. B. Y. c/ SIFCA-SA, Ohada J-
06-36 ; Le juris-Ohada, n° 4/2006, p. 43.
82
AUDCG, Art.25.
83
AUDCG, Art.26.
84
AUDCG, Art.27.
85
AUDCG, Art.28.
52
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concurrence doit répondre à deux exigences : elle doit être loyale et elle doit être libre,
c’est-à-dire ne pas être entravée par des comportements anticoncurrentiels.
En effet, il n’est pas tolérable que certains acteurs de la vie des affaires s’éloignent des
règles du jeu et s’approprient par des manœuvres frauduleuses la clientèle de leurs
concurrents. C’est pourquoi, l’entrepreneur est protégé contre le détournement de sa
clientèle par une action particulière appelée action en concurrence déloyale.
L’action en concurrence déloyale n’est pas réservée exclusivement aux commerçants ;
les membres de toutes professions peuvent agir en concurrence déloyale. Ainsi
l’entreprenant bénéficie lui aussi de l’action en concurrence déloyale.
La concurrence déloyale est celle qui n’est pas conforme aux usages de la profession et
les atteintes à la loyauté sont diverses, tout comme le sont leurs sanctions.
A. L’action en concurrence déloyale
L’article 118 COCC l’équivalent de l’article 1382 du code civil est le fondement
traditionnel de l’action qui est une action en responsabilité civile pour faute qui
nécessite l’existence d’un préjudice et d’un lien de causalité.
1. La faute
Elle peut résulter d’un dénigrement du concurrent. Il consiste à jeter du discrédit soit
sur la personne du concurrent, soit sur la qualité des produits qu’il fabrique ou vend. Il
est constitutif de concurrence déloyale quand bien même les critiques formulées contre
le concurrent seraient fondées. Il faut néanmoins que les concurrents critiqués soient
nommément désignés ou identifiables. Exemple : mon concurrent est un voleur, il est
insolvable.
La publicité comparative peut constituée une concurrence déloyale, car qui compare
dans un but publicitaire, souvent dénigre.
La faute peut aussi résulter de l’accomplissement d’un acte de nature à créer la
confusion dans l’esprit de la clientèle du concurrent afin de l’attirer à soi. Exemple :
Un commerçant utilise un nom commercial sous lequel était exploité un fonds de
commerce où on vend des produits similaires.
La faute peut, enfin, résulter de la désorganisation soit de l’entreprise concurrente, soit
du marché. Exemple : Un commerçant révèle les secrets de fabrique de son concurrent
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fonds de commerce ou son fonds professionnel s’il est expulsé de son local. C’est
pourquoi la prérogative essentielle reconnue au commerçant ou à l’entreprenant est
constituée par le droit d’exiger le renouvellement de son bail arrivé à expiration. Mais
le bailleur peut refuser le renouvellement à condition de payer une indemnité
d’éviction en compensation du préjudice qui est ainsi causé au locataire.
En ce qui concerne l’entreprenant, la loi lui reconnaît, certes, le bénéfice des
dispositions propres au bail professionnel86 mais il ne peut invoquer ni un droit au
renouvellement du bail, ni un droit à la fixation judiciaire du loyer du bail renouvelé
que s’il y a eu accord entre le bailleur et lui87. Ce qui veut dire que le droit au
renouvellement du bail de l’entreprenant est subordonné à un accord préalable du
bailleur.
Les articles 123 et suivants de l’AUDCG règlent le droit au renouvellement du bail
professionnel qui est un droit personnel qui s’exerce, sous certaines conditions, contre
le bailleur et dont la mise en œuvre peut aussi présenter un intérêt économique pour
des tiers.
A. Les conditions de renouvellement du bail professionnel
Le droit au renouvellement du bail commercial s’exerce dans un cadre légal bien
déterminé. Les dispositions relatives au bail professionnel sont d’ordre public. Ce droit
n’est garanti au locataire que si les conditions liées à la nature des locaux loués et à la
durée du bail sont remplies.
1. Les conditions relatives aux locaux
Les règles régissant le bail commercial et donc le droit au renouvellement ne
s’appliquent qu’aux baux portant sur des immeubles rentrant dans l’une des catégories
prévues par l’article 101 AUDCG :
▬ les locaux ou immeubles d’usage commercial, industriel, artisanal ou
professionnel ;
▬ les locaux accessoires dépendant d’un local ou d’un immeuble à usage
commercial, industriel, artisanal ou professionnel. Il faut préciser cependant que si ces
locaux accessoires appartiennent à une personne autre que le propriétaire du local
86
AUDCG, Art. 65.
87
AUDCG, Art. 134, al. 2.
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principal, il faut que la location ait été faite en vue de l’utilisation jointe que leur
destinait le preneur et que cette destination ait été connue du bailleur au moment de la
conclusion du bail ;
▬ les terrains nus sur lesquels ont été édifiées, avant ou après la conclusion du
bail, des constructions à usage industriel, commercial, artisanal ou professionnel, si ces
constructions ont été élevées ou exploitées avec le consentement du propriétaire ou à
sa connaissance.
2. Les conditions relatives à la durée du bail
Le droit au renouvellement du bail est accordé au preneur, personne physique ou
morale exerçant une activité commerciale, industrielle, artisanale ou professionnelle
qui justifie d’une exploitation de son activité pendant une durée de deux ans sans qu’il
soit nécessaire de distinguer selon qu’il s’agit d’un contrat à durée déterminée ou d’un
contrat à durée indéterminée88. Ce délai fixé par l’Acte uniforme est considéré comme
le temps nécessaire, en pratique, pour s’attacher une clientèle, et pouvoir bénéficier
ainsi de la protection légale.
B. La mise en œuvre du droit au renouvellement du bail professionnel
1. Les diligences attendues du preneur
Il faut faire une distinction selon qu’il s’agit d’un bail à durée déterminée ou d’un bail
à durée indéterminée.
Le preneur qui a droit au renouvellement du bail doit faire une demande de
renouvellement. Cette demande doit être faite par signification d’huissier de justice ou
notification par tout moyen permettant d’établir la réception effective par le
destinataire, au plus tard trois mois avant la date d’expiration du bail, à défaut, il est
déchu de son droit89.
S’il s’agit d’un bail à durée indéterminée, l’initiative du congé n’appartient plus
exclusivement au bailleur. Toute partie envisageant la résiliation du bail peut donner
congé à l’autre par signification d’huissier de justice ou notification par tout moyen
permettant d’établir la réception effective par le destinataire au moins six mois à
l’avance. Le preneur qui a reçu congé du bailleur, mais qui souhaite son maintien dans
88
V. AUDCG, Art. 123.
89
V. AUDCG, Art. 124.
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les lieux loués, peut exiger le renouvellement en notifiant au bailleur, dans les mêmes
formes, avant la fin du préavis ou du congé, la contestation du congé. A défaut, il est
mis fin au bail90.
Le bénéfice du statut des baux professionnels est réservé aux locataires commerçants
ou entreprenants inscrits en cette qualité au registre de commerce et de crédit mobilier.
2. L’attitude du bailleur
Le bailleur qui a reçu la demande de renouvellement du bail dans les formes et délais
prescrits, doit faire parvenir sa réponse au preneur au plus tard un mois avant
l’expiration du bail, faute de quoi le contrat sera réputé reconduit pour une nouvelle
période. L’article 123, al. 3 AUDCG fixe à trois ans la durée du nouveau bail, consenti
expressément ou reconduit tacitement.
L’article 124 AUDCG, impose une attitude passive au bailleur qui doit se contenter
d’attendre que le preneur formule sa demande de renouvellement d’un bail à durée
déterminée et, ensuite seulement, lui faire parvenir sa réponse dans le délai légal. Le
bailleur n’a donc aucune obligation de donner congé au preneur, et dont le
manquement serait sanctionné par l’inopposabilité de la déchéance du droit au
renouvellement du bail à durée déterminée.
Sous l’empire de l’ancienne législation, la Cour Commune de Justice et d’Arbitrage en
a pourtant décidé autrement, en considérant que la déchéance du droit au
renouvellement du bail prévue par l’article 92 (actuel article 124) ne joue pas en faveur
du bailleur qui a omis de donner congé au locataire dans un bail à durée déterminée, et
contre lequel est retenue une tacite reconduction du bail pour une nouvelle période91.
Certes, l’arrêt fonde l’obligation de donner congé dans ce cas, sur une clause du
contrat, de même qu’il admet que le bail a été tacitement reconduit pour une période
d’un an, contrairement à la règle de l’article 97 (actuel article 123, al. 3) selon lequel la
durée du nouveau bail est de trois ans. Cette solution ne saurait cependant être justifiée
par la seule liberté contractuelle.
90
V. AUDCG, Art. 125.
91
CCJA, Arrêt n° 014/2002 du 18 avril 2002, (Aff. Halaoui Issam c/ CIDE Sarl), jurisprudence OHADA de la
CCJA-Abidjan, Centre de Documentation et de Recherches Juridiques et Judiciaires, ERSUMA, juin 2002.
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92
D’ailleurs, l’article 123, al. 2 ne dit pas autre chose lorsqu’il dispose : « Aucune stipulation du contrat ne peut
faire échec au droit au renouvellement ».
93
CCJA, Arrêt n°005/2006 du 30 mars 2006 (Aff. Sté Ponty Sarl c/ Sté Ponty immobilière SA), Rec. Jurisp.
CCJA, n° 7, janv. 2006, p. 24 ; TPI de Bafoussam, jugt., n° 101 du 22 septembre 2006, Aff. Mission catholique
du sacré cœur c/ Texaco, Ohadata J-07-68.
94
Cour d’appel du Centre (Cameroun), arrêt n°124/De du 19 mars 2004, Groupe SOCOPAC-FOMUP c/SCI des
frères réunis, Ohadata J-04-207.
95
AUDCG, Art. 117.
96
Cour d’appel de Ouagadougou, ch. civ. et com., arrêt n° 84 du 16 juillet 2004, Burkina & Shell c/ Ouédraogo
Sibiri, Ohadata J-05-228.
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parties sur le montant de l’indemnité, celle-ci est fixée par le tribunal en tenant compte
du montant du chiffre d’affaires, des investissements réalisés par le preneur et de la
situation géographique du local97.
Il existe des hypothèses dans lesquelles le bailleur peut refuser le renouvellement sans
avoir à payer une indemnité :
▬ s’il justifie d’un motif légitime à l’encontre du locataire. Exemple : inexécution par
le locataire d’une obligation substantielle du bail ou la cessation de l’exploitation de
l’activité98 ;
▬ s’il envisage de démolir l’immeuble comprenant les locaux loués et de le
reconstruire. Il est tenu cependant de verser l’indemnité si les nouveaux locaux ont une
destination différente de celle des locaux objets du bail initial ou s’il n’est pas offert au
preneur un bail dans les nouveaux locaux99.
Le bailleur est dispensé du versement de l’indemnité d’éviction lorsqu’il reprend les
locaux d’habitation accessoires des locaux principaux pour y loger lui-même ou y
loger les membres de sa famille.
Même s’il n’a pas droit à une indemnité d’éviction, le preneur pourra obtenir
remboursement des coûts des aménagements et construction qu’il a réalisés dans les
locaux avec l’autorisation du bailleur. Le montant est fixé d’accord parties, à défaut, il
est fixé par le tribunal à la demande du preneur100.
97
V. AUDCG, Art. 126.
98
V. AUDCG, Art. 127-1.
99
AUDCG, Art. 127-2.
100
AUDCG, Art. 131.
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aux acheteurs professionnels, ils sont astreints à l’obligation de réclamer les factures,
sous peine de sanctions.
Paragraphe 2 : Les obligations résultant de l’AUDCG (articles 13 et suivants)
Aux termes de l’article 1 de l’Acte uniforme relatif au droit comptable, « toute
entreprise en activité doit mettre en place une comptabilité destinée à l’information
externe, comme à son usage propre ». Au-delà de l’obligation de tenir une
comptabilité, il ressort de ce texte que la comptabilité est un instrument d’information
et comme telle, elle doit être fiable et sécurisante.
Il s’agit essentiellement de la tenue des livres de commerce dont l’importance n’est
plus à démontrer ; ils peuvent servir de preuve en cas de contestations à propos des
opérations commerciales effectuées. En dehors de cet intérêt strictement privé, il y a
un intérêt fiscal car l’administration fiscale peut vérifier les déclarations effectuées par
les commerçants en examinant les livres de commerce.
La refonte de droit comptable et du plan comptable général a notamment pour
objectifs :
▬ de donner une image fidèle de la situation et des opérations traitées eu égard aux
obligations légales de ces entreprises en matière comptable et compte tenu de leur
activité et de leur taille ;
▬ de permettre des comparaisons fiables dans le temps au sein d’une même entreprise
et dans l’espace entre entreprise ou ensemble d’entreprises ;
▬ de permettre un contrôle des comptes assurant aux associés, à l’état et aux autres
utilisateurs privilégiés (banque, prêteurs) toutes garanties de leur régularité, de leur
sincérité et de leur transparence.
Le commerçant doit disposer de documents comptables pour lui permettre de faire
l’enregistrement des traitements comptables des données relatives à son activité. La
tenue des documents ci-après est obligatoire :
● le livre journal qui enregistre au jour le jour les opérations commerciales, effectuées
par le commençant. Il constitue la mémoire comptable de l’entreprise.
● le grand livre avec balance générale récapitulative qui regroupe l’ensemble des
comptes de l’entreprise. Il constitue en quelque sorte un répertoire des inscriptions
portées sur le livre journal.
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● le livre d’inventaire qui regroupe les données de l’inventaire qui est un état descriptif
et estimatif de l’ensemble des divers états de l’actif et du passif.
Ces livres doivent être tenus sans blanc ni altération et la correction d’erreurs doit se
faire par la technique de la contre-passation d’écriture ou l’inscription en négatif des
éléments erronés, suivis de l’enregistrement exact de l’opération concernée101. Ces
livres sont côtés et paraphés par le président du tribunal compétent en matière
commerciale ou les juges délégués à cet effet.
Les livres de commerce doivent mentionner le numéro d’immatriculation au registre
du commerce et du crédit mobilier du commerçant102. Les livres comptables et les
pièces justificatives doivent être conservés pendant une période de dix ans.
A côté des livres obligatoires, il y a des livres facultatifs. Ce sont des livres tenus à la
convenance du commerçant. Il s’agit par exemple du livre de caisse qui récapitule les
paiements faits ou reçus et du livre des effets à payer ou à recevoir dans lequel le
commerçant indique les traites et leurs échéances.
Les entreprises ont aussi l’obligation d’établir des états financiers de synthèse, encore
appelés états financiers annuels. Il s’agit d’un ensemble de documents comptables
élaborés par les commerçants qui « forment un tout indissociable et décrivent de façon
régulière et sincère les évènements, opérations et situations de l’exercice pour donner
une image fidèle du patrimoine, de la situation financière et du résultat de
l’entreprise »103. Mais cette obligation ne comporte pas les mêmes exigences ; le
législateur tient compte de la taille des entreprises pour mettre en place trois systèmes
comptables. Il s’agit du système normal de comptabilité 104 pour les entreprises de
grande taille, du système allégé 105 pour les entreprises de taille petite ou moyenne et du
système minimal de trésorerie106 pour les entreprises de très petite taille.
Contrairement au commerçant, les obligations comptables de l’entreprenant sont plus
allégées. Ces obligations sont définies en un chapitre aux articles 31 et 32 AUDCG.
101
AUOHCE, Art. 20.
102
AUDCG, Art. 14.
103
AUOHCE, Art. 8.
104
AUOHCE, Art. 11.
105
AUOHCE, Art. 27.
106
AUOHCE, Art. 28.
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Aux termes de l’article 31 AUDCG, l’entreprenant est tenu d’établir, dans le cadre de
son activité, au jour le jour, un livre mentionnant chronologiquement l’origine et le
montant de ses ressources en distinguant les règlements en espèces des autres modes
de règlement d’une part, la destination et le montant de ses emplois d’autre part. Ledit
livre doit être conservé pendant cinq ans au moins. L’article 32 AUDCG prévoit qu’en
outre, l’entreprenant qui exerce des activités de vente de marchandises, d’objets, de
fournitures et de denrées ou de fourniture de logement doit tenir un registre, récapitulé
par année, présentant le détail des achats et précisant leur mode de règlement et les
références des pièces justificatives, lesquelles doivent être conservées.
En somme, il s’agit d’une comptabilité de trésorerie de type recettes dépenses
dégageant le résultat de l’exercice. Dès lors, de très petites entreprises dont les moyens
matériels ne permettent guère la tenue d’une comptabilité fiable et qui naguère, étaient
contraintes de demeurer dans l’informel trouvent ainsi une chance d’améliorer leur
gestion comptable.
Sa qualité professionnelle ne le dispense que de ces obligations comptables et
d’immatriculation et il doit respecter les règles d’exercice propres à son activité
d’agriculteur, d’artisan, de commerçant ou de professionnel libéral. S’il exerce une
activité commerciale, il peut être titulaire d’un fonds de commerce mais il doit alors
l’exploiter directement et ne peut le donner en location-gérance. Il ne peut davantage
prendre un fonds en location-gérance107.
Paragraphe 3 : L’utilisation des livres en justice
A. La valeur des livres de commerce en tant que mode de preuve
Selon l’article 5 AUDCG, les livres de commerce régulièrement tenus peuvent être
admis par le juge pour constituer une preuve entre commerçants ou entre
entreprenants. Il faut cependant un certain nombre de conditions. Il faut d’une part,
que les livres soient régulièrement tenus. Il s’ensuit qu’un livre tenu en violation des
règles ne peut servir de preuve. Il faut d’autre part, que le litige à propos duquel le
commerçant prétend se servir de ce livre l’oppose à un autre commerçant ou
entreprenant.
107
AUDCG, Art. 138.
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A. Le fichier local
Il est tenu au greffe du tribunal compétent en matière commerciale ou par un organe
compétent dans chaque Etat partie sous la surveillance du président du tribunal ou
d’un juge commis à cet effet. Il comprend quatre éléments :
▬ un registre d’arrivée mentionnant dans l’ordre chronologique la date et le numéro
de chaque déclaration acceptée, les noms, prénoms, raison ou dénomination sociale du
déclarant ainsi que l’objet de la déclaration ;
▬ un répertoire des personnes immatriculées et des entreprenants tenu par ordre
alphabétique ;
▬ un répertoire par numéro des personnes immatriculées et des entreprenants ;
▬ une collection de dossiers individuels pour chaque entreprenant et chaque personne
immatriculée tenue par ordre alphabétique.
B. Le fichier national
Il est tenu dans chaque Etat partie un fichier national. Le fichier national est quant à lui
tenu par l’organe désigné par chaque Etat partie, sous la surveillance du ministère de la
Justice108. Il centralise les renseignements consignés dans chaque Registre du
Commerce et du Crédit Mobilier109.
C. Le fichier régional
Il est tenu au greffe de la C.C.J.A. Ce fichier centralise les renseignements contenus
dans chaque fichier national.
Paragraphe 2 : Le fonctionnement du R.C.C.M.
A. L’opération initiale
1. Les personnes assujetties
L’AUDCG étend à plusieurs types de personnes la possibilité de faire des demandes
d’immatriculation. Au-delà des catégories classiques que sont les personnes physiques
commerçantes et les sociétés commerciales, le texte mentionne également les sociétés
civiles par leur forme et commerciales par leur objet, le groupement d’intérêt
économique, les succursales au sens de l’Acte uniforme relatif au droit des sociétés
commerciales et du groupement d’intérêt économique (AUDSC-GIE), toute personne
108
AUDCG, Art. 74.
109
AUDCG, Art. 36.
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110
AUDCG, Art. 35.
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La révision des dispositions relatives aux modalités est intervenue dans un souci de
simplification. Dans la même logique, les articles 45 et 47 ont été pris afin de résoudre
une difficulté particulière qui était celle de l’obtention du casier judiciaire pour les
commerçants et dirigeants sociaux.
Désormais, ils pourront, lors du dépôt du dossier, fournir une déclaration sur l’honneur
et fournir ultérieurement le casier judiciaire ou le document qui en tient lieu.
L’article 39 AUDCG prévoit l’utilisation d’un seul formulaire pour la déclaration
d’activité de l’entreprenant ou la demande d’immatriculation. Par ailleurs, le
formulaire s’inscrit dans l’objectif d’utilisation de la voie électronique pour la
transmission des documents111 et la diffusion des informations112.
L’immatriculation a un caractère personnel et il est interdit d’être immatriculé à titre
principal dans plusieurs registres ou dans un même, registre sous plusieurs numéros 113.
Le greffier en charge du RCCM examine le formulaire et les pièces qui lui sont remis à
l’occasion d’une formalité requise par la loi, et, suivant le cas, immatricule, radie ou
effectue d’autres opérations accessoires ou complémentaires à l’immatriculation.
L’action du greffier est déclenchée sur la saisine d’un assujetti, d’un requérant, d’une
juridiction ou d’office.
L’article 50, al. 1 AUDCG dispose que dès que la demande est en l’état, « le greffier
ou le responsable de l’organe compétent dans l’Etat partie délivre au demandeur un
accusé d’enregistrement qui mentionne la date de la formalité accomplie et le numéro
d’immatriculation ». Il énonce ainsi le principe de la délivrance immédiate au
demandeur de l’immatriculation d’un accusé d’enregistrement qui mentionne la date
de la formalité accomplie et surtout le numéro d’immatriculation. L’immatriculation
est dorénavant immédiate, c’est-à-dire qu’elle est acquise dès le dépôt au greffe du
formulaire dûment rempli et des pièces prévues.
En d’autres termes, que ce soit au niveau de la définition des missions, de l’objet ou de
la description des formalités (article 50, al. 1er, pour l’immatriculation ; article 62, al.
2, pour la déclaration d’activité, article 40, pour l’inscription des sûretés), l’AUDCG
111
AUDCG, Art.86 et s.
112
AUDCG, Art. 97 et s.
113
AUDCG, Art.49.
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par le RCCM. Dans la logique de permettre l’accès des tiers aux informations détenues
par le greffe, l’AUDCG donne le droit à ces derniers de saisir la juridiction compétente
ou l’autorité compétente dans l’Etat partie, statuant à bref délai, en cas de manquement
à une formalité prescrite par l’AUDCG 116. Les tiers deviennent ainsi des acteurs
importants dans l’exactitude et l’actualisation des informations répertoriées.
L’intérêt de tous étant que l’information fournie soit exacte, les articles 66 et 68
prévoient que tout requérant peut saisir la juridiction compétente pour obliger
l’assujetti à accomplir les formalités mises à sa charge.
De même, lorsque certaines décisions de justice devraient être transcrites d’office et
qu’il y a carence, l’article 43 AUDCG permet à toute personne intéressée d’en
demander la transcription au RCCM.
Enfin, toute personne qui entend se prévaloir d’une décision de justice dont la
transcription doit être faite d’office doit établir que cette dernière a été faite à charge
pour elle d’en demander la transcription au RCCM compétent.
L’ensemble des dispositions maintenues, réaménagées ou nouvelles vise à
l’instauration d’un système d’informations juridiques, économiques et financières
sincères et à jour permettant la facilitation et la rapidité de l’accomplissement des
formalités. L’informatisation est un des éléments phares indispensables pour
l’aboutissement ultime de ces innovations. Cependant, le texte n’est que la base, un
changement d’approche des responsables en charge du RCCM mais aussi des
assujettis et des praticiens conduira à une efficience totale de la reforme. Les
opérateurs économiques de l’espace OHADA ne peuvent qu’y gagner, car la
transparence de l’information apportera un climat de confiance et de sécurisation qui
ne pourra que favoriser les relations entre les différents acteurs économiques, attirer
les investisseurs étrangers et inciter l’investissement national.
B. Les opérations ultérieures
L’inscription initiale doit être constamment mise à jour. C’est pourquoi le commerçant
doit demander une inscription modificative chaque fois qu’il y a un changement de sa
situation. Il doit également demander sa radiation lorsqu’il cesse ses activités.
116
AUDCG, Art. 68.
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117
AUDCG, Art. 53.
118
AUDCG, Art.52 et 53 in fine.
119
AUDCG, Art. 65, al. 3 et 4.
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120
AUDCG, Art.65, al. 5 et 6.
121
AUDCG, Art. 57.
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122
AUDCG, Art. 65, al.1 et 2.
123
AUDCG, Art. 59, al. 3.
124
AUDCG, Art. 60.
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125
AUDCG, Art. 61.
126
AUDCG, Art. 55, al. 3 et 58, al. 5.
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