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§ 2 

: La validité du contrat
Article 1128 du code civil
Modifié par Ordonnance n°2016-131 du 10 février 2016 - art. 2

Sont nécessaires à la validité d'un contrat :


1° Le consentement des parties ;
2° Leur capacité de contracter ;
3° Un contenu licite et certain.

A. Le consentement des parties

Le consentement doit exister (1) et ne pas faire l’objet d’un quelconque vice
(2).

1. L’existence du consentement

Plusieurs articles du code civil énoncent qu’il faut être sain d’esprit pour
contracter.

Article 1129 du code civil


Modifié par Ordonnance n°2016-131 du 10 février 2016 - art. 2
Conformément à l'article 414-1, il faut être sain d'esprit pour consentir valablement à un
contrat.

Article 414-1 du code civil Créé par Loi n°2007-308 du 5 mars 2007 - art. 7 JORF 7 mars 2007
en vigueur le 1er janvier 2009
Pour faire un acte valable, il faut être sain d'esprit. C'est à ceux qui agissent en nullité pour
cette cause de prouver l'existence d'un trouble mental au moment de l'acte.

2. Les vices du consentement

Il existe trois vices du consentement définis dans le code civil :


- L’erreur
- Le dol
- La violence

Article 1130 du code civil


Modifié par Ordonnance n°2016-131 du 10 février 2016 - art. 2
L'erreur, le dol et la violence vicient le consentement lorsqu'ils sont de telle nature que, sans
eux, l'une des parties n'aurait pas contracté ou aurait contracté à des conditions
substantiellement différentes.
Leur caractère déterminant s'apprécie eu égard aux personnes et aux circonstances dans
lesquelles le consentement a été donné.

Article 1131 du code civil


Modifié par Ordonnance n°2016-131 du 10 février 2016 - art. 2
Les vices du consentement sont une cause de nullité relative du contrat.

a. L’erreur

L’erreur revient pour une ou plusieurs parties à se tromper.

Une personne vend un tableau pensant qu’il est d’un peintre sans grande
notoriété alors que plusieurs experts l’attribuent après la vente à Van Gogh. Le
vendeur peut-il agir en nullité ? Il y aura erreur si le vendeur parvient à
démontrer qu’il croyait sincèrement que le tableau n’était pas un Van Gogh.

i. Les différents types d’erreur


- les erreurs constitutives automatiquement d’un vice du consentement

- L’erreur obstacle : le contrat n’a pas pu se former en raison de


la gravité de l’erreur. Il s’agit d’un quiproquo entre les parties.

Ex : A pense vendre une maison X et B pense acheter une maison


Y.
A pense acheter une maison à 20 000 € alors que le prix est de
200 000 €
A pense vendre et B recevoir à titre de donation

- L’erreur sur les qualités essentielles :

Article 1133 du code civil


Modifié par Ordonnance n°2016-131 du 10 février 2016 - art. 2
Les qualités essentielles de la prestation sont celles qui ont été expressément ou tacitement
convenues et en considération desquelles les parties ont contracté.
L'erreur est une cause de nullité qu'elle porte sur la prestation de l'une ou de l'autre partie.
L'acceptation d'un aléa sur une qualité de la prestation exclut l'erreur relative à cette qualité.
Selon Rémy Cabrillac, les tribunaux ont retenu une conception extensive des
qualités essentielles ou substance de la chose :
- « matière de la chose
- authenticité d’une œuvre d’art
- aptitude de la chose à remplir l’usage auquel elle est destinée :
constructibilité d’un terrain, habitabilité d’une maison »1.

- l’erreur sur la personne peut constituer un vice du consentement

Article 1134 du code civil


Modifié par Ordonnance n°2016-131 du 10 février 2016 - art. 2
L'erreur sur les qualités essentielles du cocontractant n'est une cause de nullité que dans les
contrats conclus en considération de la personne.

A contrario, pour tous les contrats non conclus intuitu personae2 l’erreur sur la
personne n’est pas une cause de nullité.

- l’erreur sur un simple motif n’est pas une cause de nullité

Article 1135 du code civil


Modifié par Ordonnance n°2016-131 du 10 février 2016 - art. 2
L'erreur sur un simple motif, étranger aux qualités essentielles de la prestation due ou du
cocontractant, n'est pas une cause de nullité, à moins que les parties n'en aient fait
expressément un élément déterminant de leur consentement.
Néanmoins l'erreur sur le motif d'une libéralité, en l'absence duquel son auteur n'aurait pas
disposé, est une cause de nullité.

- l’erreur sur la valeur n’est pas une cause de nullité


Article 1136 du code civil
Modifié par Ordonnance n°2016-131 du 10 février 2016 - art. 2
L'erreur sur la valeur par laquelle, sans se tromper sur les qualités essentielles de la
prestation, un contractant fait seulement de celle-ci une appréciation économique inexacte,
n'est pas une cause de nullité.

La personne qui a vendu une chose à un prix modique ou celle qui a acheté un
bien à un prix excessif ne peut que s’en vouloir.

1
R. Cabrillac, Droit des obligations, Dalloz, 12e éd., p. 66.
2
Intuitu personae signifie en considération de la personne
La mère qui fait une donation à sa fille pour l’obtention du DUT GEA pourrait
invoquer une erreur sur les motifs s’il s’avérait que l’enfant n’avait même pas
eu son semestre 1.

ii. Les caractères de l’erreur

- Si l’erreur est inexcusable, elle ne pourra pas constituer une cause de nullité.
Article 1132 du code civil
Modifié par Ordonnance n°2016-131 du 10 février 2016 - art. 2
L'erreur de droit ou de fait, à moins qu'elle ne soit inexcusable, est une cause de nullité du
contrat lorsqu'elle porte sur les qualités essentielles de la prestation due ou sur celles du
cocontractant.

Ex : «  un architecte qui se trompe sur la constructibilité d’un terrain.


Un employeur qui ne vérifie pas le cv d’un directeur qu’il embauche, un
marchand de biens qui se trompe sur la conversion des francs en euros  »3,
l’entreprise que l’embauché dirigeait venait d’être mise en liquidation
judiciaire.

- L’erreur doit être commune

Article 1133 du code civil


Modifié par Ordonnance n°2016-131 du 10 février 2016 - art. 2
Les qualités essentielles de la prestation sont celles qui ont été expressément ou tacitement
convenues et en considération desquelles les parties ont contracté.
L'erreur est une cause de nullité qu'elle porte sur la prestation de l'une ou de l'autre partie.
L'acceptation d'un aléa sur une qualité de la prestation exclut l'erreur relative à cette qualité.

Ex : vente d’un tableau, le vendeur est présumé savoir que son authenticité est
une qualité essentielle pour l’acheteur.

b. Le dol

Le dol se définit comme le fait d’être trompé.

Article 1137 du code civil


Modifié par LOI n°2018-287 du 20 avril 2018 – art. 5

3
Exemples donnés par Rémy Cabrillac, op. cit., p. 70.
Le dol est le fait pour un contractant d'obtenir le consentement de l'autre par des
manœuvres ou des mensonges.
Constitue également un dol la dissimulation intentionnelle par l'un des contractants d'une
information dont il sait le caractère déterminant pour l'autre partie.
Néanmoins, ne constitue pas un dol le fait pour une partie de ne pas révéler à son
cocontractant son estimation de la valeur de la prestation.

i. Les conditions du dol

- des manœuvres ou mensonges :


ex : falsification du compteur kilométrique d’un véhicule par le vendeur4 qui
peut également être constitutive d’une escroquerie5

Le dol peut résulter d’un silence, il s’agira alors d’un dol par réticence dolosive.
« Ex  : dissimulation par le vendeur d’une maison de l’installation prochaine
d’une porcherie. Dissimulation à la caution de l’état financier déplorable du
débiteur. Commet un dol le vendeur, tenu d’un devoir de loyauté, qui
connaissait la présence d’amiante et ne le révèle pas à l’acquéreur.  »6

- des manœuvres ou mensonges présentant un caractère intentionnel :

Selon Rémy Cabrillac, « l’auteur du dol doit avoir eu l’intention de tromper son
cocontractant »7.

- émanant du cocontractant : le dol doit émaner du cocontractant et non d’un


tiers. Il existe des exceptions toutefois qui sont prévues par l’article 1138 du
code civil :

Article 1138 du code civil


Modifié par Ordonnance n°2016-131 du 10 février 2016 - art. 2
Le dol est également constitué s'il émane du représentant, gérant d'affaires, préposé ou
porte-fort du contractant.
Il l'est encore lorsqu'il émane d'un tiers de connivence.

- présentant un caractère déterminant pour l’autre partie :

Sans les manœuvres frauduleuses, l’autre partie n’aurait pas conclu l’acte.

4
Exemple donné par Rémy Cabrillac, op. cit., p. 71.
5
C. pén., art. 313-1
6
Exemples donnés par Rémy Cabrillac, op. cit., p. 72.
7
R. Cabrillac, op. cit., p. 72.
ii. Avantage de la qualification de dol par rapport à celle d’erreur :

Article 1139 du code civil


Modifié par Ordonnance n°2016-131 du 10 février 2016 - art. 2
L'erreur qui résulte d'un dol est toujours excusable ; elle est une cause de nullité alors même
qu'elle porterait sur la valeur de la prestation ou sur un simple motif du contrat.

- L’erreur qui résulte du dol est toujours excusable


- le dol peut être admis alors que l’erreur porterait sur la valeur de la prestation
ou sur un simple motif du contrat.

iii. Les sanctions du dol :

- nullité relative du contrat à la demande de la victime dans les cinq ans à dater
de la découverte du dol
- condamnation de l’auteur du dol à des dommages et intérêts : «  Le dol est un
délit civil »8.

c. La violence

i. La définition
Article 1140 du code civil
Modifié par Ordonnance n°2016-131 du 10 février 2016 - art. 2
Il y a violence lorsqu'une partie s'engage sous la pression d'une contrainte qui lui inspire la
crainte d'exposer sa personne, sa fortune ou celles de ses proches à un mal considérable.

ii. Les différents cas de violence


- contrainte physique (coups, «  séquestration, main tenue lors de la signature
du contrat  »9)
- contrainte morale (chantage)
- contrainte économique : abus de dépendance (voir article 1143 du code civil)

Article 1143 du code civil


Modifié par LOI n°2018-287 du 20 avril 2018 - art. 5
Il y a également violence lorsqu'une partie, abusant de l'état de dépendance dans lequel se
trouve son cocontractant à son égard, obtient de lui un engagement qu'il n'aurait pas
souscrit en l'absence d'une telle contrainte et en tire un avantage manifestement excessif.
8
L. Tranchant, V. Egea, op. cit., p. 37
9
Exemples donnés par Rémy Cabrillac, op. cit., p. 74.
iii. Les caractères de la violence :
Selon Laeticia Tranchant et Vincent Egea, la violence doit avoir été :
- « déterminante du consentement »
- présente ou « proche de la conclusion du contrat »10
- illégitime

Article 1141 du code civil


Modifié par Ordonnance n°2016-131 du 10 février 2016 - art. 2
La menace d'une voie de droit ne constitue pas une violence. Il en va autrement lorsque la
voie de droit est détournée de son but ou lorsqu'elle est invoquée ou exercée pour obtenir
un avantage manifestement excessif.

iiii. Les sanctions

Article 1142 du code civil


Modifié par Ordonnance n°2016-131 du 10 février 2016 - art. 2
La violence est une cause de nullité qu'elle ait été exercée par une partie ou par un tiers.

-«  nullité relative, sur action de la victime, exercée dans les cinq ans à dater du
jour où la violence a cessé.
- condamnation à des dommages et intérêts de l’auteur de la violence. La
violence constitue un délit civil »11.

10
L. Tranchant, V. Egea, op. cit., p. 38
11
L. Tranchant, V. Egea, op. cit., p. 39

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