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L’entreprise en difficulté

Petite synthèse des principes juridiques

L'entreprise en difficulté:
Les procédures de prévention

La notion d'entreprise en difficulté

Personne physique, exerçant une activité commerciale, artisanale, agricole ou une


profession indépendante, ou personne morale de droit privé rencontrant des difficultés
de toute nature et susceptible de se trouver en cessation des paiements.

La cessation des
paiements

Impossibilité de faire
face au passif exigible au
moyen de l'actif
disponible
Actif disponible
Passif exigible (sommes immédiatement
(dettes exigibles) réalisables, réserves de
crédit)

Le mandat ad hoc et la procédure de conciliation

Mandat ad hoc Procédure de conciliation


Demande Demande adressée par le représentant de l'entreprise au président du tribunal

Acteurs et  Nomination d'un  Nomination d'un conciliateur pour 4 mois.


missions mandataire ad hoc pour  Missions:
une durée déterminée
 Mission: aider . favoriser un accord entre l'entreprise et ses
l'entreprise à surmonter principaux créanciers
ses difficultés . réparer une éventuelle cession de l'entreprise
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Fonctionnement Gestion de l'entreprise par Gestion de l'entreprise par son dirigeant


en cours de son dirigeant
procédure
En cas d'accord  Application du droit  Possibilité de constatation ou d'homologation
commun des contrats par le juge, entraînant des effets
 Effets limités au supplémentaires
contenu de l'accord  Interdiction et interruption des poursuites
 Confidentialité de la individuelles
procédure, absence de  Privilège de conciliation pour les créanciers
publicité  Confidentialité de la procédure, absence de
publicité

QUIZ

1. Vérifiez l'exactitude des propositions

Vrai Faux

Une entreprise peut être en difficulté sans être en cessation des paiements.
Pour savoir si une entreprise est en cessation des paiements on compare son actif
et son passif.
Les immobilisations ne sont pas prises en compte pour déterminer la cessation des
paiements.
Un créancier de l'entreprise peut demander la nomination d'un mandataire ad hoc.
Les tiers sont informés du résultat de la mission du mandataire ad hoc.
Une entreprise en cessation des paiements peut bénéficier d'une procédure de
conciliation.
Le conciliateur assiste le chef d'entreprise dans sa gestion.
Pendant la procédure de conciliation, tout créancier peut agir en justice contre
l'entreprise en difficulté.
L’entreprise peut demander au tribunal la constatation de l’accord conclu dans le
cadre de la proposition de conciliation
L'homologation de l'accord permet à certains créanciers d'être privilégiés en cas
d'ouverture ultérieure d'une procédure collective.

CAS PAX

André Pax a été nommé conciliateur dans le cadre d'une procédure de conciliation ouverte à la
demande de Jean Omer, gérant de la SARL Omer.

2. Indiquez, en justifiant vos réponses, si les opérations suivantes relèvent de la mission


d'André Pax:

1) Licenciement d'un salarié.


2) Organisation d'une réunion entre Jean Omer et le représentant de la société Bart, l'un des
fournisseurs auquel la SARL Omer doit 12 000 €.
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3) Consultation de la banque du Sud, créancière d'un emprunt de 100 000 € accordé à la SARL
Omer, sur une possible cession de la société à un repreneur américain.
4) Interview donnée au journal local sur la situation de la SARL Omer.
5) Action en justice au nom de la SARL Omer contre un de ses clients pour recouvrer une
créance de 5 000 €.
6) Demande à Jean Omer de communication de l'état des dettes échues à l'ouverture de la
procédure.
7) Signature d'un accord avec les créanciers de la SARL Omer.

CAS BIOTIF

Caractériser la notion de cessation des paiements

Léa Mann a ouvert il y a 2 ans un salon de coiffure bio, sous l'enseigne BIOTlF, dans un local qu'elle
loue à Dijon. Elle a souscrit, au moment de son installation, un prêt à la banque du Sud qui lui a
permis d'acheter notamment le mobilier nécessaire (valeur: 10 000 €). Elle a embauché une coiffeuse
(salaire net mensuel: 1 200 €). Malheureusement, les clients se comptent sur les doigts de la main. Le
25 avril, Léa Mann fait le point sur sa situation financière. Elle n'a pas réglé plusieurs de ses
créanciers: l'Urssaf (cotisations du 1er trimestre dues au 15 avril: 900 €), son bailleur (loyer du mois
d'avril: 1 500 €), la banque (échéance mensuelle du prêt: 400 €). La facture du 10 avril de son
fournisseur HAIR NATUR est impayée (600 €), mais celui-ci lui accorde un délai de paiement
supplémentaire au 30 mai. Son compte à la banque du Sud présente un solde positif de 200 € avec un
découvert autorisé de 500 €. Elle dispose de 100 € en caisse.

Travail à faire

3. Léa Mann est-elle en cessation des paiements?

CAS LE BOIS VOSGIEN

Différencier le mandat ad hoc de la conciliation

La SARL LBV (Le Bois Vosgien) fournit en bois de chêne des entreprises spécialisées dans la
construction de maisons à ossature bois. Or, deux de ses clients, la SA Maison Nature et la SAS Bois
Habitat, représentant chacun 20 % de son chiffre d'affaires annuel, n'ont pas réglé leurs dernières
factures. La SARL LBV a été sollicitée pour accorder des délais de paiement:

. par un mandataire ad hoc, pour la SA Maison Nature;


. par un conciliateur, pour la SAS Bois Habitat.

Le gérant de la SARL LBV est favorable à la conclusion d'un accord, car il souhaite soutenir ces deux
entreprises pour poursuivre leurs relations d'affaires.

Travail à faire

4. Quelles seraient les conséquences pour la SARL LBV d'un accord conclu à l'issue de
chacune de ces procédures?
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CAS UNE PROCEDURE CONFIDENTIELLE

Schématiser les procédures applicables en fonction du degré de difficulté


Différencier le mandat ad hoc de la conciliation

Travail à faire

5. En vous appuyant sur vos connaissances et sur les annexes, précisez, dans une note
structurée, la portée de l'obligation prévue à l'article L. 611-15 du Code de commerce.
Montrez en quoi le non-respect de cette obligation peut influer sur le résultat d'une
procédure de mandat ad hoc ou de conciliation.

Code de commerce, art. L. 611-15

Toute personne qui est appelée à la procédure de conciliation ou à un mandat ad hoc ou qui, par ses
fonctions, en a connaissance est tenue à la confidentialité.

Cour de cassation chambre commerciale

Audience publique du 15 décembre 2015

N° de pourvoi: 14-11500

REPUBLIQUE FRANCAISE

AU NOM DU PEUPLE FRANCAIS

LA COUR DE CASSATION, CHAMBRE COMMERCIALE, a rendu l’arrêt suivant :

Attendu, selon l’arrêt attaqué, rendu en matière de référé, et les productions, que par ordonnances des
11 juillet et 26 septembre 2012, la Selarl FHB, prise en la personne de Mme X..., a été désignée
mandataire ad hoc puis conciliateur des sociétés du groupe Consolis sur le fondement des articles L.
611-3 et L. 611-5 du code de commerce ; que le 18 juillet 2012, la société Mergermarket Limited,
éditrice du site d’informations financières en ligne Debtwire, spécialisé dans le suivi de l’endettement
des entreprises, a publié un article commentant l’ouverture de la procédure de mandat ad hoc ; qu’elle
a, par la suite, diffusé divers articles rendant compte de l’évolution des procédures en cours et des
négociations engagées ; que les 23 et 24 octobre 2012, plusieurs sociétés du groupe ainsi que la Selarl
FHB ont assigné la société Mergermarket Limited devant le juge des référés pour obtenir le retrait de
l’ensemble des articles contenant des informations confidentielles les concernant, ainsi que
l’interdiction de publier d’autres articles ;

Sur les deuxièmes moyens des pourvois, pris en leur première branche, rédigés en termes identiques,
réunis :

Vu l’article 10 § 2 de la Convention de sauvegarde des droits l’homme et des libertés fondamentales et


l’article L. 611-15 du code de commerce ;

Attendu qu’il résulte du premier de ces textes que des restrictions peuvent être apportées par la loi à la
liberté d’expression, dans la mesure de ce qui est nécessaire dans une société démocratique pour
protéger les droits d’autrui et empêcher la divulgation d’informations confidentielles tant par la
personne soumise à un devoir de confidentialité que par un tiers ; que tel est le cas des informations
relatives aux procédures visées par le second texte ;
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Attendu que pour rejeter la demande des sociétés du groupe Consolis, l’arrêt retient que le fait pour la
société Mergermarket Limited d’avoir publié des informations soumises à la confidentialité par
application de l’article L. 611-15 du code de commerce, ne constitue pas un trouble manifestement
illicite au regard de la liberté d’information du journaliste ;

Qu’en se déterminant ainsi, sans rechercher si les informations diffusées, relatives à la prévention des
difficultés des sociétés du groupe Consolis et couvertes par la confidentialité, relevaient d’un débat
d’intérêt général, la cour d’appel a privé sa décision de base légale ;

PAR CES MOTIFS, et sans qu'il y ait lieu de statuer sur les autres griefs;

CASSE ET ANNULE [ ... l. l'arrêt rendu le 27 novembre 2013, entre les parties, par la cour d'appel de
Versailles; [ ... ]

Challenges se bat pour le droit d'informer

[Le propriétaire du magazine Challenges], Claude Perdriel, s'estime injustement condamné pour avoir
révélé qu'un grand distributeur français était placé « sous mandat ad hoc ».

Pour le magazine économique Challenges, comme l'explique son directeur de la rédaction Vincent
Beaufils dans un éditorial de l'édition du 25 janvier, il ne peut « pas y avoir deux catégories
d'observateurs de l'économie; ceux qui ont le droit de savoir; et ceux qui sont maintenus dans
l'ignorance. »

C'est la raison pour laquelle le titre détenu par Claude Perdriel a décidé d'« interjeter appel », dès
lundi, d'une décision du 22 janvier du Tribunal de commerce de Paris. Celle-ci le condamne à retirer
une information de son site Internet qui révèle qu'un grand distributeur français a été « placé sous
mandat ad hoc » et est donc en situation financière difficile. Ce, sous astreinte de 10 000 euros par jour
de retard. Ainsi qu'à payer 12 000 euros de frais de justice à la société en question et à déréférencer
l'information dans les moteurs de recherche Web.

Intérêt général

Selon Challenges, s'il a pu révéler cette information, c'est qu'elle n'était plus confidentielle. Il en allait
de la « nécessité de pouvoir informer le public sur un sujet d'intérêt général ». Car « l'entreprise en
difficulté n'est pas une petite PME de la visserie boulonnerie en butte à des créanciers voraces. Il s'agit
d'un groupe international, présent dans toute la France, avec des centaines de fournisseurs, des milliers
de salariés et des millions de clients, » poursuit Vincent Beaufils.

Selon l'ordonnance de référé, cependant, « [Challenges] n'établit par aucune pièce, ni argument
pertinent que l'information litigieuse contribuait à la nécessaire information du public sur une question
d'intérêt général. » Or le Code de commerce est clair, selon le Tribunal: « toute personne qui est
appelée à la procédure de conciliation ou à un mandat ad hoc ou qui, par ses fonctions, en a
connaissance est tenue à la confidentialité. » Car « la révélation de la procédure de mandat ad hoc,
sous l'égide d'un administrateur judiciaire [ ... ] est bien de nature à porter atteinte à l'équilibre
économique des sociétés concernées. » […]

Nicolas Madelaine, Les Echos, 3 février 2018


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CAS SITUATION PRATIQUE: ALMA

Caractériser la notion de cessation des paiements


Différencier le mandat ad hoc de la conciliation
Schématiser les procédures applicables en fonction du degré de difficulté

La SA Alma, spécialiste de l'optique depuis 50 ans, a décidé de produire des lunettes intelligentes. Elle
a investi massivement, en empruntant auprès de la banque LOR et de la banque SILVER. Manque
encore le financement nécessaire pour l'acquisition d'un matériel de pointe, indispensable à la
production. Mais le dirigeant ne parvient pas à convaincre les banques partenaires. Le lancement du
produit est donc bloqué, ce qui pourrait à terme affecter la situation financière de l'entreprise. Le
dirigeant souhaite régler ce problème avec une totale discrétion et un minimum de contraintes
juridiques.

Travail à faire

6. Quelle serait la procédure adaptée pour résoudre les difficultés de la SA Alma?


Comment pourrait-elle être mise en œuvre?

La procédure engagée n'a pas abouti. Depuis début janvier, la SA Alma ne parvient plus à rembourser
les échéances de ses deux emprunts (plusieurs dizaines de milliers d'euros). L'activité ralentit et la
trésorerie est réduite à quelques milliers d'euros. Le dirigeant souhaite réagir avant la fin du mois de
janvier, pour éviter que les difficultés ne s'aggravent.

Travail à faire

7. Quelle autre procédure pourrait être mise en œuvre et à quelles conditions?

Un accord est enfin trouvé avec les deux banques partenaires; il est homologué par le tribunal fin mai.
Le dirigeant de la SA Alma doit toutefois tenir compte des informations suivantes: La banque LOR
avait assigné en justice la SA Alma courant janvier. Le propriétaire des locaux, la SCI des Vieux
Murs, réclame le règlement immédiat du loyer du premier trimestre, resté impayé. La société Optix,
son principal fournisseur, qui lui a conservé toute sa confiance, a livré en juin une importante
commande de marchandises Mais Optix souhaiterait obtenir des garanties, en cas d'aggravation de la
situation de l'entreprise.

Travail à faire

8. Quelles seront les conséquences de l'homologation de l'accord pour les différents


créanciers?

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