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CHAPITRE II : LES MODALITES AFFECTANT LE TEMPS DES

OBLIGATIONS

L’obligation est une création. Elle nait, vit et disparait. L’obligation pure et simple est une
obligation instantanée qui est créé dès que les parties l’envisagent et qui est exécutée
immédiatement. C’est ainsi qu’elle se forme immédiatement lors de la conclusion du
contrat dès l’échange des consentements et prend fin à son exécution.

Toutefois, les parties peuvent apporter des exceptions à ce principe en modifiant


conventionnellement le commencement ou la fin de l’obligation. Deux mécanismes
sont utilisés : le terme et la condition.

SOUS CHAPITRE I : LES OBLIGATIONS A TERMES


Il importe d’identifier la modalité dite terme avant d’en donner son régime juridique ;

SECTION I : IDENTIFICATION DU TERME

Il s’agit de caractériser le terme et d’appréhender ses sources

Paragraphe I : Caractérisation du terme

Qu’est-ce qu’un terme ?

C’est une modalité de l’obligation qui se présente sous la forme d’un évènement futur
et certain qui affecte l’exigibilité de l’obligation. Le terme est une modalité se
caractérisant par un évènement, ayant une finalité et comportant une échéance.

A. Un évènement

Le terme par nature est un évènement. L’évènement ici est tout acte, fait ou
phénomène situable dans le temps. Ainsi cet évènement peut être une journée, une
date, une cérémonie, un phénomène naturel (levée du soleil, éruption volcanique).

Toutefois, cet évènement doit être futur, un évènement passé ne peut être un terme à
moins qu’il se reproduise et que l’on vise celui qui se reproduira dans l’avenir. Le terme
doit être certain. La certitude vise la réalisation de l’évènement et non sa date de
réalisation. La certitude peut être un évènement qui se réalisera certainement ou
probablement. Dans tous les cas, la certitude exclut le doute. Il s’agit d’évènement
dont les parties ont la conviction qu’il se réalisera.
B. Une finalité

Le terme est une modalité qui affecte l’exigibilité de l’obligation. En effet, le terme a pour
vocation de retarder ou suspendre l’exécution de l’obligation. De même le terme a
pour vocation de paralyser l’exécution de l’obligation. Nous avons le terme suspensif et
le terme extinctif.

Le terme est dit suspensif lorsqu’il retarde l’exécution de l’obligation ou suspend son
exigibilité

Il est dit extinctif ou résolutoire lorsque la réalisation de l’évènement entraine


l’extinction de l’obligation.

Ces deux termes n’ont pas le même traitement dans le Code civil. Le terme suspensif est
organisé dans un bloc de disposition, notamment les articles 1185 et 1188.

À l’inverse, le terme résolutoire se trouve éparpillé dans le Code civil. Exemple l’article 1737
du Code civil qui traite du bail : ce texte dispose que le bail cesse de plein droit à
l’expiration du terme fixé. Par l’effet de la pratique que nous avons le terme dit mixte
qui attache à un même évènement un effet extinctif et suspensif à l’égard d’une ou
plusieurs obligations.

C. Une échéance

L’échéance du terme est le moment ou la date précise ou encore une période de


l’évènement visé. Selon que l’évènement se produira à un jour fixé d’avance ou à un
moment que l’on ne connait pas, le terme est dit certain ou incertain.

Le terme certain peut être une date déterminée du calendrier ou résulter d’un certain
évènement qui doit se produire à une époque fixe.

Le terme est dit incertain lorsque le moment de sa réalisation est inconnu. Toutefois il
importe de préciser que l’incertitude ne tombe pas sur l’évènement, mais sur sa date de
réalisation, par exemple la fête de Tabaski.

En réalité le terme incertain est un évènement futur et certain à échéance incertaine.

L’échéance est également l’arrivée de l’évènement. C’est la réalisation de


l’évènement futur envisagé par les parties. Cela peut être l’arrivée de la date prévue,
la réalisation du phénomène envisagé.

Toutefois, il peut arriver que l’évènement envisagé n’arrive point : c’est la disparition du
terme. Cela peut être le fait d’une renonciation au terme ou d’une déchéance.

D. La renonciation

C’est le fait pour les parties ou pour le bénéficiaire du terme de l’écarter et de rendre
l’obligation pure et simple alors que l’évènement futur envisagé ne s’est pas encore
réalisé. La faculté de renonciation au terme appartient au bénéficiaire du terme. Dans
l’hypothèse d’un terme stipulé dans l’intérêt des parties, la renonciation résulte
nécessairement d’un accord des parties. La renonciation au bénéfice du terme ne se
présume point. Elle doit être expresse ou à tout le moins résulter d’acte univoque de
renonciation.
E. La déchéance du terme

Elle peut constituer une sanction ou non. Elle est une sanction lorsqu’elle intervient avant
l’époque envisagée de réalisation de l’évènement futur en raison d’une faute ou de la
situation du bénéficiaire du terme. Elle peut également intervenir lorsqu’avant la
réalisation de l’évènement futur, il s’avère manifeste que le débiteur ne pourrait
s’exécuter, c’est le cas des sociétés en liquidation. Elle peut intervenir dans des cas
insusceptibles de lui donner un caractère de sanction. Il en est ainsi lorsque les parties
constatent que l’évènement.

Paragraphe II : Les sources du terme

La présence du terme dans les rapports d’obligations peut résulter de la volonté des
parties.

On parle de terme conventionnel. Le terme conventionnel est une stipulation des


parties. Il peut être le fait de toutes les parties ou même d’une seule partie notamment
dans les actes unilatéraux de volonté. Le terme conventionnel peut être exprès ou tacite.

Tacite lorsqu’il se déduit de l’attitude des parties. Toutefois, ce caractère tacite est
entendu largement de telle sorte que le terme peut se déduire de la nature de la
convention juridique, du lieu où doit s’exécuter l’obligation d’après la convention ou des
modalités d’exécution de la convention.

Le terme peut être judiciaire : c’est le pouvoir reconnu au juge pour accorder des
délais et ainsi retarder l’exécution. En effet, l’article 1244, alinéa 2 du Code civil
reconnait un pouvoir général au juge d’accorder des délais de grâce. Ce pouvoir est
repris de façon particulière par l'article 1655 du Code civil en matière de vente et l'article
1900 en matière de prêt. L’octroi du délai de grâce relève du pouvoir discrétionnaire
du juge. Toutefois, il doit être motivé et le délai précisé. Enfin le terme peut être légal, il s’agit
des termes prévus par la loi.

Les termes conventionnels et légaux s’imposent aux parties et aux juges. Ils ne peuvent
que respecter sa durée et ses effets. Quant au terme judiciaire, il est prononcé par le
juge à la demande d’une partie. Le terme constitue une faveur, ainsi sa demande ne
lie pas le juge.

Le terme judiciaire qui logiquement est demandé par le débiteur ne peut que lui
bénéficier. Ainsi, de façon unilatérale, il peut renoncer au terme judiciaire. Quant aux
termes légaux et conventionnels, il peut profiter aussi bien au créancier qu’au débiteur.
Ex : les prêts bancaires

Les termes légaux et judiciaires sont nécessairement exprès. À l’inverse, les termes
conventionnels peuvent être exprès ou tacites.
SECTION II : LE REGIME JURIDIQUE DU TERME

Aux termes de l’article 1187 du C. civ « le terme est toujours présumé stipuler en faveur
du débiteur, à moins qu'il ne résulte de la stipulation, ou des circonstances, qu'il a été
aussi convenu en faveur du créancier ».

Le terme suspensif et le terme extinctif connaissent des particularités dans leur régime
juridique.

Paragraphe I : Le terme suspensif

Lorsqu’un terme suspensif est affecté à l’obligation, Il paralyse son exécution.


L’obligation ne peut être exécutée immédiatement. Son exécution est différée dans le
temps. En effet, aux termes de l’article 1186 C. civ « ce qui n'est dû qu'à terme ne peut être
exigé avant l'échéance du terme ».

Toutefois, dans une convention, il faudrait faire remarquer que c’est l’obligation
affectée par le terme qui se trouve être suspendu, les autres obligations s’exécutent
dans les conditions prévues par les parties. Par exemple, le terme n’affecte que
l’obligation de payer dans une convention de vente : le débiteur de l’obligation de
donner la chose en l’occurrence le vendeur sera tenu de s’exécuter.

Lorsque le terme affecte le paiement, aucune voie d’exécution ne peut être exercée
par le débiteur contre le créancier.

Nonobstant le terme, le débiteur peut payer avant l’échéance si le terme est stipulé en
sa faveur. Le paiement dit anticipé. Un tel paiement est valable conformément à l’article
1186. Cela est d’autant plus vrai qu’un paiement par erreur d’un débiteur bénéficiaire
du terme ne donne pas lieu à répétition, car il n’y a pas d’indu.

En revanche, l’exécution anticipée unilatérale du débiteur n’est point recevable ou


n’est point admissible lorsque le terme est stipulé dans l’intérêt des deux parties ou dans
l’intérêt du créancier.

Dans le cadre d’une pluralité de débiteur, l’obligation de chaque débiteur solidaire


peut être affectée d’un terme ou non. Seul le débiteur dont l’obligation est affectée de
terme en bénéficie. Par contre, le terme stipulé en faveur du débiteur principal profite
à la caution jusqu’à l’expiration du terme. Le créancier ne peut réclamer de paiement
à la caution, à l’inverse le terme accordé à la caution ne profite pas au débiteur
principal sauf à le stipuler expressément.

En cas de déchéance du terme suspensif, l’obligation est immédiatement exigible, le


créancier peut en réclamer l’exécution.

Il faudrait toutefois préciser que pour le terme suspensif, la déchéance fautive du


débiteur principal n’est pas opposable aux autres débiteurs, notamment à la caution.
Dans cette hypothèse, la créance serait immédiatement exigible à l’égard du débiteur
principal, mais continuerait à être à terme à l’égard de la caution. Concrètement, le
créancier, qui pourra réclamer paiement au débiteur, devra attendre le terme fixé pour
pouvoir réclamer ladite créance à la caution.
Paragraphe II : Le terme extinctif ou résolutoire

Une obligation affectée d’un terme extinctif ou résolutoire se comporte exactement


comme une obligation pure et simple. Elle doit être exécutée immédiatement. Le
créancier d’une obligation à terme extinctif peut en réclamer l’exécution à son
débiteur, car en l’occurrence, le terme extinctif ne paralyse point l’obligation.

En sa présence, l’obligation s’exécute ou continue de s’exécuter. Lorsque


l’évènement du terme extinctif se réalise, il a pour conséquence de faire cesser
l’exécution de l’obligation qui en est affectée.

La disparition du terme résolutoire rend l’obligation pure et simple.

Ainsi, l’obligation ne cesserait point d’être exécutée. Ainsi les parties continueraient à
exécuter individuellement leurs obligations sans date ou obligations butoirs.

Les effets du terme suspensif s’appliquent mutatis mutandis à l’obligation à terme.

SOUS CHAPITRE II : LES OBLIGATIONS CONDITIONNELLES

Les obligations conditionnelles relèvent des articles 1168 à 1184 du Code civil. Le bloc
législatif est complété par des dispositions disséminées dans différents textes. Nous nous
évertuerons à clarifier la notion d’obligation conditionnelle afin de mieux comprendre
son régime juridique.

SECTION I : LA NOTION DE CONDITION

Il conviendra de définir et caractériser la condition avant de procéder à une


classification.

Paragraphe I : Définition et caractères de la condition

A. Définition de la condition

Selon l’article 1168 du Code civil, « L’obligation est conditionnelle lorsqu’on la fait
dépendre d’un évènement futur et incertain, soit en la résiliant selon que l’évènement
arrivera ou n’arrivera pas ». Ainsi la condition, tout comme le terme, est un évènement
futur. Toutefois elle se distingue du terme sur deux points.
La condition est une modalité qui affecte l’existence de l’obligation alors que le terme
est une modalité qui affecte l’exigibilité. La condition fait naitre ou fait disparaitre
l’obligation alors qu’en matière de terme l’obligation est déjà née, c’est plutôt son
exécution qui est suspendue ou qui va cesser.

La condition est une modalité pour laquelle l’évènement futur est incertain. Autrement,
la réalisation de l’évènement futur conditionnel est incertaine alors que le terme est une
modalité dont l’évènement futur est certain.

Dans la condition les parties ne sont pas certaines que l’évènement qu’elles visent se
réalisera, se produira.
B. Les caractères de la condition

La condition doit présenter quatre caractères. Trois d’entre eux sont tirés de l’article 1168
du Code civil. Le quatrième étant déduit de l’exigence même de l’obligation
conditionnelle.

1. L’évènement doit être futur et incertain

Le caractère futur et incertain de l’évènement permet de distinguer la condition du


terme. Si le terme et la condition sont des évènements futurs, il n’en demeure pas moins
que la condition est nécessairement un évènement incertain et le terme un
évènement certain.

Le caractère futur de la condition voudrait que l’évènement visé ne se soit pas encore
produit. Les parties ne peuvent viser un évènement qui s’est déjà réalisé.

Toutefois, l’article 1181 du Code civil permet que les parties puissent viser un
évènement déjà produit à la condition sine qua non que ceux-ci ignoraient une telle
réalisation. Autrement dit, s’il existe un débat sur la qualification de la modalité et plus
précisément sur l’existence de la modalité conditionnelle et qu’il s’avère que
l’évènement se soit déjà produit au moment où les parties stipulaient la modalité, le juge
se fera fort de vérifier préalablement si les parties ignoraient ou non que l’évènement
s’était déjà réalisé. Dans l’affirmative, le juge admettrait la condition nonobstant le
caractère passé de l’évènement. A l’inverse notamment dans la négative, le juge
constaterait que les parties n’ont pas stipulé une condition et que l’obligation serait ainsi
pure et simple.

L’évènement doit être également incertain pour aboutir à la qualification de


condition. Si l’évènement est certain, la modalité pourrait être requalifiée en terme.
L’incertitude doit tomber sur l’existence de l’évènement et non sur sa date. Si
l’évènement est certain quant à son existence, mais incertain quant à sa date, nous
serions dans les prévisions du terme. L’incertitude doit être en principe objectif, c’est-à-dire
que l’évènement doit être considéré par tous tiers y compris comme incertain. La
jurisprudence admet cependant des incertitudes subjectives, c’est-à-dire des
incertitudes perçues comme telles seulement par les parties.

2. L’évènement doit être indépendant de la volonté des parties

En principe, la condition ne doit pas dépendre de la volonté de l’une des parties. Elle
doit dépendre d’un évènement fortuit soit de la volonté de tiers ou des deux à la fois.
Toutefois, la limitation de l'application de la nullité aux conditions purement potestatives en
raison de la part du débiteur, on admet que la condition puisse dépendre de la volonté
du créancier.

L’évènement doit être possible, licite et conforme à l’ordre public et aux bonnes
mœurs.

L’exigence d’évènement, ayant de tel caractère, est posée par l’article 1172 du Code
civil. Il y est disposé que « toutes conditions d’une chose impossible ou contraire aux
bonnes mœurs ou prohibée par la loi est nulles et rend nulles les conventions qui en
dépendent ».

Le caractère possible est aussi bien juridique que matériel. L’évènement va être
matériellement possible. Dans le cas contraire, la condition est nulle. Les parties qui
feraient dépendre leurs obligations d’une condition selon laquelle par exemple le soleil
devra descendre sur terre verraient leur condition déclarée nulle pour impossibilité de
leur condition matérielle, le soleil ne pourrait descendre sur terre.
La condition doit être licite et signifie que l’évènement stipulé n’est pas réprouvé par le
droit. Qu’il ne s’agisse pas d’un délit ou d’un quasi-délit. La condition constituée d’un
évènement consistant à commettre une infraction (enlèvement et séquestration d’une
personne, portée des coups et blessures) se trouverait illicite.

3. La condition doit être extérieure au rapport du droit

La convention doit pouvoir exister en dehors de la condition. Ainsi, un élément essentiel


à la formation de la convention ne peut faire l’objet d’une condition. La condition
affecte une obligation et non la convention, la convention étant un ensemble
d’obligation.

Aussi, c’est une ou plusieurs obligations de la convention qui seront affectées par la
condition. Toutefois, la liberté contractuelle laisse la faculté aux parties de formuler une
condition pour l’ensemble de la convention. Dans ce cas, la convention n’existe pas
s’il s’agit d’une condition suspensive ou n’existerait plus à l’avènement de la condition
s’il s’agit d’une condition résolutoire.

Paragraphe II : La classification

A. La classification selon la nature

Le Code civil établit dans ses articles 1169, 1170, 1171, une distinction entre trois sortes de
condition :
La condition casuelle qui est celle dans laquelle l’évènement futur incertain dépend du
hasard et n’est nullement au pouvoir ni du créancier ni du débiteur. Cette condition
est définie par l’article 1169. Il s’agit de la condition par excellence, car aucun des
stimulants n’a d’emprise sur elle. C’est pourquoi elle est toujours considérée comme
valable. Aucune des parties ne pouvant la manipuler pour qu’elle advienne ou
n’advienne pas. Généralement c’est une condition construite autour d’un évènement
naturel (la pluie, la sécheresse) ou d’évènement résultant du fait d’un tiers.

La condition potestative : elle est celle qui fait dépendre l’exécution de l’obligation
d’un évènement qui est au pouvoir de l’une ou l’autre des parties contractantes
(article 1170).

Une distinction est à opérer entre condition simplement potestative et purement


potestative. La condition simplement potestative dépend de la volonté d’une des
parties et d’un élément étranger à cette volonté.

La condition purement potestative dépend exclusivement de la volonté d’une des


parties. Elle fait dépendre l’évènement futur de la volonté exclusivement d’une des
parties.

La condition simplement potestative est valable. Toutefois, elle peut donner lieu à des
dommages-intérêts si celui dont la volonté est sollicitée en use dans le but de nuire à
l’autre.

La condition purement potestative dépend de la volonté sollicitée. La condition


purement potestative dépendant du créancier de l’obligation est valable. Par contre,
celle à dépendant du débiteur de l’obligation est toujours nulle (article 1174).

Cette sanction variable de la condition purement potestative s’explique par leur


résultat. Si la condition purement potestative dépend du créancier, celui-ci ne la réalise
pas, on pourrait considérer qu’il aurait fait une donation ou une remise de dette totale. À
l’inverse la condition purement potestative à l’égard du débiteur aurait pour résultat
une obligation sans cause. En effet, le débiteur, qui a le pouvoir de la faire advenir ou
non, a tout pouvoir d’exécuter ou non son obligation. Ce pouvoir laissé au débiteur
n’est pas admissible en droit, il aboutit mécaniquement à une obligation sans cause.

Les obligations mixtes : c’est une condition qui se rapproche de la condition


simplement potestative. Toutefois, l’avènement de l’évènement dépend à la fois de la
volonté des parties et de celles d’un tiers (article 1174). Une telle condition est valable.
On pourrait prendre pour exemple une vente immobilière subordonnée à l’obtention
d’un prêt bancaire par l’acheteur et sa volonté de conclure la vente après ladite
convention.

B. La classification selon les effets


On distingue les conditions selon leurs effets suspensif ou résolutoire. Selon l’article 1181, la
condition est dite suspensive lorsque la naissance ou l’existence de l’obligation
dépend d’un évènement futur incertain. Autrement dit, l’obligation n’existe pas avant
la réalisation de l’évènement. Son émergence à la vie juridique dépend de la
réalisation de l’évènement. Si l’évènement se réalise, on aura une obligation qui
existe et qui est susceptible d’exécution. Par contre, si l’évènement ne se réalise pas,
l’obligation est censée n’avoir jamais existé.

La condition résolutoire est celle qui fait dépendre la disparition de l’obligation à la


réalisation d’un évènement futur et incertain. Dans cette hypothèse l’obligation existe.
La réalisation de l’évènement ayant pour effet de la faire disparaitre de la vie juridique,
de l’anéantir. Si l’obligation était à exécution successive, la disparition ou
l’anéantissement ne vaudrait que pour le futur. Par contre s’il s’agissait d’une
obligation à exécution instantanée, l’obligation est censée n’avoir jamais existé.

SECTION II : REGIME JURIDIQUE DE LA CONDITION

En dehors des cas où la condition est nulle, ou n’est pas valable, la condition produit des
effets, sa présence introduisant dans le rapport de droit considéré, un élément
d’incertitude. En effet, l’on ne sait pas si l’évènement va se réaliser ou non. Dans ce cas
quel serait le sort de l’obligation ?

Cette question peut également se poser au moment de la réalisation de l’évènement


objet de la condition. Il en est de même en cas de défaillance avérée de la condition.
Trois situations se posent alors.

Premièrement : Un évènement futur et incertain qui ne s’est pas réalisé

Deuxièmement : Un évènement futur et incertain qui se réalise

Troisièmement : Un évènement futur et incertain qui ne se réalisera pas

Les conséquences attachées à ces trois situations peuvent être examinées à travers la
condition suspensive et la condition résolutoire.

Paragraphe I : La condition suspensive

Pour rappel la condition suspensive est l’évènement futur et incertain dont dépend
l’émergence à la vie juridique d’une obligation.
A. Avant la réalisation de l’évènement

A ce stade, l’obligation n’existe pas. A la différence du terme suspensif, l’obligation


affectée d’une condition suspensive n’est pas encore née. Il n’y a pas l’obligation. Par
conséquent le créancier ne peut se prévaloir d’une telle obligation pour exiger
l’exécution au débiteur. Aucune action reconnue par le droit ne peut être sous-tendue
par l’obligation affectée d’une condition suspensive. En toute évidence, le débiteur ne
peut effectuer de paiement. Il est dit que ce qui a été payé peut-être répéter tant que
la condition suspensive ne s’est pas accomplie. Autrement dit, le débiteur d’une
obligation sous condition suspensive qui paie avant la réalisation de l’évènement p e u t
demander répétition de l’indu jusqu’à l’avènement de l’évènement visé (il peut
demander qu’on lui restitue l’argent qu’il a payé avant l’arrivée de l’évènement).

Toutefois, le créancier d’une obligation sous condition suspensive qui ne s’est pas
encore réalisée dispose d’un droit dit éventuel. Le droit éventuel lui donne prérogative
de défendre l’obligation même si elle n’est pas encore née. Il pourrait demander au
juge des mesures conservatoires à l’exclusion des saisines conservatoires. Il pourrait
également agir en justice au cas où le débiteur ferait abusivement et illégitimement
obstacle à l’avènement de l’évènement. Il pourrait ainsi demander que nonobstant la
non-réalisation de l’évènement, la condition soit réputée accomplie.

B. La défaillance de la condition

Elle signifie que la condition ne se réalisera plus. C’est l’hypothèse où les parties sont sures
que l’évènement constitutif de leur condition ne se réalisera plus. La défaillance de la
condition peut être constatée de deux manières.

Les parties peuvent avoir fixé un délai, une durée de telle sorte que la condition doit se
produire dans ce délai ou au cours de cette durée. A l’expiration de ce délai, si la
condition ou plus précisément l’évènement ne se réalise pas, la condition est réputée
défaillante.

Dans l’hypothèse où les parties n’ont point fixé de délai, la jurisprudence considère que
la condition devra intervenir dans un délai raisonnable (appréciation souveraine du
juge). Dans un arrêt de la Cour de cassation française du 20 mai 2015 de la 3e chambre
civile, il a été déclaré « la stipulation d’une condition suspensive sans terme fixe ne peut
pour autant conférer à l’obligation un caractère perpétuel et… les parties avaient
dans leur commune intention de fixer un délai raisonnable pour la réalisation de la
condition suspensive ».

La défaillance de la condition peut être également constatée par l’impossibilité


matérielle et/ou juridique de la réalisation à un moment donné de l’évènement visé. Il
s’agit de l’hypothèse où les parties ou même le juge constatent que l’évènement visé
par la condition suspensive est devenu impossible et insusceptible de réalisation.

Quelles conséquences peut-on tirer de la défaillance de la condition ?

Elle empêche objectivement la naissance de l’obligation affectée. Le débiteur dont


l’obligation est affectée d’une condition suspensive est réputé n’avoir jamais été un
débiteur en cas de défaillance de la condition. Corrélativement, le créancier est réputé
n’avoir jamais été titulaire d’une créance. En effet, l’obligation dont la condition
suspensive a défailli devient caduque. Le débiteur qui a payé a droit à la répétition de
l’indu. Toutefois, il est admis que le débiteur puisse renoncer à la défaillance de
l’obligation. Dans ce cas, on se retrouverait dans une obligation naturelle. Ainsi,
l’exécution faite par le débiteur sera soumise aux conditions de l’obligation naturelle.
C. La réalisation de la condition

La réalisation de la condition signifie que l’évènement servant de condition s’est


réalisé. Par exemple, les parties ont subordonné l’existence de leur obligation à
l’avènement de la pluie et cette pluie est tombée dans les conditions envisagées.
Aux termes de l’article 1175 C. civ, toute condition doit être accomplie de la manière
dont les parties ont vraisemblablement voulu et entendu qu’elle se réalise.

À la lumière de cette disposition, il appert que la commune intention des parties devra
être recherchée. La condition suspensive est réputée réaliser lorsque l’évènement
s’accomplit comme envisagé par les parties. Il existe des cas où la condition est
considérée réalisée alors que l’évènement ne l’est pas. Il s’agit des conditions
suspensives réputées réalisées qui sont une sanction de celui qui a fait obstacle à ses
réalisations.

Quelles sont les conséquences attachées à la réalisation de la condition ?


La réalisation de l’évènement de la condition suspensive rend l’obligation parfaite. Ainsi,
l’obligation émerge à la vie juridique. L’on n’est pas en face d’une obligation
conditionnelle, mais plutôt d’une obligation pure et simple. L’émergence de la vie
juridique a un effet rétroactif. L’obligation ainsi visée est réputée exister le jour où les parties
l’ont stipulé sous condition. De telle sorte que tous les actes accomplis avant la réalisation
de l’évènement sont valables. Dès lors, l’existence et l’exécution de l’obligation se trouvent
être soumises aux conditions de droit commun.
Paragraphe II : La condition résolutoire

L’obligation sous condition résolutoire se trouve dans une situation contraire de


l’obligation sous condition suspensive. Elle existe, quelquefois, elle fait l’objet
d’exécution, notamment si elle est à exécution successive. Lorsque la condition est
pendante, l’obligation sous condition résolutoire fonctionne comme une obligation
pure et simple. Le créancier peut exiger son exécution. Qu’en est-il en cas de
défaillance de la condition résolutoire ?

La défaillance de la condition résolutoire signifie que l’évènement subordonné ne se


réalisera plus dans ce cas, l’obligation affectée, se trouve être consolidée. La menace
d’un évènement dont la réalisation l’anéantirait disparait. Elle devient ainsi
définitivement une obligation pure et simple. Toutefois, si la défaillance de la condition
intervient par la faute d’une partie qui en avait intérêt au détriment de l’autre, le juge
à la suite de l’action de partie lésée peut déclarer la condition résolutoire réalisée.

Elle peut se réaliser en dehors d’une sanction d’une partie fautive. C’est d’ailleurs, le
mode de réalisation normale de la condition. Si la manière la condition résolutoire est
réalisée ou réputée réaliser, l’obligation affectée qui existait précédemment disparait.
L'anéantissement de l’obligation pour cause de réalisation de la condition résolutoire
est en principe rétroactif. L’obligation qui se retrouverait dans une telle situation est
réputée n’avoir jamais existé. Tous les droits concédés au créancier disparaissent
rétroactivement. Les parties sont appelées à procéder à des restitutions mutuelles, le
débiteur qui a payé, a droit à répétition, car ce qu’il a payé avant l’avènement de
l’évènement devient un indu. Toutefois, à l’effet de tenir compte des obligations à
exécution successives. Il est admis que la rétroactivité soit exclue. Il ne s’agit plus d’une
condition résolutoire, mais « d’une condition résiliatoire ». Dans ce cas ;
l’anéantissement prend effet au jour de l’avènement de l’évènement. Il n’y a donc
pas restitution mutuelle de ce qui a été donné.

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