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Texte 

:
 
On lui a mis une petite robe qui lui va bien.
Je l'ai prise, je l'ai enlevée dans mes bras, je l'ai assise sur mes genoux, je l'ai baisée sur ses cheveux.
Pourquoi pas avec sa mère ? - Sa mère est malade, sa grand mère aussi. C'est bien.
Elle me regardait d'un air étonné ; caressée, embrassée, dévorée de baisers et se laissant faire mais jetant de temps
en temps un coup d'œil inquiet sur sa bonne, qui pleurait dans le coin. (…)
Hélas ! n'aimer ardemment qu'un seul être au monde, l'aimer avec tout son amour, et l'avoir devant soi, qui
vous voit et vous regarde, vous parle et vous répond, et ne vous connaît pas ! Ne vouloir de consolation que de lui,
et qu'il soit le seul qui ne sache pas qu'il vous en faut parce que vous allez mourir !
- Marie, ai-je repris, as-tu un papa ?
- Oui, monsieur, a dit l'enfant.
- Eh bien, où est-il ?
Elle a levé ses grands yeux étonnés.
- Ah ! vous ne savez donc pas ? il est mort.
Puis elle a crié ; j'avais failli la laisser tomber.
-Mort ! disais-je. Marie, sais-tu ce que c'est qu'être mort ?
- Oui, monsieur, a-t-elle répondu. Il est dans la terre et dans le ciel.
Elle a continué d'elle-même :
- Je prie le bon Dieu pour lui matin et soir sur les genoux de maman.
Je l'ai baisée au front.
- Marie, dis-moi ta prière.
- Je ne peux pas, monsieur. Une prière, cela ne se dit pas dans le jour Venez ce soir dans ma maison ; je la
dirai.
C'était assez de cela. Je l'ai interrompue.
- Marie, c'est moi qui suis ton papa.
- Ah ! m'a-t-elle dit.
J'ai ajouté :
- Veux-tu que je sois ton papa ? L'enfant s'est détournée.
- Non, mon papa était bien plus beau.
Je l'ai couverte de baisers et de larmes. Elle a cherché à se dégager de mes bras en criant :
- Vous me faites mal avec votre barbe.
Alors, je l'ai replacée sur mes genoux, en la couvant des yeux, et puis je l'ai questionnée.
- Marie, sais-tu lire ?
- Oui, a-t-elle répondu. Je sais bien lire. Maman me fait lire mes lettres.
-Voyons, lis un peu, lui ai-je dit en lui montrant un papier qu'elle tenait chiffonné dans une de ses petites
mains.
Elle a hoché sa jolie tête.
- Ah bien ! je ne sais lire que des fables.
- Essaie toujours. Voyons, lis.
Elle a déployé le papier, et s'est mise à épeler avec son doigt :
- A, R, an R, E, T, rêt, ARRET...
Je lui ai arraché cela des mains. C'est ma sentence de mort qu'elle me lisait. Sa bonne avait eu le papier pour un
sou. Il me coûtait plus cher, à moi.
   Il n'y a pas de paroles pour ce que j'éprouvais. Ma violence l'avait effrayée ; elle pleurait presque. Tout à coup
elle m'a dit :
- Rendez-moi donc mon papier, tiens ! c'est pour jouer Je l'ai remise à sa bonne.
- Emportez-la.
Et je suis retombé sur ma chaise, sombre, désert, désespéré. À présent ils devraient venir ; je ne tiens plus à rien ;
la dernière fibre de mon cœur est brisée.
   Je suis bon pour ce qu'ils vont faire.

 
        I.            COMPRÉHENSION : (10 points)
 
1.      En vous référant à l’œuvre dont le texte est extrait, recopiez et complétez le tableau suivant : (1 pt)

Prénom et nom de Genre de l’œuvre. Siècle. Une autre œuvre du


l’auteur. même auteur.
 2.      Situez le passage par rapport à l’œuvre dont il est extrait. (1 pt)
3.      Les informations suivantes sont-elles vraies ou fausses ? Justifiez chacune de vos réponses en citant
une phrase du texte : (2 pt)
a.      Marie est accompagnée par une autre personne.
b.      Marie veut bien que le narrateur soit son père.
c.       Marie lit au narrateur une lettre de sa mère.
d.      Le narrateur est satisfait de cette rencontre.
4.      Pourquoi Marie ne reconnait-elle plus son père ? (1 pt)
5.      Relevez deux mots appartenant au champ lexical de l’affection. (1 pt)
6.      « Elle a cherché à se dégager de mes bras en criant :
- Vous me faites mal … »
Transposez cette phrase au discours indirect, sachant que le narrateur rapporte ses propres paroles. (1 pt)
7.      « Elle me regardait d'un air étonné ; caressée, embrassée, dévorée de baisers et se laissant faire mais
jetant de temps en temps un coup d'œil inquiet sur sa bonne, qui pleurait dans le coin. » (0,5 pt)
La figure de style employée dans l’ensemble des éléments soulignés est une gradation. Est-elle
ascendante ou descendante ?
8.      Quel est le registre qui domine dans ce texte ? (0,5 pt)
9.      Dans ce texte, le condamné est presque exécuté par sa propre fille avant même de l’être par le
bourreau. Approuvez-vous l’analyse exprimée dans cette phrase ? Justifiez votre réponse. (1 pt)
10.  Peut-on considérer ce passage comme un réquisitoire contre la peine de mort ? Justifiez votre réponse.
(1 pt)
       II.            PRODUCTION ÉCRITE : (10 points)
Sujet :
En condamnant une personne à mort, la société condamne toute une famille au désespoir. Cela rend injuste
la peine capitale, selon Victor Hugo.
Dans un texte d’une vingtaine de lignes, vous exposerez votre point de vue en l’appuyant au moyen
d’arguments pertinents et d’exemples précis
TEXTE :
 
J’ai voulu regarder autour de moi. Gendarmes devant, gendarmes derrière ; puis de la foule, de la foule, et
de la foule ; une mer de têtes sur la place.
Un piquet de gendarmerie à cheval m’attendait à la porte de la grille du Palais.
L’officier a donné l’ordre. La charrette et son cortège se sont mis en mouvement, comme poussés en avant
par un hurlement de la populace.
On a franchi la grille. Au moment où la charrette a tourné vers le Pont-au- Change, la place a éclaté en
bruit, du pavé aux toits, et les ponts et les quais ont répondu à faire un tremblement de terre.
C’est là que le piquet qui attendait s’est rallié à l’escorte.
 – Chapeaux bas ! chapeaux bas ! criaient mille bouches ensemble. Comme pour le roi.
Alors j’ai ri horriblement aussi, moi, et j’ai dit au prêtre :
– Eux les chapeaux, moi la tête.
On allait au pas.
Le quai aux Fleurs embaumait ; c’est jour de marché. Les marchandes ont quitté leurs bouquets pour moi.
Vis-à-vis, un peu avant la tour carrée qui fait le coin du Palais, il y a des cabarets, dont les entresols étaient
pleins de spectateurs heureux de leurs belles places, surtout des femmes. La journée doit être bonne pour les
cabaretiers.
On louait des tables, des chaises, des échafaudages, des charrettes. Tout pliait de spectateurs. Des
marchands de sang humain criaient à tue-tête :
– Qui veut des places ?
Une rage m’a pris contre ce peuple. J’ai eu envie de leur crier :
– Qui veut la mienne ?
Cependant la charrette avançait. À chaque pas qu’elle faisait, la foule se démolissait derrière elle, et je la
voyais de mes yeux égarés qui s’allait reformer plus loin sur d’autres points de mon passage.
 
                          I.            ÉTUDE DE TEXTE : (10 points) :
 
Lisez attentivement le texte et répondez aux questions suivantes :
 
1)      a) De quelle œuvre ce texte est-il extrait ?
b) À quel genre appartient-elle ?
c) Qui en est l'auteur ?
d) À quel siècle a-t-il vécu ? (0,25 pt x 4)
2)      Pour situer le texte dans l'œuvre, répondez aux questions suivantes :
a) À quel lieu le personnage principal est-il conduit ?
b) Qu'est-ce qu'il attendait du Roi ? (0,50 pt x 2)
3)      a) Qui attendait le narrateur à la porte de la grille du Palais ?
b) Quel ordre l'officier a-t-il donné ?
4)      La foule louait des tables, des chaises, des échafaudages, des charrettes.
Pour quelle raison selon vous ? (1 pt)
5)      Qui sont les « marchands de sang humain » dont parle le texte ? (1 pt)
6)      À quoi renvoient les pronoms soulignés dans le texte ?
7)      « une mer de têtes sur la place. »
La figure de style employée dans cet énoncé est :
- une hyperbole ; - une antithèse ; - une comparaison.
Recopiez la bonne réponse.
        8)      Relevez dans le texte quatre mots ou expressions relevant du champ lexical du « bruit ». (0,25 pt x 4)
9)      Approuvez-vous l'attitude de la foule telle qu'elle est décrite dans le texte ? Justifiez votre réponse. (1
pt)
10)  Le narrateur dit « une rage (une colère) m'a pris contre ce peuple. »
Selon vous, le narrateur a-t-il raison d'éprouver ce sentiment ? Justifiez votre réponse. (1 pt)
 
                        II.            PRODUCTION ÉCRITE : (10 points)
 Sujet :
On remarque dans notre société que certaines personnes profitent matériellement des malheurs et des
problèmes des autres au lieu de les aider et d'être solidaires avec eux. Que pensez-vous de ce
comportement ?
Développez votre point de vue sur le sujet en vous appuyant sur des arguments précis et sur des
exemples tirés de votre expérience et de vos lectures.
Texte 1 :
Je n'étais ni heureux ni malheureux. J'étais un enfant seul. Cela, je le savais. Point farouche de
nature, j'ébauchai1 de timides amitiés avec les bambins de l'école coranique, mais leur durée fut brève. Nous
habitions des univers différents. J'avais un penchant pour le rêve. Le monde me paraissait un domaine fabuleux2,
une féerie3 grandiose où les sorcières entretenaient un commerce familier avec les puissances invisibles. Je désirais
que l'invisible m'admît à participer à ses mystères. Mes petits camarades de l'école se contentaient du visible,
surtout quand ce visible se concrétisait en sucreries d'un bleu céleste ou d'un rose du soleil couchant. Ils aimaient à
grignoter, sucer, mordre à pleines dents. Ils aimaient aussi à jouer la bataille, se prendre à la gorge avec des airs
d'assassins, pour imiter4 la voix de leur père, d'insulter pour imiter les voisins, commander pour imiter le maître
d'école.
Moi je ne voulais rien imiter, je voulais connaître.
 

1-ébaucher : commencer. 3-féerie : un monde de fées.


2-fabuleux : extraordinaire, merveilleux. 4-imiter : chercher à produire ce qu’un autre fait.
-Prendre pour modèle, faire comme.
 
Texte 2 :
XVII
Oh ! si je m'évadais, comme je courrais à travers champs !
Non, il ne faudrait pas courir. Cela fait regarder et soupçonner. Au contraire, marcher lentement, tête levée, en
chantant. Tâcher d'avoir quelque vieux sarrau1 bleu à dessins rouges. Cela déguise2 bien. Tous les maraîchers3 des
environs en portent.
Je sais auprès d'Arcueil un fourré d'arbres à côté d'un marais, où, étant au collège, je venais avec mes
camarades pêcher des grenouilles tous les jeudis. C'est là que je me cacherais jusqu'au soir.
La nuit tombée, je reprendrais ma course. J'irais à Vincennes. Non, la rivière m'empêcherait. J'irais à Arpajon. -
II aurait mieux valu prendre du côté de
Saint-Germain, et aller au Havre, et m'embarquer pour l'Angleterre. -N'importe! j'arrive à Longjumeau. Un
gendarme passe; il me demande mon passeport... Je suis perdu !
Ah ! malheureux rêveur, brise donc d'abord le mur épais de trois pieds qui t'emprisonne ! La mort ! la mort!
Quand je pense que je suis venu tout enfant, ici, à Bicêtre, voir le grand puits et les fous !
 

1-Sarrau : sorte de grande blouse. 2-Déguiser : cacher sous des apparences


3-maraîcher : personne qui cultive les légumes. trompeuses.
-Se déguiser : s’habiller de manière à ne pas être
reconnu.
 
Lisez attentivement les deux textes et répondez aux questions suivantes :
                    I.            ÉTUDE DE TEXTE, 10 points :
1)      Recopiez et complétez le tableau suivant : (1,5 pt)

Nom de l’auteur Titre de l’œuvre Genre de l’œuvre

Texte 1

Texte 2
 
  
2)      Le pronom « je », dans les deux textes, renvoie à deux personnes différentes.
Lesquelles ? (0,5 pt)
 

Relisez le texte 1 et répondez aux questions suivantes :


 
3)      Relevez dans le texte deux indices qui distinguent le narrateur des autres garçons. (1 pt)
4)      Le narrateur rejette les jeux des autres car :
a)      Il n’aime pas jouer.
b)     Il préfère rester avec sa famille.
c)      Il a son monde imaginaire.
Recopiez la bonne réponse. (1 pt)
5)      « Moi je ne voulais rien imiter, je voulais connaître ».
Dans cette phrase, le verbe « connaitre » a-t-il pour sens :
a)      Faire connaissance ?
b)     Inventer ?
c)      Savoir ?
Recopiez la bonne réponse. (1 pt)
 

Relisez le texte 2 et répondez aux questions suivantes :


 
6)      À quoi rêve le narrateur ? (1 pt)
7)      Va-t-il accomplir son rêve ? Quel risque court-il ? (1 pt)
8)      a) Le narrateur évoque deux souvenirs d’enfance. Lesquels ?
b)     Pourquoi évoque-t-il ces souvenirs ? (1 pt)
 

Texte 1 et 2
 
                         9)      Les deux narrateurs (dans les deux textes) ont un point commun. Lequel ? (1 pt)
10)  Approuvez-vous le comportement du narrateur du texte 1 avec les autres enfants de son âge ?
Justifiez votre réponse par unargument. (1 pt)
 
                  II.            PRODUCTION ÉCRITE, 10 points :
 
Sujet :
Certaines personnes aiment rester seules ; d’autres, au contraire, aiment avoir de la compagnie (des
ami(e)s…)
Et vous, que préférez-vous ?
Rédigez un texte dans lequel vous développez votre avis à l’aide d’arguments précis.
 
Dans votre écrit, vous devez :
Respecter la consigne : traiter le sujet proposé. (1 pt)
Organiser votre texte : introduction, développement et conclusion. (2 pts)
Choisir des arguments précis. (2 pts)
Faire attention à la correction de la langue : vocabulaire précis, orthographe et conjugaison
correctes, ponctuation… (5 pts)
Texte :
Je viens de faire mon testament.
À quoi bon ? Je suis condamné aux frais, et tout ce que j'ai y suffira à peine. La guillotine, c'est fort cher.
Je laisse une mère, je laisse une femme, je laisse un enfant.
Une petite fille de trois ans, douce, rose, frêle, avec de grands yeux noirs et de longs cheveux châtains.
Elle avait deux ans et un mois quand je l'ai vue pour la dernière fois.
Ainsi, après ma mort, trois femmes, sans fils, sans mari, sans père; trois orphelines de différente espèce; trois
veuves du fait de la loi.
J'admets que je sois justement puni; ces innocentes, qu'ont-elles fait ? N'importe; on les déshonore, on les ruine.
C'est la justice. Ce n'est pas que ma pauvre vieille mère m'inquiète; elle a soixante quatre ans, elle mourra du coup.
Ou si elle va quelques jours encore, pourvu que jusqu'au dernier moment elle ait un peu de cendre chaude dans sa
chaufferette, elle ne dira rien.
Ma femme ne m'inquiète pas non plus; elle est déjà d'une mauvaise santé et d'un esprit faible. Elle mourra aussi.
À moins qu'elle ne devienne folle. On dit que cela fait vivre; mais du moins, l'intelligence ne souffre pas; elle
dort, elle est comme morte.
Mais ma fille, mon enfant, ma pauvre petite Marie, qui rit, qui joue, qui chante à cette heure et ne pense à rien,
c'est celle-là qui me fait mal !
 
        I.            Compréhension : (10 points)
1)      Recopiez et complétez le tableau suivant : (0,5 x 3)

Titre de l'œuvre Auteur Personnage principal

 
2)      Dans ce passage, le narrateur se trouve :
a)      au tribunal
b)     à Bicêtre
c)      à la Conciergerie
d)     à l’Hôtel de ville
Recopiez la bonne réponse. (0,5 pt)
 
3)      Pourquoi le narrateur a-t-il fait un testament ? (0,5 pt)
À qui ce testament est-il destiné ? (0,5 pt)
 
4)      Répondez par « Vrai » ou « faux »
a)      La loi oblige le condamné à payer les frais de la guillotine. (0,5 pt)
b)     La femme du narrateur est malade physiquement et mentalement. (0,5 pt)
 
5)      Relevez dans le texte deux arguments contre la peine de mort. (0,5 x 2)
 
6)      Le narrateur évoque sa fille :
a)      avec joie
b)     avec indifférence
c)      avec tendresse
Recopiez la bonne réponse. Justifiez-la. (0,5 x 2)
 
7)      Relevez dans le texte deux mots appartenant au champ lexical de la mort. (0,5 x 2)
 
8)      La tonalité de ce texte est :
a)      comique
b)     pathétique
c)      tragique
Recopiez la bonne réponse. Justifiez-la. (0,5 x 2)
 
9)      Quel sentiment éprouvez-vous pour le narrateur dans ce passage ? (1 pt)
 
10)  Pensez-vous, comme le narrateur, que la justice punit aussi bien le condamné que sa famille ? Justifiez
votre réponse. (1 pt)
 
      II.            Production écrite : (10 points)
 
«Les jeunes d'aujourd'hui manquent de respect aux adultes et pensent avoir toujours raison. »
Partagez-vous cette opinion ?
Développez votre point de vue en le justifiant à l’aide des arguments.
Texte :
 
XLIII
Elle est fraîche, elle est rose, elle a de grands yeux, elle est belle !
On lui a mis une petite robe qui lui va bien.
Je l'ai prise, je l'ai enlevée dans mes bras, je l'ai assise sur mes genoux, je l'ai baisée sur ses cheveux.
Pourquoi pas avec sa mère ? - Sa mère est malade, sa grand-mère aussi. C'est bien.
Elle me regardait d'un air étonné; caressée, embrassée, dévorée de baisers et se laissant faire mais jetant de
temps en temps un coup d'œil inquiet sur sa bonne, qui pleurait dans le coin.
Enfin j'ai pu parler.
- Marie! Ai-je dit, ma petite Marie !
Je la serrais violemment contre ma poitrine enflée de sanglots. Elle a poussé un petit cri.
- Oh ! Vous me faites du mal, monsieur m'a-t-elle dit.
Monsieur ! Il y a bientôt un an qu'elle ne m'a vu, la pauvre enfant. Elle m a oublié, visage, parole, accent; et
puis, qui me reconnaîtrait avec cette barbe, ces habits et cette pâleur ? Quoi ! Déjà effacé de cette mémoire, la
seule où j'eusse voulu vivre ! Quoi ! Déjà plus père ! Être condamné à ne plus entendre ce mot, ce mot de la langue
des enfants, si doux qu'il ne peut rester dans celle des hommes : papa !
Et pourtant l'entendre de cette bouche, encore une fois, une seule fois, voilà tout ce que j'eusse demandé pour
les quarante ans de vie qu'on me prend.
- Écoute, Marie, lui ai-je dit en joignant ses deux petites mains dans les miennes, est-ce que tu ne me connais
point ?
Elle m'a regardé avec ses beaux yeux, et a répondu :
- Ah bien non !
- Regarde bien, ai-je répété. Comment, tu ne sais pas qui je suis ?
- Si, a-t-elle dit. Un monsieur.
 
A.     Étude de texte : (10 pts)
Lisez le texte et répondez aux questions suivantes :
1)      Recopiez et complétez le tableau suivant : (0,25 x 4) 1 pt
 
Titre de l'œuvre étudiée Nom et Prénom de l'auteur Genre de roman
 
2)      Pour situer ce texte dans l'œuvre, dites si les affirmations suivantes sont vraies ou fausses.
a)      Le personnage qui parle se trouve chez-lui.
b)     II décide d'écrire un journal.
c)      Le personnage qui parle a tué quelqu'un.
d)     Les juges trouvent que le personnage est innocent. (0,25 x 4) 1 pt
3)      Relevez dans le texte deux termes relatifs au vocabulaire des sentiments. 1 pt
4)      Le ton de ce texte est-il pathétique ou ironique ? 1 pt
5)      Qu'a fait la petite fille en rencontrant son père ? 1 pt
6)       a) Comment s'appelle cette petite fille ?
b) Relevez dans le texte une phrase qui décrit la petite fille. (0,5 x 2) 1 pt
 
7)      « Et pourtant l'entendre de cette bouche, encore une fois, une seule fois,... » 1 pt
La figure de style soulignée dans cet énoncé est :
a)      une métaphore
b)     une répétition
c)      une comparaison.
Recopiez la bonne réponse.
8)      « On lui a mis une petite robe ».
«...mais jetant de temps en temps un coup d'œil inquiet sur sa bonne, qui pleurait dans le coin »
- À qui renvoient les pronoms lui et qui dans le texte ? (0,5 x 2) 1 pt
9)       a) Le condamné est-il heureux après cette rencontre avec sa fille ?
b) Justifiez votre réponse. : (0, 5 x 2) 1 pt
10)  « La petite fille ne reconnaît pas son père qui l'aime tellement ».
a)      Quel sentiment éprouvez-vous à l'égard du père ?
b)     Justifiez votre réponse. (0,5 x 2) 1 pt
 
B.      Production écrite : (10 pts)
Sujet : « On dit que les parents doivent laisser plus de liberté à leurs enfants. Ainsi, ces enfants pourront faire tout
ce qu'ils veulent.» Partagez-vous ce point de vue ?
Développez votre réflexion en vous appuyant sur des arguments et des exemples précis.
 
Lors de la correction, on tiendra compte des indications contenues dans le tableau suivant :
Critères d'évaluation Pourcentage alloué Barème de notation
-Conformité de la production à la consigne d'écriture. 25°/° 5 points
2 pts
-Cohérence de l'argumentation. 1 pt
-Structure du texte (organisation et progression du
texte). 1 + 1 pts
-Critères d'évaluation de la langue. 25°/° 5 points
-Vocabulaire (usage de termes précis et variés).
-Syntaxe (construction de phrases correctes).
-Ponctuation (usage d'une ponctuation adéquate).
-Orthographe d'usage et orthographe d'accord.
-Conjugaison (emploi des temps)
Texte :

Je compris tout à coup clairement ce que je n'avais fait qu'entrevoir confusément jusqu'alors, que le
moment décisif était venu, et que j'étais là pour entendre ma sentence.
L'explique qui pourra, de la manière dont cette idée me vint elle ne me causa pas de terreur. Les
fenêtres étaient ouvertes ; l'air et le bruit de la ville arrivaient librement du dehors ; la salle était claire comme
pour une noce ; les gais rayons du soleil traçaient ça et là la figure lumineuse des croisées tantôt allongée sur le
plancher, tantôt développée sur les tables, tantôt brisée à l'angle des murs, et de ces losanges éclatants aux
fenêtres chaque rayon découpait dans l'air un grand prisme de poussière d'or.
Les juges, au fond de la salle, avaient l'air satisfait, probablement de la joie d'avoir bientôt fini. Le
visage du président, doucement éclairé par le reflet d'une vitre, avait quelque chose de calme et de bon, et un
jeune assesseur causait presque gaiement en chiffonnant son rabat avec une jolie dame en chapeau rose, placée
par faveur derrière lui.
Les jurés seuls paraissaient blêmes et abattus, mais c'était apparemment de fatigue d'avoir veillé toute
la nuit. Quelques-uns bâillaient. Rien, dans leur contenance, n'annonçait des hommes qui viennent de porter
une sentence de mort, et sur les figures de ces bons bourgeois je ne devinais qu'une grande envie de dormir.
(…)
Cependant mon avocat arriva. On l'attendait. Il venait de déjeuner copieusement et de bon appétit.
Parvenu à sa place, il se pencha vers moi avec un sourire.
- J'espère, me dit-il.
- N'est-ce pas ? répondis-je, léger et souriant aussi.
-Oui, reprit-il ; je ne sais rien encore de leur déclaration, mais ils auront sans doute écarté la préméditation, et
alors ce ne sera que les travaux forcés à perpétuité.
- Que dites-vous là, monsieur ? répliquai-je, indigné ; plutôt cent fois la mort !
Oui, la mort ! - Et d'ailleurs, me répétait je ne sais quelle voix intérieure, qu'est-ce que je risque à dire
cela ? A-t-on jamais prononcé sentence de mort autrement qu'à minuit, aux flambeaux, dans une salle sombre
et noire, et par une froide nuit de pluie et d'hiver ? Mais au mois d'août, à huit heures du matin, un si beau jour,
ces bons jurés, c'est impossible ! Et mes yeux revenaient se fixer sur la jolie fleur jaune au soleil.
Tout à coup le président, qui n'attendait que l'avocat, m'invita à me lever. La troupe porta les armes ;
comme par un mouvement électrique, toute l'assemblée fut debout au même instant. Une figure insignifiante et
nulle, placée à une table au-dessous du tribunal, c'était, je pense, le greffier prit la parole, et lut le verdict que
les jurés avaient prononcé en mon absence. Une sueur froide sortit de tous mes membres ; je m'appuyai au mur
pour ne pas tomber.
- Avocat, avez-vous quelque chose à dire sur l'application de la peine ? demanda le président.
J'aurais eu, moi, tout à dire, mais rien ne me vint.
Ma langue resta collée à mon palais.
Le défenseur se leva.
Je compris qu'il cherchait à atténuer la déclaration du jury, et à mettre dessous, au lieu de la peine
qu'elle provoquait, l'autre peine, celle que j'avais été si blessé de lui voir espérer.
 
QUESTIONS
                         I.            ETUDE DE TEXTE (10 pts)
Relisez le texte et répondez aux questions suivantes :
1)      Victor HUGO est un grand écrivain français. Quand et où est-il né ? (0,25 pt x 2)
- Citez une de ses œuvres autre que « Le Dernier Jour d'un Condamné ». (0,5 pt).
- Quand et où est-il mort ? (0,25 pt x 2)
Pour répondre, vous pouvez choisir parmi les informations suivantes : 1750, 1802, 1860, 1885, à
Paris, à Bordeaux, à Besançon, « Notre-Dame de Paris », « Le Cid »
2)       Au début du texte,
a) Le narrateur avait-il peur d’entendre sa sentence ?
b) Justifiez votre réponse.
3)       D'après votre lecture de l'œuvre, quel crime le narrateur a-t-il commis ?
4)       Quand se passent les événements du texte ?
5)       a) Relevez quatre termes appartenant au champ lexical de la nature dans le passage allant du
début du texte jusqu'à « … une grande envie de dormir. »
b) À quel thème ce champ lexical peut-il alors être associé ?
6)       a) Relevez une comparaison employée dans le passage allant du début du texte jusqu'à « ...
cependant mon avocat arriva. »
b) Quelle idée cette comparaison met-elle en valeur ?
7)       D'après votre lecture de l'œuvre, quelle sentence est prononcée ?
8)       a) Donnez deux sentiments éprouvés par le narrateur dans le texte.
b) Qu'est-ce qui est à l'origine de chacun d'eux ?
9)       a) Complétez le tableau suivant après l'avoir recopié :

Les personnages Ce qui les caractérise


Les juges
Le président
Les jurés
b) Pourquoi le narrateur les décrit-il ainsi ?
10)   Que pensez-vous de l’attitude de l'avocat dans le texte ?
 
                       II.            PRODUCTION ÉCRITE (10 pts).
« Inondé d'air et de soleil, il me fut impossible de penser à autre chose qu'à la liberté. »
Cette idée du prisonnier vous semble-t-elle acceptable, réalisable ?
Rédigez un texte dans lequel vous exprimerez votre opinion sur la possibilité de faire bénéficier un
criminel de liberté.
 
NB : Lors de la correction de la production écrite, il sera tenu compte des éléments suivants :
Présentation de la copie : 2 pts
Respect de la consigne : 3 pts
Cohérence textuelle : 2 pts
Correction de la langue : 3 pts

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