Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
Il s’agit dans ce chapitre de relier certaines propriétés macroscopiques d’un système constitué
d’un grand nombre de particules avec celles des constituants microscopiques.
Le facteur de Boltzmann est introduit de manière inductive à partir du modèle d’atmo-
sphère isotherme. L’étude des systèmes à spectre discret d’énergies est l’occasion de montrer,
qu’à température donnée, l’énergie fluctue et que les fluctuations relatives diminuent avec la
taille du système. L’étude des systèmes à deux niveaux, conduite de manière plus exhaustive,
permet une analyse plus fine des phénomènes. Le théorème d’équipartition de l’énergie est
l’occasion de procéder à une évaluation des capacités thermiques des gaz et des solides.
I. Facteur de Boltzmann
1. Définitions
a) Échelle macroscopique
L’état macroscopique d’un système est l’état que l’on peut caractériser, de façon globale,
à l’aide de grandeurs accessibles à notre échelle.
La densité particulaire np dans une mole de gaz parfait dans les conditions normales de
température et de pression vaut :
6, 02.1023
np = = 2, 69.1025 m−3
22, 4.10−3
Les valeurs utilisées ici, nombre de molécules, volume, appartiennent à l’échelle macrosco-
pique.
b) Échelle mésoscopique
Le résultat précédent permet de calculer le nombre moyen de molécules présentes dans
des volumes petits du point de vue macroscopique : N = np V
Nous constatons que V = 1 µm3 est très petit par rapport à l’échelle macroscopique et que
cependant il contient en moyenne un très grand nombre de molécules. Cela veut dire qu’il
doit être possible de faire une étude statistique des propriétés des molécules présentes dans
le très petit volume V . Ces volumes de l’ordre du µm3 appartiennent à l’échelle mésoscopique.
c) Échelle microscopique
Quel est le volume suffisamment petit pour qu’une étude statistique ne puisse pas être
faite ? Il faut qu’il ne contienne que quelques molécules. D’où la question : Quel est le volume
moyen disponible pour chaque molécule ?
En moyenne, le volume disponible pour une molécule vaut :
22, 4.10−3
Vp = = 3, 72.10−26 m3 = 37, 2 nm3
6, 02.1023
Ce volume, de quelques dizaines de nanomètres cubes, appartient à l’échelle des atomes
et des molécules. Il s’agit de l’échelle microscopique.
2. Fluctuations
Lorsqu’on considère un volume V appartenant à l’échelle microscopique alors N est nu-
mériquement faible. À un instant donné le volume V contient souvent 0 molécule ou 1, moins
souvent 2, rarement 3, très rarement 4 ou plus. Il y a fluctuation. Le traitement statistique
n’est plus possible car le nombre N est faible et fluctue de façon non négligeable. Tandis que
dans un volume V appartenant à l’échelle mésoscopique (c’est-à-dire de l’ordre du µm3 ) les
fluctuations existant à l’échelle microscopique se compensent presque malgré le mouvement
incessant des molécules. Les fluctuations résiduelles sont négligeables devant le nombre
moyen de molécules. Le traitement statistique est alors possible parce que le nombre moyen
de molécules est suffisamment grand et que les fluctuations sont négligeables.
et donc :
np = np0 exp(−βEp )
La pression et la densité particulaire d’une atmosphère isotherme sont proportionnelles
au facteur ou poids de Boltzmann exp(−βEp ).
b) Interprétation statistique
Dans le facteur de Boltzmann, il y a compétition entre deux termes : mgz et kB T .
Le gaz étant à l’équilibre thermodynamique, cela ne veut pas dire que les particules sont
immobiles.
Si kB T >> mgz, à une altitude donnée,l’agitation domine la pesanteur : le peuplement des
niveaux supérieures sera possible et les molécules peuvent monter plus haut. Petit à petit,
l’énergie thermique et l’énergie de pesanteur se rapprochent et le peuplement diminue.
Ps = Cte × exp(−βEs )
P2 E2 − E 1
= exp(− )
P1 kB T
Si E2 > E1 , ce rapport est inférieur à 1 (Fig. 1). Ainsi, à l’équilibre thermique, les niveaux les
plus énergétiques sont les moins probables. On dit aussi que les niveaux les plus énergétiques
sont les moins peuplés.
E
E2
∆E
E1
Fig. 1
3. Énergie moyenne
L’énergie moyenne d’un système à la température T est définie par :
X 1 X
E= P s Es = Es exp(−βEs )
s
Z s
1 ∂Z ∂lnZ
E =− =−
Z ∂β ∂β
Puisque : X X X 2X
Ps (Es − E)2 = Ps Es2 − 2E Ps Es + E Ps
s s s s
alors : q
2
∆E = E 2 − E
D’autre part, on a :
X 1 X 2 1 ∂2Z 1 ∂ Z ∂Z 1 ∂ ∂lnZ ∂ 2 lnZ ∂lnZ 2
E2 = Ps Es2 = Es exp(−βEs ) = 2
= ( ) = (Z ) = 2
+( )
s
Z s Z ∂β Z ∂β Z ∂β Z ∂β ∂β ∂β ∂β
avec :
∂lnZ 2 2
( ) =E
∂β
On a donc :
∂ 2 lnZ ∂E
∆E 2 = =− = kB T 2 Cv
∂β 2 ∂β
∂E
où Cv = est la capacité thermique à volume constant.
∂T
5. Exemples
a) Système de N particules indépendantes
Considérons un système comportant N particules. La fonction de partition du système est
simplement le produit des fonctions de partition des particules. Cette propriété vient du fait
que les particules sont indépendantes.
Puisque toutes les particules sont identiques, on a finalement : Z = z N où z est la fonction
de partition d’une particule.
L’énergie moyenne est :
∂lnZ ∂lnz
E =− = −N = Ne
∂β ∂β
où e est la valeur moyenne de l’énergie d’une particule.
L’écart quadratique moyen est :
∂E
∆E 2 = − = N ∆e2
∂β
d’où :
∆E 1 ∆e
=√
E N e
L’écart quadratique moyen est donc d’autant plus faible que le système est grand. Pour
un système thermodynamique macroscopique, cet écart relatif est extrêmement faible, ce
qui signifie que l’énergie du système reste très probablement très proche de son énergie
moyenne. Ainsi un système thermodynamique en équilibre avec un thermostat est similaire
à un système isolé d’énergie constante (tant qu’il reste à l’équilibre).
E E
ε
E2 = ε−
0−
0 βε
E1 = −ε−
−ε
Figure 2a Figure 2b
1 ∂Z 1
E =− =− 2εsinh(βε) = −εtanh(βε)
Z ∂β 2cosh(βε)
Sur la figure 2.b, on a représenté la variation de E en fonction de βε. Pour les faibles
températures (βε >> 1), tanh(βε) ≈ 1 : l’énergie moyenne est pratiquement l’énergie du niveau
inférieur ; en revanche, pour les fortes températures (βε << 1), cette énergie est pratiquement
nulle.
Notons que l’énergie moyenne positive correspond à une température absolue négative.
X X ∞
X
Z= exp(−βEs ) = exp(−βEn ) = exp(−βE0 ) exp(−nβε)
s n n=1
d’où :
1
Z = exp(−βE0 )
1 − exp(−βε)
On en déduit :
∂lnZ exp(−βε)
lnZ = −βE0 − ln[1 − exp(−βε)] et = −E0 − ε
∂β 1 − exp(−βε)
∂lnZ exp(−βε) ε
E =− = E0 + ε = E0 +
∂β 1 − exp(−βε) exp(βε) − 1
6. Approximation continue
a) Cadre de l’approximation
Cette approximation consiste à supposer que les niveaux d’énergie successifs du système
considéré sont séparés par des énergies très inférieures à l’énergie kB T :
En+1 − En << kB T
C’est le cas notamment des mouvements de translation et de rotation des atomes et des
molécules à température ambiante. Dans ces conditions, on peut considérer que les niveaux
d’énergie du système se répartissent de façon pratiquement continue.
p2x kx2
E = Ec + Ep = +
2m 2
Dans ce cas, la courbe décrite dans l’espace des phases par le point représentatif, lorsque
l’énergie est constante est une ellipse.
d’où Z
−1
Cte = exp(−βE)dxdpx
avec : Z
−1
Cte = exp(−βaX 2 )dX
Donc :
aX 2 exp(−βaX 2 )dX
R
1 ∂I
aX 2 = R
2
=− ( )
exp(−βaX )dX I ∂β
avec : Z +∞
I= exp(−βaX 2 )dX
−∞
Puisque : Z +∞
π
exp(−ax2 )dx = ( )1/2
−∞ a
alors :
π 1/2
I=( )
aβ
Donc
∂I 1 π 1
( ) = − ( 3 )1/2 et aX 2 =
∂β 2 aβ 2β
Finalement :
kB T
aX 2 =
2
Énoncé :
Pour tout système en contact avec un thermostat, à la température T , la valeur moyenne de
toute contribution quadratique d’un paramètre dans l’expression de l’énergie vaut kB T /2.
En = E0 + n~ω
~ω
avec E0 = .
2
L’énergie moyenne d’un tel oscillateur est (voir II.5.c) est :
~ω ~ω 1 1
E= + = ~ω[ + ]
2 exp(β~ω) − 1 2 exp(β~ω) − 1
1 ~ω
U = 3N ~ω[ + exp(− )]
2 kB T
d’où :
~ω 2 ~ω
Cvm = 3R( ) exp(− )
kB T kB T