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GUIDE
CON ET INUTILE
POUR BRILLER
EN SOCIÉTÉ
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DU MÊME AUTEUR

Le Guide de l'Emmerdeur (avec Thierry Crosson), Editions


Filipacchi.
Le Guide de l'Emmerdeur au travail (avec Thierry Crosson), Editions
Filipacchi.
Le Guide de l'Emmerdeur en vacances (avec Thierry Crosson),
Editions Filipacchi.
50 millions de voleurs, Editions Filipacchi.
Le Guide de la parfaite salope, Editions Albin Michel.
Je fume, je bois et je vous emmerde, entretiens philosophiques avec le
professeur Choron, Editions Régine Deforges.
Viol, pillage, esclavagisme : Christophe Colomb cet incompris,
Editions Jacques Grancher.

A paraître :
Grégory aurait dû lire Archimède.
30 ans chez les trappistes.
Mon accident de poussette durant le tournage du Cuirassé Potemkine.
Das Kapital.
Mon Combat.
Grand inventaire du génie malgache.
Préservatifs et opéra classique : étude comparée,
préface de Pierre Bergé.
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J e a n - C h r i s t o p h e Florentin

GUIDE

CON E T INUTILE

P O U R BRILLER

E N SOCIÉTÉ

filipacchi
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© 1993 — ÉDITIONS FILIPACCHI — Société SONODIP


63, avenue des Champs-Élysées - 75008 Paris

Toute reproduction, même partielle, de cet ouvrage est interdite


sans l'autorisation préalable et écrite de l'éditeur.
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A Marc Syrigas,
sans qui ce chef-d'œuvre intemporel que les
générations ébahies, les yeux embués de larmes,
étudieront avec acharnement, bref,
merci mon gars, parce que si t'avais point existé,
eh ben ce bouquin, il aurait pas existé non plus.

« Alison, c'est ma copineu à moiiii ! ! »


Jordy, poète de la seconde moitié du xxe siècle.

« Quand le chat bout, le mérou pète. »


Pierre Desproges.
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INTRODUCTION

A une époque où le nivellement par le bas est devenu l'exclusif


mode d'administration des esprits, nous constatons que les librairies et
rayonnages de bibliothèques regorgent jusqu'à explosion d'ouvrages
ayant pour louable ambition d'élever, autant que faire se peut, les
esprits déjà bien atteints de nos contemporains. Et ce n'est pas la
construction de la « Très Grande Bibliothèque » qui nous contredira
sur ce point.
C'est pourquoi, face à cet insupportable paradoxe, il devient urgent
de proposer le premier ouvrage culturel réellement stupide, affirmant
avec véhémence sa crétinerie et la revendiquant comme un pur
produit. Son ambition : provoquer, outre moult éclats de rire et crises
d'hilarité, une saine et salutaire réaction, laquelle, par le truchement
du paradoxe ci-devant évoqué, pourrait favoriser une véritable
élévation spirituelle de nos semblables... Ambitieuse ambition.
Sous le règne absolu et quasi dictatorial de l'imbécillité multimé-
dias, il est temps de proposer le livre qui devrait être subventionné par
le ministère de la Culture. Voilà qui sera fait ( envoi de mon RIB sur
simple demande. Prévoir une enveloppe timbrée pour la réponse. Con
oui, crétin, non !).
Et ce, à un moment où la connerie est une valeur commercialement
très à la mode : Arthur « l'animateur le plus con » ouvrit la brèche
pour faire les belles après-midi d'Europe 1 et les belles soirées de TF1,
le reste de la télé propose de plus en plus de programmes qui vont en
ce sens, la musique rap martèle nos tympans et moi-même, je ne me
sens plus très bien...
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POUR BRILLER EN SOCIÉTÉ

Voici donc LE livre. Le premier ouvrage encyclopédique, drôle,


moderne, comique, sociologique, « hénaurme », réfléchi, complet,
provocateur, hilarant, pas foncièrement méchant, très drôle, saupou-
dré d'un petit zeste de misanthropie, désopilant et indispensable pour
savoir tout ce qu'il ne faut pas penser sur les grands thèmes qui
animent le quotidien. Le livre que tous les cons devront se procurer
et que les autres consulteront comme base de données sociologiques
pour mieux s'adresser aux cons et comprendre le reste de l'humanité.
Maintenant, je m'adresse à vous, lecteurs. Vous ne savez pas ce
qu'est un fist-fucking, vous croyez que la Silicon Valley est un plat
mexicain, et vous portez des pochettes assorties à vos mouchoirs.
Bref, tout le monde se fout de votre gueule dans les dîners en ville.
Afin de remédier à votre inculture crasse, voici donc le premier
guide de culture générale pour briller en société, qui vous apportera
succès, chance au jeu et amour retrouvé. Une fois ces chapitres
assimilés, vous serez indispensable à toute soirée réussie, et on
s'arrachera votre présence et vos conseils, partout où il faut être vu.

N.B. : Classés par ordre alphabétique, termes et expressions seront


illustrés par de petites icônes selon les thèmes auxquels ils se
rattachent :

1. Colossal marché potentiel en terme de ventes.


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SYMBOLES

CONSEILS
BEAUTÉ CB

PARLER BIEN
FRANÇAIS PBF

PERVERSIONS P

SEXOLOGIE SX
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SOCIOLOGIE SO

MAUVAISES
MANIÈRES M M

BONNES
MANIÈRES BM

ZOOLOGIE Z

V
VOCABULAIRE

HISTOIRES
DRÔLES H
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« L'Argent ne fait pas le bonheur des pauvres. »


Coluche.

ABATTAGE (PBF)
De même que les jeunes filles du triangle Neuilly-
Auteuil-Passy seraient bien contrites si elles savaient
que le terme « mec » qu'elles emploient fréquemment
n'est ni plus ni moins, en ancien français argotique,
qu'un synonyme de « mac » (maquereau), leurs
mamans seraient bien surprises de savoir que l'expres-
sion « avoir de l'abattage », dont elles usent à propos
de femmes de leur connaissance qui ont de la pres-
tance, du caractère et des chaussures de taille qua-
rante et un, n'est guère plus élégante que de dire de
ces mêmes femmes : « C'est des grandes cheminées,
ça doit bien tirer des grandes cheminées comme ça ».
Le terme « abattage » fait en effet référence aux
fameuses maisons d'abattage, dans lesquelles se
déployait une intense activité. L'intensité en question
semble avoir forcé l'admiration des esprits populaires,
au même titre que l'activité des femmes qui « ont de
l'abattage ». Il n'est toutefois pas toujours de bon ton
de rappeler en société l'étymologie de l'expression,
surtout devant des personnes qui ont peut-être connu
lesdites maisons d'abattage, et chez lesquelles la
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résurgence d'un souvenir trop vif risquerait de provo-


quer des lésions hypophyso-nostalgi(né)co-cardiaques
irréversibles.
ACCRO (PBF)
L'expression « être accroché » a donné par apo-
cope « être accro », qui signifie « ne plus pouvoir
se passer de ». Dans l'acception originale, on était
accro à l'héroïne, le terme étant né dans les années
70. Aujourd'hui, le vulgum pecus se dit accro aux
choses les plus banales. Le seul avantage de cet abus
de langage est de positionner tout de suite l'interlocu-
teur auquel on a affaire. Ainsi, le jeune bourgeois
dira qu'il est accro à sa BM, le new-age qu'il est accro
à ses séances de méditation, la fashion victim qu'elle
est accro à sa boutique Gaultier, l'intello torturé qu'il
est accro à son psychanalyste, etc. Attention, il ne
faut pas confondre « être accro » et « avoir les
crocs », qui veut dire « avoir faim », ou « être très
ambitieux ».
ADULESCENT (V)
Dans le seul but de ne pas passer pour un ringard
auprès des esprits conformistes, il convient de sacri-
fier à la mode et de connaître quelques termes du
jargon sociologique qui, après tout, pourront toujours
être réutilisés pour se faire respecter dans une assem-
blée de conformistes. Ainsi, depuis quelque temps, le
terme d'« adulescent » essaie timidement de s'impo-
ser, au gré d'articles de quelques plumitifs, qui
d'ailleurs sont assez peu lus. C'est donc le moment de
s'en emparer pour le ressortir en société, avec une
petite explication méprisante. L'adulescent est en
réalité un adolescent qui frôle l'âge limite, mais qui ne
veut surtout pas grandir, par peur des responsabilités
qu'entraîne l'age adulte : devoir payer ses factures,
s'acheter une Renault 21, ou monter sa propre
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banque d'affaires. Alors que pendant les années 70, le


but de tout jeune digne de ce nom était de partir de
chez ses parents (ou de fuguer, ce qui était encore
bien mieux), le but de l'« adulescent » est de rester le
plus longtemps possible chez papa et maman; on
remarquera à ce propos que l'âge moyen auquel les
enfants quittent le domicile parental s'allonge de plus
en plus, pour se situer aujourd'hui à vingt-cinq ans
environ.
Les adulescents sont donc une race de cloportes à
tendance parasitaire, qui n'est apparemment pas près
de disparaître. Il est donc bon de savoir les nommer,
et mieux encore de pouvoir les reconnaître. Ainsi, si
votre enfant a vingt ans passés, qu'il veut continuer
ses études, qu'il a les cheveux longs, fume des joints
et insiste pour que vous l'habilliez chez Chevignon, un
conseil : foutez-le dehors, c'est un adulescent. Et
donnez toutes ses affaires aux pauvres, ça lui fera les
pieds.
AFRICAINE (ROULETTE) (SO)
Vous connaissez déjà le principe de la roulette
russe : une seule balle dans le pistolet, on fait tourner
le barillet et on se tire sur la tempe. Tous les
survivants de ce jeu idiot ont l'impression d'être les
derniers héros, et à leurs yeux, celui qui n'a jamais
joué à la roulette russe n'est pas un homme. Si par
hasard, vous êtes confronté à des jobards de ce genre,
dites-leur que vous les enterrez tous, car vous, vous
avez joué à la roulette africaine lors d'un de vos
nombreux voyages dans l'une de nos anciennes colo-
nies. Mais qu'est-ce que la roulette africaine ? C'est
un jeu qui peut vous faire passer du meilleur au pire
en une fraction de seconde, c'est le grand frisson, la
sueur froide et la béatitude si on en réchappe.
Autrement dit, la roulette russe, comme on dit chez
Borgniol, c'est de la petite bière à côté.
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La roulette africaine consiste donc à baisser son


pantalon, tandis qu'une demi-douzaine de jeunes
africaines souriantes et callipyges se mettent à genoux
dans le but d'administrer une fellation au joueur. Le
joueur devra donc choisir l'une des six jeunes filles
pour lui confier son sexe. Un seul problème : sur les
six, il y en a une qui est cannibale.
Voilà bien un souvenir de voyage de nature à faire
pâlir d'envie les petits malins qui se vantent d'avoir
échappé à la roulette russe.
AGIT-PROP' (MM)
L'emploi du terme « agit-prop' » est fortement
conseillé si vous êtes invité chez des bourgeois. Les
oreilles des plus jeunes se tendront immanquable-
ment vers vous, pour savoir d'où vient cette expres-
sion mystérieuse employée discrètement et de façon
entendue par les derniers intellectuels de gauche,
tandis que les oreilles des plus vieux se recroqueville-
ront, dans un réflexe conditionné dû aux douloureux
souvenirs des années d'effervescence qui suscitèrent
tant de peurs avant que l'arrivée de la gauche au
pouvoir ne vienne rassurer leurs assises chancelantes.
L'« agit-prop' », en effet, est le nom de code
d'un outil subversif très utilisé dans les années 70 :
l'Agitation-Propagande. A l'époque, on allait à la
fac ou au boulot, et après on allait « faire un peu
d'agit-prop' » dans la rue, à la sortie d'une usine, dans
une réunion du Lions Club... Egalement connu sous
le terme « foutre le bordel », l'« agit-prop' » a long-
temps été l'ennemi numéro un de la police et des
parents d'élèves vertueux. Car il est bien connu que,
dès qu'on laisse le désordre s'installer, les esprits
faibles sont bien plus réceptifs à la propagande
collectiviste. Aujourd'hui, l'« agit-prop' » n'est plus
guère utilisée que par les militants d'Act Up, un
mouvement de lutte contre le sida composé essentiel-
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lement d'homosexuels qui en ont marre qu'on les


prenne pour des cons (si j'ose dire). Les têtes des
ministres quand ils suspendent une réunion électo-
rale, ou celles des prêtres quand ils interrompent une
messe, réjouissent les anciens combattants de 68.
« Agit-prop' » pas morte !
A LA QUEUE LEU LEU (V)
De tout temps, le Français a eu besoin de chansons
qui réconcilient les jeunes et les moins jeunes, les
raffinés et les moins raffinés, les provinciaux et les
moins provinciaux. Il y eut les chansons de Piaf, les
chansons de Trenet, puis « La danse des canards ».
Les années 90 nous auront gratifié d'une fantastique
bluette, au rythme simple mais à l'efficacité sans cesse
prouvée : « A la queue leu leu », de l'ineffable Bézu.
Ainsi, il est bon de vous y préparer, au cas où vous y
auriez échappé. Vous risquez en effet d'être pris par
surprise, un jour où vous serez l'hôte d'une soirée
chic, en voyant les autres invités taper dans leurs
mains et se tenir par les épaules en chantant « à, à, à
la queue leu leu, tout le monde se marre à la queue
leu leu, tout le monde s'éclate à la queue leu leu » (je
cite de mémoire). D'où vient cet air sensuel et
lancinant, vous demanderez-vous ? Eh bien, de l'ima-
gination fertile d'un des piliers de la culture fran-
çaise : le bon Guy Lux. Qui en a composé les lyrics
(ou paroles, mais lyrics, ça fait plus smart), et l'a
promotionné dans son émission « La Classe » (à
20 heures sur France 3). Résultat des courses : le
brave Bézu échappe à la cirrhose due au désespoir,
Guy Lux touche les droits Sacem, et Karl Lagerfeld
diffuse la chanson lors du final du défilé printemps-été
Chanel 93. (Accessoirement, Gabrielle Chanel fait
des bonds dans sa tombe et on regrette que les
vampires n'existent pas). Il est, à ce point, intéressant
de se souvenir que Lagerfeld avait viré Inès de la
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Fressange parce qu'elle avait prêté son buste à la


statue de Marianne, symbole selon le Kaiser Karl de
« la ringardise et de l'esprit franchouillard ». Il est
vrai que « à la queue leu leu », ce n'est pas pareil...
ALCOOLISME (SO)
Un alcoolique est une personne qui a développé
une tendance à boire un petit peu chaque jour, sans
forcément être malade et vomir sur son costume ; en
revanche, l'accoutumance est telle chez l'alcoolique
que la perspective de passer une seule journée sans
baigner dans les vapeurs d'alcool lui semble le pire
des supplices.
L'alcoolique anonyme est un alcoolique repenti, ou
du moins sur la voie du repentir. Il se réunit avec ses
camarades alcooliques anonymes, pendant que sa
femme est aux réunions Weight Watchers ou Tupper-
ware, afin de raconter ses malheurs entre un rot
parfum bière et un glaviot couleur vinasse.
L'alcoolique mondain, lui, ne fréquente pas les
alcooliques anonymes car il a horreur de l'anonymat.
Contrairement à ce que beaucoup pensent, l'alcooli-
que mondain ne se saoûle pas la gueule uniquement
dans les soirées branchées. Il boit également quand il
reçoit quelqu'un à l'heure du thé, quand il invite au
restaurant, quand ses enfants font leur communion,
quand il enterre sa femme... En fait, à chaque fois
qu'une occasion lui donne bonne conscience, ou lui
fournit une excuse valable pour se mettre casquette.
Si on fouille le passé de l'alcoolique mondain, on doit
certainement lui découvrir une éducation de type
jésuitique.
ALLOPATHIE (V)
Tout comme monsieur Jourdain (le Bourgeois
Gentilhomme, bande d'ignares) parlait en prose sans
le savoir, vous vous soignez certainement par l'allopa-
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thie sans le savoir. Qu'est-ce que l'allopathie ? Certai-


nement pas la maladie qui consiste à passer sa vie au
téléphone (ça, c'est la téléphonite aiguë, et ça se
soigne par la psychanalyse). Non, l'allopathie est tout
simplement l'appellation de la médecine dite tradi-
tionnelle, qui soigne avec des remèdes contraires à la
maladie. On oppose généralement l'allopathie à l'ho-
méopathie, et aux bains de siège de Rika Zaraï. Ce
n'est pas un mot bien compliqué à retenir, et le
balancer au détour d'une conversation à laquelle pren-
nent part des médecins distingués vous fera assuré-
ment passer pour un patient particulièrement cultivé.
AMICALEMENT VÔTRE (SO)
Série télé culte, au même titre que « Le Prison-
nier », ou « Chapeau melon et bottes de cuir »,
« Amicalement Vôtre » (en anglais « The Persua-
ders ») continue depuis vingt ans à faire les beaux
jours des télévisions commerciales. Afin de briller en
société, informez vos amis que si la série n'a connu
que vingt-quatre épisodes, ce n'est pas qu'elle n'a pas
marché : c'est qu'elle n'a pas marché suffisamment
pour la T. V. américaine, et que Roger Moore a signé
pour aller jouer les James Bond. Sachez aussi que le
grand Roger dessinait lui-même les costumes de Lord
Brett Sinclair, que le premier épisode a été écrit par
Brian Clemens (l'âme de « Chapeau melon... ») et
que John Barry, le compositeur de la musique, était le
premier mari de Jane Birkin, et le père de sa fille Kate.
Si après ça, les minettes en plein « revival seven-
ties » ne se roulent pas à vos pieds, c'est vraiment que
vous dégagez des odeurs corporelles.
AMNESTY INTERNATIONAL (H)
Amnesty International est une organisation indis-
pensable, qui permet de recenser chaque année les
actes de torture et les atteintes aux Droits de
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l'Homme. Il est très indélicat de rire au sujet


d'Amnesty International. L'année dernière, Amnesty
International a voulu symboliquement délivrer un
prix de la fraternité entre les peuples. Des témoins
ont donc été dépêchés aux quatre coins du globe,
pour repérer et récompenser les plus beaux actes de
fraternité.
Ainsi, deux hommes qui survolaient l'Afrique du
Sud ont vu, en passant au-dessus d'un lac, un hors-
bord qui tractait un Noir en train de faire du ski
nautique ; et dans le hors-bord : deux Blancs. Les
envoyés d'Amnesty ont donc attendu que le bateau
accoste pour aller féliciter ces derniers : « C'est
fantastique, dans le pays de l'apartheid, deux Blancs
qui se mettent au service de leur ami noir, etc. » Le
premier Blanc répond aux félicitations, quand son
ami le rejoint et demande ce qui se passe. Tout bas, le
premier chuchote au second : « Ecrase, leur dis pas
qu'on pêchait le crocodile au vif ! »
Mais non, c'était une blague.
ANTÉPÉNULTIÈME (PBF)
Vous le savez sans doute, on remarque les individus
brillants en société à la faculté qu'ils ont d'innocem-
ment employer des mots compliqués au détour d'une
conversation. Mais attention, on ne bâtit pas un
succès sans répondant ; il est parfaitement illusoire de
penser pouvoir conserver l'admiration des héritières
les plus magnifiques sans un fond de culture. Il est
donc absolument indispensable de connaître le sens
des mots compliqués qu'on emploie. Rassurez-vous,
la tâche n'est pas si ardue. Il suffit de passer quelques
heures par semaine dans le dictionnaire, de lister les
mots qui trahissent la culture, et de les apprendre par
cœur. Un bon truc : choisissez en priorité des mots
dont vous connaissez déjà la définition.
Par exemple, il est habile, devant une assemblée
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potentiellement suspendue à vos lèvres, de laisser


tomber : « Mouais, moi je n'aime pas trop le dernier
film de Max Pécas, j'ai préféré l'antépénultième ».
Tous les yeux de biche aux cils démesurés s'oriente-
ront en clignant vers vous, tandis que les cinéphiles
boutonneux vous demanderont : « Tu peux répéter,
j'ai pas bien compris la deuxième partie ? ». Que ne
savent-ils, les ignorants, qu'« antépénultième » veut
tout simplement dire « avant-avant-dernier ».
Quand vous leur aurez révélé la chose, en ajoutant
des excuses (humiliantes à leur égard) pour avoir
employé un mot compliqué, vous aurez marqué un
point décisif quant à votre intégration dans la meil-
leure société. Et vous n'aurez plus qu'à attendre les
cartons d'invitation qui ne manqueront pas de se
bousculer dans votre boîte à lettres. Merci le diction-
naire.
ANTHROPOMORPHISME (PBF)
L'anthropomorphisme est basiquement le fait de
penser que Dieu a créé les hommes à son image. Par
extension, c'est le fait de penser que tout ce qui nous
entoure est conçu à notre image et possède, pourquoi
pas, une âme. C'est ainsi que certains hommes parlent
à leur voiture en l'astiquant, plus souvent qu'à leur
femme. C'est ainsi que les écologistes chantent des
airs folkloriques à leurs plantes vertes et insultent
leurs aérosols. C'est ainsi que les adhérents du Front
national répondent à leurs chefs de section.
ANULINGUS (SX)

Mot composé, formé du radical « linctus », qui


signifie langue, et du préfixe « anus », qui signifie
trou du cul. Préliminaire « lubrificatoire » ayant pour
but de faire palpiter les sphincters les plus endormis,
on y arrive le plus souvent par accident. En effet, tout
comme il n'est pas rare de partir pour Venise et de
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trouver Vesoul, il est fréquent de partir au « cunnilin-


gus » et de se retrouver à « l'anulingus ».
A R B O R E R (PBF)
Il arrive qu'au cours d'un repas, l'excès de boisson
et de mets divins bien qu'un peu lourds, vous entraîne
à mal prononcer certains mots, ou à prendre un mot
pour un autre. Disons-le clairement : il est tout à fait
inadmissible de déformer la langue française lors-
qu'on s'est donné comme but de sortir de sa misérable
condition pour commencer à briller en société, gagner
beaucoup d'argent et coucher avec plein de femmes.
Même complètement bourré, il faut prendre les mots
pour ce qu'ils sont et demander humblement pardon
si jamais sa langue fourche sur une locution inhabi-
tuelle. (A propos, on dit : « Je vous prie de m'excu-
ser », et jamais : « Je m'excuse » qui n'est pas fran-
çais)
Un exemple : le vulgaire confond fréquemment,
même à jeun, les verbes « arborer » et « abhorrer »,
qui veulent à peu près dire le contraire l'un de l'autre.
On « arbore » en effet un vêtement, un signe distinc-
tif que l'on porte avec fierté ou de façon ostentatoire.
Et on « abhorre » quelque chose ou quelqu'un qu'on
déteste. L'un vient de l'italien « arborare » (= dresser
un mât), l'autre du latin « abhorrere » (= avoir en
horreur). Conseillez donc aux cuistres qui pour faire
bien emploient des mots qu'ils ne comprennent pas,
de retourner à l'école. Alors que vous, grâce à ce
manuel, vous employez pour faire bien des mots que
vous venez d'apprendre.
ARNAQUES (SO)
Si d'aventure, ou par erreur, vous êtes un jour
invité à dîner en même temps que des rustres qui ne
pensent qu'à gagner de l'argent sans ouvrir les yeux
sur les merveilles qui nous entourent, ne soyez pas en
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reste. A Maurice qui touche le RMI pour rire alors


qu'il est propriétaire d'immeubles, ou à Raymond qui
vient de mettre ses affaires au nom de sa maîtresse
pour ne pas verser de pension alimentaire à son ex-
femme et à ses sept gosses, répondez qu'ils ne sont
que des demi-sel. Et racontez une belle arnaque, en
vous l'appropriant si vous sentez de la crédulité chez
vos interlocuteurs. Narrez, par exemple, l'histoire
(absolument authentique) de ce pseudo-marchand
d'armes qui a vendu des tuyaux de poêle à Kadhafi en
les faisant passer pour des bazookas (avant de couler
des jours heureux en évitant les redoutables services
secrets du Lybien). Ironisez sur les escrocs à la petite
semaine, et racontez l'histoire de cet homme qui avait
ouvert un compte-société au nom de « Trésor Publi-
cité », et qui pillait les boîtes à lettres du Trésor
Public pour encaisser l'argent des impôts après avoir
rajouté « ité » sur l'ordre du chèque. Vous passerez
pour un expert ès arnaques en tous genres, et pourrez
ainsi repartir en compagnie de Josiane, la maîtresse
de Raymond, avec laquelle vous irez claquer tout le
fric qu'il vient de mettre à son nom.
ASSURER (PBF)
En langage jeune, assurer est le contraire de
craindre. Par exemple, Bernard Kouchner assure,
alors que Philippe de Villiers craint. Traduisez : l'un
est beau, populaire avec de grands idéaux, l'autre
parle comme une mauvaise imitation de Bourvil, est
soutenu par une bande de rétrogrades et emmerde
tout le monde.
L'emploi à tout-va du verbe « assurer » illustre une
fois de plus les abus qui gangrènent la belle langue
française d'aujourd'hui. En effet, on ne peut plus dire
que la jadis honorable corporation des assureurs
assure. Véritables collecteurs d'impôts pour l'Etat,
ces braves gens rechignent désormais au moindre
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tallé des cabines d'essayage en forme de vespasiennes


dans ses boutiques " Junior Gaultier " ? »

VIANDE FROIDE (PBF)


On ne sait ce que les hasards de l'existence nous
réservent. Aussi, pour parer à toute éventualité, voici
deux notions d'argot des croque-morts, au cas où vous
désireriez vous faire accepter à l'intérieur de cette
corporation très fermée qu'est la confédération des
pompes funèbres (on ne sait jamais). Tout d'abord,
sachez qu'une « viande froide » désigne, chez les
croque-morts et les fossoyeurs, un être humain
décédé. Ainsi, si vous voulez être bien vu, apostro-
phez vos croque-morts préférés avec un : « Salut, les
gars, alors, combien de viandes froides aujour-
d'hui? »
Apprenez d'autre part, que « Henri », chez les
croque-morts, est le sobriquet dévolu à Jésus-Christ,
le mec qui est mort sur la croix. Les croque-morts et
les fossoyeurs ont bien le droit de se permettre
quelque familiarité avec le fils du Tout-Puissant : ils
l'ont à longueur de journée sous les yeux, en photo,
en crucifix... Mais pourquoi l'appellent-ils Henri,
vous demanderez-vous ? Simplement parce que, au-
dessus de sa croix, Jésus porte la mention « INRI »,
autrement dit, « Jésus de Nazareth, Roi des Juifs ».
Voici donc encore un peu de culture générale, dont il
est toutefois, en ce cas précis, déconseillé de faire
étalage devant une famille catholique pratiquante.

VIBROMASSEUR (SX)
Le vibromasseur, également appelé godemichet, ou
sexe à piles, est le cadeau indispensable à faire à toute
célibataire endurcie. On en trouve à la page 398 du
catalogue des Trois Suisses (soi-disant pour détendre
les muscles faciaux, warf warf warf !). Il existe égale-
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ment toutes sortes de modèles spécialement étudiés


pour les connaisseurs (et seuses), du très réaliste, avec
les grosses veines bleues, au fantastique « godemichet
sandwich », modèle à deux têtes permettant instanta-
nément une double pénétration (créé d'après
l'expression : « Se faire prendre en sandwich »).

VIOLON D'INGRES (PBF)

Si comme ma concierge ou certains présentateurs


de radio, vous pensez qu'Ingres est une petite station
balnéaire du sud de la France réputée pour ses
violons, sachez une fois pour toutes que « violon
d'Ingres » est une expression toute faite composée
d'un nom commun : violon comme violon et Ingres
comme le peintre génialissime Jean Auguste Domini-
que de son prénom. En effet si J.-A.-D. pour les
intimes, achève à neuf ans son premier grand dessin à
l'antique, il devient à quinze ans second violon du
Capitole de Toulouse. Peinture, musique, musique,
peinture, le jeune Jean Auguste Dominique se tâta
longtemps et choisit finalement de consacrer son
immense talent à la peinture, et ne joua plus de son
violon que pour son plaisir (comprenez, le soir quand
les voisins dorment). Depuis, l'expression est restée
pour désigner une occupation où l'on excelle car il va
sans dire que Jean Auguste Dominique ne faisait
jamais rien à moitié. Alors, si vous aussi vous cultivez
en marge de votre activité principale quelque talent
comme le saut à la perche, le lancer de chèvre ou
l'aquarelle peinte avec les pieds, vous pouvez fière-
ment vous targuer de posséder un violon d'Ingres.
Vos amis cultivés comprendront que vous ne vous
ennuyez jamais et donc que vous ne risquez pas de
venir vous incruster chez eux sans prévenir. Et les
autres, les ignares, ceux dont on se demande ce que
vous pouvez bien leur trouver, vous considéreront
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comme un musicien, ce qui déclenche toujours un


effet bœuf, surtout auprès des femmes.
VISA (SO)
Le visa est le sésame indispensable pour pénétrer
dans un pays bien gardé comme, par exemple, la
France ou les Etats-Unis. Mais, alors que notre beau
pays rechigne à accepter sur son territoire autre chose
que des touristes pleins aux as, les Etats-Unis, eux,
continuent de faire baver les pauvres en leur laissant
miroiter un petit bout de rêve américain.
Savez-vous, en effet, que le département d'Etat
américain organise chaque année une loterie aux visas
permanents? Les candidats sont tenus d'envoyer
leurs coordonnées et celles de leur famille au consulat
américain le plus proche. Un tirage au sort est ensuite
effectué, qui voit accorder un visa permanent à
quarante mille personnes, dont environ la moitié
doivent être de nationalité irlandaise. Tous les ressor-
tissants européens peuvent participer à cette loterie ;
en revanche sont exclus ceux de l'Afrique sud-
saharienne, d'Amérique latine (à part les Argentins),
d'Asie (à part les Japonais). On compte chaque année
environ huit cent mille participants à cette tombola.
En France, l'idée fait son chemin, et peut-être verra-t-
on un jour un tirage au sort pour reconduire les
familles d'étrangers à la frontière de leur pays.
VIT (V)
Le vit est un terme ancien qui servait à désigner le
pénis. On en trouve trace dans certaines chansons
légères des siècles passés. Evidemment, employer ce
mot aujourd'hui est moyennement opportun, tant le
langage actuel, alimenté par l'argot et le verlan,
compte de synonymes croustillants et plus facilement
identifiables pour désigner la chose. Il est en effet plus
drôle de dire bite (certainement dérivé d'ailleurs du
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vit ancien), biroute ou sauciflard, que vit. Plus drôle


peut-être, mais moins original. Adoptez donc la
terminologie « vit », pour vous démarquer en cette
époque où même les jeunes filles bien élevées n'hési-
tent plus à nommer l'objet de leur ressentiment. Cela
vous donnera l'occasion de passer pour un fin lettré
quand on vous demandera d'expliquer le mot que
vous venez d'employer. Tous les analphabètes du
sexe se tourneront alors vers vous, pensant que si
vous savez ça, vous devez savoir bien d'autres choses
encore. Portez alors l'estocade en racontant une
petite anecdote moyenâgeuse à ce propos. En effet,
une rumeur rapporte que Rabelais, le fameux auteur
bon vivant des aventures de Gargantua, inventa la
première contrepèterie dans les années 1500 quand,
au lieu de dire : « A Beaumont-Le-Vicomte, il pro-
nonça : " A beau con, le vit monte " ». Comme quoi,
même au Moyen-Age, il était important de savoir
briller en société pour laisser une trace dans l'His-
toire.
VIZIR (V)
En ces temps troublés où les enfants des écoles
dessinent des carrés panés quand on leur demande de
dessiner un poisson, il importe de poser la question
suivante : un vizir est-il : 1° Un remède miraculeux
contre les taches ; 2° Le ministre d'un roi musulman ?
Ceux qui ont donné la première réponse ont tout
faux et resteront seulement invités à la table des
Restos du Cœur, tandis que ceux qui ont donné la
seconde sont encore sauvables. Pour être tout à fait
capable de briller en société, il convient de savoir
qu'un vizir était un ministre à l'époque de l'empire
ottoman, et un grand vizir un Premier ministre de
calife, le calife équivalant à un roi ou à un prince
ottoman. Mais attention : quoi qu'il fasse, un vizir
n'aurait jamais, n'étant pas de sang princier, pu
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devenir calife. Le grand vizir Iznogoud, nous nous


devons de le signaler, n'était donc qu'un personnage
de bande dessinée.
Quant à la « Vizirette », que l'imagerie populaire
se plaît à décrire sous la forme d'une petite boule
pleine de trous qui diffuse de la lessive concentrée,
c'est une pure création de la publicité.
VOGUEING (SO)
Danse en directe provenance de Londres. L'effort
chorégraphique consiste ici à reproduire les poses
qu'affectionnent les mannequins de « Vogue » en
représentant une trentaine de figures par minute.
Redoutable concurrent à l'éternel saint-Guy : mêmes
mouvements désordonnés et syncopés, même air
égaré des danseurs : le simple fait de pratiquer le
vogueing vous classe derechef dans la catégorie des
« fashion victims » ( victimes de la mode, pour ceux
qui furent victimes du radiateur durant les cours
d'anglais) au panurgisme le plus ringard. Notons que
depuis la disparition de la mode du skateboard — qui
serait en train de revenir — les associations corpora-
tives de kinésithérapeutes n'osaient y croire. Plus
besoin pour eux d'aller faire des extra chez Esso :
revoilà le Vogueing !
VOLAPÜK (V)
Si, un jour, vous êtes amené à vous retrouver dans
une assemblée de notables gaullistes (il en reste,
surtout dans les Conseils généraux), vous pouvez vous
demander un court instant comment vous faire remar-
quer de ces gens, qui ont apparemment peu de choses
en commun avec vous. Ne vous effrayez pas, il y a
toujours un moyen.
Par exemple, demandez-leur ce qu'est le volapük,
chose mystérieuse évoquée par le Général (précisez :
avec un grand G), pour symboliser l'utopique et
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l'irréalisable. Il est à parier que la quasi-totalité des


gaullistes présents ne sauront vous dire ce qu'est le
volapük. C'est le moment que vous choisirez pour
briller, en leur expliquant que le volapük est une
langue, créée en 1879 par Johann Martin Schleyer, et
qui reprenait le phantasme millénaire de la langue
universelle, qui serait un jour parlée par tous les
citoyens du monde (évitez d'ailleurs d'employer
devant un parterre de militants RPR le terme de
« citoyen du monde », ils sont déjà assez chatouilleux
avec le droit de vote aux Européens). L'idée de faire
apprendre le volapük aux enfants des écoles a disparu
dans la seconde moitié du xxe siècle, où l'espéranto
est apparu. Lequel reprenait d'ailleurs le même
principe : une langue, synthèse de toutes les autres,
que nous finirions tous un jour par employer.
Mais trêve de plaisanteries, comme dirait un lapin
dans un carré de luzerne (note aux benêts : trêve-
= trèfle), toutes ces utopies resteront au stade de
chimères. Ce qui ne vous empêchera pas de briller la
prochaine fois que vous rencontrerez des admirateurs
du Général (avec un grand G).
VOLTS (V)
Le volt, du nom du physicien Volta, est une unité
de mesure dont on se sert en électricité. Bien que peu
de gens soient capables de donner la définition exacte
du volt (et nous n'allons pas vous ennuyer avec ça), le
mot est passé dans notre vie domestique sans pro-
blème. A ce propos, il convient d'ailleurs, pour les
générations futures, de rappeler que c'était Gilbert
Bécaud qui était surnommé « Monsieur 100000
volts », et non pas Claude François.
Le volt est une si merveilleuse invention qu'elle a
même permis, dans notre monde occidental civilisé,
de remplacer la guillotine ou la pendaison en ce qui
concerne les exécutions capitales.
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2000 volts, rendez-vous compte, c'est ce qui passe


dans le corps du condamné à mort, aux Etats-Unis,
quand il est sur la chaise électrique. C'est alors un
final éblouissant, un spectacle dont se repaissent les
gardiens et les officiels, à telle enseigne que des
chaînes de télévision essaient toujours d'en acheter
les droits.
La chair du condamné commence tout d'abord par
se déchirer (en craquelant), tandis qu'à l'intérieur le
cerveau gonfle, avant de sortir des orbites oculaires,
en éjectant les yeux qui se mettent alors à pendre sur
les joues. Ce qui reste du cerveau dégouline ensuite
par le nez, les oreilles et la bouche. Les poils restants
grillent, eux, en exhalant une odeur de barbecue.
Attention : si le courant est trop fort, le ventre finit
par éclater, et les viscères se répandent sur le sol... Ce
qui est fort incommodant pour les prisonniers chargés
de nettoyer la chaise après l'exécution.
Décidément, le monde moderne nous aura fait
franchir de grands pas pour nous éloigner de la
barbarie.
VOMITORIUM (SO)
Depuis l'Union européenne, tous les gens de goût
se demandent comment prendre de vitesse les modes
qui ne manqueront pas d'arrriver de chez nos cousins
teutons. Ils se versent, qui dans l'étude des musiciens
allemands, qui dans la collection de chants folklori-
ques, qui dans les programmes d'ARTE (non, c'est
un mauvais exemple). Le mieux à faire en la matière,
est de sonder l'âme profonde de nos voisins, et
d'essayer de faire des rapprochements avec celle de
nos compatriotes, pour lancer avant tout le monde
l'Idée avec un grand 1 (comme c'est écrit, d'ailleurs).
A cet égard, il n'est pas négligeable d'observer la
fameuse fête de la bière de Munich, coutume célèbre
outre-Rhin comme notre 14 juillet national. La fête
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de la bière comporte une particularité introuvable


ailleurs : la présence, au même titre que les habi-
tuelles pissotières, de « vomitoriums », endroits indis-
pensables aux réjouissances. En effet, l'individu qui
ingurgite trois ou quatre litres de bière par heure doit
impérativement vomir régulièrement, s'il veut conti-
nuer la fête dans de bonnes conditions. Le vomito-
rium lui permet donc, grâce à sa cuvette à hauteur
d'homme et les poignées qui l'entourent, de déverser
ses flots de bière à demi digérée dans une éructation
libératrice. Pourquoi donc ne pas importer les vomi-
toriums dans notre beau pays, toujours avide d'assi-
miler la culture étrangère ? Les gens qui ont les
moyens pourraient commencer par installer des vomi-
toriums entre leurs toilettes et leurs salles de bains...
Puis les architectes d'intérieur s'empareraient de la
mode, et finalement les bistrots et boîtes de nuit en
auraient dans leurs sous-sols... Peut-être une nouvelle
bataille chauvine entre Allemands et Français, puis-
que le vin rouge français, mélangé à la bière, produit
une couleur et un fumet bien plus intéressants que le
simple jus de houblon bavarois...
VOYAGES (H)
A part former la jeunesse, les voyages sont égale-
ment un excellent moyen de se faire des amis. Soit sur
place, soit lors de soirées diapositives autour d'un
buffet froid. De plus, les voyages ouvrent l'esprit des
plus obtus de nos compatriotes, et enrichissent leur
culture générale. Toutefois, il importe lors des dépla-
cements d'apprendre les catalogues par cœur, afin de
relater son périple d'une façon éloquente, et sans rien
oublier des détails que certains cuistres n'ayant même
jamais bougé pourraient être amenés à connaître.
La lecture de cette histoire nulle va certainement
vous convaincre du bien-fondé de cette recommanda-
tion. Notre héros, un employé de banque timoré,
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revient de ses congés payés, qu'il a passés en


Espagne. Son collègue, play-boy qui fréquente le
célèbre dancing La Scala, lui demande : « Et alors,
comment as-tu trouvé les Ibériques ? » Notre héros
reste sans voix, humilié une nouvelle fois par la
culture de son collègue. Le soir, chez lui, il regarde
dans le dictionnaire et constate : Ibériques = habi-
tant(e)s de l'Espagne. Il est furieux d'avoir ainsi été
pris de cours. L'année suivante, notre homme va en
Grèce. Re-belote : « Alors, comment sont les Hel-
lènes ? » Damned, notre héros est encore fait comme
un rat. Il compulse le dico : Hellène = habitant(e) de
la Grèce. Il se jure bien qu'on ne l'y reprendra plus.
L'année suivante, il décide d'aller en Egypte. Et
quand son collègue, promu depuis chef de service, lui
demande : « Alors, et les pyramides ? », il lui répond
fièrement : « Oh, toutes des salopes ! » Amusant,
n'est-ce pas ?
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« What's up doc, hé, t'as pas vu ma carotte ? »


Bugs Bunny in « Looney Tune »
staring Brigitte Lahaie.

W.-C. (V)
Les water-closets (« placards à eau ») sont des
endroits où il est assez pratique d'emmener sa nou-
velle conquête quand une envie pressante se fait
sentir au milieu d'un dîner, d'une réunion de travail
ou d'un mariage. Au pire, ils servent également à se
sustenter tout seul. Accessoirement, on peut y uriner,
et même y déféquer, à condition d'avoir préalable-
ment fermé le verrou et vérifié qu'il y ait bien une
réserve de papier hygiénique.
WERGELD (V)
Le wergeld est un terme juridique remontant à
l'époque où les hommes passaient leur temps à se
faire la guerre. En vieux saxon, « wer » veut dire
« homme », et « geld », « argent ». Le « wergeld »
est donc le paiement que l'auteur d'un homocide se
doit de verser aux parents de sa victime s'il veut éviter
une vengeance sournoise.
Peut-être, en ces temps où le nouveau code pénal se
met à justifier les actes de légitime défense du genre :
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« Un croissant contre un fusil de chasse », va-t-on


voir le wergeld revenir à la mode ? Si tel était le cas,
refleurirait certainement une nouvelle sorte de com-
merce et de marchandage, avec la vie humaine
comme matière première. Ce serait vraiment une
époque formidable !
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type="BWD"

« Xylophone. Il soufflait dedans et le bruit, il


faisait pouêêêêêêêt. Je crois. Ou alors c'était les
haricots. »
Marguerite Duras.

XÉROPINEUR (V)
Voici un bien joli mot, dont on regrette qu'il ne soit
pas dans le dictionnaire. Pourtant, il est formé de
deux racines greques : « xéros » (sec) et « pino »
(boire). Un xéropineur est donc quelqu'un qui, litté-
ralement, boit sec. C'est par là même une belle
apostrophe qu'il convient d'employer entre soiffards,
afin de déclencher un début de bagarre, qui sera vite
enrayée quand le lettré (vous) aura expliqué à l'illet-
tré (l'autre) qu'un xéropineur n'est pas un puceau, un
impuissant, ou un individu méprisé des femmes.
Après cette information rassurante sur sa réputation,
votre ivrogne de nouvel ami vous offrira bien un
verre...

X (FILMS ) (SX)
Dénomination établie sous Giscard, qui classait X
les films pornographiques, et les films violents comme
« Massacre à la tronçonneuse ». Il en résultait une
interdiction de publicité, et une taxation par l'Etat de
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50 % des recettes. C'est ainsi qu'ont été privés


d'oxygène des chefs-d'œuvre tels que « Branche-moi
l'antenne au cul », « Ça glisse au pays des mer-
veilles », ou « Cris et suçotements ». Dans la foulée,
le cinéma français en a également oublié des metteurs
en scène prestigieux qui avaient pour noms José
Benazeraf, Max Pécas, ou Jean-François Davy.
X GÉNÉRATION (SO)
La « Génération X » a été découverte il y a peu de
temps par les sociologues, que leur trouvaille a laissés
à peu près aussi perplexes que les découvreurs du
virus du sida. Les dix-huit-trente ans, puisque c'est
d'eux dont il s'agit, formeraient donc une génération
atypique, incontrôlable, qui ne s'en laisse pas comp-
ter, et qu'il est très difficile de cerner. D'où son
appellation de « Génération X ».
Le jeune « X-er » est donc désabusé, mais lucide. Il
sait très bien qu'il sera plus dur pour lui que pour ses
parents de trouver un travail. Il déteste les « baby-
boomers », âgés de quarante ou cinquante ans, qui
ont voulu changer la société dans les années 70, et qui
ont tout juste réussi à truster les postes stratégiques
de l'économie, qu'ils ne sont pas décidés à lâcher.
Du coup, le X-er se laisse pousser les cheveux,
s'habille avec des fringues de récupération plus par
manque d'argent que par goût véritable. C'est le
triomphe du look « grunge », qui impose aux filles de
ne plus s'épiler les poils sous les bras et aux garçons
d'avoir les cheveux si gras qu'ils servent à assaisonner
la salade rien qu'en les tordant. Mais le bourgeois
peut dormir tranquille : le X-er n'est pas agressif, il
est résigné ; ses parents l'ont à charge jusqu'à trente
ans, et il ne commet pas d'exaction. La seule question
qui se pose au sujet du X-er, c'est : va-t-il durer
longtemps, ou va-t-il se mettre un jour à se laver et
s'habiller pour devenir un vrai subversif, qui fustigera
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les valeurs de la société tout en faisant bonne figure ?


Ce qui serait beaucoup plus dangereux pour l'ordre
établi...
Pour le savoir, rendez-vous en 1994...
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« Y'a qu'à faire ci, mais faut qu'on fasse ça ! »


Philippe Clay.

Y (CHROMOSOME ) (CB)
Le chromosome Y est le chromosome qui désigne
les petites filles, et le chromosome X les petits
garçons. Dans le ventre de notre maman, nous
germons tous petite fille. Et après, si nous avons un
chromosome X qui pousse, nous devenons un petit
garçon. Si c'est un chromosome Y, nous devenons
une petite fille. Et si c'est un chromosome 21, nous
devenons un mongolien.
YUPPIE (Z)
Le yuppie est l'individu type des années 80, comme
le fut le baba cool pour les années 70. L'origine de son
nom vient de l'américain « Young Urban Professio-
nal », c'est-à-dire « jeune qui vit à la ville et qui a un
boulot ». Les individus de cette race en voie d'extinc-
tion (car le yuppie n'est aujourd'hui plus si jeune, ou
il est parti vivre à la campagne, ou il n'a plus de
boulot, ou bien il est en prison s'il a fait un délit
d'initié) se caractérisaient alors par leurs chemises à
rayures et leurs pantalons à bretelles. Ils consom-
maient beaucoup, épargnaient peu, et faisaient
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preuve en toute occasion d'un conformisme reven-


diqué.
Les yuppies les plus sympathiques, ceux qui se
faisaient un devoir de suivre les mouvements de
mode, ont troqué leur philosophie de l'époque pour
celle du new-age. Les plus idiots, ou les plus pessi-
mistes (ceux qui portaient une ceinture en plus de
leurs bretelles) n'ont eux pas résisté au krach boursier
de 1987. Ils sont aujourd'hui ruinés ou poursuivis par
leurs créanciers, et ruminent une révolte silencieuse à
l'égard de la société, qui ne les avait pas prévenus que
jouer au spéculateur pouvait entraîner des pertes
d'argent. De toute façon, c'est bien fait pour eux.
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« Quand Zébu, z'ai plus soif ! »


Bézu in « La Classe ».

ZAPPER (SO)
Le verbe zapper est probablement le néologisme le
plus employé ces dernières années. Apparu consé-
quemment à la popularisation d'une invention tech-
nologique (la télécommande, également appelée zap-
peuse) et au grand boum des chaînes privées gorgées
de publicité, le verbe zapper (et son participe présent
« zapping ») est devenu un terme chic employé par
tous les idiots et les idiotes qui croient parler branché
(ce qui constitue déjà une démarche ringarde). Ainsi,
ne vous étonnez pas si vous entendez, dans le bus ou
dans une discothèque, des imbécillités du genre :
« Oh, avec Richard ça n'allait plus, alors j'ai zappé »,
ou : « Moi, en ce moment, je zappe de job en job »
(attention à la prononciation qui peut entraîner une
contrepèterie involontaire), en attendant les éven-
tuels : « En 40, Hitler a zappé les Juifs », ou :
« Merde, on vient de me zapper mon autoradio », qui
signeront la mort du verbe « schtroumpfer » qui
commençait à entrer dans les mœurs (surtout en
Belgique).
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ZÉBU (Z)

Le zébu est un sympatique quadrupède, qui vit


dans les régions tropicales d'Afrique et d'Asie, ainsi
qu'à Madagascar. Animal domestique, il peut donc
tenir compagnie à la famille, mais est le plus souvent
utilisé pour transporter des fardeaux d'un village à un
autre. Il est caractérisé par une bosse au-dessus du
cou, et une autre bosse en dessous. Le chameau, lui,
présente deux bosses sur le dos, dans lesquelles il
stocke des forces qui lui permettent de faire de
longues randonnées dans le désert sans s'arrêter pour
boire. Le zébu, lui, est normalement constitué et
aime, comme l'homme, décompresser après l'effort
pour boire un petit coup. Alors, d'où vient la réputa-
tion du zébu, dont on dit souvent qu'il est l'animal le
plus sobre ? Certainement du trait d'esprit suivant : le
zébu est sobre, « parce que quand zébu, z'ai plus
soif ». Si vous pensiez vraiment que le zébu est
l'animal le plus sobre, vous vous êtes bien fait avoir.

ZOOPHILIE (Z)

Perversion consistant à copuler avec des animaux.


Le porc, avec sa chair rose, et le chien, fidèle ami de
l'homme, sont en tête du hit-parade des zoophiles.
Petit problème : l'étreinte du chien est si éprouvante
qu'il n'est pas rare que le pauvre animal reste coincé
en sa maîtresse. Il faut alors appeler les pompiers, ce
qui provoque, convenons-en, une situation gênante.
Question : les animaux sont-ils zoophiles ? Ça
dépend. Le crapaud, par exemple, est plus partouzeur
que zoophile. Il est en effet fréquent que l'accouple-
ment chez les crapauds se passe en groupe, sous les
nénuphars. Certains batraciens périssent ainsi
étouffés dans la mêlée. Ce qui n'empêche pas leurs
congénères de continuer de leur faire l'amour. Donc,
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le crapaud est partouzeur et nécrophile. Mais nous


nous écartons du sujet.
ZOOPSIE (V)
Contrairement à ce que l'on pourrait penser, il ne
s'agit pas du prénom de la meilleure amie de Betty
Boop. Parce que d'une part, Betty Boop n'a pas de
meilleure amie (comme toutes les allumeuses qui se
respectent) et d'autre part parce qu'une zoopsie est
une hallucination visuelle dans laquelle le sujet voit
des animaux. Si d'aventure ou d'ennui il vous venait
l'envie d'accéder à ces troubles de la vision, ne vous
fatiguez pas à faire sonner votre réveil à l'aube pour
aller cueillir ces champignons que l'on dit hallucino-
gènes et qui poussent sur les bouses de vaches ; ne
vous risquez pas non plus à fumer n'importe quoi sous
prétexte que c'est de la bonne, évitez également les
infusions en tout genre. Seul l'alcool provoque des
zoopsies; c'est effectivement mauvais pour le foie
mais c'est autorisé par la loi. Zoopsie est aussi un mot
de sept lettres, autrement dit un Scrabble qui de plus
commence par un Z (donc, pour peu que vous
puissiez le placer sur une case « mot compte triple »
vous serez assurément le roi, sinon de la soirée, du
moins de la partie).

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