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INTITULE DU COURS : Initiation à la versification française

Type : CM

Volume horaire : 20 H

UE de rattachement : NOTIONS DE POESIE

Niveau du cours: LICENCE I

Département : LM - COM

Nom de l’enseignant : ADAMOU KOUAKOU DONGO DAVID


Grade : Maître de Conférences

Contact téléphonique : 57113816

Email : adamoukouakoudd@gmail.com
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Plan du cours

API (Alphabet phonétique international)


I – Compter les syllabes

I1 – La structure de la syllabe

I2 - Le noyau vocalique

I3 - Le Compte des syllabes.


1°) La voyelle féminine « e »

2°) Voyelle numéraire et voyelle surnuméraire

- La notion de voyelle surnuméraire


- Voyelle surnuméraire et voyelle apocopée
- Le « e » muet à l’intérieur du vers
- Diérèses et Synérèses

II - La rime

II1 - Forme et qualité des rimes

1°) Rimes pauvres

2°) Rimes suffisantes

3°) Rimes riches

4°) Rime plurielle et rime singulière

II2 - Les différentes dispositions des rimes.

1°) Les Rimes Plates

2°) Les rimes croisées

3°) Les rimes embrassées.

4°) Les Rimes Libres

III – Le rythme

1°) Le hiatus :
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2°) L'enjambement

3°) Le rejet :

III - Les différents types de vers.

1°) Six mètres (Hexamètre)

2°) Huit mètres (Octosyllabe)

3°) Dix mètres (Décasyllabe Ou Décamètre)

4°)Douze mètres (Tétramètre Ou Alexandrin)

5°) Vers Libres

IV - Les différents types de strophes.

1°) La strophe de deux vers ou distiques.

2°) La strophe de trois vers ou tercet.

3°) La strophe de quatre vers ou quatrain.

4°) La strophe de cinq vers ou quintil.

5°) La strophe de six vers (Sixain)

6°) La strophe de sept vers (septain)

7°) La strophe de huit vers (huitain)

8°) La strophe de dix vers ou (dizain)

9°) La strophe de douze vers (douzain)

Bibliographie
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L'Alphabet Phonétique International (API)

L'alphabet phonétique international (A.P.I.) est un code utilisé par la plupart des dictionnaires dans
différentes langues : français, néerlandais, anglais, espagnol... pour représenter graphiquement la
prononciation des mots.

Après chaque mot, l'indication donnée entre les parenthèses donne la façon dont le son est
prononcé
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I – Compter les syllabes

I1 – La structure de la syllabe

Lorsque nous parlons, nous produisons une suite de sons, que nous avons appris à analyser
en unités minimales. Ces unités minimales de son sont traditionnellement appelées des phonèmes.
Ces éléments, qui correspondent grosso modo aux consonnes et aux voyelles, ne peuvent être
divisés en unités plus petites : on ne peut articuler moins que [b] ou moins que [i]. Dans la chaîne
parlée, nous ne percevons pas seulement des consonnes et des voyelles, mais aussi des unités de
rang supérieur, qui réunissent les phonèmes en petites structures appelées syllabes. Vous êtes tous
capables, par exemple, de dire que « mâchicoulis » compte quatre syllabes, que « asticot » peut se
découper en syllabes de deux manières différentes, « as-ticot » ou bien « a-sti-cot », et que « sldipt
» n’est pas une syllabe acceptable en français.

I2 - Le noyau vocalique

La syllabe est construite autour d’un noyau syllabique qui, en français, est toujours une
voyelle, exception faite de quelques réalisations ponctuelles comme « kss », prononcé [ks],
employé pour exciter un chien, ou un « ch » prolongé, noté [J], produit afin d’obtenir le silence.
Dans le cas de [ks], le noyau est constitué de la consonne fricative [s] ; dans le cas de [j], de
l’unique consonne fricative [J].

Toutefois, ces réalisations étant exceptionnelles en français, et encore plus dans la poésie
littéraire écrite, nous retiendrons seulement qu’un noyau syllabique est vocalique. L’unique syllabe
des mots « à », « et », « est », « où », « hein », « an », etc., n’est constituée que de ce seul noyau
vocalique, et forme une syllabe minimale : il faut au moins un noyau vocalique pour faire une
syllabe, et sans ce noyau vocalique, il n’y a pas, en français, perception d’une syllabe. Il ne peut
pas y avoir de syllabe sans une voyelle. Une consomme, ou une suite de consonnes ne peut faire
une syllabe. En revanche, une voyelle peut à elle seule constituer une syllabe.
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I3 - Le Compte des syllabes.

Un vers (ou mètre) commence toujours par une majuscule et finit par une rime. La
versification Française est syllabique. Cela signifie qu'elle est fondée sur le nombre des syllabes.

Exemples:

"Seuls, les grands blés mûris, tels qu'une mer dorée"


Métrique 1 1 1 1 2 1 2 1 2

"Effacent lentement la marque des baisers"


Métrique 3 3 1 2 1 2

"Jeté par l'ouragan dans l'éther sans oiseau"


Métrique 2 1 3 1 2 1 2

Comme on peut le voir, il n'y a pas de distinction entre les syllabes longues et brèves comme en
grecs ou en latins ou entre les syllabes accentuées ou atones comme dans les langues anglo-
saxonnes

1°) La voyelle féminine « e »

« e » est la seule voyelle féminine. On la dénomme traditionnellement « e » muet, et ne porte


jamais l’accent en français. Ce son, apparaît à la fin de mots comme « table », « visible », «
écoute », etc., en supposant que le « e » y serait prononcé à cause d’un conditionnement
particulier, par exemple dans des enchaînements tels que « table d’hôte », « visible de loin » et «
il n’écoute rien ». En effet - et c’est une autre caractéristique de cette voyelle — sa réalisation
phonétique n’est pas toujours effective, loin de là. Non seulement elle tend à être effacée à la fin
d’un mot, où l’on entendra plus souvent [tabl] que [tablƏ], [vizibl] que [viziblƏ], etc., mais aussi
à l’intérieur d’un mot : « parlera » se prononcera souvent «parl’ra » /[paRIRa], « pâtisserie » «
pâtiss’rie » / [patisRi], etc.

Cette voyelle féminine « e », prononcée [Ə] dans l’Alphabet Phonétique International (API), est
aussi appelée « e muet » ou « e caduc ».

Cette voyelle est dite féminine, par opposition à toutes les autres voyelles, dites masculines.
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Dans le compte des syllabes, quoiqu’étant une voyelle devant constituer un noyau
vocalique, le « e » ne détermine pas toujours une syllabe, au contraire des autres voyelles, dites
masculines qui ne font pas d’exception.

2°) Voyelle numéraire et voyelle surnuméraire

Il faut maintenant établir une distinction entre les noyaux vocaliques qui comptent pour établir
la longueur du vers, et ceux qui ne comptent pas pour la détermination de la longueur du vers.

- La notion de voyelle surnuméraire

Dans le vers de Baudelaire cité ci-dessus, toutes les voyelles féminines ne contribuent pas à
établir la longueur syllabique. En effet, si nous dénombrons les noyaux vocaliques, nous en
trouvons treize :

Fourmillante cité, cité pleine de rêves

4 2 2 2 1 2 = 13

Or, il s’agit d’un vers extrait d’un poème composé en alexandrins, c’est-à-dire un vers dont la
longueur syllabique est normalement de douze syllabes. Cette « erreur » est simplement due au
fait que nous n’appliquons pas une règle très simple, qui pose que toute voyelle qui suit la
dernière voyelle accentuée d’un vers est surnuméraire.

« Surnuméraire » signifie très exactement « en dehors du nombre ». Toute voyelle qui


suit la dernière voyelle accentuée est donc considérée comme échappant au comptage des
syllabes, comme ne pouvant pas être prise en compte pour établir la longueur syllabique du vers.

Dans l’alexandrin qui nous intéresse ici, la dernière voyelle accentuée est le [s] de «
rêves ». Le « e » qui suit est surnuméraire et n’a pas à être retenu comme une voyelle susceptible
de contribuer à la perception métrique de la séquence. Nous comptons ainsi seulement douze
syllabes pour ce vers, en nous arrêtant à la dernière voyelle accentuée :

Fourmillante cité, cité pleine de rêves

4 2 2 2 1 1 (et non 2) = 12

Autre exemple

"Nous savons que le mur de la prison recule"


1 2 1 1 1 1 1 2 2 (et non 3)

- Voyelle surnuméraire et voyelle apocopée


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Dire que le « e » de « rêves » est surnuméraire ne signifie pas qu’il est supprimé ou, comme
on le dit parfois, qu’il est apocopé. Le phénomène de l’apocope du « e » est un phénomène
d’effacement de la voyelle. Par exemple, lorsque je prononce un mot tel que « lave-linge » sous
la forme « lav’-linge », le « e » final de « lave » disparaît, et je peux désigner cette disparition
par le terme d’apocope. Mais cela ne s’applique en aucun cas à la fin de vers : dire qu’une
voyelle est surnuméraire n’a rien à voir avec son éventuelle apocope. Une voyelle est
surnuméraire du fait même d’être placée après le dernier accent tonique dans le vers, mais le fait
que le « e » soit en dehors du vers pour ce qui est du comptage des syllabes n’interdit nullement
de le prononcer.

Quelle que soit la prononciation choisie, le « e » de « rêves » dans « Fourmillante cité,


cité pleine de rêves » sera toujours surnuméraire, c’est-à-dire qu’il échappera toujours au
comptage syllabique, que l’on dise « Fourmillante cité, cité pleine de rêves », avec un « e »
clairement prononcé, ou « Fourmillante cité, cité pleine de rêv’s », sans « e ».

- Le « e » muet à l’intérieur du vers

Le « e » muet s'élide (liaison) devant un mot commençant par une voyelle ou un h


muet.

Exemples:

"Et / sa / bru/me et/ ses/ toits/ sont/ bien/ loin/ de / mes/ yeux "
Métrique 1 1 1+ 1 1 1 1 1 1 1 1 1

"Moi/, l'au/tre hi/ver/, plus/ sourd / que/ les/ cer/veaux/ d'en/fants"


Métrique 1 1+ 2 1 1 1 1 2 2

"Plus hideux, plus féroce, ou plus désespéré"


Métrique 1 2 1 2+ 1 1 4

- Diérèses et Synérèses

Quand plusieurs voyelles se suivent dans un mot, il faut savoir combien elles forment de
syllabes, car la diction du poème en dépend.

Diérèses
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Il y a diérèse quand deux voyelles contiguës se prononcent en deux syllabes et


comptent pour 2 mètres (syllabes).

Exemples

"Dans leur a/scen/si/on n'aime que l'escalade,"


Métrique : 1 1 1 1 1* 1 2 1 3

(ascension pourrait compter pour 3 mètres mais pour respecter la métrique le


lecteur doit ici prononcer: A+scen+ti+on)

"A quelque évasion que l'air pur nous invite,"


Métrique : 1 1 4* 1 1 1 1 2
(4*: é+va+si+on)

"Que la création est une grande roue"


Métrique : 1 1 4* 1 2 2 1
(4*:cré+a+ti+on)

"O l'Oméga, rayon violet de Ses Yeux!"


Métrique : 1 3 2 3* 1 1 1*

(3*:vi+o+let 1*:Yeux. "violet" peut aussi compter pour deux mètres(synérèses)


alors il faudrait faire la Diérèses pour "yeux" y+eux. Dans ce cas particulier
les deux choix sont possible au cour de la lecture)

synérèses

Il y a synérèse quand deux voyelles contiguës se prononcent en une seule syllabe


et comptent pour 1 mètre.

"Et sa brume et ses toits sont bien loin de mes yeux"


Métrique: 1 1 1 1 1 1 1 1* 1* 1 1 1*

("Bien", "loin", et "yeux" pourrait chacun compter pour deux mètres ce qui
conduirait le lecteur à prononcer ces mots comme tel: Bi+ien, Lo+in et Y+eux
Dans le cas ci-dessus la métrique ne le permet pas car le vers aurait alors
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quinze mètres au lieu de douze)

"Je viens à vous, Seigneur, père auquel il faut croire;"


Métrique : 1 1* 1 1 2 1 2 1 1 1

(1*: Vien au lieu de Vi+en)

"Bon, clément, indulgent et doux, ô Dieu vivant!"


Métrique : 1 2 3 1 1 1 1* 2
(1*: Dieu au lieu de Di+eu)

II - Le rime

Née pour aider à compter les syllabes des anciens chants liturgiques, la rime est devenue le
constituant peut-être le plus évident du vers français. Elle se fonde sur le retour d’une
homophonie (identité sonore) en fin de vers. La rime est le retour en fin de vers métrique
d'une homophonie portant au moins sur la dernière voyelle prononcée (éventuellement sur
les phonèmes qui précèdent ainsi que la ou les consonnes qui suivent).

Feu/ Peu

Peau/ Drapeau

Vital/ Cristal

II1 - Forme et qualité des rimes

Il y a sept types de rimes : pauvres, suffisantes, riches, plurielles, singulières, féminines,


masculines.

1°) Rimes pauvres

On parlera de rimes pauvres si l'homophonie porte sur un seul phonème (vocalique).

Rimes pauvres: un phonème


genoux/roux, joie/flamboie, présent/frémissant, sceau/oiseau

2°) Rimes suffisantes


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On parlera de rime suffisante si elle porte sur deux phonèmes,: deux phonèmes
défend/enfant, colombe/tombe, tour/amour, crânes/diaphanes

3°) Rimes riches

On parlera de de rime riche si elle porte sur trois phonèmes et plus


mandragore/fulgore, contemple/temple, cendre/descendre, universelle/ruisselle

4°) Rime plurielle et rime singulière

Une rime est plurielle quand elle se termine par s,x,z. Une rime est singulière
dans le cas contraire.

Exemple:

Ce toit tranquille, où marchent des colombes, (*plurielle avec s)


Métrique : 1 1 2 Ces. 1 2 1 2

Entre les pins palpite, entre les tombes; (*plurielle avec s)


Métrique : 2 1 1 Ces. 2 2 1 1

Midi le juste y compose de feux (*plurielle avec x)


Métrique : 2 1 1 Ces. 1 3 1 1

La mer, la mer, toujours recommencée


Métrique : 1 1 1 1 Ces. 2 4

O récompense après une pensée


Métrique : 1 3 Ces. 2 2 2

Qu'un long regard sur le calme des dieux! (*plurielle avec x)


Métrique : 1 1 2 Ces. 1 1 2 1 1

Autre Exemple:

Un seul s'est réveillé de ce funèbre somme,


Métrique : 1 1 1 3 Ces. 1 1 3 1

Les deux autres... O vous, qu'un plus digne vous nomme,


Métrique : 1 1 2 1 1 Ces. 1 1 2 1 1

Qu'un plus proche de vous dise qui vous étiez! (*plurielle avec z)
Métrique : 1 1 2 1 1 Ces. 2 1 1 2
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Moi, je salue en vous le genre humain qui monte,


Métrique : 1 1 2 1 1 Ces. 1 1 2 1 1

Indomptable vaincu des cimes qu'il affronte,


Métrique : 4 2 Ces. 1 2 1 2

Roi d'un astre, et pourtant jaloux des cieux entiers! (*plurielle avec s)
Métrique : 1 1 1 1 2 Ces. 2 1 1 2

(Notez Que cette dernière rime plurielle en s: "entiers" rime avec une autre rime
plurielle en z: "étiez")

La règle générale qui détermine une rime féminine est la suivante: "Une rime est
féminine quand la dernière syllabe accentuée du dernier mot du vers est suivie
d'une syllabe comportant un e caduc ou quand cette syllabe contient elle-même un
e caduc."

Il résulte de cette règle que:


- toutes les rimes singulières qui se terminent par un e sans accent sont
féminines.

Exemples:

"Temple du Temps, qu'un seul soupir résume,


Métrique : 2 1 1 Ces. 1 1 2 2 (Féminine)

"À ce point pur je monte et m'accoutume,


Métrique: 1 1 1 1 Ces. 1 1 1 3 (Féminine)

"Tout entouré de mon regard marin;


Métrique : 1 3 Ces. 1 1 2 2 (Masculine)

"Et comme aux dieux mon offrande suprême,


Métrique : 1 1 1 1 Ces. 1 3 2 (Féminine)

La scintillation sereine sème


Métrique : 1 5 Ces. 3 1 (Féminine)
(notez l'impression produit par la césure à 6/4 au lieu de 4/6 dans le reste de
la strophe)

"Sur l'altitude un dédain souverain. (Masculine)


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Métrique : 1 3 Ces. 1 2 3

- Les rimes qui se terminent en "ent" quand le « e » est prononcé sont aussi
féminine. Ainsi "rendent" et "défendent" sont des rimes féminines.

Exemples:

Les cris aigus des filles chatouillées,


Métrique : 1 1 2 Ces. 1 2 3 (Féminine)

Les yeux, les dents, les paupières mouillées,


Métrique : 1 1 1 1 Ces. 1 3 2 (Féminine)

Le sein charmant qui joue avec le feu,


Métrique : 1 1 2 Ces. 1 1 2 1 1 (Masculine)

Le sang qui brille aux lèvres qui se rendent,


Métrique : 1 1 1 1 Ces. 1 2 1 1 1 (*Féminine)

Les derniers dons, les doigts qui les défendent,


Métrique : 1 2 1 Ces. 1 1 1 1 2 (*Féminine)

Tout va sous terre et rentre dans le jeu!


Métrique : 1 1 1 1 Ces. 1 2 1 1 1 (Masculine)

Cependant "mouvement" et "changement" sont des rimes masculines car le e n'est pas prononcé
mais participe à former une autre rime qui est, elle, masculine:
"an".

Une autre conséquence est que ces deux types de rimes les unes masculines tel que "mouvement"
et l'autre Féminine tel que "défendent" ne riment pas entre elles ce qui est consistant avec la
phonétique mais pas avec l'orthographe.

Exemples:

Les morts cachés sont bien dans cette terre (Féminine)


Métrique : 1 1 2 Ces. 1 1 1 2 1

Qui les réchauffe et sèche leur mystère. (Féminine)


Métrique : 1 1 2 Ces. 1 2 1 2

Midi là-haut, Midi sans mouvement (*Masculine)


Métrique : 2 1 1 Ces. 2 1 3

En soi se pense et convient à soi-même (Féminine)


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Métrique : 1 1 1 1 Ces. 1 2 1 1 1

Tête complète et parfait diadème, (Féminine)


Métrique : 2 2 Ces. 1 2 3

Je suis en toi le secret changement. (*Masculine)


Métrique : 1 1 1 1 Ces. 1 2 3

- Les rimes plurielles sont féminines quand l'avant dernière lettre (avant celle qui marque le
plurielle (x,s,z) est un e sans accent, que cet e soit prononcé ou non.

Exemples:

Tu n'as que moi pour contenir tes craintes! *Féminine plurielle)


Métrique : 1 1 1 1 Ces. 1 3 1 1

Mes repentirs, mes doutes, mes contraintes (*Féminine plurielle)


Métrique : 1 3 Ces. 1 2 1 2

Sont le défaut de ton grand diamant! . . . (Masculine singulière)


Métrique : 1 1 2 Ces. 1 1 1 3

Mais dans leur nuit toute lourde de marbres, (*Féminine plurielle)


Métrique : 1 1 1 1 Ces. 2 2 1 1

Un peuple vague aux racines des arbres (*Féminine plurielle)


Métrique : 1 2 1 Ces. 1 3 1 1

A pris déjà ton parti lentement. (Masculine singulière)


Métrique : 1 1 2 Ces. 1 2 3

II2 - Les différentes dispositions des rimes.

1°) Les rimes plates

Les rimes sont dites plates lorsqu'elles alternent deux par deux.

Exemple:

Trois s'arrêtent, et moi, cherchant ce qu'ils voyaient, A


J'aperçois tout à coup deux yeux qui flamboyaient, A

Et je vois au-delà quatre formes légères B


Qui dansaient sous la lune au milieu des bruyères, B
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Comme font chaque jour, à grand bruit sous nos yeux, C


Quand le maître revient, les lévriers joyeux. C

2°) Les rimes croisées

Les rimes sont dites croisées quand elles alternent une à une.

Exemple:

Seuls, les grands blés mûris, tels qu' une mer dorée, A
Se déroulent au loin dédaigneux du sommeil: B
Pacifiques enfants de la terre sacrée, A
Ils épuisent sans peur la coupe du soleil. B

3°) Les rimes embrassées.

Les rimes sont dites embrassées lorsqu'un couple de rimes de même type précédent
et sont précédés par deux rime d'un autre type.

Exemple:

Ayant poussé la porte étroite qui chancelle, A


Je me suis promené dans le petit jardin B
Qu'éclairait doucement le soleil du matin, B
Pailletant chaque fleur d'une humide étincelle A

Autre exemple:

Pères profonds, têtes inhabitées, A


Qui sous le poids de tant de pelletées, A
Êtes la terre et confondez nos pas, B
Le vrai rongeur, le ver irréfutable C
N'est point pour vous qui dormez sous la table, C
Il vit de vie, il ne me quitte pas! B
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4°) Les rimes libres

Les rimes sont dites libres ou mêlées lorsque leur successions sont libres bien que respectant la
règle de l'alternance des rimes féminines et masculines.

Exemple:

Je ne sais pourquoi A
Mon esprit amer B
D'une aile inquiète et folle, vole sur la mer, B
Tout ce qui m'est cher, B
D'une aile d'effroi A
Mon amour le couve au ras des flots. Pourquoi, pourquoi ? A
Mouette à l'essor mélancolique. C
Elle suit la vague, ma pensée, D
A tous les vents du ciel balancée D
Et biaisant quand la marée oblique, C
Mouette à l'essor mélancolique. C
Ivre de soleil E
Et de liberté, D

On voit que dans l'exemple ci-dessus des vers de métriques différentes sont
mêlés comme dans les fables de Lafontaine.

III – Le rythme

On parle de rythme ici pour évoquer les différents éléments qui rentrent en ligne de compte dans
la déclamation du vers. Il s’agit de l’hiatus, de la césure, de l’enjambement, du rejet.

1°) L’hiatus :

Il se produit un hiatus quand deux voyelles, l'une finale, l'autre initiale se rencontrent. Ceci est
surtout mal venu lorsqu'une voyelle rencontre une même voyelle :

Il se réveilla à l'aube.

J'ai évité la pluie.

Quand un mot commence par un h aspiré, il n'y a pas de hiatus.

Il me passa sa hache.

Finalement, il faudrait éviter le hiatus qui choque l'oreille à la diction.


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2°) L'enjambement

Une partie du vers suivant, comptant quelques mots, est contenue dans le vers précédent :

Et de longs corbillards, sans tambours ni musique,

Défilent lentement dans mon âme ; l'espoir,

Vaincu, pleure, et l'angoisse atroce, despotique,

Sur mon crâne incliné plante son drapeau noir.

Charles Baudelaire, Spleen

3°) Le rejet :

Une partie du vers précédent (quelques mots) est contenue dans le vers suivant.

Le spectacle fini. la charmante inconnue

Se leva; le cou blanc, l'épaule demi-nue

Se voilèrent; la main rentra dans le manchon.

Et, lorsque je la vis au seuil de sa maison

S'enfuir, je m'aperçus que je l'avais suivie.

Alfred de Musset

Le rejet ou l'enjambement permettent de mettre en valeur les mots les plus expressifs, les
actions, les impressions importantes.

III - Les différents types de vers.

Les vers sont classés en catégories d'après leurs métriques. Les vers les plus employés par les
poètes jusqu'à la révolution romantique ont été les vers pairs de mesure 6 (Hexasyllabe ou
Hexamétre), 8 (Octosyllabe), 10 (Décamètre) et 12 (tétramètre ou Alexandrin)
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1°) Six mètres (Hexamètre)

Exemple:

Dieu! La voix sépulcrale


Métrique : 1 1 1 3 (3/3)

Des Djinns!... - Quel bruit ils font !


Métrique : 1 1 1 1 1 1

Fuyons sous la spirale


Métrique : 2 1 1 2

De l'escalier profond!
Métrique : 1 3 2

Déjà s'éteint ma lampe,


Métrique : 2 2 1 1

Et l'ombre de la rampe..
Métrique : 1 2 1 1 1

Qui le long du mur rampe,


Métrique : 1 1 1 1 1 1

Monte jusqu'au plafond.


Métrique : 2 1 1 2

2°) Huit mètres (Octosyllabe)

Exemple:

Moi, le triste instinct m'y ramène :


Métrique : 1 1 1 2 1 2

Rien n'a changé là que le temps;


Métrique : 1 1 2 1 1 1 1

Des lieux où notre œil se promène,


Métrique : 1 1 1 1 1 1 2

Rien n'a fui que les habitants.


Métrique : 1 1 1 1 1 3

Notez que la position de la césure est très variable dans les vers de huit syllabes et moins, car la
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césure est alors plus difficile à contrôler. Ceci a pourtant l'avantage de forcer le bris de la
monotonie.

3°) Dix mètres (Décasyllabe Ou Décamètre)


Il y a deux types majeurs de Décamètre. L'un a une césure à 5/5 et donne un rythme de chansons:

J'ai dit à mon cœur, à mon faible cœur:


Métrique : 1 1 1 1 1 Ces. 1 1 2 1 (5/5)

N'est-ce point assez d'aimer sa maîtresse?


Métrique : 1 1 1 2 Ces. 2 1 2 (5/5)

Et ne vois-tu pas que changer sans cesse,


Métrique : 1 1 1 1 1 Ces. 1 2 1 1 (5/5)

C'est perdre en désirs le temps du bonheur?


Métrique : 1 1 1 2 Ces. 1 1 1 2 (5/5)

Quant à l'autre qui possède une césure à 4/6, l'un des exemples le plus connu est donné par Paul
Valéry dans le cimetière marin:

Quel pur travail de fins éclairs consume


Métrique : 1 1 2 Ces. 1 1 2 2 (4/6)

Maint diamant d'imperceptible écume,


Métrique : 1 3 Ces. 4 2 (4/6)

Et quelle paix semble se concevoir!


Métrique : 1 2 1 Ces. 2 1 3 (4/6)

Quand sur l'abîme un soleil se repose,


Métrique : 1 1 2 Ces. 1 2 1 2 (4/6)

Ouvrages purs d'une éternelle cause,


Métrique : 3 1 Ces. 1 4 1 (4/6)

Le temps scintille et le songe est savoir.


Métrique : 1 1 2 Ces. 1 1 1 1 2 (4/6)
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4°)Douze mètres (Tétramètre Ou Alexandrin)

C'est de loin le vers le plus commun en Poésie Française.

Exemple:

Tout est vide et muet. Rien qui nage ou qui flotte,


Métrique : 1 1 1 1 2 Ces. 1 1 1 1 1 1 (6/6)

Qui soit vivant ou mort, qu'il puisse entendre ou voir.


Métrique : 1 1 2 1 1 Ces. 1 1 2 1 1(6/6)

Il reste inerte, aveugle, et son grêle pilote (6/6)


Métrique : 1 1 2 2 Ces. 1 1 2 2

Se pose pour dormir sur son aileron noir.


Métrique : 1 2 1 2 Ces. 1 1 3 1 (6/6)

Les Vers impairs ont commencés à être utilisés d'une manière significative au 19ème siècle par
Lamartine.

En voici un exemple ou il y a utilisation de vers de sept syllabes:

C'est alors que ma paupière


Métrique : 1 2 1 1 2

Vous vit pâlir et mourir,


Métrique : 1 1 2 1 2

Tendres fruits qu'à la lumière


Métrique : 2 1 1 1 2

Dieu n'a pas laissé mûrir !


Métrique : 1 1 1 2 2

Quoique jeune sur la terre,


Métrique : 2 2 1 1 1

Je suis déjà solitaire


Métrique : 1 1 2 3

Parmi ceux de ma saison,


Métrique : 2 1 1 1 2
22

Et quand je dis en moi-même :


Métrique : 1 1 1 1 1 2

Où sont ceux que ton cœur aime ?


Métrique : 1 1 1 1 1 1 1

Je regarde le gazon.
Métrique : 1 3 1 2

D'une manière générale, tous les types de mesures ont été utilisés depuis le vers
à un mètre ou Monosyllabe

Deux syllabes : Dissyllabe

Trois syllabes : Trisyllabe

Quatre syllabes : Tétrasyllabe

Cinq syllabes : Pentamètre ou pentasyllabe.

Vers de neuf syllabes : Ennéasyllabe

Onze syllabes : Hendécasyllabe

5°) Vers libres

En poésie classique les vers sont dit libres quant différents types de vers sont mélangés, tant que
l'alternance des rimes féminines et masculines est respectée et que chaque vers obéit à ses
propres lois.

Exemple :

Une Mouche survient, et des chevaux s'approche;


Métrique : 2 2 2 Ces. 1 1 2 2 (6/6)

Prétend les animer par son bourdonnement;


Métrique : 2 1 3 Ces. 1 1 4 (6/6)

Pique l'un, pique l'autre, et pense à tout moment


Métrique : 2 1 2 1 Ces. 1 1 1 1 2 (6/6)

Qu'elle fait aller la machine,


Métrique : 2 1 Ces. 2 1 2 (3/5)
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S'assied sur le timon, sur le nez du Cocher;


Métrique : 2 1 1 2 Ces. 1 1 1 1 2 (6/6)

Aussitôt que le char chemine,


Métrique : 3 1 Ces. 1 1 2 (4/4)

Et qu'elle voit les gens marcher,


Métrique : 1 2 1 Ces. 1 1 2 (4/4)

Elle s'en attribue uniquement la gloire;


Métrique : 2 1 3 Ces. 4 1 1 (6/6)

Note: On a parfois appelé "vers libres modernes" des successions de phrases


n'obéissant à aucune règle. Dans ce cas il n'y a vraiment aucune distinction
logique avec la prose et l'on ne peut plus parler de versification.

IV - Les différents types de strophes.

Les poèmes sont divisés en groupes de vers indépendants appelés strophes ou stances.

1°) La strophe de deux vers ou distique.

Exemple:
La chair est triste, hélas ! et j'ai lu tous les livres.
Fuir ! là-bas fuir ! Je sens que des oiseaux sont ivres

D'être parmi l'écume inconnue et les cieux !


Rien, ni les vieux jardins reflétés par les yeux

Ne retiendra ce cœur qui dans la mer se trempe


Ô nuits ! ni la clarté déserte de ma lampe

Sur le vide papier que la blancheur défend


Et ni la jeune femme allaitant son enfant.

Je partirai ! Steamer balançant ta mâture,


Lève l'ancre pour une exotique nature !

2°) La strophe de trois vers ou tercet.

Exemple:
Cycles, vivement divins des mers viriles,
Paix des pâtis semés d'animaux, paix des rides
Que l'alchimie imprime aux grands fronts studieux;
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3°) La strophe de quatre vers ou quatrain.

Exemple:
Midi, roi des étés, éperdu sur la plaine,
Tombe en nappes d' argent des hauteurs du ciel bleu.
Tout se tait. L' air flamboie et brûle sans haleine:
La terre est assoupie en sa robe de feu.

4°) La strophe de cinq vers ou quintil.

Exemple:
Doux fantômes ! c'est là, quand je rêve dans l'ombre,
Qu'ils viennent tour à tour m'entendre et me parler.
Un jour douteux me montre et me cache leur nombre.
A travers les rameaux et le feuillage sombre
Je vois leurs yeux étinceler.

5°) La strophe de six vers (Sixain)

Exemple:
Ô famille ! ô mystère ! ô cour de la nature !
Où l'amour dilaté dans toute créature
Se resserre en foyer pour couver des berceaux,
Goutte de sang puisée à l'artère du monde
Qui court de cour en cour toujours chaude et féconde,
Et qui se ramifie en éternels ruisseaux !

6°) La strophe de sept vers (septain)

Exemple:
Si ton cœur, gémissant du poids de notre vie,
Se traîne et se débat comme un aigle blessé,
Portant comme le mien, sur son aile asservie,
Tout un monde fatal, écrasant et glacé ;
S'il ne bat qu'en saignant par sa plaie immortelle,
S'il ne voit plus l'amour, son étoile fidèle,
Eclairer pour lui seul l'horizon effacé;
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7°) La strophe de huit vers (huitain)

Exemple:
Consumés de désirs, dactyles et curètes,
Les cabires velus délaissent leurs marteaux
Et l'âtre où nuit et jour ruissellent les métaux
Au fond des cavités secrètes.
Haletants, du sommet des rochers hasardeux,
Comme de noirs troupeaux ils roulent sur les pentes,
Et les asphodèles rampantes
Ont couronné leurs fronts hideux.

8°) La strophe de dix vers ou dizain

Cette strophe a été utilisés pour le lyrique.


La forme la plus courante est en vers de huit syllabes comme ci-dessous:

Le mur est gris, la tuile est rousse,


L'hiver a rongé le ciment;
Des pierres disjointes la mousse
Verdit l'humide fondement;
Les gouttières, que rien n'essuie,
Laissent, en rigoles de suie,
S'égoutter le ciel pluvieux,
Traçant sur la vide demeure
Ces noirs sillons par où l'on pleure,
Que les veuves ont sous les yeux;

9°) La strophe de douze vers (Douzain)

La strophe de douze vers se fait le plus souvent en vers de huit


syllabes.

Oh ! demain, c'est la grande chose !


De quoi demain sera-t-il fait?
L'homme aujourd'hui sème la cause,
Demain Dieu fait mûrir l'effet.
Demain, c'est l'éclair dans la voile,
C'est le nuage sur l'étoile,
C'est un traître qui se dévoile,
C'est le bélier qui bat les tours,
C'est l'astre qui change de zone,
C'est Paris qui suit Babylone ;
Demain, c'est le sapin du trône,
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Aujourd'hui, c'en est le velours !

Douze vers est une limite qui n'a été dépassée que rarement notamment par Pierre
De Ronsard et André Chénier,
Quant à la strophe de neuf vers ou neuvain, elle est rare.

Une strophe est dite isométrique quand elle ne comporte que des vers d'une même
longueur.

Exemple:
L' immense mer sommeille. Elle hausse et balance
Métrique : 3 1 2 Ces. 2 1 1 2 (6/6) =12

Ses houles où le ciel met d'éclatants îlots.


Métrique : 1 2 1 1 1 Ces. 1 3 2 (6/6) =12

Une nuit d'or emplit d'un magique silence


Métrique : 2 1 1 2 Ces. 1 3 2 (6/6) =12

La merveilleuse horreur de l'espace et des flots.


Métrique : 1 3 2 Ces. 1 2 1 1 1 (6/6) =12

Une strophe est dite antisymétrique dans le cas contraire.

Exemple:
Maintenant que mon temps décroît comme un flambeau,
Métrique : 3 1 1 1 Ces. 2 1 1 2 (6/6) =12

Que mes tâches sont terminées;


Métrique : 1 1 2 Ces. 1 3 (4/4) =8

Maintenant que voici que je touche au tombeau


Métrique : 3 1 2 1 1 1 1 2 (6/6) =12

Par les deuils et par les années,


Métrique : 1 1 1 Ces. 1 1 1 2 (3/5) =8
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Bibliographie

 AQUIEN, Michèle (1990). La versification. Paris: P.U.F., Que sais-je ?


 CORNULIER, Benoît de (1982). Théorie du vers. Paris: Seuil.
 DESSONS, Gérard (2000). Introduction à l'analyse du poème. Paris: Nathan.
 LOTE, Georges (1988). Histoire du vers français, IV, 2e partie, I. Publications de
l'université de Provence.
 MAZALEYRAT, Jean (1974). Eléments de métrique française. Paris: A. Colin.
 MESCHONNIC, Henri (1982). Critique du rythme. Verdier.
 MILNER, Jean-Claude (1982). Réflexions sur le fonctionnement du vers français,
in Ordres et raisons de langue. Paris: Seuil.
 MILNER, Jean-Claude & REGNAULT, François (1987). Dire le vers. Paris: Seuil.
 MORIER, Henri (1961). Dictionnaire de poétique et de rhétorique. Paris: P.U.F.
 ROUBAUD, Jacques (1978). La vieillesse d'Alexandre. Paris: Maspero.
 RONSARD, Pierre de (1565). Abrégé de l'art poétique français. Didier, 1949.
JENNY, Laurent (2004), Vers et Poésie. Genève : Ambroise Barras.
 GOUVARD, JEAN MICHEL, LA VERSIFICATION, (1999). Paris : PUF

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