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C.

Le contenu

La troisième condition de validité du contrat est, selon l’article 1128 du code


civil, un « contenu licite et certain ». Cette condition, introduite par
l’ordonnance du 10 février 2016, remplace les notions « d’objet certain » et de
« cause licite ». La notion de contenu doit être comprise comme la prestation
promise par le débiteur.

1. Les caractères du contenu

a. Un contenu certain

Le contrat est nul si au moment de sa conclusion la prestation n’existe pas ou


n’existe plus. Ainsi, l’article 1601 du code civil prévoit que : « si au moment de
la vente, la chose vendue était périe en totalité, la vente serait nulle ».
Toutefois, l’obligation peut avoir une prestation future comme le prévoit
l’article 1163 du code civil. Une illustration peut être fournie par la vente
d’immeuble à construire dont traitent les articles 1601 à 1601-4 du code civil.

Article 1163 du code civil


Modifié par Ordonnance n°2016-131 du 10 février 2016 - art. 2
L'obligation a pour objet une prestation présente ou future.
Celle-ci doit être possible et déterminée ou déterminable.
La prestation est déterminable lorsqu'elle peut être déduite du contrat ou par référence aux
usages ou aux relations antérieures des parties, sans qu'un nouvel accord des parties soit
nécessaire.

b. Un contenu déterminé ou déterminable

Il convient de préciser préalablement que la prestation promise doit être


possible : « la vente de la Lune aurait par exemple un objet impossible »1.
Le contenu doit ensuite être déterminé ou déterminable.
Un contenu déterminé, c’est par exemple pour la vente d’un appartement,
l’identification bien précise de cet appartement dans la copropriété.
Un contenu déterminable, c’est par exemple « la vente d’une marchandise
dont le prix sera fixé par rapport à un cours officiel le jour de la livraison  »2. Tel
est le cas pour une livraison de mazout.

1
R. Cabrillac, Droit des obligations, n°81, Dalloz, 14e éd.  
2
R. Cabrillac, op. cit, n°83.
Une prestation est déterminable lorsqu'elle peut être déduite du contrat ou
par référence aux usages ou aux relations antérieures des parties, sans qu'un
nouvel accord des parties soit nécessaire.

Il existe des dispositions spéciales en matière de contenu pour certains types


de contrat : contrat cadre (article 1164 du code civil), contrat de prestation de
service (article 1165 du code civil).

Article 1164 du code civil


Modifié par Ordonnance n°2016-131 du 10 février 2016 - art. 2
Dans les contrats cadre, il peut être convenu que le prix sera fixé unilatéralement par l'une
des parties, à charge pour elle d'en motiver le montant en cas de contestation.
En cas d'abus dans la fixation du prix, le juge peut être saisi d'une demande tendant à
obtenir des dommages et intérêts et le cas échéant la résolution du contrat.
Article 1165 du code civil
Modifié par LOI n°2018-287 du 20 avril 2018 - art. 7
Dans les contrats de prestation de service, à défaut d'accord des parties avant leur
exécution, le prix peut être fixé par le créancier, à charge pour lui d'en motiver le montant
en cas de contestation.
En cas d'abus dans la fixation du prix, le juge peut être saisi d'une demande tendant à
obtenir des dommages et intérêts et, le cas échéant, la résolution du contrat.
NOTA : 
Conformément aux dispositions du I de l'article 16 de la loi n° 2018-287 du 20 avril 2018, les
modifications apportées par ladite loi aux dispositions de l'article 1165 ont un caractère
interprétatif.
Article 1166 du code civil
Modifié par Ordonnance n°2016-131 du 10 février 2016 - art. 2
Lorsque la qualité de la prestation n'est pas déterminée ou déterminable en vertu du
contrat, le débiteur doit offrir une prestation de qualité conforme aux attentes légitimes des
parties en considération de sa nature, des usages et du montant de la contrepartie.

Article 1167 du code civil


Modifié par Ordonnance n°2016-131 du 10 février 2016 - art. 2
Lorsque le prix ou tout autre élément du contrat doit être déterminé par référence à un
indice qui n'existe pas ou a cessé d'exister ou d'être accessible, celui-ci est remplacé par
l'indice qui s'en rapproche le plus.
c. Un contenu licite

i. Un contenu conforme à l’ordre public

Article 1162 du code civil


Modifié par Ordonnance n°2016-131 du 10 février 2016 - art. 2
Le contrat ne peut déroger à l'ordre public ni par ses stipulations, ni par son but, que ce
dernier ait été connu ou non par toutes les parties.

L’ancien article 1128 du code civil prévoyait qu’il n’y a que les choses qui sont
dans le commerce qui puissent être l’objet de conventions. Selon Rémy
Cabrillac il existe des choses hors commerce en raison des nécessités de l’ordre
public et des choses hors commerce en raison de leur caractère sacré 3.

Les choses hors commerce en raison des nécessités de l’ordre public sont les
fonctions publiques, les drogues, le lancer de nain.
Quant aux choses hors commerce en raison de leur caractère sacré, il s’agit du
corps humain de ses éléments et de ses produits. Il n’est pas possible de
vendre un rein ou de la peau humaine sur laquelle il y a un tatouage par
exemple.

Article 16-5 du code civil


Créé par Loi n°94-653 du 29 juillet 1994 - art. 3 JORF 30 juillet 1994
Les conventions ayant pour effet de conférer une valeur patrimoniale au corps humain, à ses
éléments ou à ses produits sont nulles.

Article 16-1-1 du code civil


Créé par LOI n°2008-1350 du 19 décembre 2008 - art. 11
Le respect dû au corps humain ne cesse pas avec la mort.
Les restes des personnes décédées, y compris les cendres de celles dont le corps a donné
lieu à crémation, doivent être traités avec respect, dignité et décence.

ii. Un but conforme à l’ordre public

Un contrat sera frappé de nullité si son contenu est l’exercice d’une activité
illicite comme l’exploitation d’une maison de jeux.

3
R. Cabrillac, Droit des obligations, Dalloz 12e éd., n°87 et 88.
2. Equivalence des prestations

Si l’on suit le principe de l’autonomie de la volonté, il ne faudrait pas


s’intéresser à l’équivalence des prestations dans les contrats synallagmatiques.
.
Article 1168 du code civil
Modifié par Ordonnance n°2016-131 du 10 février 2016 - art. 2
Dans les contrats synallagmatiques, le défaut d'équivalence des prestations n'est pas une
cause de nullité du contrat, à moins que la loi n'en dispose autrement.

a) Les exceptions au défaut d’équivalence des prestations

Il existe plusieurs exceptions :


- la lésion
Article 1674 du code civil
Création Loi 1804-03-06 promulguée le 16 mars 1804
Si le vendeur a été lésé de plus de sept douzièmes dans le prix d'un immeuble, il a le droit de
demander la rescision de la vente, quand même il aurait expressément renoncé dans le
contrat à la faculté de demander cette rescision, et qu'il aurait déclaré donner la plus-value.

- les clauses abusives en droit de la consommation


Article L212-1 du code de la consommation
Modifié par Ordonnance n°2016-131 du 10 février 2016 - art. 2
Dans les contrats conclus entre professionnels et consommateurs, sont abusives les clauses
qui ont pour objet ou pour effet de créer, au détriment du consommateur, un déséquilibre
significatif entre les droits et obligations des parties au contrat. 

- le déséquilibre significatif en droit commun


Article 1171 du code civil
Modifié par LOI n°2018-287 du 20 avril 2018 - art. 7
Dans un contrat d'adhésion, toute clause non négociable, déterminée à l'avance par
l'une des parties, qui crée un déséquilibre significatif entre les droits et obligations
des parties au contrat est réputée non écrite.
L'appréciation du déséquilibre significatif ne porte ni sur l'objet principal du contrat ni
sur l'adéquation du prix à la prestation.
NOTA : 
Conformément aux dispositions du I de l'article 16 de la loi n° 2018-287 du 20 avril
2018, les dispositions de l'article 1171 dans leur rédaction résultant de ladite loi sont
applicables aux actes juridiques conclus ou établis à compter de son entrée en
vigueur.

b) Un contenu respectant l’obligation essentielle du débiteur

Dans chaque contrat, le débiteur a une obligation essentielle dont il ne peut se


dégager d’aucune manière, même par une clause.

Article 1170 du code civil


Modifié par Ordonnance n°2016-131 du 10 février 2016 - art. 2
Toute clause qui prive de sa substance l'obligation essentielle du débiteur est réputée non
écrite.

Il faut revenir sur le célèbre arrêt Chronopost par lequel la Cour de cassation a
affirmé que : «  Attendu qu'en statuant ainsi alors que, spécialiste du transport
rapide garantissant la fiabilité et la célérité de son service, la société
Chronopost s'était engagée à livrer les plis de la société Banchereau dans un
délai déterminé, et qu'en raison du manquement à cette obligation essentielle
la clause limitative de responsabilité du contrat, qui contredisait la portée de
l'engagement pris, devait être réputée non écrite, la cour d'appel a violé le texte
susvisé »4.

Autrement dit, la société Chronopost ne peut pas s’engager à livrer des


courriers dans un délai déterminé et prévoir par une clause qu’elle ne sera pas
responsable en cas de retard dans la livraison du courrier ou du colis.

c) Une contrepartie non illusoire dans les contrats à titre onéreux

Pour les contrats à titre onéreux, la contre-prestation ne doit pas être illusoire
ou dérisoire. Ainsi, sera frappé de nullité un contrat de transport dont le prix
serait d’un euro symbolique.

Article 1169 du code civil


Modifié par Ordonnance n°2016-131 du 10 février 2016 - art. 2
Un contrat à titre onéreux est nul lorsque, au moment de sa formation, la contrepartie
convenue au profit de celui qui s'engage est illusoire ou dérisoire.

4
Cass. com., 22 oct. 1996, n° 93-18.632.

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