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OBLIGATIONS
L’obligation est une création. Elle nait, vit et disparait. L’obligation pure et simple est une
obligation instantanée qui est créé dès que les parties l’envisagent et qui est exécutée
immédiatement. C’est ainsi qu’elle se forme immédiatement lors de la conclusion du
contrat dès l’échange des consentements et prend fin à son exécution.
C’est une modalité de l’obligation qui se présente sous la forme d’un évènement futur
et certain qui affecte l’exigibilité de l’obligation. Le terme est une modalité se
caractérisant par un évènement, ayant une finalité et comportant une échéance.
A. Un évènement
Le terme par nature est un évènement. L’évènement ici est tout acte, fait ou
phénomène situable dans le temps. Ainsi cet évènement peut être une journée, une
date, une cérémonie, un phénomène naturel (levée du soleil, éruption volcanique).
Toutefois, cet évènement doit être futur, un évènement passé ne peut être un terme à
moins qu’il se reproduise et que l’on vise celui qui se reproduira dans l’avenir. Le terme
doit être certain. La certitude vise la réalisation de l’évènement et non sa date de
réalisation. La certitude peut être un évènement qui se réalisera certainement ou
probablement. Dans tous les cas, la certitude exclut le doute. Il s’agit d’évènement
dont les parties ont la conviction qu’il se réalisera.
B. Une finalité
Le terme est une modalité qui affecte l’exigibilité de l’obligation. En effet, le terme a pour
vocation de retarder ou suspendre l’exécution de l’obligation. De même le terme a
pour vocation de paralyser l’exécution de l’obligation. Nous avons le terme suspensif et
le terme extinctif.
Le terme est dit suspensif lorsqu’il retarde l’exécution de l’obligation ou suspend son
exigibilité
Ces deux termes n’ont pas le même traitement dans le Code civil. Le terme suspensif est
organisé dans un bloc de disposition, notamment les articles 1185 et 1188.
À l’inverse, le terme résolutoire se trouve éparpillé dans le Code civil. Exemple l’article 1737
du Code civil qui traite du bail : ce texte dispose que le bail cesse de plein droit à
l’expiration du terme fixé. Par l’effet de la pratique que nous avons le terme dit mixte
qui attache à un même évènement un effet extinctif et suspensif à l’égard d’une ou
plusieurs obligations.
C. Une échéance
Le terme certain peut être une date déterminée du calendrier ou résulter d’un certain
évènement qui doit se produire à une époque fixe.
Le terme est dit incertain lorsque le moment de sa réalisation est inconnu. Toutefois il
importe de préciser que l’incertitude ne tombe pas sur l’évènement, mais sur sa date de
réalisation, par exemple la fête de Tabaski.
Toutefois, il peut arriver que l’évènement envisagé n’arrive point : c’est la disparition du
terme. Cela peut être le fait d’une renonciation au terme ou d’une déchéance.
D. La renonciation
C’est le fait pour les parties ou pour le bénéficiaire du terme de l’écarter et de rendre
l’obligation pure et simple alors que l’évènement futur envisagé ne s’est pas encore
réalisé. La faculté de renonciation au terme appartient au bénéficiaire du terme. Dans
l’hypothèse d’un terme stipulé dans l’intérêt des parties, la renonciation résulte
nécessairement d’un accord des parties. La renonciation au bénéfice du terme ne se
présume point. Elle doit être expresse ou à tout le moins résulter d’acte univoque de
renonciation.
E. La déchéance du terme
Elle peut constituer une sanction ou non. Elle est une sanction lorsqu’elle intervient avant
l’époque envisagée de réalisation de l’évènement futur en raison d’une faute ou de la
situation du bénéficiaire du terme. Elle peut également intervenir lorsqu’avant la
réalisation de l’évènement futur, il s’avère manifeste que le débiteur ne pourrait
s’exécuter, c’est le cas des sociétés en liquidation. Elle peut intervenir dans des cas
insusceptibles de lui donner un caractère de sanction. Il en est ainsi lorsque les parties
constatent que l’évènement.
La présence du terme dans les rapports d’obligations peut résulter de la volonté des
parties.
Tacite lorsqu’il se déduit de l’attitude des parties. Toutefois, ce caractère tacite est
entendu largement de telle sorte que le terme peut se déduire de la nature de la
convention juridique, du lieu où doit s’exécuter l’obligation d’après la convention ou des
modalités d’exécution de la convention.
Le terme peut être judiciaire : c’est le pouvoir reconnu au juge pour accorder des
délais et ainsi retarder l’exécution. En effet, l’article 1244, alinéa 2 du Code civil
reconnait un pouvoir général au juge d’accorder des délais de grâce. Ce pouvoir est
repris de façon particulière par l'article 1655 du Code civil en matière de vente et l'article
1900 en matière de prêt. L’octroi du délai de grâce relève du pouvoir discrétionnaire
du juge. Toutefois, il doit être motivé et le délai précisé. Enfin le terme peut être légal, il s’agit
des termes prévus par la loi.
Les termes conventionnels et légaux s’imposent aux parties et aux juges. Ils ne peuvent
que respecter sa durée et ses effets. Quant au terme judiciaire, il est prononcé par le
juge à la demande d’une partie. Le terme constitue une faveur, ainsi sa demande ne
lie pas le juge.
Le terme judiciaire qui logiquement est demandé par le débiteur ne peut que lui
bénéficier. Ainsi, de façon unilatérale, il peut renoncer au terme judiciaire. Quant aux
termes légaux et conventionnels, il peut profiter aussi bien au créancier qu’au débiteur.
Ex : les prêts bancaires
Les termes légaux et judiciaires sont nécessairement exprès. À l’inverse, les termes
conventionnels peuvent être exprès ou tacites.
SECTION II : LE REGIME JURIDIQUE DU TERME
Aux termes de l’article 1187 du C. civ « le terme est toujours présumé stipuler en faveur
du débiteur, à moins qu'il ne résulte de la stipulation, ou des circonstances, qu'il a été
aussi convenu en faveur du créancier ».
Le terme suspensif et le terme extinctif connaissent des particularités dans leur régime
juridique.
Toutefois, dans une convention, il faudrait faire remarquer que c’est l’obligation
affectée par le terme qui se trouve être suspendu, les autres obligations s’exécutent
dans les conditions prévues par les parties. Par exemple, le terme n’affecte que
l’obligation de payer dans une convention de vente : le débiteur de l’obligation de
donner la chose en l’occurrence le vendeur sera tenu de s’exécuter.
Lorsque le terme affecte le paiement, aucune voie d’exécution ne peut être exercée
par le débiteur contre le créancier.
Nonobstant le terme, le débiteur peut payer avant l’échéance si le terme est stipulé en
sa faveur. Le paiement dit anticipé. Un tel paiement est valable conformément à l’article
1186. Cela est d’autant plus vrai qu’un paiement par erreur d’un débiteur bénéficiaire
du terme ne donne pas lieu à répétition, car il n’y a pas d’indu.
Ainsi, l’obligation ne cesserait point d’être exécutée. Ainsi les parties continueraient à
exécuter individuellement leurs obligations sans date ou obligations butoirs.
Les obligations conditionnelles relèvent des articles 1168 à 1184 du Code civil. Le bloc
législatif est complété par des dispositions disséminées dans différents textes. Nous nous
évertuerons à clarifier la notion d’obligation conditionnelle afin de mieux comprendre
son régime juridique.
A. Définition de la condition
Selon l’article 1168 du Code civil, « L’obligation est conditionnelle lorsqu’on la fait
dépendre d’un évènement futur et incertain, soit en la résiliant selon que l’évènement
arrivera ou n’arrivera pas ». Ainsi la condition, tout comme le terme, est un évènement
futur. Toutefois elle se distingue du terme sur deux points.
La condition est une modalité qui affecte l’existence de l’obligation alors que le terme
est une modalité qui affecte l’exigibilité. La condition fait naitre ou fait disparaitre
l’obligation alors qu’en matière de terme l’obligation est déjà née, c’est plutôt son
exécution qui est suspendue ou qui va cesser.
La condition est une modalité pour laquelle l’évènement futur est incertain. Autrement,
la réalisation de l’évènement futur conditionnel est incertaine alors que le terme est une
modalité dont l’évènement futur est certain.
Dans la condition les parties ne sont pas certaines que l’évènement qu’elles visent se
réalisera, se produira.
B. Les caractères de la condition
La condition doit présenter quatre caractères. Trois d’entre eux sont tirés de l’article 1168
du Code civil. Le quatrième étant déduit de l’exigence même de l’obligation
conditionnelle.
Le caractère futur de la condition voudrait que l’évènement visé ne se soit pas encore
produit. Les parties ne peuvent viser un évènement qui s’est déjà réalisé.
Toutefois, l’article 1181 du Code civil permet que les parties puissent viser un
évènement déjà produit à la condition sine qua non que ceux-ci ignoraient une telle
réalisation. Autrement dit, s’il existe un débat sur la qualification de la modalité et plus
précisément sur l’existence de la modalité conditionnelle et qu’il s’avère que
l’évènement se soit déjà produit au moment où les parties stipulaient la modalité, le juge
se fera fort de vérifier préalablement si les parties ignoraient ou non que l’évènement
s’était déjà réalisé. Dans l’affirmative, le juge admettrait la condition nonobstant le
caractère passé de l’évènement. A l’inverse notamment dans la négative, le juge
constaterait que les parties n’ont pas stipulé une condition et que l’obligation serait ainsi
pure et simple.
En principe, la condition ne doit pas dépendre de la volonté de l’une des parties. Elle
doit dépendre d’un évènement fortuit soit de la volonté de tiers ou des deux à la fois.
Toutefois, la limitation de l'application de la nullité aux conditions purement potestatives en
raison de la part du débiteur, on admet que la condition puisse dépendre de la volonté
du créancier.
L’évènement doit être possible, licite et conforme à l’ordre public et aux bonnes
mœurs.
L’exigence d’évènement, ayant de tel caractère, est posée par l’article 1172 du Code
civil. Il y est disposé que « toutes conditions d’une chose impossible ou contraire aux
bonnes mœurs ou prohibée par la loi est nulles et rend nulles les conventions qui en
dépendent ».
Le caractère possible est aussi bien juridique que matériel. L’évènement va être
matériellement possible. Dans le cas contraire, la condition est nulle. Les parties qui
feraient dépendre leurs obligations d’une condition selon laquelle par exemple le soleil
devra descendre sur terre verraient leur condition déclarée nulle pour impossibilité de
leur condition matérielle, le soleil ne pourrait descendre sur terre.
La condition doit être licite et signifie que l’évènement stipulé n’est pas réprouvé par le
droit. Qu’il ne s’agisse pas d’un délit ou d’un quasi-délit. La condition constituée d’un
évènement consistant à commettre une infraction (enlèvement et séquestration d’une
personne, portée des coups et blessures) se trouverait illicite.
Aussi, c’est une ou plusieurs obligations de la convention qui seront affectées par la
condition. Toutefois, la liberté contractuelle laisse la faculté aux parties de formuler une
condition pour l’ensemble de la convention. Dans ce cas, la convention n’existe pas
s’il s’agit d’une condition suspensive ou n’existerait plus à l’avènement de la condition
s’il s’agit d’une condition résolutoire.
Paragraphe II : La classification
Le Code civil établit dans ses articles 1169, 1170, 1171, une distinction entre trois sortes de
condition :
La condition casuelle qui est celle dans laquelle l’évènement futur incertain dépend du
hasard et n’est nullement au pouvoir ni du créancier ni du débiteur. Cette condition
est définie par l’article 1169. Il s’agit de la condition par excellence, car aucun des
stimulants n’a d’emprise sur elle. C’est pourquoi elle est toujours considérée comme
valable. Aucune des parties ne pouvant la manipuler pour qu’elle advienne ou
n’advienne pas. Généralement c’est une condition construite autour d’un évènement
naturel (la pluie, la sécheresse) ou d’évènement résultant du fait d’un tiers.
La condition potestative : elle est celle qui fait dépendre l’exécution de l’obligation
d’un évènement qui est au pouvoir de l’une ou l’autre des parties contractantes
(article 1170).
La condition simplement potestative est valable. Toutefois, elle peut donner lieu à des
dommages-intérêts si celui dont la volonté est sollicitée en use dans le but de nuire à
l’autre.
En dehors des cas où la condition est nulle, ou n’est pas valable, la condition produit des
effets, sa présence introduisant dans le rapport de droit considéré, un élément
d’incertitude. En effet, l’on ne sait pas si l’évènement va se réaliser ou non. Dans ce cas
quel serait le sort de l’obligation ?
Les conséquences attachées à ces trois situations peuvent être examinées à travers la
condition suspensive et la condition résolutoire.
Pour rappel la condition suspensive est l’évènement futur et incertain dont dépend
l’émergence à la vie juridique d’une obligation.
A. Avant la réalisation de l’évènement
Toutefois, le créancier d’une obligation sous condition suspensive qui ne s’est pas
encore réalisée dispose d’un droit dit éventuel. Le droit éventuel lui donne prérogative
de défendre l’obligation même si elle n’est pas encore née. Il pourrait demander au
juge des mesures conservatoires à l’exclusion des saisines conservatoires. Il pourrait
également agir en justice au cas où le débiteur ferait abusivement et illégitimement
obstacle à l’avènement de l’évènement. Il pourrait ainsi demander que nonobstant la
non-réalisation de l’évènement, la condition soit réputée accomplie.
B. La défaillance de la condition
Elle signifie que la condition ne se réalisera plus. C’est l’hypothèse où les parties sont sures
que l’évènement constitutif de leur condition ne se réalisera plus. La défaillance de la
condition peut être constatée de deux manières.
Les parties peuvent avoir fixé un délai, une durée de telle sorte que la condition doit se
produire dans ce délai ou au cours de cette durée. A l’expiration de ce délai, si la
condition ou plus précisément l’évènement ne se réalise pas, la condition est réputée
défaillante.
Dans l’hypothèse où les parties n’ont point fixé de délai, la jurisprudence considère que
la condition devra intervenir dans un délai raisonnable (appréciation souveraine du
juge). Dans un arrêt de la Cour de cassation française du 20 mai 2015 de la 3e chambre
civile, il a été déclaré « la stipulation d’une condition suspensive sans terme fixe ne peut
pour autant conférer à l’obligation un caractère perpétuel et… les parties avaient
dans leur commune intention de fixer un délai raisonnable pour la réalisation de la
condition suspensive ».
À la lumière de cette disposition, il appert que la commune intention des parties devra
être recherchée. La condition suspensive est réputée réaliser lorsque l’évènement
s’accomplit comme envisagé par les parties. Il existe des cas où la condition est
considérée réalisée alors que l’évènement ne l’est pas. Il s’agit des conditions
suspensives réputées réalisées qui sont une sanction de celui qui a fait obstacle à ses
réalisations.
Elle peut se réaliser en dehors d’une sanction d’une partie fautive. C’est d’ailleurs, le
mode de réalisation normale de la condition. Si la manière la condition résolutoire est
réalisée ou réputée réaliser, l’obligation affectée qui existait précédemment disparait.
L'anéantissement de l’obligation pour cause de réalisation de la condition résolutoire
est en principe rétroactif. L’obligation qui se retrouverait dans une telle situation est
réputée n’avoir jamais existé. Tous les droits concédés au créancier disparaissent
rétroactivement. Les parties sont appelées à procéder à des restitutions mutuelles, le
débiteur qui a payé, a droit à répétition, car ce qu’il a payé avant l’avènement de
l’évènement devient un indu. Toutefois, à l’effet de tenir compte des obligations à
exécution successives. Il est admis que la rétroactivité soit exclue. Il ne s’agit plus d’une
condition résolutoire, mais « d’une condition résiliatoire ». Dans ce cas ;
l’anéantissement prend effet au jour de l’avènement de l’évènement. Il n’y a donc
pas restitution mutuelle de ce qui a été donné.