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1er mars - C'est la journée mondiale du

compliment!
Ce premier mars, c'est la Journée mondiale du compliment, une journée créée aux Pays-Bas en 2003.
On part d'un principe simple: l'être humain a besoin de reconnaissance pour se sentir mieux.

Admettons-le: nous avons tous, au fond, besoin de ces petits mots qui nous réchauffent le cœur aussi
sûrement qu’un baba au rhum après une morne journée de travail.

Du latin, de l'espagnol ou de l'italien?


En vérité le mot compliment n'est pas passé directement du latin au français. Au départ, il y a bien en effet le
latin “complere”, signifiant en gros remplir, être abondant, qui donna le verbe complir en ancien français,
achever, avec l'idée d'être complet, et qui aboutira au verbe accomplir. Mais en fait c'est de l'italien, venu lui-
même de l'espagnol que nous viendra le mot “compliment”. Le latin complere aboutissait en effet à l'espagnol
“cumplimiento” attesté depuis le XIIIe siècle en tant qu'abondance, et ce mot espagnol cumplimiento passait
en italien sous la forme complimento d'abord emprunté tel quel et attesté en français en 1566.

Les courtisans disaient alors qu'ils faisaient leur «complimento» à tel ou tel, c’est-à-dire une visite de
courtoisie à un personnage officiel. En 1604, le mot était francisé et devenait compliment, de même sens,
«visite de courtoisie», pour enfin aussi devenir en 1608 quelques «paroles élogieuses adressées à quelqu'un».
Aux dictionnaires de la fin du XVIIe siècle de nous en donner alors la définition, pas très élogieuse cependant,
ce qui est un comble.

Les Courtisans n’économisaient pas sur compliments. Ils payaient volontiers en complimenta, c’est-à-dire sans
grande sincérité, ce qui tuait un vrai compliment.

Voici quelques compliments désuets (démodés) :

● Tu es aussi belle qu’une ondine


Gageons que la femme à qui vous adresserez ces mots ne vous claquera pas la porte au nez, pensant
que vous la confondez avec une autre. Ce serait un comble! «Génie des eaux», «nymphe aux
belles tresses blondes»,«naïade»... Les métaphores qui filent ce joli mot sont pour le moins
flatteuses.
L’ondine, dont le nom est emprunté à «l’onde», est une ravissante jeune femme dans la mythologie
germanique et scandinave. Parfois appelée «nixe», elle éblouit par sa longue chevelure blonde,
qu’elle peigne soigneusement, assise au bord d’une fontaine. On raconte que ses larmes seraient la
source d’eau des puits et des fontaines. Ne fuyez donc pas si l’on vous appelle ainsi!

● Tu m’éclaires telle une lumière coruscante


Du latin coruscans, lui-même emprunté au verbe coruscare, il signifie «briller, étinceler, faire
des éclairs». Si l’on vous qualifie ainsi, sachez que vous irradiez de mille feux, tel ce bûcher ardent
qui ne se consume pas. On désire vous faire comprendre que vous n’êtes rien de moins qu’une
personne «brillante, éclatante» . Quelqu’un, en somme, dont on ne saurait se passer pour sublimer
un morne quotidien.
● Tu es un véritable amphitryon
Emprunté au nom d’un Roi de Mycènes et de Thèbes, ce mot aux saveurs d’encens nous vient de
la langue d’Aristote. L’amphitryon était alors un «chef thébain, le père mortel d’Héraclès».
Rappelons que ce dernier «fut le seul héros honoré dans l’ensemble du monde grec, et le seul
humain à se voir accorder l’immortalité parmi les dieux

Le mot est peu à peu employé de «manière proverbiale, pour exprimer celui qui donne à
manger ou qui paye pour plusieurs une certaine dépense.» Ainsi que le souligne le
thésaurus, c’est Molière «qui, sans y penser, a été l’auteur de ce mot». Dans sa pièce
éponyme, il «fait dire à Sosie que le véritable Amphitryon (des deux intervenant dans la
pièce) est celui chez qui l’on dîne».
Un amphitryon, devenu nom commun, est depuis l’hôte qui reçoit, généreusement et à ses frais,
ses convives.

● Tu es pour moi un phylactère


Le compliment est aussi savoureux à entendre qu’à dire. Né du grec ancien phulaktêrios, qui
signifie «amulette», et «garder, préserver» , le mot désignait dans l’Antiquité Greco-Romaine
une «un talisman que l’on portait sur soi» . Le «phylactère» est donc ce qui vous protège,
vous porte chance. Malheur à qui s’en sépare...

Les compliments les plus courants

● Tu es beau!

Du latin bellus «beau, gracieux, élégant», l'adjectif «beau» comprend non seulement une rare beauté, mais
sous-entend «une admiration en raison de qualités supérieures». Plus que l'apparence physique de la «belle
femme» ou du «bel homme», c'est de comportement, de moralité et de pureté de l'âme, dont il est question.
Attention alors à ne pas confondre l'adjectif avec son apparent synonyme «joli»!

La «jolie personne», est celle qui a de «l'agrément extérieur». Probablement dérivé de l'ancien scandinave
«jôl», nom d'une grande fête païenne du milieu de l'hiver, le mot «joli» désigne «un agrément ou un plaisir,
qui ne peut être que superficiel par son caractère gracieux et bien fait». Conclusion? La jolie femme se pare
pour être «agréable à regarder» quand la «belle femme» est naturellement admirable.

● Tu es craquant(e)!
Il est comme le doux son que font les tartines du matin sous nos dents! Craquant. Sachez pourtant qu'à l'origine le mot
était très loin d'être ragoûtant. Le mot «craquant», dérivé de l'onomatopée «crac», s'employait pour imiter «le cri du
faucon ayant des vers intestinaux».... Au XVIe siècle d'ailleurs, le verbe «craquer» signifiait «émettre un bruit sec et
répété en parlant d'un oiseau, avec son bec». De nos jours, l'adjectif «craquant» s'emploie pour qualifier «un bruit sec»,
mais également «un bruissement particulier de la soie».

Attention toutefois à ne pas qualifier votre amoureux, si tendre soit-il, de «craqueur». Vous en feriez alors «un menteur,
qui raconte des histoires»...
● Tu es génial!
Le compliment est sans commune mesure. Non seulement il rappelle à votre interlocuteur sa supériorité dans
votre cœur mais il affirme qu'il est un être divin! Emprunté au latin genius «démon tutélaire qui préside à la
conception, donc à la destinée d'un homme», le mot «génial» s'emploie pour définir le caractère de celui qui a
du «génie». C'est-à-dire un «être surnaturel, mythique, doué de pouvoirs magiques».
Pour rappeler le caractère «exceptionnel» de votre tendre, vous pourrez également lui lancer : «Tu es
extraordinaire». Du latin classique extraordinarius, le mot qualifie un individu «très doué». Une
personne aux capacités hors du commun, qui arrive naturellement au-dessus des autres hommes, «ordinaires».
Bref, le meilleur d'entre nous tous.

Attention aux faux compliments!

● Tu es adorable!

Ou tu es aimable? Les deux adjectifs en apparence sympathique peuvent s'avérer, selon les contextes, peu
courtois. Ainsi que le rappelle Jean-Loup Chiflet dans son livre Les nuances de la langue française ,
celui qui est aimable «est seulement agréable», quant à celui qui est «adorable», il est simplement «digne
d'être adoré».

Certes, la personne qui est «aimable» a de quoi plaire et attirer. Elle se distingue d'ailleurs par son «art de faire
plaisir», ainsi que le note le CNRTL, mais n'oublions pas que, dans le langage amoureux, «être aimable» c'est
«s'abandonner facilement», et n'avoir que «des qualités d'agrément». Rien de très charmant donc...

Concernant le mot «adorable», le mot fait débat chez les spécialistes de la langue française. Si le Trésor de la
langue française rejoint, par exemple, les préceptes de l'auteur Jean-Loup Chiflet concernant le mot
«adorable», il lui oppose toutefois une nuance. Selon le dictionnaire, «adorable» comprend en effet le
sentiment «d'admiration». Il peut s'employer pour décrire «l'aspect extérieur d'une personne et ses qualités
morales: bonne, tendre, douce, délicieuse et gentille».

● Tu es gentil!

L'usage populaire en a fait un adjectif péjoratif souvent synonyme de «niais, simple d'esprit». Rappelons-nous
pourtant que le mot, issu du latin gentilis, signifie «de bonne race, généreux, gracieux». À l'origine, «être
gentil», c'est en effet être «noble de naissance». Pas de quoi s'offusquer donc! Mais cet argument est-il
suffisant pour lancer en toute naïveté à nos amours qu'elles sont «gentilles»? Certes non!

Si l'adjectif caractérise l'apparence charmante et agréable d'un individu, il ne faut pas oublier qu'il s'utilise en
réalité pour faire état d'un sentiment «amical» et «cordial». Pas question donc de l'employer pour faire état de
votre amour. À moins que vous ne cherchiez à le briser... Vous voilà prévenus!

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