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Façon de parler du 05/03/2002

AUTOUR D’UN MOT

tragique
« Il faut tout prendre au sérieux, mais rien au tragique », disait avec beaucoup de
philosophie un homme d’Etat français et il signifiait là qu’il ne faut rien dramatiser et
qu’il y a toujours une solution. Mais certaines situations comme la guerre ou la faim
dans le monde sont des situations tragiques, terribles, émouvantes, c’est-à-dire
qu’elles inspirent une émotion intense en raison de leur caractère dramatique. Tout le
contraire de certaines personnes qui prennent un air ou un ton tragique pour dire
qu’elles ont mal à la tête. Dans certaines situations, lorsque les catastrophes
s’accumulent et que l’on ne voit aucune issue, on peut dire que la situation tourne au
tragique et qu’il y a des raisons de s’alarmer. Mais même si certains moments sont
des tragédies, les tragédies qui étaient des pièces lyriques ou dramatiques écrites
en vers dans la Grèce antique ont disparu avec leurs derniers poètes tragiques
comme Euripide, Sophocle ou Eschyle. Vision tragique ou au contraire vision
comique du monde, tout est, en fait, une question de point de vue.

DES MOTS D’AUJOURD’HUI

le restauroute ou restoroute
Né avec les premières autoroutes, dans les années 50, le mot est ce que l’on appelle
un mot-valise (un mot composé de plusieurs mots contractés) : restaurant et route. Il
désigne un restaurant au bord d’une grande route ou d’une autoroute et même si la
qualité de la nourriture y laisse à désirer, manger dans un restoroute a tout de même
un goût de vacances.

DES MOTS ET DES FAUTES

sou, soue, soûl, sous


« Un sou est un sou », dit un vieux dicton pour signifier qu’il faut économiser. Le sou
ou sol quelquefois était une monnaie de nickel (à l’origine d’or) qui valait au Moyen-
Age un vingtième de la livre. Rien à voir avec la soue (qui vient du latin médiéval «
sutis » ) et qui désigne l’étable à cochons. En parlant de cochons, si vous êtes soûl
(ou saoul) comme un cochon, comme une bourrique ou comme un âne, cela
signifiera que vous êtes très ivre, mais à l’origine le mot était synonyme de repu,
rassasié au point d’en être dégoûté. Si vous habitez au sous-sol, si vous êtes sous-
préfet ou sous-bibliothécaire, cela indiquera une position dans un immeuble ou une
position hiérarchique inférieure.

JEU DE MOTS

barde
Dans Astérix, il est souvent contesté en raison de sa voix, au féminin, c’est une
tranche de lard mais dans certaines situations, on peut dire que dans ce cas, ça va mal
pour vous. Quel est ce mot qui dans chaque cas s’écrit de la même façon ? Réponse :
le mot « barde » Dans Astérix, on empêche le barde Assurancetourix de chanter,
chez les peuples celtes, le barde était un poète qui célébrait les exploits des héros ;
au féminin, la barde est une mince tranche de gras avec laquelle on entoure les
viandes à rôtir mais c’était aussi une armure de fer qui protégeait le poitrail et la
croupe du cheval, pendant les combats. Si quelqu’un se met en colère, on peut dire
que ça barde pour vous et cela signifie (en langue familière) que la situation peut
devenir violente.

Façon de parler du 19/03/2002


 

AUTOUR D’UN MOT

grève
A l’origine, le mot désigne un terrain plat formé de sable et de graviers et situé soit
au bord de la mer, soit au bord d’un cours d’eau. Par extension, le mot désigne aussi
la plage, le rivage. La place de Grève à Paris était située sur les bords de la Seine,
c’était l’ancien nom de la place de l’Hôtel de Ville au XVIIè siècle. C’était là
qu’avaient lieu les embauches et les exécutions, faire grève signifiait donc se tenir
sur la place de Grève en attendant de l’ouvrage. Aujourd’hui, la grève c’est la
cessation volontaire du travail dans un but de revendication pour protester contre
des licenciements ou des conditions de travail. Les grévistes peuvent décider d’une
grève sur le tas c’est-à-dire en restant à leur poste de travail, s’ils restent inactifs tout
en étant présents, ils choisissent alors de faire une grève du zèle. L’origine du mot «
grava » a donné le verbe grever. Si vous grevez votre budget en raison de dépenses
excessives, cela signifie que vous l’alourdissez et dans ce cas, il serait peut-être temps
de faire des économies !

DES MOTS D’AUJOURD’HUI

mikado
Tout le monde connaît ce jeu japonais qui se joue avec des baguettes qu’il s’agit de
prendre sans les faire bouger. Le mikado est un mot qui naît au Japon au XIXè siècle ;
il est formé du préfixe « mi » et de « kado », « la porte » et plus spécialement « la
porte du palais impérial », puis par extension le palais et finalement « l’empereur,
la majesté impériale ».

DES MOTS ET DES FAUTES

soi, soie, soit


On peut choisir de vivre pour soi et dans ce cas, il ne faut pas être surpris d’être traité
d’égoïste ; le contraire serait de vivre pour autrui. Si vous n’êtes pas à l’aise, vous
pouvez choisir de rester sur votre quant à soi et si vous faites une psychanalyse,
vous choisirez d’explorer votre Soi, c’est-à-dire la partie profonde de votre
inconscient, par opposition à votre Moi qui en est la partie consciente. Mais la robe
de soie que vous offrirez à votre femme ou votre fiancée sera un sujet un peu plus
frivole. Vous la choisirez alors soit jaune, soit noire et vous choisirez de l’inviter à
cette occasion soit au théâtre, soit au cinéma à moins qu’il ne soit trop tard pour sortir
(subjonctif du verbe être).

JEU DE MOTS

grenade
Rouge et charnu, on m’apprécie comme fruit, mais gris et rond, je suis un projectile
redoutable qui explose au moindre choc. Mais je suis aussi une ville espagnole. Qui
suis-je ? Réponse : La Grenade Le fruit du grenadier, fruit rouge avec lequel se
fabrique le sirop de grenadine et la grenade qui explose (grenade explosive), fait de
la fumée (grenade fumigène) ou fait pleurer (grenade lacrymogène). La ville de
Grenade enfin en Espagne.

ABOLITION   31/01/2006
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Le président de la République s’est exprimé sur le choix d’une date pour


commémorer l’abolition de l’esclavage. Ce mot d’abolition est intéressant, peu
courant. Le mot bien sûr correspond au verbe abolir, qui veut dire supprimer; mais
son sens est très fort… Et lorsqu’on l’emploie, ce qui est assez rare, c’est précisément
pour accentuer un mouvement très fort.
On s’en rend compte par exemple si l’on compare les verbes abolir et abroger… deux
mots qui sont au voisinage l’un de l’autre : trois syllabes, un « a » initial, un « o »
comme deuxième voyelle. Et pourtant, l’écho suscité par ces deux racines est bien
différent : Une abrogation est technique : il ne s’agit que de supprimer un texte.

Quand on abolit, on a l’impression qu’à la fois on supprime le texte et la chose.


L’abolition de l’esclavage consiste à neutraliser les textes de loi qui permettent
l’esclavage, à établir un nouveau texte qui met l’esclavage hors la loi (l’esclavage est
d’ailleurs en France considéré comme crime contre l’humanité)… Mais l’emploi du
mot va plus loin que ça. Comme s’il voulait balayer d’un revers de main les textes qui
régentent la pratique et la pratique elle-même…Eradiquer tout cela, faire que ce ne
soit plus jamais possible. Faire que ça n’ait jamais existé ? N’exagérons pas ! Il ne
s’agit pas d’une amnésie, de quelque chose qu’on devrait rayer des mémoires – la
commémoration qui est envisagé s’inscrit au contraire dans le cadre d’un « jour-
souvenir » – mais tout de même, ce mot a quelque chose de radical. Il ne s’applique
qu’aux pratiques qu’on trouve infamantes. Et il est même intéressant de voir à quels
moments de l’histoire il a été le plus utilisé. Trois moments clés : L’abolition des
privilèges, durant la grande révolution française, celle de l’esclavage dont on vient de
parler, et l’abolition de la peine de mort.

Mais sur ce mot d’abolition, on a formé le nom abolitionniste, qui lui appartient à
l’histoire, et qui a essentiellement désigné les partisans de l’abolition de l’esclavage.
On l’a adapté de l’anglo-américain, et il nous vient de la grande bataille pour
l’abolition de l’esclavage aux Etats-Unis, dans l’écho de la guerre civile, celle qu’on
appelle plus couramment en France, la guerre de Sécession.
 
Coproduction du Centre national de Documentation Pédagogique.
http://www.cndp.fr/

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