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JACQUES CAPELOVICI

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À FRANCAIS
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"| . PRESSES DU CHÂTELET |


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DU MÊME AUTEUR

Le Français sans fautes, L’Archipel, 1998.


Guide du français correct, L'Archipel, 1999.
TACOUES CAPELOVICI

c PÉDIL TIVRE D,
FRANÇAIS
SANS ARLES

a
T'PRESSES DU CHATELET
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livre, aux Presses du Châtelet,
34, rue des Bourdonnais, 75001 Paris.
Et pour le Canada, à
Edipresse Inc., 945, avenue Beaumont.
Montréal, Québec, H3N 1W3.

ISBN 2-84592-001-6

Copyright © Presses du Châtelet, 2000.


AVANT-PROPOS

Nombreux sommes-nous à attacher de


l'importance au bon usage de notre langue. Or,
tant à la radio qu'à la télévision, voire dans la
- presse, celle-ci est régulièrement écorchée, mal-
menée, abîmée, piétinée, massacrée, au grand
dam d'une partie du public, soucieuse à bon droit
de préserver ce chef-d'œuvre en péril: le français
sans fautes.
Comment endiguer cette avalanche d'impro-
priétés, de barbarismes, de contresens, de liaisons
Jautives et autres erreurs qui émaillent la pra-
tique du français ? Quel manuel
scolaire, quel programme d'enseignement s’est
jamais soucié de répertorier les incorrections
ea
orthographiques et grammaticales, les fautes de
prononciation ou de vocabulaire qui empêchent
les jeunes et les moins jeunes gens de bien
s'exprimer, aussi désireux soient-ils de le faire?
Ce petit livre ne peut avoir l'ambition de
combler une telle lacune. Il se veut un simple
échantillon de ce que pourrait être un « grand
livre du français sans fautes », rigoureux et
exhaustif —- mais avec la pointe d'humour trop
souvent absente en de telles circonstances.

Jacques CAPELOVICI
ABASOURDIR

Remontant à l’ancien verbe argotique


basourdir, signifiant «tuer», abasourdir n’est
nullement apparenté à l'adjectif «sourd». En
position intervocalique, le «s» se prononce
logiquement «z», et non «s» comme dans
«assourdir ».
ABSOLUMENT

Pour des raisons de prestige, ce majestueux


adverbe de quatre syllabes tend de plus en
plus à remplacer la modeste affirmation
«oui», qui fait bien pâle figure avec sa syllabe
unique... Le mot absolument est lui-même
souvent remplacé par l'expression « tout à
fait», qui en compte une de moins. Il est
grand temps de réhabiliter le petit mot «oui ».
ACHALANDÉ

Un chaland étant un client, il est normal que


les noms chalandise et achalandage soient
relatifs à la clientèle. Il est donc logique que
l'adjectif achalandé qualifie une boutique qui
attire de nombreux clients et ne concerne ni la
quantité, ni la variété des marchandises qui y
sont mises en vente. C'est à bon escient que
l'Académie française a jugé utile de publier
une mis en garde contre ce contresens, qui
n’est que trop fréquent.
AILCOOLISÉ

Le verbe alcooliser signifiant « additionner


d'alcool», on qualifiera d’«alcoolisée» une eau
minérale dans laquelle on a versé, par exemple,
du whisky, lequel, tout comme le gin, le rhum ou
le vin, n'est pas une boisson « alcoolisée », mais
une boisson alcoolique, c’est-à-dire à base d’alcool.
La différence est de taille, tout comme celle qui
oppose «aromatique » à «aromatisé », et « germa-
nique » à « germanisé ».
L’adjectif alcoolique ne qualifie donc pas uni-
quement quiconque abuse de l'alcool, comme
certains se l’imaginent.
AMENER

Le verbe amener étant construit sur mener, on peut,


par exemple, amener une personne ou un cheval,
mais non des friandises ou un bouquet de fleurs,
que l’on apporte, car il s’agit ici de choses que l'on
porte. Cette distinction, si souvent ignorée, mérite
d’être respectée.
AMIANTE

Bien qu'il ait l'allure d’un nom féminin,


amiante est du genre masculin : « L’amiante est
dangereux pour la santé. »
APRÈS QUE

La locution conjonctive après que ne doit pas


être suivie du subjonctif, comme c’est trop
souvent le cas, mais de l’indicatif, mode relatif
à un fait qui s’est réellement passé. On ne dira
donc pas «après qu'il soit parti», mais «après
qu'il fut parti», en employant le passé simple de
l'indicatif. On pourra néanmoins tourner la
difficulté et alléger la phrase en remplaçant le
verbe pa? un nom pour dire «après son
départ», en seulement trois mots.

a
ARRIMER

Ce verbe signifie « disposer méthodiquement


un chargement en le fixant solidement pour en
assurer l'équilibre ». Il n’a donc rien à voir avec
amarrer, qui consiste à retenir avec des amarres.
Par extension, la jonction de deux vaisseaux
spatiaux est un amarrage, trop souvent baptisé
«arrimage » sur nos médias, peut-être parce que
ces mots sont des anagrammes, à une lettre
près. De la même façon, dans un style imagé, il
ne saurait être question d’«arrimer », mais
d'amarrer la Turquie à l'Europe.

AUJOURD'HUI

Les gens qui, facétieusement, emploient


l'expression pléonastique «au jour d’aujour-
d'hui» feraient bien de s'en abstenir, de crainte
que cette tournure ne se généralise. Il suffit de
dire : aujourd'hui.
AUXERRE

Dans le nom du chef-lieu de l'Yonne, le «x»


ne se prononce pas comme dans «taxi», mais
«ss», comme dans soixante (voir Bruxelles).
AVANT QUE

Contrairement à après que (voir ce mot), la


locution conjonctive avant que n’est pas suivie
de l'indicatif, mais du subjonctif. D'où : «On
se met à bavarder avant qu'il soit parti.» On
pourra alléger la phrase en disant tout simple-
ment : «On se met à bavarder avant son
départ. »

#
7
AVIGNON

En espagnol, on réside en Madrid, en provençal


en Avignoun, en Arle, en Antibo. En français, on
emploie la préposition «à», d’où : à Albi, à
Arras, à Amiens et, cela va de soi, à Avignon et
à Arles. C’est pourquoi les dictionnaires
français indiquent que le poète provençal
Théodore Aubanel naquit en 1829 à Avignon
et non «en» Avignon, même si cette tournure,
qui se veut savante et recherchée, exerce sur
certains esprits un attrait irrésistible.
BANAL

Le pluriel de cet adjectif est «banals » : «des


propos des plus banals.» Le masculin pluriel
« banaux » s'emploie uniquement pour
désigner des fours, des moulins qui sont à
l'usage de tous.
BRUXELLES

Dans le nom de la capitale de la Belgique, le


«x» ne se prononce pas comme dans «taxi»,
mais «ss», comme dans soixante (voir Auxerre).
CARROUSEL

Ne prenant qu'un «s», ce nom se prononce


«carrouzel». La prononciation « carroussel»,
trop fréquente, constitue un barbarisme.
CHAMONIX

La consonne finale du nom de cette ville de


Haute-Savoie est muette. Il en résulte qe
Chamonix rime avec macaroni.
CHARIOT

Nombreux sont les partisans d’une réforme de


l'orthographe qui déplorent que, contraire-
ment à charrette, charroi, charron, charrue et
charrier, le nom chariot ne prenne qu’un seul
«r». Ils croient intelligent de suggérer de
l'écrire avec deux «r>», pour l’aligner sur les
cinq précédents, plutôt que de les amputer
d'un «r» afin d’en alléger la graphie en
réalisant wfñe substantielle économie.
e)

CHEMINEAU
/ CHEMINOT

Ces deux noms communs de personne sont


parfaitement homophones, mais point homo-
graphes. Un chemineau est un mendiant doublé
d'un vagabond. Un cheminot est un employé
des chemins de fer. Exemple : «Pendant son
service, un cheminot aperçut un chemineau qui
marchait le long de la voie ferrée. »
/ y

CHOQUER

- Pendant des années, ce verbe a été utilisé en


» français dans le sens d’« offusquer» : «Bien des
gens sont choqués par la vulgarité de ce
chanteur. » Il fallut attendre le 22 novembre
- 1963 pour entendre un reporter de la télévision
française se trouvant à Dallas nous apprendre
que les Américains étaient très «choqués» (de
l'anglais shoched) par l'assassinat du président
Kennedy. Dans ce cas, la langue française
dispose des verbes «traumatiser » et «boule-
verser»,dont le sens est moins équivoque.
A

.
CIRCONSCRIRE

Assez majestueux avec ses quatre syllabes, le


verbe circonscrire est trop souvent employé
dans le sens usurpé d’«éteindre » ou de « maï-
triser» un incendie. En réalité, circonscrire un
incendie consiste à tracer une limite autour du
sinistre pour l'empêcher de s'étendre.
CLÔTURER

On peut tout aussi bien clore un jardin que le


clôturer. Mais on ne peut que clore et non
«clôturer» un débat, une séance, une discus-
sion. Il en résulte qu'un incident est clos, et
non clôturé comme un jardin.
COMMÉMORER

On commémore un événement, par exemple


un armistice, pour le mémoriser, le conserver
dans la mémoire. Mais on ne saurait logique-
ment «commémorer » un simple anniversaire,
que l’on fête ou que l’on célèbre.
COMMENCER
/ ENTAMER

On constate avec étonnement la disparition


presque complète du verbe commencer, ainsi,
d’ailleurs, que celle du verbe entamer, abusi-
vement remplacés par débuter et démarrer,
rendus transitifs pour la circonstance. C’est
ainsi qu'on ne commence plus un match mais
qu'on le «démarre »; de la même façon, on
n’entame plus un discours, mais on le
« débute 1 Et voilà que le franglais arrive à la
rescousse sous la forme du verbe «initier»,
directement emprunté à l'anglais to initiate (voir
‘ce mot)...
#
CONFORTABLE

Il est incorrect de demander à quelqu'un s’il


est «confortable», en s'inspirant de l’anglais
are you comfortable ? Un fauteuil peut être
confortable ;une personne ne peut qu'être à
l'aise ou confortablement installée.
CONSÉQUENT

L’adjectif conséquent qualifie une personne qui


raisonne, qui agit avec esprit de suite et
logique. Il n’y a donc aucune raison de
transformer un événement important en un
événement «conséquent». Enfin, il est
franchement cocasse d'employer cet adjectif
dans le sens usurpé de «gros» ou de
«volumineux » et de remplacer, comme on
l'entend Suvent dire, un « gros sanglier » par
un «sanglier conséquent ».
CONVOLER

Au lieu d'annoncer tout simplement que deux


jeunes gens se sont mariés, de beaux esprits
trouvent suprêmement élégant de dire qu'ils
ont «convolé en justes noces». Or, suivi ou
non de ce complément, le verbe convoler
signifie «se remarier ». Mais pourquoi faire
simple quand on peut faire compliqué?
COURRIER

Depuis peu, on ne reçoit plus une lettre, mais


un «courrier », désignant en l'occurrence une
_ seule et unique missive. Or, le nom courrier
représente en réalité plusieurs lettres apportées
par le facteur ou préposé. Il s’agit donc là d’un
fâcheux contresens.

Le
7
DÉCADE

Contrairement à l'anglais decade, qui désigne


une période de dix ans, une décade française
s'étend sur seulement dix jours, comme le
prouvent les décades en météorologie, celles
du calendrier républicain, celles de tabac sous
l'Occupation allemande, sans oublier les
relevés décadaires et les totaux décadaires des
contributions directes. Une période de dix ans
est une décennie.
DÉGINGANDÉ

Cet adjectif ne prend pas d’«u», ce qui exclut


le barbarisme « déguingandé », qui n’est que
trop répandu. Il faut prononcer « déjingandé ».
DENTITION/DENTURE

Une jolie femme a intérêt à sourire quand elle


a une belle denture et non une belle dentition,
car ce dernier nom désigne la formation et la
sortie naturelle des dents. L'ensemble des
dents porte le nom de denture.
DÉPRÉDATION

Étymologiquement apparenté à proie et à


prédateur, ce nom est très souvent déformé en
«dépradation », barbarisme influencé par les
noms « dépravation » et « dégradation ».
DEPUIS

La préposition de temps depuis est formée sur


« puis », qui est un adverbe de temps et non de
lieu. Il n’y a aucune raison de dire à quelqu'un
qu'on l'appelle « depuis» Genève, mais tout
simplement de Genève.
DES PLUS

L’adjectif qui suit des plus se met au pluriel


quand il se rapporte à un nom : « C’est un
garçon des plus loyaux.» Inversement, il reste
invariable quand il se rapporte à un pronom
neutre ou à un verbe : «cela est des plus inté-
ressant »; « grimper cette côte est des plus
Jatigant».

#
DILEMME

Un barbarisme assez répandu consiste à délor-


mer ce nom en «dilemne», rimant bien à tort
avec «indemne ».
DOCTEUR

Il importe de savoir que les patients ne vont


pas consulter un «docteur», mais bel et bien
un médecin, qui est le nom de cette profession;
celui qui l’exerce porte le titre de docteur. On
dit d’ailleurs « Médecins du monde » et
« Médecins sans frontières ». Il en résulte qu'on
ne va pas «au docteur », expression qui
contient une double faute, mais chez le médecin.
DOMPTER/ DOMPTEUR

Étant donné que le «p» est muet dans les mots


compter et compteur, il n’y a aucune raison de le
prononcer dans dompter et dompteur.
ÉCHALOTE

Trop souvent, ce mot est écrit par erreur


« échalotte » avec deux «t», comme dans
« Charlotte». En réalité, il ne prend qu'un «t»,
. comme les noms belote et pelote.
ÉDUCATION

En anglais, le nom education, sans accent aigu,


signifie «instruction ». La phrase «he has no
education » se traduit donc par : «c’est un
ignorant ». Il n’en va pas de même en français,
où le mot éducation désigne non pas le savoir,
mais le savoir-vivre. Il en résulte que notre
ministère de l'Éducation n'est autre, en réalité,
que le ministère de l'Enseignement. La
«nuance » est ici de taille!
EFFACER

Ce verbe signifiant « faire disparaître», on


peut effacer des graffitis et autres inscriptions
portés, par exemple, sur un tableau noir. Il en
résulte qu’on n’«efface » pas ledit tableau : on
l'essuie.
ENCOURIR

On peut encourir une amende, une punition, une


peine de prison. Mais on court un danger, un
risque, sans affubler ce verbe usuel d’un préfixe
inutile. Il est donc incorrect de parler du «dan-
ger» ou du risque «encouru». Le seul participe
passé qui convienne ici est tout simplement couru,
en deux syllabes.
ESPÈCE

Le nom espèce étant, tout comme sorte, du genre


féminin, il est illogique et incorrect de parler,
par exemple, d’«un» espèce de fantôme, sous
le prétexte que ce dernier nom est du genre
masculin, alors qu'il ne viendrait à l’idée de
personne de dire «un sorte de fantôme ».
ÉTÉ INDIEN

Tout bon dictionnaire anglais-français indique


que l'anglais Indian summer se traduit par «été de
la Saint-Martin », soit, aux États-Unis, un bref
retour de la belle saison vers le 11 novembre.
C’est en 1975 que, pour la première fois, Joe
Dassin chanta en France « L'Été indien»,
expression anglo-américaine jusqu'alors inexis-
tante en français, dont des snobs s'emparèrent
pour lui donner le sens usurpé d’un beau temps
d'été prolongé jusqu’à la fin de septembre, voire
au début d'octobre.
EXACTION

L'Académie française a pris soin de rappeler


que ce nom, étymologiquement associé au
latin exigere, désigne l’action abusive d’un fonc-
tionnaire qui, à son profit personnel, exige de
ses administrés plus qu'ils ne doivent. Ayant de
ce fait un sens nettement défavorable, le nom
exaction peut à la rigueur devenir dans certains
cas synonyme de vol, voire de pillage. Mais il est
tout à faig impropre de parler d’«exactions »
pour désigner des viols, des meurtres, des
massacres.

4
EXCESSIVEMENT

Cet adverbe n’est pas synonyme de «très»,


mais signifie «avec excès, avec exagération ».
Une voiture n'est donc pas «excessivement
chère », mais tout simplement très chère, ce qui
n'empêchera peut-être pas son conducteur
d'accélérer excessivement.
FATRAS

Ce nom ne contient qu'un «r». La forme


«fratras » n’est donc qu’un barbarisme, peut-
être improprement copiée sur « fracas » ou
« fratrie» (frères et sœurs d’une même
famille).
FÉERIE

La première syllabe de ce nom étant «fée», en


une seule syllabe, il n’y a aucune raison de la
prononcer «féé» en deux syllabes, en disant,
bien à tort, «féérie», en trois syllabes, alors
même que ce mot ne contient qu'un seul accent
aigu.
FORME INTERROGATIVE

Dans une question correctement posée, le verbe


doit précéder le pronom qui en est le sujet :
Comment fait-on? Mais l'expérience quotidienne
montre que, dans leur grande majorité, les gens
qui, dans nos médias, en interviewent d’autres,
ne respectent pas cette règle élémentaire et
demandent paresseusement : « Comment on
fait? » Enfin, d’autres croient bon d’alourdir leur
question en ayant bien inutilement recours à la
formulé «est-ce que» pour demander
. «Comment est-ce qu'on fait?»
FORME NÉGATIVE

En raison d’une coupable paresse, le petit


adverbe ne, indispensable à la forme négative,
est le plus souvent négligé, d'où : «on peut
pas», «y pleut jamais», «j'sais pas», «tu
connais rien ». Il est grand temps de réhabiliter
les formes correctes, qui sont, respectivement :
«on ne peut pas», «il ne pleut jamais», «je ne
sais pas», « tu ne connais rien». Pourquoi,
d’ailleurs, faire l’économie de ne, quand on
peut parfois faire celle de pas, comme dans les
formes : «je ne sais», «je ne puis », etc.?
FRANC

Le symbole de cette unité monétaire n'est ni


«fr» ni «Fr», mais un simple F majuscule,
non suivi d’un point : «L’étiquette indiquait
65 F ce matin même. »
FUSILIER

Un barbarisme trop fréquent transforme bête-


ment ce vaillant militaire en «fusillé», en le
condamnant bien improprement au peloton
d'exécution! Le mot fusilier est à «pilier» ce
que fusillé est à «pillé ». La «nuance» n'est
donc pas négligeable.
FUTUR

C’est sous l'influence du nom anglais future,


mal traduit, que le français avenir est de plus
en plus supplanté par «futur». En bon fran-
çais, l'anglais «in the future» se traduit par à
Vavenir.
FUTUR ET CONDITIONNEL

La terminaison «-rai» du futur de l'indicatif se


prononce comme la note ré, avec un «é »
fermé. Les terminaisons «-rais», «-rait» et
«-raient» du conditionnel se prononcent
comme «raie», avec un «è» ouvert. Il ne faut
donc pas prononcer de la même façon «je
vous donnerai», qui est une promesse, et «je
vous donnerais », qui n’est qu'une hypothèse.
GACHETTE

A l’intérieur d’une arme à feu, la gâchette à


pour fonction de maintenir armée la pièce
appelée «chien». Pour faire feu, on n’appuie
donc pas sur la gâchette mais sur la (queue
de) détente. L'expression «appuyer sur la
gâchette » est donc erronée.
GAGEURE

Très fréquent en français, le suffixe «-ure » se


retrouve dans le mot gageure, où le nom gage
conserve logiquement son «e» pour éviter la
prononciation « gagure », qui rime avec
« figure ». Il en résulte que la prononciation
« gajeure », rimant avec « majeure », est
erronée. Il faut prononcer «gajure», rimant
avec «injure ».
GENT

Au lieu de parler tout simplement des femmes,


de beaux esprits, désireux d’«endimancher »
leur langage, diront avec délectation «la gent
féminine ».. qu'ils déformeront le plus souvent
en «gente féminine». Il faut distinguer le nom
« gent», qui est un féminin, de l'adjectif
« gente », que l’on rencontre dans « gente
dame ». Les femmes constituent «la gent » fémi-
nine, et lgs « gentes » dames n'y manquent pas.
GRAND-MÈRE

Les gens mal informés croient intelligent


d'écrire « grand’mère » avec une apostrophe
censée remplacer l’«e» final du féminin
«grande », qui aurait mystérieusement disparu.
Or, il n’en est rien, puisque, jadis, le féminin de
cet adjectif était « grand», comme au masculin,
ainsi que le prouve la forme «mère-grand ». Il
faut donc écrire, avec un trait d'union, grand-
mère, ainsi que grand-chose, grand-maman, grand-
messe, grand-route, grand-rue, grand-tante, etc., ce
qui exclut l’'apostrophe.
«&H» DIT « ASPIRÉ »

En position initiale, un «h» d’hiatus qualifié


d’« aspiré » interdit toute liaison telle que «des
zaricots», ou encore «il est torjeu» et «un
nandicapé ». Parmi les cas n’autorisant pas la
liaison, citons : « chez /Hachette», «à
tout/hasard », «ils se sont/heurtés», «la
drapeau fut/hissé », «le steak est/haché», «la
mer était / houleuse », «les/harengs»,
« deux fhiboux », «il était/hors jeu»,
« les/Hongrois », «trois/Hollandais », «ils
étaient/harcelés »…
sf
L
HÔTE

Ce nom est ambivalent dans la mesure où il


désigne aussi bien celui qui reçoit que celui
qui est reçu. Il est important de souligner que
l'hôtesse est uniquement celle qui reçoit.
IGNORER

«Vous n'êtes pas sans manger» signifie


logiquement «vous mangez, sans quoi vous
mourriez de faim». De la même façon, «vous
n'êtes pas sans ignorer » revient à dire «vous
ignorez ». Les snobs seraient donc mieux
inspirés de dire «vous savez» ou, plus sophis-
_ tiqué, «vous n'êtes pas sans savoir ».

Le
IMPÉTRANT

Le verbe impétrer signifie «obtenir de l'autorité


compétente ». Il en résulte que l’impétrant est
celui qui obtient un titre, une charge, un
diplôme, lequel porte souvent la mention
«signature de l'impétrant ». Pour une raison
assez obscure, le nom impétrant, au demeurant
assez rare, est souvent employé à tort dans le
sens parfaitement usurpé de «candidat», de
«postulant ».
IMPORTANT

Cet adjectif abstrait est auréolé d’un tel prestige


que, très souvent, il est employé à tort dans le
sens de «grand », de «gros», de «volumineux ».
C’est ainsi qu'une grande cuisine deviendra une
cuisine «importante » et un épais livre un
ouvrage «important», bien que, en littérature,
l'importance d’un ouvrage ne soit pas nécessai-
rement proportionnelle à son épaisseur (voir
Conséquet).
INATTENTION

Étant inattentif, on peut commettre une faute


d’inattention, c'est-à-dire imputable à cette
dernière. Il est donc illogique et incorrect de
parler d’une «faute d'attention ». Tout ce que
l'on peut dire, c'est qu'une faute d'inattention est
commise faute d'attention, c’est-à-dire par
manque d'attention.
INFARCTUS

Un barbarisme trop fréquent transforme ce


nom en «infractus ». Or, le mot infarctus est
étymologiquement apparenté non au verbe
« fracturer », mais à farcir. Pourquoi ne pas
prononcer ce mot tel qu’il s'écrit?
INGAMBE

Dérivé de l'italien in gamba, signifiant «en


jambe», l'adjectif ingambe ne qualifie pas une
personne privée de l'usage de ses jambes, mais,
bien au contraire, qui a les jambes lestes : « Ce
vieillard est encore très ingambe. »
INITIER

Jusqu'’alors, le verbe initier était surtout employé


dans le sens bien précis de « mettre au
courant». Mais, sous l'influence de l'anglais to
initiate, ce verbe français s’est indûment
substitué à commencer, entamer (voir ces verbes).
INTERPELLER

S'écrivant avec deux «1», les deux verbes


homophones desseller et desceller ne se
prononcent pas comme déceler, qui ne
contient pas de consonne double. Il n’y a
donc aucune raison de prononcer interpeller
comme s'il s'écrivait «interpeler », à la façon
d'appeler, même si cette faute est de plus en
plus répandue.
INTERVENIR

Un événement peut arriver, se produire ou


survenir. Mais le préfixe de ce dernier verbe a
été, si l'on peut dire, «enrichi» d’une syllabe,
et l’on n'hésite plus à dire sans raison valable
qu'un accident est «intervenu», au lieu de
survenu.

v*
INTERVIEW

Tiré du nom français «entrevue», qui est du


genre féminin, le mot interview, emprunté à
l'anglais, est également du féminin : «Une
brève interview. »
JOUR

C'est peut-être sous l'influence de l'anglais the


day before que, trop souvent, la tournure inélé-
gante «le jour précédent» tend à remplacer la
veille, qui a l'avantage de la brièveté. Il en va de
même du «jour suivant», calque servile de
l'anglais the next day, auquel on préférera, pour
la même raison, le lendemain.

#
JOUR (A/AU)

Mettre « à jour» un livre de comptabilité


consiste à le mettre en règle. Cette opération
est une « mise à jour ».
Mettre «au jour » signifie sortir de terre un
objet qui y était enfoui. Il s’agit d’une « mise
au jour ».
JUNGLE

En français, les groupes «unc» et « ung» se


prononcent comme s'ils s’écrivaient respecti-
vement «onc» et «ong». Tel est, entre autres,
le cas des noms acupuncture et punch (la
boisson), lequel se prononce comme s'il
s'écrivait «ponche», rimant avec «bronche ».
C’est pourquoi le mot jungle se prononce
comme « (je) jongle ».
+
MAGNAT

Ce mot ne se prononce pas «nia», comme


dans «auvergnat», «bougnat» ou « magna-
nime», mais en dissociant le «g » du «nn»,
comme dans magnum, gnome, gnou.
MALENTENDANT

Depuis quelques années, cet adjectif a rem-


placé dur d'oreille, sans qu'on en voie
clairement la nécessité (voir Non-voyant).
MALGRÉ QUE

Cette locution conjonctive n'étant pas unani-


mement acceptée, mieux vaut la remplacer par
bien que ou quoique (en un seul mot).
MAPPEMONDE

Tout comme un planisphère, une mappemonde


est une carte plane; elle représente notre globe
non sous la forme d’un rectangle, mais sous
celle de deux cercles tangents à l'équateur. Il
en résulte que, en baptisant «mappemonde »
un globe terrestre, on commet un énorme
contresens.

Le

+
MARCHE / MARCHER

Oubliant qu'on ne marche ni sur les mains ni


sur la tête, trop d'étourdis parlent de «marche
à pied». Les historiens, lorsqu'ils évoquent la
Longue Marche de Mao Tsé-toung (1934-
1936), ne jugent pas utile de préciser : «à
pied » !
MATIN

Probablement sous l'influence de l'anglais the


next morning, on rencontre trop souvent la
formule «le matin suivant», alors que le français
correct exige « le lendemain matin» (voir Jour).
MEMOIRE

Ce mot, au sens littéraire de «souvenirs » (au


pluriel) ou au sens universitaire d'«exposé»,
est du genre masculin : «Cet écrivain, qui a
une excellente mémoire (au féminin). est
l'auteur de Mémoires très intéressants (au
masculin). »
MEURTRE / ASSASSINAT

Le nom meurtre s'impose quand son auteur l'a


commis volontairement, certes, mais sans
préméditation, ce qui le distingue de l'assassinat,
qui est un acte prémédité et, en principe, plus
sévèrement puni. Ces deux noms ne sont donc
ni synonymes ni interchangeables.
MILLION / MILLIARD

La prononciation «mi-yon» et «mi-yard» est


relâchée et incorrecte. Il faut dire respective-
ment « mi-lion » et «mi-liard ».
MŒURS

Il n’y a aucune raison de faire entendre le «s»


du pluriel, qui est aussi muet que dans
«sœurs ». Il en résulte que mœurs rime avec
«TUMeUrS ».
MONSIEUR

Contrairement à un usage trop répandu,


l'abréviation de Monsieur n'est pas Mr, qui est
. « 5
anglais, mais simplement M., un «M».
majuscule suivi d’un point.
MOULT

L’adverbe moult n'étant plus du tout utilisé, on


ne dit pas d’un élève qu'il est «moult attentif»
et «travaille moult», mais qu'il est très attentif
et travaille beaucoup. Inversement, le mot moult
est parfois employé facétieusement dans le sens
de maint ou beaucoup de, locution adjective à
distinguer de l’adverbe «beaucoup». Dans ce
cas, moult est donc un adjectif indéfini syno-
nyme maint et, comme ce dernier, s'accorde
logiquement avec le nom qu'il précède, d’où :
«maintes fois », « moultes fois ».
NAGUËÈRE

Comme son nom l'indique, cet adverbe


signifie «il n'y a guère», c'est-à-dire à une
époque relativement récente. Il s'oppose ainsi
à jadis, relatif à des temps nettement plus
anciens, tels que l'invasion de la Gaule par les
Romains.
NOMINÉ

Ne trouvant pas spontanément le mot


sélectionné ou nommé, l'actrice autrichienne
Romy Schneider qui, en 1979, participait à la
cérémonie des Césars francisa le nom anglais
nominee pour en faire « nominé », qui est un
barbarisme. Il n’en reste pas moins que cet
insolite « nominé » a fasciné une foule de
snobs, qui s’en sont goulûment emparés sans
même ef soupçonner l’origine.
NON-VOYANT

Ce néologisme fit son apparition en 1970 pour


remplacer par euphémisme l'adjectif aveugle,
sans doute jugé traumatisant. On se demande
pourquoi la cécité n’a pas été remplacée par la
«non-voyance ». Sur ce modèle, des esprits
malicieux ont par dérision forgé le mot «non-
comprenant », pour ne pas dire «crétin» (voir
Malentendant).
OASIS

Ce nom est du genre féminin : « Une oasis


saharienne. »
ON

Le pronom indéfini «on» tend à remplacer,


bien à tort, le pronom personnel sujet nous, ce
qui appauvrit considérablement le langage. La
phrase «on a abîmé notre voiture » est en effet
équivoque, puisqu'on peut supposer que ceux
qui la prononcent sont coupables des dégâts,
ou bien que ceux-ci ont été commis par
d’autres qu'eux.
OPPORTUNITÉ

Ce nom caractérise ce qui est opportun : «Je


doute de l'opportunité d’une telle démarche. »
C'est sous l'influence de l'anglais opportunity
que ce nom majestueux de cinq syllabes
est improprement employé dans le sens
d’« occasion ».
OPPROBRE

Un barbarisme assez fréquent consiste à


amputer ce nom de sa dernière consonne pour |
le transformer en «opprobe » sans doute sous
l'influence de l'adjectif probe.
OSCILLER

La forme conjuguée « (il) oscille » ne rime


nullement avec « faucille», ni « (il) vacille»,
mais avec « bacille » et « fossile ».
PARTIR EN/POUR

A l’image de l’anglais to leave for, on ne part


pas «en» Grèce, par exemple, mais pour la
Grèce. Inversement, on part en voyage, en
vacances, en guerre, etc.
PARTITION

Jadis, le verbe partir signifiait « partager »,


comme le prouve encore l'expression «avoir
maille à partir», signifiant partager une petite
pièce de monnaie. Le nom partition était donc
synonyme de partage, et il l’est resté en anglais,
mais non en français. Il ne faut donc pas parler
de la «partition » de la Pologne, de l'Irlande ou
de l’Inde, mais du partage, de la division, du
découpge ou du démembrement de ces pays.
Comme on le voit, les termes français ne
manquent pas.
cl
PAS ÉVIDENT

Si l’on vous montre un billet de cinq cents


francs fort bien imité en vous disant qu'il est
faux, vous pouvez toujours répondre que ce
n'est pas évident. Mais, depuis les années 80, on
constate avec étonnement que l'expression
«c’est pas évident », amputée de l’adverbe
«ne», est employée à tout propos et indûment
dans le sens de «ce n’est pas chose facile »…
PATIO

Dans ce terme emprunté à l'espagnol, le «t» ne


se prononce pas «ss», comme dans «nation»,
mais bien «t», comme dans «patin ».
PÉCUNIAIRE

Un barbarisme fréquent consiste à transformer


cet adjectif en «pécunier» au masculin, peut-
être sous l'influence d'un mot comme «ran-
cunier ». Or, il n’en est rien, car la seule forme
correcte est pécuniaire, à l’image d’autres
adjectifs masculins tels que fiduciaire ou
judiciaire.
PÉNITENCIER

Le nom pénitencier désigne un établissement


qualifié de pénitentiaire. On ne saurait donc
parler d'établissement « pénitencier», barba-
risme, comparable à « pécunier» (voir Pécu-
niaire).
PÉRIPÉTIE

Une péripétie étant un événement important,


on commet un contresens en baptisant
«simple péripétie» un épisode de peu
d'importance.
PERMETTRE

On commet une grosse faute en disant qu'une


femme s’est « permise » telle ou telle chose, en
accordant le participe passé au féminin.
Puisqu'elle n'a pas permis elle-même, mais à
elle-même, la seule forme logique et correcte
est : elle s’est permis, le participe passé restant
_ invariable (voir Promettre).

#
PIÉTON/ PIÉTONNIER

Le nom piéton peut être utilisé comme


adjectif : «un chemin piéton», «une rue
piétonne ». L’adjectif piétonnier, d’abord
qualifié de familier, ne fit son apparition qu'en
1967. Considérant qu'il ne brille pas par sa
légèreté, mieux vaut se contenter de l'adjectif
piéton.
PING-PONG

Le nom officiel de ce sport très répandu est


tennis de table. Il n’en reste pas moins que,
paradoxalement, les gens qui le pratiquent
sont appelés pongistes…
POLYGAME / POLYANDRE

Polygame est celui ou celle qui est marié


plusieurs fois. En réalité, la polygamie est le
plus souvent le fait des hommes, sauf au
Tibet. C’est pourquoi, pour désigner une
femme qui a plusieurs époux, on a jugé utile
de créer le mot polyandre.
PRÈS DE/PRÊT À

La locution prépositive près de est le contraire


de loin de : «Le combat n'est pas près de
s'achever.» On emploie prêt à dans le sens de
« disposé à », « décidé à » : « Ce coureur
cycliste est prêt à partir. »
PROBLÈME

Évoquant les mathématiques et la physique,


sciences ardues, le nom problème est auréolé
d’un grand prestige, qui explique son emploi
des plus fréquents. Finis les soucis, les tracas, les
ennuis, les difficultés, voire les douleurs! Tous ces
inconvénients sont devenus des « problèmes »
au point qu'un mal aux reins devient un
«problème au niveau des reins »…
PROLONGATION /PROLONGEMENT

Une prolongation est l’action de prolonger dans


le temps : « Un match de football donne
parfois lieu à des prolongations.» Un prolon-
gement est une extension en longueur, dans
l’espace : «Le prolongement de cette ligne de
métro a été bien accueilli. »
PROMETTRE

Ce verbe ne s'emploie que pour évoquer un


fait situé dans le futur : «Je te promets de
venir après-demain.» Il est donc incorrect de
dire : «Je te promets que je n'ai pas cassé ce
vase.» Dans ce cas il faut dire «je t’assure ».
On dira : «Elle s’est promis de mieux faire»,
sans accorder le participe passé au féminin
(voir Permettre).
PYRÉNÉES

Une faute d'orthographe assez courante


consiste à écrire ce nom avec deux «n». Pour-
tant, les Pyrénées, comme la Méditerranée, n'en
prennent qu'un.
QUAND /QUANT

Écrite avec un «d», la conjonction de subor-


dination quand a le sens de «lorsque ».
Écrite avec un «t», la locution prépositive
quant à signifie «à l'égard», «pour ce qui est
de», «en ce qui concerne » : « Quant à Marcel,
j'ignore quand il viendra. »
QUELQUE /QUEL QUE

Le mot quelque est invariable quand il a le sens


de «si» ou d’«environ» : «quelque puissants
qu'ils soient », « quelque trente papillons » que
l’on opposera à « quelques papillons », où l’on a
affaire à un adjectif indéfini, qui s'accorde avec
le nom qu'il précède.
Les formes quel(s) que et quelle(s) que précèdent
directement un verbe conjugué au subjonctif
ou un pronom personnel sujet : « Quel que soit
votre grade, j'attends une réponse, quelle qu'elle
SOL. »
QUOIQUE/QUOI QUE

Synonyme de «bien que» ou d’«encore que»,


exprimant une restriction, la conjonction de
subordination quoique s'écrit en un seul mot :
«Il est encore lucide, quoique très âgé. »
On écrit quoi que, en deux mots, dans le sens
de «quelle que soit la chose que » : « Quoi que
vous disiez, on ne vous croira pas. »
RABATTRE/REBATTRE

On peut rabattre le caquet d’un orgueilleux


pour qu'il cesse de nous rebattre les oreilles du
récit de ses exploits imaginaires. L'expression
«rabattre les oreilles » est donc un barbarisme.

=
RAJOUTER

Tout comme le verbe rentrer a indûment


supplanté entrer, le verbe rajouter se substitue
trop souvent à ajouter, sans aucune raison
valable. Ces verbes ne sont pourtant pas syno-
nymes, puisque l'ajout du «r» initial traduit
l'idée de répétition (voir Rentrer).
RAPPELER/SOUVENIR

On dit bien : «Je vous rappelle vos engage-


ments», et non «... de vos engagements». De
la même façon, on se rappelle quelque chose et
non « de » quelque chose. On ne dira donc pas :
«je m'en rappelle » ou «une histoire dont je me
rappelle », mais : «je me le (la, les) rappelle» et
«une histoire que je me rappelle ». On peut tou-
jours remplacer «se rappeler» par «se
souvenir » et dire : «je me souviens de cette
histoiré, «un fait dont je me souviens », «je
m'en souviens », toutes formes parfaitement
correctes.
RÉBELLION

Contrairement à l'adjectif rebelle, le nom


rébellion prend un accent aigu, qui doit donc se
prononcer.
RÉCUPÉRER

Doublet de recouvrer, le verbe récupérer signifie


«rentrer en possession de son bien ». On
commet donc un contresens en disant que des
cambrioleurs ont «récupéré» des bijoux dans
un appartement vide. En revanche, leur
victime aimerait bien récupérer son bien!
RÉMUNÉRER

La forme « rénumérer », influencée par le


verbe énumérer, est un barbarisme assez
répandu.
RENTRER

Le plus souvent, le verbe entrer est, bien à tort,


remplacé par rentrer qui, pourtant, n’en est
nullement le synonyme, car il est à entrer ce
que revenir est à venir. Il est absurde de dire
qu'un malfaiteur est «rentré» en prison quand
il n’y a encore jamais séjourné ! (voir Rajouter)
REPARTIE

Ce nom désignant une réponse vive et


spirituelle s'écrit sans accent aigu. Le nom
repartie est donc homophone et homographe
du participe passé féminin du verbe repartir
(«elle est repartie»), et non de «répartie», du
verbe répartir.
REPARTIR

Tout comme des coureurs cyclistes repartent


de Nancy et non «à» Nancy, on repart de zéro
et non « à » zéro.
RESSORTIR

Le verbe du troisième groupe ressortir,


signifiant «sortir de nouveau» ou «apparaître
nettement par un effet de contraste», « résul-
ter», se conjugue tout naturellement comme
sortir : « De ce témoignage, il ressortait que
l'accusé était bien coupable. »
Le verbe du deuxième groupe ressortir,
signifiant «être du ressort (de), de la
compétence (de), de la juridiction (de) », se
conjugue sur le modèle de finir : «Ces crimes
ressortissent à la cour d'assises. »
RÉTICENT

Étymologiquement associé au verbe taire (du


latin tacere), l'adjectif réticent qualifie celui qui
ne veut pas dire tout ce qu'il sait. C’est peut-
être parce que ses quatre premières lettres
sont celles de rétif que certains en ont fait
abusivement le synonyme de «récalcitrant »,
d’«hésitant ».

#
RÉVEIL

On écrit réveil, mais réveille-matin, ce dernier


mot contenant une forme conjuguée du verbe
réveiller.
ROMANCE

Toutes les fois que le nom anglais romance


désigne une idylle, une intrigue amoureuse,
une histoire sentimentale, il est absurde de le
rendre paresseusement en français par
«romance», mot qui, dans notre langue, repré-
sente un petit chant d'inspiration sentimentale,
autrement nommé ballade.

Le
ROUVRIR

Depuis quelques années, ce verbe tend de plus


en plus à être, bien à tort, remplacé par
«réouvrir », dont les deux premières syllabes
sont celles de réouverture, nom qui est sans
doute à l’origine de ce barbarisme envahissant.
SAVOIR GRÉ

Cette expression signifie « être reconnais-


sant » : «Je vous sais gré de votre approba-
tion.» Il est incorrect de remplacer savoir par
le verbe «être» en disant : «Je vous suis gré. »
Cette faute est fréquente au conditionnel, où
«je vous saurais gré» est indûment remplacé
par «je vous serais gré», qui lui ressemble
trompeusement.
LA
SECOND

Puisque le français dispose de deux adjectifs


synonymes distincts, pourquoi ne pas attribuer
à chacun un rôle différent ? Certains jugent
utile d'employer deuxième quand il y a un
troisième, et second quand la liste s'arrête là. En
opérant cette distinction, on dira que Marie-
Louise fut la seconde femme de Napoléon, qui se
maria deux fois, et qu'Anne Boleyn fut la
deuxième épouse du roi d'Angleterre Henri VII,
qui en eut six.
SISMIQUE

Le nom séisme désignant un tremblement de


terre, on commet un pléonasme en parlant
d’une «secousse sismique ». Pour l’éviter, on
dispose de : séisme, phénomène sismique, secousse
tellurique et tremblement de terre. Comme on le
voit, le choix ne manque pas pour qui veut
- S’exprimer correctement.

F
SILE

Pendant longtemps, un site a désigné un beau


paysage digne d’inspirer un peintre. Mais, sous
l'influence du nom anglais site, qui signifie
«lieu, endroit, emplacement, installation »,
voire «chantier », et que des spécialistes impro-
visés n’ont pas su traduire, on entend de plus
en plus parler, en français, de «site atomique,
stratégique ou industriel», et même, aujourd'hui,
de «site Internet», ce qui ne se justifie nullement.
SMASH

Nombreux sont ceux qui, croyant que ce mot


contient un «t», le prononcent «smatch»,
rimant avec catch. En réalité, le nom smash,
prononcé correctement, rime avec cash, qui
n'est pas «catch ».
Ÿ

SOI-DISANT

Cet adjectif, qui est invariable, ne peut


s'appliquer qu'à un être humain se disant tel :
un «soi-disant médecin » qui n’est qu'un
charlatan. On ne peut donc dire que celui qui
nie avoir tué est un «soi-disant assassin », mais
un «assassin présumé ou supposé ». Parlant d’une
chose, on ne saurait dire un «soi-disant chef-
d'œuvre » par exemple, mais un «prétendu chef-
d'œuvre ».
SOLUTIONNER

Ce verbe fait lourdement et inutilement


double emploi avec résoudre. On se demande
pourquoi ceux qui l'emploient ne remplacent
pas absoudre et dissoudre par «absolutionner »
et «dissolutionner ». L’argument selon lequel
résoudre est trop difficile à conjuguer ne tient
pas si l’on considère que son emploi à l'infinitif
et au participe passé ne pose aucun problème et
n imposgnullement lemploi de «solutionner »
et de «solutionné».
SOMPTUAIRE

Cet adjectif signifiant «relatif à la dépense »,


on commet un pléonasme en parlant de
« dépenses somptuaires ». Pour éviter tout
reproche, on préférera qualifier ces dépenses
d’excessives, d’exagérées ou de ruineuses, car la
langue française n'est pas si pauvre en voca-
bulaire.
STUPÉFAIT/STUPÉFIÉ

Le mot stupéfait est un adjectif qui exprime un


état : « Je suis stupéfait de tant d’insolence.» Il
n'est nullement le participe passé d’un hypo-
thétique verbe « stupéfaire », même si certains
dictionnaires ont récemment jugé intelligent
de l’accueillir.
Le mot stupéfié est le participe passé du verbe
Stupéfier qui, lui, a le mérite d'exister : «Sa
réussite Loue a stupéfiés », et non pas «stu-
péfaits ».
SE SUCCÉDER

Ce verbe ne se construit pas avec un complé-


ment d'objet direct; il reste donc invariable au
participe passé : « Des dizaines de rois se sont
succédé sur le trône de France. »
SUGGÉRER

La prononciation paresseuse «sujérer » est à


rejeter, car il faut faire entendre distinctement
les deux «g». «Il a suggéré» n'est donc pas
homophone de «il a su gérer». Quant au nom
suggestion, il ne faut pas le déformer en
«sujétion », et bien le prononcer «sug-jestion ».

#
SUPPORTER

Dans le domaine sportif, un supporter est celui


qui soutient une équipe ou un champion; on
ne saurait décemment l'appeler un «soute-
neur ».. Cela dit, si un jeune marié doit
parfois supporter sa belle-mère, il n’y a pas lieu
de dire qu'on «supporte» un club, car on le
soutient.
SWEATER

Ce nom emprunté à l'anglais est composé sur


le verbe to sweat («transpirer») qui se
prononce «swet», rimant avec « wet». Il est
donc absurde de le prononcer «sweeter », qui
signifie... « plus sucré ». Cette remarque
s'applique au sweat-shirt, qui n’est point un
« sweet-shirt » (sans doute une chemise
enduite de miel...).
LA
TARIFER

Ce verbe est à tarif ce qu'agrafer est à agrafe.


Point n’est besoin de le transformer en
«tarifier », fournissant une rime riche à
«scarifier ».
TÉNACITÉ

Contrairement à celle de l'adjectif tenace, la


première syllabe du nom ténacité prend un
accent aigu.
TENDRESSE/TENDRETÉ

On parle de la tendresse d'une mère, mais de la


tendreté d’une viande.
TIRER LES MARRONS DU FEU

Ceux qui emploient cette expression dans le


sens usurpé de «tirer profit» commettent une
grosse faute car le bénéficiaire est, en réalité,
celui qui croque les marrons qu'une main
secourable a ôtés du feu au risque de se brûler
les doigts... et qui n'en tire, justement, aucun
profit!
TOMBER EN QUENOUTITE

Bien loin de signifier « tomber en ruine », cette


expression a le sens de « tomber dans les
mains de femmes » héritant, par exemple,
d’une succession. On commet donc un contre-
sens en s’imaginant qu'elle veut dire «s’effi-
locher », «être réduit en charpie », au sens
figuré, ce qui est très désobligeant pour les
femmes.
TOUT DE SUITE

La locution adverbiale de suite signifie


« d'affilée», «successivement » : «Il n’est pas
raisonnable de rester au volant douze heures
de suite.» Il est incorrect de l’employer dans
le sens de tout de suite en disant, par exemple,
que « la concierge revient de suite ».

Le

ral
TRAFIC

Ce nom français ne prend qu'un «f», contrai-


rement à l'anglais traffic.
VALOIR MIEUX

Une erreur de plus en plus fréquente consiste à


dire «il faut mieux » au lieu d’«il vaut mieux ».
L'expression «il vaut mieux travailler » (ou
«mieux vaut travailler ») signifie qu'il est
préférable de travailler. De son côté, «il faut
mieux travailler » veut dire qu'il serait souhai-
table de fournir un travail d’une meilleure
qualité.
F.
« VÉCÉS »

L’abréviation de l'anglais water-closet n'est


autre que W.C. Si, en allemand, la lettre «w»
s'appelle «v», il n'en va pas de même en
français, où nous disons «double v». Dans
notre langue, il n'y a donc aucune raison de
prononcer «v» ce «w» d'origine anglaise, et
de dire « vécés ».
VENT ET MARÉE

Il n’y a pas si longtemps, on employait cette


expression au singulier pour comparer une
entreprise audacieuse à celle du marin qui
quitte le port contre le vent et la marée
défavorables. Étant donné qu'il n'y a jamais
qu'un vent dominant et qu'une marée, il n'y a
aucune raison logique de dire, au pluriel,
«contre vents et marées ».
L4
VÊTIR

A l'indicatif présent, ce verbe du troisième


groupe se conjugue ainsi : je vêts, tu vêts, il vêt,
nous véêtons, vous vêtez, ils vêtent. Ceux qui
préfèrent employer le verbe se vêtir plutôt que
s'habiller doivent savoir que, au présent,
quelqu'un se vêt mais ne se «vêtit» pas, et que
des gens se vêtent mais ne se « vêtissent» pas.
A l'imparfait, on ne se « vêtissait» pas, mais on se
vêtait, ils ne se « vêtissaient » pas, mais se vétaient.
En conclusion, mieux vaut, pour éviter tout
barbarisme, employer le verbe s'habiller, en toute
simplicité.
VISITE D'ÉTAT

Sans aucune raison valable, nos visites officielles


entre deux chefs d'État ont cédé la place à des
«visites d'État» sous l'influence de l'anglais
state visit, mal traduit.
VOIRE

Contrairement au verbe voir, cet adverbe s'écrit


avec un «e». Puisqu'il a peu à peu acquis le sens
de «même» ou de «et même », il n’est plus
indispensable de dire «voire même ». D'où :
« C’est une performance excellente, voire
exceptionnelle. »
VOIRIE

Le radical de ce nom ne contient pas le «e»


que l’on trouve dans soierie. Il ne faut donc pas
écrire « voierie ».
WALKIE-TALKIE

Pourquoi l'anglais walkie-talkie a-t-il été, en


français, transformé en talkie-walkie en inter-
vertissant les termes ? Mystère.
ZOO

Ce nom, abréviation de l'adjectif zoologique,


doit se prononcer «zo-o», en deux syllabes,
comme dans ce dernier mot.
Cet ouvrage composé
par Atlant Communication à Sainte-Cécile (Vendée)
a été achevé d'imprimer dans les ateliers de Brodard et Taupin
à La Flèche (Sarthe)
en juillet 2000 pour le compte des Presses du Châtelet

Imprimé en France
N° d'édition : 101 — N° d'impression : 3013
Dépot légal : août 2000
Jacques Capelovici a répertorié -
CENTS EUR ESS TNIENNNTSE
fréquentes
àl'oral comme àl'écrit.
Autant de pièges et dechausse-trapes
RASE ONE ;
pour mieux lesdéjouer.

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