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A) Le terme conventionnel
Conformément au principe de la liberté contractuelle, les parties peuvent librement convenir de ce
que l’obligation qui pèse sur l’une d’elle sera affectée d’un terme et elles peuvent le faire de façon
exprès ou tacite
Les parties doivent également définir quel est le bénéficiaire du terme : le terme peut être stipulé
aussi bien au profit du débiteur qui disposera alors du temps pour s’exécuter, qu’au profit du
créancier
Article 1305-3 CC = en l’absence de d’accord de volonté sur le bénéficiaire du terme, il est présumé
stipuler en faveur du débiteur mais cette présomption n’est pas irréfragable mais il peut en aller
autrement lorsqu’il résulte « de la volonté des parties ou des circonstances qu’il a été aussi convenu
en faveur du créancier »
Si le terme est stipulé en faveur du créancier et du débiteur, il faut, pour y renoncer, un accord de ces
deux parties
Si le terme est stipulé en faveur du débiteur, le débiteur peut seul décider de s’exécuter plus tôt
B) A l’échéance du terme
Lorsque le terme est échu, l’obligation est exigible
Chapitre 2 : La condition
Section 1 : La notion de condition
A) Définition
La condition s’entend d’un évènement futur, incertain dont dépend l’existence-même de l’obligation
Il faut bien différencier la condition modalité de l’obligation et les conditions de validité d’un acte
juridiques
2) Sanction
Article 1304-2 CC = la condition potestative rend nulle l’obligation qui en dépend (et non pas le
contrat hormis si l’obligation annulée est une obligation fondamentale et en l’absence de laquelle le
contrat n’a plus de sens)
4) La renonciation de la condition
Le bénéficiaire de la condition peut y renoncer et si la condition est stipulée au bénéfice des deux
parties, il faut, un accord pour que la renonciation produise effet
B) Les effets de la condition résolutoire
Avant la réalisation, l’obligation est née et exigible donc le créancier peut agir en exécution forcée
La réalisation de la condition efface rétroactivement l’obligation et toutes les conséquences qui s’en
suivent (ex : dans un contrat de vente, le transfert de propriété n’est censé n’avoir jamais eu lieu et si
la chose se trouve entre les mains de l’acheteur, il devra restituer. Le vendeur n’a pas non plus à
supporter les risques survenus avant la réalisation de la condition alors même qu’il est censé toujours
rester être propriétaire de la chose, objet du contrat)
A) L’obligation cumulative
L’obligation est cumulative lorsqu’un débiteur doit cumulativement et en vertu d’une seule obligation,
plusieurs prestations à un même créancier
Conformément au droit commun, le débiteur d’une obligation cumulative est libéré lorsqu’il s’est
intégralement exécuté : soit lorsqu’il s’est intégralement exécuté, soit lorsqu’il a exécuté l’ensemble
des prestations qu’il s’était engagé à supporter
B) L’obligation alternative
Le débiteur n’est cette fois-ci pas tenu d’exécuter l’ensemble des prestations prévues : il ne doit, pour
se libérer valablement, exécuter qu’une seule des différentes prestations
Le débiteur choisit normalement l’obligation qu’il va exécuter mais les parties peuvent déroger cette
règle en prévoyant que le choix appartiendra au créancier et non pas au débiteur
C) L’obligation facultative
L’obligation facultative n’a normalement qu’un seul objet : la prestation que le débiteur s’est engagé à
accomplir. Mais ce dernier, peut, s’il le préfère, se libérer en exécutant une autre prestation et l’option,
cette fois, ne peut appartenir qu’au débiteur
L’obligation facultative se distingue également de l’obligation alternative en ce que, si une cause de
nullité affecte l’obligation qui était en principe due, le débiteur est libéré sans avoir à exécuter la
prestation subsidiaire
B) L’obligation solidaire
L’obligation solidaire exclut la division
En théorie, la solidarité peut être aussi bien active, c’est-à-dire existante entre les créanciers que
passive, exister entre les codébiteurs
C) L’obligation in solidum
1) Domaine
En principe, la solidarité ne peut être créée que par la loi ou la convention mais la règle est parfois
gênante et il existe des hypothèses dans lesquelles la loi n’a rien prévu et les parties n’ont pas
davantage prévu quelque chose
L’exemple est celui où chaque fois qu’un même dommage a plusieurs causes avec plusieurs
responsables, ils sont tenus, chacun d’indemniser la victime de l’intégralité de son préjudice
Bouglos Nouroglou, 1939, CC = la jurisprudence estime que dans ce cas, les coresponsables du
dommage sont tenus in solidum
C’est par faveur pour la victime et on lui évite de diviser ses recours pour mettre une partie de son
préjudice à la charge de l’autre, on considère que les deux sont responsables du dommage et que
finalement, ce n’est pas grand-chose que de les obliger à payer l’intégralité à l’égard de la victime et
ensuite exercer un recours entre eux deux
Comm, 1991, CC = dans cette espèce, une société avait commandé un ordinateur et un logiciel de base
à une société puis elle avait commandé un logiciel d’application à une autre société. Il y avait donc
deux contrats. Insatisfait, l’acquéreur demande la résiliation des deux contrats. La Cour d’appel
considère que les engagements pris par les deux sociétés au profit du demandeur à l’action sont
indivisibles. Puis, elle en déduit qu’elles sont tenues in solidum par rapport à leur créancier commun.
La Cour de Cassation va censure au visa des articles 1147et 1218 CC. Elle va relever que, pour parler
d’obligation in solidum, encore faut-il que les débiteurs soient tenus d’effectuer la même prestation à
l’égard du créancier, ce qui n’était pas le cas en l’espèce
On rencontre des obligations in solidum en présence d’une pluralité d’obligations de sources
différentes donc c’est différent par rapport à l’obligation solidaire. Dans l’obligation solidaire,
finalement, il y a le principe de l’unicité de la dette. En matière d’obligation in solidum, il y a quand
même deux dettes distinctes qui contribuent à procurer la même satisfaction au créancier
2) Le régime
Deux remarques :
- L’obligation in solidum produit les effets principaux de la solidarité mais pas les effets
secondaires. La seule réserve concerne la compensation qui peut toujours être invoquée par un
coobligé in solidum, même si cela concerne l’autre partie
- Les recours en contribution obéissent à des règles particulières en matière de responsabilité
civile
Section 3 : L’indivisibilité
Une obligation indivisible ne peut être exécutée qu’en entier
L’indivisibilité ne présente d’intérêt qu’en présence d’une pluralité de créanciers ou de débiteurs
A) Les sources
Il existe deux sources dans l’indivisibilité :
- L’indivisibilité objective que l’on appelle aussi indivisibilité résultant de la nature des choses
- L’indivisibilité dite subjective est celle qui résulte de la volonté des parties
A) Le principe
Le principe est que toute créance peut être cédée :
- Peu importe l’objet de la créance (ex : créance qui porte sur une somme d’argent ou une
créance qui porte sur une prestation)
- Peu importe les modalités (ex : créance conditionnelle ou affectée d’un terme suspensif
- Peu importe la validité de la créance (ex : la validité de la créance peut être discutée)
Civ.1ère, 2001, CC = l’acquéreur de divers immeubles emprunte pour payer le prix d’achat des
immeubles. Le remboursement de l’emprunt est garanti par deux sûretés : une hypothèque
conventionnelle et l’affection au prêteur des loyers à venir relatif à l’immeuble acquis. Il est donc
question de loyers à naître des futurs beaux, les créances de loyer sont donc futures et éventuelle.
Mais il y a quand même des conditions : il faut que ces créances soient suffisamment identifiées, c’est-
à-dire qu’il faut, qu’au moment de la cession, on puisse aisément comprendre, déterminer quelles sont
les créances de loyers qui sont précisément cédées
B) Les limites
Certaines créances sont incessibles : ce sont les créances insaisissables
Les parties peuvent rendre une créance incessible par convention ou stipuler que la cession ne pourra
se faire qu’avec l’agrément du cédé
1) Effet translatif
a) Le moment du transfert
Article 1320 CC = la cession de créance est un contrat solennel qui « doit être constatée par écrit, à
peine de nullité »
b) Etendue de la cession
Dans la subrogation, le subrogé n’est titulaire de la créance qu’à concurrence de ce qu’il a payé mais
dans la cession de créance, le cessionnaire est titulaire de la créance pour son montant nominal et
quel que soit le prix qu’il a payé pour cela
Article 1692 CC = la cession de créance emporte transfert des accessoires de la créance
La jurisprudence a jugé que constitue un accessoire de la créance et donc transmis ipso facto avec elle
les sûretés et les clauses d’arbitrage par exemple et les actions en responsabilité civile que le cédant
aurait pu exercer se transmettent aussi avec la créance.
La jurisprudence demeure hostile à la transmission d’une dette qui serait née du chef du cédant
Comm, 2013, CC = une banque consent un prêt à une société. Le remboursement du prêt est garanti
par le cautionnement de deux personnes physiques. La banque cède ultérieurement cette créance.
L’emprunteuse, la société cédée va cesser de rembourser le prêt et le cessionnaire de la créance va
assigner les cautions qui sont elles aussi cédées, en paiement. Les cautions se défendent en invoquant
une faute de la banque cédante : la banque aurait débloqué des fonds sans faire préalablement
inscrire un nantissement sur le fonds de commerce. La Cour censure au visa des articles 1294 alinéa 1
(nouveau 1347-6)), 1295 (nouveau 1347-5) et 1692. Selon la Cour, « le cessionnaire d’une créance ne
peut être tenu d’une dette née d’un manquement du cédant antérieur à la cession, sauf connexité ». Et
en l’espèce, l’action en responsabilité qui était une action en responsabilité des cautions, c’est-à-dire
les cédés, contre la banque cédante, ne faisait assurément pas partie de la créance cédée elle-même
3) Le retrait litigieux
La cession de créance litigieuse est parfaitement valable mais le législateur a accordé au débiteur cédé
un droit de retrait : c’est ce que l’on appelle le retrait litigieux
C’est un mécanisme au terme duquel la loi accorde au débiteur cédé la possibilité, une fois la cession
de créance conclue, de se substituer au cessionnaire en lui remboursant le prix que ce dernier a payé
pour acquérir sa créance et le cessionnaire n’a pas la possibilité de s’opposer à une telle opération
dont l’initiative et la maitrise appartiennent, en définitive, au seul cédé
Intérêts du retrait litigieux :
- Il limite la spéculation sur les créances litigieuses
- Il met fin à un procès en cours
La Cour de Cassation a régulièrement l’occasion de préciser les contours de cette institution qui est
consacrée par les articles 1699 à 1701 CC
Comm., 2013, CC = en l’espèce, un contrat d’agence commercial liait deux sociétés. L’une des deux
souhaite céder les droits et obligations qu’elle tient de ce contrat à un tiers. L’autre refuse d’agréer le
cessionnaire qui lui est présenté à cette occasion. Et le contrat prend fin. La société qui entendait
céder ce contrat assigne sa cocontractante afin d’obtenir le paiement d’une indemnité de cessation de
contrat. Au cours de la procédure, la liquidation amiable de la société qui était demanderesse à l’action
est décidée. Les associés souhaitent procéder à la liquidation dans les plus brefs délais. Aussi, pour
clôturer les opérations de liquidation le plus rapidement possible, encore une fois, ils décident de
céder la créance que la société en liquidation détiendrait sur son adversaire et sur une autre société
étrangère à l’affaire à eux-mêmes pour un prix global de 1€. Les anciens associés cessionnaires
assignent le cocontractant de la société liquidée, afin d’obtenir le paiement de l’indemnité due à la
suite de la cessation du contrat. Cette dernière leur notifie alors son intention d’exercer le droit de
retrait qu’elle tient de l’article 1699 CC. Les juges du fond rejettent la demande. A l’appui de cette
solution, ils font valoir que la société qui prétend exercer le droit de retrait n’a pas la qualité de
défenderesse à l’action, dès lors qu’elle a formé une demande reconventionnelle en paiement de
dommages et intérêts. En outre, la cession des créances litigieuses a eu lieu pour un prix global. Il y a
la créance litigieuse, plus d’autres créances dans le prix de 1€. Poursuivant, les juges du fond relèvent
encore que la cession de la créance litigieuse n’a pas été opérée dans un but spéculatif, mais à un prix
raisonnable afin de hâter la clôture d’une liquidation amiable de sociétés. Enfin, la Cour d’Appel
énonce que la cession litigieuse n’est que l’accessoire des opérations de liquidation amiable
précédemment évoqués. L’arrêt est cassé à chaque fois au visa de l’article 1699CC. La Cour de
Cassation rappelle que la cession de créance en bloc ne fait pas obstacle à l’exercice du droit de retrait
prévu par l’article 1699 CC , tout du moins, dès lors que le prix de la créance litigieuse est
déterminable. Dans le même sens, elle précise « l’exercice du droit de retrait litigieux n’est pas
subordonné à l’existence d’une intention spéculative des parties à la cession de créance »
b) Portée à l’égard des autres cessionnaires de la créance ou des titulaires d’un droit
sur celle-ci
L’hypothèse classique est celle où le créancier cédant cède la même créance deux fois de suite à deux
cessionnaires différents
Dans ce cas-là, désormais tranché en faveur du premier en date : le premier qui se sera vu consentir
une cession de créance valide l’emportera
C) La délégation imparfaite
Ce mécanisme s’entend de l’engagement pris par une personne que l’on appelle le « délégué » auprès
d’une autre (la délégataire) qui accepte cet engagement. Et tout cela intervient à la demande d’une
troisième personne que l’on appelle délégant
La délégation est imparfaite lorsque le délégant est le débiteur du délégataire et n’est pas libéré à
l’égard de ce dernier, du simple fait de l’engagement pris par le délégué. En d’autres termes, dans la
délégation imparfaite, le créancier bénéficie de deux débiteurs en vertu de deux liens d’obligations
distincts
Trois éléments font obstacle à la qualification de cession de dette :
- A la différence de la stipulation pour autrui, la délégation requiert le consentement du
créancier : le délégataire doit accepter l’engagement pris à son profit par le délégué
- La délégation créé un nouveau rapport d’obligation entre le créancier et son second débiteur
- Le débiteur originaire n’est pas libéré : il ne le sera que si le délégué s’exécute au profit du
délégataire
A) La subrogation conventionnelle
La subrogation peut être consentie aussi bien à l’initiative du créancier (on parle alors de subrogation
« ex parte creditoris) qu’à l’initiative du débiteur (on parle alors de subrogation « ex parte debitoris).
Cependant, en pratique, la subrogation à l’initiative du créancier est bien plus répandue
Pour être valablement consentie, la subrogation ex parte creditoris doit satisfaire à certaines
conditions :
- Il faut un accord entre le créancier et le solvens
- La subrogation doit être exprès : il faut que la volonté du créancier de subroger la personne qui
l’a payé dans ses droits soit claire et dépourvue de tout équivoque. On ne doit pas avoir un
doute sur l’existence d’une volonté en ce sens
- La subrogation doit être consentie au moment du paiement : donc ni avant le paiement, ni
après le paiement La jurisprudence a assoupli quelque peu la règle en admettant que l’on peut
prévoir la subrogation dans un acte antérieur au paiement mais à condition de prévoir que cela
ne produira effet qu’au jour de la subrogation
- Le paiement doit avoir été effectué par le subrogé
Parmi ces conditions, on n’exige pas du subrogé qu’il s’acquitte d’une dette qui ne lui incombe pas,
qu’il s’acquitte d’une dette qui incombe à autrui En d’autres termes, le subrogé peut s’acquitter d’une
dette personnelle, c’est-à-dire d’une dette qui a une cause juridique distincte de celle qu’il éteint par la
même occasion, du moment que ce n’est pas sur lui que doit peser la charge définitive de la dette
Civ.1ère, 1987, CC = en l’espèce, il était question de détournement de fonds. L’auteur dues
détournements de fonds est condamné en justice. De ce fait, le créancier de l’indemnisation, c’est-à-
dire la victime des détournements de fonds, a pratiqué une saisie sur les parts sociales qui
appartenaient à l’auteur des faits débiteur de l’indemnisation. Mais, finalement, à la suite d’une faute
professionnelle commise par son avocat, il ne parviendra pas à obtenir, dans le cadre de la vente des
parts sociales saisies, une quelconque somme. En d’autres termes, l’avocat commet une faute et en
conséquence, les parts sociales sont vendues sans que finalement le créancier saisissant ne puisse rien
obtenir, sans que la victime des détournements ne puisse rien obtenir. Le créancier se retourne alors
contre les avocats fautifs. L’avocat est assuré. C’est alors l’assureur de le l’avocat qui va indemniser la
victime du détournement qui n’a donc pu, par la faute de son assuré, par la faute de l’avocat, obtenir
un centime de la vente des parts sociales. Mais, évidemment, l’assureur, après avoir indemnisé la
victime, va se faire subroger dans les droits de la victime et va ensuite se retourner au titre de la
subrogation, contre celui qui aurait dû tout payer depuis le départ : c’est-à dire contre l’auteur des
faits, l’auteur des détournements de fonds. L’avocat a commis une faute, certes, et il doit en répondre,
certes, sauf que tout cela n’est arrivé que parce qu’à la base, il y a eu un détournement de fonds et
l’assureur va dire : « je me fais conventionnellement subroger dans les droits de la victime et je vais
agir contre l’auteur des détournements de fonds ». La Cour d’appel va refuser le jeu de la subrogation
au motif que le prétendu subrogé (c’est-à-dire l’assureur) a réglé une dette qui lui était personnelle.
Cette dette est une dette qui lui incombe en vertu du contrat d’assurance qu’il a conclu avec son
assuré. Donc, lorsque l’assureur paye la victime, il paye sa dette, il paye la dette qui découle du contrat
d’assurance. La Cour de Cassation va censurer cet arrêt et va énoncer que celui qui paye une dette
personnelle peut, malgré tout, faire jouer la subrogation conventionnelle
B) La subrogation légale
Il est des hypothèses où la loi va prévoir elle-même la subrogation qui va alors se réaliser de plein
droit, c’est-à-dire, sans que les parties n’aient à convenir d’une telle opération
La loi énumère de façon limitative les cas dans lesquels la subrogation joue de plein droit (article 1346
CC). La jurisprudence s’est un peu affranchie de ce principe et elle a eu tendance à découvrir un
principe général de la subrogation
A) Transmission de la créance
a) La transmission des qualités de la créance Le principe
Le principe est le transfert de la créance et de ses accessoires (ex : sûreté, clauses d’indexation et
d’intérêt) mais c’est seulement à hauteur du paiement qui est effectué
A) Le solvens
En principe, la personne du solvens est indifférente : le paiement peut être effectué par toute
personne. Le débiteur n’est pas forcément le solvens.
Il existe deux exceptions à ce principe, c’est-à-dire des cas où le créancier peut refuser de recevoir le
paiement effectué par une autre personne que le débiteur
- Les obligations qui sont souscrites intuitu personae
- Les cas où le paiement effectué par un tiers nuit à l’intérêt du créancier (ex : refuser un
paiement fait par un tiers lorsque la défaillance du débiteur lui permet de demander la
résolution du contrat)
Il y a plusieurs raisons pour justifier l’intervention d’un tiers qui va payer à la place du débiteur :
- Le tiers peut être animé d’une intention libérale
- Le solvens a un intérêt à régler la dette (ex : caution)
- le tiers solvens peut également n’avoir aucun intérêt à régler la dette d’autrui et ne pas être
animé d’une intention libérale (ex : gestion d’affaire)
Si le débiteur est libéré à l’égard du créancier, il n’est pas pour autant systématiquement libéré à
l’égard du solvens
B) L’accipiens
Article 1342-2 CC = le paiement n’est libératoire que s’il est effectué entre les mains du créancier
Mais ce principe est assorti d’exceptions :
- Le créancier peut donner à un tiers, mandat pour recevoir le paiement
- Le jeu de l’apparence peut permettre de libérer le débiteur solvens. Pour que la théorie de
l’apparence joue, il faut que le débiteur ait pu croire légitimement qu’il payait la bonne
personne, c’est-à-dire son créancier
2) La dérogation au principe
a) L’indexation conventionnelle
Le législateur permet aux parties de convenir d’une indexation de l’obligation monétaire. Les parties
ne sont toutefois pas libres de choisir n’importe quel indice et plusieurs limites ont été posées par la
loi :
- Une obligation monétaire ne peut pas être indexée sur le SMIC ou sur le niveau général des prix
et des salaires
- L’indice retenu doit être en relation directe avec l’objet du contrat ou l’activité d’une des
parties
b) La dette de valeur
La dette de valeur fait peser le poids de la dépréciation monétaire sur les épaules du débiteur
c’est une action qui permet au créancier qui est victime d’une fraude et qui voit son débiteur
s’appauvrir de ne pas se voir opposer l’acte frauduleux
Il y a donc trois éléments importants dans l’action paulienne :
- La fraude
- L’appauvrissement du débiteur au préjudice du créancier
- L’inopposabilité de l’acte frauduleux à l’égard du créancier
Article 1341-2 : le créancier peut aussi agir en son nom personnel pour faire déclarer inopposables à
son égard les actes faits par son débiteur en fraude de ses droits, à charge d'établir, s'il s'agit d'un acte
à titre onéreux, que le tiers cocontractant avait connaissance de la fraude
1) Domaine
En principe, tous les actes juridiques du débiteur peuvent être attaqués par la voie de l’action
paulienne sauf dans quatre hypothèses :
- Les actes relatifs à des droits extrapatrimoniaux
- Le partage consécutif à une succession ou à une dissolution de régime matrimonial
- Le paiement fait dans des conditions normales et avec les moyens habituels
- Le jugement : il existe un recours spécial si le créancier estime que le jugement a été rendu en
fraude de ses droits, c’est la tierce opposition
Cela se résume à une seule condition : la fraude. L’action paulienne, c’est une action qui est là pour
sanctionner la fraude, il faut donc que le débiteur ait tenté de frauder les droits de son créancier.
Frauder, c’est l’intention de nuire, c’est vouloir nuire au créancier, c’est-à-dire vouloir lui causer un
dommage
La jurisprudence a assoupli le principe en se contentant de la connaissance ou de la conscience du
débiteur de causer un préjudice à son créancier. Donc, pour qu’il y ait fraude, il n’est pas nécessaire
que le débiteur ait agit pour nuire au créancier, il faut simplement qu’il ait agit en sachant que cela
allait nuire aux intérêts du créancier
c) Les conditions tenant au tiers défendeur, le complice dans la fraude
Ce que va faire le créancier, c’est qu’il va mettre en cause le débiteur uniquement pour que le débiteur
ne dise pas « je ne suis pas au courant » mais celui contre qui le créancier va véritablement agir c’est le
tiers complice de la fraude
Cette complicité est exigée en matière d’acte à titre onéreux. Il faut, lorsque le créancier exerce une
action paulienne pour attaquer un acte à titre onéreux, rapporte la preuve de la complicité du tiers,
c’est-à-dire de la conscience que le tiers avait de participer à un acte, qui allait causer un préjudice au
créancier
3) Les effets de l’action paulienne
L’action paulienne a pour effet de rendre l’acte frauduleux inopposable au créancier qui a agi :
- Entre les parties, l’acte frauduleux reste
- Mais il est inopposable au créancier
C’est une action qui est aussi du point de vue des créanciers, individuelle : seul celui qui exerce l’action
en bénéficie
C) L’action oblique
A la différence de l’action paulienne, l’action oblique ne vient pas sanctionner une fraude. Elle permet
au créancier du débiteur négligeant d’exercer les droits et actions de ce débiteur, qui est donc
négligeant et qui n’exerce pas ses droits
1) Le domaine de l’action oblique
a) Les droits et actions du débiteur qui peuvent être exercés par voie oblique
Actes que le créancier peut exercer en lieu et place de son débiteur : toutes les actions (ex : nullité d’un
contrat, résolution d’un contrat, action en exécution forcée d’un contrat)
Droits que le créancier peut exercer en lieu et place de son débiteur : l’action oblique ne permet au
créancier d’exercer que des droits déjà nés dans le patrimoine du débiteur
Concernant les droits d’option la jurisprudence est incertaine et la doctrine est divisée. En faveur de
l’exercice de ces droits par le créancier en lieu et place de son débiteur, on fait remarquer que le droit
d’option est finalement un droit qui est déjà né, qui est dans le patrimoine du débiteur. Mais à
l’inverse, on souligne que l’exercice de ce droit dépend beaucoup de l’appréciation personnelle de son
titulaire
b) Les droits et actions exclusivement attachés à la personne du débiteur
Ce type de droits ou d’actions, qui sont donc exclusivement attachés à la personne du débiteur, ne
peuvent pas être exercés par la voie oblique parce qu’ils ne font pas partie du patrimoine du débiteur,
comme on l’a dit, ce sont des droits extrapatrimoniaux. Or, l’action oblique vise in fine à reconstituer
le patrimoine du débiteur pour renforcer le droit de gage général des créanciers. Le créancier agit par
la voie oblique pour renforcer son droit de gage, pour enrichir finalement le débiteur et accroître ainsi
ses chances d’être payé
On ne peut pas exercer non plus par la voie oblique, les droits patrimoniaux qui ont une nature
personnelle. Il s’agit essentiellement de droits qui touchent à des considérations personnelles d’ordre
moral ou familial (ex : suppression ou révision d’une pension alimentaire, dommages et intérêts qui
tendraient à obtenir la réparation d’un préjudice exclusivement moral ou un préjudice d’affection)
A propos de l’action oblique qui tend à lever la clause d’inaliénabilité :
- Civ.1ère, 1998, CC = exclut le jeu de l’action oblique
- Civ.1ère, 2000, CC = laisse entendre que l’action oblique peut être exercée
- Civ.1ère, 2004, CC = la Cour revient sur sa position initiale
Il faut distinguer :
- Les qualités de la créance
- L’intérêt à agir du créancier
1°) Les qualités de la créance
En principe, toute créance de toute nature, peut ouvrir la voie de l’exercice de l’action oblique. Toute
créance c’est-à-dire qu’elle soit contractuelle ou délictuelle, qu’elle soit chirographaire ou privilégiée
et qu’elle soit de somme d’argent ou pas
Civ. 3ème, 1985, CC = dans cette affaire, il a été jugé qu’un syndic de copropriété pouvait exercer une
action oblique contre le locataire d’un des propriétaires, dans le but d’obtenir la résiliation du bail. cet
arrêt illustre l’affirmation selon laquelle l’action oblique peut être exercée même en présence d’une
créance, qui n’est pas de somme d’argent
Alors, si toute créance peut en principe satisfaire les conditions pour exercer l’action oblique encore
faut-il soit certaine, liquide et exigible. Cela veut dire concrètement, que l’on exclut les créances à
terme ou les créances conditionnelles, les créances seulement certaines dans leur principe sont
également exclues. La liquidité et l’exigibilité de la créance sont appréciées au jour où le juge statue
2°) L’intérêt à agir
Le créancier ne peut exercer l’action oblique que s’il établit l’existence d’une menace concernant le
recouvrement de sa créance
Civ. 1ère, 1985, CC = affaire où le syndic de copropriété exerçait une action oblique pour obtenir la
résiliation d’un bail. Il ne s’agissait pas d’obtenir le paiement d’une somme d’argent. Il n’a pas été jugé
nécessaire que le syndic rapporte la preuve de l’insolvabilité du locataire, puisqu’il demandait
uniquement le respect du règlement de copropriété par le locataire et la résolution de contrat de bail,
l’expulsion du locataire trouble-fête qui ne respectait pas ce règlement de copropriété
En outre, le créancier peut exercer par la voie oblique, une action qui va faire réintégrer dans le
patrimoine du débiteur une créance d’une valeur très supérieure à la créance qu’il a lui-même contre
le débiteur
Le produit de l’action oblique ne revient pas directement dans le patrimoine du créancier qui agit
mais transite dans le patrimoine du débiteur et les autres créanciers de ce même débiteur peuvent
aussi se servir. Parce que le créancier qui agit risque d’être en concours avec d’autres créanciers de
son débiteur, on autorise à ce qu’il obtienne dans le patrimoine du débiteur la réintégration d’une
créance qui peut être d’une valeur bien supérieure à celle dont il va ensuite demander le paiement
b) Conditions tenant au débiteur
Le créancier doit établir la négligence ou la carence du débiteur mais il n’est pas nécessaire que cette
carence soit fautive
3) Les effets
Quatre aspects :
- L’action oblique ne profite qu’indirectement au demandeur, puisque le produit de l’action
réintègre le patrimoine du débiteur. Encore une fois, par l’intermédiaire de l’action oblique, le
créancier n’obtient pas le paiement de sa créance, tout ce qu’il fait c’est enrichir son débiteur, à
charge pour lui ensuite, généralement dans le même temps, d’exercer une action en paiement
forcé contre son débiteur
- S’agissant du tiers qui est poursuivi, c’est comme si le créancier était son propre créancier. En
conséquence, il peut opposer toutes les exceptions qu’il aurait pu opposer à son créancier si
celui-ci avait agi lui-même
- Au regard du débiteur négligent dont les droits sont exercés par le créancier, le débiteur n’est
pas dessaisi. Cela signifie qu’il peut reprendre la main à tout moment, sauf s’il reprend la main
pour frauder les droits du créancier qui agit par l’action oblique
- Du point de vue du créancier, les autres créanciers du débiteur négligeant, c’est-à-dire les
créanciers qui n’exercent pas l’action oblique sont dans une situation très agréable, puisque
quelqu’un s’est chargé de faire le travail à leur place
D) L’action directe
Dans le cadre d’une action directe, le créancier va agir contre le débiteur de son débiteur en vertu d’un
droit propre. Par conséquent, il n’agit pas en utilisant les droits et actions de son débiteur. Cela signifie
concrètement, que le bien en cause ou l’argent ne va pas transiter par le patrimoine du débiteur (ex :
victime d’un dommage qui va agir directement contre l’assureur de responsabilité civile)
C’est un privilège parce qu’on on va permettre au bénéficiaire de l’action directe de contourner le
principe de l’effet relatif des contrats. L’action directe va lui permettre d’obtenir l’exécution à son
profit d’un contrat auquel il n’est pas partie
Il faut établir une distinction entre :
- Les actions directes parfaites : dans le cadre d’une action directe parfaite, la créance du
débiteur contre le sous-débiteur est affectée ab initio au paiement du créancier sans que celui-
ci n’ait à exercer l’action
- Les actions directes imparfaites : l’immobilisation de la créance contre le sous débiteur ne
s’opère qu’au moment de l’exercice de l’action
TITRE 2 : L’extinction par satisfaction indirecte du créancier
L’obligation peut s’éteindre sans que le créancier n’obtienne à proprement parler le paiement de ce
qui lui est dû, tout en étant néanmoins satisfait. On parle alors, d’une extinction de l’obligation par
satisfaction indirecte du créancier. Cela se produit lorsque :
- L’obligation s’éteint par confusion
- L’obligation s’éteint par compensation
- L’obligation s’éteint par novation
- L’obligation s’éteint à la suite d’une délégation
Chapitre 1 : La confusion
La confusion s’entend de la réunion des qualités de créancier et de débiteur en la même personne (ex :
débiteur qui hérite de son créancier, fusion entre sociétés)
La confusion n’éteint pas forcément l’obligation dans son ensemble. Il peut y avoir une extinction
seulement partielle (ex : un héritier qui était débiteur du défunt mais qui n’hérite pas seul du défunt,
on va inclure sa dette dans l’actif successoral et ensuite, on partagera cet actif)
Chapitre 2 : La compensation
Article 1347 CC = « la compensation est l’extinction simultanée d’obligations réciproques entre deux
personnes »
Comme il n’y a pas de véritable paiement, on peut rattacher la compensation à l’extinction de
l’obligation par satisfaction indirecte du créancier
L’avantage de la compensation, c’est qu’elle donne au créancier chirographaire finalement,
l’équivalent d’une sûreté ou d’un privilège, puisqu’il va éviter tout risque d’insolvabilité du débiteur et
va également se payer sur ce qu’on lui devait par préférence à tous les autres créanciers du débiteur
Il convient de distinguer :
- La compensation légale
- La compensation judiciaire
Section 1 : La compensation légale
A) Conditions
1) Les conditions positives
Pour que la compensation légale joue, il faut que les conditions suivantes soient réunies :
- Il faut que des dettes et des créances réciproques existent
- La compensation n’opère qu’entre des choses fongibles
- Il faut que les dettes et les créances soient certaines
- Il faut que les dettes et les créances soient liquides (déterminées dans leur montant)
- Il faut que les dettes et les créances soient exigibles (pas de termes suspensifs)
Article 1293-3 (abrogé) = exclut la compensation pour les créances alimentaires et pour les créances
insaisissables
B) Les effets de la compensation légale
- Extinction de la dette et de tous ses accessoires (ex : sûretés) à concurrence de la dette la plus
faible
- La compensation légale opère rétroactivement, c’est-à-dire qu’elle opère au jour où les deux
dettes compensées ont coexisté avec les qualités requises par la loi pour qu’il y ait
compensation
- Article 1347-2 CC = la compensation légale s’opère sous réserve d’être invoquée
Section 2 : La compensation judiciaire
Les conditions de la compensation judiciaire sont :
- La réciprocité
- La fongibilité
Le juge peut pallier à l’absence de liquidité ou d’exigibilité
Article 1305-4 CC = confère au juge le pouvoir de prononcer la déchéance du terme lorsque le
débiteur a diminué par son fait les sûretés conférées au créancier
Concernant la date à laquelle la compensation judiciaire produit effet, la jurisprudence n’est pas
clairement fixée et la doctrine est divisée. Une partie des auteurs envisage une certaine rétroactivité
au jour où la première des dettes en cause a été exigible sur le modèle de ce que la jurisprudence
retient en ce qui concerne la compensation des dettes connexes. Mais d’autres auteurs s’y opposent, la
compensation interviendrait au jour où le juge la prononce
Arguments en faveur du fait que la compensation judiciaire est autonome :
- La compensation judiciaire peut être envisagée là où la compensation légale ne peut pas, parce
qu’il manque une de ces conditions
- Le juge a bien un pouvoir d’appréciation dans le cadre de la compensation judiciaire alors qu’il
n’en n’a pas dans le cadre de la compensation légale
- La compensation judiciaire ne rétroagirait pas, à la différence de la compensation légale
Argument en faveur du fait que la compensation judiciaire n’est pas autonome et ne serait donc
qu’une forme de compensation légale anticipée :
- Lorsque le juge rend une créance liquide et exigible les conditions de la compensation légale
sont alors réunies
Section 3 : La compensation des dettes connexes
La compensation des dettes connexes concernent l’hypothèse dans lesquelles il y a des dettes
certaines et fongibles. En revanche, les conditions d’exigibilité et/ou de liquidité fait ou font défaut
Comm., 2013, CC = une banque consent un prêt à une société. Le remboursement du prêt est garanti
par le cautionnement de deux personnes physiques. La banque cède ultérieurement sa créance,
l’emprunteuse cédée cesse de rembourser le prêt et la cessionnaire de la créance assigne alors les
cautions également cédées en paiement. Les cautions se défendent en invoquant une faute de la
banque cédante, qui aurait débloqué les fonds sans faire préalablement un nantissement inscrit sur le
fonds de commerce et sur le droit au bail et sans vérifier que le notaire, son mandataire, avait pris
cette inscription. Les juges du fond font droit à l’argumentation des cautions. Mais la Cour de cassation
censure au visa des articles 1294 CC (nouveau 1347-6) et 1295 CC (nouveau 1347-5). Selon la Cour de
Cassation, le cessionnaire d’une créance ne peut être tenu d’une dette d’un manquement du cédant
antérieur à la cession, sauf connexité. Il est en effet acquis, que la cession de créance emporte
transmission de la créance et de ses accessoires au profit du cédant. Or, en l’espèce, l’action en
responsabilité litigieuse, c’est une action en responsabilité civile des cautions, cédées contre la banque
cédante, ne faisait assurément pas partie de la créance cédée relative au remboursement du prêt.
L’exercice par le cédé d’une action en responsabilité contre le cédant, ne permet aucunement au
cessionnaire de disposer de la créance cédée. Bien au contraire, elle vient amoindrir la valeur de la
créance cédée. Partant, la notion d’accessoire ne saurait justifier la solution retenue par les juges du
fond, en l’espèce. D’où le visa de l’article 1692 du Code civil qui précise que, la cession d’une créance
emporte transmission de ses accessoires. En définitive, la situation est alors la suivante : le
cessionnaire est devenu créancier du cédé à la suite de la cession de créance. Et le cédé est créancier
du cédant suite à la faute commise par ce dernier. Dans ces conditions, aucune compensation ne peut
intervenir, parce que le rapport de droit est triangulaire, la réciprocité des obligations, condition
essentielle de la compensation, fait défaut. La Cour de cassation a cependant assorti la règle ainsi
posée d’une exception : celle où la dette de responsabilité est connexe à la créance cédée
A) La notion de connexité
La connexité repose sur l’idée de cause qui est le lien étroit entre des créances réciproques mais la
jurisprudence va parfois plus loin en admettant la compensation entre des créances nées de contrats
distincts mais entre lesquels il existe malgré tout, un lien économique assez étroit (ex : ensembles
contractuels)
Il existe une limite, il n’y a pas de connexité de créance de nature différentes
B) Régime de la compensation pour connexité
Quand la connexité est établie, le juge doit prononcer la compensation des dettes, mêmes si celles-ci
ne sont ni liquides, ni exigibles
Section 4 : La compensation conventionnelle
Le fondement de l’admission de la compensation conventionnelle est la liberté contractuelle
En outre, la convention est constitutive de droits, donc pas de rétroaction et la compensation opère au
jour de l’accord
Section 5 : La compensation et les autres mécanismes
A) La cession de créance
En cas d’acceptation du débiteur cédé dans un acte authentique, ou même dans un acte sous seing
privé, le cédé est censé renoncer à opposer la compensation. Il ne peut pas opposer la compensation
antérieure qui aurait eu lieu avec le cédant au cessionnaire
En revanche, il en va différemment s’il n’y a qu’une notification de la cession. Le cédé peut opposer
cette fois-ci la compensation légale au cessionnaire, si les conditions de cette compensation étaient
réunies avant la notification
B) La subrogation
La compensation légale entre la dette du débiteur et la dette du subrogeant ne peut être opposée au
subrogé que si les conditions sont réunies avant le paiement subrogatoire
Chapitre 3 : La novation
C’est l’opération aux termes de laquelle les parties conviennent de l’extinction d’une obligation
ancienne par la création d’une obligation nouvelle qui la remplace : l’obligation ancienne ne s’éteint
que parce qu’elle est remplacée par une obligation nouvelle
Il est possible que tout cela soit fait sans qu’il y ait de lien entre l’ancien accord et le nouvel accord
Section 1 : Les conditions de la novation
Pour qu’il y ait novation, il faut que trois conditions soient cumulativement réunies :
- Il existe une obligation ancienne valable
- Il faut création d’une obligation nouvelle valable
- L’intention de nover (animus novandi)
Il ne peut y avoir de novation sans la présence d’une obligation ancienne valable que l’on va éteindre
par cette opération :
- Si l’obligation ancienne est nulle de nullité absolue, l’obligation nouvelle est également nulle,
parce qu’elle est dépourvue de cause
- Si l’obligation ancienne est nulle de nullité relative, la novation faite en connaissance de cause
de cette nullité sera perçue comme une confirmation et sera donc valable
Si l’obligation nouvelle n’est pas valable mais nulle, l’obligation ancienne subsiste
A supposer que l’obligation nouvelle soit valable : il faut cependant pour qu’il y ait novation, qu’elle
soit suffisamment différente de l’ancienne
On peut nover de plusieurs façons :
- Changer les parties au contrat (novation par changement de débiteur ou créancier)
- Changer l’objet de l’obligation (novation par changement d’objet). Contrairement à la dation en
paiement où c’est au moment du paiement que le créancier accepte de changer l’objet de
l’obligation, dans la novation, l’idée est que le créancier va accepter de recevoir autre chose en
paiement mais il ne le recevra pas tout de suite. S’agissant d’une novation par changement
d’objet de l’obligation, il faut un changement assez important et on considère qu’il n’y a pas de
novation si les modalités qui sont changées n’affectent pas l’existence même de l’obligation
Civ.1ère, 1959, CC = Il s’agissait dans cette affaire, d’une vente qui avait été consentie en
contrepartie d’un bail à nourriture. Il y avait une clause dans ce contrat de vente qui prévoyait
la résolution du contrat en cas d’inexécution imputable à l’acquéreur. Par la suite, le bail à
nourriture est transformé en rente viagère et la clause résolutoire n’est pas reprise.
L’acquéreur cesse de servir la rente viagère. Le bailleur va alors chercher à faire jouer la clause
résolutoire, mais évidemment, son cocontractant va arguer qu’il y a eu novation. La Cour de
cassation va juger qu’il n’y a pas eu de novation. Elle va estimer qu’il y a eu uniquement un
changement des modalités d’exécution du contrat et en conséquence, la clause résolutoire va
continuer à jouer
Civ. 1ère, 1997, CC = Il s’agissait en l’espèce, de deux personnes qui avaient obtenu un prêt à un
taux préférentiel parce que l’un des deux emprunteurs étaient salariés de l’établissement
bancaire prêteur. Le contrat de prêt stipulait que le taux du prêt sera ramené à ce qui était
normalement pratiqué pour tous les clients, si la partie qui travaillait chez elle cessait d’y
travailler. Cette hypothèse arrive et la banque modifie le taux qui grimpe de pas moins de
quatre points environ. La cour d’appel va considérer qu’il y a eu novation, parce que d’une part
la durée du contrat était en même temps réduit et qu’il y a une forte augmentation du taux du
prêt, de sorte qu’on cumulait ces deux éléments, à savoir réduction de la durée du contrat et
augmentation du taux, ont eu pour effet d’alourdir considérablement la charge de
remboursement mensuelle pesant sur les emprunteurs. Or, la charge financière du crédit et
bien finalement c’est l’élément essentiel de ce contrat. Si on touche à la charge financière, on
touche selon la cour d’appel, à l’obligation même et donc il y a eu novation. La Cour de
cassation va rejeter cette analyse, elle va censurer la cour d’appel aux visas des articles 1134
CC (nouveau 1103) et 1271 CC (nouveau 1329). Pour elle, ça n’est pas suffisant pour
caractériser une novation
- Changer la cause de l’obligation (ex : un bailleur qui accepte que le locataire qui rencontre des
difficultés ne le paye pas à l’échéance, le bailleur lui accorde des délais de paiements. On peut
penser que le locataire doit toujours les mêmes sommes qu’antérieurement, le montant des
loyers. Mais sur un fondement différent, il le devra au titre d’un prêt et non plus du bail)
C) L’intention de nover
La délégation imparfaite, cela signifie que le délégant n’est pas libéré du seul fait que le délégué s’est
engagé auprès du délégataire : , l’engagement du délégué vient s’ajouter à celui du délégant, le
délégataire a maintenant deux débiteurs : il a le délégant qui était son premier débiteur, il a le délégué
qui vient s’ajouter et qui s’engage sur ordre du déléguant à son profit. L’obligation du délégant envers
le délégataire s’éteint lorsque le délégué s’exécute
La délégation peut être aussi parfaite (ou novatoire) : le délégant est déchargé de ses obligations
envers le délégataire du seul fait de l’engagement du délégué
B) La distinction entre la délégation certaine et la délégation incertaine
La délégation est certaine lorsque l’objet de l’obligation qui pèse sur le délégué est déterminé sans
aucune référence à une obligation qui préexisterait dans les rapports entre les parties
La délégation est incertaine lorsque l’objet de l’obligation qui pèse sur le délégué est calquée sur
l’obligation entre le délégant et le délégataire
Section 2 : La règle de l’inopposabilité des exceptions
Article 1136 CC alinéa 2 = « le délégué ne peut, sauf stipulation contraire, opposer au délégataire
aucune exception tirée de ses rapports avec le déléguant ou des rapports entre ce dernier et le
délégataire »
A) S’agissant des exceptions nées des rapports délégué (celui qui s’engage) et déléguant (celui qui
ordonne l’ordre de s’engager)
Dans ce domaine le principe c’est l’inopposabilité des exceptions parce que le délégué a contracté un
engagement distinct auprès du délégataire, qui est étranger au rapport qu’il peut avoir avec le
délégant
B) S’agissant des exceptions tirées des rapports délégant/délégataire
Le principe qui vient en premier, c’est celui de l’inopposabilité des exceptions. Le délégué ne peut pas
dire au délégataire : « je ne m’exécuterai, parce que le délégant ne vous doit rien »
S’agissant des exceptions nées des rapports entre le délégant et le délégataire, il y avait divergence
(mais le nouvel article 1136 CC alinéa 2 semble avoir réglé le problème) :
- La Chambre commerciale semblait estimer que ces exceptions étaient inopposables, quel que soit le
cas de figure envisagé (Com, 2004, CC)
- La première Chambre civile autorisait au contraire l’opposabilité de ces exceptions en présence
d’une délégation incertaine, à savoir lorsque l’engagement du délégué envers le délégataire était
calqué sur l’obligation du délégant envers le délégataire (Civ.1ère, 1999, CC)
Section 3 : Le rapprochement de la délégation et des mécanismes voisins
A) La délégation et la cession de créance
Généralement on assimile les deux mais certains auteurs vont critiquer cette assimilation. Ils vont
relever pour ce faire que dans la novation, on crée une obligation nouvelle pour éteindre une
obligation ancienne. Alors que dans la délégation, le délégué ne s’engage pas forcément pour éteindre
la dette du délégant à l’égard du délégataire qui peut ne pas exister. Il s’engage souvent pour éteindre
sa propre dette à l’égard du délégant ou pour lui faire une donation
- En ce qui concerne le consentement du créancier : dans la novation, on admet que l’intention
de nover peut être tacite, même si elle doit être certaine. Au contraire, dans la délégation la
volonté de libérer le délégant doit être expresse (article 1338 CC)
- En ce qui concerne l’opposabilité des exceptions : dans la novation, la nullité de l’obligation
ancienne emporte nullité de l’obligation nouvelle qui n’a plus de cause alors que dans la
délégation, on part du principe que les exceptions sont normalement inopposables, lorsqu’elles
ne proviennent pas du rapport existant entre le délégué et le délégataire
TITRE 3 : L’extinction sans satisfaction du créancier
Il arrive que l’obligation s’éteigne sans que le créancier n’ait reçu aucune espèce de satisfaction, pas
même indirecte dans le cadre :
- De la remise de dette
- De la prescription
Chapitre 1 : La remise de dette
Par la remise de dette, le créancier renonce en tout ou partie à ce qui lui était dû
Cette opération requiert en effet l’accord du débiteur pour produire effet, même si c’est le créancier
qui renonce à sa créance
Conformément au droit commun, et plus particulièrement à l’article 1341 CC (nouveau 1359) ,la
remise de dette doit être prouvée par un écrit lorsqu’elle porte sur une somme supérieure à 1500
euros mais l’article 1342-9 CC établit une présomption simple du débiteur lorsque le créance lui a
volontairement remis le titre constatant la créance
Chapitre 2 : La prescription extinctive
La prescription est la perte d'un droit ou la perte du droit d'agir en justice par l’écoulement du temps
- Cela sanctionne l'inertie du créancier qui laisse s'écouler le temps sans agir au préjudice
évident du débiteur qui peut par exemple, laisser des moyens de preuve disparaître
- L'écoulement du temps donne légitimement à penser au débiteur que le créancier ne réclamera
jamais son dû
Une réforme du 17 Juin 2008 a eu lieu en la matière
Section 1 : Le délai de prescription
La détermination précise de la durée de la prescription nécessite de s’intéresser au délai de
prescription en général et à la fixation du point de départ du délai applicable
A) Les délais
1) Le droit commun
Article 2224 CC = le délai est de 5 ans. Cette prescription quinquennale s’applique « aux actions
personnelles et mobilières »
Les actions réelles et immobilières sont exclues du domaine de la prescription de cinq ans
La réforme de 2008 met fin à la différence entre la prescription pour l’action en nullité relative et
absolue qui est désormais de 5 ans pour les deux et entre la responsabilité délictuelle ou contractuelle
qui sont soumises à un délai de prescription de 10 ans
2) Les délais spéciaux
- Il y a prescription de deux ans pour l'action des professionnels pour les biens et services qu'ils
fournissent aux consommateurs mais cela ne vise que l’action qui est exercée par le
professionnel. En revanche, le consommateur qui agit contre le professionnel lui, il est soumis à
la prescription de droit commun, soit prescription quinquennale, sauf texte spécial
- 30 ans pour la réparation des dommages causés à l’environnement
- 10 ans pour la prescription d’une action en responsabilité tendant à la réparation d’un
dommage corporel
- 20 ans lorsque le préjudice a été causé par des actes de torture ou de barbarie, ou par des
violences
1) La renonciation à la prescription
On ne peut pas renoncer d'avance au bénéfice de la prescription. Une partie ne peut donc pas
s'engager par convention à ne pas soulever l'éventuelle prescription de l'obligation profitant à
quelqu'un d'autre mais il est possible de renoncer, même tacitement, à invoquer la prescription
acquise
2) Les aménagements conventionnels
a) Raccourcissement
Les parties peuvent conventionnellement abréger les délais de prescription si aucune disposition
contraire de la loi ne l’exclut et à condition que ce raccourcissement du délai ne soit pas tellement bref
qu’il revient pratiquement à interdire au créancier d’agir
Comm, 2004, CC = la faute lourde du débiteur de l’obligation, ne fait pas obstacle au jeu de la
prescription conventionnellement abrégée
La limite est qu’on ne peut pas descendre en dessous d’un an
b) Allongement du délai de prescription
L’allongement du délai de prescription est possible mais on ne peut allonger la prescription que
jusqu’à 10 ans maximum
c) La neutralisation de tout aménagement conventionnel de la prescription
Il y a des hypothèses où les parties ne peuvent pas toucher à la prescription (ex : rentes viagères,
salaires, etc…)
C) Point de départ de la prescription
Article 2224 CC = « le point de départ est le jour où le titulaire du droit a connu ou aurait dû connaître
les faits lui permettant de l'exercer »
2) La limite du délai butoir
Article 2223 CC = le délai butoir est de 20 ans à compter du jour de la naissance du droit (c’est-à-dire
de la naissance du contrat)
Section 2 : Fonctionnement de la prescription
Il faut distinguer :
- L’interruption de la prescription, qui est le fait d’arrêter le cours pour repartir à zéro
- La suspension de la prescription, qui est le fait d’arrêter de compter et de reprendre là où on
s’était arrêté
A) L’interruption
1) Les conditions
Il peut y avoir tout d'abord, interruption de la prescription à raison d'actes du créancier qui doivent
montrer clairement que le créancier n'entend pas abandonner son droit (ex : citation en justice)
Civ.1ère, 2013, CC = le créancier qui dispose d'un titre exécutoire, ne peut agir en justice dans le seul
but de faire liquider sa créance et ainsi interrompre la prescription l'idée, c'est que finalement la
Cour de Cassation a voulu éviter que les tribunaux ne soient encombrés par des demandes
dépourvues de véritable intérêt et ayant pour seul objectif d'interrompre la prescription
Comm., 2005, CC = C'est une société de transport qui assigne en payement le débiteur du prix du
transport, pour des transports qui ont été effectués entre octobre 1999 et juin 2000. Le débiteur du
prix du transport répond dans des conclusions en date du 26 avril 2001 que cette dette se compense
avec sa propre créance sur le transporteur pour des transports effectués entre août 1999 et juin 2000.
Réponse de l'auteur de l'assignation, c'est-à-dire le premier transporteur : la prescription annale du
Code de commerce doit jouer pour sa dette. La Cour de Cassation va approuver les juges du fond
d'avoir fait jouer la compensation à hauteur de la dette la plus faible et d'avoir condamné le
demandeur à la procédure, c'est-à-dire le transporteur, a réglé le surplus. Selon la Cour de Cassation,
la seule chose qui compte pour que la compensation produise un effet extinctif, c'est qu'au moment où
on envisage de situer la compensation, aucune des créances ne soit prescrite. Ensuite, la Cour de
Cassation énonce également que la compensation opère interruption de la prescription pour le
reliquat de la dette qui reste. Comme en l'espèce, les juges du fond ont considéré que la compensation
avait eu lieu le 15 juin 2000, le reliquat de la dette était prescrit le 15 juin 2001. Or, les conclusions
dans lesquelles le créancier demande le règlement du reliquat date d'avant, date du 26 avril 2001
donc il n’y a pas de prescription pour le reliquat
2) Les effets
L'interruption, c’est la remise à zéro du compteur temps et une nouvelle prescription recommence
étant précisé qu’elle aura la même durée que l’ancienne
Ce principe comporte toutefois une exception. Cette hypothèse concerne plus précisément le cas où
une décision de justice vient consacrer l'existence d'une dette. En effet, l'action tendant à l'exécution
d'une décision de justice qui a force exécutoire est soumise à une prescription décennale, donc de 10
ans. Donc, si la nature de la créance commande normalement d'appliquer une prescription plus courte
cette prescription plus courte sera écartée au profit de l'application de la prescription décennale
prévue par l'article L. 111-1 du Code des procédures civiles d'exécution
B) La suspension de la prescription
C'est une règle qui s'applique quand le créancier n'a pu interrompre la prescription par suite d'un
événement de force majeure
Article 2234 CC = « la prescription ne court pas ou est suspendue contre celui qui est dans
l'impossibilité d'agir par suite d'un empêchement résultant de la loi, de la convention ou de la force
majeure »
Comm., 1994, CC = tant que le créancier dispose encore d'un temps suffisant pour pouvoir agir contre
son débiteur, c'est-à-dire tant que la prescription n'est pas acquise, l'adage ne joue pas. En d'autres
termes, cet adage, ça n'est pas vraiment une cause de suspension de la prescription : on n'allonge pas
le délai de prescription pendant la durée où le créancier n'a pas pu agir
Section 3 : Les effets de la prescription
Traditionnellement, on considère que la prescription éteint l'obligation mais toute une partie de la
doctrine conteste cette analyse en plaçant la prescription dans le domaine procédural et dans une telle
optique, la prescription n'atteindrait pas l'existence même de l'obligation, mais elle paralyserait
seulement l'exercice de l'action en justice qui est prévue pour en obtenir l'exécution. À l'appui de leur
analyse, ces auteurs font valoir qu'une obligation prescrite peut tout de même être exécutée et faire
l'objet d'une promesse d'exécution
Civ.2ème, 2009, CC = la Cour de cassation a semblé consacré l'analyse dite processualiste de la
prescription. En conséquence, le droit de créance n'est pas éteint, ce qui autorise la compensation
avec une dette exigible, même si l'action en recouvrement est quant à elle prescrite. Alors en l'espèce,
il s'agissait d'une femme qui demandait le paiement d'une pension alimentaire à un homme qui avait
été condamné à payer cette décision alimentaire par une décision de justice. Monsieur a opposé à
Madame qu'elle avait été antérieurement elle-même condamnée à lui payer une pension alimentaire
sans jamais s'exécuter. Point acquis : l'action en paiement de Monsieur était prescrite. Pour autant, la
Cour de Cassation a jugé que cette prescription de l'action ne faisait pas disparaître le droit de
Monsieur qui subsistait, ce qui lui autorisait à déduire des sommes qu'il aurait dû verser à Madame,
celle que Madame aurait due préalablement dû lui verser. Ce qu'elle n'avait pas fait.