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DE LA SPHÈRE DE L’ÉGO

À LA SUPER-SPHÈRE DE L’ÊTRE
(ou du personnel à l’impersonnel)
d'après YRAM

INTRODUCTION

Nombreux sont les livres, en psychologie, en psychanalyse, en spiritualité, à parler de l’égo et


de ses diverses instances, ou strates, dans la psyché. Dans cette étude, l’égo est abordé différemment
par sa constitution métaphysique, en rapport avec les expériences de décorporation d’Yram (Marcel
Forhan).
Dans la métaphysique de Marcel Forhan (1884-1927), l’égo est à la fois la thématique, la
problématique, la difficulté, et l’enjeu, c’est dire comme il est central. Il est la thématique : sa
métaphysique repose sur l’expérience individuelle du dédoublement et la prise de conscience des
facultés psycho-énergétiques en rapport avec les lois et principes universels. Il est la problématique :
l’égo étant centralisateur, il empêche l’individu d’accéder aux plus hautes dimensions métaphysiques,
ce qui l’enchaîne au cycle indéterminé des réincarnations. Il est la difficulté : il importe de
comprendre comment surmonter les nombreux défauts liés à l’égocentrisme. Et il est l’enjeu :
l’individu peut échapper aux cycles des réincarnations s’il devient impersonnel par son altruisme et
par affinité avec l’ordre universel.
Certains passages de sa trilogie révèlent la structure métaphysique de l’égo. Or, il se trouve
que cette structure est connue d’autres traditions, mystiques, comme en témoigne le livre du
philosophe et phénoménologue Jean-Louis Chrétien, La joie spacieuse, essai sur la dilatation (Minuit,
2007).

1. Définition du terme ego


Qu’est-ce que l’ego ? C’est un mot latin que l’on peut traduire par « je », ou par « moi ». Mais
l’étude des rêves, et plus généralement, de l’inconscient, a démontré que le « moi » n’est pas le tout
de l’être individuel. Si pendant que nous dormons, nous pouvons expérimenter au cours de nombreux
rêves, une autre personnalité, si nous pouvons devenir schizophrène avec des personnalités multiples,
si nous pouvons être attentifs à nos lapsus qui révèlent une logique différente de notre rationalité
consciente, c’est bien que notre individualité déborde le petit moi. Par ailleurs, il est établi que le
nourrisson n’a pas encore constitué un « moi », ce qui laisse à penser qu’il est le fruit d’une
identification subjective, et même de plusieurs identifications (au père, à la mère, à des
représentations parentales et imaginaires). Nous voyons à quel point, derrière ce mot de trois lettres,
se dissimule une complexité d’analyses comme peuvent en témoigner les psychologues,
psychanalystes, psychiatres et autres psychothérapeutes.
De part et d’autre, il est admis que notre personnalité est liée à la façon dont nous nous
percevons nous-même. C’est en cela qu’elle n’est pas fondamentale, première, génétique.
Notre personnalité a beaucoup en commun avec la persona : ce masque des tragiques grecs qui
servait de porte-voix par l’embouchure, et d’expression dramatique par sa figure joyeuse ou triste. La
personnalité est dans l’arène publique, mais quel est l’être qui est dans le for intérieur ? Il est
évidemment plus que ce qu’il donne à voir, à paraître. La philosophie platonicienne et hégélienne a
beaucoup insisté sur la dialectique de l’individu propre à sa réflexivité. En opérant une introspection,
l’être se réfléchit. Il est donc double puisqu’il peut s’autocritiquer.
Cette faculté dialectique intérieure démontre que l’individu n’est pas une entité monolithique.
C’est ainsi qu’il peut analyser et synthétiser puisqu’il est à la fois le sujet et l’objet, dans sa propre
psyché réflexive. N’oublions pas non plus qu’une « psyché » est un miroir dans lequel l’individu se
reflète. Si Narcisse peut se noyer dans sa propre image, c’est bien qu’il peut se faire face.

2. La constitution métaphysique de l’égo


Dès lors, nous pouvons faire des analogies avec l’atome. Qu’est-ce qu’un atome ? C’est un
noyau entouré d’un nuage électronique. Nous savons, depuis la physique quantique, que les
particules sont aussi des ondes. Le nuage est le rayonnement ou l’onde. Et les orbites avec les
électrons renvoient à la réalité positionnelle de ces éléments qui possèdent, de ce fait, une double
nature (corpusculaire et ondulatoire).
Mais cette analogie est bien plus qu’une représentation de l’esprit car Marcel Forhan a pu
expérimenter la réalité métaphysique de l’être. Il évoque à plusieurs reprises cette « radiance » (qu’il
nommait « radiation électromagnétique ») qui émane de l’individu puisque ses pensées sont liées à
des ondes, des fréquences dans la substance de l’éther des dimensions métaphysiques. L’égo est
comme un point, entouré d’un rayonnement psycho-énergétique, à l’instar d’un atome avec son
noyau et ses électrons.
Par ailleurs, nous savons aussi par la physique quantique, que l’atome existe sous l’effet de
forces concentrationnaires. Elle en dénombre quatre qui sont synthétisées en une « superforce ».
Pour Marcel Forhan, un individu égocentré est également sujet à des forces concentrationnaires : elles
sont centripètes car elles convergent vers le « moi ».
Mais que se passe-t-il pour les atomes « crochus » qui se rencontrent ? Ils s’associent entre
eux. Marcel Forhan explique que dans l’univers, il existe des lois par lesquelles les semblables
s’attirent, les opposés se repoussent. Ainsi, c’est par affinité que des concrétions se fabriquent. Or,
l’égo n’échappe pas à ces lois de la physique universelle. Il se construit de la même façon qu’une
planète : par ce jeu de concrétions successives.

3. Les couches de l’égo


La constitution métaphysique de l’égo est comparable à un noyau autour duquel s’accumulent
des couches successives par affinité d’attractions. Cette loi d’attraction est universelle : nous attirons
à nous-mêmes, le semblable. Cette loi a d’ailleurs des répercussions en rapport avec la notion du
karma des hindous. Si nous attirons à nous des phénomènes, c’est parce que tel un aimant, nos
pensées exercent des influences sur l’Éther, puis sur le plan physique. C’est ainsi que s’expliquent
également les maladies psychosomatiques : la pensée produit des effets invisibles dans la dimension
de l’Éther, puis des effets visibles dans la dimension physique. Les photographies du procédé Kirlian
permettent de révéler une partie de cette énergie de l’Éther, lorsqu’elle est saine ou dévitalisée autour
d’une plante par exemple. Il n’y a donc rien de surnaturel ou de magique à se rendre malade par des
pensées obsessionnelles ou à se guérir par des pensées positives. Ce sont des lois physiques et
métaphysiques qui suscitent ces répercussions.
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Que se passe-t-il dans cette émergence phénoménale ? Nous assistons à une courbe depuis les
pensées jusqu’au plan physique. Nos pensées lourdes sont comme la « chute des graves » de
l’expérience de Galilée : elles retombent. Nous pouvons parler à juste titre de « la retombée de nos
pensées ». Dans une certaine mesure, nos pensées sont à la fois abstraites et concrètes puisqu’elles
mobilisent des portions de l’Éther, comme l’explique Marcel Forhan.
« Chaque fois que vous pensez, que vous désirez, que vous agissez sous une influence quelconque, vous
mettez en œuvre une fraction d’Éther dont les oscillations vont se diriger vers le point que vous leur avez
assigné » (p. 123, T2).

Bien entendu, nous ne sommes pas conscients de ces mécanismes. Toute loi ne s’expose pas
directement à la perception. Elle est toujours déduite de phénomènes visibles. Une authentique
métaphysique devrait être aussi rationnelle et expérimentale que la physique. C’était l’objet de la
Critique de la raison pure de Kant, c’était le vœu de Marcel Forhan. Mettre fin aux croyances, aux
préjugés, aux dogmes, aux superstitions, aux idéologies, pour en revenir aux expériences et à leur
élucidation par l’analyse et la synthèse rationnelles. Cette approche de la métaphysique est la seule
voie qui puisse permettre de corriger ses erreurs, et la seule condition pour qu’elle devienne une
science expérimentale qui s’édifie, se complète, progresse au fur et à mesure des expériences
collectées. Elle est évidemment liée à d’autres outils que ceux de la physique puisqu’il s’agit d’une
exploration de la conscience. Cette science métaphysique doit donc être phénoménologique : décrire,
sans préjugés, sans a priori, l’expérience, telle qu’elle se donne dans le vécu. Ce projet si vaste et si
important a occupé toute la vie du mathématicien et philosophe Edmund Husserl (1859-1938).
Ainsi, nous sommes des êtres inconscients des effets que nous produisons par nos pensées,
comme nous demeurons inconscients de la constitution de notre psyché. C’est pour cela que Freud, à
la suite d’autres penseurs, a nommé « inconscient », tout ce qui déborde l’égo. C’est aussi pour cela
que la philosophie produit tant d’ouvrages sur l’être, sur l’âme, ses passions, etc. L’être est une
énigme pour lui-même à déchiffrer.
Comment faire pour résoudre l’énigme de cette constitution de l’égo ? La psychanalyse a
constaté qu’il existe des couches superposées de souvenirs, compilées par associations affectives et
par associations d’idées. Sa théorie des rêves consiste justement à dire que l’esprit classifie des
couches différentes de vécu. Or, c’est ainsi que fonctionne l’intelligence en faisant des liens
thématiques. L’inconscient que l’on juge irrationnel du point de vue de l’égo, serait en réalité tout
aussi logique et cohérent si nous tenons compte de son propre vocabulaire ou langage. Quel est ce
langage ? C’est celui des affections et des analogies au moyen des symboles notamment.
Pour celui qui ne dispose pas de cette clé langagière, analogique, métaphorique, l’inconscient
lui reste hermétique, ses portes demeurent closes. Les couches successives de l’égo sont entassées les
unes sur les autres, comme les orbites électroniques de l’atome, mais sans liens jugés évidents,
cohérents, rationnels. L’individu se fabrique sa propre opacité. Or, tout ceci, avons-nous dit, n’est pas
une idée, une représentation de l’esprit. C’est l’authentique topologie métaphysique de l’égo.

4. Les matriochkas
L’égo est en réalité formé d’une superposition de couches à la façon des poupées russes
matriochkas. Mais ce qui est extraordinaire dans cette topologie en sphères concentriques, c’est que
les emboîtements sont à la fois intérieurs et extérieurs. Pour en revenir à l’atome, on dira que les
couches sont intérieures à celui-ci. Mais par rapport au noyau dur, elles sont extérieures à lui. L’aura
de l’individu est son rayonnement extérieur, mais tel un oignon, il est constitué d’enveloppes
successives qui remontent de plus en plus loin dans son histoire personnelle.

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Cette topologie n’est pas une invention : elle est corroborée par William Buhlman qui pratique
également les dédoublements, ainsi que par de nombreux mystiques qui ont éprouvé une dilatation de
leur être.
Quant à « la sphère » proprement dite, elle est plastique, susceptible d’adopter n’importe quelle
forme. C’est-à-dire qu’elle peut épouser les formes du corps physique à la façon d’un double parfait,
ou bien une forme ovoïde, etc.
Chaque couche de l’égo est un peu comme un manteau ou une armure car elle est à la fois une
densité et une opacité. Ce qui signifie que l’égo peut se blinder et ne plus éprouver d’attrait, de
sentiment, d’émotion pour des choses qu’il a rejetées, depuis un lointain passé. Il se désensibilise
comme s’il portait une carapace qui le rend infirme à ressentir des aspects du monde extérieur. Il n’est
pas conscient de cet état de fait, mais il en souffre car plus il accumule de rejets, plus il construit des
coques autour de lui. Telles les poupées russes matriochkas, on peut ne plus arriver à atteindre le
cœur d’un être quand celui-ci est devenu le noyau enseveli sous des couches superposées
d’indifférences.
Lorsqu’en psychanalyse, l’analysant au cours de ses nombreuses séances, effectue des liens affectifs
ou thématiques, il remonte petit à petit ces couches superposées, de plus en plus anciennes. Il est
particulièrement frappant de voir qu’il en va de même avec les cernes des arbres concernant leur âge.
Ce processus semble être une loi universelle dans la nature.

5. Les antinomies de l’être

Deux types de progression s’opposent : Soit l’individu s’emmure dans des expériences
successives de souffrances et de rejets qu’il porte en lui de plus en plus péniblement — tout ceci
générant des névroses puisque les couches entre-elles demeurent opaques et voilées, c’est-à-dire qu’il
ne perçoit pas, d’emblée, les liens affectifs et thématiques entre une souffrance présente et un rejet
ancien (comme si ces poupées matriochkas étaient séparées, posées les unes à côté des autres,
distinctes) ; ceci provoque en lui beaucoup de confusion et d’incompréhension sur ce qu’il est
véritablement, soit l’amour altruiste dont il fait preuve, consume ses limitations de jugement et le
libère progressivement de ses rejets pour lui donner « une transparence », une « légèreté » qu’il avait
perdue depuis l’enfance.
L’amour altruiste lui redonne une sorte de virginité, c’est-à-dire qu’il ressent de plus en plus le
monde qui l’entoure, spontanément, à la façon d’un enfant. Ce qui rejoint la parabole de Jésus sur
l’exemplarité des enfants, jeunes, innocents, francs, joyeux, authentiques, spontanés. L’expérience du
baptême est aussi cette volonté de faire peau neuve, l’eau pouvant laver les erreurs accumulées,
moyennant la ferme volonté de l’esprit d’évoluer spirituellement, et de se perfectionner moralement.
Il résulte de cette conduite morale volontairement perpétuée, une dilatation de l’être individuel.

6. La dilatation ou la Supersphère de l’être


Dans son livre, La joie spacieuse, essai sur la dilatation, Jean-Louis Chrétien, rassemble des
expériences vécues par des mystiques. Il existe un point commun dans le ressenti d’une telle
dilatation au sein des différentes traditions mystiques, bien que selon les uns, il s’agit du cœur, selon
les autres, de l’esprit, etc. Chacun l’exprime à sa façon. Nous pouvons nous poser la question la
suivante : comment pouvons-nous dilater notre être ? Et c’est là que nous comprenons la pertinence
des observations de Marcel Forhan.

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Pour dilater notre être, de façon réelle et non pas imagée (comme, par exemple, avec le
mégalomane qui n’est qu’une idée hypertrophiée de son mental, fabriquée, artificielle), nous devons
déjà produire en nous de la légèreté. Comment cela ? En « sculptant la statue de notre être », écrit
Plotin dans ses Ennéades. Cette allégorie est pertinente car ces couches superposées de l’égo étant
denses et opaques, le statufient, le figent. Il faut donc commencer par nous émanciper selon des
valeurs éthiques et morales, mises en application quotidiennement, afin de brûler ces carapaces de
souffrances accumulées dans l’existence, voire même les existences (les traumatismes pouvant être
très anciens).
En consumant les replis, les rejets de nos attitudes négatives face à la vie, nous redonnons de
l’oxygène à nos enveloppes énergétiques qui se mettent à respirer, à ressentir un monde retrouvé
dans toute notre périphérie. La sphéricité de l’être retrouve toute sa surface de contact, sa
perméabilité, son empathie relationnelle. Le véritable but de l’introspection consiste justement à
clarifier toutes ces couches, leur donner de la lumière, ne pas les laisser entreposées comme reléguées
aux « oubliettes ». L’amour altruiste peut alors rayonner de tous ses feux et dilater cette sphère
devenue légère, tel un processus alchimique.
Marcel Forhan discerne très bien ces forces antagonistes puisqu’il leur donne un nom
directement en rapport avec les lois de la physique : centripètes et centrifuges. Si l’égocentrique vit
reclus sous d ‘épaisses couches superposées, c’est en raison des forces concentrationnaires de sa
nature psychique : en ramenant tout à lui sur le plan de l’esprit, il ramène aussi tout à lui sur le plan
énergétique. Si l’altruiste rayonne de joie dans le partage avec autrui, c’est en raison des forces
centrifuges qui peuvent dilater la sphère de son être. Et alors il s’étend en occupant de plus en plus de
volume, sans avoir à se mouvoir. Ce sont ses pensées qui produisent cet effet puisqu’il a décentralisé
les motifs de ses actions, ses pensées et ses désirs.
L’égocentrisme condense les couches énergétiques de l’être, fabrique les carapaces de son égo.
L’égoïste devient confus en lui-même et perd de nombreux accès au monde dont il ne ressent plus
l’immense portée, la joie de l’échange, l’ouverture évolutive.
L’altruisme dilate les couches énergétiques de l’être en commençant par rendre plus fluides
ces diverses épaisseurs accumulées par des conflits psychiques passés, des rejets affectifs, des raideurs
face à l’existence.
Tout ceci est inversement symétrique : c’est un processus temporel. Il prend du temps. Et l’on
comprendra mieux pourquoi ce n’est pas un acte égoïste ou un acte généreux qui suffit à créer quoi
que ce soit de très significatif. Mais la somme des actes égoïstes ou la somme des actes généreux aura
pour conséquence soit de densifier ou de dilater la sphère de l’être.
Nous comprenons également pourquoi les valeurs éthiques et morales mises en avant par
Marcel Forhan dépassent de simples enjeux purement philosophiques : elles conditionnent notre état
de santé psychosomatique, ainsi que notre destin dans le monde matériel et dans les dimensions
métaphysiques.

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7. Du personnel à l’impersonnel

Notre destinée est liée à une source, divine, omnisciente, omnipotente, omniprésente. Cette
sphère dilatée communie avec l’Éther et le Suréther des dimensions supérieures. Il importe de
comprendre ce que Marcel Forhan entend par le fait de devoir prendre « la tangente ».
« Notre libre arbitre nous permet de nous échapper par la tangente, à tout moment, de la courbe.
L'évolution humaine, se présentant à nos recherches sous une forme hélicoïdale, épousant la surface
convexe d'un cône renversé, dont la pointe serait située au centre de la personnalité. L'expérience confirme
cette théorie » (p. 141, T1).
Ces quelques lignes décrivent la jonction des forces qui relient l’égo aux dimensions de l’univers.
Celui qui reste égocentré est happé par la spirale centripète de l’Éther. Mais celui qui est devenu
altruiste, de façon totalement désintéressée, échappe aux tourbillons centripètes. La « tangente »
n’est donc pas une simple figure stylistique, c’est effectivement une échappée à la courbe ou à la
retombée des lourdes pensées que nous comparions à des « graves » (pierres) dans l’expérience de
Galilée du haut de la Tour de Pise. Ou encore, la tangente est une façon de vaincre la pesanteur des
basses couches de l’Éther qui sont appelées par « sympathie » si nous émettons des pensées
égocentrées.
L’homme est donc toujours le maître de sa destinée. Qu’il s’élève ou qu’il chute, il le doit à ses
pensées, ses désirs, ses actions, ses paroles, toutes les énergies qu’il met en œuvre, soit qu’il les
redistribue, soit qu’il les génère.
L’égo est la personnalité. Son destin spirituel est de devenir impersonnel en s’identifiant avec le
Principe de l’Amour universel. Certaines littératures de l’ésotérisme distinguent différents types
d’égo, mais nous comprenons la maladresse de cette appellation car l’être qui a transcendé son égo,
n’en retrouve pas un autre ! Pourquoi cela ? Parce qu’il est devenu dilaté, impersonnel, informel.
Nous ne pouvons plus nommer « égo », un être qui a perdu toute contingence formelle. L’individu
impersonnel s’est débarrassé des limites de son être. Le Soi (ou l’Atman) n’est donc pas un égo
supérieur, comme on peut le lire dans certains ouvrages. Ce serait ne pas comprendre la dilatation de
la Supersphère de l’être ou la véritable métamorphose de cette psychagogie. L’égo qui passe d’une
sphère étanche à ce nouvel état de dilatation, équivaut à un changement de règne dans l’évolution
spirituelle. Marcel Forhan décrit ce nouveau règne du plan divin : les êtres peuvent devenir des
créateurs d’univers selon des lois harmonieuses, des chaînes d’harmonie. La vie de l’esprit est donc
infinie, du simple au complexe, du noyau atomique de l’égo à un état qui dépasse l’imagination
humaine.
La porte qui permet de sortir de la citadelle de l’égo est petite : c’est l’humilité et le service altruiste
désintéressé. Il faut accepter de perdre toutes les richesses, lourdes, cristallisées, encombrantes de la
matière, pour gagner toutes les richesses de l’esprit. La Supersphère de l’être n’est pas un égo dilaté,
mais un non-égo. Car en définitive, l’égo est la partie la plus pauvre et démunie de l’individu :
l'identification illusoire au corps physique. Confiné dans l’ignorance, il est enchaîné devant la paroi
des ombres, ne connaissant pas encore la lumière des hautes sphères.

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