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Les expressions idiomatiques

Prof: Mr.Oussama Laaroussi


Les expressions françaises
Introduction
On trouve des expressions (ou “expressions idiomatiques”) dans beaucoup de
langues. Ce sont des éléments culturels et linguistiques importants, qui
évoluent en particulier avec la langue orale.
Les expressions apparaissent et disparaissent en fonction des générations, des
modes, de la culture.
Elles ont des sujets très variés, et sont souvent utilisées à l’oral dans le langage
familier (mais il en existe aussi dans la langage courant et soutenu). Certaines
sont très récentes et d’autres existent depuis très longtemps.
Broyer du noir

être déprimé, triste

(milieu XVIIIe siècle) Cette locution ne se comprend globalement que par l'emploi, habituel,
de noir traditionnellement associé à la mélancolie, à la tristesse ; mais l'emploi du verbe
broyer demeure inexpliqué. L'origine est sans doute à chercher dans l'argot des peintres ou
des chimistes, mais les valeurs figurées de broyer (être broyé «écrasé») ont probablement
motivé le succès de l'expression. Elle s'est maintenue, contrairement aux expressions,
concurrentes faire du noir (Rousseau) et être dans son noir (1808, Boiste).

«L'anxiété me retient ici ; - si tu broies du noir comme je le fais dans les longues
interruptions de notre correspondance, je souhaite, mon ami, qu'il ne t'arrive pas d'en être
privé du 22 juillet au 14 juin ; […].» (V. Jacquemont, Correspondance, t. II, p.94.)
Avoir la tête dans les nuages

être distrait; se perdre


dans des rêveries confuses

Être dans les nuages : « être distrait » -> DANS LA LUNE.  La position en hauteur et la
matière nébuleuse exprimant la perte de contact avec le réel, symbolisé par le sol terrestre
(cf. Les Pieds sur terre). Variante récente : être, marcher, vivre sur un (son) nuage.
Casser les pieds de quelqu'un

ennuyer, importuner quelqu'un

On attendrait plutôt écraser ; dans cette locution d'origine argotique (1890, in


Esnault), pied est l'équivalent  euphémistique d'autres termes dont l'association avec
casser est nettement plus claire, (casser le cul, etc.). En outre, le pied, en argot c'est la
«part». Or de la part ou parties, le jeu de mot est aisé.

«Je veux pas te voir fiche le camp vous me cassez les pieds vous tous les mioches va-t-
en qu'est-ce que tu as à me suivre partout ?» (T. Duvert, Paysage de la fantaisie, p.
192)
Poser un lapin

faire attendre quelqu'un en ne venant pas à un rendez-vous


[Cette locution] a signifié aussi partir sans payer. Selon la chronologie établie par Esnault
(Dictionnaire des argots), l'expression veut dire en 1880 «ne pas rétribuer les faveurs d'une fille», un
lapin étant un paiement éludé (milieu du XIX siècle.), d'après un effet de sens analogue à celui qui
produit lapin «voyageur clandestin» (voyager en lapin). À rapprocher de payer en monnaie de singe,
de l'espagnol hacer un mico  «faire un singe = manquer un rendez-vous» de l'ancienne locution payer
en chats et en rats, et, en ce qui concerne notre animal de l'expression francomtoise faire un lièvre
«prendre un objet à ses parents pour le vendre» (le point commun est le «vol , mais le lapin est «un
refus de payer»).

«Le grand plaisir de ces spécialistes [les floueurs] consiste à promettre monts et merveilles aux
femmes galantes et se retirer sans laisser aucune espèce de rémunération. Cette façon de procurer
du plaisir s'appelle : poser un lapin.» p. 149 (G. Macé, ancien chef du service de la Sûreté, Mes lundis
en prison)
«La dame expliquait qu'on lui avait posé un lapin furieux, et le bijoutier allait déposer à son tour une
plainte en escroquerie.» (Goron, L'Amour à Paris, t. II. p. 644)
Être lessivé

épuisé, très fatigué


Sens figuré apparu en 1866. Langage familier signifiant
"Dépouiller (son adversaire au jeu)".
Voir aussi : nettoyer, rincer. Éliminer d'une compétition, d'un
poste. Il s'est fait lessiver en moins de deux. Par extension :
être lessivé, épuisé, très fatigué.
Rentrer dans sa coquille

se replier sur soi

Rentrer, rester… dans sa coquille « se renfermer dans l'isolement,


l'inaction ». Au XVIIe siècle, rentrer dans sa coquille signifiait plus
précisément « se retirer d'une entreprise téméraire » (Wartburg).
Comme dans l'expression antonyme sortir de sa coquille (fin XVIIe
s.), la métaphore s'appuie sur le comportement de l'escargot et
d'animaux similaires.
Fumer comme un pompier ou fumer comme un sapeur
fumer beaucoup
Il s'agit d'une métonymie - le sapeur (ou le pompier) a affaire à des incendies - et
non pas d'une constatation sociologique. On a de même : fumer comme une
locomotive.
«[…] Sans doute fumait-il comme un sapeur ou comme un zouave barbu qui
servait alors de réclame à la firme algérienne des cigarettes et papiers Job».
(M. Leiris, Biffures, p.36)
La nourriture

La cuisine est un élément culturel important de la France.

C’est donc normal qu’il y ait beaucoup d’expressions avec de la


nourriture non?
“En rang d’oignon”

Signification
Sur une seule ligne

Origine
Deux explications ont été avancées. La plus
simple est une référence à la manière dont les
paysans assemblaient les oignons avec des liens
de paille, du plus gros au plus petit. Une autre
nous viendrait du baron d’Oignon, grand maître
de cérémonie, qui avait l’art de placer les
personnalités sur une même ligne et par rang de
taille.
Source
Cette expression n’existe pas dans d’autres langues romanes.
“En faire tout un fromage”
Signification
Faire toute une histoire pour pas grand-chose.
Grossir à l'extrême une difficulté.
grossir démesurément l'importance d'un fait Origine

Cette expression date du XXe siècle.


En partant de pas grand-chose (du lait) on peut arriver
à obtenir quelque chose de très élaboré, nécessitant un
savoir-faire certain (le fromage).
Peut-être que quelqu'un qui a tendance à faire toute une
histoire en partant de peu, pourrait être un excellent
maître fromager ?
(1928, Esnault).
Sur une affiche, on appelle fromage blanc (ou fromage) l'emplacement laissé «en blanc» pour la présentation d'une
vedette.
«Il était drôlement fier que sa fille soit une bureaucrate. Je suis bien de votre avis, il n'y avait pas de quoi en faire un
fromage mais ce malentendu doit encore subsister dans l'esprit populaire, non ? »
(M. Michel-Bahsi, Poupoune, p.118)
Raconter des salades,

des histoires, des mensonges

Locution familière : "Vendre sa salade" : chercher à convaincre, à soumettre un projet, à faire


adopter un point de vue. Souvent utilisée au pluriel pour histoires, mensonges. Pas de
salades !
Il «ne passe pas son temps à raconter des salades comme les autres, juste pour se faire
valoir».
(Le Clézio)

C'est toujours la même salade, la même histoire.


Avoir la frite
être en forme, se sentir capable de réussir

L'expression semble provenir du milieu des comédiens ;


son origine est obscure. Elle appartient au registre très
familier et s'est répandue après 1965. Voir aussi «avoir la
pêche».
“Tomber dans les pommes”
Signification
Perdre connaissance, s'évanouir.
Origine
L'origine la plus probable, viendrait d'une
locution que George Sand emploie dans une
lettre à Madame Dupin, dans laquelle elle écrit
"être dans les pommes cuites" pour dire qu'elle
est dans un état de fatigue avancée, à
rapprocher de l'expression être cuit.
Cette locution, peut être influencée par l'ancien
se pâmer, aurait donné l'expression actuelle.
Source
Cette expression n’existe pas dans d’autres langues romanes
Mettre les pieds dans le plat

être brutalement indiscret


Mettre les pieds dans le plat, évoque aujourd'hui un personnage brutalement
indiscret qui, non content de mettre les pieds sur la table, les place à l'occasion
dans des assiettes et les plats. L'expression apparaît en en 1808 (Dictionnaire du
bas langage, d'Hautel) ; à cette époque le plat est d'abord et plus généralement
« la partie plate » (1808, Boiste). Pierre Guiraud (Les locutions françaises) voit
dans l'expression un jeu de mots entre les formes franco-provençales gaffe
«gué»et gaffer «nager, patauger» et plat au sens de «étendue d'eaux basses».
Mettre les pieds dans le plat et gaffer serait  «agiter les pieds dans l'eau, la
boue».
Les couleurs
Les couleurs

“Avoir la main verte”

Signification
Savoir entretenir les plantes.
Origine
Il s'agit d'une version d'une expression courante
: « avoir la main », qui désigne quelqu'un qui est
doué dans un domaine particulier. En ce qui
concerne les plantes, cela n'étonnera personne :
la plupart sont vertes. Cette expression est assez
récente, et date du milieu du XXe siècle.

Source
Italie: Avere il pollice verde
(Avoir le pouce vert)
“Dérouler le tapis rouge”

Signification
Accueillir chaleureusement
Origine
"Dérouler le tapis rouge devant quelqu’un",
c’est faire de son passage une vraie cérémonie. La
couleur rouge représente donc la solennité de l’événement. Cela signifie
également que la
personne qu’on accueille est un invité
prestigieux, ou du moins qu’on lui accorde de l’importance.
“Rire jaune”

Signification
Se forcer à rire

Origine
Le jaune, lorsqu’il est éclatant, est le symbole des dieux.
A l’inverse, lorsqu’il est mat, il représente le soufre, donc
l’enfer, mais aussi la perfidie. Cependant l’expression "
rire jaune
" provient surtout du fait que les hépatiques
sont souvent de mauvaise humeur, et lorsqu’ils se
forcent à rire, la bile teinte leur visage de cette couleur
jaune pâle. Par extension, cette expression s’applique à
toute personne qui semble se forcer à rire, tenter de
calmer sa colère ou qui ne veut pas montrer qu’elle est
vexée.
Les animaux
“Un froid de canard”

Signification
Un très grand froid, un froid très vif.
Origine
Cette expression viendrait de la chasse au
canard, qui se pratique en automne, mais aussi
en hiver où le chasseur doit rester immobile, aux
aguêts, et laisser le froid lui pénétrer jusqu'à l'os
en attendant qu'une de ses pauvres victimes
veuille bien s'approcher suffisamment pour
qu'elle ait des chances de finir en confit ou autre
préparation culinaire.

Source
Italie: Un freddo cane (Un froid de chien)
“Avoir la chair de poule”

Signification
Avoir peur ou avoir froid

Origine
D’abord terme de médecine (XVIIe siècle), l’
expression est ensuite entrée dans le langage
courant pour signifier que l’on a peur ou que l’
on a froid. En effet, quand on ressent ces
émotions, les poils se hérissent, donnant à la
peau l’aspect de celle d’une volaille que l’on
aurait plumée.
“Entre chien et loup”

Signification
A la tombée du jour
Origine
Cette expression est très ancienne. En français,
elle date du XIIIe siècle.
Elle désigne la période de fin de journée où la
clarté est telle qu'on a du mal à distinguer un
chien d'un loup.
Donner sa langue au chat

renoncer à deviner, à trouver la solution

On ne trouve cette expression qu'au XIXè siècle ; mais jeter sa langue aux chiens est dans Mme de Sévigné. Cette
expression est à rapprocher de n'être pas bon à jeter aux chiens, «ne rien valoir», qu'emploie aussi Madame de Sévigné.

Pourquoi jeter est-il devenu donner alors que au chat se substituait aux chiens ? L'expression régionale abandonner sa
part aux chats peut servir d'exemple pour un transfert analogue. Surtout, le chat est évoqué à propos de
«confidences». Mettre quelque chose dans l'oreille du chat (George Sand, dans La Petite Fadette), c'est «oublier». Mais
ce chat qui garde les secrets est aussi considéré comme un bavard. Ai manjat lago de cat (j'ai mangé la langue du chat)
se dit dans le Gard pour «je ne peux pas tenir ma langue» (Rolland). Donner sa langue au chat pourrait donc être à la
fois « jeter l'organe de la parole, devenu inutile» et «le confier au chat, animal plein de connaissance».
La fin des haricots
La fin de tout.
La perte complète d'espoir.

Origine Voilà une expression récente, puisqu'elle date du début du XXe siècle. Malgré sa "fraîcheur", son origine
réelle reste aussi obscure que le mauvais côté de la force.
Mais les explications généralement proposées ne sont pas légion pour autant.

A cette époque, les jeux de société étaient une occupation plus que courante. En famille, les mises
ne se faisaient pas avec de l'argent, mais avec des choses diverses dont des haricots secs. Et quand
un joueur n'avait plus de haricots, c'était vraiment la fin de tout pour lui, puisqu'il était éjecté de la
partie (et qu'il ne pouvait même pas se rabattre sur sa PS2 ou sur un épisode des Shadoks ou de
Desperate Housewives, par exemple).

L'autre viendrait de ces haricots, nourriture bas de gamme qui était l'ordinaire des écoliers dans les
internats, des prisonniers ou des gens trop pauvres pour s'acheter des aliments de meilleure qualité
(le nom de haricot était alors utilisé pour des gousses diverses comme les fèves, les pois ou les
haricots).

Et, pour ces derniers, lorsqu'ils n'avaient même plus l'argent nécessaire pour s'acheter ces féculents,
cela devenait vraiment la fin de tout.

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