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Licence de Physique et Mécanique Université Paris-Sud XI

Année 2012-2013

Partiel de Thermodynamique et Physique Statistique

Mardi 2 avril 2013

durée : 3 heures

Sac et trousse au fond de la salle. Calculatrices interdites.


La qualité de la rédaction sera prise en compte dans la note.
Compte-tenu de la longueur du sujet, le barème sera sur plus de 20 points.
De nombreuses questions sont indépendantes.

Pression osmotique
Questions de cours sur l’ensemble microcanonique
1. Pour un gaz parfait contenant N particules évoluant à 3 dimensions, quel est l’espace des
phases ? Sa dimension ? Écrire son Hamiltonien.
2. Compléter, en le justifiant, la formule ci-dessous donnant le nombre de micro-états accessibles
pour un gaz parfait :
1
Z Z
Ω(???) = · · · d~q1 · · · d~
pN .
???
???

VN
3. Montrer que ce nombre de micro-états se met sous la forme Ω(E, V, N ) = Ωc (E, N ).
N!
4. Comment obtenir l’entropie thermodynamique S à partir de Ω, puis la pression p ?

Pression osmotique

solvant soluté b)
a)

Figure 1: a) Une membrane perméable au solvant mais imperméable au soluté sépare les deux
compartiments. On rajoute du soluté dans le compartiment de gauche. b) La paroi est
maintenant imperméable mais mobile.

On considère la situation représentée sur la figure 1a). Un récipient de volume total V est séparé
en deux compartiments V1 et V2 séparés par une paroi immobile et perméable au solvant et dont on
note N le nombre de particules. On rajoute à gauche Ns particules de soluté dans V1 , discernables du
solvant et pour lesquelles la membrane est imperméable. On notera Ωc,S/s la contribution au nombre

1
de micro-états venant de l’énergie pour le solvant (S) ou le soluté (s) ; on supposera qu’elle ne dépend
pas du volume. L’ensemble est isolé et les états initial et final sont à l’équilibre.
5. Exprimer le nombre de micro-états initial Ωi en fonction de V , N et Ωc,S .
6. La pression dans le compartiment de gauche (resp. droite) est donnée par une dérivée par rap-
port à V1 (resp. V2 ). Montrer que les pressions initiales autour de la membrane sont identiques,
i.e. p1 = p2 .
7. Exprimer le nombre de micro-états final en fonction de V1 , V2 , N , Ns et les Ωc,S/s .
kb T
8. Montrer qu’il apparaı̂t une suppression ∆p = Ns , appelée pression osmotique dans le
V1
compartiment de gauche.
On considère maintenant la situation représentée sur la figure 1b) qui est similaire sauf que les
compartiments sont maintenant séparés par une paroi totalement imperméable au solvant et au soluté.
Cependant, elle est mobile et les volumes V1 et V2 peuvent varier (on note toujours V = V1 + V2 ).
On note N1/2 le nombre de particules de solvant dans chacun des compartiments.
9. Écrire le nombre de micro-états initial et montrer qu’il y a égalité des pressions p1 = p2 .
En déduire une relation entre les N1/2 et les volumes initiaux V1/2,i .
10. Après ajout du soluté, exprimer la pression dans le compartiment de gauche en fonction de N1 ,
Ns , kB T et V1,f . De même pour p2 en fonction de N2 , V2,f et kB T .
11. Dans quel sens se déplace la paroi ? Calculer la différence de volume ∆V1 = V1,f −V1,i en fonction
de V et des N1/2/s . Simplifier l’expression en faisant l’hypothèse Ns ≪ N1/2 et montrer comment
la mesure de ∆V1 permet d’accéder à la concentration en soluté.

Polymérisation de filaments d’Actine


Les filaments d’Actine sont des polymères linéaires qui jouent un rôle structural essentiel dans les
cellules ainsi que dans les mécanismes de contraction musculaire. On étudie ici un modèle simplifié
de la dynamique de croissance de ces filaments. Comme représenté sur la figure 2, chaque polymère
est constitué de monomères de longueur a et on note Nm (t) le nombre de polymères contenant m
monomères à l’instant t. Les filaments se développent dans une solution de volume V contenant des
monomères libres dont on note c la concentration, si bien que N1 = cV . Dans toute le problème, on
suppose que c est maintenue constante.

filament

dimère

monomère

Figure 2: À gauche, microphotographie par fluorescence de filaments d’Actine. À droite, modèle


simplifié de polymérisation. Les carrés bleus représentent les monomères.

À chaque extrémité des filaments existent deux processus affectant sa longueur :


– un processus de croissance tel que la probabilité pour qu’un monomère en solution vienne s’ac-
crocher à une extrémité entre t et t + dt est p+ = k+ cdt, k+ étant une constante.

2
– un processus de décroissance, qui est lui indépendant de la concentration de monomères, et tel
que la probabilité pour qu’un monomère se décroche d’une des extrémités entre t et t + dt est
k− dt, k− une autre constante.
On peut résumer ces processus par les équilibres suivants :
k+ c k+ c k+ c k+ c
pour m ≥ 3 : · · · ⇋ Nm−1 ⇋ Nm ⇋ Nm+1 ⇋ · · · (1)
k− k− k− k−

Dans la suite, on notera c∗ = k− /k+ la concentration caractéristique, ou “concentration critique”.

Équations d’évolution des populations de polymères


1. Pourquoi le processus d’accrétion est proportionnel à c ? Justifier qualitativement que, si la
concentration en monomères est supérieure à c∗ , les filaments ont tendance à croı̂tre.
2. Montrer que les équations gouvernant les populations de polymères s’écrivent
dNm
= k+ cNm−1 − (k+ c + k− )Nm + k− Nm+1 pour m ≥ 3 (2)
dt
dN1
3. Que vaut ? Quelles raisons géométriques font que, pour N2 , l’équation devienne
dt
 
dN2 k+ c k−
= N1 − k+ c + N2 + k− N3 (3)
dt 2 2

Description continue des régimes de polymérisation


On considère une description continue des Nm (t) en introduisant la distance x = ma et en notant
Nm (t) = N (x, t) la fonction qui donne le nombre de polymères de longueur x à un instant t. On
suppose que les Nm varient suffisamment lentement avec m pour qu’il soit légitime d’utiliser les
∂N 1 ∂2N 2
développements Nm±1 (t) ≃ N (x, t) ± a+ a .
∂x 2 ∂x2
4. En partant de (2), montrer que N (x, t) satisfait alors à l’équation différentielle :
∂N ∂2N ∂N
=D 2 −v (4)
∂t ∂x ∂x
et donner les expressions de D et v en fonction de a, de k+ , de c et c∗ .
5. Montrer qu’en utilisant le changement de référentiel vers le référentiel se déplaçant à v, ie. en
posant x′ = x − vt et t′ = t, l’équation se simplifie en
∂N ∂2N
= D . (5)
∂t′ ∂x′2
Comment s’appelle cette équation ?
Pour comprendre ce qu’il se passe, on imagine que l’on part d’une situation où tous les polymères
ont même longueur x0 à t = 0. Ainsi, on prend pour condition initiale N (x, t = 0) = Ni δ(x − x0 ).
Ni ′ 2 ′
6. Vérifier que N (x′ , t′ ) = √ e−(x −x0 ) /4Dt est la solution de (5) correspondante aux condi-
4πDt′
tions initiales. En déduire la solution pour N (x, t).
7. Définir puis calculer la valeur moyenne hxi (t) et l’écart-type ∆x(t) ?
Exprimer les résultats en fonction de x0 , a, de k+ , de c et c∗ .
8. Montrer qu’il y a trois régimes en fonction de la valeur de la concentration c et représenter
graphiquement l’évolution typique de N (x, t) dans ces trois régimes. Discuter les limites de
validité du modèle.
9. Quel nom donner à v lorsque c > c∗ ? On donne k− = 1s−1 , k+ = 10 (µMoleL−1 )−1 s−1 et
a = 5nm. Que vaut c∗ ? Que vaut v pour c = 2c∗ ?

3
Solution stationnaire en-dessous de la concentration critique
On se place maintenant dans la situation où c < c∗ et on cherche les populations Nm possibles
dNm
en régime stationnaire, i.e. tel que = 0, ∀m. Dans un premier temps, on utilise la description
dt
∂N
continue donnée par (4), associée à la condition au bord = G, ∀t.
∂x x=0
∂N
10. Montrer qu’il existe une solution stationnaire pour le gradient associée à une décroissance
∂x
exponentielle sur une longueur caractéristique ξc que l’on exprimera en fonction de a, c et c∗ .
On recherche maintenant une solution stationnaire exacte des équations (2)-(3).
11. Écrire dans ce cas les équations qui relient les Nm pour m ≥ 3.
12. Rechercher les solutions sous la forme Nm = Krm avec K, r des constantes. Montrer que r
satisfait à une équation du second degré dont on calculera les deux racines r± en fonction de c
et c∗ . Éliminer la racine qui ne correspond pas à une solution physique.
c3 c2 c∗
 
13. À l’aide de l’équation (3), montrer que K ∗ 2 + V = c + N2 .
c 2 2
dN1
14. En considérant tous les processus qui contribuent à , justifier que l’on a la relation
dt
c3 c2 c∗
 
K ∗2 = V + c − N2 . (6)
c 2 2

15. En déduire que tous les Nm (pour m ≥ 1) du régime stationnaire se mettent sous la forme
 c m

Nm = V c = V c∗ e−ma/ξd , (7)
c∗
avec ξd une longueur caractéristique que l’on donnera en fonction de a, c et c∗ .
16. Montrer que, dans la limite où c → c∗ , ξd et ξc se comporte de façon identique et calculer ce
comportement. On pourra poser c = c∗ (1 − ε) avec 0 < ε ≪ 1.
17. Calculer la longueur moyenne d’un filament. Tracer l’allure de l’évolution de cette longueur
moyenne en fonction de la concentration c. En utilisant les données de la question 9, donner sa
valeur pour c = 0.99c∗ .

Formulaire
+∞ +∞
r r
π 1 π
Z Z
−ax2 2 −ax2
– Gaussiennes : e dx = , x e dx = .
−∞ a −∞ 2a a
1 2 /2σ 2
– Limite de la gaussienne de variance nulle : lim √ e−(x−x0 ) = δ(x − x0 ).
σ→0 2πσ 2
∞ ∞
X rp X r
– série géométrique avec r < 1 : rm = et mrm = .
m=p
1−r (1 − r)2
m=1

Fin.

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