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AVANT-PROPOS
Ce manifeste offre une exposition claire et succincte des
tenants et aboutissants de l'ego et de la conscience. Les
arguments exposés invitent le lecteur à se confronter à sa
propre essence, mais surtout à ses illusions.

Une fois chaque concept rigoureusement défini et éprouvé par


l'expérience personnelle du lecteur, une fois les artifices de
l'illusion abandonnés, sa relation avec la réalité se trouve
inévitablement éclairée. Ainsi, il peut voir et comprendre, puis
agir avec une pertinence des plus aiguisées.

Dualité ego/conscience, a-t-on jamais posé les choses en ces


termes ? Si la définition du mot dualité est aisément
compréhensible, qu'en est-il des concepts d’ego et de
conscience ?

Malgré l'abondante littérature censée éclairer notre existence,


aucun consensus officiel n'a pu émerger à leur sujet. Sous
l'angle de la raison et des passions, ils ont été si abondamment
entremêlés que nous n'y comprenons plus rien. Nous débattons
d'anciens textes çà et là, sans jamais observer réellement ce qui
est.

Bien qu'abstraits, nous découvrirons qu'ego et conscience


peuvent être exprimés par des mots et des concepts simples,
nous permettant de mieux les saisir, de les partager et d'initier
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une renaissance en ce que nous avons de plus précieux.

Nous verrons que l'ego est d'une puissance redoutable car il


devient énergie émotionnelle, tandis que la conscience n'a que
la raison pour éteindre cet incendie.

Cette rivalité opère au quotidien mais nous n'y prêtons guère


attention ; autrement, nous serions tous très attentifs à ce que
l'ego ne prenne plus jamais la conscience en otage.

Cependant, comment pourrait-elle s'en extirper sans être


consciente d'elle-même, de l'ego et moins encore du duel
auquel elle prend part ?

C'est tout l'objet de ce manifeste ! Simple et concis, il souhaite


briser le non-dit qui se perpétue de manière énigmatique. Ici
s'engage un débat à voix basse, troublant et déroutant, ici
apparaît la dualité ego/conscience…

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SOMMAIRE
I. LA CONSCIENCE
I.1 Le “prendre conscience”
I.2 Les mémoires informationnelles et le “prendre
conscience”
I.3 Aide-mémoire

II. L'EGO

II.1 L'identité : l'ego, la conscience et le “Je/Moi” II.2 Les


mémoires émotionnelles et le “Je/Moi”
II.3 Aide-mémoire

III. DUALITÉ EGO/CONSCIENCE

III.1 La conscience pilote tandis que l'ego divise


III.2 Le choix, les mémoires, le libre arbitre et la
responsabilité morale
III.3 Aide-mémoire

IV. LA TOLÉRANCE EST L’ENNEMIE DE L’AMOUR

IV.1 Constats et conséquences


IV.2 Double impact
IV.3 Coup Planétaire

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LA CONSCIENCE

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I.1 LE “PRENDRE CONSCIENCE”

Nous utilisons abondamment l'expression “prendre conscience”


sans véritablement y porter attention. Pourtant, elle éclaire de
manière extraordinaire ce qui nous permet de prendre
conscience : “la conscience”, précisément.

Elle désigne le moment où l'ignorance cède la place à la


compréhension, marquant un contact avec la réalité, aussi
imparfait soit-il. Il ne s'agit en aucun cas de la connaissance
complète d'un objet ou d'omniscience. Une prise de conscience,
aussi lumineuse soit-elle, n'est pas la conscience elle-même ; la
conscience est l'arbre dont les prises de conscience sont les
fruits.

Plus nous approfondissons notre compréhension du processus


“prendre conscience”, plus nous nous rapprochons de la
véritable nature de la conscience. La Méta-conscience est la
conscience qui s'observe et prend conscience d'elle-même à
travers le miroir de l'autre et du monde qui l'entoure.

Explorer notre environnement et notre essence est un acte


essentiel, vital, qui témoigne de notre intelligence. Alors que
beaucoup considèrent l'animal comme mécanismes, instincts et
pulsions, la science a depuis une décennie au moins démontré
l'intelligence présente chez certaines espèces animales et
végétales. Il serait temps de généraliser cette reconnaissance à
l'ensemble du règne vivant. Car contrairement à l'homme, un
être vivant n'est jamais dans la croyance, il sait ou ne sait pas,

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sa survie en dépend. On peut donc s'interroger sur la capacité
de certaines espèces à penser et à “prendre conscience”.

Approchons davantage de l'essentiel. L'être vivant est avant


tout un corps destiné à se reproduire. Sans reproduction, plus
d'être vivant. C'est le mouvement commun à toute espèce, c'est
un fait. Pour atteindre cet objectif naturel et essentiel, l'être doit
se déplacer, se nourrir et se protéger : c'est là que les sens
jouent un rôle crucial. Dans le cas d'espèces cérébrées, il est
admis que les sens transforment les données analogiques du
monde extérieur en signaux électriques qui atteignent le
cerveau. Et après ?

Effectivement, nous savons que les données brutes sont


insuffisantes en elles-mêmes. Elles nécessitent l'intervention du
cerveau pour être exploitées, et c'est là un rôle pilier de la
conscience. Que manque-t-il aux images et aux sons pour
rendre compte convenablement de la réalité ? Quelle est donc
la nature de cette couche abstraite et complémentaire ?

Tout est causal, et c'est précisément dans le “prendre


conscience” que les causes et les effets guident la pensée. En
effet, la conscience fabrique du concept, car il y a deux
dimensions dans ce qui est : l'une captée par les sens : {sons,
lumières …} et l'autre décryptée en concept par la conscience :
{les causes et les effets}. “Prendre conscience” est une aptitude
naturelle de la conscience qui équivaut donc à découvrir la
dimension causale de la réalité.

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Notons enfin que les êtres vivants se démarquent de par leurs
aptitudes physiques très variées. Il en va de même pour
l’appréhension des causes et des effets, de l'intelligence, et
donc de la conscience. L'Homme est le grand élu en la matière.

En d'autres termes, ce n'est qu'après avoir identifié les causes et


les effets que l'être “prend conscience” et devient capable
d'interagir judicieusement avec son environnement, s'adaptant
au quotidien et à l'instant présent pour accomplir sa mission
première : se reproduire. Tout cela constitue le socle commun
du mouvement du Vivant, un fait observable et immuable, tant
que le Vivant existera. Nul besoin de consulter des centaines
d'ouvrages ou de suivre un guide pour le comprendre.

Tout comme les images et les sons, le fruit de ce travail


conceptuel est emmagasiné dans cette base de données que l'on
nomme communément “mémoire”.

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I.2 LES MÉMOIRES INFORMATIONNELLES ET LE
“PRENDRE CONSCIENCE”

Face à l'inconnu, la conscience interpelle automatiquement.


Systématiquement, elle nous rend conscients de ne pas
connaître ce qui n'est pas en mémoire. Face à l'inconnu, il y a
d'abord un étonnement, suivi d'une recherche de points
communs entre cet inconnu et le “déjà vu” stocké en mémoire,
afin de trouver les informations et concepts nécessaires qui,
mis bout à bout, aideront à spéculer, à cheminer et, dans le
meilleur des cas, à voir et comprendre ce qui est.

Ce processus est évident lorsque l'on adopte une vue


d'ensemble. Il consiste à comparer les données brutes, perçues
par les sens, avec nos mémoires informationnelles. De manière
plus détaillée, le mécanisme devient plus abstrait, plus
complexe, et plusieurs scénarios peuvent être envisagés. En
informatique, on parle de “ping” quand un message est diffusé
à l'ensemble du réseau et que seule la machine concernée
répond. Notre préférence penche donc vers une diffusion
globale des données perçues par les sens avec une réponse de
la part des mémoires informationnelles concernées.

C'est face à l'inconnu que le travail de la conscience, combinant


l'extérieur à l'intérieur, se révèle le plus clairement. Il est
essentiel de bien saisir que cette opération inconsciente,
abstraite et instantanée, est au cœur de l'activité de la
conscience. Notons qu'il n'est pas d'inconscient en tant qu'entité
distincte contrairement à la conscience. Au lieu de cela, il

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existe des processus de la conscience qui demeurent
inaccessibles à l'expérience de l'individu.

À chaque instant, une connexion continue s'établit entre les


données extérieures et les informations, les concepts
emmagasinés dans notre cerveau. Ces mémoires
informationnelles s'impliquent au-delà du reconnaître ; elles
sont aussi au cœur du processus vu précédemment, le “prendre
conscience” lié à l'aspect abstrait, logique et causal de ce qui
est. Effectivement, l'interprétation conceptuelle se présente
comme une profondeur de champ ; une exploration toujours
plus profonde de la réalité dans ce qu'elle a de causes et
d'effets.

Ainsi, la vérité est une notion nuancée qui rend compte de cette
profondeur de champ, passant d'évidences palpables à
abstraites, jusqu'à l'inexplicable voire l'insondable.

Pour les vérités palpables, prenons l'exemple du noir et du


blanc. Quelle couleur préférez-vous entre le noir et le blanc ?
La réponse est affaire de goût. À la question, quelle est la
couleur des pages de ce manifeste ? La réalité s'impose d'elle
même. Notons ici que le rapport à la réalité dépend des
questions qui se posent et donc de la profondeur de champ
qu'elles imposent. Dans les deux cas, nous dépendons toujours
de nos informations en mémoire pour répondre à ces réalités
palpables.
Quant aux réalités plus abstraites, elles se fragmentent parfois
en autant d'interprétations que d'observateurs. Lors de
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questionnements économiques ou sociétaux, par exemple, les
concepts à prendre en compte sont plus nombreux, abstraits et
profonds, tout dépend du questionnement là aussi. Nous
pouvons aisément constater que les couleurs reposent sur des
données brutes, tandis que les réalités abstraites sont observées
via nos “mémoires informationnelles” toutes personnelles. De
fait, une simple enquête révèle que les expériences passées
façonnent toujours les différences de points de vues. Là encore,
notre mémoire est requise pour conceptualiser les liens
abstraits de cause à effet dans ce qui est.

Enfin, certains questionnements, comme ceux portant sur le


comment de la création ou le pourquoi du nombre d'or,
demeurent profondément énigmatiques. La conscience
humaine n'a pas encore accumulé suffisamment d'informations
pour les aborder avec clarté. Dans ces profondeurs, le manque
de données concrètes et de liens causaux tangibles entrave la
compréhension, rendant le raisonnement purement spéculatif.
Notons enfin qu'ici, l'absence d'information pertinente dans nos
mémoires contribue à rendre ces questionnements insondables.

Il y a, quoi qu'il en soit, une vérité en toute chose, et c'est


pourquoi la tolérance est l'ennemie de l'amour, mais nous y
reviendrons.

Nous pouvons conclure en affirmant que nos mémoires


informationnelles sont au cœur de nos pensées et de nos
expériences à chaque instant.

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I.3 AIDE-MÉMOIRE

Pour mémoire (chapitre I-1) : « Que manque-t-il aux images et


aux sons pour rendre compte convenablement de la réalité ?
Quelle est donc la nature de cette couche abstraite et
complémentaire ? »

Pour mémoire (chapitre I-2) : « Notons qu'il n'est pas


d'inconscient en tant qu'entité distincte contrairement à la
conscience. Au lieu de cela, il existe des processus de la
conscience qui demeurent inaccessibles à l'expérience de
l'individu (au Siège expérimental). »

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Aussi abstraits soient-ils, nous venons de mettre en évidence
trois principes fondamentaux de la conscience : le
“reconnaître”, le “prendre conscience” et les mémoires
informationnelles.

Quand on se penche sur ces processus, on voit nettement que la


conscience agit en compilant les données brutes, transmises par
nos sens, avec les informations et les concepts stockés en
mémoire.

Voyez à quel point ces réservoirs d'informations sont


indispensables au travail de la conscience, car de cette
compilation dépend le résultat de la représentation intérieure du
monde extérieur.

Plus l’intérieur rend compte de l’extérieur, plus l’être “prend


conscience” du monde qui l'entoure et de lui-même, plus il
discerne et plus il est apte à agir de manière adéquate.

Aussi est-il manifeste que l'humanité se distingue par sa


remarquable aptitude à “prendre conscience”. Toutefois,
l'homme est l'être vivant qui dénature la planète et lui-même
plus que tout autre !

L'ego est passé par là…

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L'EGO

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II.1 L'IDENTITÉ: L'EGO, LA CONSCIENCE ET LE
“JE/MOI”

L'histoire de la conscience a débuté avec les philosophes grecs,


tels que Platon et Aristote, qui se sont interrogés sur la
connaissance de soi. Au Moyen Âge, la philosophie chrétienne
l'a intégrée dans un contexte religieux, mettant en avant des
concepts tels que la culpabilité et la rédemption. La
Renaissance a encouragé l'individualisme et a vu la conscience
comme une expression individuelle. Les Lumières ont mis en
avant la raison et l'autonomie de la conscience individuelle à
l'époque moderne. La psychologie a émergé au XIXe siècle,
explorant les mécanismes du conscient et de l'inconscient. Au
XXe siècle, les sciences cognitives ont étudié certains
processus mentaux. Aujourd'hui, les neurosciences explorent
les bases biologiques de la conscience. Parallèlement, les
traditions spirituelles continuent d'explorer des états de
conscience altérés, tandis que les questions de conscience
collective et d'empathie gagnent en importance.
L'histoire de l'ego a eu une trajectoire complexe à travers les
époques. Depuis l'Antiquité, les philosophes grecs ont exploré
la notion du “moi”, tandis que les religions abrahamiques ont
introduit le concept de péché et d'humilité devant Dieu. La
Renaissance a vu naître l'individualisme, mettant l'accent sur
l'expression de soi. Au cours de la psychologie moderne, Freud
a introduit l'ego comme composante centrale de la personnalité.
Plus récemment, les mouvements de développement personnel
et spirituel cherchent à transcender l'ego pour une

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compréhension plus profonde de la conscience et de la
connexion à l'environnement. Aujourd'hui, l'ego demeure un
sujet complexe, il serait indispensable à la survie individuelle
tout en étant source de conflits.
Peut-on envisager une dérive plus profonde ? Fusionner
pendant des siècles, et à un tel degré, la conscience et l'ego, ne
conduit-il pas inéluctablement à ancrer l'idée d'une entité
psychique individualisée, un Je/Moi expérimental
autosuffisant ?
Or, il convient avant tout de les distinguer proprement.
Rappelons que l'omniscience divine est intrinsèquement liée au
discernement, à la connaissance et donc à la conscience.
Comme nous l'avons montré au chapitre premier, “prendre
conscience” ou “avoir conscience de” émergent de la
conscience elle-même et n'ont aucun rapport avec l'ego. En
revanche, le diable et les péchés capitaux se rattachent aux
perturbations d'ordre émotionnel, et nous allons voir comment
l'ego perturbe nos perceptions au quotidien.
Actons donc que l'entremêlement de l'ego, de l'identité et de la
conscience l'a emporté au fil des siècles. Au point qu'il est
généralement admis que la notion d'ego, qui ne fait toujours
pas consensus, prend une dimension cruciale dans le rapport à
soi-même, créant l'illusion d'un objet psychique Je/Moi
indépendant, responsable de choisir entre la raison et les
passions.
Pourtant, le terme “identité” trouve son origine dans
l'étymologie latine “identitas”, de idem (le même), et renvoie

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au terme “identique”, ce qui implique que notre identité
véritable réside dans notre humanité plutôt que dans tout ce qui
nous distingue.
C'est d'ailleurs le tout premier piège de cette quête existentielle.
La question fondamentale n'est pas “Qui suis-Je ?” mais plutôt
“Que suis-Je ?”. En effet, si l'on posait la question : “Qui es-
tu ?” à huit milliards d'humains, nous obtiendrions huit
milliards de réponses fondées particulièrement sur leurs
mémoires affectives respectives. Or, la question “Qu'es-tu?”,
autrement dit “Que sommes-nous ?”, renvoie aux éléments
communs définissant l'humanité, notre identité.
La réflexion sur nous-mêmes tout comme nos interactions avec
autrui révèlent une primauté de l'illusion psychique Je/Moi. Or,
c'est bien l'humanité qui prévaut naturellement car il s'agit de
l'essence commune que nous incarnons tous et qui prend une
forme particulière pour chacun d'entre nous.
JE désigne en fait un tout constitué de trois parties principales :
le Corps, la Chimie interne (émotionnel naturel) et la
Conscience. Chacun d'entre eux remplit une fonction vitale
distincte et revêt des formes différentes, nous distinguant ainsi
les uns des autres. Nul besoin d'un Je/Moi psychique pour Être
ou pour se sentir différent.
Sachant que la conscience pilote l'être au quotidien, sans
Je/Moi, donc sans intention, l' illusion du Je/Moi ne perdure
qu'en l'absence de consensus autour de l'ego et de la
conscience. Cela devient plus clair, lorsque l'on étudie les
mémoires, une fois encore…

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II.2 LES MÉMOIRES AFFECTIVES ET LE “JE/MOI”

Après avoir étudié l'importance des mémoires


informationnelles dans les processus du reconnaître et du
prendre conscience, tournons notre attention sur les mémoires
émotionnelles qui obscurcissent la clarté des raisonnements.

Ne dit-on pas que l'Homme est gouverné par les peurs et les
plaisirs ? Ne sommes-nous pas prompts à accuser ceux
emportés par les émotions d'être dominés par leur ego ?
Étudions de plus près nos réactions face à l'insulte ou à la
flatterie : entre le message, le messager et la réaction
émotionnelle intérieure, lequel des trois éléments parvenons-
nous à discerner le mieux ?

C'est dans ces questionnements au cœur des émotions que l'ego


se distingue et peut enfin être pleinement observé. Les
émotions sont définies comme des états affectifs intenses,
marqués par une diversité de réactions physiologiques ou
encore par des sensations affectives profondément ressenties.
Or, il est essentiel de distinguer deux types émotionnels avant
tout, comme la peur d'un danger imminent et la peur phobique
des araignées, par exemple. La première est une fonction vitale
en lien direct avec l'instant présent, elle est naturelle et
rationnelle. La seconde s'active via les poids affectifs des
mémoires émotionnelles associées à l'image spécifique de
l'araignée : cette réaction décorrèle l'être du contexte présent et,
par conséquent, de l'action juste. Il en va de même pour la joie
immédiate et les plaisirs. La joie se vit au contact d'un présent

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irradiant alors que les achats compulsifs, par exemple, sont
provoqués par les mémoires émotionnelles greffées dans passé.
Il convient donc de distinguer deux émotionnels. Appelons le
premier “ Émotionnel naturel ” et le deuxième, “ Émotionnel
irrationnel ”, marquant ainsi l'inadéquation avec l'action juste.

Rappelons ici qu'à chaque instant, qu'à chaque présent, la


conscience discerne le connu de l'inconnu et fabrique du
concept en compilant les données extérieures, captées par les
sens, avec les informations et concepts déjà en mémoire dans le
cerveau. Il est donc manifeste que si une ou plusieurs des
mémoires informationnelles utiles au travail de la conscience
sont liées à des mémoires affectives peur/plaisir, alors une
manifestation de rejet ou de désir viendra mécaniquement
s'intriquer et dévoyer les processus de la conscience en cours.

On peut donc distinguer deux états de l'ego :


– “L'ego latent” est l'ensemble des mémoires psychoaffectives
peur/plaisir, greffées au gré des expériences passées. Ici,
aucune mémoire émotionnelle n'est activée par le travail de la
conscience.
– “L’ego actif” apparaît quand une mémoire informationnelle,
associée à une ou plusieurs mémoires émotionnelles, est
sollicitée par la conscience au cours de son travail à chaque
instant, qu'il s'agisse du reconnaître ou du “prendre
conscience”.

Ce qui devient conceptuellement évident ici est très peu pris en


compte dans notre quotidien, autrement, nous serions tous très
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attentifs à ce que les mémoires psychoaffectives ne prennent
plus jamais la conscience en otage.

Malheureusement, nos sociétés greffent en nous toujours plus


de poids affectifs peur/plaisir causant des perturbations dans le
traitement de nos perceptions, de nos décisions et de nos actes
quotidiens. L'Homme inconscient de cette mécanique interne se
voit contraint de concevoir des actions futures en fonction de
son état émotionnel perturbé, en partie indépendamment du
contexte présent et de la raison. Ces émotions sont donc par
nature irrationnelles, car elles résultent de la réaction des
mémoires affectives et non véritablement du contexte présent,
de ce qui est. C'est pourtant à ce virus que l'on s'identifie le
plus et là aussi que le JE/MOI prend racine.

Dés lors, que penser de nos attachements aux paradigmes


sociaux, culturels, et religieux ? Comment abordons-nous ces
sujets empreints d'attachement affectif et par conséquent de
réactions émotionnelles ? Avec discernement et détachement ?
Ayant été éduqués à privilégier le débat plutôt que le dialogue,
comment pouvons-nous progresser ensemble vers une
meilleure compréhension de ce qui est ? Or, il est
communément admis qu'il y a une vérité en toute chose, dès
lors “la tolérance est l'ennemie de l'amour”, nous y
reviendrons.

Aussi est-il manifeste que les “mémoires émotionnelles”


incarnent précisément la transition de l'“ego latent” à l'“ego
actif” et, par conséquent, le passage de la “Conscience pilote” à
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la “Conscience duale” définies dans le chapitre suivant :
“dualité ego/conscience”

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II.3 AIDE-MÉMOIRE

Pour mémoire (chapitre II-2) : « Il est donc manifeste que si


une ou plusieurs des mémoires informationnelles utiles au
travail de la conscience sont liées à des mémoires affectives
peur/plaisir, alors une manifestation de rejet ou de désir viendra
mécaniquement s'intriquer et dévoyer les processus de la
conscience en cours. »

Pour mémoire (chapitre I-2) : « De fait, une simple enquête


révèle que les expériences passées façonnent toujours les
différences de points de vues. »

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Nous avons mis un point final à la confusion entretenue entre
l'ego, l'identité, le Je/Moi et la conscience. Qui plus est, nous
avons distingué l'Émotionnel naturel de l'Émotionnel
irrationnel et dévoilé la mécanique profonde de ce dernier au
cœur des mémoires. Enfin, et pour achever de définir l'ego,
nous avons mis en évidence ces deux états: latent et actif.

On peut donc très nettement distinguer l'ego et la conscience,


tant par leurs processus de natures différentes que par les
réservoirs mémoriels respectifs qu'ils mobilisent, mais aussi par
leurs relations contrastées avec la réalité. La conscience, de
toute évidence, repose sur le discernement des liens de
causalité afin que l'être puisse voir et comprendre le monde tel
qu'il est. En contraste, l'ego se contente d'être tantôt inerte
(poids psychoaffectifs latents), tantôt réaction pure (émotions
irrationnelles), là où se combinent mémoires informationnelles
et émotionnelles.

Cette nouvelle perspective nous offre une meilleure


compréhension des interactions qui s’opèrent entre conscience,
ego, mémoires et émotions. Fort de ce nouvel éclairage, nous
sommes en mesure d'appréhender la dualité ego/conscience qui
se joue en nous, à notre insu…

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III.1 LA CONSCIENCE PILOTE TANDIS QUE L'EGO
DIVISE

Nous savons maintenant que la conscience est chargée de


rendre compte des causes et des effets, pour que l'être se repère
et agisse avec justesse dans un environnement souvent hostile,
afin qu'il se reproduise et perpétue l'espèce… Appelons
dorénavant ce pilote naturel : “Conscience pilote”.

Nous avons aussi constaté que notre rapport au réel est


confronté quotidiennement aux réactions émotionnelles de
l'ego ; c'est précisément ici qu'apparaît la dualité
ego/conscience. Ce duel est la manifestation d'une “Conscience
pilote” fluctuante, aux prises avec l'émotionnel activé en
mémoire. Dès lors, la conscience se divise et s’affaire à deux
objectifs qui s'opposent. À titre d'exemple simple, on peut
entendre “je veux”, puis : “non, il ne faut pas”. En effet, l'ego
ne pense ni ne désire, et c'est bien la conscience qui œuvre au
rééquilibrage émotionnel, en cherchant les moyens et actions
pour y parvenir. Appelons dorénavant cette “Conscience
pilote”, divisée par l'activation de l'ego : “Conscience duale”.

En conséquence, notre quotidien vécu est tantôt le fruit de la


“Conscience pilote” naturelle et optimale, tantôt le fruit de la
“Conscience duale” perturbée, voire irrationnelle. Dans ce
dernier cas, tout ce que l'être perçoit est un certain égarement
ou la soumission à des pulsions en contradiction avec l'action
juste du moment présent.
S'identifiant à l'illusion d'un Je/Moi psychique et à ses

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mémoires émotionnelles, l'Homme vit son rapport au monde
sous l'emprise incertaine et quasi impalpable de la “Conscience
duale”. Se crée en lui de multiples ruptures vis-à-vis de ce qui
est, attachant l'être à des objets et des points de vue partiels ou
erronés bien souvent.

Ainsi naissent les divisions et conflits interpersonnels, par le


point vue que tout le monde chérit sous prétexte de tolérance.
De nombreuses expressions en attestent : “Chacun voit midi à
sa porte, respectons le point de vue de l'autre ou encore we
agree to disagree1”. Or, et sans l'ombre d'un doute, nous disons
aussi : “diviser pour mieux régner” !

On constate aisément qu'il n’y a qu’une seule et unique cause


mère de tous les conflits : la division, rien d'autre. Il apparaît
donc clairement que l'ensemble de nos points de vue
personnels divisent et animent les conflits entre les Hommes,
qu'il s'agisse de couples, d'amis, de cultures, de religions ... À
l'inverse, lorsque nous voyons et comprenons ensemble ce qui
est, à l'intérieur comme à l'extérieur, les ambiguïtés nécessaires
à la division s'amenuisent et les conflits avec.

Enfin, nous réalisons que pour vivre en harmonie, quel que soit
le contexte, nous devons donc voir et comprendre ensemble ce
qui est. Autrement dit, il s'agit nécessairement d'affranchir la
“Conscience pilote” de la “Conscience duale”, donc de l'ego et
de ses prismes, des poids affectifs peur/plaisir qui le composent
et auxquels nous nous identifions. Notons aussi qu'il s'agit
1Nous sommes d’accord d’être en désaccord.

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nécessairement d'en finir aussi avec le débat et de réapprendre
les vertus propres au dialogue.

Pourtant, et avant même de savoir si cela est possible, le plus


dur reste à venir dans les prochains chapitres !

En effet, alors que nous commençons seulement à entrevoir ce


que nous sommes psychiquement et à quelle sorte de
perturbation l'humanité doit faire face, sont mis en balance des
principes particulièrement chers à nos egos : la tolérance vis-à-
vis du point du vue de chacun d'une part, le libre arbitre et la
responsabilité morale qu'ils génèrent d'autre part.

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III.2 LE CHOIX, LES MÉMOIRES, LE LIBRE ARBITRE
ET LA RESPONSABILITÉ MORALE

Nous éprouvons une profonde aspiration à la liberté et à


l'indépendance, à penser à notre guise et à jouir du privilège de
faire des choix. Maintenir notre authenticité tout en restant à
l'écoute des autres est devenu une obsession, à tel point que
nous nous opposons fréquemment par principe. Notre
attachement à la notion de libre arbitre est incommensurable, et
il ne s'agit pas d'un hasard, mais plutôt d'une illusion dans
l'illusion.

Évoquer le libre arbitre nous amène généralement à réfléchir à


notre pouvoir décisionnel face au monde extérieur qui exerce
son influence. Cependant, ici, nous l'abordons au regard du
processus analytique interne qui se déroule dans le cerveau et
qui prévaut à tout libre arbitre vis-à-vis de l'extérieur.

Bien que les concepts de choix et de libre arbitre semblent


familiers, ils prennent toute leur signification à la lumière de ce
que nous avons déjà découvert, notamment l'illusion du Je/Moi.
Voici une opportunité complémentaire à saisir.

Un processus se décompose toujours en trois : l'entrée, le


traitement et la sortie. Étonnamment, la notion de choix que
nous expérimentons au quotidien est représentative des trois à
la fois ! D’où une grande confusion.
− L'entrée : le choix en tant qu'opportunités préalables.
− Le traitement : le choix en tant que processus

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décisionnel.
− La sortie : le choix en tant qu'option sélectionnée.

Lorsque nous introduisons le libre arbitre et la responsabilité


morale, une série de questions pertinentes surgissent :
− Qu'est-ce qui crée les options préalables ?
− Qu'entendons-nous par “faire un choix” ?
− Quelles sont nos marges de liberté dans nos décisions ?
− Quelle responsabilité morale découle de nos choix ?

Qu'est-ce qui crée les options préalables ?


Le monde qui s'étend devant nous déborde d'opportunités. Qu'il
s'agisse de produits de marques alignés sur les étagères ou des
diverses solutions énergétiques à disposition d'une entreprise,
nos besoins fondamentaux, ainsi que nos activités secondaires,
nous amènent à analyser puis sélectionner parmi cette offre
pléthorique.
Notons que notre univers intérieur n'est pas en reste quant à sa
capacité à générer de nouvelles options. En effet, nulle
“Conscience pilote” ne prendrait la décision de se jeter du haut
d'une falaise. En revanche, ceux et celles qui ont commis cet
acte suicidaire étaient clairement sous l'emprise d'une
“Conscience duale” les poussant inexorablement au bord de
l'abîme. Cet exemple élémentaire nous révèle que la
“Conscience pilote” dicte l'action juste, tandis que les options
surgissent quand l'ego et son lot d'émotions entrent en action.

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Qu'entendons-nous par “faire un choix“ ?
Dans le cas du choix d'un dessert ou d'une paire de chaussures,
il s'agit avant tout d'une question de préférence personnelle, or,
cette préférence préexiste au traitement et s'impose d'elle-
même, donc le choix est inexistant.
De plus, l'efficacité de notre processus analytique est lui aussi
le résultat d'expériences antérieures. Par conséquent, il apparaît
que le choix véritable n'existe pas dans ces cas-là.

Quelles sont nos marges de liberté dans nos décisions ?


La notion de libre arbitre a tourmenté les domaines religieux et
philosophique pendant des siècles. Alors que ces disciplines
demeurent ancrées dans les concepts de Raison et de Passion,
elles échouent à dévoiler la Conscience et l'Ego.
Incapable de parvenir à un consensus sur la nature
fondamentale de l'existence, l'Homme glorifie le libre arbitre,
même si ce concept ne peut résister aux questions sur l'entité
psychique décisionnelle ou encore sur la nature du processus
décisionnel. Or, et nous le savons déjà, dès lors que la
conscience est observée pour ce qu'elle est réellement, l'illusion
du Je/Moi s'efface. Le Je/Moi est une illusion, le libre arbitre
une illusion dans l'illusion.
Rien ne décide en nous. Tantôt la “Conscience pilote” impose
l'action juste, tantôt la “Conscience duale” est soumise au
conflit intérieur. Chaque option sélectionnée en sortie préexiste
déjà, que ce soit dans les contraintes du monde extérieur ou
dans le paysage intérieur de l'ensemble de nos mémoires

30
préexistantes.
Il n'y a pas de libre arbitre et aucune entité psychique interne
n'est indépendante, autrement dit, libre de ses propres
préexistences, pas même la “conscience pilote”.
À ce stade de la démonstration, le risque est grand que le
lecteur ne puisse poursuivre le raisonnement ! En effet, lorsque
l'on plonge profondément dans cette réflexion, l'inconnu
déclenche les peurs irrationnelles de l' “ego latent” et la
“Conscience pilote”, à nouveau divisée, devient “Conscience
duale”. Ainsi, pour tout le monde quasiment, la responsabilité
morale vient inférer subitement : “Sans responsabilité morale,
c'est l'anarchie. Le voleur est forcément responsable de ses
choix, de ses actes, il y a bien un 'Je' qui fait des choix, qui
décide...”. En dernier recours, certains objecteront qu'il est écrit
que Dieu nous a donné le libre arbitre, mais à y regarder de
plus près, il ne s'agit en fait que d'interprétations erronées.

Quelle responsabilité morale découle de nos choix ?


Alors que la responsabilité morale semble vouloir s'imposer
comme argument d'autorité, rappelons que c'est bel et bien la
notion de libre arbitre qui induit la responsabilité morale et non
l'inverse.
Ce n'est que l'illusion du “Je/moi” qui cherche à survivre sous
le prétexte du libre arbitre et de stabilité sociale. Dans et par
l'idée non étayée qu'un monde sans responsabilité immorale est
absurde, la “Conscience duale” éclipse immédiatement ce que
la “Conscience pilote” a pu voir et comprendre depuis le début
de ce manifeste.
31
Notons enfin que, toute morale prétendant être rationnelle, la
“Conscience pilote”, responsable de l'action juste, serait donc
la mère de toute morale !

Trop souvent la notion de libre arbitre se heurte à l'ordre moral


plutôt que de comprendre les mécanismes du libre arbitre. Il est
donc primordial de répondre à la question du libre arbitre avant
de spéculer sur l'ordre moral, cela va de soi.

Mettons donc de côté l'attachement à la responsabilité morale


et prenons le recul nécessaire, car la question ne peut en
souffrir. Tant que nous sommes convaincus que le libre arbitre
nous habite, il est impossible de remettre en question cette
certitude. Oublions l'idée de libertés illusionnées qui en
découlent et plongeons autant que nécessaire dans cette
question, à la fois essentielle et existentielle.

Éliminer l'illusion du choix et du libre arbitre est une nouvelle


occasion de mettre en évidence l'illusion du Je/moi et
d'embrasser la voie de la raison, de la “Conscience pilote”.

32
III.3 AIDE-MÉMOIRE

Pour mémoire (chapitre II-2) : « Aussi est-il manifeste que les


“mémoires émotionnelles” incarnent précisément la transition
de l'“ego latent” à l'“ego actif” et, par conséquent, le passage de
la “Conscience pilote” à la “Conscience duale” »

Pour mémoire (chapitre III-1) : « Il apparaît donc clairement


que l'ensemble de nos points de vue personnels divisent et
animent les conflits entre les Hommes, qu'il s'agisse de
couples, d'amis, de cultures, de religions ... »

33
Après avoir révélé notre nature commune, nous avons enfin
observé la Dualité ego/conscience qui demeurait jusqu'à
présent inconnue. Seul l'ego et son mirage le “Je/moi” ont le
pouvoir de métamorphoser la “Conscience pilote” naturelle et
bienfaisante en “Conscience duale” dont l'issue incertaine est
bien souvent chaotique.

Pourtant, enraciné dans l’illusion d'un “Je/moi” identitaire,


façonné principalement par les mémoires émotionnelles issues
d'expériences personnelles, sociales et culturelles, l'Homme se
prosterne devant l'autel du libre arbitre et de la diversité des
points de vue de chacun.

Ainsi, la perception Humaine de ce qui est se remplit de biais


cognitifs et s'en trouve inévitablement altérée. Intérieurement
fragmentés, nous semons inconsciemment les germes des
divisions interpersonnelles et participons aux conflits qui en
découlent.

Notons enfin que, dans l'illusion du choisir et du libre arbitre,


la responsabilité morale qui nous accuse à tort n'est pas le fruit
du hasard, mais le produit d'une gouvernance indigne que nous
examinerons au chapitre suivant.

Il y a une vérité en toute chose, donc, “La tolérance est


l'ennemie de l'amour”, ça nous y venons…

34
LA TOLÉRANCE
EST L’ENNEMIE
DE L’AMOUR

35
IV.1 CONSTATS ET CONSÉQUENCES

La comparaison entre l'humanité et d'autres espèces vivantes,


associée à la métaphore de l'arbre de la connaissance et du fruit
défendu, offre une perspective claire et tangible. La nature
révèle son harmonie à travers des relations biologiques
durables, tandis que l'Homme se distingue par sa capacité
exceptionnelle à voir et comprendre les causes et les effets, à
être conscient de ce qui l'entoure. Cependant, il détruit
continuellement la nature, qui l'a probablement créé, ou du
moins accueillie et nourrie jusqu'à présent.
Cette capacité extraordinaire à “prendre de conscience” a eu un
double impact. Elle a conduit à la création de sociétés de plus
en plus sophistiquées, mais en même temps, elle a éloigné
l'Homme de la symbiose, c'est-à-dire des relations bénéfiques
et durables que la nature offre. Au fil du temps, l'Homme a
construit sa propre boîte de Pandore, dans laquelle il s'est
enfermé et dénaturé. À l'intérieur résident l'ego et ses
innombrables mémoires psychoaffectives liées à la peur et au
plaisir, qui altèrent constamment sa "Conscience Pilote" et, par
conséquent, sa relation avec lui-même, avec les autres et avec
le monde qui l'entoure.
De plus, dans cette quête profonde, où la conscience se
confronte aux causes fondamentales de l'existence, se glissent
les marchands du temple "Conscience", qui nous
impressionnent avec des fragments de vérité entourés d'une
abondance de discours verbeux et de concepts ambigus. En
effet, des siècles de réflexion littéraire, consacrée à

36
l'exploration des méandres de la raison et des émotions, ont
contribué à mélanger les concepts d'ego et de conscience,
créant ainsi l'illusion du Je/Moi. Tellement qu'aujourd'hui,
lorsqu'on discute de ces questions existentielles, les érudits
nous fascinent en citant leur autorité, une multitude de livres et
diverses pratiques. Ils gravitent depuis toujours autour du
totem, sans révéler sa véritable nature et son fonctionnement, et
utilisent les arguments à leur disposition pour créer des
sophismes dignes d'examen, comme la "conscience du bien et
du mal" et la "conscience de soi".
Il est important de noter que les élites ont le pouvoir évident de
maintenir l'illusion du "Je/Moi" et du libre arbitre qui en
découle, afin de nous tenir responsables de nos choix et de nos
actes, pour finalement nous condamner au nom de l'ordre
social. Quant aux érudits, les livres et les pratiques sont leur
gagne-pain quotidien. Ainsi, ils préservent leur statut, leur
confort, leur pouvoir et leur domination.
L'individu, ignorant la réalité de son monde intérieur pourtant
conceptuellement accessible, est causalement responsable car il
s'accroche au récit qui lui est imposé et accepte son propre
châtiment. Ainsi, l'individu emprisonné dans l'illusion continue
quotidiennement à entretenir la "conscience/duale" au
détriment de la "conscience pilote", pourtant naturelle,
fulgurante et abondante.
Nous faisons face à une étape cruciale. L'Homme a d'abord
domestiqué la nature et les animaux, puis il a assujetti ses
semblables, en utilisant des méthodes de récompense et de
punition. Après des décennies d'ingénierie sociale, les écrans et

37
les stimuli qui les accompagnent semblent être les derniers
outils psychoaffectifs qui guideront le troupeau humain
demain. Il est urgent d'en prendre conscience pour nous, notre
descendance et plus largement pour l'humanité toute entière.
Nous constatons également qu'aucun changement significatif
ne semble se produire par le biais des élections ou des
manifestations, car les systèmes en place sont trop puissants.
Pourtant, de prétendus visionnaires prolifèrent sur les réseaux
sociaux, promouvant principalement leurs collectes de fonds,
alors que leurs solutions restent vagues, mais surtout sans
aucune considération de la façon d'atteindre une masse critique.
La seule solution est de "changer l'Homme avant de
changer le système". Cette révolution, à la fois intérieure et
sociale, passe par la méta-conscience et tout ce qui en découle :
la révélation de la conscience pour ce qu'elle est, la
compréhension des mécanismes de l'ego qui l'influencent, et la
fin de l'illusion du Je/Moi. Elle est totalement pacifique et
incoercible.

38
IV.2 DOUBLE IMPACT

Ce manifeste représente les aboutissements de dix années de


dialogues au cours desquelles la recherche incessante de la
vérité a été érigée en priorité. Plutôt que de se plonger dans les
profondeurs des questionnements métaphysiques, de se laisser
emporter par des enseignements ésotériques, ou de devenir
adepte du développement personnel et du mouvement New
Age, nous avons opté pour une contemplation de l'Humanité et
de la Vie avec objectivité et une rigueur rationnelle.

Au fil de ce manifeste, nous avons ensemble entrepris une


exploration des deux principaux processus de la conscience (la
reconnaissance et la prise de conscience), qui reposent
invariablement sur des mémoires imprégnées d'émotions
passées. Lorsque la conscience prend conscience de la dualité
ego/conscience, des mécanismes et des mémoires
psychoaffectives qui le polluent, une réalité évidente remet en
question les notions du Je/Moi en tant qu'entité psychique, du
libre arbitre et de la responsabilité morale.

Cependant, il serait erroné pour le lecteur de croire s'en tirer à


si bon compte. “Consciencia” signifie “avec science” et illustre
de manière parfaite comment la conscience articule habilement
la théorie conceptuelle avec l'expérience du vivre. Il est donc
essentiel de comprendre que tout ce qui a été exposé reste
essentiellement conceptuel et qu'il appartient au lecteur de
vérifier la validité de ces concepts dans sa propre existence,
dans ses interactions quotidiennes avec autrui et dans son

39
dialogue intérieur. Ce n'est qu'après cette étape que le lecteur
pourra dire : “C'est vrai ! Et je sais que je sais.”

Lors de cette phase finale, de nombreux individus seront


profondément perturbés, au point d'oublier rapidement tout ce
qui leur a été révélé ici. En effet, quand “la conscience pilote”
prend conscience du fonctionnement de notre être expérimental
et existentiel, le deuil de la “conscience duale” devient un
fardeau au moins aussi lourd que la perte d'un être cher, car il
s'agit effectivement d'une mort de l'identité encore plus intime.

Lorsque l'individu prend conscience de sa véritable nature, il


est troublé car l'expérimentation de la “conscience pilote” lui
semble inconnue. Il perçoit principalement ce qu'il est en train
d'abandonner : l'illusion du Je/Moi, la notion du libre arbitre, la
morale imposante mais réconfortante, ses peurs mais surtout
ses plaisirs. Que sera la vie sans cette quête incessante du
plaisir, sans dopamine ?

Pour se libérer de ce piège ultime, il est essentiel de


comprendre qu'un individu qui abandonne l'illusion du Je/Moi
transforme radicalement sa vie, même s'il n'est pas
complètement guéri de l'ego. L'Homme conscient, libre de
l'illusion qui le maintenait prisonnier, cesse de se perdre dans la
course effrénée au confort et aux plaisirs, il aspire à un chemin
plus simple et plus enrichissant. Son cercle social se réduit et
devient vertueux, car il élimine rapidement les relations stériles
voire nuisibles au profit de relations saines. L'après qui peut
être envisagé comme austère du point de vue de la “Conscience
40
duale”, n'est pas le manque de plaisir. La “Conscience pilote” y
redécouvre joie et plénitude, car ses relations ont maintenant
plus à voir avec l'union et la gratitude. Ainsi, le puits sans fond,
qui autrefois était alimenté par la quête sociale et les plaisirs,
cède peu à peu sa place à la plénitude naturelle.

Ce manifeste n'aspire nullement à l'exhaustivité et ne prétend


pas apporter la sagesse ultime. Il pointe du doigt les divisions
et les conflits, qui découlent de notre ignorance quant à notre
véritable nature, et critique la domestication de l'Homme par
l'Homme.

En mettant en lumière ce qui est naturel, ce manifeste ravive ce


que l'illusion avait obscurci et sclérosé. Lorsqu'il est
pleinement assimilé, ce manifeste engendre des deuils et des
changements radicaux, incitant ainsi l'individu à libérer les
autres. Ce manifeste est valable aussi bien pour l'individu que
pour l'humanité toute entière.

En effet, si un individu comprend la dualité ego/conscience, il


peut saisir comment l'Homme a domestiqué l'Homme, et
comment l'humanité peut se libérer. Face aux enjeux sous-
jacents, il pourrait choisir de laisser un témoignage posthume
de cette découverte, façon Spinoza, ou réaliser que, grâce aux
outils de communication actuels, il est possible de provoquer
un changement véritable pour les individus et la société.

41
IV.3 COUP PLANÉTAIRE

Au départ, ils étaient huit. Huit à avoir pris conscience de


l'impérieuse nécessité de briser les chaînes de l'illusion qui
enserrait l'humanité depuis des siècles. Huit à voir que tolérer
le point de vue de chacun revenait à diviser et à reléguer
l'amour au dernier plan.

Leur quête les avait conduits à découvrir des vérités profondes


sur la nature de l'ego et de la conscience, révélant comment ces
concepts étaient mal utilisés et comment ils les maintenaient
ainsi dans l'illusion du Je/Moi. Fort de cette connaissance, le
groupe s'est donné pour mission de réveiller l'humanité de sa
léthargie en cherchant à conscientiser la masse critique qui
changera tout.

Le groupe croyait en la connaissance de soi comme catalyseur


d'un changement profond, offrant à chacun la possibilité de
transcender l'ego. Ils ont entrepris un projet ambitieux : éclairer
une masse critique. Leur objectif était de partager leurs
découvertes à travers une vaste gamme de médias, afin de
sensibiliser et former les individus sur la nature de l'ego et de la
conscience.

Leur message a commencé à se répandre, lentement mais


sûrement, parmi les esprits ouverts à la vérité. Les gens ont
commencé à remettre en question leurs croyances et à explorer
leur propre conscience. Cette remise en question a créé une
fissure dans l'illusion collective, qui a permis à un plus grand

42
nombre de personnes de voir au-delà des systèmes de pensée
préétablis.

Les puissants de ce monde n'ont jamais soutenu cette révélation


naissante. Au contraire, qu'ils aient bien ou mal compris sa
portée, parmi eux, certains ont utilisé leur influence sur les
médias, les institutions académiques et les structures
gouvernementales pour discréditer le groupe et ses
découvertes. Mais les huit n'ont pas cédé. Ils ont utilisé les
nouvelles technologies de communication pour diffuser leur
message, contournant ainsi les obstacles dressés devant eux…

Indépendamment des huit ont émergé, ici et là, des


rassemblements, des conférences et des ateliers pour partager
ce qui est et inspirer d'autres à se joindre à eux. Peu à peu, la
masse critique nécessaire pour provoquer un changement
radical s'est formée.

Face à cette montée en puissance, une partie de leurs


détracteurs ont intensifié leurs efforts pour maintenir le statu
quo. Ils ont tenté de discréditer le mouvement en le qualifiant
de sectaire et de dangereux. Cependant, la vérité se propageait
de plus en plus rapidement, devenant une évolution
irréversible.

Un moment décisif est arrivé, les huit avaient créé la masse


critique qui déclenché plusieurs lames de fond silencieuses.
Alors l'élan devint exponentiel. Des millions de personnes se
sont réveillées à la vérité de leur propre nature et ont choisi de
43
se libérer de l'emprise de l'ego et privilégier la “Conscience
pilote” au cœur de leur existence.

L'humanité a commencé à se réorganiser autour de principes de


vérité, de compassion et de coopération. Les anciennes
structures de pouvoir se sont effondrées sous le poids de la
conscience collective éclairée. Un nouveau monde est né dans
lequel la connaissance de soi est devenue la clé de voûte de la
véritable liberté existentielle. Des écoles de sagesse
prospéraient, elles enseignaient la méditation et l'introspection
authentique.

Les divisions d'autrefois avaient cédé la place à l'unité, aux


négociations pacifiques et à la résolution harmonieuse des
conflits. La recherche des richesses matérielles avait laissé
place à une quête de richesse intérieure. La véritable liberté
résidait dans la compréhension de soi et la plénitude. Chacun
avait trouvé sa place dans cette réalité, ce qui contribuait à
l'épanouissement de tous. C'était le début d'une ère de
conscience, de compassion et de coopération, où la véritable
nature de l'humanité brillait enfin.

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La version du 15/11/2023 marque la correction finale de ce


premier lancement ; le formatage, la couverture et la quatrième
de couverture, l'intégration de schémas ainsi que la refonte du
quatrième chapitre, la création d'une fiction intitulée "Coup
Planétaire" et pour finir en Bêta-lecture.

Nous tenons à exprimer notre profonde gratitude envers toutes


les personnes qui ont contribué à l'élaboration de ce manifeste.
Que ce soit par le biais de participations actives lors de
dialogues constructifs ou en offrant leurs compétences en un
soutien précieux lors des corrections et de la diffusion de cet
ouvrage.

Un grand merci à MBS ainsi qu'à tous ceux et celles qui


partageront cette réalisation.

Suite de l'aventure, sur Facebook :


https://www.facebook.com/profile.php?id=61551824264820
et sur le Site : https://www.dualiteegoconscience.com

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