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Le vocabulaire juridique définit les affaires comme étant des « opérations de toute
nature liées à l’exercice d’une activité industrielle, commerciale ou financière ». Le
droit des affaires est une branche du droit privé qui comporte un ensemble de
droits relatifs aux affaires des entreprises tels que le droit des contrats, la propriété
intellectuelle, le droit des sociétés, la procédure commerciale, le droit fiscal, le droit
pénal, le droit de la consommation, etc. Il réglemente l’activité des commerçants et
industriels dans l’exercice de leur activité professionnelle. Il définit aussi, les
actes de commerce occasionnels accomplis par les personnes non-
commerçantes. Il faut préciser c ependant que le terme “droit des affaires” ne
saurait être entièrement synonyme de celui de droit commercial. Le droit
commercial est une composante du droit des affaires. Ainsi, à l’intérieur de
l’ensemble droit des affaires, qui s’applique aux entreprises en général, le droit
commercial constitue un sous-ensemble, qui s’applique de façon plus spécifique aux
commerçants et aux entreprises des branches se complètent sans pour autant se
confondre.
Le droit des affaires reconnaît la spécificité du droit commercial, qui constitue encore
aujourd’hui une réalité du droit positif. L’on ne peut en effet ignorer l’existence de
nombreuses règles dont l’application est réservée aux seuls commerçants, au sens
précis et traditionnel du terme. Mais le droit des affaires dépasse le droit
commercial, car il comporte aussi les règles applicables à toutes les entreprises en
général, du moins à celles qui ont une activité relevant du droit privé.
L’expression de droit des affaires est aujourd’hui de plus en plus utilisée. Le droit des
affaires couvre en fait, dans une large mesure le droit commercial.
Beaucoup considèrent que les deux expressions, droit des affaires et droit
commercial, sont synonymes et qu’elles désignent la même chose. Une telle
conception est erronée. Ces deux droits ont des domaines d’application bien
distincts commandés par des critères d’application différents.
Historiquement, le droit commercial est apparu le premier et a été créé par et pour
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le commerçant. Il est l’œuvre des commerçants puisqu’il s’est formé à partir des
usages pratiqués par eux. Il s’est affirmé comme discipline indépendante.
Ainsi, le droit des affaires se caractérise par la pluralité et la diversité de ses sources
de règles.
Le droit des affaires comporte les règles concernant la structure des entreprises.
L'entreprise, en tant que notion économique, peut être exercée à titre individuel ou
en groupement. Dans les formes collectives d'activité celle-ci peut être exercée soit
dans un cadre contractuel soit dans un cadre sociétaire. L'entreprise peut être
privée, mais elle peut aussi être publique, ou associer des capitaux privés et publics.
Le droit des affaires comporte par ailleurs les règles concernant les opérations des
entreprises. L'outil fondamental des relations entre entreprises en économie de
marché et le contrat. Le droit des affaires comprend ainsi les règles concernant la
théorie générale des contrats, les contrats dits nommés et par ailleurs celles
concernant tous les contrats qui ont été en particulier développés par la pratique. Le
droit des affaires inclut les règles concernant le paiement des opérations des
entreprises, en exécution de leurs obligations ou en indemnisation des conséquences
de l'inexécution ou du retard dans l'exécution de ces obligations.
Le droit des affaires inclut les règles de ce que l'on appelle le gouvernement
d'entreprise, la gouvernance d'entreprise (corporate governance). Un aspect
fondamental du droit des affaires est constitué par les règles concernant les
relations de l'entreprise avec la communauté de travail dans l'entreprise, avec
la force de travail et ses représentants.
Le droit des affaires comporte enfin les règles concernant les difficultés des
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entreprises, avec les différentes facettes que constituent la prévention des
difficultés et le traitement non judiciaire et judiciaire de ces difficultés.
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Titre I: LE CADRE JURIDIQUE DES AFFAIRES
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Chapitre I: LE CADRE NORMATIF
La vie des affaires ne se prête pas aux découpages disciplinaires. Au-delà du droit
civil et de ses règles spécifiques, le droit des affaires entretient nécessairement des
relations avec d’autres branches du droit. L’appréhension du contexte juridique du
monde des affaires implique la prise en compte de disciplines juridiques
théoriquement extérieures au droit des affaires. A titre d’exemple, pour ses
opérations commerciales, un entrepreneur doit tenir compte des règles du droit de
la concurrence sachant que les pratiques anticoncurrentielles ou restrictives de
concurrence sont sanctionnées ; de même, il ne saurait ignorer les conséquences
fiscales de ses choix.
D’une façon pragmatique, on constate que le droit des entreprises est constitué de
la juxtaposition de différentes matières spécifiques indépendantes les unes des
autres : droit de la concurrence, droit des sociétés, droit des instruments de
paiement et de crédit, droit des entreprises en difficulté, baux commerciaux, fonds
de commerce, propriété industrielle, etc.
Il faudra donc faire la synthèse des relations que chacune d’entre elles entretient
avec les autres disciplines juridiques pour que les particularités du droit
commercial puissent émerger. Le droit commercial auquel sont souvent assimilés le
droit de l’entreprise ou le droit des affaires, est un droit moins élaboré que le droit
civil et ayant des sources d’inspiration et des objectifs contradictoires. Il devient dès
lors difficile ou artificiel de dégager des principes généraux unitaires. On peut
toutefois retenir certains principes d’ordre général.
En droit burkinabè, depuis la libéralisation économique initiée dans les années 1990,
le cadre juridique est passé d'une économie dirigée à une économie de marché,
marquée par la liberté du commerce et de l'industrie. Les entreprises doivent
respecter le droit de la concurrence, se faire une concurrence loyale et de façon
générale respecter le droit du marché. D’ailleurs, en raison de la libéralisation des
secteurs de la production et de la distribution des services publics, le respect des
critères d'égalité de traitement entre les entreprises publiques et les entreprises
privées doit être assuré. Ainsi, la liberté d'entreprendre est un droit fondamental,
garanti par la constitution du 02 juin 1991. Elle est à la base de nombreuses règles
prétoriennes.
1. Le principe et son corollaire
La liberté contractuelle et les mécanismes prévus par le droit privé des contrats
permettent d’organiser l’activité économique. Cette liberté contractuelle n’est
toutefois pas sans limite :
Le rôle traditionnel de l’Etat
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L’Etat, au XXe siècle, est toujours intervenu de multiples manières dans l’activité
économique nationale :
- l’Etat acteur économique : l’Etat se croyait obligé d’exercer lui-même
certaines activités jugées indispensables pour assurer l’indépendance du
pays (armement, télécommunications, p. ex) ;
- politique conjoncturelle : par le biais de la politique monétaire, les
gouvernements exerçaient une influence sur l’économie ;
- politique structurelle : en protégeant ou avantageant certaines industries,
les gouvernements modifiaient les règles du jeu.
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Le Traité de l’UEMOA se borne pour l’essentiel à indiquer en son article 88, alinéa
a, que les accords, les associations et les pratiques concertées entre entreprises
sont interdits de plein droit, lorsque ceux-ci ont pour objet ou pour effet de
restreindre ou de fausser le jeu de la concurrence à l’intérieur de l’Union, et à
disposer en son article 89 que le Conseil des ministres arrête par voie de règlement
dès l’entrée en vigueur du traité la procédure, les sanctions et les exceptions
applicables à cette interdiction.
En cas de concurrence déloyale, c’est la juridiction civile qui est compétente et elle
peut prendre les décisions suivantes :
- la cessation des faits de concurrence,
- l’allocation de dommages et intérêts
- la publication de la décision (aux frais de l’auteur de la faute).
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Ces règles qui se posent dans un ordre général peuvent évoluer de manière plus
spécifique en une branche autonome de droit comme par exemple le droit de la
consommation.
b) Le droit de la consommation
Comme le droit du travail, le droit de la consommation vise à corriger un
déséquilibre significatif entre deux catégories de sujet de droit. Il s’agit ici du
professionnel et du consommateur. Ainsi, le droit de la consommation contient le
régime juridique des rapports professionnels et des consommateurs. Le droit de la
consommation est défini comme l’ensemble des règles qui s’applique aux rapports
entre entreprises et clients et qui sont destinées à protéger les clients particuliers
que sont les consommateurs.
L’entreprise s’exprimera aussi dans une personne morale de droit privé (société ou
association) ou dans une personne morale de droit public (administratif ou
industriel et commercial).
Cette diversité de contenu de l’entreprise fait alors du droit de l’entreprise une sorte
de creuset. Un point de rencontre de diverses branches du droit. Exemple :
quelques branches du droit qui envisagent la fonction d’entreprise :
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Le droit commercial : Le droit commercial envisage généralement le statut du
commerçant et l’ensemble des aspects juridiques de l’activité commerciale. L’activité
commerciale au sens large est la recherche du profit à travers la production de
biens ou de services et la distribution de ces biens ou services. La spéculation
commerciale prend pour cadre l’entreprise car on retrouve ici des hommes et des
biens réunis pour réaliser un but économique qui est ici, le profit.
Les autres types de sociétés (exemple, société civile etc.) voient leurs bénéfices être
imposés en principe dans le patrimoine de leur membre au titre de l’impôt sur le
revenu mais avec un régime dérogatoire que l’on appelle le régime fiscal des
bénéfices industriels et commerciaux. D’une manière générale, toutes les activités
exploitées en entreprise suivent des régimes fiscaux regroupés dans une branche
du droit que l’on désigne par fiscalité des entreprises ou encore droit fiscal des
affaires.
En pratique, avant de créer une entreprise, surtout quand cette entreprise s’oriente
vers la réalisation d’un profit partageable, il est recommandé d’en analyser par
avance toutes les implications fiscales.
Le Droit public : Le droit public rassemble les règles encadrant les rapports des
personnes publiques entre elles et les personnes publiques avec les personnes
privées. Pourquoi le droit public doit-il se préoccuper des entreprises ? La réponse
tient notamment dans ce qu’une personne publique peut satisfaire les critères de
l’entreprise et s’intégrer en conséquence dans la catégorie « entreprise ». C’est en
quelque sorte, l’Etat entrepreneur. Ainsi, il existe des
établissements publics administratifs (EPA) et des
établissements publics industriels et commerciaux (EPIC) qui sont des entreprises,
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pour les premières, intégralement régies par le droit public et pour les secondes,
soumises pour partie au droit public et pour partie au droit privé.
Depuis 1990, l’heure est plutôt aux privatisations complètes ou partielles. Certains
politiques qualifient les privatisations partielles d’ouverture de capital d’une
entreprise public au secteur privé pour mieux amortir le choc social du
désengagement de l’Etat.
Droit du travail et social : Le droit du travail regroupe les règles applicables aux
rapports des employeurs avec les salariés. Il vise essentiellement à corriger le
déséquilibre structurel des rapports entre employeurs et employés. La notion
d’entreprise se situe au cœur du droit du travail car les employeurs et les employés
représentent les composantes humaines de l’entreprise. Le cadre juridique des
rapports de l’employeur et de l’employé est le contrat de travail.
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sur la subordination ou l’indépendance du franchisé ou du concessionnaire par
rapport au franchiseur et au concédant.
Le premier est l'aspect collectif en ce sens que les créanciers sont regroupés et
soumis à un ensemble de règles destinées à les discipliner afin que leur paiement se
fasse dans 1'égalité et la justice ; il faut éviter que, comme cela se passe en droit
civil, le paiement soit le prix de la course ; dans les deux dernières procédures -
redressement judiciaire et liquidation des biens -, les créanciers sont réunis en une
masse, jouissant de la personnalité morale, dont les membres sont soumis à une
discipline collective.
Le deuxième est l'aspect conflictuel ; un conflit d'intérêts existe, d'une part entre les
créanciers et le débiteur ou l'entreprise, d'autre part à l'intérieur du groupe des
créanciers entre les créanciers chirographaires, les créanciers munis de sûretés et
les créanciers pouvant se prévaloir d'un droit de préférence, en 1' occurrence le
droit de propriété.
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eux d'une discipline collective ainsi que d'une certaine égalité et solidarité dans le
malheur. Mais il s'agit d'une égalité et d'une solidarité relatives. En effet, les
créanciers munis de sûretés sont en quelque sorte « plus égaux » que les autres : ils
ont de meilleures chances de désintéressement ou de paiement.
Ces objectifs se retrouvent peu ou prou dans toutes les législations. Les législations
anciennes mettaient l'accent sur le paiement des créanciers ainsi que la sanction
du débiteur et des dirigeants sociaux, même si la sanction des dirigeants sociaux
est relativement récente, tandis que les législations récentes placent au premier
plan de leurs préoccupations la sauvegarde de l'entreprise et des emplois.
Alors que la première des procédures n’est d’ailleurs pas considérée par une partie
de la doctrine comme une procédure collective au sens strict (seuls le RJ et la LB
sont des procédures collectives au sens strict), le nouvel acte uniforme portant
organisation des procédures collectives d’apurement du passif y a introduit une
procédure de conciliation considérée au même titre que le RP comme une procédure
préventive, c’est-à-dire dont le but est de prévenir la cessation de paiement de
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l’entreprise et permettre sa « restructuration financière et opérationnelle » en vue de
sa sauvegarde. Ce nouvel acte uniforme a en outre prévu la possibilité pour toute
entreprise, avant toute cessation de paiement, de recourir à la médiation dont les
règles de procédures sont soumises à la législation nationale. Par ailleurs, le
législateur, cette fois-ci, y a prévu des procédures simplifiées de règlement préventif,
de redressement judiciaire ou de liquidation des biens au profit des « petites
entreprises » telles que les définit l’acte uniforme.
Les pouvoirs des différents greffes découlent de l’article 66, alinéa 1 er, de l’acte
uniforme relatif au droit commercial général et des articles 23 et 24 du
décret n°2016-163/PRES/PM/MJDHPC/MINEFID portant création,
organisation et fonctionnement du registre des sociétés civiles, des
professions et des métiers. Ils ont un pouvoir de contrôle formel des
demandes. Le greffier vérifie d’abord si les demandes sont complètes, c'est-à-
dire si toutes les pièces exigées par la loi sont produites. Il vérifie ensuite si
les énonciations figurant sur les demandes sont conformes aux pièces
justificatives. S’il constate des inexactitudes ou s’il rencontre des difficultés
dans l’accomplissement de sa mission, le greffier peut convoquer le
demandeur ou le déclarant pour recueillir toutes explications et pièces
complémentaires ou saisir directement le Président du tribunal de grande
instance statuant en référé, pour ce qui concerne le RSCPM.
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La décision du greffier prise en application de l’article 50 de l’Acte uniforme doit
être motivée et notifiée à la partie intéressée. Cette décision est susceptible
de recours dans le délai de 15 jours à compter de sa notification. Le greffier
qui a refusé de recevoir une déclaration ou une demande, ou de faire droit à
une demande de pièces ou d’information d’un assujetti ou d’un tiers, doit
motiver sa décision et la notifier à la partie intéressée. Cette décision peut
faire l’objet d’un recours dans un délai de 15 jours à compter de sa
notification.
En vertu du décret
n°2015-1015/PRES/PM/MJDHPC/MATDS/MEF/MARHASA/MICA/MRA/M
ERH du 21 août 2015 portant désignation de l’autorité chargée de la tenue
du registre des sociétés coopératives, le Haut-commissaire de chaque
province est chargée de la tenue dudit registre dans le ressort de sa
province.
b) L’administration fiscale
Il s’agit notamment et essentiellement de la direction générale des impôts qui
intervient en amont dans la création d’une entreprise en vue d’identifier
celle-ci comme contribuable pour ses déclarations fiscales futures. Elle est
régie dans ses attributions, organisation et fonctionnement par l’arrêté
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2016-0206/MINEFID/SG/DGI portant attribution, organisation et
fonctionnement de la DGI.
2. Les personnes-ressources
Ces personnes peuvent être des avocats, des notaires qui, généralement sont
aguerris à ces formalismes mais aussi des cabinets de conseils juridiques et
fiscaux ou d’expertise ou encore des organismes comme la Maison de
l’entreprise.
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L’objectif général poursuivi par la Maison de l’Entreprise du Burkina Faso
(MEBF) est de participer au développement d’un secteur privé fort et
compétitif, grâce à la fourniture d’une masse critique et coordonnée de
services aux entreprises et aux associations professionnelles.
- Missions
Les CEFORE ont pour mission de :
- Accueillir et informer tout opérateur économique sur les textes légaux
et réglementaires qui régissent les entreprises et les investissements
au Burkina Faso ;
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Communiquer la liste des pièces à fournir selon la nature de la
-
déclaration et s’assurer de la recevabilité des dossiers adressés aux
administrations et organismes concernés ;
- Recevoir l’ensemble des déclarations liées à la création, à l’extension
ou à la reprise de sociétés, d’entreprises individuelles ou
d’établissements secondaires ;
- Assurer le traitement des demandes, en liaison avec les différentes
administrations et organismes concernés ;
- Transmettre les dossiers aux services concernés pour
l’accomplissement de toutes les formalités administratives à la
création, à l’extension ou à la reprise de sociétés, d’entreprises
individuelles ou d’établissements secondaires ;
- Veiller au respect des délais légaux de traitement des dossiers et
d’exécution des formalités requises avec les administrations et
organismes concernés ;
- Analyser les besoins exprimés par les opérateurs économiques en vue
d’améliorer ses prestations.
- Domaines d’interventions
Les CEFORE sont compétents pour agir au profit des opérateurs
économiques intervenant dans les secteurs agricole, commercial, industriel,
artisanal et des services soumis aux diverses obligations légales
d’immatriculation et de publication.
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1. La déclaration d’activité au RCCM
L’entreprenant n’est pas assujetti à l’immatriculation au RCCM, mais à une
simple déclaration de son activité (Art. 30, al. 6). Cette déclaration se fait au
RCCM (Art. 34, 2ème tiret, et 35, 2°). Il est délivré à l’entreprenant, dès le
dépôt de sa déclaration, son numéro de déclaration d’activité. C’est ce
Registre qui reçoit également les déclarations modificatives de l’entreprenant
et prend acte de sa déclaration de cessation d’activité.
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Section II. LES CONDITIONS D’EXERCICE DE
L’ACTIVITE COMMERCIALE ET AUTRES ACTIVITES
PROFESSIONNELLES
Paragraphe 1. LA CAPACITÉ
1. La minorité
Le mineur, en droit, est la personne physique de l’un ou l’autre sexe qui n’a pas
encore atteint un âge fixé par chaque droit national. Son aptitude à
accomplir des actes en entreprise, notamment exercer le commerce,
l’artisanat, une profession libérale ou toutes professions, doit être envisagée
suivant qu’il est ou non émancipé.
1. Le mineur non-émancipé
L’article 7, alinéa 1er, de l’acte uniforme relatif au droit commercial général
dispose que « le mineur, sauf s’il est émancipé, ne peut avoir la qualité de
commerçant ni effectuer des actes de commerce ». Il résulte des termes de
l’article 7, alinéa 1er de l’Acte uniforme relatif au droit commercial général
que l’incapacité du mineur non émancipé relativement à l’exercice du
commerce est double à savoir l’incapacité d’avoir la qualité de commerçant
et l’incapacité de faire le commerce. Cette double incapacité du mineur vaut
pour la plupart des autres professions même civiles, lorsqu’elles sont
exercées en entreprise. C’est d’ailleurs le cas des professions réglementées
telles que les professions libérales dont les contraintes, exigences, aptitudes
et responsabilités professionnelles ne peuvent admettre l’exercice par un
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mineur. En principe, le mineur non émancipé est incapable de faire le
commerce et d’exercer de manière indépendante toute autre profession dans
la mesure où il est même interdit de contracter par lui-même. Cette
incapacité étant érigée en protection du mineur, celui-ci ne peut, en toute
hypothèse, acquérir la qualité de commerçant ou de tel professionnel, même
à titre de sanction, s’il a exercé illégalement le commerce ou telle autre
profession.
Quant à l’incapacité de faire le commerce, elle est absolue et ne peut être levée
par aucune autorisation. Elle vaut aussi bien pour les actes civils que pour
les actes de commerce. Un tel mineur n’est capable que pour les actes
usuels de la vie courante (achat de pain, le règlement de facture, etc…) et
pour les actes conservatoires. S’il advient que par succession ou par legs, il
recueille un fonds de commerce, celui-ci doit être vendu, mis en location-
gérance, ou apporté à une société dans laquelle les associés n’ont pas
personnellement la qualité de commerçant. Les fonds échus au mineur
peuvent aussi être exploités en vertu d’un droit d’usufruit par celui de ses
père et mère qui a le droit de jouissance légale, à la condition que celui-ci ait
personnellement la capacité de faire le commerce. Selon les législations, le
droit de jouissance légale cesse soit par la majorité ou l’émancipation du
mineur (article 551 alinéa 1er du CPF), soit lorsque le mineur a atteint un âge
fixé par la loi, ou même plutôt lorsqu’il est marié.
2. Le mineur émancipé
Le mineur émancipé est une personne qui n’a pas encore atteint l’âge de la
majorité mais qui, en raison d’un acte juridique, a été relevée de son
incapacité. L’article 7, alinéa 1er, de l’acte uniforme relatif au droit
commercial général lève l’incapacité du mineur à avoir la qualité de
commerçant et à effectuer des actes de commerce lorsqu’il est émancipé.
S’agissant du statut des personnes, les causes d’émancipation sont
déterminées par chaque droit national. Mais on observe que dans la plupart
des législations nationales, le mineur est émancipé de plein droit par le
mariage (article 622 CPF au Burkina, article 335 alinéa 1 er du CF du
Sénégal). Au Burkina, il peut l’être aussi par jugement lorsqu’il exerce une
profession séparée lui permettant de subvenir à ses besoins et s’il a atteint
16 ans révolus (article 623 du CPF) ou lorsqu’étant en tutelle, il a atteint
l’âge de 18 ans accomplis (article 626 al 3 du CPF).
Une fois émancipé, le mineur acquiert en principe pleine capacité pour les actes
de la vie civile. Au Togo, il peut faire le commerce comme un majeur s’il y a
été spécialement autorisé selon les formes de la loi commerciale (article 315
CF du Togo). Au Burkina, il ne peut accomplir des actes de commerce et
acquérir la qualité de commerçant, que s’il est en outre âgé de 18 ans
accomplis et s’il y a été autorisé par la décision d’émancipation. Par ailleurs,
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il peut en principe exercer certaines professions civiles dont l’accès n’est pas
conditionné à un âge déterminé ni n’exclut pas expressément les mineurs
émancipés s’il remplit en plus, le cas échéant, les conditions particulières.
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3. Les majeurs placés sous curatelle
Les cas d’ouverture de la curatelle ne sont pas identiques dans toutes les
législations des Etats parties au Traités de l’OHADA. Au Burkina par
exemple, le régime de la curatelle profite aux majeurs incapables qui sont
prodigues, intempérants ou oisifs et qui, sans être hors d’état d’agir par eux-
mêmes, ont besoin d’être conseillés ou contrôlés dans les actes de la vie
civile. Elle s’ouvre et prend fin de la même manière que la tutelle des
majeurs.
La question de savoir si le majeur en curatelle peut ou non faire le commerce
n’est pas nettement tranchée dans toutes les législations.
I. Les incompatibilités
Les incompatibilités sont des interdictions faites à une personne exerçant une
profession déterminée d’en exercer une autre. Ce sont donc des restrictions
à la liberté d’accès à l’exercice d’une profession.
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V. notamment l’article 8 al 2 et 3 de l’AU/DCG.
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Ainsi, concernant la profession de commerçant par exemple, c’est l’article 8,
alinéa 1er, de l’acte uniforme relatif au droit commercial général qui énonce
que « nul ne peut exercer une activité commerciale lorsqu’il est soumis à un
statut particulier établissant une incompatibilité ». L’article 9 énumère trois
séries de fonctions ou de professions avec l’exercice desquelles l’exercice du
commerce est incompatible. Il s’agit :
- des fonctionnaires et des personnels des collectivités publiques et des
entreprises à participation publique ;
- des officiers ministériels et auxiliaires de justice que sont les avocats,
les huissiers, les commissaires-priseurs, les agents de change, les
notaires, les greffiers, les administrateurs et liquidateurs judiciaires
- des experts comptables agréés et comptables agréés, des commissaires
aux comptes et aux apports, des conseils juridiques et des courtiers
maritimes ;
- plus généralement, toute profession dont l’exercice fait l’objet d’une
règlementation interdisant le cumul de cette activité avec l’exercice
d’une profession commerciale.
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Généralement, elles sont de deux ordres comme le prévoit notamment l’article
12 de l’acte uniforme relatif au droit commercial général. Il y a d’une part
l’inopposabilité aux tiers de bonne foi des actes accomplis en violation de la
déchéance et d’autre part, l’opposabilité de ces actes à l’interdit lui-même. La
bonne foi des tiers est toujours présumée. Il appartient par conséquent à
celui qui invoque l’irrégularité d’un acte passé de démontrer que le tiers avait
connaissance de l’irrégularité au moment où il contractait.
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