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Cours de Mécanique

Quantique : SMP4
Prof. Mohamed GOUIGHRI

~
λ
c
Année universitaire 2019-2020
ω
i
[p
Chapitre 1

COMPORTEMENT CORPUSCULAIRE DE LA
LUMIÈRE

I - RAYONNEMENT DU CORPS NOIR


1 - Constatations expérimentales
L’expérience quotidienne montre qu’un corps matériel chauffé, tel que du charbon ardent
ou le filament d’une lampe, émet de la lumière. L’expérience montre également qu’un objet
s’échauffe quand il est éclairé. Cet échauffement est dû à l’absorption de l’énergie lumineuse
par le corps. L’absorption n’est pas totale ; une fraction plus ou moins importante du
rayonnement est en fait réfléchie, diffusée ou transmise par l’objet. Dans le cas où l’absorption
est totale, le corps est dit noir. Un corps noir est un corps idéal pouvant absorber des ondes
électromagnétiques de toutes les longueurs d’onde.
Considérons un corps enfermé dans une enceinte vide d’air, à paroi intérieure parfaite-
ment réfléchissante. L’objet, à la température T , émet des ondes électromagnétiques dis-
tinctes dans toutes les directions. Après réflexion par l’enceinte,
elles reviennent sur l’objet qui les absorbe. En définitive, un équili-
bre s’établit entre les processus d’émission et ceux d’absorption.
Comme la vitesse c de propagation des ondes électromagné-
tiques est finie (c = 2.997925 × 108 m/s), il en résulte une
densité d’énergie électromagnétique dans l’espace non occupé de
l’enceinte. Pour étudier cette densité, on pratique une petite
fenêtre dans l’enceinte laissant s’échapper une fraction infime du
rayonnement. La densité mesurée, désignée par %, ne dépend ni
de la matière ni de la forme de l’objet mais dépend seulement de FIGURE 1
sa température selon la loi suivante dite de Stefan :
% = %(T ) = σT 4
où σ = 7.62 × 10−15 J/m3 est une
constante universelle. La densité %(T )
est une densité intégrale car elle tient
compte de toutes les fréquences ν pos-
sibles du rayonnement. On introduit une
densité %(ν)(ν, T ) dite spectrale qui représente
la densité d’énergie électromagnétique
non pas pour la totalité du spectre mais
pour un intervalle très réduit dν cen-
tré autour d’une fréquence ν donnée. On
peut également introduire une densité
spectrale %(λ)(λ, T ) fonction de T et de
la longueur d’onde λ = c/ν. La densité
intégrale %(T ) est donc donnée par :
Z ∞ Z ∞
(ν) FIGURE 2
%(T ) = % (ν, T ) dν = %(λ)(λ, T ) dλ .
0 0

1
2 Chapitre 1

En remplaçant dans la deuxième intégrale λ par c/ν et dλ par −dν/ν 2, on a :


Z ∞ Z ∞  
(ν) (λ) c c
%(T ) = % (ν, T ) dν = % ,T dν ,
0 0 ν ν2
d’où l’on déduit la relation entre les densités spectrales %(ν)(ν, T ) et %(λ)(λ, T ) :
 
(ν) (λ) c c (λ) λ2
% (ν, T ) = % ,T = % (λ, T ) .
ν ν2 c
L’allure de %(λ)(λ, T ) est donnée par la figure 2. Le maximum de cette fonction a lieu
pour une longueur d’onde λM telle que :
λM T = 2886 µmK.
En 1900, Planck a proposé la loi empirique suivante :
(λ) A 1
%P (λ, T ) = 5 B
(1)
λ e λT
−1
avec A = 4.95 × 10−24 Jm et B = 0.01433 mK. Cette loi décrit correctement l’expérience
pour l’ensemble du spectre analysé.
2 – Interprétation de Rayleigh et Jeans
L’établissement d’un équilibre entre les processus d’émission et d’absorption à l’intérieur
de l’enceinte suggère d’assimiler le champ électromagnétique dans l’espace vide de l’enceinte
à un ensemble d’ondes stationnaires de directions et de fréquences différentes. Le problème à
résoudre consiste à déterminer le nombre d’ondes stationnaires de direction et de polarisations
quelconques et de fréquences, dites propres, comprises dans l’intervalle [ν, ν + dν].
Supposons, pour simplifier, que l’espace vide de l’enceinte est un cube dont les arêtes, de
longueur l, sont parallèles aux axes d’un trièdre direct Oxyz de base cartésienne (ex , ey , ez ).
Intéressons-nous, pour commencer, aux ondes stationnaires de vecteurs d’onde parallèles à
l’axe Ox. La condition d’existence de telles ondes est que l’arrête l soit un multiple entier de
la moitié des longueurs d’onde λ associées :
λ
l = nx
2
soit :
2l
nx = (≥ 0) .
λ
Si la propagation se fait selon l’axe Oy, on doit avoir de même :
2l
ny = .
λ
Supposons maintenant que l’onde se propage suivant une direction faisant avec les Ox et Oy
respectivement des angles â et b̂ de cosinus α et β (figure 3). L’onde
est stationnaire si l’arête l est un nombre entier nx de longueurs
λ/(2α) et un nombre entier de longueurs λ/(2β) ; d’où :
2lα 2lβ
nx = ; ny = .
λ λ
Dans le cas plus général où la direction de propagation fait avec
les axes Ox, Oy et Oz des angles de cosinus α, β et γ, avec
α2 + β 2 + γ 2 = 1, on doit avoir :
2lα 2lβ 2lγ FIGURE 3
nx = ; ny = ; nz = ,
λ λ λ
COMPORTEMENT CORPUSCULAIRE DE LA LUMIÈRE 3

En élevant au carré ces trois égalités et en sommant membre à membre, on a :


 2  2
2 2 2 2l 2lν
nx + ny + nz = = , (2)
λ c
nx , ny et nz étant des entiers naturels. On en déduit :
c q 2
ν= nx + n2y + n2z . (20 )
2a
Introduisons un système de coordonnées cartésiennes sur les axes duquel on porte les valeurs
de nx , ny et nz . L’espace sous-tendu par ce système est dit de fréquences car à chaque
triplet d’entiers naturels (nx , ny , nz ), représentant un point d’un tel espace, il correspond
une fréquence ν donnée par l’expression (20 ). L’égalité (2) représente dans l’espace des
fréquences une sphère de rayon R∗ = 2lν/c. Le nombre N de fréquences propres comprises
dans l’intervalle [0, ν] est donc le nombre de points (nx , ny , nz ) que peut contenir le volume
V ∗ du huitième de la sphère de rayon R∗ . Si l’on considère que chaque point occupe un
volume cubique v ∗ d’arête unité, le nombre N est donné par :
V∗ 1
8
× 43 πR∗3 4πl3 ν 3
N = = = .
v∗ 1 3c3
Le nombre dN de fréquences comprises dans l’intervalle [ν, ν+dν] est égal au nombre de points
représentatifs figurant dans le huitième de la couche sphérique de rayons lν/c et 2l (ν + dν)/c.
Ce nombre s’obtient en différentiant l’expression de N :
l3 ν 2
dN = 4π
dν .
c3
Comme dans chaque direction (α, β, γ), une onde de fréquence ν peut avoir deux polarisations
perpendiculaires indépendantes, la valeur de dN doit être multipliée par 2 ; d’où l’on a en
désignant par V = l3 le volume vide de l’enceinte :
V 2
dN = 8πν dν (3) .
c3
D’après le théorème de l’équipartition de l’énergie en thermodynamique statistique, branche
de Physique fondée par Maxwell et Boltzmann, on doit attribuer à chacune des dN vibrations
une énergie moyenne kB T où la constante kB = 1.38066 × 10−23 J/K, dite de Boltzmann,
est le rapport de la constante des gaz parfaits R = 8.32 J/mole au nombre d’Avogadro
N = 6.02 × 1023 mole−1 . Il s’en suit que l’énergie véhiculée par ces ondes est :
kB T V 2
dU = kB T dN = 8π ν dν
c3
(ν)
que l’on peut écrire en divisant par V et en introduisant la densité d’énergie %RJ (ν, T ) dite
de Rayleigh-Jeans :
dU (ν) kB T
= %RJ (ν, T ) dν = 8π 3 ν 2 dν .
V c
(λ)
Pour avoir la densité d’énergie %RJ (ν, T ), fonction de la longueur d’onde λ, on doit
remplacer dans cette expression ν par c/λ et dν par | dλdν
| dν = cλ−2 dλ :
(λ) kB T
%RJ (λ, T ) dλ = 8π dλ .
λ4
La densité d’énergie intégrée
Z ∞
(λ)
%RJ (T ) = %RJ (λ, T ) dλ
0
4 Chapitre 1

est évidemment infinie ce qui est contradictoire avec l’expérience. Cependant, la densité
(λ)
%RJ (λ, T ) constitue une bonne approximation de la loi expérimentale %(λ)(λ, T ) pour les
grandes longueurs d’onde.
3 – Interprétation de Planck
Planck a fait les deux hypothèses suivantes :
— les centres du rayonnement sont considérés comme des oscillateurs linéaires har-
moniques porteurs de charges électriques leurs permettant d’échanger de l’énergie avec le
champ électromagnétique du rayonnement ;
— ces oscillateurs ne peuvent être que dans des états bien définis ; l’énergie totale du
ième
n état est donnée par :
En = n
où n est un entier naturel et  est une énergie élémentaire appelée quantum d’énergie. Le
passage d’un état n vers un état m s’accompagne d’un échange d’énergie avec le rayonnement
égal à :
∆E = Em − En = (m − n)  .
Si ∆E > 0, l’oscillateur absorbe de l’énergie ; si par contre ∆E < 0, l’oscillateur rayonne de
l’énergie. L’hypothèse de la quantification de l’énergie est contradictoire avec les enseigne-
ments de la mécanique classique car l’énergie totale Et = 12 mω 2 a2 d’un oscillateur linéaire
harmonique de fréquence ν = ω/2π et d’amplitude a peut prendre toutes les valeurs possibles.
Néanmoins, elle a permis une description remarquable de l’expérience.
Considérons donc un oscillateur de fréquence ν. En mécanique statistique, la probabilité
pour qu’un oscillateur, appartenant à un corps à l’équilibre thermodynamique à la tempéra-
ture T , soit dans un état d’énergie totale En est donnée par :
e−En /kB T
p(En ) = P∞ −Em /kB T
.
m=0 e

La somme figurant au dénominateur sert à normaliser p (0 ≤ p ≤ 1). L’énergie moyenne de


l’oscillateur est alors donnée par :
X∞ P∞
n e−n/kB T
hEi = En p(En ) = Pn=0∞ .
m=0 e−m/kB T
n=0
P∞ −nβ
En posant Z = n=0 e avec β = 1/kB T , cette énergie peut encore s’écrire :

hEi = − ln Z .
∂β
La somme constituant Z est une suite géométrique de raison x = e−β (< 1). On a donc :
1 1
Z= = ,
1−x 1 − e−β
d’où :

hEi = .
eβ −1
L’oscillateur considéré ici n’échange de l’énergie qu’avec une onde électromagnétique de même
fréquence ν. Or le nombre dN d’ondes électromagnétiques dans l’enceinte, dont la fréquence
est ν (à dν près) est donné par la relation (3). L’énergie électromagnétique échangée est donc
hEi dN . Il s’en suit une densité d’énergie électromagnétique dans l’enceinte :
dN 8πν 2 
%(ν) (ν, T ) dν = hEi = 3  dν ,
V c e kB T −1
COMPORTEMENT CORPUSCULAIRE DE LA LUMIÈRE 5

d’où :
8π 
%(λ)(λ, T ) dλ = 4  dλ . (4)
λ e kB T −1
Cette dernière expression s’identifie avec l’expression empirique (1) si  = hν = hc/λ où
h = BkB /c = 6.56 × 10−34 Js est une constante dite de Planck, ayant les dimensions d’un
moment cinétique. La constante A s’écrit alors A = 8πhc et vaut 4.943 × 10−24 Jm, valeur
sensiblement égale à la valeur 4.95 × 10−24 Jm proposée initialement par Planck.(∗)
La formule de Rayleigh-Jeans se déduit de l’équation (4) lorsque hν = hc/λ  kB T
(hEi ' kB T ), c’est-à-dire :
— aux hautes températures, ou bien
— aux basses fréquences.
II – EFFET PHOTOÉLECTRIQUE
1 – Constatations expérimentales
Découvert par Hertz (1887), l’effet photoélectrique consiste en l’émission d’électrons,
appelés photoélectrons, par des surfaces métalliques soumises à un rayonnement de fréquence
ν suffisamment élevée. Pour étudier quantitativement cet effet, on considère le dispositif
expérimental de la figure 4. Les électrons qui parviennent à sortir de la cathode sont soit

FIGURE 4

repoussés vers celle-ci soit attirés par l’anode selon le signe de la d.d.p. anode-cathode,
UCA = UA −UC . Le transfert des photoélectrons de la cathode vers l’anode entraı̂ne l’existence
d’un courant I, appelé photocourant, qui pour un métal possède les caractéristiques suivantes :

FIGURE 5

(∗)
La valeur actuellement admise de h est de 6.62618 × 10−34 Js.
6 Chapitre 1

i) le photocourant I est identiquement nul si la fréquence ν est inférieure à une fréquence


seuil ν0 caractéristique du métal constituant la cathode ; le tableau 1 donne la longueur d’onde
seuil λ0 = c/ν0 pour quelques métaux ;

Métal Ag Zn Na Cs
TABLEAU 1
λ0 = c/ν0 (µm) 0.26 0.37 0.50 0.69

ii) il existe une tension UCA = −Ua , dite d’arrêt, en dessous de laquelle le photocourant
I est nul ; cette tension ne dépend que de la nature du métal et elle est proportionnelle à la
fréquence ν (> ν0 ) du rayonnement ;
iii) il existe un courant de saturation Is ne dépendant que de l’intensité I du rayonnement
incident (figure 5).
Ces caractéristiques ne peuvent pas être interprétées dans le cadre de l’électromagnétisme
classique. En effet, lorsque l’intensité du rayonnement I, proportionnelle au carré de
l’amplitude E0 du champ électrique de l’onde, augmente, la force électrique agissant sur
les électrons libres du métal est de plus en plus grande. Il s’en suivrait une agitation plus
importante de ces électrons dont certains seraient éjectés du métal avec une énergie cinétique
de plus en plus élevée. La tension d’arrêt Ua , servant à renvoyer les photoélectrons vers la
cathode et par là à annuler le photocourant I, dépendrait donc de l’intensité lumineuse I.
2 – Hypothèse d’Einstein (1905)
En reprenant l’hypothèse de quantification de Planck, Einstein a supposé que le rayon-
nement, de fréquence ν et de vecteur d’onde k, consistait en un jet de fines particules, appelées
quanta de lumière ou photons, d’énergie :
 = hν
et de quantité de mouvement p. Exprimons p en fonction des caractéristiques ondulatoires
du rayonnement. En théorie de la relativité restreinte, la masse m d’un corps matériel varie
avec sa vitesse v par rapport à un référentiel galiléen quelconque selon la loi :
m0
m= r
v2
1− 2
c
où m0 est sa masse au repos et c est la célérité de la lumière dans le vide. Pour un photon
de vitesse v = c, il est évident que la masse au repos m0 est nulle.
Par ailleurs, l’énergie totale s’écrit :
m0 c2
E = mc2 = r .
v2
1− 2
c
En élevant cette expression au carré et en arrangeant, on obtient :
 
v2
E 1 − 2 = m20 c4 ,
2
c
d’où :
E 2v2
E2 = + m20 c4 .
c2
En remplaçant l’énergie E au deuxième membre par mc2 et en introduisant la quantité de
mouvement p = mv, on a :
E 2 = p2 c2 + m20 c4 . (5)
COMPORTEMENT CORPUSCULAIRE DE LA LUMIÈRE 7

Dans le cas du photon, m0 ≡ 0 ; d’où l’on a :


E
p= ,
c
soit sachant que E =  = hν :
hν h
p= = .
c λ
En introduisant le vecteur d’onde k = 2π/λ de l’onde véhiculant le photon, on a aussi :
hk
p= = h̄k

avec h̄ = h/2π = 1.054 × 10−34 Js. Vectoriellement, on a évidemment :
p = h̄k .
Lorsqu’un photon d’énergie  = hν et de quantité de mouvement p = h̄k interagit avec
un corpuscule matériel d’énergie E et de quantité de mouvement P, il en résulte un photon et
un corpuscule dont les grandeurs similaires sont respectivement 0 = hν 0 , p0 = h̄k0 et E 0 , P0
(figure 6). Ces grandeurs finales se déduisent des grandeurs
initiales par les lois de conservation de l’énergie et de la
quantité de mouvement :
hν + E = hν 0 + E 0
h̄k + P = h̄k0 + P0 .
On a ainsi quatre équations reliant six inconnues. On réduit
le nombre d’inconnues en distinguant, par exemple, les cas
particuliers suivants :
• ν 0 = 0 d’où k0 = 0, correspondant à l’absorption du
FIGURE 6
photon ;
• ν = 0 d’où k = 0, relatif à l’émission d’un photon ;
• ν et ν 0 non nulles mais différentes, correspondant à la diffusion Compton du rayon-
nement ;
• E = m0 c2 , P = 0, ν 0 = ν mais k0 6= k, c’est le cas de la diffusion élastique du photon.
3 – Interprétation de l’effet photoélectrique
À l’intérieur du métal, les électrons de conduction sont, contrairement aux électrons
de valence et de cœur, les moins liés à l’édifice cristallin. Désignons par −Ws leur énergie
totale. Cette quantité est négative vu le caractère “lié” des électrons. La loi de conservation
de l’énergie s’écrit, avant qu’un électron n’absorbe un photon à l’intérieur du métal puis
lorsqu’il se trouve à l’extérieur de celui-ci après absorption :
hν − Ws = 0 + 12 mv 2 = 12 mv 2 ≥ 0 . (6)
Cette expression permet d’expliquer l’effet photoélectrique de la manière suivante :
i) La différence d’énergie hν −Ws étant positive, il n’y a donc pas d’effet photoélectrique
tant que ν < νs = Ws /h. La quantité positive Ws est appelée travail de sortie du métal
considéré.
ii) Écrivons le théorème de l’énergie totale lorsque le photoélectron quitte la cathode,
portée au potentiel UC , avec une vitesse maximale vC donnée par la relation (4), et lorsqu’il
arrive avec une vitesse vA sur l’anode portée au potentiel UA :
1 2 2
2 mvC − eUC = 12 mvA − eUA
d’où :
1 2 2
2 m (vC − vA ) = e (UC − UA ) = −eUCA .
8 Chapitre 1

Si vA = 0, d’où I = 0, on a en posant UCA = −Ua et en tenant compte de (6) :


1 2
2 mvC ≡ hν − Ws = eUa
ce qui permet d’interpréter l’existence d’une tension d’arrêt ne dépendant que de la fréquence
ν du rayonnement et de la nature du métal de la cathode.
iii) Einstein a supposé que le nombre de photons véhiculés par une onde électromagné-
tique est proportionnel à l’intensité I de l’onde. Cela permet d’expliquer pourquoi le nombre
de photoélectrons, et donc le photocourant I, croı̂t avec l’intensité du rayonnement.
Par ailleurs, lorsqu’un électron absorbe un photon à l’intérieur
du métal, il acquiert de l’énergie, mais en se dirigeant vers la surface,
il subit des chocs inélastiques avec les électrons du métal qui lui
font perdre de l’énergie (figure 7). S’il parvient à émerger du métal,
il est sollicité par celui-ci resté alors chargé positivement. Quand
la tension UCA est suffisante, on arrive à arracher l’électron de
l’attraction du métal. C’est pourquoi le photocourant I augmente
dans un premier temps avec la tension UCA . On atteint cependant
une saturation lorsqu’on parvient à attirer tous les photoélectrons FIGURE 7
émergeant de la surface.
III – EFFET COMPTON
1 – Constatations expérimentales
En 1922, Compton étudia la diffusion par le graphite d’un faisceau monochromatique de
rayons X correspondant à la raie Kα du molybdène, de longueur
d’onde λ = 0.71 Å (figure 7). Parmi les ondes diffusées, il
a observé un rayonnement X dont la longueur d’onde λ0 est
légèrement supérieure à la longueur d’onde λ du rayonnement
incident. L’écart ∆λ = λ0 − λ ne dépend que de l’angle θ de
diffusion suivant la relation :
∆λ = Λ (1 − cos θ)
où Λ = 0.02 Å. Cette loi ne peut pas être expliquée dans le cadre FIGURE 8
de l’électromagnétisme classique où le rayonnement diffusé doit
avoir la même longueur d’onde que le rayonnement incident.
2 – Interprétation
Debye et Compton ont avancé une hypothèse selon laquelle la diffusion résulte de
l’interaction d’un photon avec un électron faiblement lié du
graphite. Cette interaction a été assimilée à un choc juste avant
lequel le photon a une énergie hν = hc/λ et une quantité de
mouvement p = h̄k, et l’électron est supposé au repos vu l’énergie
importante du photon X. Après le choc, l’électron possède une
énergie E 0 = m0 c2 et une quantité de mouvement P0 = m0 v0 et le
photon se trouve, en conséquence, avec une énergie hν 0 = hc/λ0
et une quantité de mouvement p0 = h̄k0 (figure 9). La loi
FIGURE 9
de conservation de l’énergie totale du système électron–photon
s’écrit :
hc hc
+ m0 c2 = 0 + E 0 . (7)
λ λ
Celle de la quantité de mouvement s’exprime :
p = p0 + P0 ,
COMPORTEMENT CORPUSCULAIRE DE LA LUMIÈRE 9

d’où :
P0 = p − p0 . (8)
L’angle de diffusion θ est l’angle que fait p0 avec p. En élevant au carré l’équation (8),
on a :
P 02 = p2 + p02 − 2pp0 cos θ .
En remplaçant P 02 par son expression déduite de l’équation (2), on a avec p = h/λ et
p0 = h/λ0 :
   2
E 02 2 2 1 1 1 2 2 2 2 h2 h2 2h2
− m 0 c = hc − + m 0 c − m 0 c = + − cos θ
c2 c2 λ λ0 λ2 λ02 λλ0
où l’on a tenu compte de (7). En développant et en arrangeant, on obtient :
h
∆λ = λ0 − λ = (1 − cos θ) .
m0 c
La constante universelle Λ = h/m0c = 0.0242 Å est appelée longueur d’onde de Compton.
IV – DOUBLE ASPECT ONDULATOIRE ET CORPUSCULAIRE DU RAYONNEMENT
L’expérience du corps noir met en évidence la quantification des échanges d’énergie
entre le rayonnement et la matière. Celles de l’effet photoélectrique et de l’effet Compton
attribuent au rayonnement un aspect corpusculaire qui réside dans le fait qu’un rayonnement
électromagnétique est un jet de particules élémentaires qui sont les photons. Cependant,
cet aspect corpusculaire ne peut pas expliquer à lui seul les phénomènes de diffraction
et d’interférences qui s’interprètent convenablement dans le cadre de l’électromagnétisme
classique. En effet, considérons la diffraction par un trou circulaire par exemple (figure
10). Expérimentalement, on observe sur un écran ou sur une plaque photographique, des
anneaux circulaires concentriques alternativement sombres et brillants. On pourrait donner à

FIGURE 10

ce résultat l’interprétation “corpusculaire” suivante. En arrivant sur le diaphragme, certains


photons entrent en collision avec le bord de celui–ci, changent de direction, entrent en choc
avec les autres photons et contribuent à la répartition observée. Toutefois, si on diminue
l’intensité lumineuse jusqu’à ce que les photons arrivent un à un de manière à éviter les chocs
entre photons, on voit quand même se former petit à petit la figure de diffraction sur la
plaque photographique. On doit donc rejeter l’aspect corpusculaire. Par ailleurs, quand on
retire très tôt la plaque photographique, on verrait seulement l’impact de quelques photons
répartis par ci et par là. Il faut donc exclure également l’aspect ondulatoire selon lequel on
10 Chapitre 1

devrait voir une figure de diffraction si faible soit l’intensité lumineuse incidente. On concilie
ces contradictions apparentes en adoptant le raisonnement suivant. Quand un photon traverse
le trou, on ne connaı̂t pas avec certitude l’endroit où il tombera sur la plaque. Cependant, on
peut dire que là où c’est plus brillant sur la figure de diffraction, le photon a le plus de chance
de tomber, et là où c’est moins brillant, il a le moins de chance. On peut ainsi admettre que
l’intensité lumineuse I(x, y) sur la plaque mesure la densité de probabilité qu’a le photon
de tomber au point M de coordonnées (x, y). La probabilité de tomber dans un élément de
surface d2 S centré en M est :
dP(x, y) = CI(x, y) d2 S = C 0 E02 (x, y) d2 S
où C et C 0 sont deux constantes de proportionnalité. On préserve ainsi simultanément les
aspects ondulatoire et corpusculaire du rayonnement électromagnétique.
Chapitre 2

COMPORTEMENT ONDULATOIRE DE LA
MATIÈRE

I – PAQUET D’ONDES
1 – Ondes planes monochromatiques
a – Expression d’une onde plane monochromatique
Considérons une onde harmonique issue d’une source (S) et se propageant dans un milieu
homogène en véhiculant une grandeur physique représentée en un point M et à un instant t
par la quantité réelle :
ψ(r, t) = A cos ω [t − τ (r)]
où :
• r = OM est le vecteur position du point M relativement à un certain référentiel
galiléen Oxyz ;
• A est l’amplitude de l’onde ;
• ω = 2πν est la pulsation, ν étant la fréquence ;
• τ est le temps nécessaire à l’onde pour arriver sur le point M en partant de la source
(S) avec la vitesse de phase v ;
• φ(r, t) = ω [t − τ (r)] est la phase de l’onde au point M, à l’instant t.
À l’instant t, le lieu de l’espace où cette phase est la même sont des surfaces dites fronts
d’onde. Si les fronts d’onde sont des plans, on dit que l’onde est plane.
Désignons par l la distance entre la source (S) de l’onde du point d’observation M ; on
a:
l kr − rS k
τ (r) = =
v v
où rS est le vecteur position de (S). Introduisons le vecteur d’onde k, dirigé selon la direction
de propagation (SM) et de module k = ω/v. On a alors :
k · (r − rS )
τ (r) = .
ω
D’où :
ψ(r, t) = A cos(ωt − k · r + α)] (1)
avec α = k · rS .
La valeur de ψ à l’instant t est la même en un point M0 de la droite (SM) situé de M à
des distances multiples entiers de la quantité :
v 2πv 2π
λ= = =
ν ω k
dite longueur d’onde de ψ.
On peut montrer facilement que ψ(r, t) vérifie l’équation suivante dite équation des
ondes :
1 ∂ 2ψ
∆ψ − 2 =0. (2)
v ∂t2

1
2 Chapitre 2

c – Notation complexe
Dans les calculs faisant intervenir des grandeurs harmoniques, il est plus commode
d’utiliser la notation complexe. À la grandeur ψ(r, t), on associe la quantité complexe(∗) :
ψ(r, t) = A ei (k·r−ωt−α)
qui est reliée à ψ par :
ψ = Re(ψ) .
En introduisant la quantité A = A e−iα , dite amplitude complexe de ψ, on écrit aussi :
ψ(r, t) = A ei (k·r−ωt) .

2 – Paquet d’ondes unidimensionnel


a – Définition
Considérons une onde ψ résultante d’un ensemble discret d’ondes planes ψ j (r, t) =
Aj ei (kj x−ωj t)
se propageant parallèlement à l’axe Ox avec un vecteur d’onde kj = (kj , 0, 0) :
X X
ψ(r, t) = ψ j (r, t) = Aj ei (kj x−ωj t) (3)
j j

L’ensemble des quantités |Aj | est dit spectre du paquet d’ondes.


Si les vecteurs d’onde kj forment un continuum, la somme discrète est remplacée par une
intégrale sur k : Z
ψ(r, t) = A(k) ei [kx−ω(k)t] dk .
k

Lorsque l’amplitude |A(k)| n’est importante que pour des vecteurs d’onde k contenus
dans un intervalle Dk = [k0 − ∆k/2, k0 + ∆k/2], centré autour d’une valeur k0 et de largeur
∆k  k0 , on dit que l’on a un paquet d’ondes unidimensionnel de vecteur d’onde moyen k0
et de largeur spectrale ∆k.
b – Expression de la vitesse de groupe d’un paquet d’ondes
Considérons un paquet d’ondes se propageant selon la direction Ox :
Z Z
i [kx−ω(k) t]
ψ(r, t) = A(k) e dk = A(k) ei [kx−ω(k) t−α(k)] dk (4)

où A(k) = |A(k)| et α(k) = − Arg[A(k)]. Si, dans le domaine Dk où A(k) est important, la
phase φ = φ(k) = kx − ω(k) t − α(k) ne varie pas beaucoup avec k, on peut la développer au
premier ordre en (k − k0 ) :
 
dω dα
φ(k) ' k0 x − ω(k0 ) t − α(k0 ) + x − t− (k − k0 ) .
dk |k=k0 dk |k=k0
Introduisons la quantité :

vg = ,
dk |k=k0
dite vitesse de groupe du paquet d’ondes, et posons :

x0 = ;
dk |k=k0
(∗)
En optique physique, on écrit plutôt :
ψ(r, t) = A ei (ωt−k·r+α)

où, dans l’argument de l’exponentielle complexe, on attribue le signe + au terme ωt.


COMPORTEMENT ONDULATOIRE DE LA MATIÈRE 3

l’expression (4) devient :


Z
i [k0 x−ω(k0 ) t−α(k0 )]
ψ(r, t) = e |A(k)| ei (x−vg t−x0 ) (k−k0 ) dk

qui peut être considérée comme étant celle d’une onde harmonique de vecteur d’onde k0 , de
pulsation ω0 = ω(k0 ) et d’amplitude complexe :
Z
A(r, t) = |A(k)| ei (x−vg t−x0 ) (k−k0 ) dk = A(x, t)

dépendant de x et de t.
c – Élargissements spatial, temporel et énergétique
Écrivons l’amplitude A(x, t) du paquet d’ondes sous la forme suivante où les parties réelle
et imaginaire sont explicitées :
Z Z
A(x, t) = |A(k)| cos[(x − vg t − x0 ) (k − k0 )] dk + i |A(k)| sin[(x − vg t − x0 ) (k − k0 )] dk .

Les deux fonctions à intégrer au deuxième membre de cette égalité peuvent être considérées
comme des fonctions de k respectivement cosinusoı̈dale et sinusoı̈dale, d’amplitude |A(k)| et
de pseudo-période :

K= .
|x − vg t − x0 |
Elles présentent, pour x et t donnés, des variations qui ressemblent à celles données par la
figure 1. L’aire hachurée représente l’intégrale sur k c’est-à-dire les parties réelle ou imaginaire
de A(x, t).

FIGURE 1

Si la pseudo-période K est supérieure à la largeur ∆k de l’intervalle Dk où |A(k)| est


important, c’est-à-dire si :
∆k |x − vg t − x0 | > 2π ,
la fonction à intégrer oscille alors plus d’une fois (figure 1–a). Les contributions des parties
négatives et positives de l’aire hachurée s’annihilent et par conséquent A(x, t) est négligeable.
Si, au contraire K est inférieure à une certaine fraction de ∆k, disons arbitrairement la
moitié par exemple, ce qui s’exprime par :
∆k |x − vg t − x0 | < π , (5)
alors la fonction à intégrer n’oscille pratiquement pas (figure 1–b). Les parties positives
et négatives de l’aire hachurée sont disproportionnées et ne s’annihilent pas ; la valeur de
l’amplitude A(x, t) est en conséquence appréciable.
L’amplitude est maximale (en module) lorsqu’il n’y a plus d’oscillation c’est-à-dire
lorsque K → ∞. Ceci a lieu à l’abscisse :
xM = vg t + x0 . (6)
4 Chapitre 2

Cette relation constitue l’équation horaire du mouvement du maximum de l’amplitude


A(x, t) ; celui-ci se déplace à la vitesse de groupe vg . L’inégalité (5) peut alors se réécrire :
π
|x − xM | <
∆k
ou bien :
1 1
xM − ∆x < x < xM + ∆x (7)
2 2
avec :

∆x =
∆k
ou encore :
∆x ∆k = 2π . (8)
La double inégalité (7) signifie qu’à un instant t donné, l’amplitude A(x, t) est appréciable
dans un domaine spatial Dx = [xM − 12 ∆x, xM + 12 ∆x] centré en xM . La quantité ∆x est
appelée longueur du paquet d’ondes.
Considérons maintenant un point M se trouvant sur le trajet du paquet d’ondes. Lorsque
le centre du paquet passe par M, on a x à l’instant xM = tM . D’après (6), cet événement a
lieu à l’instant :
x − x0
tM = . (9)
vg
L’inégalité (5) peut alors se réécrire :
π
|vg (t − tM )| <
∆k
ou encore :
1 1
tM − ∆t < t < tM + ∆t (10)
2 2
avec :

∆t = . (11)
vg ∆k
La double inégalité (10) signifie qu’au point M, l’amplitude A(x, t) est appréciable dans un
domaine temporel Dt = [tM − 12 ∆t, tM + 12 ∆t] centré en tM . La quantité ∆t est appelée durée
de vie du paquet d’ondes en un point situé sur le trajet du paquet. D’après (8) et (11), la
durée de vie du paquet est reliée à sa longueur par :
∆x = vg ∆t .
L’élargissement spectral ∆k étant suffisamment étroit, on peut lui associer un élargisse-
ment fréquentiel :
∆ω = vg ∆k .
D’après (11), on a donc :
∆ω ∆t = 2π . (12)
Exemple
Pour une onde monochromatique plane de pulsation ω et d’amplitude A, se propageant
selon la direction Ox avec un vecteur d’onde k0 , on peut écrire :
Z
i (k0 x−ωt)
ψ(r, t) = A e = A δ(k − k0 ) ei [kx−ω(k) t] dk

où δ(k − k0 ) est la distribution de Dirac centrée en k = k0 . Une onde harmonique peut
ainsi être considérée comme un paquet d’ondes d’amplitude A(k) = A δ(k − k0 ) avec un
élargissement spectral ∆k nul ; l’élargissement spatial ∆x correspondant est alors, selon (),
COMPORTEMENT ONDULATOIRE DE LA MATIÈRE 5

infini ce qui signifie qu’une onde harmonique occupe tout l’espace. Une telle onde n’existe
évidemment pas dans la réalité car les vibrations physiques correspondent à ∆x fini.
3 – Paquet d’ondes tridimensionnel
a – Définition
Considérons la combinaison suivante d’ondes monochromatiques planes :
ZZZ
ψ(r, t) = A(k) e i (k·r−ω(k) t d3 k . (13)
k

Si l’amplitude A(k) ne prend des valeurs appréciables que dans un intervalle Dk défini par :
∆kx ∆kx
k0x − ≤ kx ≤ k0x +
2 2
∆ky ∆ky
k0y − ≤ ky ≤ k0y +
2 2
∆kz ∆kz
k0z − ≤ kz ≤ k0z + ,
2 2
on dit que l’on a un paquet d’ondes tridimensionnel de vecteur d’onde moyen :
k0 = k0x ex + k0y ey + k0z ez .
La vitesse de groupe est maintenant définie par :
vg = ∇k ω(k)|k=k0
où ∇k est l’opérateur gradient relatif au vecteur k. L’équation horaire du centre du paquet
d’onde peut être obtenue d’une manière semblable à celle conduisant à (6) ; elle s’écrit :
rM = vg t + r0 . (14)
À un instant t donné, les valeurs de ψ(r, t) sont les plus importantes dans un domaine Dr de
dimensions ∆x, ∆y, ∆z définies, par analogie avec (8), par :
∆x ∆kx = 2π ; ∆y ∆ky = 2π ; ∆z ∆kz = 2π . (15)

b – Expression du spectre du paquet d’ondes


Au facteur multiplicatif (2π)−3/2 près, l’onde ψ(r, t) exprimée par (13), est la transformée
de Fourier de la fonction A(k) e−iω(k)t . D’après les propriétés de la transformée de Fourier,
A(k) e−iω(k)t à son tour est, au même facteur multiplicatif près, la transformée de Fourier
inverse de ψ(r, t) : Z
−iω(k)t 1
A(k) e = 3
ψ(r, t) e−ik·r d3 r . (16)
(2π) r
Si |A(k)| est de carrée sommable, alors on a, d’après l’égalité de Parseval-Plancherel :
Z Z
3
(2π) |A(k)| d k = |ψ(r, t)|2 d3 r .
2 3
(17)
k r

Cette égalité signifie que |ψ(r, t)| est aussi de carré sommable. La finitude des deux intégrales
impose par ailleurs à ψ(r, t) et A(k) d’être nulles à l’infini.
6 Chapitre 2

Pour une question de commodité, nous introduisons le facteur (2π)−3/2 dans l’expression
du paquet d’ondes et omettrons la barre sur les grandeurs complexes. Ainsi, les équations
(13), (16) et (17) se réécrivent :
ZZZ
1
ψ(r, t) = A(k) e i (k·r−ω(k) t d3 k (130 )
(2π)3/2 k
Z
1
A(k) e−iω(k)t = ψ(r, t) e−ik·r d3 r (160 )
(2π)3/2 r
Z Z
|A(k)| d k = |ψ(r, t)|2 d3 r .
2 3
(170 )
k r
II – COMPORTEMENT ONDULATOIRE DE LA MATIÈRE
1 – Hypothèse de de Broglie
Devant le résultat selon lequel la lumière présente un double aspect ondulatoire et
corpusculaire, de Broglie a admis que cette propriété est universelle : une particule matérielle
doit également présenter un aspect ondulatoire. Ainsi, à un élément matériel de masse m,
ayant dans un référentiel galiléen une énergie E et une quantité de mouvement p, on associe
une onde plane de pulsation ω et de vecteur d’onde k tels que :
E = h̄ω ; p = h̄k .

2 – Confirmation expérimentale
Davisson et Germer ont mis en évidence la diffraction des électrons par un cristal de
nickel semblable à celle obtenue avec les rayons X. Cette diffraction témoigne du caractère
ondulatoire de l’électron.
Considérons un canon à électrons accélérant les électrons sous une d.d.p. U (figure 2). La
vitesse v de l’électron au niveau de l’anode est déduite de la loi de conservation de l’énergie.
En régime non relativiste, on a :
1
mv 2 = eU
2
où l’on a négligé la vitesse de l’électron à son départ de la cathode. D’où :
r
2eU
v= .
m
À l’électron, on associe un paquet d’ondes de vecteur d’onde moyen k = p/h̄ = mv/h̄ et une
longueur d’onde moyenne :
2π 2πh̄ h h 1.225 × 10−9
λ= = = = √ = √ mètre.
k mv mv 2emU U
Pour une d.d.p. usuelle de 100 à 1000 V, λ est de l’ordre de 1 Å à 0.1 Å. Si le faisceau
d’électrons tombe sous un angle θ sur une famille de plans atomiques distants de d (figure
3), il se réfléchit en partie sur ces plans et les faisceaux réfléchis interfèrent constructivement
à l’infini si la différence de marche δ = 2d sin θ est un multiple entier de λ :
2d sin θ = nλ ;
d’où :
√ 1.225 × 10−9 n
U= . (18)
2d sin θ
Pour un angle θ donné, les variations expérimentales de l’intensité détectée en fonction de

U sont données par la√figure 4. Ces variations présentent une série de maxima pour des
valeurs particulières de U en accord avec la formule (18).
COMPORTEMENT ONDULATOIRE DE LA MATIÈRE 7

3 – Interprétation statistique du paquet d’ondes associé à une particule


a – Densités de probabilité
Pour le rayonnement, l’intensité I ∝ |ψ(r, t)|2 de l’onde ψ(r, t) véhiculant un photon
représente la densité de probabilité de présence du photon, à un instant t, en un point M de
vecteur position r. Puisqu’on observe le même phénomène de diffraction avec des particules
matérielles, on peut dire que le carré de l’ondes ψ(r, t) associé à une particule représente la
densité de présence de celle-ci au point M, à l’instant t. La probabilité pour que la particule
se trouve à l’instant t dans un élément de volume d3 V = d3 r situé à la position r s’écrit :
dP(r, t) = C |ψ(r, t)|2 d3 r
où C est une constante que nous incorporons dans l’expression de ψ même. La probabilité de
trouver la particule quelque part dans l’espace vaut forcément 1 :
Z ZZZ
1 = dP(r, t) = |ψ(r, t)|2 d3 r .

Cette égalité traduit ce que l’on appelle normalisation de ψ. L’intégrale n’est ainsi finie que
dans la mesure ou ψ est de carré sommable. Cela impose ψ de tendre vers 0 à l’infini. Une
onde plane de de Broglie :
ψ(r, t) = A ei (k·r−ωt−α)
ne présente pas une telle propriété et, en toute rigueur, ne peut par conséquent pas représenter
une particule matérielle.
Par ailleurs, le mouvement d’une particule dans l’espace étant continu, la densité de
probabilité |ψ(r, t)|2 doit également être continue.
Reprenons l’expression (13’) du paquet d’ondes que nous associons à la particule :
ZZZ
1
ψ(r, t) = A(k) e i (k·r−ω(k) t d3 k .
(2π)3/2 k

Puisqu’à chaque onde plane formant ce paquet on peut associer une quantité de mouvement
p = h̄k et une énergie E = h̄ω, on a d’abord :
d3 p = dpx dpy dpz = (h̄dkx) (h̄dky ) (h̄dkz ) = h̄3 d3 k ,
puis : ZZZ
1 e
i
ψ(r, t) = ψ(p) e h̄ (p·r−Et) d3 p
(2πh̄)3/2
où :
e 1
ψ(p) = A(p/h̄) .
3/2
(19)

D’après les équations (16’) et (17’), on a pour cette dernière fonction :
Z
e −iEt 1 i
− h̄ p·r 3
ψ(p) e = ψ(r, t) e d r (20)
(2πh̄)3/2 r
Z Z
e
|ψ(p)| 2 3
d p = |ψ(r, t)|2 d3 r .
p r

e
Par analogie avec |ψ(r, t)|2 , on peut dire que |ψ(p)| 2
est la densité de probabilité pour que
la particule ait, à l’instant t, une quantité de mouvement p. La probabilité qu’a la particule
d’avoir une quantité de mouvement p à dp près est :
e
dP(p) = |ψ(p)| 2 3 e x , py , pz )|2 dpx dpy dpz .
d p = |ψ(p
8 Chapitre 2

b – Valeurs moyennes
Si dP(r, t) = |ψ(r, t)|2 d3 r est la probabilité de trouver la particule dans un volume d3 r
repéré par le vecteur position r, la valeur moyenne hri de r s’écrit :
Z ZZZ
hri = r dP(r, t) = r |ψ(r, t)|2 d3 r .

C’est un vecteur dont la composante suivant la direction Ox par exemple s’écrit :


ZZZ
hxi = x |ψ(x, y, z, t)|2 dx dy dz .

Pour le carré r2 , on a :
hr2 i = hx2 i + hy 2 i + hz 2 i
avec par exemple : ZZZ
2
hx i = x2 |ψ(x, y, z, t)|2 dx dy dz .

De même, la quantité de mouvement moyenne est obtenue par :


ZZZ ZZZ
hpi = e 2 3
p |ψ(p)| d p = p ψe∗ (p) ψ(p)
e d3 p .

e
En portant dans cette expression la valeur de ψ(p) donnée par (20), on a :
ZZZ ZZZ ZZZ 
1 3 ∗ 0
i
p·r0 i
p·r 3 0 3
hpi = d pp ψ (r , t) e h̄ ψ(r, t) e h̄ d r d r
(2πh̄)3 p r r0

soit en permutant l’intégration sur p avec l’intégration sur r0 :


ZZZ ZZZ ZZZ
1 3 0 ∗ 0 3
i
p·r0
i
− p·r
hpi = d r ψ (r , t) d p e h̄ p e h̄ ψ(r, t) d3 r .
(2πh̄)3 r0 p r

La dernière intégrale, que nous désignerons par I, s’écrit en procédant à une intégration par
partie : ZZZ
i
I= p e− h̄ p·r ψ(r, t) d3 r
r  ZZZ
i i
− h̄ p·r
= ih̄ e ψ(r, t) − ih̄ e− h̄ p·r ∇r ψ(r, t) d3 r .
r r

Comme ψ(r, t) est nulle à l’infini, le crochet est nul et l’on a :


ZZZ
i
I= e− h̄ p·r [−ih̄∇r ψ(r, t)] d3 r .
r
D’où :
ZZZ ZZZ ZZZ
1 i 0 i
hpi = d3 r0 ψ ∗ (r0 , t) d3 p e h̄ p·r e− h̄ p·r [−ih̄∇r ψ(r, t)] d3 r .
(2πh̄)3 r0 p r

En permutant maintenant les intégrations sur r et p, l’intégrale sur p s’écrit :


ZZZ
i 0
e h̄ p·(r −r) d3 p = (2πh̄)3 δ(r0 − r)
p
où :
δ(k − k0 ) = δ(kx − kx0 ) δ(ky − ky0 ) δ(kz − kz0 )
est la distribution de Dirac tridimensionnelle. Ainsi :
ZZZ ZZZ
hpi = δ(r0 − r) ψ ∗ (r0 , t) [−ih̄∇r ψ(r, t)] d3 r0 d3 r
0
ZZZr r
= ψ ∗ (r, t) [−ih̄∇r ψ(r, t)] d3 r . (21)
r
COMPORTEMENT ONDULATOIRE DE LA MATIÈRE 9

En procédant de la même manière pour hp2 i, on a :


ZZZ
2
hp i = e
p2 |ψ(p)| 2 3
d r
p
ZZZ
= ψ ∗ (r, 0) (−ih̄∇r )2 ψ(r, 0) d3 r
ZZZr
= ψ ∗ (r, 0) [−h̄2 ∆r ψ(r, 0)] d3 r . (22)
r

Le terme −h̄2 ∆r = (−ih̄∇r )2 provient d’une double intégration par partie sur r.
4 – Relations d’incertitude
À un instant t donné, la particule a une probabilité significative de se trouver dans le
domaine Dr centré autour de la position rM du maximum du paquet donnée par (14) et
dont les dimensions sont définies par (15) ; on peut dire que les coordonnées de la particule
sont (xM , yM , zM ) à (±∆x, ±∆y, ±∆z) près. Il y a donc une incertitude sur la position de la
particule.
e
Par ailleurs, la densité de probabilité |ψ(p)| 2
, proportionnelle à |A(k)|2 = |A(p/h̄)|2 ,
prend ses valeurs les plus importantes dans l’intervalle Dp centré autour du vecteur p0 = h̄k0
et dont les dimensions ∆px , ∆py et ∆pz sont reliées à celles Dk par :
∆px = h̄∆kx ; ∆py = h̄∆ky ; ∆pz = h̄∆kz .
Là aussi on peut dire que la quantité de mouvement de la particule est p0 avec des incertitudes
sur les composantes cartésiennes estimées à ∆px , ∆py et ∆pz . D’après (15), ces incertitudes
sont reliées celles sur la position par :
∆x ∆px = 2πh̄ ; ∆y ∆py = 2πh̄ ; ∆z ∆pz = 2πh̄ . (23)
Ces dernières relations, dites de Heisenberg, signifient que si on cherche plus précision dans la
mesure de la position, on en perd en revanche sur l’estimation de la quantité de mouvement.
Réciproquement, une quête de plus précision dans la mesure de la quantité de mouvement
altère la précision sur la détermination de la position.
Avec E = h̄ω, l’égalité (12) s’écrit aussi :
∆E ∆t = 2π . (24)
Cette égalité possède une signification similaire à celle des équations (23) ; elle traduit une
relation d’incertitude temps-énergie. Si l’on procède à la mesure de l’énergie totale de la
particule pendant la durée ∆t où le paquet d’ondes associé est le plus important, on commet
une incertitude ∆E.
5 – Équation de Schrödinger
En mécanique classique, l’état dynamique d’une particule matérielle est entièrement
déterminé à un instant t0 par la donnée de la position r et de la vitesse v par rapport à
un certain référentiel considéré. Si, de plus, on connaı̂t la résultante des forces appliquées à
la particule, on peut, par application du principe fondamental de la dynamique, déterminer
l’évolution de l’état dynamique au cours du temps. En mécanique quantique, la position r et
la quantité de mouvement p = mv ne peuvent pas être connues simultanément avec précision.
L’état d’une particule est déterminé par la donnée de sa fonction d’onde ψ(r, t). L’évolution
dans le temps de la fonction d’onde est régie par une équation différentielle appelée équation
de Schrödinger dépendante du temps.
10 Chapitre 2

a – Particule libre
i – Description par une onde de de Broglie
Admettons que l’on puisse décrire la particule par une onde plane de de Broglie :
i
ψ(r, t) = A e h̄ (p·r−Et) d3 p
où l’énergie totale E est purement cinétique et s’écrit en régime non relativiste :
p2
E= . (25)
2m
Cette onde vérifie bien l’équation des ondes (2) où la vitesse de phase s’identifie avec la vitesse
de la particule :
p
v= .
m
On peut remarquer par ailleurs que, sous sa forme complexe, elle vérifie l’équation suivante
dite de Schrödinger :
∂ h̄2
ih̄ ψ(r, t) = − ∆ψ(r, t) . (26)
∂t 2m
L’opérateur différentiel −h̄2 ∆ qui apparaı̂t dans cette équation a été déjà rencontré dans
l’expression (22) de la valeur moyenne de p2 . C’est aussi le carré de l’opérateur −ih̄∇ qui
figure dans l’expression (21) de la valeur moyenne de p. En désignant ce dernier opérateur
par P̂, l’équation (26) se réécrit :
∂ P̂2
ih̄
ψ(r, t) = ψ(r, t) ;
∂t 2m
en introduisant l’opérateur suivant :
P̂2
Ĥ =
2m
on a aussi :

ih̄ ψ(r, t) = Ĥ ψ(r, t) . (27)
∂t
Les actions des opérateurs P̂ et Ĥ sur la fonction ψ(r, t) s’écrivent :
P̂ψ(r, t) = pψ(r, t)
Ĥψ(r, t) = Eψ(r, t) .
Ces deux relations constituent respectivement des équations aux valeurs propres de P̂ et
Ĥ. L’opérateur P̂, associé à la quantité de mouvement p est appelé opérateur impulsion.
L’opérateur Ĥ , associé à l’énergie totale E, est appelé hamiltonien de la particule.
ii – Description par un paquet d’ondes planes
Si la particule est décrite par le paquet d’ondes planes :
ZZZ
1 e
i
ψ(r, t) = 3/2
ψ(p) e h̄ (p·r−Et) d3 p
(2πh̄) p

où E est reliée p par (25), on peut vérifier aisément que ce paquet satisfait lui aussi à
l’équation de Schrödinger (26).
b – Particule en mouvement dans un champ de forces conservatif
En présence d’un champ de forces dérivant de l’énergie potentielle V (r), l’énergie totale
est :
1 2
E= p + V (r) .
2m
COMPORTEMENT ONDULATOIRE DE LA MATIÈRE 11

L’hamiltonien associé s’écrit :


P̂2
Ĥ = + V (r) .
2m
On postule que la fonction d’onde ψ(r, t) décrivant l’état de la particule obéit toujours à
l’équation (27). C’est la concordance des mesures expérimentales avec les résultats déduits de
la résolution de cette équation qui attribue une légitimité à cette postulation. La concordance
avec les résultats expérimentaux a même permis d’étendre la validité de l’équation (27) aux
système non conservatifs, c’est-à-dire pour lesquels l’énergie totale E n’est plus une constante
du temps.
c – Équation de Schrödinger indépendante du temps. États stationnaires
i – Recherche des états stationnaires
Dans le cas d’un mouvement dans un champ de forces conservatifs dérivant de l’énergie
potentielle V (r), l’équation de Schrödinger s’écrit :
∂ h̄2
ih̄ ψ(r, t) = − ∆ψ(r, t) + V (r) ψ(r, t) . (28)
∂t 2m
Cherchons s’il existe des solutions de cette équation différentielle de la forme :
ψ(r, t) = ϕ(r) χ(t) .
En reportant cette expression dans (28), on a :
 
∂χ(t) h̄2
ih̄ϕ(r) = χ(t) − ∆ϕ(r) + χ(t) V (r) ϕ(r) .
∂t 2m
En divisant les deux membres de cette égalité par ϕ(r) χ(t), on obtient :
 
ih̄ ∂χ(t) 1 h̄2
= − ∆ϕ(r) + V (r) .
χ(t) ∂t ϕ(r) 2m
On a ainsi l’égalité entre une fonction de t seul et une fonction de r seul. Ceci n’est possible
que si chacune de ces deux fonction est une constante, homogène à une énergie, que nous
désignons par E. Il vient alors :
∂χ(t)
ih̄ = Eχ(t)
∂t
h̄2
− ∆ϕ(r) + V (r) ϕ(r) = Eϕ(r) . (29)
2m
La solution de la première équation différentielle s’écrit :
−iEt
χ(t) = C e h̄ .
En incorporant le facteur constant C dans l’expression de ϕ(r), il vient :
−iEt
ψ(r, t) = ϕ(r) e h̄ .
Les solutions de cette forme où les dépendances spatiales et temporelles sont séparées sont
dites stationnaires. Elles conduisent à des densités de probabilité de présence |ψ(r, t)|2 =
|ϕ(r)|2 indépendantes du temps.
L’équation (29), qui s’écrit aussi :
Ĥϕ(r) = Eϕ(r) , (290 )
est appelée équation de Schrödinger indépendante du temps. Elle constitue une équation aux
valeurs propres de l’hamiltonien Ĥ : E est une valeur propre de Ĥ et ϕ(r) est une fonction
12 Chapitre 2

propre associée. Afin de pouvoir distinguer entre elles les différentes valeurs propres E et les
fonctions propres ϕ(r) correspondantes, on leur affecte un indice n.
ii – Réalité des valeurs propres
Considérons une fonction propre ϕn (r) normée, c’est-à-dire vérifiant :
ZZZ
|ϕn(r)|2 d3 r = 1 ; (30)
r
soit En la valeur propre associée. Ces deux quantités vérifient l’équation (29) :
h̄2
− ∆ϕn(r) + V (r) ϕn (r) = En ϕn (r) . (2900 )
2m
où l’énergie potentielle V (r) est une fonction réelle de r. Le conjuguée de cette équation
s’écrit(∗) :
h̄2
− ∆ϕ∗n(r) + V (r) ϕ∗n (r) = En∗ ϕ∗n (r) . (31)
2m
Multiplions à gauche l’équation (2900 ) par la conjuguée ϕ∗n(r) et intégrons sur la position r ;
il vient :
ZZZ ZZZ ZZZ
∗ h̄ ∗
En 3
ϕn (r) ϕn (r) d r = − 3
ϕn (r) [∆ϕn (r)] d r + ϕ∗n (r) V (r) ϕn (r) d3 r . (32)
r 2m r r
En désignant par I la première intégrale du deuxième membre de cette égalité, on a :
ZZZ
I= ϕ∗n (r) [∆ϕn(r)] d3 r
r
ZZZ  2 
∗ ∂ ϕn (r) ∂ 2 ϕn(r) ∂ 2 ϕn (r) 3
= ϕn (r) + + d r
r ∂x2 ∂y 2 ∂y 2
ZZZ ZZZ ZZZ
∗ ∂ 2 ϕn (r) 3 ∗ ∂ 2 ϕn (r) 3 ∗ ∂ 2 ϕn (r) 3
= ϕn (r) d r + ϕ n (r) d r + ϕ n (r) d r.
r ∂x2 r ∂y 2 r ∂y 2
Considérons maintenant la première intégrale dans le dernier membre ; notons-la J et
procédons à une intégration par partie par rapport à x :
ZZZ
∂ 2 ϕn(r) 3
J= ϕ∗n(r) d r
r ∂x2
ZZ  +∞ ZZZ
∗ ∂ϕnr) ∂ϕ∗n(r) ∂ϕn r) 3
= ϕn (r) dy dz − d r.
y,z ∂x x=−∞ r ∂x ∂x
Comme ϕn (r) est nulle à l’infini, le crochet est nul ; en procédant encore à une intégration
par partie par rapport à x, il vient :
ZZ  ∗ +∞ ZZZ 2 ∗
∂ϕn (r) ∂ ϕn (r)
J =− ϕn(r) dy dz + 2
ϕn(r) d3 r
y,z ∂x x=−∞ r ∂x
ZZZ 2 ∗
∂ ϕn (r)
= 2
ϕn (r) d3 r .
r ∂x
(∗)
En notant αn (r) et βn (r) les parties réelle et imaginaire de ϕn (r), l’action du laplacien ∆ sur cette
dernière fonction s’écrit :
∆ϕn (r) = ∆αn (r) + i∆βn (r) .
Le conjugué de la fonction résultante s’exprime :
[∆ϕn (r)]∗ = ∆αn (r) − i∆βn (r)
qui n’est autre que le laplacien du conjugué de ϕn (r) ; ainsi :
[∆ϕn (r)]∗ = ∆ϕ∗n (r) .
COMPORTEMENT ONDULATOIRE DE LA MATIÈRE 13

On obtient un résultat analogue quant aux deux dernières intégrales dans l’expression de I ;
ainsi : ZZZ
I= [∆ϕ∗n(r)] ϕn (r) d3 r .
r

L’équation (32) devient donc :


ZZZ ZZZ  
2 3 h̄2 ∗ ∗
En |ϕn(r)| d r = ϕn (r) − ∆ϕn(r) + V (r) ϕn (r) d3 r .
r r 2m
L’intégrale au premier membre de cette égalité vaut 1 d’après (30). D’autre part, selon (31),
le crochet dans le deuxième membre est égal à En∗ ϕ∗n (r). Ainsi :
ZZZ ZZZ
∗ ∗ ∗
En = En 3
ϕn (r) ϕn (r) d r = En |ϕn(r)|2 d3 r = En∗ .
r r
Les valeurs propres En sont donc des quantités réelles.
iii – Orthogonalité des solutions stationnaires
Considérons deux fonctions propres ϕn (r) et ϕn0 (r) associées respectivement à deux
valeurs propres En et En0 différentes :
h̄2
− ∆ϕn(r) + V (r) ϕn (r) = Enϕn (r) (33)
2m
h̄2
− ∆ϕn0 (r) + V (r) ϕn0 (r) = En0 ϕn0 (r) . (34)
2m
Le conjugué de l’équation (34), s’écrit sachant que En0 est réelle :
h̄2
− ∆ϕ∗n0 (r) + V (r) ϕ∗n0 (r) = En0 ϕ∗n0 (r) . (35)
2m
Multiplions à gauche l’équation (33) par ϕ∗n0 (r) et intégrons sur la position r ; il vient :
ZZZ ZZZ  
∗ 3 ∗ h̄2
En ϕn0 (r) ϕn (r) d r = ϕn0 (r) − ∆ϕn (r) + V (r) ϕn (r) d3 r
r r 2m
ZZZ ZZZ 
h̄ ∗ 3 ∗
=− ϕn0 (r) ∆ϕn(r) d r + ϕn0 (r) V (r) ϕn (r) d3 r .
2m r r

En procédant, comme au § ii) ci-dessus, à une double intégration par partie de l’intégrale
figurant au dernier membre de cette équation, on a :
ZZZ ZZZ ZZZ 
∗ 3 h̄2 ∗ 3 ∗
En ϕn0 (r) ϕn (r) d r = − ϕn(r) ∆ϕn0 (r) d r + ϕn0 (r) V (r) ϕn (r) d3 r
r 2m r r
ZZZ  
h̄2 ∗ ∗
= ϕn (r) − ∆ϕn0 (r) + V (r) ϕn (r) d3 r .
r 2m
En tenant compte de (35), on a :
ZZZ ZZZ

En 3
ϕn0 (r) ϕn (r) d r = En0 ϕn (r) ϕ∗n0 (r) d3 r ,
r r
ou bien encore : ZZZ
(En − En0 ) ϕ∗n (r) ϕn0 (r) d3 r = 0 ,
r
Comme par hypothèse ERRRn 6= En0 , l’intégrale est donc nulle.
L’intégrale du type r ϕ∗n0 (r) ϕn (r) d3 r définissent dans l’espace vectoriel des fonctions
d’onde un produit scalaire que l’on note (ϕn0 , ϕn ). Nous reviendrons sur ce sujet au chapitre
4. Nos deux fonctions ϕn (r) et ϕn0 (r) dont le produit scalaire est nul sont dites orthogonales.
14 Chapitre 2

Remarque
Si, dans la recherche des fonctions propres et valeurs propres, on trouve une valeur propre
(1) (2) (g )
En qui lui correspond gn fonctions propres ϕn , ϕn , . . ., ϕn n orthogonales deux à deux, on
dit que la valeur propre En est dégénérée gn fois.
iii – Superposition des solutions stationnaires
La fonction ψn (r, t) est solution de l’équation (28). Cette équation étant linéaire,
elle admet en outre des solutions sous la forme de combinaisons linéaires des solutions
stationnaires :
gn
XX −iEn t
ψ(r, t) = c(j) (j)
n ϕn (r) e
h̄ ,
n j=1

(j)
où les coefficients cn sont des nombres complexes constants quelconques et la somme sur j
tient compte d’une éventuelle dégénérescencec des valeurs propres En . En particulier, on a
pour t = 0 :
XX gn
ψ(r, 0) = c(j) (j)
n ϕn (r) . (36)
n j=1

Supposons que ψ(r, 0) soit connue et cherchons son développement sur les fonctions
(j) (j)
propres ϕn (r) ; cela revient à déterminer les coefficients cn figurant dans (36). Multiplions
(j 0 )
alors cette équation par le conjugué de la fonction propre ϕn0 (r), associée à la valeur propre
En0 éventuellement dégénérée, et intégrons sur r ; on a obtient :
ZZZ X X gn ZZZ
(j 0 )∗ 3 (j 0 )∗
ϕn0 (r) ψ(r, 0) d r = cn ϕn0 (r) ϕ(j) 3
n (r) d r .
r n j=1 r

L’intégrale figurant au deuxième membre est nulle à moins que n = n0 et j 0 = j où elle vaut
1. Ainsi : ZZZ
(j 0 ) (j 0 )∗
cn0 = ϕn0 (r) ψ(r, 0) d3 r .
r
ou encore, en remplaçant les indices muets n0 et j 0 respectivement par n et j :
ZZZ
(j)
cn = ϕ(j)∗ 3
n (r) ψ(r, 0) d r . (37)
r
Au deuxième membre de cette égalité, on peut reconnaı̂tre le produit scalaire de la fonction
(j)
propre ϕn (r) par ψ(r, 0).
Pour obtenir l’expression de ψ(r, t) à partir de celle de ψ(r, 0), on affecte de l’exponentielle
(j)
complexe eiEn t/h̄ chaque terme du developpement de ψ(r, 0) sur les fonctions propres ϕn (r).
6 – Courant densité de probabilité
Considérons une particule M de masse m, dont l’état à l’instant t est décrit par la fonction
d’onde ψ(r, t). La densité de probabilité de présence s’écrit :
ρ(r, t) = |ψ(r, t)|2 = ψ ∗ (r, t) ψ(r, t) .
La probabilité de trouver M dans un volume quelconque (V ) limité par une surface (S) est :
ZZZ ZZZ
P(V, t) = 3
ρ(r, t) d r = ψ ∗ (r, t) ψ(r, t) d3 r .
(V ) (V )

Dérivons cette probabilité par rapport au temps :


ZZZ ZZZ
dP(V, t) d d
= 3
ρ(r, t) d r = ψ ∗ (r, t) ψ(r, t) d3 r .
dt dt (V ) dt (V )
COMPORTEMENT ONDULATOIRE DE LA MATIÈRE 15

Introduisons la dérivation temporelle à l’intérieur de l’intégrale sur l’espace ; on a :


ZZZ ZZZ  
dP(V, t) ∂ρ(r, t) 3 ∗ ∂ψ(r, t) ∂ψ ∗ (r, t) 3
= d r= ψ (r, t) + ψ(r, t) d r
dt (V ) ∂t (V ) ∂t ∂t
où l’on a remplacé la dérivée totale par une dérivée partielle car les fonctions à dériver
dépendent également de la variable d’espace r. D’après l’équation de Schrödinger :
∂ψ h̄2
ih̄ =− ∆ψ + Uψ
∂t 2m
et de son conjuguée :
∂ψ ∗ h̄2
−ih̄ =− ∆ψ ∗ + Uψ ∗
∂t 2m
on a : ZZZ ZZZ
∂ρ(r, t) 3 i h̄2
d r= (ψ ∆ψ ∗ − ψ ∗ ∆ψ) d3 r .
(V ) ∂t h̄ (V ) 2m
Comme :
ψ ∆ψ ∗ − ψ ∗ ∆ψ = ∇ · (ψ ∇ψ ∗ − ψ ∗ ∇ψ) ,
on a :
ZZZ ZZZ ZZZ
∂ρ(r, t) 3 ih̄ ∗ ∗ 3
d r=− div(ψ ∇ψ − ψ ∇ψ) d r = − div J d3 r
(V ) ∂t 2m (V ) (V )

où l’on a introduit le vecteur :


ih̄
(ψ ∇ψ ∗ − ψ ∗ ∇ψ) .
J=
2m
Le volume (V ) étant quelconque, on a :
∂ρ(r, t)
= − div J(r) .
∂t
Cette équation est similaire à l’équation de conservation de la charge électrique en électricité,
où ρ est la densité de charges et J le vecteur densité de courant. Comme ρ est une densité de
probabilité de présence, le vecteur J est par analogie appelé vecteur densité de probabilité de
présence.
Chapitre 3

ETUDE DE QUELQUES SYSTÈMES


QUANTIQUES SIMPLES

I - ETATS STATIONNAIRES D’UNE PARTICULE DANS UN POTENTIEL

Dans ce chapitre, nous considérons le mouvement, à une dimension, d’une particule


de masse m dans un potentiel ”carré”.

1 - Définition

Un potentiel carré est un potentiel indépendant du temps et qui est constant par
intervalle d’espace, il varie alors par ”marche d’escalier”. L’ énergie potentielle ne
dépend alors que de la variable x : V = (x).

L’importance du potentiel ”carré” :

X Ce potentiel peut constituer une très bonne approximation quand le potentiel


réel varie très rapidement au voisinage de certaines valeurs de x.

X Le potentiel est constant par intervalle d’espace, ce qui facilite la résolution


de l’équation de Schrödinger.
1
Chapitre 3 2

2 - Propriétés de l’équation de Schrödinger dans un potentiel carré


Séparation des variables
La fonction d’onde ψ(~r, t) d’une particule (de masse m) dont l’énergie potentielle
V (~r) ne dépend pas du temps doit vérifier l’équation de Schrödinger :

∂  ~2 
i~ ψ(~r, t) = − ∆φ(~r) + V (~r) ψ(~r, t) (1)
| ∂t{z } | 2m {z }
agit sur t agit sur ~
r

L’action de l’opérateur du second membre de l’équation porte sur la variable d’es-


pace ~r, alors que dans le premier membre l’action porte sur la variable temporelle.
Ceci nous donne l’idée de chercher les solutions sous la forme :

ψ(~r, t) = f (t)φ(~r)
On dit qu’on a séparé les variables de temps et d’espace. Donc :

df (t) 1 h ~2 i
i~φ(~r) = − ∆φ(~r) + V (~r)φ(~r)
dt φ(~r) 2m
Si nous divisions de part et d’autre par le produit f (t) φ(~r), nous obtenons :

i~ df (t) h ~2 i
= − ∆φ(~r) + V (~r)φ(~r) ψ(~r, t)
f (t) dt 2m
| {z } | {z }
f onction de t f onction de ~
r

Cette équation indique l’égalité entre une fonction de t seul (membre de gauche) et
une fonction de ~r seul (membre de droite). L’égalité n’est possible que si chacune de
ces fonctions est en fait une constante (qui a les dimensions d’une énergie) que nous
poserons égale à E = ~ω, où ω a les dimensions d’une pulsation.

Ansi :

i~ df (t) i
= E =⇒ f (t) = A e ~ Et
f (t) dt
La fonction φ(~r) doit vérifier l’équation :

~2

∆φ(~r) + V (~r)φ(~r) = Eφ(~r) (2)
2m
C’est l’équation de Schrödinger indépendante du temps.

Etats stationnaires
La fonction d’onde ψ(~r, t) solution de l’équation de Schrödinger est alors :
i
ψ(~r, t) = φ(~r) e ~ Et = φ(~r) ei ω t
(?)
Une fonction d’onde de cette forme (?) est appelée solution stationnaire de l’équation
de Schrödinger, car :
X elle conduit à une densité de probabilité ρ(~r, t) = |ψ(~r, t)|2 = |φ(~r)|2 indépendante
du temps.
3 PARTICULE DANS UN POTENTIEL CARRÉ

Conséquence : l’équation de conservation s’écrit dans ce cas sous la forme sui-


vante :

~ ~j = 0
∇.

Un état stationnaire est caractérisé par une densité de courant uniforme


dans tout l’espace.

X dans l’expression (?) , l’énergie de l’état est bien définie (une seule valeur de
l’énergie). Donc :

Un état stationnaire est un état d’énergie bien définie E = ~ω.

Remarque :

|φ(~r) ei α |2 = |φ(~r)|2 , avec ei α


est un f acteur de phase

Les fonctions φ(~r) et φ(~r) ei α


ont la même densité de probabilité, elles représentent
alors le même état physique :

Une fonction d’onde stationnaire est alors définie à un facteur de


phase (de module égal à 1) près.

Opérateur hamiltonien H

On définit l’opérateur différentiel H (appelé hamiltonien du système) par :

~2
H=− ∆ + V (~r)
2m
L’équation (2) de Schrödinger indépendante du temps peut alors s’écrire sous la
forme :

Hφ(~r) = Eφ(~r) (3)

Cette équation est appelée équation aux valeurs propres de l’opérateur linéaire
H car l’application de H sur la fonction propre φ(~r) redonne cette même fonction
multipliée par la valeur propre correspondante E.
Les énergies possibles sont donc les valeurs propres de l’opérateur H.
Nous verrons plus tard que cette équation n’admet de solution φ(~r) de carré som-
mable que pour certaines valeurs de E : c’est l’origine de la quantification de l’énergie.

Remarque :

L’équation (1) est une équation générale qui donne l’évolution de la fonction d’onde,
quel que soit l’état de la particule ; par contre, l’équation (2) permet de rechercher,
parmi tous les états possibles de la particule, ceux qui sont stationnaires.
Chapitre 3 4

3 - Propriétés de la fonction d’onde φ(x) dans un potentiel carré


Etats liés ou états de diffusion
Les états accessibles à la particule appartiennent à deux catégories distinctes : états
liés ou états non liés (appelés aussi états de diffusion).
X Etats liés :
On parle d’états liés lorsque la particule reste confinée dans une région finie de
l’espace. La probabilité de trouver la particule à l’infini est nulle à tout instant ; sa
fonction d’onde stationnaire est alors normalisable et on peut prévoir que les valeurs
de son énergie sont quantifiées : son spectre est discret.
X Etats non liés :
On dit que la particule est dans un état non lié s’il n’existe pas de force la confinant
dans une région finie de l’espace ; elle peut alors explorer tout l’espace et, en particulier,
se trouver à un instant quelconque à l’infini. Cela se traduit par le fait que sa fonction
d’onde n’est pas normalisable et son spectre en énergie devient continu.

Comportement de φ(x) dans une région où le potentiel est constant


Dans une région où le potentiel a une valeur constante V, l’équation de Schrödinger
indépendante du temps s’écrit :

d2 φ(x) 2m
+ 2 (E − V )φ(x) = 0
dx2 ~
Trois cas sont à distinguer :
X E >V
Introduisons la constante k positive, définie par :

2m ~2 k 2
k2 = (E − V )φ(x) ⇒ E−V =
~2 2m
Alors, l’équation de Schrödinger devient :

d2 φ(x)
+ k 2 φ(x) = 0
dx2
Donc la solution est de la forme :

φ(x) = Aeikx + A0 e−ikx


A et A’ sont des constantes complexes.
X E <V
Dans ce cas, nous introduisons la constante q positive définie par :

2m ~2 q 2
q2 = − (E − V )φ(x) ⇒ V −E =
~2 2m
Alors, l’équation de Schrödinger devient :

d2 φ(x)
− q 2 φ(x) = 0
dx2
Donc la solution est de la forme :
5 PARTICULE DANS UN POTENTIEL CARRÉ

φ(x) = Beqx + B 0 e−qx


B et B’ sont des constantes complexes.
X E=V
Dans ce cas particulier, φ(x) est une fonction linéaire de x.

Comportement de φ(x) en un point de discontinuité du potentiel


Différents types de discontinuités :

On admet que la fonction d’onde φ(x) est toujours continue quelque soit
la discontinuité du potentiel et est infiniment dérivable.

X Cas d’une discontinuité finie

Théorème 1 :
Aux points de discontinuité finie du potentiel V(x), la fonction d’onde
stationnaire φ(x) et sa dérivée première sont continues.

Soit V(x) un potentiel présentant au point x0 un saut de potentiel ∆V fini (∆V <∞).
La figure suivante illustre ce théorème :

X Cas d’une discontinuité infinie


Chapitre 3 6

Théorème 2 :
S ur une paroi parfaitement réfléchissante (V → ∞ dans la région x>x0 ),
la fonction d’onde stationnaire φ(x) s’annule c’est-à-dire que la probabilité
de présence de la particule est nulle dans une région où V → ∞.

Soit V (x) un potentiel qui prend dans la région x>x0 une valeur infinie. La figure
suivante illustre ce théorème :

On alors dans la région x>x0 :

φ(x) = 0
En vertu de la continuité de la fonction d’onde au point x0 , on a :

φ(x0 ) = 0

Théorème 3 :
Aux points de discontinuité infinie du potentiel V(x), la fonction d’onde
stationnaire φ(x) est continue alors que sa dérivée première est discontinue..

Soit x0 un point où le potentiel présente une discontinuité infini, alors on a :


φ(x+
0 ) = φ(x0 )

φ0 (x+ 0 −
0 ) 6= φ (x0 )

C’est-à-dire que φ0 (x) est discontinue au point x0 .


Théorème 4 :
S i le potentiel V(x) est pair, alors les fonctions d’onde stationnaires φ(x)
ont une parité bien définie : elles sont soit paires, soit impaires.

Résumé : Méthode de calcul


Pour trouver les fonctions d’onde des états stationnaires d’une particule
dans un potentiel carré, il faut suivre les étapes suivantes :
X Écrire dans chaque région où le potentiel est constant, l’équation de Schrödinger
indépendante du temps et la résoudre :
7 PARTICULE DANS UN POTENTIEL CARRÉ

la fonction d’onde stationnaire est une combinaison linéaire de fonctions exponen-


tielles d’argument réel ou imaginaire suivant que l’énergie est inférieure ou supérieure
au potentiel :

d2 φ(x) 2m
+ 2 (E − V )φ(x) = 0 ⇒
dx2 ~

φ(x) = Aeikx + A0 e−ikx si E>V
φ(x) = Beqx + B 0 e−qx si E<V

Dans une région où le potentiel est infini, la fonction d’onde est nulle (théorème 2).
X Raccorder ensuite la fonction d’onde d’une région à l’autre en imposant les condi-
tions de continuité de la fonction d’onde et éventuellement de sa dérivée première
aux points de discontinuité du potentiel :

Théorème 1 : Aux points de discontinuité finie du potentiel V(x), la


fonction d’onde stationnaire φ(x) et sa dérivée première sont continues.

Théorème 3 : Aux points de discontinuité infinie du potentiel V(x), la


fonction d’onde φ(x) est continue alors que sa dérivée première φ0 (x) est
discontinue.
X Tenir compte aussi des propriétés de la fonction d’onde imposées par la symétrie
du potentiel (potentiel pair, périodique, . . . ) :

Théorème 4 : Si le potentiel est pair, alors les fonctions d’onde φ(x)


ont une parité bien définie : elles sont soit paires, soit impaires..
Chapitre 3 8

II - APPLICATIONS :

1 - Puits de potentiel infini


Une particule M de masse m et de quantité de mouvement p = px est assujettie à
se déplacer librement sur le segment [−a/2, a/2] de l’axe x’x. Soit E l’énergie totale de
la particule.
L’énergie potentielle de la particule est de la forme :

Fonctions d’onde d’état stationnaire d’énergie positive E :


X A l’extérieur du puits : le potentiel étant infini, d’après le théorème 2, la pro-
babilité de présence de la particule est nulle et la fonction d’onde de la particule
est alors nulle.
X A l’intérieur du puits : le potentiel est nul, l’équation de Schrödinger satisfaite
par la fonction d’onde ψ(x) est :
Alors, l’équation de Schrödinger devient :

d2 ψ(x) 2m
+ k 2 ψ(x) = 0 , k2 = 2 E
dx 2 ~
Les solutions de cette équation sont de la forme :

ψ(x) = Aeikx + Be−ikx


A et B sont deux constantes complexes.

Parité du potentiel :
Le potentiel V(x) est pair, alors en appliquant le théorème de la parité (Théorème
4), les fonctions d’onde de la particule à l’intérieur du puits de potentiel
sont paires ou impaires :

ψp (x) = A cos(kx) ; ψi (x) = B sin(kx)

Continuité de ψ(x) aux points ± a2 :


D’après le théorème 2, la fonction d’onde doit s’annuler aux points ± a2 : ψ(± a2 )
D’après la propriété de parité de la fonction d’onde, il suffit d’écrire cette relation
en un seul point, par exemple a2
9 PARTICULE DANS UN POTENTIEL CARRÉ

L’indice n est impair pour ψp (x), il est pair pour ψi (x)

Valeurs possibles de l’indice n :


X la valeur n = 0 annule le vecteur d’onde, ce qui implique qu’à l’intérieur
du puits, la probabilité de présence de la particule est soit uniforme, soit nulle !
X n et –n représentent la même fonction d’onde. En effet :

car la fonction d’onde est définie à un facteur de phase eiθ près.


Finalement, le nombre quantique n ∈ N ∗

nπ π 2 ~2
kn = et En = n2 ; n ∈ N∗
a 2ma2
Ce sont les relations de quantification du vecteur d’onde k et de l’énergie
E de la particule à l’intérieur du puits infini.

Fonctions d’ondes normalisées :


La fonction d’onde est normalisée à l’unité, donc :
Z ∞ Z + a2
2
|ψ(x) |dx = |ψ(x)2 |dx = 1
−∞ − a2

Considérons le cas impair :

eiθ est un facteur de phase qu’on va prendre égal à 1, puisque la fonction d’onde
est définie à un facteur de phase eiθ près. q
2
De même, pour le cas pair, on obtient : A = a
Donc :
Chapitre 3 10

Exercice :
Trouver les fonctions d’onde stationnaires et les énergies possibles d’une particule
évoluant dans le puits infini suivant :

2 - Effet Tunnel
Chapitre 4

OUTILS MATHÉMATIQUES DE LA
MÉCANIQUE QUANTIQUE

I – ESPACE VECTORIEL F DES FONCTIONS D’ONDE


1 – Définition
Soit ϕ(r) une fonction d’onde décrivant l’état d’une particule matérielle. La quantité
|ϕ(r)|2 représente la densité de probabilité de présence de la particule en une position r. De
point de vue physique, cette densité doit être continue et finie. De plus, le fait d’écrire que la
probabilité de trouver la particule quelque part dans l’espace est l’événement certain :
Z
|ϕ(r)|2 d3 r = 1
r

impose à ϕ(r) d’être de carré sommable. En Physique, on admet que ϕ(r) est continue et
dérivable. L’ensemble F des fonctions d’onde est un espace vectoriel. C’est un sous-espace
vectoriel de l’ensemble L2 des fonctions de carré sommable.
2 – Produit scalaire
a – Définitions
On appelle produit scalaire d’une fonction d’onde ϕ par une fonction ψ, prises dans cet
ordre, et l’on désigne par (ϕ, ψ), l’intégrale :
Z
(ϕ, ψ) = ϕ∗ (r) ψ(r) d3 r . (1)
r

Si (ϕ, ψ) p
= 0, on dit que ϕ et ψ sont orthogonales. Si ϕ = ψ, (ψ, ψ) est un réel positif et la
quantité (ψ, ψ) est appelée norme de ψ. Si (ψ, ψ) = 1, on dit que ψ est normée.
b – Propriétés
Les trois propriétés suivantes découlent de la définition du produit scalaire :
• (ϕ, ψ) = (ψ, ϕ)∗ ;
• (ϕ, λ1 ψ1 + λ2 ψ2 ) = λ1 (ϕ, ψ1 ) + λ2 (ϕ, ψ2 ) ;
• (λ1 ϕ1 + λ2 ϕ2 , ψ) = λ∗1 (ϕ1 , ψ) + λ∗2 (ϕ2 , ψ).
Le produit scalaire est linéaire par rapport à la deuxième fonction du couple et antilinéaire
par rapport à la première.
p Citons enfin l’inégalité de Schwartz :
p
• |(ϕ, ψ)| ≤ (ϕ, ϕ) (ψ, ψ).
Démonstration
Considérons la fonction suivante :
Ψ = ϕ + λψ
et écrivons que sa norme est positive :
(Ψ, Ψ) = (ϕ, ϕ) + λ (ϕ, ψ) + λ∗ (ψ, ϕ) + λλ∗ (ψ, ψ) ≥ 0 .
En choisissant pour λ la valeur :
(ψ, ϕ)
λ=− ,
(ψ, ψ)

1
2 Chapitre 4

il vient :
(ψ, ϕ) (ϕ, ψ) (ϕ, ψ) (ψ, ϕ) (ψ, ϕ) (ϕ, ψ) (ψ, ϕ) (ϕ, ψ)
(Ψ, Ψ) = (ϕ, ϕ) − − + (ψ, ψ) = (ϕ, ϕ) − ≥0
(ψ, ψ) (ψ, ψ) (ψ, ψ)2 (ψ, ψ)
et alors :
(ϕ, ϕ) (ψ, ψ) ≥ (ψ, ϕ) (ϕ, ψ) = |(ψ, ϕ)|2 ,
soit : p p
|(ϕ, ψ)| ≤ (ϕ, ϕ) (ψ, ψ) .

L’égalité a lieu si ψ et ϕ sont proportionnelles : ψ = λϕ.


3 – Bases orthonormées de F
a – Définition
Soit B = {u1, u2 , . . . , ui , . . .} un ensemble dénombrable de fonctions d’onde ui . Cet
ensemble est dit orthonormé si les fonctions ui sont normées et orthogonales deux à deux :
n
1 si i = j,
(ui , uj ) = δij = (2)
0 autrement.
Il forme une base de F si toute fonction ϕ de F se décompose de manière unique sur les
fonctions ui : X
ϕ(r) = ci ui (r) . (3)
i

ci est la composante de ϕ sur ui .


b – Expression des composantes ci
Multiplions la relation (3) par u∗j (r) et intégrons sur r. On obtient :
Z X Z X X
∗ 3
(uj , ϕ) = uj (r) ϕ(r) d r = ci u∗j (r) ui (r) d3 r = ci (uj , ui ) = ci δij = cj .
r i r i i

D’où l’on a en remplaçant l’indice muet j par i :


ci = (ui , ϕ) . (4)
c – Expression du produit scalaire en fonction des composantes
Soient deux fonctions d’onde ϕ et ψ qui se développent sur la base B selon :
X X
ϕ(r) = ci ui (r) ; ψ(r) = bj uj (r) .
i j

Le produit scalaire (ϕ, ψ) s’écrit :


X X  X X X
(ϕ, ψ) = ci ui , bj uj = c∗i bj (ui , uj ) = c∗i bj δij = c∗i bi
i j i,j i,j i

soit : X
(ϕ, ψ) = c∗i bi . (5)
i

En particulier, on a avec ψ = ϕ :
X
(ϕ, ϕ) = |ci |2 . (6)
i

d – Relation de fermeture
Considérons le développement (3) et portons-y l’équation (4). On a :
X X
ϕ(r) = ci ui (r) = (ui , ϕ) ui (r)
i i
OUTILS MATHÉMATIQUES DE LA MÉCANIQUE QUANTIQUE 3
P R
soit en appliquant la définition de (ui , ϕ) et en inversant les signes i et r :
X Z Z X 
∗ 0 0 3 0 3 0 0 ∗ 0
ϕ(r) = ui (r) ui (r ) ϕ(r ) d r = d r ϕ(r ) ui (r ) ui (r) .
i r0 r0 i

Comme : Z
ϕ(r) = ϕ(r0 ) δ(r − r0 ) d3 r0 (7)
r0

où δ(r − r0 ) = δ(r0 − r) est la distribution de Dirac, on a par identification :


X
u∗i (r0 ) ui (r) = δ(r − r0 ) . (8)
i

Cette égalité est dite relation de fermeture vérifiée par la base B. Réciproquement, en partant
de (7) et en considérant (8), on peut par une démarche inverse montrer que ϕ(r) se décompose
sur les fonctions ui . Ainsi, la famille B est une base si, et seulement si, elle vérifie la relation
de fermeture (8).
4 – Introduction de bases n’appartenant pas à F
a – Exemple des ondes planes
Soit ϕ une fonction de F. La transformé de Fourier de ϕ s’écrit :
Z
1 i
− h̄ p·r 3
TF[ϕ(r)] = ϕ̃(p) = ϕ(r) e d r.
(2πh̄)3/2 r
La fonction d’onde ϕ(r) est la transformée de Fourier inverse de ϕ̃(p) :
Z
−1 1 i
ϕ(r) = TF [ϕ̃(p)] = 3/2
ϕ̃(p) e h̄ p·r d3 p .
(2πh̄) r

Introduisons l’onde plane :


1 i
vp (r) = vpx ,py ,pz (r) = e h̄ p·r
(2πh̄)3/2
qui n’est évidemment pas de carré sommable. L’expression de ϕ(r) s’écrit :
Z
ϕ(r) = ϕ̃(p) vp (r) d3 p .
r

Cette équation peut être rapprochée de l’équation (3) où :


— l’indice discret i est remplacé par un ensembles de trois indices continus px , py et pz ,
composantes cartésiennes duP vecteur p ; R
— la somme discrète i est remplacée par une intégrale triple p d3 p.
En considérant l’expression de ϕ̃(p), on a aussi :
Z
ϕ̃(p) = vp∗ (r) ϕ(r) d3 p
r
soit :
ϕ̃(p) = (vp , ϕ) ,
relation qui peut être rapprochée de l’équation (4).
Par ailleurs, l’égalité de Parseval-Bessel reliant ϕ(r) à sa transformée de Fourier ϕ̃(p) :
Z Z
2 3
|ϕ(r)| d r = |ϕ̃(p)|2 d3 p = (ϕ, ϕ)
r p

peut être rapprochée de l’équation (6).


4 Chapitre 4

Considérons maintenant le produit scalaire entre deux ondes planes vp (r) et vp0 (r) :
Z Z
1 i 0
∗ 3
(vp0 , vp ) = vp0 (r) vp (r) d r = 3
e h̄ (p−p )·r d3 r .
r (2πh̄) r
La dernière intégrale vaut (2πh̄3 )3 δ(p − p0 ), d’où l’on a :
(vp0 , vp ) = δ(p − p0 ) = δ(p0 − p) (8) .
Cette égalité peut être rapprochée de l’équation (2) en remplaçant le symbole de Kronicker
δij par la fonction de Dirac δ(p − p0 ). La relation (9) est alors considérée comme une relation
d’orthonormalisation des fonctions vp de paramètre continu p.
Considérons finalement l’intégrale sur p suivante :
Z Z
1 i 0
∗ 0 3
vp (r ) vp (r) d p = e h̄ p·(r−r ) d3 p .
3
(2πh̄) p
p

La dernière intégrale vaut (2πh̄3 )3 δ(r − r0 ), d’où l’on a :


Z
vp∗ (r0 ) vp (r) d3 p = δ(r − r0 ) ,
p

relation qui constitue la relation de fermeture vérifiée par les fonctions vp (r).
En fin de compte, les fonctions vp (r) peuvent être considérées comme formant une base
de l’espace vectoriel F bien, qu’elles n’y appartiennent pas.
b – Exemple des fonctions delta
Soit {ξr0 (r)} l’ensemble des fonctions repérées par l’indice continu r0 = (x0 , y0 , z0 ) et
définies par :
ξr0 (r) = δ(r − r0 ) = δ(x − x0 ) δ(y − y0 ) δ(z − z0 ) .
La fonction ξr0 (r) n’est pas de carré sommable et n’appartient par conséquent pas à F.
Pour une fonction ϕ quelconque de F, on a :
Z
ϕ(r) = ϕ(r0 ) δ(r0 − r) d3 r0
r
Z0
ϕ(r0 ) = δ(r − r0 ) ϕ(r) d3 r
r
ou bien encore :
Z
ϕ(r) = ϕ(r0 ) ξr0 (r) d3 r0 (10)
r0
Z
ϕ(r0 ) = (ξr0 , ϕ) = ξr∗0 (r) ϕ(r) d3 r . (11)
r

La relation (10) exprime que la fonction ϕ se développe d’une façon unique suivant les
fonctions ξr0 (r). Elles est équivalente à l’équation
P (3) où l’indice
R discret i est remplacé par
l’indice continu r0 et la somme discrète i par l’intégrale r0 . Les composantes ϕ(r0 ) sont
données par la relation (11).
Le produit scalaire de deux fonctions ϕ et ψ donné par (1) s’écrit ainsi ici :
Z
(ψ, ϕ) = ψ ∗ (r0 ) ϕ(r0 ) d3 r0
r0

qui n’est autre chose que la définition du produit scalaire donnée par l’équation (5).
OUTILS MATHÉMATIQUES DE LA MÉCANIQUE QUANTIQUE 5

Finalement, on a , d’après les propriétés de la fonction δ, les relations suivantes :


Z Z
∗ 0 3
ξr0 (r ) ξr0 (r) d r0 = δ(r0 − r0 ) δ(r0 − r) d3 r0 = δ(r − r0 )
r0 r0
Z
(ξr0 , ξr00 ) = δ(r − r0 ) δ(r − r00 ) d3 r0 = δ(r0 − r00 )
r

qui constituent respectivement la relation de fermeture et la relation d’orthonormalisation


des fonctions ξr0 (r).
On peut dire là aussi que bien que n’appartenant à F, les fonctions ξr0 (r) peuvent être
considérées comme formant une base de F.
4 – Opérateur linéaire
a – Définition
Un opérateur linéaire  est un être mathématique qui fait correspondre à une fonction
quelconque ϕ de F une autre fonction ϕ0 de F, la correspondance étant linéaire :
ϕ0 (r) = Âϕ(r)
 [λ1 ϕ1 (r) + λ2 ϕ2 (r)] = λ1 Âϕ1 (r) + λ2 Âϕ2 (r)
où λ1 et λ2 sont deux nombres complexes.
Exemples
i) L’opérateur multiplication par x, que l’on note X̂ :
ϕ0 (r) = X̂ ϕ(r) = xϕ(r) .
ii) L’opérateur dérivée partielle par rapport à x, D̂x = ∂x :
∂ϕ(r)
ϕ0 (r) = D̂x ϕ(r) = ∂x ϕ(r) = .
∂x
b – Produit d’opérateurs
Le produit de deux opérateurs linéaires  et B̂, pris dans cet ordre, est l’opérateur
linéaire défini par :
(ÂB̂) ϕ(r) = Â [B̂ϕ(r)] .
On fait agir d’abord B̂ sur ϕ(r), puis  sur la fonction obtenue.
En général ÂB̂ 6= B̂ Â. On appelle commutateur de  et B̂ pris dans cet ordre, l’opérateur
noté [Â, B̂] et défini par :
[Â, B̂] = ÂB̂ − B̂ Â .
Si [Â, B̂] = 0̂, c’est-à-dire ÂB̂ = B̂ Â, on dit que  et B̂ commutent.
Exemple
Calculons le commutateur [X̂, D̂x ]. Considérons pour cela une fonction d’onde quelconque
ϕ(r) :
[X̂, D̂x ] ϕ(r) = X̂ [D̂x ϕ(r)] − D̂x [X̂ϕ(r)] = x ∂x ϕ(r) − ∂x [xϕ(r)] = −ϕ(r)
d’où l’on a, puisque ϕ(r) est quelconque :
[X̂, D̂x ] = −1̂
où 1̂ est l’opérateur identité défini par : 1̂ϕ(r) = ϕ(r).
6 Chapitre 4

II – ESPACE DES ÉTATS. NOTATION DE DIRAC


1 – Définition
Nous avons vu que l’état d’une particule peut être décrit par une fonction d’onde ϕ(r).
Cet état peut également être défini par la donnée des composantes ci où ϕ̃(p) de ϕ(r) dans
les bases {ui (r)} et {vp (r)}. La fonction d’onde ϕ(r) peut elle-même être considérée comme
une composante de l’état de la particule dans la base {ξr(r0 )}. On se trouve donc dans une
situation analogue à celle que l’on connaı̂t dans l’espace vectoriel R3 où un vecteur peut être
décrit par plusieurs types de composantes (cartésiennes, cylindriques...) relatifs chacun à une
base donnée de R3 . On définit ainsi, en mécanique quantique, l’état d’une particule comme
étant un vecteur d’un certain espace vectoriel noté Er et dit espace des états de la particule.
L’introduction des vecteurs d’état et de l’espace des états n’apporte pas seulement une
simplification du formalisme mathématique en mécanique quantique mais permet aussi sa
généralisation. En effet, certaines particules présentent un degré de liberté interne appelé
spin qui ne peut être décrit par une fonction d’onde ϕ(r) de F mais par un vecteur d’état
appartenant à un sous-espace d’état dit de spin et note Es . Le mouvement du centre de masse
de la particule que l’on décrit par un vecteur de Er est appelé mouvement orbital. L’état
relatif conjointement au mouvement orbital et au mouvement interne (de spin) est décrit par
une vecteur de l’espace E résultat du produit tensoriel de Er par Es :
E = Er ⊗ Es .
Dans la suite, nous allons introduire les opérations mathématiques dans Er . Ces opérations
sont généralisables à n’importe quel espace des états.
2 – Vecteur ket et vecteur bra. Notation de Dirac
a – Éléments de Er : ket
À une fonction d’onde ϕ(r) de F, on associe un vecteur de Er , noté |ϕi et appelé ket. La
correspondance entre E et F est un isomorphisme.
b – Produit scalaire. Notion de bra
Soient deux fonctions d’onde ψ et ϕ de F associées aux kets |ψi et |ϕi de Er . On définit
le produit scalaire de |ψi par |ϕi par :
Z
(|ψi, |ϕi) = (ψ, ϕ) = ψ ∗ (r) ϕ(r) d3 r .
r

On représente ce produit scalaire par l’écriture hψ|ϕi où l’être mathématique hψ| associé au
ket |ψi est appelé bra et fait partie d’un espace vectoriel Er∗ dit espace vectoriel dual de Er .
Les propriétés du produit scalaire dans F peuvent être traduites en notation de Dirac
par :
hϕ|ψi = hψ|ϕi∗
hϕ|λ1 ψ1 + λ2 ψ2 i = λ1 hϕ|ψ1 i + λ2 hϕ|ψ2 i (12)
hλ1 ϕ1 + λ2 ϕ2 |ψi = λ∗1 hϕ1 |ψi + λ∗2 hϕ2 |ψi (13)
hψ|ψi est un réel positif ; il est nul si |ψi = 0Er .
La relation (12) montre que la correspondance entre F et Er est linéaire :
|λ1 ψ1 + λ2 ψ2 i = λ1 |ψ1 i + λ2 |ψ2 i .
L’équation (13) montre, quant à elle, que la correspondance entre Er et Er∗ est antilinéaire :
hλ1 ψ1 + λ2 ψ2 | = λ∗1 hψ1 | + λ2 hψ2 | .
OUTILS MATHÉMATIQUES DE LA MÉCANIQUE QUANTIQUE 7

3 – Base orthonormée de Er
Soit {ui (r)} une base ediscrète de F. On admet que les kets associés {|uii} forment une
base orthonormée de Er :
hui |uj i = δij (14)
X
∀ |ψi ∈ Er , ∃! (c1 , c2 n . . . , ci , . . .) / |ψi = ci |ui i, avec ci = (ui , ψ) = hui |ψi.
i

Considérons le développement de |ψi en tenant compte de l’expression des ci . On a :


X X X
|ψi = ci |ui i = hui |ψi |ui i = |ui ihui |ψi
i i i

où l’on a permuté le vecteur |ui i avec le nombre complexe hui |ψi. Comme le vecteur |ψi
figurant dans la dernière somme ne dépend pas de l’indice i, on peut le mettre à l’extérieur
de la somme : X 
|ψi = |ui ihui | |ψi .
i

Cette égalité étant vraie quelque soit |ψi, le terme entre parenthèses peut être considéré
comme un opérateur égal à l’opérateur identité :
X
|ui ihui | = 1̂ . (15)
i

La relation (15) est la relation de fermeture vérifiée par la base {|uii}. Dans le cas d’une base
continue {|uα i}, la relation d’orthonormalisation (14) et de fermeture (15) s’écrivent :
huα |uα0 i = δ(α − α0 )
Z
|uαihuα | dα = 1̂ .
α

4 – Opérateurs linéaires
a – Définitions
Un opérateur linéaire  fait correspondre à tout ket |ψi de Er , un autre ket |ψ 0 i de Er ,
la correspondance étant linéaire :
|ψ 0 i = Â |ψi
 (λ1 |ψ1 i + λ2 |ψ2 i) = λ1  |ψ1 i + λ2  |ψ2 i .
Le produit de deux opérateurs  et B̂ est défini par :
(ÂB̂) |ψi = Â (B̂ |ψi) .
Comme dans F, le commutateur de ces deux opérateurs est défini par :
[Â, B̂] = ÂB̂ − B̂ Â .
On appelle élément de matrice d’un opérateur  entre deux kets |ϕi et |ψi, le produit scalaire
hϕ| (Â |ψi) noté hϕ| Â |ψi.
b – Exemples d’opérateurs linéaires
i – Opérateur identité
On a par définition 1̂ |ψi = |ψi, d’où l’on a :
1̂ (λ1 |ψ1 i + λ2 |ψ2 i) = λ1 |ψ1 i + λ2 |ψ2 i = λ1 1̂ |ψ1 i + λ2 1̂ |ψ2 i .
8 Chapitre 4

ii – Projecteur
α – Projecteur sur un vecteur
Soit |ψi un vecteur non nul de Er . On appelle projecteur orthogonal sur le ket |ψi,
l’opérateur linéaire :
|ψihψ|
P̂ψ = .
hψ|ψi
Soit, en effet, un vecteur |ϕi de Er . Le vecteur :
|ψihψ|ϕi |ψi
P̂ψ |ϕi = =λp
hψ|ψi hψ|ψi
p
avec λ = hψ|ϕi/ hψ|ψi, est colinéaire à |ψi. Cette égalité peu être rapprochée de la projection
v0 d’un vecteur v de R3 sur un vecteur u :
 
u u·v
v0 =
|u| |u|
p
où u/|u| est identifié à |ψi/ hψ|ψi et u · v/|u| à λ. P̂ψ vérifie la propriété fondamentale des
projecteurs : P̂ψ2 = P̂ψ . En effet :
  
2 |ψihψ| |ψihψ| |ψihψ|ψihψ|
P̂ψ = = .
hψ|ψi hψ|ψi hψ|ψi2
Au numérateur du dernier membre, figure le réel hψ|ψi qui peut être simplifié avec l’un des
deux facteurs identiques au dénominateur. Ainsi :
|ψihψ|ψihψ|
P̂ψ2 = = P̂ψ .
hψ|ψi2
β – Projecteur sur un sous-espace vectoriel de Er
Soit E 0 un sous-espace vectoriel de Er sous-tendu par une base formée de q vecteurs |ψ1 i,
|ψ2 i, . . ., |ψq i orthogonaux deux à deux : hψi |ψj i = 0 si i 6= j. Le projecteur orthogonal sur
E 0 est défini par :
q
X |ψi ihψi |
P̂ 0 = .
hψi |ψi i
i=1

L’opérateur P̂ vérifie en effet la relation P̂ 02 = P̂ 0 :


0

Xq X q q q
02 |ψi ihψi |ψj ihψj | X |ψi ihψi |ψi ihψi | X |ψi ihψi |
P̂ = = 2
= = P̂ 0
i=1 j=1
hψ i |ψ i ihψ j |ψ j i i=1
hψ i |ψ i i i=1
hψ i |ψ i i

où l’on a utilisé le fait que hψi |ψj i = 0 pour i 6= j.


Si E 0 = Er , projeter sur Er revient tout simplement à décomposer un ket sur une base de
Er . Le projecteur P̂ 0 n’est autre chose que l’opérateur identité :
X |ψi ihψi |
P̂ 0 = = 1̂ .
i
hψ i |ψ i i
Si les vecteurs |ψi i sont normés, cette relation s’identifie à la relation de fermeture vérifiée
par la base orthonormée {|ψi i}.
Remarque
Dans l’écriture |ψihψ|, remplaçons le bra hψ| par hϕ|. On obtient ainsi l’opérateur |ψihϕ|.
L’action de cet opérateur sur un vecteur |ξi est le vecteur |ψi λ = λ |ψi colinéaire à ψi, le
coefficient λ étant égal au produit scalaire hϕ|ξi :
(|ψihϕ|) |ξi = |ψi (hϕ|ξi) = (hϕ|ξi) |ψi .
OUTILS MATHÉMATIQUES DE LA MÉCANIQUE QUANTIQUE 9

5 – Conjugaison hermitique
a – Action d’un opérateur linéaire sur un bra
Considérons l’élément de matrice hϕ| (Â |ψi) = hϕ| Â |ψi. Il est évalué en faisant le produit
scalaire des vecteurs |ϕi et  |ψi. On peut admettre qu’il est aussi le résultat de l’action du
bra hϕ| Â sur le ket |ψi :
hϕ| (Â |ψi) = hϕ| Â |ψi = (hϕ| Â) |ψi .
Cette écriture sera évidente quand on étudiera la représentation matricielle des bras, kets et
opérateurs. Le bra hϕ|  est le résultat de l’action de l’opérateur  sur le bra hϕ|.
b – Opérateur adjoint d’un opérateur linéaire Â
Soient |ψi un ket de Er et  un opérateur linéaire agissant dans Er . À |ψi,  lui associe
le vecteur :
|ψ 0 i = Â |ψi .
Soient hψ| et hψ 0 | les bras associés aux kets |ψi et |ψ 0 i. L’opérateur qui transforme hψ| en hψ 0 |
est noté Â+ et s’appelle opérateur adjoint de l’opérateur  :
|ψ 0 i = Â |ψi ⇐⇒ hψ 0 | = hψ| Â+ .
C’est un opérateur linéaire. Soit |ϕi un ket de Er . Comme hψ 0 |ϕi = hϕ|ψ 0 i∗ , il vient en
remplaçant |ψ 0 i par sa valeur :
hψ| Â+ |ϕi = hϕ| Â |ψi∗ . (16)

c – Propriétés de la correspondance entre un opérateur et son adjoint


On peut montrer facilement les propriétés suivantes :
(Â+ )+ = Â
(λÂ)+ = λ∗ Â+
(Â + B̂)+ = Â+ + B̂ +
(ÂB̂)+ = B̂ + Â+ .

Si  = |ψihϕ|, alors Â+ = |ϕihψ|.


Retenons donc la règle suivante pour obtenir le conjugué hermitique (ou l’adjoint) d’une
expression comportant des nombres complexes, des kets, des bras et des opérateurs :
• on remplace :
— les nombres complexes par leurs conjugués,
— les kets par les bras et vice-versa,
— les opérateurs par leurs adjoints ;
• on inverse l’ordre des facteurs, la place des nombres complexes n’ayant cependant pas
d’importance.
d – Opérateurs hermitiques
Un opérateur est dit hermitique s’il est égal à son adjoint : Â+ = Â. L’égalité (16) s’écrit
pour un opérateur hermitique :
hψ| Â |ϕi = hϕ| Â |ψi∗ .
C’est à l’aide de cette relation que l’on vérifie dans certains cas si un opérateur  est
hermitique.
10 Chapitre 4

Exemples
Les opérateurs P̂ψ = |ψihψ|, X̂ et P̂x = −ih̄D̂x sont hermitiques. Pour P̂x par exemple,
on a : Z +∞  
∗ ∂ϕ(r)
hψ| P̂x |ϕi = ψ (r) −ih̄ d3 r
−∞ ∂x
Z +∞
∗ +∞ ∂ψ ∗ (r)
= −ih̄ [ψ (r) ϕ(r)]−∞ + ih̄ ϕ(r) d3 r
−∞ ∂x
Z +∞  
∂ψ ∗ (r)
=0+ ϕ(r) ih̄ d3 r
−∞ ∂x
Z +∞   ∗
∗ ∂ψ(r) 3
= ϕ (r) −ih̄ d r
−∞ ∂x
= hϕ| P̂x |ψi∗

signifiant que P̂x est hermitique.


III – REPRÉSENTATION MATRICIELLE
1 – Définition d’une représentation
Choisir une représentation dans Er c’est choisir une base orthonormée discrète ou continue
de Er . Un ket quelconque est alors représenté par une matrice colonne, un bra par une matrice
ligne et un opérateur  par une matrice carrée et son adjoint Â+ par la matrice conjuguée
à celle de Â. Le choix d’une représentation est en principe arbitraire mais dépend dans la
pratique du problème étudié.
2 – Représentation des kets et des bras
Soit {|ui i} une base orthonormée discrète de Er . Un ket |ψi de Er se représente par la
matrice colonne suivante :  
hu1 |ψi
 hu2 |ψi 
 
 .. 
 . 
 
 hui |ψi 
 
..
.
formée par les composantes ci = hui |ψi de |ψi dans la base {|ui i}. Un bra hϕ| est représenté
par la matrice ligne :
( hϕ|u1 i hϕ|u2 i · · · hϕ|ui i · · · )
formée par les conjugués b∗i = hϕ|ui i des composantes bi = hui |ϕi de |ϕi. Ces deux écritures
permettent de retrouver l’expression du produit scalaire hϕ|ψi en fonction des composantes
bi et cj :
 
hu1 |ψi
 hu2 |ψi 
 
 ..  X ∗
hϕ|ψi = ( hϕ|u1 i hϕ|u2 i · · · hϕ|ui i · · · )  . 

= bi ci .
 hui |ψi  i
 
..
.
OUTILS MATHÉMATIQUES DE LA MÉCANIQUE QUANTIQUE 11

3 – Représentation d’un opérateur


a – Représentation d’un opérateur Â
Considérons l’élément de matrice
hϕ|Â|ψi
et insérons la relation de fermeture (15) avant et après  :
X  X  X
hϕ|Â|ψi = hϕ|1̂Â1̂|ψi = hϕ| |ui ihui | Â |uj ihuj | |ψi = hϕ|ui i hui |Â|uj i huj |ψi
i j i,j

soit : X
hϕ|Â|ψi = b∗i Aij cj (17)
i,j

où bi = hui |ϕi et cj = huj |ψi sont les composantes de |ϕi et |ψi dans la base {|ui i}. L’équation
(17) n’est autre qu’une représentation condensée de l’écriture matricielle :
 
A11 A12 · · · A1j · · ·  c1 
 A21 A22 · · · A2j · · ·   c2 
  
 .. .. ..   .. 
∗ ∗ ∗ 
( b1 b2 · · · bi · · · )  . . .  . 

 Ai1 Ai2 · · · Aij · · ·   
   cj 
.. .. .. ..
. . . .
où la matrice carrée dont les éléments sont Aij = hui |Â|uj i représente l’opérateur  dans la
base {|ui i}.
b – Représentation de l’opérateur adjoint Â+
Considérons l’élément de matrice :
Aji = huj |Â|ui i
dont le complexe conjugué s’écrit :
(Aji )∗ = hui |Â+ |uj i = Â+
ij .

Ainsi, la matrice de Â+ s’obtient à partir de la matrice de  en procédant à une conjugaison


complexe suivie d’une symétrie par rapport à la diagonale principale.
Si  est hermitique, Â+ =  et (Aji )∗ = Aij : deux éléments symétriques par rapport
à la diagonale principale sont des complexes conjugués. Pour i = j, on a (Aii )∗ = Aii : les
éléments de la diagonale principale sont alors réels.
4 – Changement de représentation
a – Position du problème
Soient {|ui i} et {|vj i} deux base de Er . Les deux bases vérifient les relations d’orthonor-
malisation et de fermeture :

hui |uj i = δij hvk |vl i = δkl


X X
|ui ihui | = 1̂ |vk ihvk | = 1̂
i k

Le problème posé est le suivant : les bras, kets et opérateurs sont exprimés par leurs matrices
dans la base {|ui i}, comment peut-on en déduire leurs matrices dans la base {|vk i} ?
12 Chapitre 4

On introduit la matrice de passage Ŝ de la base {|ui i} vers la base {|vk i} dont les
éléments sont définis par :
Sik = hui |vk i .
Cette matrice est unitaire : Ŝ + Ŝ = Ŝ Ŝ + = 1̂. En effet :
X X
(Ŝ + Ŝ)kl = +
Ŝki Ŝil = hvk |ui i hui |vl i = hvk |vl i = δkl .
i i

De même : X X
+
(Ŝ Ŝ + )ij = Ŝik Ŝkj = hui |vk i hvk |uj i = hui |uj i = δij .
k k

b – Transformation des composantes d’un ket


Considérons un ket quelconque |ψi. On a :
X X
+
hvk |ψi = hvk |1̂|ψi = hvk |ui ihui |ψi = Ski hui |ψi
i i

que l’on peut écrire sous la forme matricielle :


    
hv1 |ψi hv1 |u1 i hv1 |u2i ··· hv1 |ui i ··· hu1 |ψi
 hv2 |ψi   hv2 |u1 i hv2 |u2i ··· hv2 |ui i ···  
     hu2 |ψi 
 ..   .. .. ..   .. 
 . = . . ··· . ···  
    . 
 hvk |ψi   hvk |u1 i hvk |u2 i ··· hvk |ui i · · ·   hui |ψi 
 
   
.. .. .. .. ..
. . . ··· . ··· .
ou encore sous la forme vectorielle suivante :
|ψi{vk } = Ŝ + |ψi{ui }
où |ψi{vk } par exemple désigne le vecteur |ψi exprimé dans la base {|vk i}.
c – Transformation des composantes d’un bra
On a de même : X X
hψ|vk i = hψ|ui ihui |vk i = hψ|ui i Sik
i i

que l’on peut mettre sous la forme vectorielle suivante :


hψ|{vk } = hψ|{ui } Ŝ .

d – Transformation des éléments de la matrice d’un opérateur


On a : X
hvk |Â|vk i = hvk |1̂Â1̂|vk i = hvk |ui i hui |Â|uj i huj |vl i
i,j

soit X
+
hvk |Â|vk i = Ski Aij Sjl
i,j

que l’on peut écrire sous la forme suivante :


Â{vk } = Ŝ + Â{ui } Ŝ
où Â{vk } , par exemple, désigne la matrice de  dans la base {|vk i}. En multipliant à gauche
par Ŝ et à droite par Ŝ + puis en tenant compte de l’unitarité de Ŝ, on a aussi :
Â{ui } = Ŝ Â{vk } Ŝ + .
OUTILS MATHÉMATIQUES DE LA MÉCANIQUE QUANTIQUE 13

IV – ÉQUATIONS AUX VALEURS PROPRES


1 – Valeurs propres et vecteurs propres d’un opérateur
On dit que le ket |ψi est un vecteur propre d’un opérateur linéaire  si :
 |ψi = λ |ψi (18)
où λ est un nombre complexe appelé valeur propre de Â. Soient ci = hui |ψi les composantes
de |ψi et Aij = hui |Â|uj i les éléments de matrice de  dans une base orthonormée {|uii} de
Er . Multiplions l’équation (18) par hui | et insérons la relation de fermeture entre  et |ψi.
On obtient : X
hui |Â1̂|ψi = hui |Â|uj ihuj |ψi = λ hui |ψi
j

soit : X X
Aij cj = λci = λ cj δij
j j

ou bien : X
(Aij − λδij ) cj = 0 . (19)
j

Avec toutes les valeurs possibles de i, l’équation (19) constitue un système linéaire homogène
dont les inconnues sont les cj . Il n’a de solutions que si :
det[(Â) − λ(1̂)] = 0 (20)
où (Â) est la matrice de  dans la base {|ui i} et (1̂) est la matrice identité.
Si N est la dimension de Er , l’équation (20), dite équation caractéristique, est un
polynôme de degré N en λ. Soient λ1 , λ2 , . . ., λk (k ≤ N ) les racines. L’équation
caractéristique peut alors s’écrire :
k
Y
g1 g2 gl gk
(λ − λ1 ) (λ − λ2 ) · · · (λ − λl ) · · · (λ − λk ) = (λ − λl )gl = 0
l=1
Pk
avec l=1 gl = N . L’exposant entier gl est appelé degré de dégénérescence de la valeur propre
λl . Si gl = 1, on dit que la valeur propre correspondante λl est non dégénérée. On détermine
les gl vecteurs propres |ψlq i (q = 1, 2, . . ., gl ) associés à la valeur propre λl en résolvant le
système (19). En mécanique quantique, on choisit ces vecteurs normés est orthogonaux deux
à deux.
2 – Observables
a – Propriétés des valeurs propres et des vecteurs propres d’un opérateur hermitique
Soit  un opérateur linéaire hermitique : Â+ = Â. Cet opérateur possède les propriétés
suivantes :
i) Les valeurs propres de  sont réelles.
ii) Deux vecteurs propres de  associés à deux valeurs propres différentes sont
orthogonaux.
Démonstration :
i) Soit λ une valeur propre de  associée au vecteur propre normé |ψi : Â|ψi = λ|ψi. En multipliant
cette égalité scalairement par |ψi, on obtient l’égalité :
hψ|Â|ψi = λhψ|ψi = λ .
Son complexe conjugué s’écrit :
hψ|Â+ |ψi = λ∗ .
14 Chapitre 4

Or Â+ = Â, d’où λ∗ = λ c’est-à-dire que λ est réelle.


ii) Soient |ψi et |ϕi deux vecteurs propres de  associés respectivement aux valeurs propres λ et
µ:
Â|ψi = λ|ψi (21)
Â|ϕi = µ|ϕi .
D’après i), la deuxième égalité s’écrit après conjugaison hermitique :
hϕ|Â = µ hϕ| . (22)
En faisant hϕ| (21) − (22) |ψi, on obtient :
hϕ|Â|ψi − hϕ|Â|ψi = (λ − µ) hϕ|ψi .
Puisque λ 6= µ, on a nécessairement hϕ|ψi = 0 signifiant que |ψi et |ϕi sont orthogonaux.

b – Notion d’observable
L’opérateur hermitique  est dit observable si ses vecteurs propres constituent une base
de Er :
X∞ X gl
|ψlq ihψlq | = 1̂ .
l=1 q=1

3 – Ensembles d’observables qui commutent


a – Théorèmes importants
i – Théorème I
Si deux opérateurs  et B̂ commutent et si |ψi est un vecteur propre de Â, associé à la
valeur propre a, alors B̂ |ψi est aussi un vecteur propre de Â, associé à la même valeur propre
a.
En effet, en appliquent l’opérateur B̂ à l’équation aux valeurs propres  |ψi = a |ψi, on a :
B̂ Â |ψi = aB̂ |ψi
soit, puisque ÂB̂ = B̂ Â : ÂB̂ |ψi = Â (B̂ |ψi) = a (B̂ |ψi) exprimant que (B̂ |ψi) est un vecteur propre de Â
associé à la même valeur propre a.

Deux cas peuvent se présenter :


— si a est une valeur propre non dégénérée, tous les vecteurs propres qui lui sont associés
sont par définition colinéaires, et B̂ |ψi est nécessairement proportionnel |ψ/ >. Donc |ψi est
aussi un vecteur propre de B̂.
— Si a est dégénérée, on peut seulement dire que B̂ |ψi appartient au sous-espace propre
Ea de Â, correspondant à la valeur propre a. Donc ∀ |ψi ∈ Ea , B̂ |ψi ∈ Ea . Ea est alors
globalement invariant sous l’action de B̂.
ii – Théorème 2
Si deux observables  et B̂ commutent, et si |ψ1 i et |ψ2 i sont des vecteurs propres de Â
de valeurs propres différentes, alors l’élément de matrice hψ1 |B̂|ψ2 i est nul.
Soient, en effet, a1 et a2 les valeurs propres associées à |ψ1 i et |ψ2 i : Â |ψ1 i = a1 |ψ1 i, Â |ψ2 i = a2 |ψ2 i.
D’après le théorème 1, B̂ |ψ2 i est vecteur propre de  avec la valeur propre a2 . B̂ |ψ2 i est donc orthogonal à
|ψ1 i associé à la valeur propre a1 6= a2 :
hψ1 | (B̂ |ψ2 i) = hψ1 |B̂|ψ2 i = 0 .

iii – Théorème 3
Si deux observables  et B̂ commutent, on peut construire une base orthonormée de Er
constituée des vecteurs propres communs à Â et B̂.
OUTILS MATHÉMATIQUES DE LA MÉCANIQUE QUANTIQUE 15

En effet, si une valeur propre a de  est non dégénérée, le vecteur propre associé, |ψa i, est aussi vecteur
propre de B̂ d’après le théorème 1. Supposons maintenant que a est dégénérée ga fois. Soient |ψai i, i = 1, 2,
. . ., ga , les vecteurs propres associés, sous-tendant le sous-espace propre Ea . Dans la base {|ψai i} de Ea , la
matrice de B̂ est hermitique puisque B̂ est hermitique :
hψai |B̂|ψaj i = hψaj |B̂|ψai i∗ .
Elle est donc diagonalisable c’est-à-dire que l’on peut construire dans Ea une nouvelle base formée par des
vecteurs propres |ϕia i (i = 1, 2, . . ., ga ) de B̂ où la matrice de B̂ est diagonale :
hϕia |B̂|ϕja i = 0 si i 6= j.

b – Ensemble complet d’observables qui commutent


Soit une observable  dont les vecteurs propres {|ψa i} constituent une base de Er . Si les
valeurs propres a de  ne sont pas dégénérées, alors à chacune d’elles correspond un unique
vecteur propre |ϕa i (à un facteur multiplicatif près). On peut désigner |ϕai simplement par
|ai. Si, par contre, il existe au moins une valeur propre a dégénérée, la donnée de a ne permet
pas de désigner univoquement les vecteurs propres associés. Considérons alors une autre
observable B̂ qui commute avec Â. On peut former une base de vecteurs propres communs à
 et B̂. Soit |ϕabi un de ces vecteurs propres associé aux valeurs propres a et b respectivement
de  et B̂. Si la donnée du couple (a, b) permet de définir un unique vecteur |ϕabi, on dit que
les observables  et B̂ forment un ensemble complet d’observables qui commutent (ECOC) ; le
vecteur |ϕabi peut être simplement désigné par |abi. Si ce n’est pas le cas, Â et B̂ ne forment
pas un ECOC. On pourra leur adjoindre alors une autre observable Ĉ qui commute avec elles.
Â, B̂ et Ĉ formeraient un ECOC si la donnée du triplet (a, b, c) permettait de définir de façon
unique un vecteur propre |ϕabci commun à Â, B̂ et Ĉ. |ϕabci peut alors s’écrire |abci.
V – REPRÉSENTATIONS {|ri} ET {|pi}. OBSERVABLES R̂ ET P̂
1 – Représentations {|ri} et {|pi}
a – Définitions
Au paragraphe I-4, on a introduit deux bases {ξr0 (r)} et {vp0 (r)} de F qui dépendent
des indices continus r0 et p0 . Les vecteurs de ces bases sont définis par :
ξr0 (r) = δ(r − r0 )
1 i
vp0 (r) = 3/2
e h̄ p0 ·r .
(2πh̄)
On leur associe respectivement les kets |r0 i et |p0 i. Nous admettons que les familles {|r0 i}
et {|p0 i} constituent deux bases de l’espace des états Er .
D’après la définition du produit scalaire dans Er et la relation d’orthonormalisation au
sens large vérifiée par les bases {ξr0 (r)} et {vp0 (r)}, on déduit la relation d’orthonormalisation
vérifiée par les représentations {|r0i} et {|p0 i}. En effet, on a pour {|r0i} par exemple :
hr0 |r00 i = (ξr0 , ξr00 ) = δ(r0 − r00 ) .
La relation de fermeture s’obtient en sommant sur les indices continus r0 et p0 . En
définitive, on a les relations fondamentales :

hr0 |r00 i = δ(r0 − r00 ) hp0 |p00 i = δ(p0 − p00 )


Z Z
d3 r0 |r0ihr0 | = 1̂ d3 p0 |p0 ihp0 | = 1̂
r0 p0
16 Chapitre 4

b – Composantes d’un ket


Considérons un ket |ψi quelconque associé à la fonction d’onde ψ(r). Les relations de
fermetures précédentes permettent de l’écrire sous les deux formes suivantes :
Z
|ψi = d3 r0 |r0ihr0 |ψi
Z
|ψi = d3 p0 |p0 ihp0 |ψi .

Les composantes hr0 |ψi et hp0 |ψi sont données par :


hr0 |ψi = (ξr0 , ψ) = ψ(r0 )
hp0 |ψi = (vp0 , ψ) = ψ̃(p0 ) .
Ainsi, la valeur ψ(r0 ) de la fonction d’onde au point r0 apparaı̂t comme la composante du
ket |ψi sur le vecteur de base |r0 i de la représentation {|r0 i}. Une interprétation analogue
s’applique quant à ψ̃(p0 ).
Dans le cas particulier où |ψi = |p0 i, on a :
1 i
hr0 |p0 i = vp0 (r0 ) = e h̄ p0 ·r .
(2πh̄)3/2
Si maintenant |ψi = |r0 0 i, on a :
hr0 |r00 i = ξr0 (r0 ) = δ(r0 − r00 ) .
Dans la suite, on notera |ri et |pi au lieu de |r0 i et |p0 i les vecteurs de base des deux
représentations étudiées ici. Ainsi, on a :
hr|ψi = ψ(r) hp|ψi = ψ̃(p)
hr|r0 i = δ(r − r0 ) hp|p0 i = δ(p − p0 )
Z Z
d3 r |rihr| = 1̂ d3 p |pihp| = 1̂
r p

On retrouve la définition du produit scalaire dans Er en considérant l’une des deux


relations de fermeture. Ainsi, pour deux kets |ϕi et |ψi, on a :
Z Z
hϕ|ψi = hϕ|1̂|ψi = d3 r hϕ|rihr|ψi = d3 r ϕ∗ (r) ψ(r)
r r
ou bien Z Z
hϕ|ψi = 3
d p hϕ|pihp|ψi = d3 p ϕ̃∗ (p) ψ̃(p) .
p p

2 – Opérateurs R̂ et P̂
a – Définition
Soit |ψi un ket quelconque Er et hr|ψi = ψ(r) = ψ(x, y, z) la fonction d’onde correspon-
dante. Par définition, le ket :
|ψ 0 i = X̂|ψi
est représenté dans la base {|ri} par la fonction hr|ψ 0 i = ψ 0 (r) telle que ψ 0 (r) = xψ(r). En
représentation {|ri}, l’opérateur X̂ coı̈ncide avec l’opérateur “multiplication par x”. D’une
manière analogue, on introduit les opérateurs Ŷ et Ẑ. Ainsi, on a :
hr|X̂|ψi = x hr|ψi
hr|Ŷ |ψi = y hr|ψi
hr|Ẑ|ψi = z hr|ψi .
OUTILS MATHÉMATIQUES DE LA MÉCANIQUE QUANTIQUE 17

Les opérateurs X̂, Ŷ et Ẑ peuvent être considérés comme les composantes cartésiennes d’un
certain opérateur vectoriel R̂ dit opérateur position. On peut ainsi écrire :
hr|R̂|ψi = r hr|ψi .
On définit de même l’opérateur impulsion par ses composantes cartésiennes P̂x , P̂y et
P̂z dont l’action en représentation {|pi} est exprimée par :
hp|P̂x |ψi = px hp|ψi
hp|P̂y |ψi = py hp|ψi
hp|P̂z |ψi = pz hp|ψi
où px , py et pz sont les indices qui apparaissent dans le ket |pi = |px , py , pz i. En écriture
condensée, on a :
hp|P̂|ψi = p hp|ψi .

b – Action de P̂ en représentation {|ri}


Considérons l’élément de matrice hr|P̂x |ψi et appliquons la relation de fermeture vérifiée
par la base {|pi} :
hr|P̂x |ψi = hr|1̂P̂x |ψi
Z
= d3 p hr|pihp|P̂x |ψi
Z
= d3 p vp (r) px ψ̃(p)
p
Z
1 i
= d 3
p e h̄ p·r px ψ̃(p)
(2πh̄)3/2 p
Z  
1 3
i
p·r
= d p ih̄∂x (e h̄ ) ψ̃(p)
(2πh̄)3/2 p
où ∂x = ∂/∂x. Comme ψ̃(p) ne dépend pas de r, on peut sortir l’opérateur −ih̄∂x de l’intégrale
sur p :  Z 
1 3
i
p·r
hr|P̂x |ψi = −ih̄∂x d p e h̄ ) ψ̃(p)
(2πh̄)3/2 p
Z
= −ih̄∂x d3 p vp (r)ψ̃(p)
p
Z
= −ih̄∂x d3 p hr|pihp|ψi
p
= −ih̄∂x hr|ψi
= −ih̄∂x ψ(r) .

Ainsi, l’opérateur P̂x agit en représentation {|ri} comme l’opérateur −ih̄∂x . Il en est de même
pour P̂y et P̂z . D’où l’on a pour P̂ :
hr|P̂|ψi = −ih̄∇r hr|ψi .

Exercice
Montrer qu’en représentation {|pi}, l’opérateur R̂ agit comme ih̄∇p où les dérivées partielles portent
sur px , py et pz .
18 Chapitre 4

c – Relations de commutation
Considérons le commutateur [X̂, P̂x ] par exemple et plaçons-nous en représentation {|ri}.
Pour un ket |ψi quelconque, on a :
hr| [X̂, P̂x ] |ψi = hr|X̂ P̂x − P̂x X̂|ψi
= hr|X̂ (P̂x |ψi) − hr|P̂x (X̂|ψi)
= x hr|P̂x |ψi + ih̄∂x hr|X̂|ψi
= −ih̄x∂x hr|ψi + ih̄∂x (x hr|ψi)
= −ih̄x∂x ψ(r) + ih̄∂x (x ψ(r))
= ih̄ ψ(r)
= ih̄ hr|ψi
= hr|ih̄1̂|ψi
soit puisque |ψi est quelconque et |ri est un vecteur de base :
[X̂, P̂x ] = ih̄1̂ = ih̄ .
De même, on peut montrer facilement que :
[X̂, P̂y ] = [X̂, P̂z ] = 0̂ .
Considérons maintenant le commutateur [X̂, Ŷ ] :
hr| [X̂, Ŷ ] |ψi = hr|X̂ Ŷ − Ŷ X̂|ψi
= hr|X̂ (Ŷ |ψi) − hr|Ŷ (X̂|ψi)
= x hr|Ŷ |ψi − y hr|X̂|ψi
= xy hr|ψi − yx hr|ψi
=0 .
D’où l’on déduit :
[X̂, Ŷ ] = 0̂ .
En désignant par R̂1 , R̂2 , R̂3 et P̂1 , P̂2 , P̂3 respectivement X̂, Ŷ , Ẑ et P̂x , P̂y , P̂z , on a
en résumé : 


[Ri , Rj ] = 0̂ 

[Pi , Pj ] = 0̂ i, j = 1, 2, 3 .


[R , P ] = ih̄δ 

i j ij

d – Hermicité de R̂ et P̂
Nous avons déjà montré que les opérateurs “multiplication par x” et “−ih̄∂x ”, traduisant
respectivement l’action des opérateurs X̂ et P̂x en représentation {|ri}, sont hermitiques. Il
en découle que X̂ et P̂x sont hermitiques. En effet, dans le cadre de la notation de Dirac, on
a pour deux kets |ϕi et |ψi quelconques :
Z
hϕ|X̂|ψi = d3 r hϕ|rihr|X̂|ψi
Z
= d3 r ϕ∗ (r) x ψ(r)
Z ∗
3 ∗
= d r ψ (r) x ϕ(r)

= hψ|X̂ |ϕi∗ .
OUTILS MATHÉMATIQUES DE LA MÉCANIQUE QUANTIQUE 19

D’après le paragraphe II-5-d, cette égalité est caractéristique d’un opérateur hermitique.
On peut montrer de même que Ŷ et Ẑ sont hermitiques. Un calcul analogue utilisant
la représentation {|pi} permet de montrer que les composantes P̂x , P̂y et P̂z de P̂ sont
hermitiques. Ainsi, les opérateurs R̂ et P̂ sont hermitiques.
e – Vecteurs propres de R̂ et P̂. Conséquences
Considérons l’égalité :
hr|X̂|ψi = x hr|ψi
où |ψi est un ket quelconque. Son conjugué hermitique s’écrit :
hψ|X̂ + |ri = x∗ hψ|ri
soit sachant que X̂ est hermitique et x est réel :
hψ|X̂ |ri = x hψ|ri .
Puisque |ψi est quelconque, on a :
X̂ |ri = x |ri .
On a de même :
Ŷ |ri = y |ri
Ẑ |ri = z |ri .
D’où l’on a en écriture condensée :
R̂ |ri = r |ri .
De même, on a pour P̂ :
P̂ |pi = p |pi .
Ainsi, |ri et |pi sont respectivement vecteurs propres de R̂ et P̂ associés aux valeurs propres
r et p.
Puisque R̂ et P̂ sont hermitiques et les familles de vecteurs propres {|ri} et {|pi}
correspondantes forment deux bases de Er , il s’en suit que R̂ et P̂ sont des observables.
De plus, la donnée d’une valeur propre r0 définit un unique vecteur propre |r0 i.
L’observable R̂ ou encore ses composantes (X̂, Ŷ , Ẑ) constituent à elles seules un ECOC.
Il en de même pour les composantes (P̂x , P̂y , P̂z ) de P̂.
f – Équation de Schrödinger dans Er
Considérons un opérateur  qui peut être traduit par l’opérateur  en représentation
{|ri} :
hr|Â|ψi = Â hr|ψi = Â ψ(r) .
L’action de Â2 est traduite par :
hr|Â2 |ψi = hr|Â (Â|ψi) = Â (hr|Â|ψi) = Â (Â hr|ψi) = Â [Â ψ(r)] .
Si  = P̂, on a :
hr|P̂2 |ψi = −ih̄∇ [−ih̄∇ψ(r)] = −h̄2 ∆ψ(r) = −h̄2 ∆ hr|ψi .
Si maintenant  = X̂ , on a :
hr|X̂ 2 |ψi = x2 hr|ψi .
Ce dernier résultat peut se généraliser à une puissance entière quelconque n :
hr|X̂ n |ψi = xn hr|ψi .
20 Chapitre 4

Considérons une fonction f (x) développable en série entière :



X
f (x) = cn xn .
n=0

Définissons la fonction f (X̂ ) de l’opérateur X̂ par une série entière en X̂ avec les mêmes
coefficients cn :

X
f (X̂ ) = cn X̂ n .
n=0

On a donc :
hr|f (X̂ )|ψi = f (x) hr|ψi .
Ainsi, à la fonction f (x) de la valeur propre x de l’opérateur X̂ , on a associé la fonction
f (X̂ ) de l’opérateur X̂. Nous admettrons la possibilité d’étendre ce genre d’association à une
fonction g(r) de la valeur propre r de R̂ : à g(r), on associe la fonction g(R̂).
Appliquons ces résultats à l’équation de Schrödinger :
h̄2
Ĥ ψ(r) = − ∆ψ(r) + V (r) ψ(r) = Eψ(r) .
2m
En notation de Dirac, on a donc :
P̂2
hr|Ĥ |ψi = hr| |ψi + hr| V (R̂) |ψi = hr|E|ψi ,
2m
soit puisque |ri est un vecteur de base :
P̂2
Ĥ |ψi = |ψi + V (R̂) |ψi = E|ψi .
2m
L’hamiltonien Ĥ qui s’écrit :
P̂2
Ĥ = + V (R̂)
2m
transcrit maintenant de façon naturelle l’énergie totale en mécanique classique :
p2
H= + V (r) .
2m
Chapitre 5

POSTULATS DE LA MÉCANIQUE
QUANTIQUE

I - ENONCÉ DES POSTULATS

1 - Postulats de représentation
A tout système physique S, il est possible d’associer un espace vectoriel mathématique
E, défini sur le corps des nombres complexes, appelé espace des états quantiques.
X Postulat 1 : Description de l’état d’un système :
L’état quantique d’un système physique S est caractérisé, à tout instant t, par
un ket |ψ(t)i appelé vecteur d’état, appartenant à l’espace E dit espace des états
du système.

Principe de superposition :
Si |ψ1 (t)i et |ψ2 (t)i deux vecteurs d’état possibles pour un système physique, alors
toute superposition linéaire λ1 |ψ1 (t)i + λ2 |ψ2 (t)i est aussi vecteur d’état possible du
système.
X Postulat 2 : Description des grandeurs physiques :
Toute grandeur physique mesurable A, liée à un système physique S, est représentée
par une observable A agissant dans E.
Comment obtenir l’observable représentant une grandeur physique ?

Règles de quantification
L’observable A qui décrit une grandeur physique A définie classiquement s’obtient
en remplaçant, dans l’expression convenablement symétrisée de A, les grandeurs ~r et
p~ par les observables R et P respectivement.
Ainsi, il faut suivre les règles de quantification suivantes :
i. A la position ~r(x, y, z) de la particule est associée l’observable R(X,Y,Z).
ii. A l’impulsion p~(px , py , pz ) de la particule est associée l’observable P (PX , PY , PZ )
iii. En mécanique classique, le produit scalaire ~r.~p. est commutatif, alors qu’en mécanique
quantique le produit des opérateurs RP ne l’est pas. En fait, les observables R et P
vérifient les relations de commutation canoniques suivantes :

[Ri , Rj ] = [Pi , Pj ] = 0
Il faut alors ajouter la règle de symétrisation : l’observable associée à ~r.~p. est
1
2
(RP + P R) qui est hermitique.
En représentation :
{|ri}
l’opérateur R agit comme la multiplication par r, et P comme l’opérateur différentiel
−i~∇
1
Chapitre 5 2

Quelques grandeurs physiques et les observables correspondantes (avec leur action


en représentation |ri)

grandeur physique Observable correspondante


Vecteur position : ~r(x, y, z) Observable position : R(X, Y, Z)
Vecteur impulsion : Observable impulsion :
~r(x, y, z) P (Px, Py , Pz ) = −i~∇
p2 P 2 ~2
Energie cinétique : Ec = 2m Ec = 2m = − 2m ∆
Energie potentielle V (~r) : V (R)
Enérgie totale : Hamiltonien :
P2 ~2
E = Ec + V (~r, t) H = 2m +V (R) = − 2m ∆+V (R)

2 - Postulats de la mesure
Considérons un système S décrit par le vecteur |ψi ∈ E . Soit A une grandeur
physique mesurable et A l’observable correspondante. Soit an le spectre de valeurs
propres de l’observable A.
X Postulat 3 : Résultat possibles d’une mesure :
La mesure de la grandeur physique A ne peut donner comme résultat qu’une des
valeurs propres de l’observable A correspondante.
X Postulat 4 : Probabilités des résultats d’une mesure :

Ô 1er cas : la valeur propre an est non dégénérée

A |an i = an |an i
La probabilité P(an ) a de trouver comme résultat de mesure la valeur propre n
a est :
P(an ) = | han |ψi |2
L’ensemble {|an i} , n ∈ N est une base de l’espace des états E (car A est une
observable), donc :
X
|ψi = cn |an i avec cn = han |ψi
n

Le terme han |ψi s’appelle amplitude de probabilité.


La probabilité P(an ) s’écrit alors :

P(an ) = |cn |2

Ô 2eme cas : la valeur propre an est dégénérée


3 POSTULATS DE LA MÉCANIQUE QUANTIQUE

A |an,k i = an |an,k i , (k = 1, 2, 3...gn )


La probabilité P(an ) a de trouver comme résultat de mesure la valeur propre n
a est : gn
X
P(an ) = | han |ψi |2
k=1

Or, {|an,k i} , n ∈ N et k = 1, 2, ...gn est une base de l’espace des états E (car A
est une observable), donc :
X
|ψi = cn,k |an,k i avec cn,k = han,k |ψi
n,k

La probabilité P(an ) s’écrit alors :


gn
X
P(an ) = |cn,k |2
k=1

Autre expression du postulat :

P(an ) = hψ| Pan |ψi = hPan i


Ou, P(an ) est le projecteur sur le sous – espace E associé à la valeur propre an
En effet :
Cas non dégénéré :

P(an ) = | han |ψi |2 = han |ψi . han |ψi = hψ| Pan |ψi

⇒ Pan = |an i han |


Cas dégénéré :

gn gn gn
!
X X X
2
P(an ) = | han,k |ψi | = hψ|an,k i . han,k |ψi = hψ| |an,k i han,k | |ψi
k=1 k=1 k=1

gn
X
⇒ Pan = |an,k i han,k |
k=1

Remarques importantes :

i. Si le vecteur |ψi n’est pas normé, alors il faut diviser l’expression donnant
P(an ) par la quantité hψ|ψi :
Cas non dégénéré : X
hψ|ψi = |cn |2
n

Cas dégénéré : X
hψ|ψi = |cn,k |2
n,k
Chapitre 5 4
P
ii. La probabilité totale est égale à 1 : n P(an ) = 1
Cas non dégénéré :
!
X
P(an ) = hψ| |an i han | |ψi = hψ|ψi = 1
n
P
Ou n |an i han | = I est la relation de fermeture relative à la base {|an i}.
Cas dégénéré :
gn
!
XX
P(an ) = hψ| |an,k i han,k | |ψi = hψ|ψi = 1
n k=1
P Pgn
Ou n k=1 |an,k i han,k | = I est la relation de fermeture relative à la base
{|an,k i .}

iii. Si le système physique est dans un état propre |ak i de A correspondant à la


valeur propre ak ,alors la mesure de A donnera certainement la valeur ak (c’est
l’événement certain : P(ak ) = 1).

En Effet :

2 2 1 si n=k
|ψi = |ak i ⇒ P(an ) = | han |ak i | = |δn,k | =
0 si n 6= k
D’ou :

P(ak ) = 1 si n=k et P(ak ) = 0 si n 6= k


X Postulat 5 : Réduction du vecteur d’état :
Si la mesure de la grandeur physique A sur le système dans l’état normé |ψi
donne le résultat ai , alors l’état du système immédiatement après la mesure est
la projection orthogonale normée de |ψi sur le sous-espace propre En associé à
la valeur propre an :

0 Pa |ψi
|ψ i = p i
hψ| Pai |ψi
Deux cas à distinguer :
Ô 1er cas : la valeur propre an non dégénérée

0
P(an ) = |an i han | ⇒ |ψ i = |an i
Ô 2eme cas : la valeur propre an est gn fois dégénérée

gn gn
X 0
X
P(an ) = |an,k i han,k | ⇒ |ψ i = bn,k |an,k i
k=1 k=1

Alors l’état du système immédiatement après la mesure est une combinaison linéaire
des vecteurs propres associés à la valeur propre an .
5 POSTULATS DE LA MÉCANIQUE QUANTIQUE

3 - Postulat de l’évolution (Postulat 6)


Soit un système physique S décrit à l’instant t par le vecteur d’état |ψ(t)i , et soit
H l’opérateur hamiltonien. Le postulat 6 donne l’évolution spontanée de l’état d’un
système dans le temps.

Enoncé du postulat
Si un système physique est laissé à lui-même, sans aucune perturbation ou acte de
mesure, alors, son vecteur d’état |ψ(t)i évolue dans le temps, de façon spontanée et
causale, selon l’équation de Schrödinger :

d
i~ |ψ(t)i = H(t) |ψ(t)i (1)
dt

Conservation de la norme
L’opérateur H étant hermitique, l’équation (1) implique la conservation de la norme
du vecteur d’état au cours du temps.
Démonstration :
   
d d d
hψ(t)|ψ(t)i = hψ(t)| |ψ(t)i + hψ(t)| |ψ(t)i
dt dt dt

Or, d’après l’équation (1), on a :

d 1 d 1 1
|ψ(t)i = H(t) |ψ(t)i et hψ(t)| = − hψ(t)| H + (t) = − hψ(t)| H(t)
dt i~ dt i~ i~
Donc :

d 1 1
hψ(t)|ψ(t)i = − hψ(t)| H(t) |ψ(t)i + hψ(t)| H(t) |ψ(t)i = 0
dt i~ i~
Donc : hψ(t)|ψ(t)i est constante dans le temps.

Résolution de l’équation de Schrödinger


On suppose que le spectre de H est discret et non dégénéré, et on désigne par En
ses énergies propres et par |ϕn i les vecteurs propres associés :

H |ϕn i = En |ϕn i , n∈N


Le système est supposé conservatif, c’est-à-dire H ne dépend pas du temps, par
conséquent En et |ϕn i sont indépendants du temps.
Les vecteurs propres |ϕn i forment une base orthonormée complète de E , par conséquent
le vecteur d’état |ψ(t)i s’écrit :
X
|ψ(t)i = cn (t) |ϕn i avec cn (t) = hϕn |ψ(t)i
n

Projetons l’équation de Schrödinger (1) sur les vecteurs |ϕn i

d d
i~ hϕn |ψ(t)i = hϕn | H |ψ(t)i = En hϕn |ψ(t)i ⇒ i~ cn (t) = En cn (t)
dt dt
Chapitre 5 6

D’ou :

i
cn (t) = cn (t0 )e− ~ En (t−t0 )

Donc :
X i
|ψ(t)i = cn (t0 )e− ~ En (t−t0 ) |ϕn i (2)
n

Ainsi, si l’on connaı̂t le vecteur d’état à un instant initial t0 , alors on


pourra déterminer le vecteur d’état à tout instant ultérieur.

L’opérateur d’évolution

Ô Enoncé :

Il existe un opérateur dit opérateur d’évolution et noté U (t, t0 ) qui permet d’obtenir
l’état du système |ψ(t)i à l’instant t connaissant son état |ψ(t0 )i à l’instant t0 :

|ψ(t)i = U (t, t0 ) |ψ(t0 )i

i. Si le système est conservatif, l’hamiltonien du système ne dépend pas du temps


et l’on a :

i
U (t, t0 ) = |ψ(t0 )i e− ~ (t−t0 )H

ii. Si |ψi i est un vecteur propre de H associé à l’énergie propre Ei , alors :

i i
U (t, t0 ) |ψ( i)i = e− ~ (t−t0 )H |ψi i = e− ~ (t−t0 )Ei |ψi i

Ô Propriété 1 :

L’hamiltonien H étant hermitique, l’opérateur U est unitaire.


On a :

i i
U (t, t0 )e− ~ (t−t0 )H ⇒ U + (t, t0 )e ~ (t−t0 )H ⇒ U + U = U U + = I

Ô Propriété 2 :

L’opérateur U conserve la norme du vecteur d’état |ψ(t)i au cours du


temps.
On a :

|ψ(t)i = U (t, t0 ) |ψ(t0 )i ⇒ hψ(t)| = hψ(t0 )| U + (t, t0 )

Donc :

hψ(t)|ψ(t)i = hψ(t0 )| U + U |ψ(t0 )i = hψ(t0 )|ψ(t0 )i = constante


7 POSTULATS DE LA MÉCANIQUE QUANTIQUE

II - EVOLUTION DES VALEURS MOYENNES D’UNE OBSERVABLE DANS LE TEMPS

1 - Valeur moyenne d’une observable


Ô Définition :
La valeur moyenne des résultats de mesure d’une observable A, effectuée sur un
grand nombre de systèmes tous préparés dans l’état normé |ψi, vaut :

hAi = hψ| A |ψi (∗)


La valeur moyenne d’une observable est un nombre réelle : hAi ∈ R
Ô Autre expression de hAi :
Soient {an } le spectre de valeurs propres de l’observable A et |an i les vecteurs
propres correspondant. Pour simplifier, on considère le cas d’un spectre discret non
dégénéré.
Les vecteurs {|an i} forment une base de l’espace des états ; nous introduisons la
relation de fermeture dans la relation (*) :
X X
hAi = hψ|an i han | A |am i ham |ψi = am hψ|an i han |am i ham |ψi
n,m n,m
X X
hAi = am δn,m hψ|an i ham |ψi = | han |ψi |2
n,m n

La valeur moyenne s’écrit alors sous la forme :


X
hAi = an P(an )
n

P(an ) étant la probabilité de trouver comme résultat de mesure la valeur propre


an

2 - Ecart quadratique moyen ∆A


Ô Définition :
L’écart quadratique moyen ∆A est défini par l’expression suivante :
p
∆A = h(A − hAi)2 i
∆A est aussi donné par l’expression suivante :

(∆A)2 = hA2 i − hAi2 = hψ| A2 |ψi − hψ| A |ψi2


Démonstration :

(∆A)2 = h(A − hAi)2 i = hA2 − 2 hAi A + hAi2 Ii


Or : hA + Bi = hAi + hBi ; hαAi = α hAi ; α ∈ C, alors :

(∆A)2 = hA2 − 2 hAi A + hAi2 Ii = hA2 i − 2 hAi2 + hAi2 = hA2 i − hAi2

Ô Remarque :
si |ψi est état propre de l’observable A, alors ∆A = 0
Chapitre 5 8

3 - Théorème d’Ehrenfest

Ô Enoncé :

L’évolution des valeurs moyennes d’une observable A dans le temps est


donnée par :

d 1 ∂A
hAi = h[A, H]i + h i
dt i~ ∂t
∂A
Si l’observable A ne dépend pas explicitement du temps, c’est-à-dire ∂t=0
; alors :

d 1
hAi = h[A, H]i
dt i~
Ô Démonstration :

La valeur moyenne de l’observable A dans l’état normé |ψ(t)i est :

hAi (t) = hψ(t)| A |ψ(t)i

Dérivons cette expression par rapport au temps :

   
d d d ∂A
hψ(t)| A |ψ(t)i = hψ(t)| A(t) |ψ(t)i + hψ(t)| A(t) |ψ(t)i + hψ(t)| |ψ(t)i
dt dt dt ∂t

Or, d’après l’équation de Schrödinger, on a :

d 1 d 1 1
|ψ(t)i = H(t) |ψ(t)i et hψ(t)| = − hψ(t)| H + (t) = − hψ(t)| H(t)
dt i~ dt i~ i~

Donc :
d 1 ∂A
hψ(t)| A(t) |ψ(t)i = hψ(t)| A(t)H(t) − H(t)A(t) |ψ(t)i + hψ(t)| |ψ(t)i
dt i~ ∂t

4 - Constante du mouvement

Ô Définition :

On appelle constante du mouvement une observable A qui ne dépend pas explici-


tement du temps et qui commute avec l’hamiltonien H du système :

∂A
=0 et [A, H] = 0
∂t

Si l’on reporte ces conditions dans la relation d’Ehrenfest, alors on trouve :

d d
hAi = hψ(t)| A |ψ(t)i
dt dt

Pour un système conservatif (l’hamiltonien ne dépend pas explicitement du temps), H


lui-même est donc une constante du mouvement.
9 POSTULATS DE LA MÉCANIQUE QUANTIQUE

5 - Généralisation des relations de Heisenberg


Ô Théorème :
Soient A et B deux observables quelconques. ∆A et ∆B satisfont, quelque soit le
vecteur d’état du système, à la relation d’incertitude suivante :
1
∆A.∆B = hψ| [A, B] |ψi
2
Ô Cas particulier :
~
Dans le cas de deux observables X et PX , on a [X, PX ] = i~, alors ∆X.∆P ≥ 2

Ô Remarques :
i. Dans le cas où [A, B] 6= 0, les ”incertitudes” ∆A et ∆B sont liées entre elles par
les relations de Heisenberg données par le théorème ci – dessus.
ii. Dans le cas où [A, B] = 0 on a ∆A.∆B ≥ 0.

⇒ Les ‘incertitudes’ statistiques ∆A et ∆B sont indépendantes.

Autrement dit, la mesure de A n’affecte pas celle de B et inversement. On dit que


les observables A et B sont compatibles.
Ô Théorème :
Deux observables A et B sont compatibles (ou simultanément mesu-
rables) si et seulement si elles commutent ; l’ordre dans lequel on les mesure
est sans importance.

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