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Cours

DROIT

DES AFFAIRES

L’ENTREPRISE INDIVIDUELLE : LE COMMERÇANT

INTRODUCTION

Le cours qu’on va vous présenter, intitulé « droit des Affaires», à pour thème les rapports
entre les affaires et le droit. Mais avant d’analyser ces rapports, il faudrait exposer les
définitions des deux notions suivantes : Droit et Droit des Affaires.

I-Définition : difficulté de terminologie

Une introduction se doit donc de rendre compte de cette difficulté.

A-Qu’est ce que le Droit ?

Le droit est l’institution, l’instrument et l’expression de la civilisation, il organise la vie


sociale et l’activité juridique et il est lié au temps, à l’histoire et aux personnes.

Le droit est donc un phénomène social qui a un caractère normatif et protège les droits des
individus. Le mot droit désigne donc deux notions distinctes : un droit objectif (la règle
sociale) et les droits subjectifs.

Le droit objectif désigne l’ensemble des règles obligatoire qui régissent une société
donnée : les normes du droit objectif s’imposent à toute personne qui satisfait aux conditions
qu’elles posent. Ces normes permettent, interdisent ou imposent un comportement déterminé.
L’énoncé de la règle de droit objectif est, en principe impersonnel.

Le droit subjectif désigne les prérogatives particulières dont une personne déterminée peut
se prévaloir sur un bien ou vis à vis d’une autre personne.
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II-Définition du concept de Droit des Affaires

Quand on définit le Droit des affaires, on se confronte de suite a une difficulté majeure : la
notion même de Droit ne connait pas une définition reconnue, acceptée de tous. Même s'il existe
un consensus relatif sur cette notion, l'appréhension du Droit des affaires pose des interrogations
qui sont encore plus grandes ou plus spécifiques.

- Le droit des affaires est une branche du droit privé qui comporte un ensemble de droits
relatifs aux affaires des entreprises. Il réglemente l'activité des commerçants et industriels dans
l'exercice de leur activité professionnelle. Il définit également les actes de commerce
occasionnels produits par des personnes non- commerçantes.

On peut considérer que le droit des affaires est très large et recouvre différents domaines ;
par conséquent, ce cours de droit des affaires abordera les thématiques suivantes :

Droit commercial (code de commerce), Droit des sociétés, Droit des entreprises, Droit de la
concurrence (code de commerce), Droit de la consommation (loi de la consommation), Droit
des assurances (code des assurances), Droit bancaire, Droit fiscal, Droit boursier, Droit
financier, Droit de l'informatique, Droit de la propriété intellectuelle, industrielle et des
marques.

L'appellation de Droit des affaires permet de traiter d'une matière assez éclatée car en marge
du Droit commercial, se sont développées des disciplines nouvelles qui ont progressivement
atteint une autonomie plus ou moins réelle (Droit de la concurrence, des entreprises en
difficultés, droit bancaire, financier, des sociétés, de la propriété industrielle, etc...)

Ainsi, le droit des affaires est un droit plus large que le droit commercial. Le cours de droit
commercial se concentre sur la notion de commerçants ; et selon le Code de commerce, sont
commerçants ceux qui exercent des actes de commerce et en font leur profession habituelle. Si
la réalisation d'acte de commerce est nécessaire à la qualité du commerçant elle doit être durable
pour atteindre la dimension d'une activité professionnelle.

Les actes de commerce sont soumis à un régime juridique particulier différent de celui des
actes purement civils ...

Cette notion de Droit des affaires ne saurait, en principe, être utilisée pour désigner des
opérations ou règles ayant vocation à s'appliquer à une catégorie de personnes données : les
commerçants.
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Ce changement de terminologie fait apparaitre que toute question trouve sa réponse dans des
principes qui ont eux même des sources dans des disciplines multiples (Exemple transmission
d'entreprises, considérations sociales, économiques, successorales, etc. ... ).

Le droit commercial est donc une branche du droit des affaires. Il est un sous ensemble du
Droit des affaires et se résume aux seules règles applicables aux commerçants et aux actes de
commerce. On peut croire à un phénomène de mode, mais il faut comprendre qu'il y a une
distinction à faire: la doctrine souhaite mieux rendre compte des réalités économiques en ayant
une vision juridique plus globale.

Mais, ce qu’il faudrait préciser, c’est que cette appellation de Droit des affaires est très
générale car elle désigne presque tout le Droit privé à l'exception du Droit de la famille.

On parle souvent de Droit commercial, il faut éventuellement préférer une terminologie à


une autre.

Pour nous, comme d‘ailleurs, pour de nombreux auteurs, on peut étudier sous le vocable
« Droit Commerciale » les mêmes disciplines évoquées et intéressant le Droit des affaires.

Effectivement, l'appellation de Droit des affaires est aujourd'hui souvent remplacée


par » Droit commercial » ou par ce que peut appeler aussi Droit de l’Entreprise commerciale.

III- Définition de l’entreprise.

L’entreprise est une notion économique plus que juridique qui viserait toutes les
organisations surtout à la production. Mais malgré son importance économique, nous verrons
que, rien en droit Marocain ni même en droit Français, l’entreprise n’est régie par aucun statut
légal. Ce qui pose le problème de la qualification juridique de le l’entreprise.

A-Le concept juridique d’entreprise

L’entreprise est difficile à définir parce qu’elle revêt de nombreux aspects


complémentaires. Il est à noter que l’entreprise n’est régie par aucun texte légal c’est à dire
qu’il n’ait pas reçu de définition juridique. Le législateur quand il évoque le terme entreprise,
on entend par là, Entrepreneur. Le plus souvent, cependant, elle est confondue avec lui. Le
mot « entreprise » n’est alors qu’une commodité de langage, un terme générique désignant en
bloc des personnes de statut juridique différent.

Donc l’entreprise, tend dans la pratique à être considérée comme une réalité juridique
autonome, à être dissociée de l’entrepreneur. L’entreprise est ignorée du droit, il n’existe pas
en effet, un corps de règles qui confèrent à l’entreprise un statut propre.
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La raison d’être de cet état doit être recherché dans le fait que le législateur n’a pas reconnu
à l’entreprise la personnalisation morale qui, en faisant d’elle un sujet de droit il lui aurait
permis d’accéder à la vie juridique.

En effet, l’entreprise, n’a pas accès en tant que telle à la vie juridique car elle n’a pas de
personnalité juridique : elle n’est ni une personne physique ni une personne morale. Il est
donc nécessaire de rattacher son activité à une personne juridique.

L’absence de la personnalité juridique a pour conséquence que l’entreprise :

1- N’est pas un sujet de droit : les sujets de droit = sont personnes physiques et des
personnes morales, ce qui se traduit par les caractéristiques suivantes :

-La capacité juridique appartient a l’entrepreneur, et non a l’entreprise

-l’entreprise n’a pas de patrimoine autonome

-L’entreprise ne peut pas passer des contrats

-L’entreprise ne peut pas défendre ses droits en justice

2- L’entrepreneur décide pour l’entreprise, c’est donc lui le chef de l’entreprise

-Les décisions sont prises par l’entrepreneur seul dans l’entreprise individuel.

-Elles sont prises par les organes de la personne morale dans l’entreprise collective ou
sociétaire.

B- Définitions économiques

Depuis longtemps la science économique utilise le concept d’entreprise, et les économistes


en proposent de multiples définitions. Ils présentent l’entreprise comme étant une unité, une
réalité économique, social, humaine qui s’impose et se définit par :

1-Ses moyens :

- groupements de personnes (apporteurs, de capitaux, dirigeants, salariés) : l’entreprise est


aussi une organisation, c’est-à-dire un groupement structuré d’individus concourant à la
réalisation de l’objectif commun ;

- Masses de biens (capitaux) : l’entreprise est une unité de production qui regroupe des
facteurs économiques, les agence et les utilise en vue de produire des biens et des services
destinés à être vendus sur un marché ;

2-Son objet : Production ou distribution des biens et services


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3-Son autonomie : L’entreprise possède un centre autonome de décision. C’est


évidemment ce point qui est au centre de la conception organisationnelle de
l’entreprise.

L’entreprise est généralement présentée par les auteurs comme « un ensemble de moyens
techniques, financiers et humains réunis et organisés en vue de l’exercice d’une activité
économique, c’est-à-dire d’une activité de création et de distribution et de mise sur le marché
de valeur ajoutée.

Ainsi la notion de l’entreprise s’applique à des situations différentes depuis le petit


producteur travaillant seul jusqu’à la moyenne ou grande société privée ou encore aux
entreprises publiques ou nationalisées.

C- Intérêts pratiques

L’entreprise est une réalité concrète qui concerne tous le monde,et elle est sans conteste
unanimement reconnue comme:

- cellule fondamentale de l’économie

- le moteur indispensable de l’économie

La notion « entreprise » est donc au cœur de la vie juridique, économique et social, la


vitalité, la force et la richesse d’un pays se mesurent aujourd’hui au rang de ses entreprises
au sein des multiples classements internationaux, dressé chaque année par divers organismes
ou différents revues économiques.

Cette importance des entreprises tient à ce qu’elles soit les cellules de base de la vie des
affaires. Quelques soient, en effet les divergences sur la finalité des entreprises d’observer
des faits enseigne que ce sont elles qui permettent l’exercice des activités économiques.

D- Le domaine de l’entreprise

On dit qu’il y a entreprise partout ou il y a activité économique organisé, partout ou des


personnes travaillant à leurs risques pour fournir à d’autres des produits ou des services. Il
s’agit d’une réalité économique et sociale fondamentale. C’est en terme d’entreprise que l’on
raisonne dans la vie des affaires comme dans la vie courante. L’entreprise est le pivot de la
vie économique et le cadre immédiat de l’activité professionnelle de millions de salariés.

Mais ce qu’il faudrait retenir c’est que toute activité n’est pas économique : elle peut être
domestique, politique, syndicale, religieuse, philosophique, charitable, ou autre encore…
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Il y a activité économique là ou il y a offre habituelle de biens ou services, et dans ce sens


l’activité économique est synonyme d’activité professionnelle. Celui qui exerce une activité
économique est un professionnel, un professionnel indépendant, ce qui le distingue du salarié,
qui travaille pour un patron et non pour une clientèle.

Le professionnel indépendant organise nécessairement son activité et se trouve à la tête


d’une véritable entreprise. Là ou il y a activité économique organisé, il y a donc entreprise.
Rappelons d’ailleurs que les textes emploient le terme « entreprise » comme synonyme,
notamment, de commerçant et donc (on va le voir) de professionnel. (Exemple : le code de
commerce dans son livre cinq relatif aux traitements des difficultés des entreprises)

La distinction des personnes physiques et des personnes morales fait alors apparaître une
première distinction entre deux types d’entreprise : celles qui sont exploitées par une personne
physique (les entreprises individuelles) et celles qui sont exploitées par une personne morale,
le plus souvent par une société (les entreprises en société, ou sociétaires).

Une deuxième distinction recoupe la première car l’entreprise a parfois la qualité de


commerçant (l’entreprise est alors commerciale), mais pas toujours (et il s’agit dans ce cas
d’une entreprise civile).

Ainsi s’explique qu’il y ait juridiquement quatre grands types d’entreprises :

-les entreprises individuelles civiles ;

-les entreprises individuelles commerciales ;

-les entreprises en société civiles ;

-les entreprises en société commerciales.

Ce rapprochement va éclairer la portée des développements qui vont suivre. Nous allons
maintenant examiner les règles qui s’appliquent lorsque ces personnes exploitent une
entreprise, s’adonnent à une activité économique, exercent une profession indépendante (ces
trois expressions doivent être tenus pour équivalentes).

VI- Définition du droit de l’entreprise

Le droit de l’entreprise est une branche récente du droit qui a pour objet d’étude de
l’entreprise. Ainsi, la définition du droit de l’entreprise se présente comme l’ensemble des
règles juridiques qui s’intéressent à la création, à l’organisation, aux fonctionnements et à la
gestion des entreprises.
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On ne peut pas toujours se contenter d’appliquer les mêmes règles aux particuliers et aux
entreprises. D’abord parce qu’il n’est pas forcément souhaitable d’appliquer la même solution
dans les deux cas. Ensuite parce que les problèmes posés ne sont pas forcément les mêmes.
On comprend donc qu’il existe un certain nombre de règles particulières qui, sur certains
points, modifient ou complètent celles du droit civil : elles constituent le droit commercial.
Le droit civil est le droit commun, alors que le droit commercial est un droit d’exception. Cela
signifie que le droit civil s’applique partout ou le droit commercial ne pose pas de règles
particulières.
Le droit commercial est extrêmement important dans la vie des affaires : c’est lui qui
prescrit, par exemple, que les entreprises commerciales doivent tenir une comptabilité et que
leurs litiges à toute les entreprises, à toute les activités économiques. Sont portés devant les
tribunaux de commerce. C’est en droit commercial que sont apparues les institutions aussi
importantes que le registre du commerce.

V- Le Droit commercial

Le commerce existe sous différentes formes et traditions, et le secteur commercial est d’une
importance vitale au développement économique.Le domaine commercial était régi par le droit
civil qui, seul auparavant, formait la base de toute activité. Effectivement, à l’origine, le droit
commercial se confondait totalement avec le droit civil, Mais à partir du XVII siècle, Il a
commencé à s’en détacher pour acquérir progressivement une grande autonomie, c’est à dire
qu’avec l’évolution du secteur commercial une réglementation propre a fait son apparition.

Cette mutation s’explique par des considérations liées aux pratiques commerciales. Le
monde des affaires n’a pas les mêmes préoccupations que les autres activités de l’individu. Les
opérations commerciales sont fondées sur la confiance réciproque et le crédit et doivent donc
s’effectuer avec une grande souplesse et beaucoup de rapidité. Or les règles traditionnelles du
droit civil qui se caractérisent par leur formalisme, les délais qu’elles imposent ne pouvaient
satisfaire les vœux de la profession commerciale.

L’autonomie du droit commercial a poussé les Etats à créer un droit spécial applicable
seulement aux commerçants ce qui entraîne l’apparition de lois et codes de commerce régissant
la matière commerciale.

A- Objet du droit commercial


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Le droit commercial des affaires a un double objet, en tant qu’il s’intéresse à la fois aux
personnes (vision subjective), et à l’activité de celles-ci (vision objective). Deux conceptions
possibles.

1-Conception subjective (Ratione personae)

Le droit commercial régit les commerçants, c’est le droit qui s’applique aux commerçants,
c’est à dire à ceux qui exercent un certain nombre de professions déterminées par la loi. Le droit
commercial s’applique aussi à tous les actes que font ces personnes pour le besoin de leur
profession. Ainsi la conception subjective prend pour base le commerçant (personne physique
ou morale). Exemple : législation allemande.

2-Conception Objective (Rationae materiae)

Le droit commercial est le droit qui s’applique aux actes de commerce, c’est à dire un certain
nombre d’opérations déterminé par la loi quelle que soit la profession de celui qui les accomplit.
Cette vision objective ou réelle prend pour base l’acte de commerce.

3-Conception du Code de Commerce marocain

Le droit marocain, comme le droit français, est en principe attaché à la conception objective,
fondée sur la nature des actes. La définition de base est celle des actes de commerce, ou plus
précisément celle de l’activité commerciale (art 6 Code de Commerce). L’acte de commerce lui
sert de fondement quelle que soit la personne qui réalise cet acte. La notion de commerçant
n’est qu’une notion dérivée, déterminée en fonction de la notion d’acte de commerce, et c’est à
partir de cette dernière qu’il convient de préciser le champ d’application de la discipline.

B- Domaine du Droit Commercial

Cette double conception (qu’on vient de voir) aide à mesurer l’empire du droit commercial
dont les sujets sont des personnes (les commerçants) et des actes (les actes de commerce).

Pour simplifier, on peut dire que le droit commercial est le droit du commerce, donc son
domaine est le commerce. Tout ce qui est commercial se rapporte au commerce. Mais que faut-
il entendre par" commercial ".

a- Sens du mot " commerce "

1-Sens commun : Le mot commerce désignait de façon très large tous les rapports juridiques
que les individus entretenaient relativement à l'utilisation de leurs biens. (droit romain).
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2-Sens économique : Le commerce a un sens beaucoup plus restreint, il s’agit ici de la


circulation et de la répartition des richesses. Il se distingue donc de l'industrie pour ne plus viser
que les seules circulations et distribution des richesses par opposition à leur production.

3-Sens juridique

Le sens juridique du mot commerce est un peu large que le sens économique. En effet, dans
l'expression "commerce" envisagée du point de vue juridique, il faut entendre non seulement
les opérations de circulation et de distribution des richesses, mais aussi les opérations de
production que font les industriels et les opérations financières que font les banquiers.

Le commerce que régit le droit s’entend tout aussi bien de la distribution des produits que
de leur fabrication, de l'industrie au sens économique que du négoce, et couvre même des
activités connexes, telles que celles des banques, transports, assurances…etc. Une grande partie
du monde économique qui se trouve concernée. Toutefois il faut exclure les opérations agricoles
et les productions de l'esprit (professions libérales).

b- Définition du droit commercial

Le droit commercial peut se définir comme la branche du droit privé relative aux opérations
juridiques accomplies par les commerçants, soit entre eux, soit avec leurs clients. Ces opérations
se rapportent à l’exercice du commerce sont elles-mêmes qualifiées d’actes de commerce.
Ainsi, le droit commercial est le droit qui s’applique spécialement à certaines personnes (les
commerçants) et certaines opérations juridiques (les actes de commerce) qui sont généralement
faites par les commerçants.

On peut conclure que le droit commercial est à la fois le droit des commerçants et celui des
actes de commerce. En simplifiant, on dira que le droit commercial régit la vie des affaires :
ses acteurs, comme ses opérations, la vie des affaires constitue bien le point d’ancrage, ce qui
impose au droit commercial ses particularités.

C- Particularisme du droit commercial

1- Le droit commercial est un droit pragmatique Cela veut dire que le droit commercial
est un droit qui concerne la vie courante, qui accorde la première place à l'activité et à la
pratique.

2- L’exigence de la rapidité des opérations commerciales : Le droit commercial privilégie la


rapidité des opérations commerciales, il est plus souple et moins formaliste que le droit civil, il
admet de nombreuses règles dérogeant au droit commun.
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3- L’exigence de crédit

Le droit commercial favorise le crédit sous toutes ses formes, car il est à la base de toute
activité commerciale et qui repose sur la confiance. Ce sont souvent (en particulier les sociétés)
les capitaux d’autrui que le commerçant met en valeur.

Par ailleurs, la grande majorité des contrats se fait à crédit, il est donc normal que l’on ait
prévu des règles dérogeant au droit commun, destinées à favoriser le développement du crédit
tout en protégeant spécialement les créanciers contre l’éventuelle défaillance ou mauvaise foi
de leurs débiteurs.

D- Les sources du droit commercial

Les sources du droit commercial, c’est à dire ses modes de créations sont particulièrement
déterminées par le Code de Commerce dans son art 2 qui dispose : "il est statué en matière
commerciale conformément aux lois, coutumes et usages du commerce, ou au droit civil dans
la mesure où il ne contredit pas les principes fondamentaux du droit commercial".

a- Les lois, dahirs et règlements

Le Code de Commerce (texte de base)

L’ancien Code de Commerce de 1913 qui s’inspirait du code de commerce français de 1807,
vient d'être remplacé par un nouveau Code de Commerce de 1996.

Le nouveau Code de Commerce a vu le jour par la loi 15-95 en date du 3 octobre 1996 (B.O
n°4418). C’est le texte de base en matière commerciale. Ce texte a le mérite d’assembler de
nombreuses dispositions relatives aux actes de commerce et aux commerçants.

Ce Code de Commerce contient 736 articles répartis en 5 livres : Livre I : Le commerçant


(art 1 à 78) ; Livre II : Le fonds de commerce (art 79 à 158) ; Livre III : Les effets de commerce
(art 159 à 333) ; Livre VI : Les contrats commerciaux (art 334 à 544) ; Livre V : Les difficultés
de l’Entreprise (art 545 à 732) ; Les dispositions finales : (art 733 à 736).

1-Loi relative aux sociétés anonymes

Une loi consacrée uniquement aux sociétés anonymes, c’est par un Dahir n°1. 96.124. du 14
Rabii II 1417 (30 Août 1996 ) portant promulgation de la loi n° 17-95 relative aux sociétés
anonymes que le texte a vu le jour (B.O n°4422 ) du 4 Joumada II (17 Octobre 1996). Il contient
454 articles.

2-Loi relative aux S.A.R.L et autres sociétés


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Un loi s’intéressant seulement aux S.A.R.L et autres sociétés. C’est par une loi n° 5-96, Dahir
du 13 Février 1997 qu’un nouveau texte relatif aux S.A.R.L, Société en nom collectif, Société
en commandite simple, Société en commandite par action et Société en participation, a vu le
jour. Ce texte contient 131 articles subdivisés en 9 titres :

3- Décret et arrêté relatifs au Registre du Commerce

4-Statut des chambres de Commerce et d’Industrie

5- Dahir des Obligations et Contrats

Le D.O.C reste la législation du droit commun ayant vocation à s’appliquer en matière


commerciale toutes les fois qu’une disposition expresse ne l’écarte pas. C’est donc la base de
notre droit qui, en cas de lacune du Code de Commerce, s’applique. L’art 2 du nouveau Code
de Commerce l’énonce expressément.

b- Les usages et les coutumes

Les usages désignent des pratiques commerciales couramment suivies et considérées comme
normales dans un milieu déterminé. Ils naissent de la répétition fréquente des mêmes actes
juridiques, des mêmes opérations. Ils se forment selon un processus conventionnel.

Les usages sont des pratiques habituellement suivies dans une profession ou un milieu
déterminé ; à force d’être répétés, notamment par les clauses de contrats -types, ces pratiques
deviennent des règles juridiques.

A côté des usages ordinaires ou conventionnels, il existe une catégorie particulière d’usages
généraux à qui l’on donne le nom d’usages de droit ou coutumes. Les coutumes se distinguent
des usages par leur généralité et par l'absence de consentement exprès ou tacite des intéressés.

Les coutumes naissent de l'expérience et des pratiques populaires d'une façon spontanée.

c- La jurisprudence

A l'occasion de litiges déterminés, les tribunaux interprètent les lois, les règlements ou les
usages en les adaptant aux mutations de la vie économique, et parfois même en les complétant.
Par leur interprétation ils contribuent donc à l'enrichissement du droit.

Après avoir exposé ces différentes conceptions dans le cadre d’une introduction, ce cours de
Droit des Affaires s’articulera autour de trois parties qui ont pour objet commun l’Entreprise
commerciale.

Parie I : L’entreprise individuelle (le commerçant).


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PARTIE I :

L’ENTREPRISE INDIVIDUELLE
LE COMMERÇANT.

Introduction

Selon les textes, le commerçant est une personne physique ou morale qui, en vue de réaliser
un profit, exerce à titre habituel ou professionnel l'une des activités énumérées par l'art. 6 et
suivants du nouveau Code de Commerce.

A lire ce texte, il en résulte tout d'abord que l'acquisition de la qualité de commerçant ne


devrait faire l'objet d'aucune restriction. En effet, le droit commercial est dominé par le principe
de la liberté du commerce et de l'industrie qui, proclamé par divers textes et conventions
internationales (art. 230 DOC) a été confirmé lors des discussions du projet de loi n° 95-15,
concernant le Code de Commerce (rapport général de la commission d'économie, du commerce,
industrie, travail et des affaires des émigrés…).

On penserait ensuite qu'il suffit d'accomplir des actes de commerce pour devenir
commerçant. En réalité, si cette condition est nécessaire, elle n'est pas suffisante, car la loi en
impose d'autres. Depuis toujours, la qualité de commerçant suppose la capacité. Actuellement,
(depuis une période plus récente) le souci d'assainir les professions commerciales, conduit à
écarter de celle-ci des personnes dont l'honnêteté est douteuse. C'est dire que tout le monde ne
peut pas devenir commerçant.

Mais, sauf de rares exceptions, l'accès au commerce ne suppose pas une autorisation
administrative. Il n'y a pas de sélection. C'est le jeu de la libre concurrence qui élimine ceux qui
ont eu la maladresse de s'établir dans le secteur trop encombré ou qui n'ont pas les aptitudes
suffisantes pour attirer et retenir la clientèle.
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TITRE I

LES CONDITIONS REQUISES POUR DEVENIR COMMERÇANT

Nous verrons tout d'abord quelles sont les conditions subjectives requises pour exercer
régulièrement la profession commerciale, avant de préciser quelles sont les conditions
objectives (ou les éléments objectifs) d'acquisition de cette qualité de commerçant, c'est à dire
pour être qualifié de commerçant de droit et non simplement de commerçant de fait.

L'accès à la profession commerciale exige donc deux séries de conditions : les une tiennent
à la personne, les autres à l'activité.
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CHAPITRE I

LES CONDITIONS SUBJECTIVES

Les conditions subjectives sont des conditions tenant à la personne. Il faut donc déterminer
quelles sont les personnes soumises à ce droit d'exception porteur de prérogatives et
d'obligations.

En vertu du principe de la liberté du commerce et de l'industrie, il est permis à toute personne


de faire tel négoce ou d'exercer une telle profession, sous réserve d'observer les règlements de
police.

Cependant, des limites sont apportées par la loi à cette liberté, des personnes pour lesquelles
l'accès à la profession commerciale est interdit ou restreint.

Ces limites correspondent à deux préoccupations :

1) Soit, protéger l'individu qui n'a pas la pleine capacité, car le commerce est une activité à
risque.

Soit, sauvegarder l'intérêt général en écartant des personnes dont l'activité ne paraît pas
souhaitables.

Ces conditions ou limites assument toute une protection spécifique :

- la capacité commerciale : protège les incapables contre eux- mêmes.

- la nationalité : est une mesure protectionniste de l'Etat.

- l'incompatibilité est posée comme garantie pour la clientèle et même pour l'ordre social en
général.

Incompatibilité : Impossibilité légale de cumuler, soit certaines fonctions publiques, soit


certains mandats électifs, soit une fonction publique ou un mandat électif avec certaines
occupations ou situations privées, soit même deux activités privées (telles que commerçant et
commissaires aux comptes).

Section I : La capacité du commerçant : Conditions de l'exercice du commerce par un mineur

Le principe en droit marocain est que toute personne peut contracter si elle n'est pas déclarée
incapable par la loi (art 3 al 2 DOC). La capacité civile est de 18 ans.
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Pour la capacité commerciale le Code de Commerce prescrit des assouplissements, en


précisant que: "la capacité pour exercer le commerce obéit aux règles du statut personnel" (art
12 Code de Commerce). Le mineur peut devenir commerçant à condition d'être émancipé.

Les conditions d'émancipation :

Le mineur doit être émancipé en conformité des règles du code de la famille ; c'est à dire 16
ans (art 218 al 3et 4 du Code de la famille).

Il doit être spécialement autorisé à faire le commerce par son père, sa mère ou par son tuteur
ou, le cas échéant par le juge (art 226 du Code de la famille). Dans ce cas il doit avoir 12 ans
et plus (s'il présente des signes de maturité.

Le mineur ainsi autorisé à gérer une partie de ses biens, est considéré pendant la période
d'expérience comme ayant pleine capacité pour agir dans la limite de l'autorisation qu'il a reçu
et d'ester en justice à propos des actes de sa gestion (art 226 al 4 du Code de la famille).

L'art. 13 du Code de Commerce exige que : "l'autorisation d'exercer le commerce par le


mineur et la déclaration anticipée de majorité prévues par le Code de la famille, doivent être
inscrits au registre de commerce".

Section II : La femme mariée

La femme peut accéder aux activités commerciales au même titre que n'importe quelle
personne.

L'art. 17 du Code de Commerce a écarté toute ambiguïté et énonce que : "la femme mariée
peut exercer le commerce sans autorisation de son mari. Toute convention contraire est réputée
nulle".

Section III : L'incompatibilité

C'est l'impossibilité légale de cumuler deux professions. L'appartenance à certaines


professions interdit d'exercer (par ailleurs) une activité commerciale. Ces professions sont
déclarées incompatibles avec l'exercice du commerce parce qu'elles supposent soit un sens de
l'intérêt général, soit une impartialité, soit même un désintéressement qui s'accommoderait mal
avec l'esprit de spéculation ou de lucre du commerce.

Se trouvent ainsi exclues trois grandes catégories de personnes :

1- Les membres de la fonction publique (fonctionnaires, magistrats et militaires).

2- Les officiers publics et ministériels (notaires et adoul…).


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3. Les membres des professions libérales (avocats, médecins…).

Section VI : Les interdictions

L'intervention de plus en plus générale de l'Etat dans le commerce et l'industrie conduit à des
restrictions de plus en plus importantes à la liberté du commerce et de l'industrie, notamment
en ce qui concerne la libre création des entreprises, et le libre choix de la profession. Il n'existe
pas de dispositions générales, les buts et les modalités de cette intervention sont d'ailleurs variés.

Elles sont édictées dans un but de protection de l'intérêt général, On serait en présence de
personnes qui ont fait l'objet de certaines condamnations pénales et auxquelles on interdit
d'exercer l'activité commerciale.

a- Interdictions tenant aux personnes

Le législateur a manifesté la volonté d'assainir la profession commerciale en veillant dans


des hypothèses de plus en plus nombreuses à écarter du marché les personnes ne présentant pas,
en raison de leurs antécédents, des garanties suffisantes de moralité. Ses restrictions se
traduisent parfois par une interdiction totale; par exemple : le législateur moderne interdit le
commerce aux personnes dont le défaut de moralité est déjà établi à la suite, par exemple, de
condamnation pénale ou de mesure de redressement judiciaire.

b- Interdictions concernant certaines activités commerciales

Parfois des restrictions (interdictions) intéressent certaines activités commerciales quelles


que soient les personnes qui les exercent. De nombreuses dispositions législatives interdisent
certaines professions, ou en soumettent l'exercice à une autorisation ou à un contrôle préalable,
soit dans un but de police, soit dans un but économique.

Certaines activités sont interdites, soit dans un but d'hygiène, de morale ou de police
(fabrication d'objets ou de jouets dangereux, maisons d tolérance…etc.), soit à raison d'un
monopole fiscal, économique ou de police de l'Etat et des collectivités publiques (tabac,
allumettes, poudre et alcool, poste et télécommunications, eau et électricité, radio, émission de
billets de banque…etc.).

D'autres activités sont subordonnées à une autorisation, une licence ou un enregistrement qui
est délivré après vérification de certaines conditions de sécurité, de moralité et de compétence
(établissement dangereux et insalubres, débits de boisson, magasins généraux, fabrication
d'armes, agences de voyage, laboratoires d'analyses médicales, entreprise de spectacle…etc.
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Pour d'autres activités enfin, il faut une déclaration auprès des autorités compétentes
(province, municipalité); exemple: une entreprise de presse, ou la possession d'une carte
professionnelle (exemple : courtiers…), ou l'inscription à un ordre professionnel
(pharmaciens…) ou la possession d'un diplôme (pharmacien, opticien…).

Si le régime des incapacités a avant tout pour objet de protéger les intérêts particuliers de
ceux qui en sont atteints, les incompatibilités et les interdictions sont au contraire
essentiellement édictées par le législateur dans un but d'intérêt général, elles ont pour objet
d'empêcher certaines personnes d'exercer une profession commerciale, soit parce qu'elle
apparaît incompatible avec celle qu'elles pratiquent déjà, soit en raison de ce que le
comportement antérieur les rend indignes de rester ou de devenir commerçants.

L'esprit étant différent, les sanctions sont aussi d'une autre nature. Ainsi, les actes accomplis
par celui qui, étant sous le coup d'une incompatibilité ou d'une interdiction, a irrégulièrement
exercé une profession commerciale, sont valables, sa qualité de commerçant est reconnue de
telle sorte qu'il peut bien faire l'objet d'une décision de redressement et de liquidation judiciaire,
mais il est passible de sanctions disciplinaires et pénales.
18

CHAPITRE II

LES CONDITIONS TENANT A L'ACTIVITE

CONDITIONS OBJECTIVES

Selon l'art 6 du nouveau Code de Commerce : "la qualité de commerçant s'acquiert par
l'exercice habituel ou professionnel des activités suivantes", c’est à dire les dix-huit cas
énumérés par l’article 6.

Il n'y a pas d'autres critères de commerçant, pour définir ceux- ci il n'y a qu'une approche
possible, partir de l'art 6 du Code de Commerce qui fait apparaître deux conditions :

1-L'exercice des activités commerciales, et en outre,

2-Exercer d'une façon habituelle ou professionnelle, c'est à dire en faire sa profession


habituelle.

Bien quels ne soit pas exprimée par le texte, il faut encore tenir compte d'une troisième
exigence :

3-Que la profession soit exercée de manière personnelle et indépendante.

On peut ainsi dire que sont commerçants ceux qui (ayant la capacité d'exercice nécessaire)
font, en leur nom et pour leur compte des actes de commerce à titre de profession habituelle.

Section I : L'accomplissement d'actes de commerce

C'est la première condition pour être commerçant ; faire des actes de commerce ou exercer
une activité commerciale. Il s'agit bien sûr des actes énumérés à l'art 6 du Code de Commerce.
Sont essentiellement concernés ici, les actes de commerce par nature, (car ceux par accessoire
ne sont que la conséquence des précédents) et ceux par la forme; mais la lettre de change ne
confère en rien la qualité de commerçant, même si les tirages sont répétés ; il en est de même
des billets à ordre.

Malgré le caractère général de la définition de l'art 6 du code de commerce, cette exigence


appelle deux séries de précisions :

1-L'exercice de certains actes ne permet pas, par lui-même, d'acquérir la qualité de


commerçant, il en est ainsi :

- des actes de commerce par accessoire, la solution s'impose puisque la commercialité des
actes suppose que la qualité de commerçant de leur auteur a été préalablement établie ; on ne
peut réciproquement démontrer cette qualité par la réalisation de tels actes.
19

- des lettres de change (et des billets à ordre); ceux-ci constituent des actes de commerce
"entre toutes personnes", il n'est donc pas possible de déduire de leur existence, même si leur
nombre est important, la qualité de commerçant d'une personne, qui, en apposant sa signature
sur de tels effets, n'exerçait pas pour autant une activité commerciale.

2- Et à l'inverse, la qualité de commerçant est reconnue exceptionnellement à des personnes


qui n'accomplissent pas des actes de commerce; si la société en nom collectif est commerciale
à raison de sa forme, tous les associés sont des commerçants même s'ils n'accomplissaient pas
eux-mêmes des opérations commerciales; la commercialité de la société s'étend à ses membres.

3- Ces hypothèses ne doivent pas être confondues avec le cas du commerçant qui a donné
son fonds en location-gérance; Bien que ne faisant plus personnellement d'actes de commerce,
puisqu'il n'exploite plus lui- même son fonds de commerce, il demeure néanmoins immatriculé
au registre de commerce jusqu'au moment ou il décide de se radier, mais on ne peut pas dire
pour autant qu'il est commerçant.

Sous section I : La notion d'actes de commerce

§/I : L’intérêt des actes de commerce

Le droit Commercial est le droit des actes de commerce et des commerçants. En effet, l'art
1 du Code de Commerce indique que « la présente loi régit les actes de commerce et les
commerçants ». Ainsi la notion d'acte de commerce tient une place importante (considérable)
dans le droit commercial, et l’intérêt de leur détermination permet d’établir le domaine du droit
commercial qui s’applique aux actes de commerce et aux commerçants, cette détermination
permet aussi de définir les commerçants.

Les actes de commerce sont des actes qui, par opposition aux actes civils, sont soumis à des
règles spéciales édictées par le droit commercial. De façon réciproque, le droit commercial est
en principe le droit applicable à un certain nombre d’actes, quelles que soient les personnes qui
pratiquent ces actes.

Cependant, on peut dès maintenant noter que l’activité commerciale peut parfois recevoir
une définition plus large.

De toute façon, le droit marocain porte aussi attention au statut du commerçant, intervenant
plus facilement dans ce domaine que dans celui des actes de commerce proprement dits, la
notion de commerçant, même si elle peut être considérée comme une notion dérivée de celle
d’acte de commerce, demeure fort importante. De plus, l’acte de commerce peut aussi être
20

directement rattaché à la personne du commerçant, lorsque la commercialité se trouve


accessoirement sous l’influence de la profession de l’auteur de l’acte, puisque est acte de
commerce toute obligation d’un commerçant née pour les besoins ou dans l’exercice de son
commerce. En définitive en on conclut généralement que le droit marocain n’est pas
complètement objectif, mais seulement mixte, en étant en grande partie objective, mais aussi
par certains aspects, relativement subjectif, par comparaison avec d’autres droits plus exclusifs,
soit dans le sens de l’objectivité, comme le droit commercial espagnol, soit dans le sens de la
subjectivité, comme le droit commercial allemand.

La détermination des actes de commerce se fait habituellement à partir de l’énumération


légale, principalement contenue dans le code de commerce. La description des différents actes
considérés comme commerciaux permet simplement de cerner la variété des actes élémentaires
de l’activité commerciale ; puis, il faut tenir compte des actes qui pourront devenir
commerciaux en raison du lien qui les unit à la profession commerciale de leur auteur. Cette
extension personnelle de la commercialité permet notamment de dégager les actes
complémentaires de la profession commerciale.

Etant donné l'importance primordiale de la notion d'acte de commerce, on s'attendait à voir


cette matière réglée au détail en tête du Code de Commerce. Il n'en est rien. C'est à dire que le
code de commerce n'a pas donné de définition claire de l'acte de commerce, il s'est borné à une
énumération d'actes qualifiés de commerciaux.

§/II : Définition formelle de l’acte de commerce

Un acte de commerce est un acte juridique, et l’acte juridique est une opération juridique
consistant en une manifestation de la volonté (privée ou publique, unilatérale, plurilatérale ou
collective) ayant pour objet et pour effet de produire une conséquence juridique
(établissement d’une règle, modification d’une situation juridique, création d’un droit, etc.).

Les actes juridiques peuvent être de nature civile, ce sont des actes civils, ou de nature
administrative, ce sont les actes administratifs, ou encore de nature commerciale, ce sont des
actes de commerce : objet de notre cours.

A- Les actes civils

Les entreprises civiles sont celles qui se livrent à des activités civiles, c’est à dire qui
n’accomplissent pas les actes de commerce énumérés aux article 6 et suite. Sont ainsi civiles
les activités agricoles, libérales création intellectuelle ainsi que celles exercées pour le compte
d’autrui en vertu d’un mandat ou d’un contrat de travail.
21

Les activités civiles obéissent, sauf dérogation expresse de la loi, au droit commun, mais il
n’en est ainsi qu’autant qu’elles sont exercées dans des conditions qui ne sont pas
caractéristiques de l’acte de commerce, c’est à dire qu’elles ne constituent pas des actes
d’entremise ou des actes accomplis avec intention spéculative dans ce cas, les actes de
commerce ainsi accomplis sont traités comme des actes civils tant qu’ils restent l’accessoire de
l’activité civile. Mai ils deviennent commerciaux lorsqu’ils occupent une place importante dans
l’activité de l’intéressé.

Sont civiles les activités suivantes :

1- Activités agricoles : l’agriculture est une activité civile dans la mesure où elle consiste
en des actes tendant à faire produire le sol et à vendre les produits qui en sont retirés directement
tels que céréales, légumes, fruits, sels provenant des marais salants

2- Activités libérales : l’activité libérale consiste dans la fourniture d’un travail intellectuel
par un professionnel attaché à ses clients par des relations de confiance ; elle a un caractère civil
seulement si elle constitue l’activité principale de l’intéressé.

3- Professions juridiques et comptables : Il est généralement interdit aux membres de ses


professions d’accomplir les actes de commerce ou de devenir commerçant. Toutefois, lorsque
malgré cette interdiction, ils exercent une activité commerciale ils sont alors soumis aux règles
applicables aux commerçants (art. 11 du code de commerce).

4- Profession médicale : Les médecins ne font pas de commerce, même s’ils vendent
quelques remèdes à leurs clientèles ; mais ils ne deviennent pas commerçants s’ils exploitent
personnellement une clinique ou une maison de santé ; de même, les dentistes ne font pas acte
de commerce lorsqu’ils vendent à leurs malades des pâtes dentifrices, à condition qu’ils
n’étendent pas ces ventes à des personnes auxquelles ils ne dispensent pas des soins.

5- Profession d’architecte : Les architectes ont une activité civile lorsqu’ils se bornent à
dresser des plans et à surveiller l’exécution des travaux ; en revanche, un architecte qui a accepté
un marché qui lui est confié et s’est livré pour son exécution à des actes de commerce est
commerçant.

6- Activité de création intellectuelle : L’exploitation par les auteurs des œuvres tirées de
l’esprit est une activité civile. Tel est le cas des écrivains, même s’ils cèdent le droit d’exploiter
leurs ouvrages à un éditeur, des musiciens ou des artistes peintres même s’ils achètent des
matières qui doivent être incorporées dans leurs œuvres, ces achats étant des actes civils
accessoires à leur activité artistique.
22

B- Définition de l’acte de commerce par la loi

L’ancien code de commerce a définit les actes de commerce dans ses articles 2 et 3, ces
textes indiquent que seuls les actes énumérés ont le caractère commercial. Cette énumération
est très limités à certain actes et dont l’appellation est dépassée. Le code de commerce de 1996
à rénové sur ces deux points, il a adopté une énumération plus exhaustive en utilisant une
terminologie plus moderne, mais, il a surtout fait appel à la notion d’activité au lieu du terme
« acte ».

En effet l’Article 6, base de notre droit commercial moderne indique que : sous réserve des
dispositions du chapitre II du titre IV ci-après, relatif à la publicité au registre du commerce, la
qualité de commerçant s’acquiert par l’exercice habituel ou professionnel des activités
suivantes :

-l’achat de meubles corporels ou incorporels en vue de les revendre soit en nature soit après
les avoir travaillés et mis en œuvre ou en vue de les louer ;

-la location de meubles corporels ou incorporels en vue de leur sous-location ;

-l’achat d’immeuble en vue de les revendre en l’état ou après transformation ;

-la recherche et l’exploitation des mines et carrières ;

-l’activité industrielle ou artisanale ;

le transport ;

-la banque, le crédit et les transactions financières ;

-les opérations d’assurances à primes fixes ;

-le courtage, la commission et toutes autres opérations d’entremise ;

-l’exploitation d’entrepôts et de magasins généraux ;

-l’imprimerie et l’édition quels qu’en soient la forme et le support ;

-le bâtiment et les travaux publics ;

-les bureaux et agences d’affaires, de voyages, d’information et de publicité ;

-la fourniture de produits et services ;

-l’organisation des spectacles publics ;

-la vente aux enchères publiques ;


23

-la distribution d’eau, d’électricité et de gaz ;

-les postes et télécommunications.

Article 7 : La qualité de commerçant s’acquiert également par l’exercice habituel ou


professionnel des activités suivantes :

- toutes opérations portant sur les navires et les aéronefs et leurs accessoires ;

- toutes opérations se rattachant à l’exploitation des navires et aéronefs et au commerce


maritime et aérien.

Ainsi, seront réputés actes de commerce ceux qui sont énumérés dans les articles 6, 7, 8, 9
et 10 du nouveau Code de Commerce. Il semblerait au demeurant qu'il est suffisant de se référer
à l'énumération de cette liste légale pour connaître les actes de commerce ; tous les autres actes
étant civils, la distinction serait aisée.

Mais en réalité, notre système marocain est plus complexe puisqu'il faut en outre tenir
compte de l'influence possible de la profession de l'auteur de l'acte, influence qui peut avoir
pour effet de rendre commercial un acte ne figurant pas sur la liste (c'est ce qu'on appelle
couramment les actes de commerce par accessoire), ou inversement, de rendre civil un acte
figurant cependant dans cette liste.

La notion d’acte de commerce est une notion fondamentale en droit commercial marocain,
elle constitue la base traditionnelle du droit commercial puisque le commerçant est définit à
partir de l’acte de commerce.

Cependant, la notion de commerçant est jugée seconde par rapport à celle d’acte de
commerce, dont la primauté est souvent exprimée par l’idée selon laquelle le droit commercial
marocain est avant tout « réel » ou de façon plus fréquente, « objectif » par opposition à certains
droits étrangers, fréquemment qualifiés de « personnels » ou « subjectifs », pour lesquels le
droit commercial est celui des commerçants et des actes accomplis par les commerçants pour
les besoins de leur commerce.

Dans cette conception, il existerait deux catégories d’actes commerciaux. Les uns le seraient
par « nature », quel que soit leur auteur, ce qui permettrait de donner une définition du
commerçant ; les autres le seraient « par accessoire » devenant commerciaux en étant accomplis
par un commerçant pour les besoins de son commerce

Même en droit positif, on a douté que le droit commercial soit complètement objectif, en
étant seulement le droit des actes de commerce. Ainsi, il a été soutenu qu’on ne pouvait
24

connaître l’étendue du droit commercial qu’en examinant toutes les professions commerciales,
la jurisprudence elle-même rechercherait d’abord si l’auteur a une activité de nature
commerciale et elle en déduirait seulement ensuite que l’acte est commercial.

En jurisprudence la question de savoir si un acte est ou non un acte de commerce est


souverainement appréciée par les juges de fond. Cependant, la cour suprême exerce un contrôle
sur la qualification des faits litigieux, de telle sorte qu’il s’agit d’une question de droit à
l’occasion de laquelle un pourvoi en cassation est possible.

Bien entendu, la référence à la profession oblige nécessairement à définir le contenu même


de celle-ci, c’est à dire l’exercice habituel d’actes de commerce.

Il ne faut d’ailleurs pas exagérer la portée de la qualification dans la plupart des cas, l’acte
de commerce est effectué par un commerçant, de sorte que la distinction entre droit commercial
objectif et ou subjectif perd de son intensité. Cette remarque est d’autant plus importante que
de nombreuses opérations ne seront considérées comme commerciales que si elles sont
effectuées en entreprise, ce qui sous entend presque inévitablement l’activité d’un
professionnel, la présence d’un commerçant. Par conséquent, l’acte de commerce fait par un
non commerçant devient peu à peu irréalisable. La volonté du législateur marocain a tendance
à concrétiser cette conception.

Effectivement, les textes parlent d'activités et non d'actes de commerce, et on peut définir le
terme activité comme l'ensemble des actes coordonnés et des travaux d'une personne, qui se
caractérisent par l'accomplissement régulier de certains actes et par la poursuite d'un but
lucratif. Le législateur marocain a voulu ainsi éviter l'ambiguïté soulevée par l'ancien code de
commerce dans ses art 2 et 3 ; à s'en tenir à ces deux textes, un acte isolé d'achat pour revendre
ou une opération isolée de banque, de change, de courtage ou de transport, constituent un acte
de commerce soumis au droit commercial même s'il est fait par un non commerçant.

Ainsi, en parlant d'activité, un acte isolé d'achat pour revendre, de transport, ou une opération
de courtage, ou de banque ne constituerait pas un acte de commerce soumis au droit commercial
s'il est fait par un non commerçant. Ces actes ne sont considérés comme commerciaux que s'ils
sont faits par un commerçant, c'est à dire professionnellement ou en d'autres termes, que ces
actes constituent son activité principale.

En effet si on s’attache à la lettre du texte (art. 6), on peut en déduire que l’acte ne présente
le caractère commercial que s’il est accomplit dans le cadre d’une activité, ce qui suppose la
réunion de certain moyen (personnel, matériel) et une répétition d’actes accomplis à titre
25

professionnel (influence de la conception subjective). La profession correspond à l’activité


d’une personne lui permettant d’obtenir les moyens de vivre, elle – même et sa famille.

En d’autres termes, l’existence d’une activité commerciale établissant la qualité de


commerçant est donc caractérisée par l’exercice d’actes de commerce de manière continue,
durable et intéressé, ce qui se traduit par l’accomplissement d’actes de commerce de manière
répétitive dans le cadre d’une structure organisée, ce qui rejoint l’idée d’actes de commerce par
entreprise.

Ainsi, si on s’en tient à une interprétation stricte du texte, on peut déduire que l’article 6 du
code de commerce écarte toute possibilité d’existence d’actes de commerce individuellement
envisagés. C’est à dire que ce texte n’attribue la qualité d’actes de commerce aux activités qu’il
a énuméré que dans le cas ou ses activités sont réalisées en entreprise.

Cependant, il demeure encore fréquent qu’un non commerçant, ayant mis sa signature sur
une lettre de change soit soumis aux rigueurs du droit commercial, en ayant par là- même fait
un acte de commerce. Il est également possible d’être confronté à des hypothèses selon
lesquelles un non commerçant ayant effectué de nombreux achats pour vendre.

L’article 6 permet de dégager trois critères de l’activité commerciale de nature à caractériser


ceux qui deviennent commerçant au sens de cet article du code de commerce.

§/III : Définition conceptuelle de l’acte de commerce

La liste légale n’est pas limitative, et l’article 8 du code de commerce qui précise que : « la
qualité de commerçant s’acquiert également par l’exercice habituel ou professionnel de toutes
activités pouvant être assimilées aux activités énumérées aux articles 6 et 7 ci dessus », le dit
expressément afin d’éviter la difficulté qui se rencontre à propos de multiples activités
notamment de services qui, bien que n’étant pas visées par l’article 6 et 7, doivent tout de même,
avoir un caractère commercial.

La doctrine s’est forcée de trouver le critère de l’acte de commerce, le fil directeur qui
expliquerait l’article 6. Mais la tâche n’est pas facile, puisqu’il s’agit ici de donner à certains
actes un régime juridique propre à raison du rôle qu’ils jouent dans l’économie. Par conséquent,
c’est la notion même de commerce qu’il faudrait définir.

C’est la raison pour laquelle on a essayé de trouver ce caractère général dans une notion
économique. Il faut chercher quelle est l’idée commune aux actes cités dans le texte : critères
généraux des actes de commerce. Trois théories principales ont été avancées.
26

Les uns s’attachent à l’idée de circulation, les autres préfèrent l’idée de spéculation, les
troisièmes soutiennent la notion d’entreprise.

Sous section II : Les catégories d’actes de commerce

Si l'on examine l'énumération établie par le texte, on note qu'il existe différentes catégories
d'actes de commerce :

-Les actes de commerce par nature (art 6 et).

-Les actes de commerce par la forme ou objectifs (art).

-Les actes de commerce par accessoire (art 10).

-Les actes de commerce mixtes

§/I : Les actes de commerce par nature

Ce sont des actes de commerce en eux-mêmes, à raison de leur objet; c'est à dire ceux qui
tiennent à la nature des activités exercées. Ils sont énumérés par l'art 6 et 7 du nouveau Code de
Commerce. Il ne sera question ici que des activités énumérées par l'art 6 du Code de Commerce,
cet article dresse une liste de 18 cas. Ces actes ne sont commerciaux que s'ils sont faits "en
entreprise", c'est à dire professionnellement par un commerçant. Effectivement, l'art 6 précise
que "….la qualité de commerçant s'acquiert par l'exercice habituel ou professionnel des
activités suivantes" soit la liste des 18 cas.

Certaines de ses activités sont de négoce, de change ou de distribution, d'autres de caractère


industriel ou financier, d'autres sont de location, d'autres enfin consistent dans des services
d'intermédiaires.

A-Les activités d'échange (de distribution ou de négoce)

L'activité consistant à acheter des biens pour les revendre est une activité commerciale, elle
consiste en un échange de biens (et de services). L'acheteur pour revendre est un intermédiaire.
Jusqu'à la loi du 3 Octobre 1996 formant le nouveau Code de Commerce, l'art 2 de l'ancien
Code de Commerce, ne réputait acte de commerce que les achats de denrées et marchandises
pour les revendre. C'est à dire les achats de meubles.

Une distinction fondamentale et traditionnelle était ainsi faite entre meubles et immeubles :
l'achat et la revente d'immeubles étaient des actes essentiellement civils. L'al 3 de l'art 6 du
nouveau Code de Commerce cite parmi les 18 cas réputés actes de commerce : " l'achat
d'immeubles en vue de les revendre en l'état ou après transformation".
27

L'acte peut donc porter indifféremment sur un meuble ou un immeuble. Mais il faut
nécessairement que l'acte d'achat soit fait avec l'intention de revendre. Donc deux conditions
essentielles doivent être réunies pour qu'un tel achat soit considéré comme un acte de
commerce.

Première Condition : Un achat

C'est d'abord l'achat qui est un acte de commerce, mais il doit être fait avec une intention de
revente. Il faut donc un achat précédent une vente, c'est à dire un achat préalable. L'achat doit
s'entendre dans un sens large, de toute acquisition à titre onéreux c'est à dire de l'acquisition de
la propriété d'une chose moyennant le versement d'un prix. Cette condition exclut, en principe,
certains producteurs, ceux qui parviennent à produire sans achats préalables : agriculteurs,
pêcheurs ; c'est à dire que cette exigence (acquisition à titre onéreux) conduit à exclure du
champ d'application de l'art 6 un certain nombre d'opérations portant sur des biens qui n'ont pu,
de par leur nature, être achetés (production agricole, pêche…).

Ne sont pas davantage considérées comme commerciales les productions intellectuelles et


leur exploitation par l'auteur : un écrivain, un musicien, un sculpteur qui vendent leur roman,
leur musique, leur statue, vente qui est d'ailleurs d'une nature particulière, s'agissant de créations
artistiques, ne les avant pas préalablement achetés. L'achat de produits nécessaires à la création
n'a qu'un caractère accessoire. La même solution doit également prévaloir en ce qui concerne
la vente par un inventeur de ses droits de propriété industrielle, alors que par exemple
l'acquisition d'un brevet pour le revendre doit naturellement être considéré comme un acte de
commerce.

Pour des motifs analogues, enfin, les activités des professions libérales qui se traduisent par
des prestations de services personnels ne sont pas non plus des actes de commerce.

Deuxième condition : acheter pour revendre

La revente est aussi un acte de commerce ; la loi le dit d'ailleurs expressément et précise que
: "l'achat de meubles corporels ou incorporels en vue de les revendre soit en nature soit après
les avoir travaillés et mis en œuvre ou en vue de les louer constitue une activité commerciale".
Il en est de même pour les immeubles, l'art 6 al 3 dispose que "l'achat d'immeubles en vue de
les revendre en l'état ou après transformation".

Troisième condition : avoir un but spéculatif


28

On admet en général que malgré le silence du texte, une troisième condition est exigée à
savoir que l'acheteur doit avoir un but spéculatif.

B-Les activités de production et de transformation

Toute activité économique consistant dans la création, la fabrication, la transformation ou la


construction d'un bien. Les activités de production englobent l'activité industrielle qui consiste
à transformer les matériaux appartenant à autrui ou à l'industriel lui-même.

L'art 6 du Code de Commerce apporte une innovation quand il commercialisé la recherche


et l'exploitation des mines et carrières (art 6 al 4), l'imprimerie et l'édition quels qu'en soit la
forme et le support (art 6 al 11, le bâtiment et les travaux publics (art 6 al 12).

La commercialisation de ces activités se justifie parfaitement dans la mesure où elles le plus


souvent exercées par des personnes morales. En matière d'édition, la production s'applique à
des œuvres de l'esprit, l'éditeur achète le manuscrit d'un auteur pour le transformer en une série
d'exemplaires imprimés. Il en va de même pour ceux qui éditent des gravures, des
photographies, des disques, de ceux qui produisent des films, des sociétés de presse qui publient
des journaux et des magazines.

Tous ces professionnels servent d'intermédiaires entre les créateurs et le public.

a-L'activité industrielle ou artisanale (art 6 al 5)

1-L'activité industrielle

L'industriel transforme la matière première et établit le prix de vente en tenant compte de ses
frais d'installation et de main d'œuvre. C'est un entrepreneur qui ne travaille pas lui-même et
spécule sur le travail d'autrui qu'il rémunère généralement à prix fixe.

Cette activité est commerciale et recouvre tous les types de production qui relèvent du
secteur secondaire: sidérurgie, métallurgie, construction mécanique, fabrication de produits
chimiques, industrie électronique, filature, industrie agro-alimentaire (article 6 alinéa 5).

2- L'activité artisanale (art 6 al 5).

b- La recherche et l'exploitation des mines et carrières (art 6 al 4).

c- L'imprimerie et l'édition (art 6 al 11).

d- Les bâtiments et les travaux publics (art 6 al 12).

C- Les activités de services


29

a- Les intermédiaires (service des intermédiaires de commerce)

Définition : Il s'agit de l'activité de personnes qui s'entremettent dans le commerce en


fournissant des services intellectuels. L'intermédiaire ne vend ni ne produit, il va de l'un à
l'autre, appareillant offre et demande, accordant des volontés; (d'une certaine manière,
l'intermédiaire est un marieur). Grâce à lui, les biens matériels ou immatériels, circulent. Il est
l'agent de liaison indispensable à la circulation des richesses.

Ces activités peuvent prendre plusieurs formes que vise l'art 6 du Code de Commerce : agent
d'affaires, agent de voyage, commissionnaire, courtier.

1- Le commissionnaire et le courtier (art 6 al 9)

-Le commissionnaire

La commission est une sorte de contrat de mandat en vertu duquel le commissionnaire


conclut sous son propre nom, un contrat sous l'ordre et pour le compte d'un commettant, sans
dévoiler généralement le nom de celui-ci. Le commissionnaire agit sous son propre nom pour
le compte d'un commettant ; il passe le contrat pour le compte de ce dernier, mais en son propre
nom, et le tiers contractant ne connaît que lui, car il ne révèle pas l'identité de ceux pour le
compte de qui il intervient.

Le commissionnaire est responsable de l'exécution du contrat à l'égard des tiers avec qui il
contracte. Le secteur de prédilection de la commission est celui des transports. Le
commissionnaire concluant le contrat de transport pour le compte de l'entreprise désirant faire
déplacer ou livrer des marchandises, notamment pour l'exportation et l'importation. Il existe
aussi des commissionnaires en valeurs mobilières (agent de change), des commissionnaires en
fruits et légumes (mandataires de halles).

Il importe peu que les contrats conclus par les commissionnaires soient civils ou
commerciaux, ce qui est commercial c'est son activité. Par contre le simple mandataire
commercial, qu'il s'agisse du représentant de commerce ou de l'agent commercial, n'a pas
toujours en revanche une activité commerciale. Un simple mandat est commercial qui même
exercé à titre professionnel, ne constitue pas un acte de commerce.

Pour constituer un tel acte, la commission suppose en outre d'être effectuée à titre onéreux.

-Le courtier (L'intermédiaire type)

Alors que le commissionnaire contracte lui-même pour le compte d'un tiers et sans révéler
le nom de ce dernier, le courtier met en présence acheteur et vendeur, mais sans intervenir dans
30

le contrat. Ainsi le courtier cherche à mettre en rapport des personnes en vue de la conclusion
d'un contrat, mais, en général, il ne passe pas lui- même le contrat au nom de l'une des
personnes. Il rapproche seulement les parties désirant conclure une opération.

On peut citer les courtiers d'assurances, de publicité, en marchandises (surtout agricole),


voitures… etc. Sont aussi commerciales toutes les opérations d'intermédiaires pour les achats
ou ventes d'immeubles et de fonds de commerce.

2- L'agent d'affaires (art 6 al 13)

L'agent d'affaires est celui qui gère les affaires d'autrui, il fournit ses services pour aider ses
clients à gérer leurs affaires. En d'autres termes, l'agent d'affaires est celui qui, moyennant
rémunération, s'occupe de prendre en main, sous les formes les plus variées, les intérêts d'autrui
et de les gérer.

Pour en souligner la diversité, il suffira d'observer que, se trouvent réunis sous cette rubrique
aussi bien les agents de publicité que les conseillers en organisation, les agents de
renseignement commerciaux que les agences de voyage et de tourisme (agences de voyage,
agence publicitaire, agence immobilière, agence d'information et de renseignement).

b- Les fournisseurs

L'art 6 al 14 parle de fourniture de produits et services et en fait une activité commerciale.


Initialement conçue comme la fourniture des biens, elle recouvre aujourd'hui la fourniture de
services. (Au demeurant), plusieurs de ces services sont appréhendés par le Code de Commerce,
il en est ainsi des services rendus par les loueurs de meubles (art 6 al 2), les financiers (art 6 al
7), les transporteurs (art 6 al 6), l'assurance (art6 al 8 ), l'exploitation d'entrepôt et de magasins
généraux (art 6 al 10), l'organisation de spectacles publics( art 6 al 15), la distribution d'eau,
d'électricité et de gaz (art 6 al 17), la vente aux enchères publiques (art 6 al 16), les postes et
télécommunications.

1- Location de meubles

L'art 6 al 14 parle de fourniture de produits et services lie la location à l'achat pour revendre
et qualifie d'acte de commerce l'achat de meubles pour les revendre ou même pour en louer
simplement l'usage. Mais l'art 6al 2 précise que la location de meubles est devenue un acte de
commerce à part entière.

L'éventail est très large; du loueur d'automobiles au loueur de télévisions en passant par les
loueurs de wagons, de matériel de chantier, de machines à sous, de conteneurs ou de navires,
31

tous sont commerçants. Le cadre juridique de la location est indifférent, et la pratique du crédit-
bail ou leasing est commerciale. Dès lors qu'il y a location et meubles, la qualification de
l'opération ne fait pas de doute.

Par contraste, la location d'immeubles demeure civile quand bien même serait-elle habituelle
; c'est une nouvelle activité économique qui n'est pas saisie par le droit commercial. Cependant,
la location d'immeubles peut exceptionnellement devenir commerciale; tel est le cas lorsque
des meubles sont loués en même temps que l'immeuble et représentent l'objet essentiel de
l'opération: la location d'usines équipées est commerciale, la location d'un hangar est civile. En
outre, certains loueurs d'immeubles acquièrent la citoyenneté commerciale au nom de la
fourniture de services, il en est ainsi de l'hôtelier, qui offre des services plus que le simple usage
d'un local, au demeurant équipé ou du loueur professionnel de boxes pour automobiles, ainsi
encore de la clinique qui fait devenir commerçant son exploitant serait-il également médecin,
mais qui reste discutable.

2- Les activités financières

Vue comme location de meubles (la monnaie) et comme une fourniture de services, la
finance est déjà commerciale ; elle l'est encore à un troisième titre, en raison d'une disposition
expresse du code de commerce qui répute commercial toute activité de banque, le crédit et les
transactions financières (art 6 al 7).

3- Le transport

Les transporteurs font des opérations commerciales, que le transport soit par terre, par rail,
eau ou air, qu'il concerne des marchandises ou des voyageurs.

Le transport maritime a vu naître le droit commercial, aussi bien, il n'est pas étonnant qu'un
article entier du Code de Commerce, l'art 7 (art 3 ancien Code de Commerce français) affirme
la commercialité de cette activité et des opérations voisines : construction de navires,
affrètement, assurances maritimes.

Quant au transport par terre, par eau ou par air, il est visé par l'art 6 al 6.

Sous section II : Les actes de commerce par leur forme

A la différence des précédents, ces actes de commerce sont soumis au droit commercial,
aussi bien lorsqu'ils sont faits professionnellement par un commerçant que lorsqu'ils sont faits
à titre isolé par un non commerçant. Le fondement des actes par la forme est purement légal, la
loi (le code de commerce) le dit expressément.
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Ainsi, le Code de Commerce dans son art 9 parle de la lettre de change et du billet à ordre :
Indépendamment des dispositions des articles 6 et 7 ci -dessus, sont réputés actes de commerce :

-la lettre de change ;

-le billet à ordre signé même par un non-commerçant, lorsqu’il résulte d’une transaction
commerciale.

Le Code des sociétés anonymes cite toute Société Anonyme comme activité de commerce
par sa forme ; et enfin l'art 2 du Code des Sociétés à responsabilité limitée et autres sociétés
décide que "sont commerciales à raison de leur forme et quelque soit leur objet, les sociétés
visées aux titres II, III, IV (c'est à dire SNC, SARL, Société en commandite simple et par action)
seule la société en participation échappe à ce statut.

§/I : Les effets de commerce

A- La lettre de change

L'art. 9 al. 2 répute acte de commerce la lettre de change et du billet à ordre. Tout signataire
d'une lettre de change à quelconque titre que ce soit, fait un acte de commerce et s'oblige donc
commercialement.

Une telle disposition a une raison historique : elle s'explique par le fait qu'originairement la
lettre de change était destinée à concrétiser un contrat de change comportant transfert d'argent,
lequel n'était pratiqué qu'entre commerçants. C'est en ce sens d'ailleurs que le code de 1807 la
définissait comme" une remise d'argent faite de place en place". L'obligation de tirage sur place
a cependant été supprimée par la loi du 7 Juin 1894. La lettre de change n'est plus alors qu'un
simple instrument de crédit selon lequel l'une des parties (tireur), donne à son débiteur (tiré)
l'ordre de payer une certaine somme d'argent, à une date déterminée à une troisième personne
appelée tiers bénéficiaire ou porteur. Il eût été logique qu'elle cessât alors d'être un acte de
commerce. Mais la tradition fut la plus forte. Ainsi, toute signature figurant sur une telle lettre
constitue un acte de commerce, qu'elle émane du tireur, du tiré accepteur, des divers endosseurs,
ou encore de ceux qui donnent une garantie que la lettre sera payée à l'échéance (les avalistes).

On peut définir la lettre de change comme un ordre donné par un créancier à son débiteur de
payer une certaine somme à une certaine date à un tiers; toute personne même non
commerçante, qui signe une lettre de change, comme tireur, tiré accepteur, endosseur ou
donneur d'aval soumet aux règles du droit commercial et notamment à la compétence des
tribunaux de commerce.
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B- Le billet à ordre

Le Code de Commerce dans son art 9 al 2 répute acte de commerce "le billet à ordre signé
même par un non commerçant lorsqu'il résulte d'une transaction commerciale". Le billet à ordre
ou au porteur est un écrit par lequel un souscripteur s'engage à payer une certaine somme à une
date déterminée à un bénéficiaire. Cet effet de commerce est devenu aujourd'hui un acte de
commerce par la forme, c'est à dire qu'il se répute acte de commerce même s'il est signé par un
non commerçant. Il suffit seulement que la transaction soit commerciale.

On remarquera cependant que la lettre de change n'est pas la seule concernée et que cette
commercialité objective s'applique aussi au billet à ordre qui était exclue par l'ancien code. Par
contre, le chèque (bancaire ou postale) n'est toujours pas commercial sauf dans la mesure où il
a été tiré ou signé par un commerçant pour les besoins de son commerce; c'est à dire en vertu
de la théorie des actes de commerce par accessoire.

§/II : Les sociétés à forme commerciale

Naturellement, les sociétés (comme les individus) ne devraient être commerciales que si leur
activité habituelle porte sur des opérations commerciales. Cependant, la loi considère que la
plupart (sinon toutes) des formes sociales de sociétés donnent le caractère commercial à la
société. La solution est admise en Droit marocain par la réforme concernant les sociétés au
Maroc, réforme qui a donné naissance aux deux codes de sociétés commerciales.

Effectivement, le code des sociétés à responsabilité limitée (SARL) et autres sociétés énonce
dans son art 2 que : "sont commerciales à raison de leur forme et quel que soit leur objet, les
sociétés visées au titres II, III et IV de la présente loi ". Cela intéresse la société en non collectif
(SNC), la Société en commandite, et la SARL, mise à part la société en participation.

Le Code des sociétés anonymes (S.A) affirme le même principe et énonce clairement dans
son art 1 que : "la S.A est une société commerciale à raison de sa forme et quel que soit son
objet".

§/III : Les opérations sur fonds de commerce

Sont également commerciales à raison de l'objet sur lequel elles portent, les opérations
relatives à un fonds de commerce, (Actes portant sur F.C) qu'il s'agisse de son achat de sa vente,
ou de la location gérance. La question est discutée par la doctrine et présente d'ailleurs peu
d'intérêt, puisque les opérations effectuées constituent en tout état de cause des actes de
commerce par accessoire, à raison de la profession de ceux qui les pratiquent; (ou encore, en
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tant que constituant le dernier acte du commerçant qui se retire, ou le premier acte du nouveau
commerçant qui s'établit.

Mais il arrive que le fonds de commerce soit la propriété d’un non commerçant, une fois
qu’il l’a mis en location gérance, ou bien lorsqu’il lui est échu par héritage et qu’il ne l’exploite
pas.

Section III : Les actes de commerce par accessoire

Ce sont des actes qui n'entrent pas dans une catégorie précédente et qui, objectivement, sont
des actes civils. Ils sont considérés comme commerciaux lorsqu'ils sont l'accessoire d'une
activité commerciale, c'est à dire qu'ils sont accomplis par un commerçant en liaison avec son
commerce ; d'où leur nom d'actes de commerce par accessoire ou par relation.

1-Principe : l'accessoire suit le principal

La théorie des actes de commerce par accessoires constitue essentiellement une construction
de la jurisprudence, elle part de l'idée que certains actes civils peuvent être attraits par une
commercialité ambiante pour devenir commerciaux.

Cependant, la logique voulait qu'un phénomène inverse pût aussi se produire, et que, par
conséquent, à l'acte de commerce par accessoire s'opposât l'acte civil par accessoire ; aussi, à
côté de la règle, sera-t-on conduit à examiner sa réciproque.

2-Elle a un fondement juridique

La théorie de l'accessoire a été développée par la jurisprudence ; mais le Code de Commerce


marocain de 1996 lui a consacré un texte, l'art 10 qui dispose que : " sont également réputés
actes de commerce, les faits et actes accomplis par le commerçant à l'occasion de son
commerce, sauf preuve contraire."

Si l'on examine cet article, on soulève que l'application de la théorie de l'accessoire est
soumise à certaines conditions qu'il faut préciser avant d'analyser les cas dans lesquels elle est
utilisée.

3-Les conditions d'application

En premier lieu : L'art 10 du nouveau code de commerce pose en quelque sorte une
présomption de commercialité, c'est à dire que tous les actes accomplis par un commerçant sont
présumés l'être pour les besoins ou à l'occasion de son commerce et sont donc présumés
commerciaux jusqu'à preuve du contraire.
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En deuxième lieu : Il faut que les actes soient accomplis par un commerçant, mais peu
importe que l'autre partie soit commerçante ou non, l'acte sera mixte.

En troisième lieu : Il faut que l'acte se rattache à l'exercice de l'activité du commerçant,


autrement dit, qu'il ait été accompli pour les besoins de son commerce.

4-Les actes civils par accessoires

La théorie de l'accessoire n'a pas pour seul effet de donner le caractère commercial à des
actes civils. En sens inverse, il arrive qu'un acte de commerce soit considéré comme un acte
civil en raison de la profession civile de son auteur. Elle confère le caractère civil à des actes,
qui, normalement sont commerciaux, lorsqu'ils sont faits accessoirement à une profession civile
(exemple: agriculteur qui vend ses produits dans des caisses qu'il a acheté ; dentiste : prothèse
dentaire…).

Sous section IV : Les actes de commerce mixtes

L'acte mixte est celui qui est commercial pour l'une des parties et civil pour l'autre. Ce n'est
pas une catégorie supplémentaire d'actes de commerce, mais une modalité des autres catégories.
Ainsi, tous les actes de commerce par nature ou par accessoire peuvent être mixtes. Et le
domaine de ces actes est celui des contrats, par exemple: le contrat de vente est commercial
pour le commerçant et civil pour le consommateur qui achète ; de même, le contrat de travail
est commercial pour l'employeur et civil pour le salarié…etc.

Le problème est de savoir s'il faut appliquer à ces actes les règles du droit civil ou celles du
droit commercial. La solution qui était dégagée par la jurisprudence et qui variait selon l'objet
de ces règles, paraît actuellement dépassée et se dégage de l'art 4 du nouveau Code de
Commerce qui dispose que: "lorsque l'acte est commercial pour un contractant et civil pour
l'autre, les règles du droit commercial s'appliquent à la partie pour qui l'acte est commercial ;
elles ne peuvent être opposées à la partie pour qui l'acte est civil, sauf disposition spéciale
contraire.

Cela veut dire que les règles du droit commercial ne s'appliquent, en cas d'actes mixtes qu'à
l'égard de la personne qui a la qualité de commerçant.

Cependant, au niveau de la preuve, les règles du droit commercial s'imposent pour les deux
parties ; c'est ce qui ressort du rapport général de la commission parlementaire concernant le
projet du code de commerce. Il en est de même pour la prescription selon l'art 5 du Code de
Commerce.
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Section II : L'exercice d'une profession habituelle

Accomplissement du commerce à titre de profession habituelle.

Un simple particulier peut accomplir occasionnellement des actes de commerce, sans pour
autant devenir commerçant, En effet, cette qualité ne lui sera acquise, selon l'art6 du Code de
Commerce, que s'il le fait de manière habituelle ou à titre professionnel. Il convient donc de
préciser ces deux notions.

A- L'habitude : répétition dans les actes.

Les actes de commerce doivent être répétés ; l'habitude se caractérise par un élément matériel
: elle suppose une répétition dans le temps, quelques actes isolés ne suffisent pas.

L'exerce des actes de commerce est habituel lorsque des actes sont suffisamment répétés
pour constituer une activité procurant à son auteur ses principales ressources. Il s'en suit qu'il
n'est pas commerçant celui qui fait un ou plusieurs actes de commerce, dès lors que ses actes
ne sont pas accomplis à titre principale et avec une régularité constante et coordination.

L'habitude suppose aussi un élément intentionnel, à savoir la réalisation du bénéfice, et l'idée


de spéculation et profit.

B- La profession (intention de dégager des bénéfices).

Les actes de commerce doivent être accomplis dans le cadre d'une profession; c'est à dire en
faire une occupation sérieuse et continue, de nature à produire des bénéfices et à permettre de
subvenir aux besoins d'existence. Il s'agit d'une occupation déterminée dont on peut tirer ses
moyens d'existence. Le professionnel s'oppose à l'amateur, il bénéficie d'une certaine
organisation, d'une certaine compétence, il agit dans un but intéressé (intention de dégager des
bénéfices).

Il n'est cependant pas nécessaire que la profession soit notoire ni même principale : celui qui,
à côté de sa profession civile principale se livre, même clandestinement, au commerce pour en
tirer des moyen de subsistance, devient commerçant.

Celui qui, sans exercer par ailleurs l'activité commerciale, tirerait habituellement des lettres
de change pour recouvrer des loyers par exemple, ne deviendrait pas commerçant; c'est qu'en
effet tirer des lettres de change ne constitue pas une profession.

Section III : L'exercice de la profession à titre indépendant


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C’est une situation relative à l’accomplissement des actes de commerce de manière


personnelle et indépendante.

Il ne suffit pas de faire des actes de commerce pour devenir commerçant, il faut les faire de
manière indépendante et à titre personnel. Cette définition permet d'exclure certaines personnes.

Cette exigence bien que non inscrite dans les textes s'est imposée d'elle-même; c'est une
règle de bon sens. Il est bien certain que pour être commerçant il faut faire des actes de
commerce en son nom et pour son compte (le commerçant assume les risques). On ne peut pas
donc le devenir en faisant des actes de commerce pour le compte des autres, et en n'étant pas
indépendant. Il faut exercer la profession de manière personnelle et à titre indépendant.

A- Cas des mandataires et des représentants

Malgré le silence du Code de Commerce sur ce point, on admet que le commerce suppose
l'indépendance, celui qui accomplit des actes de commerce pour le compte d'autrui n'est donc
pas commerçant.

Par conséquent, n'ont pas la qualité de commerçant:

1-Les salariés du commerçant

Liés au commerçant par un contrat de travail, ils agissent au nom et pour le compte de leur
patron.

2- Les fondés de pouvoirs :

Définition:

Personne qui a reçu d'un autre le mandat d'exercer à sa place certains pouvoirs. Plus
spécialement dans certaines entreprises ou administrations (commerciales et surtout
financières, privées ou publiques) employé supérieur qui a reçu procuration d'agir
personnellement pour le compte de l'entreprise ou de l'administration et de l'engager par sa
signature (exemple : gérant, gérant succursaliste, représentant de société, mandataire, commis,
commissionnaire).

Cela est vrai non seulement du vendeur qui accomplit matériellement des opérations
commerciales, mais aussi du fondé de pouvoirs qui, en vertu d'une procuration, conclut des
contrats, au nom et pour le compte de son patron.
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En effet, il faut se rapporter ici à la théorie de la représentation : une fois le contrat conclu,
le mandataire (c'est à dire le salarié) s'efface, l'acte produit directement ses effets à l'égard du
mandant (commerçant).

3- Les dirigeants de société :

La même raison explique pourquoi les dirigeants de sociétés ne sont personnellement


commerçants, même lorsque la société est commerciale. Ce sont des représentants légaux, en
quelque sorte des mandataires.

4- Les voyageurs de commerce, représentants et placiers (V.R.P) ne sont pas des


commerçants.

b- Cas du conjoint du commerçant

Différentes situations se présentent :

En cas de collaboration; le conjoint qui collabore à l'exercice du commerce n'est pas


considéré comme commerçant.

Lorsque le conjoint dépasse le stade de collaboration, il pourrait être considéré comme un


commerçant de fait à part entière.
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TITRE II :

LES OBLIGATIONS DU COMMERÇANT

Ce sont des obligations communes à toutes les personnes du droit commercial. Ainsi,
plusieurs obligations sont imposées à tout commerçant, mais il faut relever les plus importantes.

Section I : l'inscription au Registre de Commerce

C’est l'immatriculation du commerçant ou la publicité au Registre de Commerce.

Définition

Le Registre du Commerce est un répertoire officiel des personnes physiques et morales


exerçant le commerce, permettant de réunir et donc de diffuser un certain nombre de
renseignements concernant ces personnes et leurs entreprises, et précisant leur condition ainsi
que celle de leurs dirigeants. Cela consiste pour le commerçant à se faire immatriculer dans le
Registre du Commerce et à réaliser une insertion au B.O.

Le Registre du Commerce qui était en vigueur dans certains pays étrangers (Allemagne,
Suisse) n'a été institué au Maroc que par l'ancien Code de Commerce du 12 Août 1913 dans ses
articles 13 à 28, titre III.

La législation marocaine a été, à cet égard, en avance sur la législation française qui ne l'a
institué que par une loi de Mars 1919. Depuis sa création en 1913, l'importance du Registre du
Commerce ne cesse de croître. Facultative au départ, l'immatriculation devient en principe
obligatoire par le Dahir du 1er Septembre1926, complété par un arrêté viziriel d'application de
la même date.

Après plusieurs réformes successives, les textes de base sont aujourd'hui :

Le Code de Commerce de 1996 (Chapitre II du Titre IV du Livre I).

Livre I : Le commerçant.

Titre IV : Les obligations du commerçant.

Chapitre I : Les obligations comptables et la conservation des correspondances.

Chapitre II : La publicité au registre du commerce.(art 27à 78)

Décret n° 2-96-906 du 9 Ramadan 1417(18 Janvier 1997) pris pour l'application du Chapitre
II relatif au R.C du titre IV du livre I du Code de Commerce.
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Arrêté du ministre de la justice n°106-97 du 9 Ramadan 1417 (18 Janvier 1997) définissant
les formulaires de la déclaration d'inscription au R.C et fixant la liste des actes et pièces
justificatives devant accompagner ladite déclaration.

Section II : La tenue d'une comptabilité (art 18 à 26 Code de Commerce).

Le commerçant doit tenir une comptabilité. L'art 19 du Code de Commerce précise que :
"tout commerçant tient une comptabilité conformément aux dispositions de la loi n° 9-88
relative aux obligations comptables des commerçants promulguée par le Dahir n° 1-92- 138 du
30 Joumada II 1413 (25 Décembre 1992)".

§/I : Les documents comptables

A-Contenu des documents

1-Un livre journal

C’est un document sur lequel on enregistre toutes les opérations quotidiennement (art 2 de
la loi comptable de 1992). Un commerçant doit tenir au jour le jour l’enregistrement
chronologique de tous les mouvements qui affectent le patrimoine de son entreprise
(comptabilité générale).

2- Le grand livre

Rendu obligatoire en 1992-1993, il permet de classer méthodiquement selon le plan


comptable du commerçant, les écritures portées au livre- journal, (exemple: comptes clients,
comptes fournisseurs).

En effet, l'art 2 al 3 de la loi comptable de 1992 dispose que: "les écritures du livre- journal
sont reportés sur un registre dénommé grand livre, ayant pour objet de les enregistrer selon le
plan de compte du commerçant".

3- Le livre d’inventaire

Pour transcrire toutes les données d’inventaire et les comptes annuels. S'assurer
périodiquement de l'existence et de la valeur des éléments de celui-ci (inventaire), c'est un
document comptable qui donne un aperçu sur le patrimoine du commerçant (tous les 12 mois,
actif et passif).

B- Forme des documents

Le greffier du tribunal où est immatriculé le commerçant doit authentifier le livre- journal et


le livre- inventaire, chaque livre recevant un numéro d'identification (art 8 la loi de 1992). Ils
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doivent être cotés et paraphés par le greffier du tribunal, et comme le précise l'art 22 al 3 : "les
documents comptables relatifs à l'enregistrement des opérations et à l'inventaire sont établis et
tenus sans blanc ni altération d'aucune sorte".

Les livres et pièces justificatives doivent être conservés pendant 10 ans (art 22 al 2 et art 26
du Code de Commerce).

§/II : Intérêts de la tenue des livres.

Quelle est l’importance de cette comptabilité ? et à quoi sert-elle ?

C’est essentiellement une source d’information nécessaire : information interne et externe.

1- information interne pour le commerçant : Les livres comptables sont nécessaires à tous
commerçant qui veut connaître la situation exacte de son entreprise. C’est un instrument de
gestion

2- information externe : Pour les tiers tout d’abord, Les livres comptables constituent
également des instruments privilégiés d’information des tiers (clients, fournisseurs, banques
…) sur la situation de l’entreprise. Pour l’Etat, les livres s’imposent au point de vue fiscal en
vue, notamment des déclarations exigées par la loi au titre de l’impôt sur les bénéfices
professionnelles ; les contrôleurs des impôts ont accès à ces livres.

3- On peut se demander enfin sur la valeur probatoire des documents comptables. Ces
derniers ne disposent pas d’une valeur probatoire incontestable. Cependant, les livres
régulièrement tenus peuvent être invoqués en justice avec une certaine force probante entre
commerçants. Si un commerçant en fait usage contre un non commerçant, ils n’ont aucune
valeur probatoire spéciale.

Section III : Ouverture d'un compte bancaire

L'art 18 du nouveau Code de Commerce dispose que: "tout commerçant pour les besoins de
son commerce a l'obligation d'ouvrir un compte dans un établissement bancaire ou dans un
centre de chèques postaux"

Les commerçants doivent être titulaires d'un compte en banque ou d'un compte courant
postal. Ils doivent opérer par chèque lettre de change et virement, tous les paiements d'une
valeur supérieur à dix milles dirhams (art 306 du Code de Commerce).

En éliminant les paiements en espèce on espère diminuer la fraude fiscale.

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