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REVIVRE NOS VIES ANTÉRIEURES


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DU MEME AUTEUR

La Réincarnation
Des preuves aux certitudes
Editions Retz, Paris, 1982
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JEAN-LOUIS SIÉMONS

REVIVRE NOS VIES


ANTÉRIEURES

Témoignages et preuves
de la réincarnation

Albin Michel
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© Editions Albin Michel S.A., 1984


22, rue Huyghens, 75014 Paris
ISBN 2-226-02117-5
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INTRODUCTION

UNE MEMORABLE EMISSION TELEVISEE

Au programme des Dossiers de l'Ecran, Armand Jammot


avait inscrit pour ce mardi 6 septembre 1983 un film
fantastique de Robert Wise : l'adaptation à l'écran d'un
best-seller américain sur le thème de la réincarnation,
Audrey Rose. Fidèles à une émission très suivie depuis
seize ans, des millions de téléspectateurs ont pu, en cette
soirée de rentrée de vacances, suivre les péripéties drama-
tiques d'une histoire bouleversante de petite fille brûlée vive
dans un accident de voiture : revenue sur la terre dans le corps
d'une nouvelle enfant, elle n'arrive pas à oublier tout à fait
le cauchemar de sa mort précédente, et finit même par
succomber à une crise de frayeur incontrôlable, au cours
d'une séance d'hypnose imprudemment organisée... en vue
de prouver la réincarnation.
Un débat fort animé, entre des personnalités d'horizons
différents, devait permettre de confronter, ou d'opposer,
des points de vue particuliers sur l'idée même de la réin-
carnation, ou sur la manière dont l'auteur du film l'avait
traitée. Comme on peut s'en douter, on ne comptait pas que
des partisans inconditionnels sur le plateau : à plusieurs
auteurs littéraires, spécialisés dans une approche ou l'autre
du sujet, auxquels prêtait aussi son concours un acteur de
théâtre bien connu, s'opposaient deux représentants des
sciences humaines — un ethnopsychanalyste et un professeur
d'anthropologie — venus en « avocats du diable », pour
témoigner de conceptions divergentes et rappeler à l'ordre
ceux qui se sentiraient trop facilement portés à croire, un
peu « comme tout le monde », à des théories à la mode.
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Un prêtre catholique devait pour sa part présenter des


interprétations personnelles sur la question et faire en même
temps une nécessaire mise au point sur la position doctrinale
de l'Eglise. Contrastant fortement avec la plupart de ses
partenaires occidentaux, un moine tibétain, authentique
Rimpoché (c'est-à-dire Vénérable), avait été invité pour
apporter le témoignage d'une culture orientale dont la
population entière accepte la réincarnation d'une façon
naturelle et l'intègre à sa vie journalière.
Muet — mais combien présent — le public de cette
émission très attendue depuis des mois a suivi avec une
incroyable passion le film et tous les rejaillissements du
débat. Invités à faire part de leurs impressions et à poser des
questions, les téléspectateurs ont littéralement pris d'assaut
le standard téléphonique. De tous les coins de France, les
appels ont afflué, créant une surcharge de la ligne et
provoquant deux coupures successives. S'il y a de nos jours,
en Occident, une personne sur cinq (et même sur quatre,
dans certains pays) qui adhère d'une manière ou d'une autre
à la réincarnation, on peut imaginer qu'une bonne partie
de cette foule convaincue a cherché à participer à cette
émission : de fait, 50 % des appels téléphoniques émanaient
de cette frange de la population.

Un trop maigre bilan

Un peu moins de soixante minutes pour débattre d'un


sujet aussi sérieux que la réincarnation, c'est bien peu.
Surtout lorsque chacun des huit invités, désireux pour sa
part de faire passer son propre message, ne peut matériel-
lement disposer de plus de cinq à sept minutes pour
s'exprimer. On en arrive trop vite à une polémique stérile
d'où rien ne peut émerger de constructif.
Au fond, cette réincarnation — dont on parle tant — de
quoi s'agit-il ? Qu'est-ce que cela change dans la vie ?
Peut-on raisonnablement en donner des preuves ? Aucune
de ces questions n'a reçu de commencement de réponse
satisfaisante — en dehors d'anecdotes personnelles et d'affir-
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mations invérifiables, bien vite contrées par d'autres affir-


mations encore plus péremptoires — comme le refus de
toute survivance après la mort, sous le prétexte bien classique
que l'on ne peut penser qu'avec le corps.
S'agissait-il de faire basculer le public dans le camp des
réincarnationnistes éclairés ou de l'en arracher au contraire,
pour le sauver des mains des peu scrupuleux exploiteurs de
la faiblesse humaine qui font commerce de leurs thérapies
à base d'exploration des « vies passées » ? On aurait pu
le croire à certains moments. Et le vénérable moine tibétain
a dû se demander de quel profit pourrait être son inter-
vention dans une discussion de ce genre. C'est peut-être la
raison pour laquelle il a toujours tourné ses propos vers la
nécessité de l' éthique, sur laquelle tous les hommes devraient
au moins se rencontrer — qu'ils croient ou non à la même
doctrine.
Sans doute faut-il être reconnaissant à Armand Jammot
d'avoir osé ouvrir un tel dossier pour sa célèbre émission
mensuelle, et le remercier, avec son équipe, pour la
présentation ouverte et objective qui en a été faite au public.
Mais il fallait s'attendre à ce que le public se sente
finalement frustré dans son espérance — comme en ont
témoigné les appels téléphoniques.
En définitive, le débat a été souvent à l'image du film
Audrey Rose — une approche d'Occidentaux sur un thème
que l'Occident est en train de s'approprier depuis plusieurs
décennies et entend finalement expliquer et exploiter à sa
manière.
L'Orient des sages et prophètes du passé a fondé toute sa
compréhension de la réincarnation sur une pénétrante
analyse philosophique de l'homme et de son univers, et
Platon a développé sur le sujet une lumineuse dialectique,
mais on dirait que toute cette psychologie et cette métaphy-
sique n'ont plus guère d'utilité de nos jours. Allons-nous,
aujourd'hui, nous embarrasser de ces subtilités, alors que les
progrès techniques mettent (paraît-il) à notre disposition des
instruments pour photographier l' « aura » ou détecter la
sortie du « double » dans « l'astral » et que l'on n'a que
l'embarras du choix parmi les nouvelles théories scientifiques
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pour rendre compte des interactions mystérieuses entre


l'esprit et la matière, dans les troublants phénomènes de la
parapsychologie ?
Serions-nous cependant allergiques à la philosophie dans
nos pays ? Et devrions-nous nous en abstenir prudemment,
pour nous en tenir seulement aux faits prouvés ? C'est un
peu l'impression que l'on a pu retirer parfois des propos
tenus dans ce débat. Nous reviendrons plus tard sur ce
point.

Les avatars d'une croyance millénaire

Il me paraît intéressant ici de revenir sur certaines des


remarques proposées, lors de l'émission, par l'anthropologue
Louis-Vincent Thomas. On est frappé, en premier lieu, de
constater que la croyance en la réincarnation qui semble
faire fortune aujourd'hui dans le monde occidental est « tout
uniment inspirée des modèles orientaux et jamais des modèles
africains ».
C'était sans doute l'une des premières notions à présenter
au public : selon les traditions et les milieux culturels
auxquels on s'adresse, la compréhension qu'ont les hommes
des voies qui ramènent les âmes sur la terre, pour renaître,
diffère de façon profonde d'un groupe à l'autre.
Dans un précédent ouvrage \ j'ai d'ailleurs été amené
à décrire un certain nombre de modèles distincts de la
réincarnation qui sont encore représentés de façon bien
vivante de nos jours, depuis les modèles très « réalistes »
des sociétés dites « primitives », jusqu'aux modèles les plus
philosophiques de l'Orient, sans oublier les modèles « scien-
tifiques » de « réincarnation sans âme », récemment élaborés
en Occident.
Le fait que nos contemporains marquent une préférence

1. La Réincarnation, des preuves aux certitudes, Retz, Paris,


1982, réédition 1983. Dans la suite, les indications bibliographiques
apparaîtront dans le texte sous forme d'une simple référence
numérotée renvoyant à la bibliographie générale, en fin de
volume.
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p o u r les m o d è l e s o r i e n t a u x t r o u v e d'ailleurs son e x p l i c a t i o n


d a n s u n jeu c o m p l e x e de causes d o n t l'influence r e m o n t e a u x
d é b u t s du XIX siècle, avec la r é v é l a t i o n des g r a n d s textes
sacrés de l ' I n d e à l ' E u r o p e r o m a n t i q u e .
A u sujet des r e p r é s e n t a t i o n s de la r é i n c a r n a t i o n q u e n o u s
offrent les diverses cultures, j'ai aussi souligné le fait q u e
la d o c t r i n e est d a n s c h a q u e cas susceptible de f l u c t u a t i o n s
m a r q u é e s , depuis le m o d è l e le plus p u r — il f a u d r a i t
peut-être dire le plus ésotérique, a u sens n o b l e du t e r m e
— j u s q u ' a u m o d è l e le plus d é g é n é r é , a u q u e l t r o p s o u v e n t
a d h è r e n t les masses ignorantes.
L ' e x e m p l e le plus évident a p p a r a î t d a n s l ' h i n d o u i s m e o ù
la p u r e m é t a p h y s i q u e d u V é d â n t a reste lettre m o r t e p o u r
le p a y s a n d u D e c c a n qui, ligoté d a n s ses superstitions, p e u t
e n venir à c r a i n d r e de c a u s e r d u t o r t à u n aïeul « r é i n c a r n é »
d a n s u n e v a c h e qui passe, o u d a n s l ' a r a i g n é e qui tisse sa
toile à l'angle de son toit.
R e m a r q u o n s d'ailleurs q u e les O c c i d e n t a u x n ' o n t p a s
a t t e n d u l'arrivée e n E u r o p e , ou en Californie, des v a g u e s
de m a r c h a n d s de y o g a p o u r p e n s e r à la d o c t r i n e des
renaissances et d u progrès de l ' â m e en c o n s é q u e n c e de ses
p r o p r e s efforts — c o n f o r m é m e n t à la loi o r i e n t a l e d u
k a r m a , qui veut q u e l'individu soit t o u j o u r s placé e n f a c e
de ses responsabilités et recueille, vie après vie, les fruits,
d o u x o u amers, de ses actes passés. D è s le milieu d u
XIX siècle, A l l a n K a r d e c , le g r a n d p i o n n i e r du spiritisme en
F r a n c e , en r é u n i s s a n t d ' i n n o m b r a b l e s « c o m m u n i c a t i o n s
m é d i u m n i q u e s de p e r s o n n e s défuntes », a su en tirer la
s u b s t a n c e d ' u n système r é i n c a r n a t i o n n i s t e (63) d o n t s'ins-
p i r e n t e n c o r e a u j o u r d ' h u i des millions de gens a u Brésil. C e
p r é c u r s e u r a eu u n g r a n d mérite, qu'il c o n v i e n t ici de
souligner : qu'il soit réel ou i m a g i n a i r e , le m o d è l e spirite
concilie l'idée o r i e n t a l e d ' u n e succession c o n t i n u e d'exis-
tences, réglées p a r u n e justice infaillible, et la sensibilité des
chrétiens qui, a n c e s t r a l e m e n t , t i e n n e n t à u n D i e u p e r s o n n e l
avec lequel ils c h e r c h e n t à d i a l o g u e r et d o n t ils e s p è r e n t la
miséricorde. Ainsi, c h a c u n p e u t y t r o u v e r son b o n h e u r .
Plus tard, vers la fin du siècle, la t h é o s o p h i e d e
M m e Blavatsky a r a m e n é la r é i n c a r n a t i o n d a n s la ligne pure-
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m e n t orientale, en p r é s e n t a n t la d o c t r i n e sans c o m p r o m i s , et
d ' u n e m a n i è r e v i g o u r e u s e (11), b i e n q u e souvent mal
c o m p r i s e de ses p r o p r e s disciples et du public.
M a i s la nostalgie du c h r i s t i a n i s m e était trop forte p o u r
q u e les successeurs et héritiers plus ou m o i n s avoués de
M m e B l a v a t s k y ne r e t o u r n e n t p a s de q u e l q u e m a n i è r e à leurs
a n c i e n n e s a m o u r s — de P a p u s (85) à R u d o l f Steiner, les
n o m b r e u x m a î t r e s o n t su r e d o n n e r à l'image de la r é i n c a r -
n a t i o n u n e e m p r e i n t e « c h r i s t i q u e ».
A v e c le t e m p s , les m o d è l e s o c c i d e n t a u x se sont ainsi
succédé selon l ' h u m e u r et l ' i n s p i r a t i o n des p r o p h è t e s et
visionnaires d u m o m e n t . C ' e s t ainsi q u e le célèbre v o y a n t
E d g a r C a y c e a r a p p o r t é de ses e x p l o r a t i o n s des m o n d e s
invisibles en état d ' a u t o h y p n o s e u n e foule de r e n s e i g n e m e n t s
inédits p e r m e t t a n t d ' a f f i n e r e n c o r e les traits de la d o c t r i n e
— et m ê m e d e jeter les bases nouvelles d ' u n e « astrologie
k a r m i q u e », p r é t e n d a n t révéler les secrets de nos vies anté-
r i e u r e s a u simple e x a m e n de n o t r e h o r o s c o p e de n a i s s a n c e —
t a n d i s que, de son côté, le père de la scientologie, L. R o n
H u b b a r d , d é c l a r a i t t o u t b o n n e m e n t , à qui v o u l a i t bien
l ' e n t e n d r e , q u e les scientologues étaient les p r e m i e r s à
v r a i m e n t c o n n a î t r e ce qui se passe après la mort... (93).
M a l h e u r e u s e m e n t , cette ère nouvelle q u e nous visons, qui
voit ainsi se d é c h i r e r l ' u n après l ' a u t r e les voiles de l ' i n c o n n u
g r â c e a u x p r é t e n t i o n s des n o u v e a u x p r ê t r e s d'Isis, p o u r r a i t
b i e n c a c h e r u n e réalité différente de celle q u ' o n d é c o u v r e
à p r e m i è r e vue.

Une réincarnation « bricolée »

C'est ici q u ' u n e autre r e m a r q u e de L o u i s - V i n c e n t T h o m a s


m e p a r a î t t o u t à fait p e r t i n e n t e : nous s o m m e s les témoins
a u j o u r d ' h u i d ' u n « véritable bricolage de n o t r e au-delà ». O n
y t r o u v e de t o u t : des t e c h n i q u e s h i n d o u e s , du zen, du yoga,
de la p a r a p s y c h o l o g i e , de l ' h y p n o t i s m e , des restes de
c r o y a n c e s chrétiennes, etc., etc. E t ce « bricolage » s'étend
aussi b i e n à la r é i n c a r n a t i o n .
A l'analyse, ces nouvelles présentations, de ce qui a p p a r -
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tenait h i e r e n c o r e à l' « occulte », a p p a r a i s s e n t privées d e


logique et de p h i l o s o p h i e — ce qui ne semble g ê n e r p e r s o n n e
puisque, d ' u n c o m m u n a c c o r d , on jette la p h i l o s o p h i e p a r -
dessus b o r d et o n exige du vécu, d u tangible, de l'expé-
rimental.
Il est t o u t à fait significatif sous ce r a p p o r t q u e le m o d è l e
de r é i n c a r n a t i o n expliqué au p u b l i c des Dossiers de l ' E c r a n
p a r l'un des spécialistes invités (J.-F. C r o l a r d ) ait été
p r é s e n t é c o m m e u n e « synthèse de l ' e n s e i g n e m e n t a c t u e l à
ce sujet ». Hélas !
E n e m p r u n t a n t ici a u x m é d i t a t i o n s de l ' I n d i e n Shrî A u r o -
b i n d o (souvent p a r l ' i n t e r m é d i a i r e de son disciple français
Satprem), là aux notes de v o y a g e d a n s l'astral de l ' A m é r i c a i n
E d g a r Cayce, ailleurs a u x visions inspirées d ' u n g r a n d
illuminé d ' o u t r e - R h i n , R u d o l f Steiner, p o u r r a p p o r t e r
ensuite f i d è l e m e n t les résultats de l'enquête-statistique-très-
scientifique de la p s y c h o l o g u e a m é r i c a i n e H e l e n W a m b a c h ,
o u e n c o r e les états d ' â m e et m o t i v a t i o n s des d é f u n t s à
l ' h e u r e o ù ils sont appelés à se r é i n c a r n e r (en Californie),
o n p e u t arriver, b i e n sûr, à b r o s s e r u n t a b l e a u saisissant des
a v e n t u r e s de l ' â m e e n t r e d e u x existences, où, c o m m e o n d o i t
bien s'y attendre, le b o n D i e u a t o u j o u r s son m o t à dire,
p u i s q u e n o u s s o m m e s en O c c i d e n t .
I m a g e réaliste, séduisante sans doute... c o m m e u n cha-
t o y a n t c o s t u m e d ' A r l e q u i n , fait de pièces t a n t b i e n q u e m a l
cousues ensemble. L e p h i l o s o p h e A u r o b i n d o aurait-il r e c o n n u
c o m m e sien ce m o d è l e de r é i n c a r n a t i o n « b r i c o l é e », r a p p e -
lant p a r b i e n des points le système spirite très c h r é t i e n
d ' A l l a n K a r d e c ? L'eût-il fait — ce d o n t je d o u t e fort —
o n p e u t être c e r t a i n q u e les G r a n d s de l ' I n d e — ceux qui
o n t jeté jadis les bases d e la p h i l o s o p h i e universelle de la
r é i n c a r n a t i o n , d a n s les U p a n i s h a d , la B h a g a v a d Gîtâ, sans
p r e n d r e l'avis des visionnaires de village et des m é d i u m s
irresponsables de leur temps — n ' a u r a i e n t p a s d o n n é l e u r
c a u t i o n à ce genre de syncrétisme trop é v i d e m m e n t a d a p t é
a u x désirs des O c c i d e n t a u x qui rêvent de p o u r s u i v r e d a n s
l'au-delà u n e vie personnelle, à laquelle ils t i e n n e n t tant.
Il f a u t regretter q u e le visiteur tibétain, Sogyal R i m p o c h é ,
n'ait pas v o u l u e n t r e r d a n s les détails de la d o c t r i n e b o u d -
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d h i q u e des r e n a i s s a n c e s , c o m m e l'invitait à le faire le présen-


t a t e u r A l a i n J é r ô m e . O n p e u t sans d o u t e l'en e x c u s e r : dire
e n q u e l q u e s m i n u t e s l'essentiel d ' u n e p h i l o s o p h i e aussi riche
et dense q u e le b o u d d h i s m e , sans t o m b e r d a n s des r a c c o u r c i s
saisissants (mais t r o m p e u r s ) p o u r m i e u x se faire c o m p r e n d r e ,
était u n défi q u e le m o i n e n ' a p r o b a b l e m e n t pas v o u l u
relever, s u r t o u t d a n s l ' o b l i g a t i o n o ù il se t r o u v a i t de
s ' e x p r i m e r p a r l ' i n t e r m é d i a i r e d ' u n interprète.
M a i s le p u b l i c n ' a p a s dû m a n q u e r de r e t e n i r a u passage
ces q u e l q u e s réflexions significatives : « E n O c c i d e n t , je
dirai qu'il y a b e a u c o u p d e c o n c e p t i o n s e r r o n é e s de la
r é i n c a r n a t i o n , des idées a b s o l u m e n t confuses qui y règnent,
mais en m ê m e temps une certaine compréhension... P o u r
l'instant, je crois, o n en est a u x b a l b u t i e m e n t s . . . »
C o n f u s i o n , « b r i c o l a g e », a u sujet d ' u n e d o c t r i n e millé-
n a i r e — sévère r a p p e l à l'ordre, et i n v i t a t i o n à p r e n d r e le
t e m p s de la réflexion, à l'heure o ù o n n ' e n est e n c o r e
qu'aux... balbutiements.

Des prétentions exorbitantes

Il a fallu a t t e n d r e les dernières m i n u t e s du d é b a t p o u r


e n t e n d r e cet avis de Sogyal R i m p o c h é : « D ' a b o r d , ce film,
A u d r e y R o s e , n'est p a s u n e x e m p l e t y p i q u e de la réincar-
n a t i o n , et, p a r c o n s é q u e n t , o n ne p e u t p a s j u g e r de la
r é i n c a r n a t i o n s u r cette base. »
A la b o n n e h e u r e ! M a i s n'eût-il p a s fallu a b o r d e r t o u t e
la discussion avec cette r e m a r q u e c o m m e p o i n t de départ,
et d ' e m b l é e m e t t r e en d o u t e cette i n c r o y a b l e p r é t e n t i o n de
l ' a u t e u r , F r a n k de Felitta, à p r é s e n t e r u n cas a u t h e n t i q u e
de r é i n c a r n a t i o n d a n s son r o m a n , en évitant ainsi au d é b a t
de t o m b e r d a n s le piège d ' u n faux p r o b l è m e ?
F a i s o n s u n c o n s t a t de fait, le r o m a n est u n best-seller, c'est
i n d i s c u t a b l e : l'édition de 1 9 7 6 d o n t je dispose (28), éditée
à N e w Y o r k p a r W a r n e r B o o k s fait état de 3 millions et
d e m i d ' e x e m p l a i r e s sortis de presse. M a i s les p r é t e n t i o n s
invérifiables c o m m e n c e n t dès la page de c o u v e r t u r e qui
a n n o n c e : T h e novel of r e i n c a r n a t i o n (le r o m a n de la
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r é i n c a r n a t i o n ) . Suivent, à la p a g e de g a r d e , des avis


sentencieux, inspirés p e u t - ê t r e p a r q u e l q u e p r o f o n d e connais-
sance (?) de l ' a u t e u r :

« L a r é i n c a r n a t i o n p e u t être u n enfer.
P o u r certains, elle p e u t signifier la vie après la m o r t .
P o u r d'autres, c'est la m o r t après la vie. »

O n n ' a pas le t e m p s de réfléchir à la p o r t é e i n c e r t a i n e de


ces formules que le r o m a n s'engage — c o m m e le film —
d a n s u n vécu q u o t i d i e n c r i a n t de vérité. Mais, a u fait, à
quelles sources l ' a u t e u r a-t-il puisé ? Sur quel m o d è l e de la
r é i n c a r n a t i o n s'est-il a p p u y é p o u r é c h a f a u d e r cette histoire
r o c a m b o l e s q u e de petite fille qui m e u r t à u n m o m e n t d o n n é
p o u r se r é i n c a r n e r , à l'instant m ê m e , d a n s u n b é b é en train
de n a î t r e ? Hélas ! il n'est que trop évident q u ' o n a affaire
ici e n c o r e à u n « b r i c o l a g e » de la r é i n c a r n a t i o n , qui se fait
passer p o u r vérité a u t h e n t i q u e . T o u t e s les ressources de
n o t r e é p o q u e b é n i e o n t dû être exploitées, de la régression
h y p n o t i q u e à la scientologie, sans o u b l i e r l ' i n d i s p e n s a b l e
c o n t i n g e n t d'idées mystiques de l ' O r i e n t f a b u l e u x , destiné à
r e n d r e crédible t o u t le reste.
M a l h e u r e u s e m e n t , c'est un bien p e u c o n v a i n c a n t g u r u de
b a z a r que l ' a u t e u r appelle à la rescousse a u p r o c è s du père
d ' A u d r e y Rose, p o u r essayer de d é m o n t r e r a u p r é t o i r e la
réalité de la r é i n c a r n a t i o n . Fallait-il le faire v e n i r de C a l c u t t a ,
ce saint h o m m e , en p r e m i è r e classe p a r A i r I n d i a , le l o g e r
l u x u e u s e m e n t à l'hôtel W a l d o r f A s t o r i a de N e w Y o r k — et
le p r i e r d ' a c c e p t e r g r a c i e u s e m e n t au p a s s a g e u n c h è q u e de
25 0 0 0 dollars « p o u r ses b o n n e s œuvres » — p o u r q u e
l'auguste p e r s o n n a g e v i e n n e d é b i t e r p e n d a n t p l u s d ' u n e h e u r e
u n long c a t a l o g u e de platitudes, sans r a p p o r t direct avec le
sujet, et c o n c l u r e ses doctes révélations p a r u n e belle
d e s c r i p t i o n réaliste — à l ' o c c i d e n t a l e — d u m o n d e astral,
des plans astraux, grouillants d'êtres astraux, v e n u s de la
terre p o u r s'y établir « selon leurs qualifications k a r m i q u e s »,
avec t o u t plein d ' a u t r e s détails p a r e i l l e m e n t édifiants, d o n t
on r e t r o u v e r a i t plus f a c i l e m e n t l'origine d a n s les o u v r a g e s
d'ésotérisme à la m o d e q u e d a n s la B h a g a v a d Gîtâ, ou les
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B r a h m â S û t r a ? Q u e l c r é d i t a c c o r d e r à ce g u r u éthéré, si loin
des c o n t i n g e n c e s terrestres qu'il t o m b e e n c o n t e m p l a t i o n e n
plein t r i b u n a l , p o u r r a m e n e r de l ' a u - d e l à u n « message »...
d o n t o n p e u t t r o u v e r le c o n t e n u d a n s le p r e m i e r livre v e n u
de B h a k t i yoga, sans sortir d a n s l'astral ?
E t quelle p r e u v e ce g r a n d sage venu d'ailleurs a-t-il p u
f o u r n i r de l ' a u t h e n t i c i t é du r e t o u r d ' A u d r e y R o s e d a n s le
b é b é Ivy T e m p l e t o n ?
« J e crois q u e c'est la vérité, p a r c e q u ' u n h o m m e de
vérité m ' a dit qu'il en était ainsi. » H é l a s ! fallait-il d o n n e r ,
p a r - d e s s u s le m a r c h é , à ce piètre t é m o i n le titre de m a h â r i s h i ,
réservé d a n s l ' I n d e t r a d i t i o n n e l l e a u x véritables sages, qui ne
c r o y a i e n t p a s sur p a r o l e , mais qui é t a i e n t des jñanin, des
t a t t v a v i d — des c o n n a i s s e u r s directs de la vérité ?
C o n f u s i o n des valeurs, c o n f u s i o n des doctrines — T o b i e
N a t h a n , l ' e t h n o p s y c h a n a l y s t e invité au d é b a t a parlé, p o u r
sa p a r t , d ' u n e c o n f u s i o n des catégories à laquelle r e c o u r e n t
h a b i t u e l l e m e n t n o m b r e de « t h é r a p e u t e s » m o d e r n e s exploi-
t a n t la r é i n c a r n a t i o n à des fins c o m m e r c i a l e s .
N e s o m m e s - n o u s p a s e n plein kali yuga, l'âge s o m b r e des
h i n d o u s — l'ère de t o u t e s les c o n f u s i o n s ?

Des preuves ! des preuves !

D è s qu'ils o n t p u c o m m u n i q u e r leurs impressions p a r


t é l é p h o n e ce soir-là, les téléspectateurs ont mis l ' a c c e n t sur
la nécessité des p r e u v e s de la r é i n c a r n a t i o n . P o u r des motifs
très divers sans d o u t e . Fallait-il a c c e p t e r ce q u ' o n venait de
voir d a n s le film c o m m e u n e réalité ? A v a n t d ' a d o p t e r u n e
doctrine, p a r a i s s a n t s é d u i s a n t e p a r ailleurs, n e convenait-il
p a s de vérifier q u ' o n n'était p a s en t r a i n de se b e r c e r de
c h i m è r e s ? E t si u n e p e r s o n n e sur cinq se déclare c o n v a i n c u e
des r e t o u r s de l ' â m e sur la terre, ne fallait-il pas d o n n e r à
cette p e r s o n n e des a r g u m e n t s objectifs p o u r l'aider à
e m p o r t e r l ' a d h é s i o n des q u a t r e autres sceptiques ?
Vers la fin de l'émission, les collaboratrices d ' A r m a n d
J a m m o t , L a u r e B a u d o u i n et A n n e - M a r i e L a m o r y , qui
n ' a v a i e n t cessé d ' e n r e g i s t r e r les appels téléphoniques,
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dressèrent le bilan de ces appels : u n e é n o r m e d é c e p t i o n du


public.
« Les téléspectateurs o n t été déçus — il n'y a p a s d ' a u t r e
m o t — q u ' o n n ' a i t p u leur d o n n e r ce soir de preuves, des
preuves matérielles, concrètes, de la r é i n c a r n a t i o n . . . »
Plusieurs invités au d é b a t n ' a v a i e n t p o u r t a n t pas m a n q u é
d ' a p p o r t e r leur t é m o i g n a g e — p a r f o i s t r o u b l a n t — et un
téléspectateur a n o n y m e avait m ê m e fait savoir : « L ' h i s t o i r e
d u film est réelle, c'est arrivé à m a f e m m e et à m a fille en
A f r i q u e », tandis q u ' u n a u t r e avait affirmé : « A la suite de
m é d i t a t i o n s , j'ai acquis la c o n v i c t i o n d ' a v o i r été, d a n s mes
vies antérieures, b o n z e tibétain, m o i n e c a t h a r e à M o n t s é g u r ,
et p r o c h e de L o u i s X V I au XVIII siècle... »
E t la discussion avait fait é m e r g e r le n o m des p r i n c i p a u x
t é m o i n s m o d e r n e s qui o n t a p p o r t é des pièces à c o n v i c t i o n
a u dossier des preuves possibles de la r é i n c a r n a t i o n — E d g a r
C a y c e , D e n y s Kelsey, etc., sans oublier, bien sûr, le p r o -
fesseur Stevenson et ses e n q u ê t e s sur les e n f a n t s qui se
s o u v i e n n e n t de l e u r vie a n t é r i e u r e — c o m m e la f a m e u s e
Shanti Devi d o n t le cas est i m m a n q u a b l e m e n t relaté d a n s les
ouvrages écrits sur la r é i n c a r n a t i o n .
M a i s p e u t - o n régler u n p r o b l è m e aussi délicat que celui
des p r e u v e s en se b o r n a n t à r a c o n t e r u n e série d ' a n e c d o t e s
« véridiques », et en citant les conclusions f a v o r a b l e s de
certaines personnalités, a u r é o l é e s d ' u n e g r a n d e r é p u t a t i o n
de p r o b i t é et m ê m e de c o m p é t e n c e scientifique ? U n e telle
tentative est, bien sûr, v o u é e à l'échec.
L a r é i n c a r n a t i o n est u n t h è m e b i e n trop sérieux p o u r en
faire le sujet d ' u n e d é m o n s t r a t i o n s o m m a i r e — d i r o n s - n o u s
e n c o r e « bricolée » ?
R e m e r c i o n s une fois de plus A r m a n d J a m m o t d ' a v o i r fait
réfléchir u n m o m e n t son public sur ce t h è m e d'actualité
b r û l a n t e — et o u v r o n s le dossier des preuves.
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L'univers mouvant des preuves


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DES PREUVES, MAIS LESQUELLES ?

Un cas concret, entre mille

L'acteur français, Jean Le Poulain, sociétaire de la


Comédie-Française, participait à l'émission télévisée. Comme
un nombre croissant de gens appartenant au milieu du
théâtre, du cinéma, ou de la danse, qui viennent un jour
révéler leur croyance à la réincarnation en faisant des
confidences au public lors d'une interview à la radio 1 ou,
comme Shirley Mac Laine vient de le faire (76), en relatant
dans un livre les expériences qui les ont conduits à adopter
cette croyance, Jean Le Poulain a apporté dans le débat le
témoignage de son cas personnel. Un cas concret, entre
mille.
On peut retenir de ce récit les points suivants : en
regagnant la France, vers l'âge de 17 ans, après avoir subi
outre-mer l'influence d'un précepteur oriental (un genre de
sannyasin qui croyait fermement à la réincarnation), le jeune
homme, qui allait plus tard se faire connaître dans le
monde du théâtre, ne tarda pas à apprendre par des moyens
médiumniques (il s'agit en fait d'une régression hypnotique)
qu'il existait une correspondance très étroite entre lui-même
et un auteur dramatique anglais du XVI siècle élizabéthain
— parfaitement ignoré du sujet — Christopher Marlowe
(1564-1593).

1. Le chanteur Serge Lama a récemment déclaré au micro de


l'Ecran témoin de Liège (qui correspond à nos Dossiers de
l'Ecran) qu'il est convaincu de la réalité des vies antérieures.
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L ' a u t e u r de L a T r a g i q u e Histoire du d o c t e u r F a u s t réin-


c a r n é en u n h o m m e de t h é â t r e d u XX siècle ? P o u r q u o i pas ?
M a i s quelles p r e u v e s ?
I n f o r m é de son glorieux passé, le j e u n e h o m m e se m e t à
s'intéresser à son p r é c é d e n t p e r s o n n a g e , à lire ses pièces, à
les a d a p t e r à la scène : u n b e a u jour, il d é c o u v r e T h e
F a m o u s T r a g e d y of the R i c h J e w of M alt a (« L e Juif de
M a l t e ») et, en lisant cette pièce, il va de surprise en
surprise : elle c o r r e s p o n d p o i n t p a r p o i n t à une pièce q u e
l u i - m ê m e , J e a n L e P o u l a i n , avait écrite trois ans aupa-
r a v a n t . M ê m e t r a m e , m ê m e s péripéties, m e t t a n t e n scène u n
m ê m e p e r s o n n a g e — u n m a r c h a n d — avec des coïncidences
e x t r a o r d i n a i r e s . U n e x e m p l e ? D a n s la pièce m o d e r n e , le
m a r c h a n d s ' a p p e l a i t A r a b a s , et c h e z M a r l o w e . . . B a r a b a s .
Authentique.
J e a n L e P o u l a i n a la sagesse d e ne pas c o n c l u r e , bien
qu'il a c c e p t e p l e i n e m e n t la logique de la r é i n c a r n a t i o n . Il a
c o m p l é t é ses c o n f i d e n c e s d a n s u n e interview p u b l i é e d a n s
P a r i s - M a t c h , p e u après l'émission (71).
C e cas resterait u n e x e m p l e d ' a n e c d o t e p e u c o u r a n t e , à
r a n g e r au c h a p i t r e des curiosités, s'il n ' e n existait p a s
d ' a u t r e s , très similaires, qui o b l i g e n t s é r i e u s e m e n t à se p o s e r
des q u e s t i o n s : l ' a b o n d a n c e de cas c o m p a r a b l e s c o n d u i t à
s o u p ç o n n e r qu'il y a q u e l q u e chose d a n s t o u t cela.
E n v e u t - o n u n e a u t r e illustration ? C'est le t é m o i g n a g e
d ' u n O c c i d e n t a l cultivé, né en A l l e m a g n e en 1 8 9 8 , et d e v e n u
plus t a r d u n m o i n e b o u d d h i s t e , c o n n u sous son n o m de
L a m a A n a g a r i k a G o v i n d a (1).
Ici, l'histoire c o m m e n c e d a n s u n e a u t h e n t i q u e séance
spirite : i n t e r r o g é e au sujet du j e u n e b o u d d h i s t e , la table se
m e t à f r a p p e r u n n o m latin qui, p o u r être i n c o n n u de tous
les assistants, é v o q u e p o u r t a n t chez l'intéressé le vague
souvenir d ' u n p s e u d o n y m e pris p a r u n a u t e u r a l l e m a n d prati-
q u e m e n t ignoré du public.
U n p e u plus tard, voici que le j e u n e h o m m e se met à lire
à u n ami a r c h é o l o g u e des extraits d ' u n r o m a n mystique,
œ u v r e de son e n f a n c e , d é c r i v a n t s y m b o l i q u e m e n t ses
convictions religieuses et ses expériences intérieures.
M a i s l ' i n t e r l o c u t e u r ne le laisse pas finir : « O ù as-tu pris
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cela ? N ' a s - t u j a m a i s lu... » et le n o m cité n'est a u t r e q u e


celui q u ' a v a i t c o m m u n i q u é la table au cercle spirite. E t
l'ami d ' e x p l i q u e r q u e cet a u t e u r p e u c o n n u du siècle d e r n i e r
avait écrit u n r o m a n a n a l o g u e resté i n a c h e v é , qu'il était
m o r t j e u n e (du m a l d o n t avait e u j u s t e m e n t à souffrir le f u t u r
L a m a ) et q u e la similitude e n t r e les d e u x r o m a n s se retrou-
vait n o n s e u l e m e n t d a n s le fond, et les idées développées,
mais aussi d a n s la f o r m e m ê m e utilisée, le style, les symboles.
Très impressionné, le j e u n e h o m m e décide aussitôt de se
p r o c u r e r les œuvres de son m y s t é r i e u x p r o t o t y p e . M a i s ,
a v a n t m ê m e q u e ce p r o j e t se réalise, u n n o u v e a u fait é t r a n g e
vient à se p r o d u i r e de la m a n i è r e la plus i n a t t e n d u e . I n v i t é
à célébrer u n anniversaire d a n s u n cercle c o s m o p o l i t e de
C a p r i , n o t r e héros y fait la c o n n a i s s a n c e d ' u n s a v a n t
a l l e m a n d de passage d a n s l'île : ce d e r n i e r p a r a î t aussitôt
plongé d a n s u n e p r o f o n d e s t u p e u r et ne cesse d e dévisager
son j e u n e c o m p a t r i o t e p e n d a n t t o u t e la d u r é e de la r é u n i o n .
R e n s e i g n e m e n t pris plus t a r d a u p r è s de l'hôtesse, cette
surprise e x t r ê m e était a m p l e m e n t justifiée : le s a v a n t e n
q u e s t i o n — u n spécialiste de la vie et des œ u v r e s de
l ' é n i g m a t i q u e écrivain et p o è t e a l l e m a n d surgi de l'oubli
d a n s la séance spirite — avait eu la plus g r a n d e p e i n e d u
m o n d e à m a î t r i s e r son é t o n n e m e n t , c a r la r e s s e m b l a n c e e n t r e
le j e u n e h o m m e s é j o u r n a n t à cette é p o q u e à C a p r i et le
seul p o r t r a i t existant du p o è t e à cet âge était si f r a p p a n t e
qu'elle lui avait p r e s q u e d o n n é u n choc.
Plus tard, à la r é c e p t i o n des o u v r a g e s c o m m a n d é s , la
surprise n e fait e n c o r e q u e s ' a c c r o î t r e : n o n s e u l e m e n t bien
des parties d u r o m a n se r e t r o u v e n t d a n s ces textes vieux
d ' u n siècle, mais certains passages y sont l i t t é r a l e m e n t
identiques. « E t plus je lisais, o b s e r v e le L a m a d a n s son
livre, plus je m e r e n d a i s c o m p t e q u e mes pensées et senti-
m e n t s les plus intimes se t r o u v a i e n t là, e x p r i m é s p a r les
images et les mots exacts q u e j'avais l ' h a b i t u d e d'utiliser.
Mais, p r o j e t é c o m m e d a n s u n miroir, ce n'était p a s seule-
m e n t le m o n d e de m o n i m a g i n a t i o n q u e je r e t r o u v a i s d a n s
les plus m e n u s détails, mais q u e l q u e chose de b e a u c o u p plus
i m p o r t a n t qui se r a p p o r t a i t à ce q u e j'avais c o n ç u c o m m e
l'œuvre de m a vie actuelle : u n a p e r ç u m y t h o l o g i q u e de la
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p e n s é e et de la c u l t u r e h u m a i n e a b o u t i s s a n t à u n e vision
m a g i q u e de l'univers. »
O n p e u t n a t u r e l l e m e n t d é c h i f f r e r ces é v é n e m e n t s à la
l u m i è r e de la r é i n c a r n a t i o n : le p l a n de travail q u e s'était
fixé le j e u n e p o è t e n ' a y a n t p u être m e n é à bien, e n raison
d ' u n e m o r t p r é c o c e , s'était très vite i m p o s é de n o u v e a u à
l'esprit de son « i n c a r n a t i o n » suivante, qui dès lors allait
p o u v o i r le d é v e l o p p e r et l'exploiter, d a n s la limite des
m o y e n s offerts p a r son actuel c a d r e de vie. E t le L a m a de
c o n c l u r e , d a n s cette o p t i q u e : « A u c u n e œ u v r e i m p o r t a n t e
à laquelle o n s'est c o n s a c r é d ' u n c œ u r p u r et avec u n e
d é v o t i o n totale n e r e s t e r a inachevée. » E n d ' a u t r e s termes :
« C e qui reste à faire se c o n t i n u e r a ou s ' a c h è v e r a d a n s u n e
vie ultérieure. » P a r o l e s pleines d ' o p t i m i s m e , et m ê m e de
b o n sens... si on a c c e p t e les faits décrits c o m m e u n e p r e u v e
de la d o c t r i n e des r e n a i s s a n c e s ou si o n en est déjà c o n v a i n c u
p o u r d ' a u t r e s raisons.

Preuves subjectives et preuves objectives

E n a b o r d a n t le p r o b l è m e des p r e u v e s e x p é r i m e n t a l e s de la
r é i n c a r n a t i o n , qui c o n s t i t u e le t h è m e c e n t r a l de ce livre, il
f a u t c o m m e n c e r p a r clarifier u n c e r t a i n n o m b r e de points
essentiels d a n s ce d o m a i n e .
L e p u b l i c a d e m a n d é des preuves, mais lesquelles ? Jus-
q u ' o ù s ' é t e n d e n t ses r e v e n d i c a t i o n s et quel genre de d é m o n s -
t r a t i o n « scientifique » p o u r r a i t établir, à la satisfaction
générale, la vérité de la r é i n c a r n a t i o n ?
C'est ici q u e nous e n t r o n s d a n s l'univers m o u v a n t des
preuves.
P o s o n s d ' a b o r d q u e la r é i n c a r n a t i o n se p r é s e n t e à nous
c o m m e u n e hypothèse, aussi r e s p e c t a b l e q u e toutes les autres
hypothèses é c h a f a u d é e s p a r l'esprit h u m a i n p o u r t e n t e r
d ' e x p l i q u e r des faits observables. O n peut, bien sûr, p r é t e n d r e
qu'elle est u n e vérité indiscutable, u n e sorte de révélation
c o m m u n i q u é e aux h o m m e s i g n o r a n t s p a r les g r a n d s g u r u de
l'Orient.
M a i s l ' a u t o r i t é spirituelle de ces sages — pas plus q u e
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celle de Moïse o u de t o u t a u t r e p r o p h è t e — ne s a u r a i t tenir


lieu de p r e u v e en n o t r e XX siècle.
Il nous faut a u j o u r d ' h u i choisir e n t r e cette h y p o t h è s e (qui
r e n d c o m p t e avec u n e certaine logique de n o t r e origine
a v a n t la naissance et de n o t r e d e v e n i r d ' h o m m e s après la
mort), et les autres : celle du m a t é r i a l i s m e qui nous interdit
toute survivance et celles des religions m o n o t h é i s t e s o ù l'on
p e u t déchiffrer, d a n s le l a n g a g e s y m b o l i q u e qu'elles
e m p l o i e n t g é n é r a l e m e n t , la p r o m e s s e de q u e l q u e salut final,
à la suite d ' u n e u n i q u e e x p é r i e n c e terrestre.
D e toute évidence, le p h é n o m è n e de la r é i n c a r n a t i o n —
s'il existe — est à cheval sur d e u x d o m a i n e s : le p h y s i q u e et
le m é t a p h y s i q u e .
E n é v o l u a n t d a n s u n c a d r e s t r i c t e m e n t m é t a p h y s i q u e et
p h i l o s o p h i q u e , o n p e u t d é v e l o p p e r u n système c o h é r e n t de
r e p r é s e n t a t i o n d u m o n d e d a n s lequel la r é i n c a r n a t i o n vient
p r e n d r e une place n a t u r e l l e et logique, et c o n s t i t u e m ê m e
l'une des clefs de voûte indispensables p o u r d o n n e r u n sens
à l'ensemble. Les m o d è l e s o r i e n t a u x , et p a r t i c u l i è r e m e n t
celui de la t h é o s o p h i e de M m e Blavatsky, excellent d a n s ce
genre de d é m o n s t r a t i o n a p p u y é e sur des p r i n c i p e s m é t a -
physiques (98, c h a p . II-IV).
M a l h e u r e u s e m e n t , il n'existe pas de p r e u v e m é t a p h y -
sique absolue de quoi que ce soit. T o u t d é p e n d des prémisses
q u e l'on veut bien a d o p t e r a u d é p a r t — et souvent celles-ci
viennent t o u t droit de révélations invérifiables (ou i n t e r p r é -
tables de façons diverses).
D'ailleurs, sans se forcer à croire à ces prémisses, il est
loisible à c h a c u n de les a d o p t e r — au m o i n s p r o v i s o i r e m e n t
— c o m m e postulats de d é p a r t et d ' e x a m i n e r ensuite les
c o n s é q u e n c e s qui en d é c o u l e n t r a t i o n n e l l e m e n t . Il est évident
q u ' u n e telle d é m a r c h e est individuelle et mobilise les intui-
tions. la sensibilité — et sans d o u t e aussi les e s p é r a n c e s et
préférences plus o u moins conscientes de l'individu — d a n s
la r e c h e r c h e des preuves logiques susceptibles d'être atteintes
p a r cette voie.
O n t o u c h e ici le côté très subjectif de t o u t e cette catégorie
de preuves : p o u r l'un. la r é i n c a r n a t i o n d e v i e n d r a u n e
évidence p h i l o s o p h i q u e , qui p o u r r a m ê m e se p a s s e r de toute
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p r e u v e e x p é r i m e n t a l e , p o u r l'autre elle ne sera q u ' u n e vue


de l'esprit, u n fantasme. E t les p o l é m i q u e s qui se déve-
l o p p e n t à ce niveau, p o u r p r o u v e r la supériorité d ' u n e
d o c t r i n e sur l'autre, offrent souvent l'image d ' u n dialogue de
sourds.
Si on se t o u r n e m a i n t e n a n t vers le d o m a i n e d u vécu, la
vérité m a t é r i e l l e de la r é i n c a r n a t i o n va se révéler de f a ç o n
t o u t aussi f l u c t u a n t e , selon les individus.
L a m a j o r i t é des h o m m e s et des f e m m e s q u e nous
c ô t o y o n s d é c l a r e n ' a v o i r a u c u n e m é m o i r e d ' u n e vie passée,
et cela l e u r suffit p o u r rejeter la doctrine. D ' a u t r e s , au
c o n t r a i r e , o n t des souvenirs plus ou m o i n s nets, en rêve ou
m ê m e à l'état de veille, ou f o n t d ' é t r a n g e s expériences qui
l e u r s u g g è r e n t f o r t e m e n t u n e existence a n t é r i e u r e : ils sont
a m e n é s n a t u r e l l e m e n t à a d o p t e r l'idée de la renaissance.
Il est clair que d a n s les d e u x cas — refus ou a c c e p t a t i o n —
l ' a p p r o c h e d u sujet est individuelle, subjective, et ne p e u t
guère c o n s t i t u e r u n e p r e u v e universelle, objective, éventuel-
l e m e n t c o n t r ô l a b l e p a r t o u t o b s e r v a t e u r extérieur.
Il f a u t bien se r e p r é s e n t e r n é a n m o i n s q u e ces « r e n c o n -
tres avec le passé » laissent chez les t é m o i n s qui en font
l ' e x p é r i e n c e u n e i m p r e s s i o n e x t r ê m e m e n t p r o f o n d e qui ne
l e u r laisse a u c u n d o u t e sur ce qu'ils o n t vécu. Souvent,
d'ailleurs, il arrive que ces gens n ' o s e n t pas c o m m u n i q u e r
a u x autres le c o n t e n u de cette e x p é r i e n c e é t r a n g e — mais
c o m b i e n réelle p o u r eux — de p e u r de passer p o u r des
hallucinés. E n ce qui les c o n c e r n e , la cause est entendue.
Mais, p o u r la m a j o r i t é qui s'interroge, le t é m o i g n a g e isolé
d ' u n e p e r s o n n e — qui a p u e f f e c t i v e m e n t être victime d ' u n e
h a l l u c i n a t i o n — ne p e u t guère être r e t e n u c o m m e p r o b a n t .
A moins q u e le t é m o i n ait a p p o r t é sur sa vie passée p r é s u m é e
des i n f o r m a t i o n s vérifiables, et qu'il n'ait eu a u c u n m o y e n
de se les p r o c u r e r en d e h o r s de sa p r o p r e m é m o i r e lointaine.
L o r s q u e n o u s q u i t t o n s ainsi le c h a m p indécis des
impressions floues, des souvenirs plus o u m o i n s vagues, des
épisodes revécus — m ê m e i n t e n s é m e n t — dans un c a d r e
d é p o u r v u de toute r é f é r e n c e historique, p o u r a b o r d e r des
expériences assez précises p o u r se p r ê t e r à des vérifications
minutieuses, nous e n t r o n s sur u n terrain où le vécu subjectif
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s'assortit d ' u n e d i m e n s i o n objective c a p a b l e de servir de b a s e


à u n e d é m o n s t r a t i o n e x p é r i m e n t a l e d u b i e n - f o n d é de la
réincarnation.
C e sont n a t u r e l l e m e n t des t é m o i g n a g e s de ce type q u e
n o u s étudierons d a n s la suite de l'ouvrage.

Des mathématiques aux sciences naturelles

N o u s avons tellement l ' h a b i t u d e d ' e n t e n d r e les l o u a n g e s


de la science et d e ses c o n q u ê t e s q u e n o u s i m a g i n o n s
f a c i l e m e n t qu'elle évolue d a n s u n m o n d e de certitudes, qui
ne fait q u e s'accroître en tous sens avec le t e m p s . L a réalité
est un p e u différente.
D a n s le d o m a i n e des sciences de la n a t u r e , il n'existe
a u c u n e p r e u v e a b s o l u e établissant d é f i n i t i v e m e n t la vérité
d ' u n e théorie, o u m ê m e d ' u n e h y p o t h è s e .
E n d e h o r s des m a t h é m a t i q u e s , t o u t a u n e p a r t d'incer-
titude et reste s u s p e n d u a u v e r d i c t d ' o b s e r v a t i o n s ultérieures
qui p e u v e n t u n j o u r t o u t r e m e t t r e en question.
A p a r t i r de prémisses d o n t l'évidence, ou le c a r a c t è r e
a x i o m a t i q u e est indiscutable, il est possible de d é d u i r e
l o g i q u e m e n t des conclusions qui, e n fait, étaient d é j à
c o n t e n u e s d a n s les p r o p o s i t i o n s initiales. L e m a t h é m a t i c i e n
se d é p l a c e ainsi en sûreté d a n s u n m o n d e intellectuel qui ne
d é p e n d pas des choses o b s e r v a b l e s ni des c o n c e p t i o n s q u e
l'esprit p e u t se faire de l'univers. Il p e u t a d o p t e r les défi-
nitions de son choix et p o s e r des postulats qui lui o u v r e n t de
n o u v e a u x c h a m p s de r a i s o n n e m e n t p o u r a b o u t i r , avec la
m ê m e rigueur, à des t h é o r è m e s t o u t aussi i n d u b i t a b l e s q u e
ses premières conclusions.
P a r contre, l ' i n t e r p r é t a t i o n du spectacle de la N a t u r e p o s e
à l'intelligence h u m a i n e qui l'observe u n p r o b l è m e a u t r e m e n t
ardu. Les p h é n o m è n e s p h y s i q u e s les plus simples, en a p p a -
rence, résultent souvent d ' u n e c o m b i n a i s o n très c o m p l e x e
de faits qui ne se laissent p a s f a c i l e m e n t analyser.
C o m m e o n le sait, la science a pu p r o g r e s s e r g r â c e à
d ' i n n o m b r a b l e s observations, faites d a n s les c o n d i t i o n s les
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plus diverses, et à la mise au p o i n t d ' h y p o t h è s e s sans cesse


r e m a n i é e s afin d ' e x p l i q u e r r a t i o n n e l l e m e n t ces observations.
L a p r e u v e m a t é r i e l l e d ' u n e h y p o t h è s e d é p e n d des tech-
n i q u e s d ' o b s e r v a t i o n , mais il c o n v i e n t de réfléchir sur le
c a r a c t è r e relatif, voire provisoire d e cette p r e u v e . U n e
h y p o t h è s e d o n t toutes les c o n s é q u e n c e s t h é o r i q u e s s e m b l e n t
c o n f i r m é e s e x p é r i m e n t a l e m e n t d e v r a i t être c o n s i d é r é e seule-
m e n t c o m m e a d m i s s i b l e : il suffit q u ' u n n o u v e a u fait é m e r g e
qui ne puisse s ' e x p l i q u e r à l'aide d u m o d è l e t h é o r i q u e en
v i g u e u r p o u r q u e ce d e r n i e r soit d é c l a r é irrecevable, ou
qu'il d e v i e n n e nécessaire de le r e m a n i e r , p a r f o i s profon-
d é m e n t . L ' h i s t o i r e de la p h y s i q u e est f é c o n d e en de tels
bouleversements.
B i e n sûr, o n o b j e c t e r a q u e ce qui est acquis est acquis et
la p r e u v e de la t h é o r i e a t o m i q u e c'est H i r o s h i m a . D a n s u n
sens, c'est vrai, m a i s est-il i n d i s p e n s a b l e q u ' u n e t h é o r i e soit
e n t i è r e m e n t p r o u v é e p o u r q u ' o n tire de la masse des expé-
riences qui servent à la c o n s t r u i r e des a p p l i c a t i o n s et des
recettes t e c h n i q u e s aux c o n s é q u e n c e s p a r f o i s spectaculaires ?
Il se t r o u v e p r é c i s é m e n t q u e la p h y s i q u e de la m a t i è r e a fait
depuis la d e r n i è r e g u e r r e d ' i m m e n s e s progrès, qui a r r i v e n t
m ê m e à r e m e t t r e en cause c e r t a i n s des principes f o n d a -
m e n t a u x de la science. O n en vient à s'interroger sur les
i n t e r a c t i o n s e n t r e m a t i è r e et conscience, et sur le p r i n c i p e
de la causalité.
L ' e n s e m b l e de la science e x p é r i m e n t a l e repose sur le
r a p p o r t de l ' o b s e r v a t e u r à la « chose » observée, et toute la
c o n s t r u c t i o n m e n t a l e qu'il é l a b o r e p o u r décrire cet univers
m y s t é r i e u x qui l ' e n t o u r e devrait s ' a c c o m p a g n e r de la décla-
r a t i o n p r é l i m i n a i r e : « T o u t semble se passer c o m m e si le
m o n d e était ainsi. »
B i e n sûr, très p e u de savants s ' e m b a r r a s s e n t de f o r m u l e s
de ce genre. Il est p o u r t a n t des cas où ils d e v r a i e n t le faire :
ce sont ceux o ù le m o d è l e t h é o r i q u e q u e construisent les
c h e r c h e u r s est au-delà de t o u t e vérification expérimentale,
c a p a b l e de c o n f i r m e r i n t é g r a l e m e n t l'hypothèse.
O n a d m e t , à juste titre, que l'explication t h é o r i q u e d ' u n
p h é n o m è n e (ou d ' u n e n s e m b l e de p h é n o m è n e s ) est d ' a u t a n t
plus v r a i s e m b l a b l e q u ' o n est à m ê m e de d é m o n t r e r qu'il peut
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être r e p r o d u i t effectivement au l a b o r a t o i r e , en m a î t r i s a n t les


divers p a r a m è t r e s de l'expérience.
Hélas ! T o u t e s les sciences qui s'intéressent à des évé-
n e m e n t s s u r v e n u s d a n s u n passé irréversible, ou é c h e l o n n é s
sur d ' i m m e n s e s p é r i o d e s de temps, sont d a n s l ' i m p u i s s a n c e
c o m p l è t e en ce qui c o n c e r n e cette vérification de leurs
théories : ainsi paléontologistes et évolutionnistes de toutes
les écoles seront à j a m a i s d a n s l ' i n c a p a c i t é de d é m o n t r e r le
bien-fondé de leurs vues. Ils p o u r r o n t , bien e n t e n d u , r é u n i r
u n faisceau « i m p r e s s i o n n a n t » d'indices, d ' é l é m e n t s « posi-
tifs », de « p r é s o m p t i o n s de p r e u v e s » , et de t é m o i g n a g e s
« éloquents » de fossiles, ils n ' a r r i v e r o n t j a m a i s à a d m i -
nistrer la p r e u v e définitive q u e l ' h o m m e d e s c e n d d u singe
o u de l ' a u s t r a l o p i t h è q u e . M ê m e si, d ' a v e n t u r e , toutes les
observations a r r i v a i e n t u n j o u r à c o n c o r d e r p o u r d o n n e r la
p r é f é r e n c e à u n e théorie, il resterait t o u j o u r s u n d o u t e :
est-ce bien ainsi q u e les choses se s o n t passées ?
Les m ê m e s r e m a r q u e s s ' a p p l i q u e n t à d ' a u t r e s m o d è l e s
scientifiques, c o m m e celui de la c o m o s g e n è s e à p a r t i r d u
big-bang.
T o u t e s ces hypothèses à j a m a i s invérifiables sont cepen-
d a n t utiles et nécessaires p o u r faire p r o g r e s s e r la science,
activer les r e c h e r c h e s et obliger à r e p e n s e r sans cesse les
problèmes.
Il est s e u l e m e n t d o m m a g e q u ' e n l'absence de p r e u v e s
impossibles o n saute trop f a c i l e m e n t à des c o n c l u s i o n s
hâtives qui d e v i e n n e n t de véritables d o g m e s scientifiques
d a n s la c o m p r é h e n s i o n du public. O n a p p r e n d l'histoire des
« p r e m i e r s h o m m e s » d a n s les m a n u e l s scolaires.
Il f a u t g a r d e r en m é m o i r e ces diverses c o n s t a t a t i o n s en
a b o r d a n t le p r o b l è m e des p r e u v e s de la r é i n c a r n a t i o n , et
peut-être a c c e p t e r de ne pas exiger plus dans ce d o m a i n e q u e
ce q u ' o n a t t e n d g é n é r a l e m e n t de l'investigation scientifique.

Quelles preuves attendre pour la réincarnation ?

N o u s s o m m e s ici c o n f r o n t é s à un p r o b l è m e . . . de paléon-
tologie.
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P r e n o n s u n e x e m p l e : u n t é m o i n b i e n vivant du temps
p r é s e n t e x h u m e de sa conscience, p a r u n m o y e n q u e l c o n q u e .
u n p e r s o n n a g e d u passé, en f o u r n i s s a n t sur lui u n faisceau
d ' i n f o r m a t i o n s plus o u m o i n s précises et en d é c l a r a n t qu'il
existe u n lien u n i v o q u e entre ce p e r s o n n a g e et lui-même, qu'il
e x p r i m e p a r la f o r m u l e : j'ai été ce p e r s o n n a g e .
Il existe ainsi u n e a b o n d a n c e de cas o ù le sujet se souvient
de f a ç o n très v i v a n t e d ' a v o i r été m e r c e n a i r e gaulois, mous-
q u e t a i r e sous L o u i s X I I I , o u b l a n c h i s s e u s e sous N a p o l é o n I
et o ù il d o n n e des détails f r a p p a n t s sur ces vies o b s c u r e s des
siècles écoulés. Q u e p e n s e r de t o u t cela ?
C o m m e le fait le s a v a n t sur le terrain, il faut, b i e n sûr,
p a s s e r a u crible tous les vestiges r a m e n é s a u jour, e x a m i n e r
l e u r validité, et faire tous les r a p p r o c h e m e n t s nécessaires
avec l ' h o m m e d ' a u j o u r d ' h u i , p o u r tester le c a r a c t è r e vrai-
s e m b l a b l e de l'hypothèse.
M a i s p o u r le r é i n c a r n a t i o n n i s t e , c o m m e p o u r le p a l é o n -
tologiste, la p r e m i è r e difficulté est de taille : il y a cette
g r a n d e n u i t des t e m p s qui s é p a r e l ' h o m m e d e jadis de
l ' h o m m e q u e l'on côtoie, n u i t m u e t t e , qui a p o u r t a n t été le
t é m o i n des é v é n e m e n t s a y a n t assuré la c o n t i n u i t é d ' u n
p h y l u m de filiation du p r e m i e r a u second. D e s années, des
siècles, voire des millénaires, p e u v e n t s é p a r e r d e u x incar-
n a t i o n s successives — selon les m o d è l e s auxquels on
s'adresse.
C e p e n d a n t , d a n s le cas qui n o u s p r é o c c u p e , la difficulté
est e n c o r e bien plus g r a n d e . C o m m e nous l'avons observé,
la r é i n c a r n a t i o n est à cheval sur le p h y s i q u e et le méta-
physique. M ê m e si l'on r e t r o u v a i t le m e r c e n a i r e gaulois décrit
p a r u n sujet, si o n p o u v a i t le faire revivre, lui parler, analyser
ses sentiments, etc., et le c o n f r o n t e r à l ' h o m m e m o d e r n e qui
croit être sa « r é i n c a r n a t i o n », il resterait à p r o u v e r que c'est
bien la m ê m e « â m e » qui est passée d ' u n corps à l'autre, et
que le s e n t i m e n t d'identité é p r o u v é p a r le t é m o i n qui assure
avoir été ce G a u l o i s n'est p a s u n f a n t a s m e élaboré p a r sa
psyché. D a n s le cas du L a m a A n a g a r i k a G o v i n d a , malgré
les e x t r a o r d i n a i r e s points de r e s s e m b l a n c e — m ê m e p h y s i q u e
— entre le poète d u passé et le j e u n e A l l e m a n d , quelle
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certitude incontestable a-t-on que c'est le même être qui


est passé d'un siècle à l'autre ?
On voit qu'on ne risque pas de trouver de preuve absolue
de la réincarnation, et que l'approche expérimentale
s'expose de toute nécessité à connaître une grande complexité
de démarche, aussi bien sur le terrain physique, historique,
que dans le domaine fluctuant du psychisme.
Il faut insister encore sur ce point : l'hypothèse de la
réincarnation suppose un transfert, d'un corps à un autre,
non seulement d'un tissu de mémoire mais d'une sorte
d'entité centrale, vivante et active dans chacun de ces corps ;
et, bien entendu, échappant de quelque manière à la mort
physique.
Ce n'est donc pas le simple transfert d'informations que
d'aucuns suggèrent parfois (8) — comme le serait le passage
d'une bande magnétique ou d'une disquette d'ordinateur que
l'on transférerait d'un appareil de lecture à un autre, avec
toute sa charge d'instructions ou de messages du passé —
mais bien le retour au plan physique d'un « quelque chose »
porteur d'une base d'identité essentielle.
En dehors des modèles purement « animistes » de la
réincarnation qui parlent d'une sorte de recyclage du pouvoir
de vie dans une succession de corps, la plupart des autres
modèles associent une conscience permanente à cette réalité
immortelle pourvue d'un caractère psychique et spirituel.
Ainsi, la réincarnation, qui pose d'emblée le problème
d'une « âme », d'une conscience sous-jacente, survivant à la
mort et capable de reprendre du service sur terre, est
confrontée, dans le domaine expérimental, au redoutable
défi des siècles écoulés : prouver non seulement la réalité
nécessaire de cette âme — dont paradoxalement les psycho-
logues modernes semblent souvent se passer — mais encore
sa survie, son retour au plan des contingences matérielles,
et la possibilité qu'elle révèle quelque chose de son histoire
oubliée.
En somme, cela fait beaucoup de choses à prouver. On ne
doit pas être surpris que bien des arguments tirés de l'expé-
rience ne soient que des preuves partielles et se montrent
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impuissants à emporter la conviction générale. Mais ce n'est


pas une raison pour conclure que la réincarnation est une
fausse hypothèse : au contraire, les informations recueillies
ont découvert maintenant un domaine très riche qui invite à
une exploration sérieuse, et trop d'éléments tirés du vécu
suggèrent la réincarnation comme la bonne explication pour
que l'on referme le dossier des preuves — même si les
recherches devaient se poursuivre pendant des décennies
avant de déboucher (peut-être ?) sur des évidences. Nous en
sommes encore aux balbutiements, selon le mot de Sogyal
Rimpoché.

LES LEÇONS DE L'AFFAIRE BRIDEY MURPHY

Une atmosphère de recherche... passionnée

Le moins qu'on puisse dire c'est qu'il ne passe pas inaperçu


le retour en force de la croyance en la réincarnation dans
cet Occident où elle a eu jadis droit de cité avant l'implan-
tation du christianisme dogmatique. Comme toute chose
nouvelle, cette doctrine, qui nous revient d'un Orient que
nous apprenons à découvrir et à apprécier, suscite de l'intérêt
qui confine à l'enthousiasme mais, en même temps, elle
trouble, elle inquiète. Précisément, tous ceux qui s'arran-
geaient très bien sans elle, et qui se sentent concernés de près
par cette intruse, se mettent à réagir, comme pour tuer dans
l'œuf un mouvement d'idées qui les menace dans leurs
positions, leur réputation et peut-être même... dans leur
raison de vivre.
On peut prendre cette remarque pour une exagération,
mais il suffit de se souvenir des violentes réactions suscitées
en France, en 1977, par la parution du livre du Dr Moody
La Vie après la Vie (78). Cet ouvrage ne faisait que ramener
à l'actualité des phénomènes dont certains étaient connus
depuis longtemps : les expériences de conscience que font
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i n c a r n a t i o n , se dépouille après la m o r t p h y s i q u e de son


c o s t u m e de scène et a b a n d o n n e d a n s les coulisses son
i n s t r u m e n t p s y c h i q u e — la p s u c h è de P l u t a r q u e — p o u r se
retirer d a n s sa loge et m é d i t e r sur le c o n t e n u d'expériences
h u m a i n e s du p e r s o n n a g e terrestre qu'il a animé. Il e n
assimile t o u t e la richesse et l'intègre à son essence.
P o u r la t h é o s o p h i e b l a v a t s k i e n n e , le Soi i m m o r t e l de
l ' h o m m e (ou cette réalité consciente transpersonnelle)
d e m e u r e d a n s cette m é d i t a t i o n p o s t h u m e , loin des tourbillons
de l ' a t m o s p h è r e des pensées et des é m o t i o n s , j u s q u ' à ce qu'il
ait c o m p l è t e m e n t digéré le suc de sa n o u r r i t u r e terrestre :
il ne se r é i n c a r n e p a s avant. L e processus p e u t d o n c d u r e r
des siècles. E t , d a n s le n o u v e a u corps, u n e nouvelle person-
nalité d e v r a se d é v e l o p p e r sur la b a s e des p r o g r a m m e s
directifs r é s u l t a n t de l ' i n t é g r a t i o n des expériences anté-
rieures, et n o n sur le m o d è l e c o m p l è t e m e n t s t r u c t u r é de la
personnalité précédente.
Il n'est d o n c p a s é t o n n a n t que, p r a t i q u e m e n t , p e r s o n n e
ne se s o u v i e n n e de ses vies passées : celles-ci sont dissimulées
à u n n i v e a u g é n é r a l e m e n t inaccessible. L e s souvenirs p e u v e n t
c e p e n d a n t filtrer o c c a s i o n n e l l e m e n t d a n s le c e r v e a u : il f a u t
alors q u e les messages t r a v e r s e n t la zone agitée de la
p e r s o n n a l i t é terrestre. C h e z les enfants, d o n t l ' i n s t r u m e n t
p s y c h i q u e n'est pas e n c o r e e n c o m b r é , les images p e u v e n t
surgir bien plus a i s é m e n t q u e chez les adultes. Q u a n t à ces
derniers, c'est plus s o u v e n t d a n s l'isolement de l'état de
rêve qu'ils p e u v e n t r e v o i r q u e l q u e chose des vies antérieures.
C'est là aussi que la conscience de l ' E g o p r o f o n d projette la
s u b s t a n c e de rêves p r é m o n i t o i r e s , de visions symboliques,
et s ' e x p r i m e ainsi à la conscience personnelle incarnée. E n
général, celle-ci ne sait p a s i n t e r p r é t e r le c o n t e n u de ces
messages, ni leur genèse. C'est s e u l e m e n t d a n s des expé-
riences t o u t à fait exceptionnelles, c o m m e celles relatées p a r
L e n z (où les sujets se m e u v e n t d a n s la lumière naturelle de
plans spirituels i n s o u p ç o n n é s , en se s e n t a n t guidés p a r u n e
voix sans paroles qui p a r a î t venir d u f o n d de la conscience),
o u bien d a n s l'épreuve de la mort, q u e la présence de l'Ego
i m m o r t e l de l ' h o m m e se manifeste à sa personnalité incarnée.
R a p p e l o n s les conditions de la vision spirituelle r a p p o r t é e s
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par Lenz : le sujet n'est plus Monsieur X, ou Madame Y,


mais un témoin, bien éveillé, qui contemple sans émotion le
film complet des existences a n t é r i e u r e s Ces conditions sont
précisément celles de la revue de l'existence, décrite au
Dr Moody (78, 79) par les rescapés de la mort. A ce
moment, plus d'angoisse, plus de projets : la conscience
personnelle, qui a pris progressivement du recul, assiste
comme un spectateur à la succession des épisodes vécus.
Cela, dans une atmosphère de paix indicible et dans l'aura
lumineuse d'une Présence ressentie comme bienveillante et
protectrice — l' « Etre de Lumière », dans le langage des
témoins. Il est significatif que l'un des chercheurs qui ont
pris la relève de Moody pour une enquête plus systématique,
Kenneth Ring (89) exprime l'opinion que l'expérience solen-
nelle qui semble marquer l'entrée dans la mort correspond
à une sorte de fusion progressive de la personnalité (qui se
mouvait dans le cadre spatio-temporel d'une vie) dans le
Soi total de l'être dont elle n'était qu'une projection. L'envie
me vient de citer de longs paragraphes de la traduction
française du livre de Ring. Contentons-nous de ces courts
passages relatifs à l'Etre de Lumière : « Par analogie, on
pourrait comparer la personnalité individuelle à un enfant
qui, lorsqu'il a grandi, oublie complètement sa mère et est
incapable de la reconnaître quand ils se rencontrent plus
tard. » « Quel rapport cela a-t-il avec la lumière ? Selon
moi, ce Soi supérieur est tellement impressionnant, confon-
dant, affectueux et inconditionnellement tolérant (comme
une mère totalement indulgente), tellement étranger à la
conscience individualisée que celle-ci le perçoit comme
séparé et incontestablement autre. Il se manifeste comme une
brillante lumière dorée mais ce que l'on voit est effecti-
vement une forme supérieure de soi-même. »

3. Répétons-le, n o u s s o m m e s loin des a f f r e s de la vision psy-


c h i q u e o ù l'individu, t o t a l e m e n t i m p l i q u é , p a r t i c i p e de t o u t e s ses
f i b r e s a u x é v é n e m e n t s . C o m p t e t e n u des i m m e n s e s r e s s o u r c e s
de l ' i m a g i n a i r e , o n ne p e u t j a m a i s a f f i r m e r q u e ces i m a g e s
p s y c h i q u e s c o r r e s p o n d e n t à u n e réalité v é c u e j a d i s . E n t o u t cas,
les v r a i s s o u v e n i r s (s'il y e n a) p e u v e n t t o u j o u r s ê t r e m ê l é s à u n
f o i s o n n e m e n t d ' a u t r e s i m a g e s d ' o r i g i n e s diverses.
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M e r c i , K e n n e t h Ring. C e l a fait cent ans q u e M m e Bla-


vatsky a attiré l'attention sur cette vision de la mort, avec
l'explication q u e n o u s retrouvons a u j o u r d ' h u i : l'élévation de
la conscience personnelle a u n i v e a u de l'Ego — déclaré
quasi omniscient, p a r r a p p o r t à sa projection h u m a i n e —
q u e le c h e r c h e u r a m é r i c a i n a p p e l l e le S o i s u p é r i e u r . L ' a u t e u r
t h é o s o p h e a m ê m e précisé q u e c h e z des h o m m e s très p u r s
c e t t e r e v u e i n c l u t p a r f o i s d ' a u t r e s vies, e n r é v é l a n t l ' e n c h a î -
n e m e n t k a r m i q u e q u i les relie t o u t e s (11). C ' e s t d ' a i l l e u r s la
caractéristique d'une vision spirituelle de présenter un
t a b l e a u g l o b a l , u n i v e r s e l o ù t o u t le passé, a v e c le p r é s e n t ,
e t le f u t u r e n p r é p a r a t i o n , a p p a r a î t d a n s u n i n t e m p o r e l
indivisible. L e f i l m c o m p l e t , i n s p e c t é à la fois p a r le soi
p e r s o n n e l e t l e « S o i t o t a l », r e s t e r a m a r q u é d e f a ç o n
i n d é l é b i l e d a n s ce d e r n i e r e t s ' i n t é g r e r a a u r e s t e d e ses
souvenirs. M a i s cette e x p é r i e n c e ne suffit p a s p o u r passer
aussitôt à l ' i n c a r n a t i o n suivante. L ' E g o doit se d é p o u i l l e r
d e s o n c o s t u m e p s y c h i q u e lié à l ' h i s t o i r e , t o u t e n lui
s o u s t r a y a n t la m a s s e de richesses h u m a i n e s accumulées, afin
d e l e s m é t a b o l i s e r , p o u r a i n s i d i r e , e t e n e x t r a i r e les é l é m e n t s
n o u r r i c i e r s , p a r u n e s o r t e d ' a l c h i m i e c o n v e r t i s s a n t le psy-
c h i q u e en spirituel. A la fin de cette l o n g u e assimilation, qui
s e f a i t d a n s u n e a t m o s p h è r e d e f é l i c i t é t o t a l e r a p p e l a n t le
C i e l d e s r e l i g i o n s , l ' E g o a f a i t p l a c e n e t t e : il n e r e s t e p l u s
a u c u n é l é m e n t de conscience personnelle de l'être de jadis.
R a t t a c h é à la terre p a r tout son k a r m a passé, l'Ego rétablit
alors sa c o n n e x i o n , au m o m e n t de la c o n c e p t i o n de l'enfant,
e t u n e n o u v e l l e a v e n t u r e c o m m e n c e . M ê m e si u n i n s t r u m e n t
p s y c h i q u e ( a s t r a l ) s ' é l a b o r e d a n s le f œ t u s , e n m ê m e t e m p s
q u e le c e r v e a u , r e n d a n t p o s s i b l e s c e r t a i n e s f o r m e s d ' e x p é -
r i e n c e s d e c o n s c i e n c e , il n ' e s t p a s e n c o r e q u e s t i o n d e l a
conscience réfléchie qui caractérise l ' h o m m e : à l'instant
d e l a n a i s s a n c e , e l l e n ' e s t l à q u ' e n p r o m e s s e . M a i s s u r le
p l a n spirituel de l'Ego, la ligne directrice de la nouvelle
i n c a r n a t i o n est c l a i r e m e n t tracée, a v e c s o n p r o g r a m m e et
ses p e r s p e c t i v e s .
D a n s c e m o d è l e , l ' ê t r e q u i se r é i n c a r n e a - t - i l le p o u v o i r
d e c h o i s i r à s o n g r é s a r e n a i s s a n c e , e t d ' e n i n f o r m e r le
voisinage ? C h o i s i r serait e x p r i m e r des p r é f é r e n c e s ou des
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craintes — se comporter en être psychique et non spirituel :


l'Ego s'incarne là où le karma passé a préparé le terrain.
Imagine-t-on que cette entité, presque omnisciente, aurait le
pouvoir (ou la folie) de s'opposer au courant des forces que
ses personnalités passées ont mises en branle ? Et prendrait-il
le soin d'avertir ses futurs « parents » 4 ?
Il faut insister sur le fait que la vision au moment de la
mort découvre l'enchaînement logique des causes et des
effets. De même, les sujets de Lenz ont compris la raison
de certaines caractéristiques de leur existence ; et, en contem-
plant la chaîne de leurs existences antérieures, ils ont aperçu
le fil qui les relie logiquement. Cette fois, karma est tout à
fait en évidence.
Mais avec ce modèle spirituel, comment faire pour
accéder à la mémoire centrale et aller volontairement à la
recherche de vies passées ? Au fait, si nous étions persuadés
de la vérité de ces explications, nous soucierions-nous de les
connaître ces fameuses vies passées ? Et songerions-nous à
les découvrir coûte que coûte ?
Je n'ai trouvé nulle part, dans la Bhagavad Gîtâ ou
ailleurs — pas plus que dans la théosophie authentique —
d'encouragements à faire cette démarche. Et prétendrait-on
— avec des moyens psychiques qui ne réussissent qu'à
remuer la boue des émotions, des angoisses et des regrets
passés — faire remonter, à la surface de ce marécage, des
images conservées dans l'aura lumineuse d'un Soi spirituel ?
Toutes les voies d'éveil de l'Orient — et de l'Occident —
commencent par une purification préalable du champ psy-
chique — précisément pour l'amener à devenir transparent
à la lumière qui rayonne en permanence du foyer central de
notre être. Plus tard, naturellement, elles reviendront ces
images lointaines de notre passé — justement dans la mesure
où nous pourrons les contempler en spectateurs objectifs,

4. C o m m e i n d i q u é p l u s h a u t , r i e n n e s ' o p p o s e à ce q u e l'infor-
m a t i o n circule l i b r e m e n t s u r le p l a n des ê t r e s s p i r i t u e l s ; l'Ego
de la f u t u r e m è r e p e u t b i e n c o m m u n i q u e r à s o n c e r v e a u les
i m a g e s de la n a i s s a n c e p r o g r a m m é e p a r k a r m a , l e s q u e l l e s
s e r o n t p e r ç u e s de f a ç o n r é a l i s t e d a n s la c o n s c i e n c e i n c a r n é e , sous
la f o r m e d ' u n rêve o u d ' u n e vision.
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c o m m e l e f a i t l e m o u r a n t q u i r e v o i t l e f i l m d e s a vie.
Il e x i s t e b i e n e n t e n d u d e s c i r c o n s t a n c e s p a r t i c u l i è r e s o ù
ces s o u v e n i r s p e u v e n t é m e r g e r — e n d e h o r s d e flashes de
visions exceptionnelles, ou de rêves passagers. L a véritable
m é d i t a t i o n s p i r i t u e l l e 5 o ù l a c o n s c i e n c e se r e t i r e v e r s s a
source, hors d u c a d r e spatio-temporel habituel, crée certai-
n e m e n t d e s c o n d i t i o n s a d é q u a t e s p o u r l a f u s i o n d u « soi
p a s s a g e r » e t d u « S o i t o t a l ». M a i s f a u d r a i t - i l p r a t i q u e r c e t t e
m é d i t a t i o n p o u r s a t i s f a i r e u n e c u r i o s i t é ? L ' i n t é r ê t p o u r les
« vies p a s s é e s » est-il s p i r i t u e l e n e s s e n c e — o u p s y c h i q u e ?
D a n s ce d o m a i n e , le m o t i f est c a p i t a l , et d é c i d e des
conséquences.
N i K r i s h n a , ni P a t a ñ j a l i n e p r e s c r i v e n t la p ê c h e a u x vies
antérieures, bien que ce dernier signale q u ' u n parfait
m é d i t a n t p e u t en r e t r o u v e r la c o n n a i s s a n c e e n c o n c e n t r a n t
s o n œ i l i n t é r i e u r s u r les t r a i n s d ' i m p r e s s i o n ( s a m s k a r a ) q u i
r e v i e n n e n t d a n s s o n m e n t a l (livre II, v e r s e t 18). G a r d o n s -
n o u s c e p e n d a n t de c o n c l u r e q u e cette p e r f o r m a n c e est à
n o t r e p o r t é e d ' O c c i d e n t a u x , e n n o u s é t e n d a n t s u r le d i v a n
d ' u n t h é r a p e u t e , o u le m a t e l a s d u lying : c o m m e n ç o n s
h u m b l e m e n t p a r t e n t e r d e p a r c o u r i r les c i n q p r e m i e r s d e g r é s
de purification, et d ' e n t r a î n e m e n t d a n s la voie d u y o g a de
P a t a ñ j a l i , a v a n t d ' a b o r d e r la m a î t r i s e des trois é t a p e s de
la méditation.
P e u t - ê t r e l ' A B C de toute cette science consiste-t-il à
déchiffrer d'abord la différence entre le psychique et le
spirituel ? T r a d i t i o n n e l l e m e n t , c'est a u x M a î t r e s de cette
a l c h i m i e — q u i m é t a m o r p h o s e le « s o i p a s s a g e r » e n u n
instrument parfaitement accordé aux grandes vibrations
universelles — q u e se d é c o u v r e la v i s i o n c o m p l è t e et
c o n s c i e n t e d e toutes leurs existences antérieures. E t c'est à
ce degré d'éveil total (en sanskrit s a m y a k s a m b o d h i ) qu'un

5. T r o p s o u v e n t la m é d i t a t i o n , c o m m e la p r i è r e , ne s'élève p a s
a u - d e s s u s des p r é o c c u p a t i o n s p e r s o n n e l l e s et d u c h a m p des émo-
t i o n s e t d é s i r s h u m a i n s , m a l g r é l ' a m b i a n c e qui se veut spiri-
tuelle. Les visions de vies a n t é r i e u r e s o n t bien des c h a n c e s
d a n s ces c o n d i t i o n s de n ' ê t r e q u ' u n t i s s u d ' i m a g e s o u r d i p a r la
p s y c h é . E t le m é d i t a n t , o u le fidèle, s e n t i m e n t a l d a n s sa d é m a r -
che, n ' e s t p a s à l ' a b r i d ' u n e c o n t a g i o n p s y c h i q u e .
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ê t r e a t t e i n t le n i v e a u d ' u n B o u d d h a . O n m e s u r e l e c h e m i n à
parcourir...
D a n s le m o d è l e s p i r i t u e l d e l a r é i n c a r n a t i o n , l e s t é m o i -
g n a g e s s o n t rares et i n v é r i f i a b l e s p a r n a t u r e , p u i s q u e l'inter-
valle e n t r e d e u x vies est très long, et q u e l ' o n d o i t c o m p t e r
sur des expériences exceptionnelles p o u r en saisir des traces
— à m o i n s d e c r o i r e s u r p a r o l e les M a î t r e s s p i r i t u e l s e t les
Initiés qui en ont u n e c o n n a i s s a n c e de p r e m i è r e m a i n . M a i s
le r a p p r o c h e m e n t d e c e s r é c i t s a v e c c e u x d e s m o u r a n t s
r a p p e l é s à la vie est saisissant. P e u t - ê t r e t e n o n s - n o u s là u n
fil d ' A r i a n e p o u r n o u s c o n d u i r e d a n s le l a b y r i n t h e d e s
m y s t è r e s de n o s e x i s t e n c e s passées et futures.
U n e dernière r e m a r q u e p o u r ce m o d è l e : dans la g r a n d e
marée m o n t a n t e de l'évolution qui porte en avant son contin-
g e n t i n n o m b r a b l e d e c o n s c i e n c e s q u i se r e l a i e n t s u r l a t e r r e
p o u r t é m o i g n e r d e l ' H o m m e e n f o r m a t i o n , il n ' y a p a s
d ' â m e s j e u n e s ni d ' â m e s vieilles. T o u t e s s o n t e n r a c i n é e s d a n s
l'infini, et d a n s l'infini o n t l e u r d e v e n i r .
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A u f o n d d e s o n b e r c e a u , le p e t i t d ' h o m m e n o u s a p p e l l e
à la c o n t e m p l a t i o n d e l'éternel m y s t è r e d e la vie q u i revient.
Des yeux n o u v e a u x s'ouvrent à la lumière : dans la trans-
p a r e n c e de leur regard, qui sait quels h o r i z o n s p e r d u s ,
quelles images oubliées c h e r c h e n t à réveiller e n n o u s l'écho
de lointaines étapes ?

U n j o u r — b i e n r a r e m e n t il e s t v r a i — l ' o r d r e s e b o u s c u l e
e t l ' e n f a n t d o n n e à l ' a d u l t e é b l o u i le v e r t i g e d e l ' i m m e n s i t é .
Pareil au mystique, l'artiste de génie t é m o i g n e d ' u n e d i m e n -
s i o n i g n o r é e d e n o t r e n a t u r e h u m a i n e . P a r f o i s , il r é v è l e s o n
secret : aux grands m o m e n t s de création, M o z a r t voyait
l ' œ u v r e m u s i c a l e s e d é v o i l e r à ses s e n s i n t é r i e u r s ; d e t o u t s o n
ê t r e , il c o m m u n i a i t a v e c e l l e e t l a p l u m e i n s p i r é e n ' a v a i t
p l u s q u ' à t r a c e r les n o t e s e n f l o t s i m p é t u e u x s u r d e s f e u i l l e t s
sans valeur.

M o z a r t n'a pas parlé de réincarnation. Revenait-il de trop


l o i n p o u r se s o u v e n i r ? E û t - i l d û c h e r c h e r à s a v o i r ? L ' i m -
p o r t a n t , d a n s s a c o u r t e vie, n ' é t a i t - c e p a s p l u t ô t d e d o n n e r
t o u s ses s o i n s à l ' é c l o s i o n d e l a f l e u r s p l e n d i d e d u g é n i e ,
s a n s se s o u c i e r d e l ' h u m u s d ' e x p é r i e n c e s s a n s n o m b r e q u i
lui p e r m e t t a i t de r e n a î t r e ?

Paris, le 5 décembre 1983.


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A P P E N D I C E

ASTROLOGIE KARMIQUE ET REINCARNATION

L ' A m é r i q u e , à qui nous devons tant de belles nouveautés,


e s t le b e r c e a u d e c e t t e « a s t r o l o g i e k a r m i q u e » d o n t D o r o t h é e
K o e c h l i n d e B i z e m o n t s'est faite, e n 1 9 8 3 , l ' a r d e n t e p r o p a -
gandiste. S o n livre, q u i p o r t e ce t i t r e (66), est des p l u s
p r o m e t t e u r s . S a n s d o u t e , si n o u s c r o y o n s à l a r é i n c a r n a t i o n ,
nos existences passées nous intéressent. « M a i s c o m m e n t
s a v o i r O U I n o u s a v o n s é t é a u t r e f o i s ? Si n o u s a v o n s é t é
c h i n o i s o u b r e t o n , a v o n s v é c u d a n s tel p a y s o u telle ville ?
L a r é p o n s e est d a n s n o t r e c a r t e d u ciel (ou t h è m e , o u h o r o s -
c o p e ) : e l l e e s t l à , il s u f f i t d e s a v o i r l a d é c h i f f r e r . » C e t t e
promesse a peut-être quelques fondements pour ceux qui
c o n n a i s s e n t v r a i m e n t les s e c r e t s d e l a m é c a n i q u e c o s m i q u e ,
mais on m e p a r d o n n e r a d ' a f f i r m e r qu'elle est p a r f a i t e m e n t
u t o p i q u e si o n s ' e n t i e n t a u x r é v é l a t i o n s d e c e t o u v r a g e . E t
je défie c o u r t o i s e m e n t q u i c o n q u e de p r o u v e r , h o r o s c o p e e n
m a i n , qu'il a été chinois ou b r e t o n . L e s r a i s o n s d e ce
j u g e m e n t v o n t a p p a r a î t r e d a n s la suite.
Nous pouvons accepter, au moins c o m m e une hypothèse,
l'influence des énergies cosmiques, p a r t i c u l i è r e m e n t au
m o m e n t de la naissance de l'enfant. C e l a ne n o u s oblige
p a s à c r o i r e t o u t ce q u e d i s e n t les a s t r o l o g u e s , l e s q u e l s se
t r o m p e n t souvent. T é m o i n le g r a n d A l e x a n d r e V o l g u i n e 1

1. Ce spécialiste avait prédit dans l'Almanach Chacornac de


1939 : « Contrairement à toutes les " prophéties sensationnelles "
qui sont actuellement à la mode, nous n'aurons pas la guerre... »
Malgré un certain isolement de la France, « dans la deuxième
partie de 1939 ou au début de 1940, un rapprochement franco-
allemand est à prévoir, ou tout au moins une détente considé-
rable avec nos voisins d'outre-Rhin. » De quoi se faire hara-kiri
quand on est astrologue !
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L'astrologie, qui se veut scientifique, doit pouvoir donner


ses raisons lorsque, se tournant aussi vers le passé, elle
prétend déchiffrer les vies antérieures.
En gros (si j'en crois l'auteur) les sources d'informations
sont de deux types : il y a la mystérieuse « tradition », que
l'on évoque comme une chose allant de soi — sans citer
aucune source vérifiable — et les « modernes ». De la
première, on retient l'idée qu'il faut prendre en compte la
précession des équinoxes, en construisant les cartes du ciel
sur le zodiaque réel des constellations : il existe en effet
un décalage avec le zodiaque des signes que malheureusement
personne ne connaît, mais que l'auteur du livre donne à la
seconde d'arc près : 24° 29' 53" pour 1983. Un astrologue
indien 2 vous propose cependant une valeur toute différente
de cet intervalle (l'ayanâmsha, ou ayana bhâga) : 22° 8'. Qui
croire ?
Quant aux modernes, ce sont des médiums et autres
clairvoyants dont Edgar Cayce est le modèle accompli.
Nous voilà en étrange compagnie pour construire une science
nouvelle. Nous avons vu précédemment avec quelle réserve
il convenait d'accepter les « lectures de vie » : sur quelle base
devrait-on ajouter foi aux révélations astrologiques un peu
fantastiques du célèbre personnage ?
Faisons quand même, de bonne grâce, l'hypothèse que
ces visions sont correctes, et suivons l'astrologue karmique
dans son exposé enthousiaste : discours torrentiel où les
indications s'accumulent, comme en un traité dogmatique,
où la conviction tient lieu de démonstration. Tout est sûr et
certain, et il y a, paraît-il, des dizaines de signes sensibles
dans un horoscope qui renvoient au passé. Admettons.
Le drame c'est qu'il n'y a aucune vérification possible.
Il faut croire sur parole, étant donné qu'on ne connaît pas
un seul exemple d'incarnations successives de la même entité
— sinon la réincarnation serait prouvée. Qu'à cela ne
tienne ! Grâce à Edgar Cayce, nous en connaissons au moins
trois, dont deux fameux. Il s'agit de Molière, réincarné le

2. B.V. Raman, Manuel élémentaire d'astrologie hindoue, Cha-


cornac, Paris, 1940.
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15 j a n v i e r 1942, et de F r a n z Liszt, le 2 0 o c t o b r e 1 9 4 0 3
R é i n c a r n a t i o n s très obscures c e p e n d a n t . P o u r sûr, armés des
instructions données dans le livre, nous n'allons pas m a n q u e r ,
en a n a l y s a n t les t h è m e s de leurs m o d e r n e s successeurs, de
r e t r o u v e r la figure des d e u x g r a n d s h o m m e s . L a s ! O n n e
c o n n a î t pas l'heure de naissance exacte de ces rejetons !
D o n c , rien de précis sur l ' A s c e n d a n t , etc. T a n t pis. E s s a y o n s
q u a n d m ê m e de tirer q u e l q u e chose. V o y o n s du côté des
planètes rétrogrades, p a r e x e m p l e ; s'il y e n a b e a u c o u p
d a n s le thème, o n a (paraît-il) u n e vieille â m e . M o l i è r e n° 2
(p. 3 3 0 ) en avait six, en 1 9 4 2 : voilà n o t r e h o m m e ! H é l a s !
Si nous nous t o u r n o n s vers M o l i è r e n° 1 (le vrai), son t h è m e
de naissance brille p a r l'absence de ces p l a n è t e s r é t r o g r a d e s :
zéro p o u r l u i ! E t son t h è m e de m o r t , p a r e i l : zéro. D a n s
cette illustre vie, il f a u t croire qu'il sortait t o u t juste du
moule à f a b r i q u e r les âmes et q u e cette p r e m i è r e vie n e lui
a pas servi à grand-chose. P e u t - ê t r e q u ' u n séjour de 3 2 0 ans
q u e l q u e p a r t d u côté de J u p i t e r ou d ' A r c t u r u s vous l'a vieilli
en un t o u r n e m a i n . A v e c Liszt (p. 334), m ê m e pénible consta-
tation : zéro encore ! C o m m e q u o i on p e u t être u n e j e u n e
â m e et se hisser au r a n g de super-virtuose.
Q u e faire p o u r a v a n c e r q u a n d m ê m e u n p e u ? T o u r n o n s -
nous vers les h o r o s c o p e s de gens c o n n u s d o n t C a y c e a
fait les lectures de vie, ou d o n t on s u b o d o r e (?) l'incar-
n a t i o n précédente. L e lecteur p e u t m e s u r e r ici t o u t ce qu'il
y a d'inconsistant dans cette d é m a r c h e . L ' a u t e u r vous analyse
avec m a e s t r i a le t h è m e de C a y c e (p. 344), c o m m e il se doit :
u n astrologue est souvent i m b a t t a b l e p o u r prévoir... ce qui
s'est passé déjà, et d é c o u v r i r d a n s un h o r o s c o p e tous les
éléments qui étayent son discours. M a i s il ne f a u t p a s
avoir la c a n d e u r de vérifier, à l'aide des règles fournies,
si C a y c e vivait bien en A m é r i q u e dans son i n c a r n a t i o n
précédente. E n principe, le signe de la p o i n t e de la M a i -
son X I I vous renseigne sur ce détail (p. 76). A v e c les U S A on

3. Il y a un autre candidat sur les rangs pour F. Liszt, signalé


par le Dr Bertholet (6). Lequel adopter ?
4. D'ailleurs, d'après son thème astral, Julien l'Apostat — dont
l'auteur fait grand cas — est logé à la même enseigne. Il aurait
été la réincarnation d'Alexandre : tout de même pas un débutant !
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a t t e n d r a i t les G é m e a u x . C ' e s t le C a n c e r qui s'y t r o u v e :


C a y c e s'est d o n c t r o m p é ; avec le C a n c e r , il devait choisir
e n t r e l'Algérie, la Bavière, le Bengale... le H o n d u r a s , J a v a
o u le P a r a g u a y . L a F r a n c e , D i e u m e r c i ! est m a r q u é e p a r le
L i o n , signe solaire (sans d o u t e à cause de L o u i s X I V ) . M a i s
si vous avez été le p o è t e K o r m a k r , le général C a s t a g n e t a s , o u
s i m p l e m e n t N a p o l é o n , vous ne le s a u r e z j a m a i s : l'Islande, le
M e x i q u e , la C o r s e , et d ' a u t r e s terres oubliées n ' o n t p a s de
signes. Il f a u d r a d e v i n e r d ' u n e a u t r e f a ç o n v o t r e antécédent.
C a r c'est bien de devinette qu'il s'agit : il existe bien des
règles a s t r o l o g i q u e s ( k a r m i q u e s ) mais o n n e sait jamais
c o m m e n t les a p p l i q u e r , à m o i n s d'être clairvoyant.
E n voici des exemples. P r e n o n s le cas d u j e u n e P a s c a l
(p. 371). O n croit (?) d a n s son e n t o u r a g e qu'il a été c a p i t a i n e
de l ' a r m é e des Indes. C a p i t a i n e ? C ' e s t le Bélier qui le
p r é d e s t i n e r a i t : on le t r o u v e c o r r e c t e m e n t en M a i s o n X I I
(une c h a n c e !), b i e n q u e la p o i n t e de cette M a i s o n b a i g n e
l a r g e m e n t d a n s les Poissons. Q u e l signe choisirait-on si o n
n e savait rien ? M a i n t e n a n t , les I n d e s ce d e v r a i t être le
C a p r i c o r n e sur la M a i s o n X I I : ce signe est ailleurs, d a n s
le t h è m e ; vide de p l a n è t e s : au Mi-Ciel. A v o u e z q u e si vous
n'aviez p a s su q u e le g a r ç o n avait vécu là-bas avant... D a n s
son explication, l ' a u t e u r glisse sur la difficulté en é v o q u a n t
S a t u r n e , m a î t r e de ce signe, si i n t é r e s s a n t d a n s l'horoscope...
P a s s o n s à L a u r e n c e q u e l ' o n i m a g i n e b i e n (?) danseuse
i n d i e n n e r é i n c a r n é e (p. 366). C e t t e fois, le C a p r i c o r n e
(indien) est m a l h e u r e u s e m e n t d a n s l ' A s c e n d a n t , vide de tout.
T a n t pis. V o y o n s la danse : elle est signée p a r les G é m e a u x
q u ' o n ne voit p o u r t a n t nulle p a r t , de la M a i s o n X I I à la
M a i s o n X. E n fait, ils se c a c h e n t d a n s la M a i s o n VI, vide.
B a h ! Il suffit de se s o u v e n i r q u e les G é m e a u x f o r m e n t le
3 signe ; i n s p e c t o n s d o n c la M a i s o n I I I : victoire ! O n y
t r o u v e q u a t r e planètes, plus un n œ u d l u n a i r e : o n avait
bien u n e d a n s e u s e ! R e m a r q u e z q u ' a v e c les G é m e a u x (p. 79)
elle a u r a i t pu être aussi bien, la c h è r e enfant, écrivain,
c o m m i s s i o n n a i r e , p i c k p o c k e t , c o u r e u r cycliste, prestidigi-
tateur... trapéziste, ou m a r c h a n d d'oiseaux. M a i s non, elle
était danseuse, vous dis-je. V o u s voyez que si vous avez u n e
idée de ce qu'il f a u t d é m o n t r e r , la réussite est certaine.
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Il y a des règles qu'il faut s i m p l e m e n t savoir a p p l i q u e r avec


doigté. P a r exemple, il est des cas o ù o n doit tenir c o m p t e
de l ' a y a n â m s h a (l'intervalle entre les 2 zodiaques), d ' a u t r e s
o ù il est préférable de l'oublier, si o n veut t r o u v e r le b o n
résultat : avec L a u r e n c e , sans ce m a u d i t décalage, le
C a p r i c o r n e serait à la b o n n e p l a c e p o u r signifier l ' I n d e de
jadis.
Passons sur d ' a u t r e s sources d ' e r r e u r s : ceux d ' e n t r e nous
qui ont été de simples m é n a g è r e s dans le passé — c o m m e ces
milliards de femmes qui se sont succédé d a n s ce rôle — n e le
s a u r o n t jamais. O n leur t r o u v e r a i m m a n q u a b l e m e n t u n e
profession dans le c a t a l o g u e détaillé, en r a p p o r t avec c h a q u e
signe (pp. 78-82). M é f i o n s - n o u s é g a l e m e n t de toutes les
indications répertoriées, d u style : « L e Soleil d a n s les
G é m e a u x signifie que... » N e vous avisez p a s de faire des
vérifications sur les horoscopes proposés, à titre d'illustration :
vous auriez des surprises. U n e x e m p l e ? U r a n u s r é t r o g r a d e
en B a l a n c e i n d i q u e (entre autres) que « d a n s ses vies anté-
rieures... (le sujet) se v o u l a i t c o n c i l i a t e u r a u service de tous ».
Savez-vous à qui cette r é c o n f o r t a n t e c o n s t a t a t i o n s'applique ?
A un pauvre garçon, t o u t m a l a d e , qui avait exercé jadis le
(vilain) m é t i e r de G r a n d I n q u i s i t e u r 5 (p. 368).
A quoi b o n insister ? L ' a s t r o l o g u e k a r m i q u e a r é p o n s e à
t o u t : u n k a r m a peut en c a c h e r un a u t r e — lequel d e v r a
sauter une i n c a r n a t i o n ; et si vous n e ressemblez pas à v o t r e
signe c'est q u e vous êtes encore sous l'influence du p r é c é d e n t .
L e k a r m a a b o n dos. E t si vous lisez d a n s le t h è m e n a t a l d ' u n
individu q u ' o n a, sans conteste, affaire à u n b r a v e h o m m e
— alors que c'est un assassin à répétition, c o m m e le D r
Petiot — vous p o u r r e z t o u j o u r s vous en tirer ( c o m m e
certains de vos prédécesseurs) p a r cette f o r m u l e coulée

5. Cette a f f l i g e a n t e p r é c i s i o n a été d é c o u v e r t e p a r c l a i r v o y a n c e
p a r Max et A u g u s t a H e i n d e l (56) : l ' i n d i v i d u a v a i t été j a d i s
« initié de l ' O r d r e de J é s u s », zélé, a r d e n t et cruel, i n s e n s i b l e à
la d o u l e u r des a u t r e s m a i s t o u r m e n t é p a r le sexe. Plus t a r d , il
s ' é t a i t r a n g é d u c ô t é de ses a n c i e n n e s v i c t i m e s et a v a i t p é r i sous
la t o r t u r e . E n c o r e u n de ces r é c i t s f a b u l e u x de vies p a s s é e s , abso-
l u m e n t invérifiables, qu'il s e r a i t b i e n i m p r u d e n t de p r e n d r e
c o m m e e x e m p l e s significatifs p o u r c o n s t r u i r e u n e science de
l'astrologie k a r m i q u e !
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d a n s le b r o n z e : l ' h o m m e est libre 6 il a r r i v e qu'il fasse


m e n t i r les astres. A m e n !
D a n s ce flou a r t i s t i q u e d e l'astrologie k a r m i q u e o ù
c h a q u e d é t a i l a d e l ' i m p o r t a n c e m a i s o ù t o u t se d é r o b e d è s
qu'il y a u n c o m m e n c e m e n t d e v é r i f i c a t i o n possible, je ne
sais p a s b i e n la p l a c e q u i r e v i e n t à la b o n n e vieille t r a d i t i o n
des C h a l d é e n s . Il m e s e m b l e qu'ils n ' o n t pas b e a u c o u p
spéculé sur U r a n u s , N e p t u n e et Pluton. N e vous avisez
q u a n d m ê m e p a s d e r e t i r e r d u livre e n q u e s t i o n t o u t ce
q u i c o n c e r n e le r ô l e ca-pi-tal d e ces p l a n è t e s t r a n s - s a t u r -
niennes, vous enlèveriez b i e n des p a g e s essentielles, sans
l e s q u e l l e s le d i s c o u r s t o u r n e r a i t c o u r t b i e n s o u v e n t . C e s
pères de l'astrologie initiatique n'étaient-ils q u e des igno-
r a n t s ? A p r è s t o u t , l a v é r i t é est p e u t - ê t r e q u ' i l s n e se
s o u c i a i e n t p a s de m ê l e r les p l a n è t e s a u x i n c a r n a t i o n s p a s s é e s
de tout un chacun.
Plaise au Ciel étoilé q u e q u e l q u ' u n puisse a p p o r t e r une
seule (vraie) p r e u v e d u contraire !

6. En vertu du principe : les astres inclinent mais ne néces-


sitent pas.
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L a composition
et l' impression de ce livre ont été effectuées
par l'Imprimerie SEG
pour les Editions Albin Michel

Achevé d'imprimer en juillet 1984


N° d'édition 8462. N° d'impression 2740
Dépôt légal août 1984

Imprimé en France

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