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L1LFA011 – PARTIE I – Phonétique, phonologie, écriture.

I. Transcription phonétique
API, liaisons, syllabes
I. Principes de transcription phoné́ tique
1. Pré́ sentation
1.1. Généralités : qu’est-ce que transcrire ? qu’est-ce que l’A.P.I. ?
♣ Transcrire phonétiquement c’est rendre à l’écrit les sons d’un discours prononcé oralement. Le système
de notation le plus couramment utilisé est l’Alphabet Phonétique International (ou A.P.I.). [établi en 1886
par l’Association phonétique internationale, pour disposer d’un système de notation unifié pour toutes les
langues du monde connues. Pour transcrire le français, on utilise un sous-ensemble de l’A.P.I].
♣ L’A.P.I. fait correspondre à chaque son un seul symbole. La notation phonétique peut donc être
opposée à certaines conventions graphiques (l’orthographe du français, par exemple) qui attribuent à un
seul son plusieurs possibilités de notation, ET à une même notation plusieurs sons.
♣ Ainsi, en français, [] peut être rendu, entre autres, par <o> (moteur), <au> (chaud) et <eau> (beau).
La succession graphique <eu> peut, quant à elle, être lue [y] (il eut [ily]), [] (affreux [afR]), ou encore
[œ] (fleur [flœR]).
♣ Toute transcription phonétique s’inscrit entre crochets carrés : [ ]. La transcription phonétique est
indifférente au découpage en mots, qui ne s’entend pas dans la chaîne parlée.

1.2. Le tableau de l’A.P.I.


Le tableau de l’A.P.I. est à connaître par cœur : l’examen comportera une question de
transcription phonétique. Le tableau qui vous est distribué se divise pour chaque son en trois
colonnes : la première donne le symbole de l’A.P.I. ; la deuxième, plusieurs notations (ortho)graphiques
possibles en français ; la troisième, un ou plusieurs mots correspondant au son et à la graphie cités.

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II. Remarques : les sons du français & leur transcription

2.1. Voyelles, consonnes, glides


♣♣ Les voyelles sont toutes sonores ; cela signifie que leur production s’accompagne toujours d’une
vibration des cordes vocales.
Un critère linguistique (articulatoire) permet de distinguer les voyelles des consonnes : les voyelles
peuvent à elles seules constituer une syllabe (le nombre de syllabes d’un mot est donc déterminé par
son nombre de voyelles).

♣♣ Les consonnes se distinguent selon plusieurs critères :


- l’opposition sourdes / sonores :
- les sourdes (produites sans vibration des cordes vocales) comme [p] [t] [k] [f] [s] []
- les sonores comme [b] [d] [g] [v] [z]
- l’opposition occlusives / constrictives (mode d’articulation) :
- les occlusives comme [p] [t] [k] [b] [d] [g] [m] [n] [] : leur articulation comporte une occlusion (une
fermeture) du conduit vocal, et le son est produit par l’arrêt ou le déclenchement de l’écoulement de l’air ;
- les constrictives comme [f] [s] [] [l] [R] : leur articulation comporte un resserrement (constriction) en un
point du conduit vocal, de sorte que l’air s’écoule avec un bruit de frottement.
- le point d’articulation : région labiale, dentale ou palatale

♠ Les voyelles et les consonnes peuvent être orales, comme [p], [a], ou nasales (à la caisse de résonance
qu’est la cavité buccale s’ajoute celle de la cavité nasale), comme [m] [n] [] / [] etc.

♠♠♠ Les glides (aussi communément appelés “semi-consonnes” ou “semi-voyelles”) sont proches des
voyelles, mais ne peuvent constituer à eux seuls de syllabe.

2.2. Quelques remarques sur les voyelles


Lorsque l’on s’apprête pour la première fois à transcrire phonétiquement un discours, il n’est pas toujours
facile de différencier certaines voyelles du français. En effet :
- [œ] (qui se trouve dans fleur, cœur, sœur…) est plus ouvert que [] (qui se trouve dans affreux,
yeux, nœud, peu, je veux…) ;
- [] (mai) est plus ouvert que [e] (fée) ;
- [] (porte) est plus ouvert que [o] (chose) ;
- [] (pâte) est prononcé plus en arrière que [a] (patte) : cette distinction tend à disparaître en
français contemporain standard.

Attention : le E caduc / « muet » / schwa


(symbole API :[ə] )
Transcrire du français demande également que l’on s’interroge sur la question du [ə] (également appelé
“e muet” ou “e caduc” = e susceptible de ne pas être prononcé). C’est ce « e » qui figure à l’écrit tout seul,
sans entourage de voyelle et sans accent : je, me, recours… A ne pas confondre avec le son nasal, quand
e est suivi de n/m : ennui, empêcher [ã].

1) Dans la langue standard, [ə] se maintient (presque) uniquement s’il est précédé de deux consonnes
et suivi d’une consonne. Ainsi, nous pouvons opposer :
- rêverie [RvRi], sans [ə]
- tristement [tRist ə m]

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2) En cas de succession de plusieurs [ə], il ne faut prendre en considération l’ensemble de la chaîne


parlée (et non plus seulement les mots indépendamment).
Le tout est d’éviter les séquences de plus de deux consonnes : c’est la Règle des 3 CONSONNES. (trois
sons consonnantiques à la suite sont « interdits » en français parlé)

- p.ex, en début de groupe :


je me désole peut être dit ET transcrit [ə mdezl] ou [m ə dezl] ; (« j’me désole » ou « je m’désole »)
- en position finale (i.e. finale de groupe ou d’énoncé), e ne se prononce pas en français standard (
français méridional). Règles différentes pour la versification.

2.3. Voyelle ou glide?


- [j] correspondant à [i]
- [ɥ] correspondant à [y]
- [w] correspondant à [u]

Le jod
(1) Après voyelle, [j] et [i] sont tous deux possibles, et permettent d’opposer des mots de sens différent :
abbaye [abi] / abeille [abj].
(2) Devant voyelle, [j] et [i] sont en distribution complémentaire :
- [j] précédé d’une seule consonne miette liaison
- [i] précédé de deux consonnes triage prière

Le glide [ɥ]
(1) Devant i : [ɥ] huile / luire
(2) Devant toute autre voyelle :
- [ɥ] précédé d’une seule consonne luette suave
- [y] précédé de deux consonnes truelle truand

Le glide [w]
(1) Devant consonne ou rien : [u]
(2) devant voyelle :
- [w] précédé d’une seule consonne mouette mais rouage
- [u] précédé de 2 consonnes trouant prouesse

Attention cependant aux limitations d’ordre morphologiques que connaît cette règle.
 JGT 1, exercice 2, pp. 31-33 :
La frontière entre voyelle et glide est parfois très mince. Le verbe tuer et son participe présent tuant offrent
un exemple d’hésitation entre [y] et [ɥ]. Le locuteur, s’il décide de distinguer le radical tu- des suffixes -
er et -ant, peut opter pour des prononciations telles que [tye] et [tyã]. Les prononciations [tɥe] et [tɥã]
sont néanmoins tout aussi courantes.

2.4. Quelques remarques sur les consonnes


Lorsque l’on transcrit phonétiquement un discours à partir d’un document écrit, il est important de ne pas
se laisser abuser par certaines graphies :
a) consonnes doubles écrites comme <ll>, <tt>, <rr>, <mm> ou encore <nn> correspondent généralement
à des prononciations du type [l], [t], [r], [m] et [n], identiques à celles des consonnes simples <l>, <t>,
<r>, <m> et <n>.
La prononciation successive de deux consonnes identiques (dites géminées) apparaît, en français
standard :

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- à la jonction de deux morphèmes où la prononciation des géminées a valeur distinctive (futur,


conditionnel) je courrais / je courais
- lorsque la non-prononciation d’un [] entraîne le contact de deux consonnes identiques
faites tout ce que vous voulez [fttu….]
b) consonnes graphiques correspondent à 2 sons : taxi, examen
c) l’assimilation consonantique :
Il peut s’agir de :
- sonorisation d’une sourde au contact d’une sonore : tourisme prononcé [tuRizm]
- assourdissement d’une sonore au contact d’une sourde : obtenir prononcé [ptniR]
L’assimilation est plus ou moins aboutie (totale ou partielle), selon le type de prononciation adoptée et la
rapidité du débit.
Ex. : j’habite au vingt-deux : Tendance naturelle à l’assimilation : [vnd], parfois corrigée en insérant
un [] à peine prononcé : [vtd]

d) Attention : c et q ne sont pas des signes de l’API : cadavérique [kadaveRik]

Exercices :
Ex. 1 :
Le vent, tiède et endormi, poussait une brassée de feuilles contre la fenêtre. Wolf, fasciné, guettait le petit coin de jour démasqué
périodiquement par le retour en arrière de la branche. Sans motif, il se secoua soudain, appuya ses mains sur le bord de son bureau et
se leva. Au passage, il fit grincer la lame grinçante du parquet et ferma la porte silencieusement pour compenser. Il descendit l’escalier,
se retrouva dehors et ses pieds prirent contact avec l’allée de briques, bordée d’orties bifides, qui menait au Carré, à travers l’herbe
rouge du pays. (Boris Vian, L’herbe rouge.)

1. Transcrire le texte individuellement à l’aide de l’A.P.I., jusqu’à “se leva” (l. 3).
2. Transcrire la seconde moitié du texte collectivement en cours.
Pour simplifier la transcription, on indiquera les pauses brèves (notées par les virgules), par une barre oblique simple [/], les pauses
longues (notées par les points), par une double barre oblique [//]. On ne notera pas la longueur des voyelles.

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III. SYLLABE et LIAISON


1. Règles du découpage syllabique
1. segmenter les groupes de mots dans leur ensemble, et non les mots isolés.
2. autant de syllabes que de voyelles (sauf les remaniements qu’entraîne la non-prononciation du
[])  Une voyelle peut constituer une syllabe à elle seule. Ex : il a parlé [i-la-paR-le]
3. Si une consonne se trouve entre deux voyelles, elle forme syllabe avec la deuxième voyelle. [le
français privilégie les syllabes de format CV]
4. Si deux consonnes se trouvent entre deux voyelles, la première forme syllabe avec la première
voyelle, et la seconde avec la seconde voyelle, sauf si la deuxième consonne est r ou l et la première
ni r ni l, auquel cas les deux consonnes forment syllabe avec la seconde voyelle.
Autrement dit, [R] et [l] ne se séparent pas de la consonne qui précède, sauf si celle-ci est aussi
[R] ou [l]
Ex. : [u-bli] ; [pa-tRi-sid] ; [paR-le] ; [bal-Rin]
5. Un glide ne peut pas constituer le noyau vocalique d’une syllabe :
Ruelle peut être transcrit et syllabé [Ry-l] ou [Rl]

Exercice :
Monsieur Perle toussota.
– Hum, hum, dit-il. C’est très bien, tout ça.
– C’est ça que vous me demandiez ? dit Wolf reprenant brutalement conscience.
– C’est presque ça, dit Monsieur Perle. Vous voyez, c’est bien facile quand on commence. Qu’est-il advenu après votre sortie ?
– Ç’a été une scène terrible, dit Wolf. Toutes proportions gardées.
Il réfléchit les yeux en l’air. (…)
– Mais vous les aimiez beaucoup ! dit Monsieur Perle.
– Certes, dit Wolf. Et cependant la vue d’un cabas à la poignée cassée dont dépassent le thermos et le pain suffit encore aujourd’hui
à me soulever le cœur et me donne envie de tuer. (Boris Vian, L’herbe rouge.)
1. Transcrire à l’aide de l’API les sept premières phrases
2. Proposer un découpage syllabique des mots en gras.

2. Liaison
Liaison : réalisation phonétique d’une consonne latente (écrite mais prononcée seulement si une
voyelle suit).
Conséquence de la liaison (et de l’élision) : formation d’une syllabe CV avec C et V appartenant à
deux mots différents.
obligatoire :
- entre le déterminant et tout mot suivant
- entre l’adjectif et le nom suivant
- entre pronom personnel et verbe
facultative (mais effectuée en français « surveillé »):
- entre avoir/être et participe passé
- entre être et attribut du sujet
- entre préposition et syntagme nominal
- entre l’adverbe et l’adjectif sur lequel il porte
- dans certains noms composés et locutions figées : de temps en temps, tout à fait

Elle apparaît à l’intérieur d’un même groupe accentuel (l’accent en français est syntaxique, il porte non
sur les mots mais sur la dernière voyelle d’un groupe syntagmatique).

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