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Entreprise en

difficulté

Chap. 4 – Conciliation
Didier DANET
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Mandat ad hoc et conciliation 3

 Des similitudes importantes :


 Caractères de la procédure : amiable, confidentielle (au moins au départ), non judiciaire
 Issue : accord entre les parties
 Personnes ressources : mandataire / conciliateur…

 Mais trois différences essentielles :


 La conciliation peut être demandée par une entreprise en cessation de paiement depuis
moins de 45 jours
 La conciliation permet d’offrir des garanties aux créanciers qui apportent leur concours
au débiteur en difficulté
 La conciliation peut constituer la première partie d’une procédure de sauvegarde
accélérée
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1. La cessation des
paiements
Une situation de trésorerie particulière
Définition 5

 Impossibilité pour une entreprise de faire face à son passif exigible avec
son actif disponible(L 631-1 C.Com)
 Le débiteur qui établit que les réserves de crédit
ou moratoires dont il bénéficie de la part de ses créanciers lui permettent de
faire face au passif exigible avec son actif disponible, n’est pas en état de
cessation des paiements.
 Concrètement, l’entreprise est en état de cessation des paiements lorsqu’elle
ne peut régler ses dettes qui sont arrivées à échéance avec ses disponibilités.
La CP, une question de trésorerie 6

 La cessation des paiements n’est pas une notion bilancielle : la CP n’est pas
synonyme de situation déficitaire ou d’insolvabilité (lorsque le total des
dettes est supérieur à la valeur des éléments d’actifs).

 C’est une notion relative à la situation de trésorerie de l’entreprise. On peut


être solvable au niveau de l’équilibre actif / passif du bilan mais en cessation
de paiement.

 De manière générale, est en cessation des paiements celui qui ne peut plus
payer ses dettes en temps et en heure.
L’actif disponible 7

 L’actif disponible correspond à l’ensemble des liquidités en caisse et en


compte bancaire.
 Inclut les actifs réalisables à très court terme (effets de commerce échus ou
escomptables)
 N’inclut pas :
 Les créances sauf si elles sont recouvrables de manière certaine et quasi-immédiate.
(Les créances au titre d’un devis ou même d’une commande ferme ne doivent pas
être prises en compte dans l’actif disponible)
 Les stocks ne sont pas considérés comme des actifs disponibles (incidemment, leur
cession nuirait à toute perspective de redressement)
L’actif disponible 8

 Il faut ajouter à l’actif disponible les réserves de crédit : liquidités


complémentaires dont peut bénéficier la société, au titre par exemple d’une
ouverture de crédit, d’une autorisation de découvert ou même d’un crédit-
fournisseur.
 Mais, les réserves de crédit résultant d’un soutien « anormal » ne peuvent
être prises en compte. Un débiteur est en cessation des paiements (quand bien
même il n’aurait pas cessé de payer ses créanciers) lorsqu’il ne parvient à
faire face aux échéances que par l’emploi de procédés frauduleux ou ruineux
(voir les sanctions éventuelles contre le dirigeant qui recourt à ce type de
financement)
Le passif exigible 9

 Le passif exigible correspond à l’ensemble des dettes échues : certaines


(non contestées), liquides (montant connu), exigibles (à terme)
 Inclut les dettes exigibles mais non exigées (créancier négligent)

 N’inclut pas :
 Les dettes pour lesquelles un moratoire a été obtenu (accord explicite avec le
créancier pour reporter l’échéance)
 Les dettes contestées (litige client)
L’enjeu 10

 Les outils disponibles pour résoudre les difficultés ne sont pas les mêmes :
 En l’absence de cessation de paiement : Mandat ad hoc ou sauvegarde 
Restructuration amiable et confidentielle, assistance d’un spécialiste, pas de
désaisissement du dirigeant, l’entreprise n’est pas à vendre…
 En présence d’une cessation de paiement : redressement judiciaire ou
liquidation judiciaire  prise en charge par le tribunal, entreprise à vendre,
gestion très encadrée voire désaisissement du dirigeant…
 NB Conciliation (si CP depuis moins de 45 jours)
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2. La procédure de
conciliation
Une procédure proche par l’esprit du mandat ad hoc mais
d’origine légale et plus encadrée.
Définition 12

 Mission préventive et confidentielle (au moins jusqu’à la conclusion d’un


accord) confiée à un conciliateur pour résoudre les difficultés d’une entreprise
avant qu’elle ne soit en cessation de paiement ou dans un court délai qui suit
la cessation de paiement (45 jours).
 Articles 611.4 et Sts Code Commerce

 Hypothèses de difficultés justifiant une conciliation :


 Renégociation de l’endettement bancaire ;
 Préalable à une procédure de sauvegarde ;
 Préparation d’une cession de l’entreprise ;
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3. La mise en œuvre de la
conciliation
Les conditions d’ouverture de la procédure
Nomination 14

 Exclusivement à la demande du dirigeant de l’entreprise concernée


(« débiteur »)
 Exclusivement pour les entreprises qui ne sont pas en cessation de paiement
ou qui le sont depuis moins de 45 jours.

 Par le président du tribunal de commerce ou de grande instance (sociétés


civiles, professions libérales, associations…)
La demande du débiteur 15

 Le dirigeant présente une demande d’ouverture d’une conciliation : Entreprise / Situation


économique, sociale et patrimoniale / Besoins de financement et moyens d’y faire face. Pièces jointes :
état des dettes / créances, échéancier, comptes annuels, actif réalisable et disponible, passif exigible
des trois derniers exercices / date éventuelle de CP

 Il peut proposer un conciliateur. Le plus souvent choisi parmi les professionnels des entreprises en
difficulté.
 NB Le dirigeant ne peut proposer :
 une personne ayant perçu, au cours des 24 derniers mois, directement ou indirectement, une rémunération ou
un paiement de la part du débiteur, d'un de ses créanciers ou d'une personne qui en détient le contrôle ou est
contrôlée par le débiteur (au sens de l'article L. 233-16 du Code de commerce) ;
 un juge du tribunal de commerce en exercice ou ayant quitté ses fonctions depuis moins de 5 ans.

 Le dirigeant est convoqué par le président du tribunal pour présenter ses observations.

 Le président nomme (ou non) un conciliateur. Aucune publicité mais communication au CAC.
L’ordonnance fixe la rémunération du mandataire ad hoc.
La mission 16

 Favoriser la conclusion entre le débiteur et ses principaux créanciers ainsi


que, le cas échéant, ses cocontractants habituels, d’un accord amiable destiné
à mettre un terme aux difficultés de l’entreprise.
Le conciliateur peut également présenter toute proposition se rapportant à la
sauvegarde de l’entreprise, la poursuite de l’activité́ économique et au
maintien de l’emploi.

 Le conciliateur peut être chargé, à la demande du débiteur et après avis des


créanciers participants, d’une mission ayant pour objet l’organisation d’une
cession partielle ou totale de l’entreprise qui pourrait être mise en œuvre, le
cas échéant, dans le cadre d’une procédure ultérieure de sauvegarde, de
redressement judiciaire ou de liquidation judiciaire.
La mission 17

 Difficulté majeure : pas de suspension des paiementss  Le débiteur doit


continuer de payer les dettes échues selon les modalités convenues.
 Le conciliateur peut demander au créancier de suspendre l’exigibilité de la
créance.
 S’il refuse, le juge peut reporter ou échelonner le règlement des créances non
échues, dans la limite de la durée de la mission du conciliateur.

 NB : ne vaut que pour les créanciers qui ont été appelés à la concilation, pas
pour ceux qui restent en dehors  d’où l’intérêt de solliciter les créanciers
principaux.
La mission 18

 La durée de la mission est définie par le président. Elle ne peut excéder 4 mois
(prorogation possible sans dépasser 5 mois)
 Le conciliateur n’a pas de pouvoir de contrainte sur l’entreprise ou ses
partenaires.
 La gestion de l’entreprise reste la prérogative du dirigeant.
Fin de la mission 19

 Plusieurs possibilités :
 Arrivée du terme fixé par le président ;
 Demande du chef d’entreprise si la mission n’aboutit pas ;
 Demande du conciliateur si un élément le justifie ;
 Ouverture d’une procédure de sauvegarde, de RJ ou LJ (fin de plein droit);
 Conclusion d’un accord avec les créanciers.
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4. L’issue de la conciliation
Deux issues possibles qui affectent la confidentialité et les
droits des signataires.
La présentation de l’accord 21

 En cas d’accord entre le débiteur et les créanciers invités à la conciliation, cet


accord fait l’objet d’une b qui est signée et présentée au président du tribunal
compétent.
 Le président statue au vu d’une déclaration du débiteur certifiant qu’il ne se
trouvait pas en état de cessation des paiements lors de la conclusion de
l’accord, ou que ce dernier y met fin.
 L’accord peut faire l’objet d’une constatation (idem mandat ad hoc) ou d’une
homologation.
La constatation de l’accord 22

 Le président vérifie que l’accord met fin aux difficultés et qu’il ne lèse pas les
tiers.
 Le président du tribunal donne à celui-ci force exécutoire.

 Il n’y a alors aucune publicité́ et la constatation de l’accord met fin à la


procédure.
 L’accord reçoit « force exécutoire » : effet légal attaché à la décision du
président et qui permet aux signataires de faire exécuter les engagements du
débiteur par la force publique (saisie directe des biens ou du compte bancaire)
L’homologation de l’accord 23

 L’homologation est de la compétence du tribunal, pas du président 


Jugement
 L’homologation produit deux effets essentiels :
 L’accord homologué devient public  Fin de la confidentialité de la procédure.
 Les droits de certains des signataires sont renforcés, ce qui les incite à se montrer
plus attentifs aux demandes du conciliateur.
La publicité 24

 Le comité d’entreprise ou, à défaut, les délégués du personnel sont informés par
le débiteur du contenu de l’accord lorsque celui-ci demande l’homologation.
 L’accord homologué est transmis au commissaire aux comptes s’il y en a un.

 Le jugement d’homologation est déposé́ au greffe où toute personne peut en


prendre connaissance et il fait l’objet de publicité́ . Un avis du jugement
d’homologation est adressé pour insertion au BODACC et à un journal
d’annonces légales.
 Le jugement statuant sur l’homologation est notifié au débiteur et aux créanciers
signataires de l’accord. Il est communiqué au conciliateur et au ministère public.
Les garanties 25

 Les personnes qui ont consenti dans le cadre d’une procédure


de conciliation homologuée un nouvel apport en trésorerie au débiteur en vue d’assurer
la poursuite d’activité́ de l’entreprise et sa pérennité́ , sont payées, pour le montant de cet
apport par privilège en cas d’ouverture subséquente d’une procédure de sauvegarde, de
redressement judiciaire ou de liquidation judiciaire.
 NB : ne s’applique pas aux associés qui apporteraient des capitaux dans le cadre de la
conciliation (augmentation de capital ou apport en CCA)

 Les personnes qui fournissent dans le même cadre, un nouveau bien ou service
bénéficient du même privilège pour le prix de ce bien ou de ce service.

 Il en est de même des coobligés et des personnes ayant consenti un cautionnement ou


une garantie autonome.
Les garanties 26

 Garantie forte : le privilège de « New Money » passe avant :


 Les créances antérieures à l’ouverture de la conciliation ;
 Les créances de la période d’observation si une procédure judiciaire est ouverte
(sauvegarde ou redressement judiciaire)

 La raison d’être des garanties :


 Inspiration du droit américain
 Forte demande des établissements bancaires : les banques qui octroient des concours
financiers ou qui financent un nouveau bien ou service (ex. contrat de crédit-bail) dans le
cadre de la conciliation bénéficient d’un privilège les incitant à accompagner l’entreprise ;
 Extension par le législateur aux fournisseurs de biens et services et aux garants du
débiteur.
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5. L’exécution de l’accord
L’exécution de l’accord 28

 En cas d’accord (constaté ou homologué) Le conciliateur peut être désigné en


tant que mandataire à l’exécution de l’accord pendant la durée de cette
exécution.

 Pendant sa durée, l’accord doit être respecté par les signataires : il interdit aux
signataires toute poursuite individuelle tant sur les meubles que les immeubles
du débiteur dans le but d’obtenir le paiement des créances qui en font l’objet.

 Les cautions du débiteur bénéficient de l’accord et ne peuvent être


poursuivies.
L’inexécution de l’accord 29

 En cas d’inexécution de l’accord  Le président du tribunal est par l’une des


parties  Il prononce la résolution de l’accord.
 Le débiteur perd le bénéfice des avantages (délais ou remises) qui lui avaient
été accordés.

 En l’absence de cessation des paiements, l’entreprise peut demander une


sauvegarde ;
 En cas de cessation des paiements (hypothèse probable), elle doit déposer le
bilan (pas de nouvelle conciliation avant trois mois)  RJ ou LJ

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